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Let me be a hero de Cristal_Aura



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» Auteur : Cristal_Aura - Voir le profil
» Créé le 17/04/2009 à 02:23
» Dernière mise à jour le 17/04/2009 à 02:30

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Chapitre 6: En apesanteur
Lieu: Locaux de la C-C
Jour: inconnu +3
Heure: 00h05


Le bâtiment principal était ce qu'on aurait pu appeler dans le jargon du métier "la maison mère". Dans cette région reculée et isolée de tout, c'était elle qui servait d'intermédiaire entre les agents secrets de la C-C et le siège social situé à plusieurs milliers de kilomètres, où un bureaucrate sans vergogne avait trouvé totalement géniale et porteuse de beaucoup de profits l'idée de matérialiser des êtres virtuels, sans se douter une seconde des ravages qu'il allait pouvoir causer.
Mais revenons à ce bâtiment. Quand Liz et Zak, dans un élan de confiance, réussirent à se faire passer pour de simples personnes perdues dans la nature, ils ne s'attendaient certainement pas à tomber sur une vraie usine à meurtres, plus qu'un fabrique de sucre. Au moment précis où ils s'écartèrent du droit chemin, une escouade d'agents leur déboula sur le coin de la figure. L'alarme retentit, et la suite se passait justement dans ce bâtiment haut et ayant une verrière grande et lumineuse pour seule toiture.
"Qu'est ce que vous foutez là, fit l'un des agents à l'attention de Liz. Pour qui travaillez-vous ?
-Pour personne, fit la jeune fille énervée. On passait par là et...
-Et vous avez tenté de vous enfuir à peine entrés dans le complexe, vous vous foutez de moi ?"
Le bâtiment vide fit résonner longuement les phrases de cet agent anonyme, et elles trouvèrent finalement une oreille pour les écouter.
"Zacharie, Elisabeth, mes chers enfants... Quelle surprise de vous revoir aussi vite !"
Derrière les simples agents, se dessina la silhouette familière d'un homme portant aussi le costume cravate et l'arme de service, mais dégageant parmi ses pairs une aura d'autorité incontestable.
"Vous... fit Liz véritablement enragée.
-Moi, répondit l'homme sur le même ton."
Devant elle, l'homme qui la menaçait avait les cheveux impeccablement plaqués sur la tête, fixés par une lourde couche de gel. Ernie l'aurait appelé "fils de pute", mais dans l'esprit de Louka, il portait le nom de "Gominé".

Toujours maintenus fermement par des muscles d'acier, le frère et la soeur restaient impassibles. Elle avait eu l'idée d'aller voir la C-C sur un coup de tête, mais maintenant qu'elle était prise au piège, il semblait que tout son esprit s'était attendu à cette issue.
"Que faites-vous là ! fit Gominé perdant son sourire.
-Rien, on s'est perdus en chemin...
-A plus de quarante kilomètres de chez vous ? A pied ? Une longue balade, dis-moi. Un exercice physique qui expliquerait allègrement pourquoi tu es aussi charmante.
-Je te permets pas, sale c...
-N'oublies pas que c'est moi qui ai le flingue, siffla t'il. Je serais toi, je serais gentille avec monsieur Jack Harrison.
-Harrison ? Et mon cul, il s'appelle Fermiers de Loué, répondit Zak avec ironie."
Un mouvement de rire parcourut l'assistance, alors que Gominé perdait un peu la face.
"Votre vrai prénom vous fait honte ? Ca arrive quand on a des parents qui choisissent le prénom de leur fils en tirant des fléchettes dans le calendrier, commença Liz.
-Surtout que s'ils sont mauvais, on peut même finir par s'appeler "Imprimerie du Soleil 07000 machinchose..."
-Je m'appelle Helmut, vous êtes content ? Très bien, maintenant, vous allez me dire ce que vous faites ici.
-Cours toujours, El Moumoute, fit Zak en riant."
Perdant son sang froid, Gominé attrapa son pistolet et le posa sur la tempe de Liz en hurlant:
"Vous foutez quoi ici ? Réponds, petite salope, ou je fais éclater la cervelle !"
Bien que surprise, Liz n'en perdit pas pour autant son sang-froid. Elle avait prévu tout ça. Jusque là tout se passait bien. Si Louka était là, il aurait tout le temps de faire ce qu'il voulait.
"Vous avez besoin de moi vivante pour trouver Louka... Vous ne pouvez pas me tuer !"
Gominé souriait à nouveau. Cette garce se moquait de lui ? Il allait la calmer. Sans perdre un seul instant sa détermination, il détourna le canon de l'arme pour le pointer sur Zak en proférant comme une menace:
"Je n'ai pas besoin de ton petit frère par contre."

Dans l'enceinte de la maison-mère, les bureaux commençaient à se remplir à nouveau. Malgré le caractère secret de cette opération, il y'avait parmi les agents des comptables, des cadres qui veillaient à ce que rien de ce qui entrait ou de ce qui sortait de la C-C n'ait l'air suspect. Les deux fauteurs de trouble avaient été attrapés, Helmut s'en occupait, il fallait faire tourner la boîte maintenant.
"Je te donne trois secondes... Après, je suis sûr que ton papa sera très content de perdre son fils par la faute de celle qui l'a entraîné ici... c'est à dire toi..."
Liz avait pensé son histoire jusqu'au bout. Rien ne semblait pour l'instant lui échapper... Mais ça devenait de plus en plus dangereux.
"Un..."
Il pouvait tuer Zak comme il l'avait voulu le faire avec Louka... Et balancer leurs cadavres au fond d'un ravin...
"C'est bon, je vais parler...
-Ben, attends, fit Helmut décontenancé...
-Quoi encore ? répondit Liz, plus que contrite, désormais.
-Ben, j'ai pas dit deux, ça se fait pas, quoi..."
La jeune fille soupira, son frère à ses côtés. Sous ses airs d'agent top secret à la James Bond, ce type tenait plus de Johnny English.
"Bon, je cause ou on attend que vos potes aient fini de se foutre de votre gueule ?"
Car, il fallait l'avouer, derrière les deux ados, le ton virait vraiment à la rigolage. Helmut avait, et tout le monde le savait, été pistonné pour ce poste, étant un proche de la personne qui gérait tous les intérêts de cette opération. Il voulait de l'action et des jolies filles, avec son talent et la population féminine ardéchoise, il allait être joyeux. On le soupçonnait même de s'être lui même tiré une balle dans le pied par accident un jour où il était en mission. Bref, un raté de la vie comme on n'en faisait plus (et heureusement).

Liz prit un ton plus sérieux, et Zak resta stoïque, même si l'arme qui l'avait menacé était retombée au côté d'Helmut qui tentait désespérément de maintenir son autorité auprès de ses collègues dans des "Merde, soyez sérieux les gars" particulièrement pathétiques.
"On est là pour vous demander une faveur...
-Vraiment ? Je vous écoute.
-Je vous ai menti, Louka est parti, sans nous laisser la moindre idée de l'endroit où il allait. Il a tué votre pote Ernie mais n'a pas oublié de lui soutirer quelques informations.
-Et en quoi cela m'intéresse, jeune fille ?
-Il a dit que sous trois semaines, notre maison avait de grandes chances de disparaître, et nous avec. Pas de preuves...
-C'est en effet le protocole, mais je vois où tu veux en venir.
-Laissez-nous en paix. Louka est parti enterrer Ernie, on ne l'a pas revu. Il n'y a aucune raison qu'il revienne, nous étions là au mauvais moment, c'est tout. Ne détruisez pas ce que ma famille a mis des vies à construire."
Helmut réfléchissait. Mettre son autorité à l'épreuve avait été une mauvaise idée pour cette jeune fille, et s'il acceptait son marché, il allait passer pour un faible.
"Je suis d'accord, ton père n'aura aucune raison de témoigner...
-Merci...
-... quand il saura ce qu'on a fait de ses chers enfants...
-Quoi ? hurla Liz. Je ne comprends pas.
-Je vais te faire comprendre alors, petite garce. Tu ne sais pas où est Louka. Toi et ton petit con de frère, vous ne me servez plus à rien. Vous mourrez... Allez, liquidez-les !"
Ca, Liz ne l'avait certainement pas pensé... Cette logique de gamin énervé était tout sauf ce à quoi elle s'attendait. Et voilà qu'elle allait payer les pots cassés ? Alors qu'elle perdait espoir, une voix sortie de nulle part hurla:
"Hé, Gominé ! C'est pas moi que tu cherches ?"

La verrière était à presque vingt mètres du sol. Lorsque Helmut leva les yeux au ciel et aperçut Louka, il jubilait presque. Cet imbécile s'était mis dans les ennuis tout seul. Au bord d'une vitre ouverte pour aérer la pièce gigantesque, il attendait. Mais il ne pouvait pas descendre, car même pour lui, cette hauteur serait fatale.
"Descends un peu qu'on discute, petit salopard...
-A ton service, Gominé."
Contre toute attente, il sauta dans le vide les pieds en avant, comme s'il pensait pourvoir se rattraper en cours de chute. Mais il n'y avait rien à portée de ses bras, et à moins d'être Spiderman, il ne pourrait s'accrocher à rien. Mais voilà, si Superman avait des super-pouvoirs, Louka, lui, avait un cerveau qui tournait à plein régime.
"Extracteur activé !"
Levant le bras gauche à portée du visage, il appuya sur l'écran tactile de la Pokémontre, sélectionna six Pokémon et appuya sur le bouton vert de l'Extracteur avant d'abaisser son bras au niveau de la ceinture.
"Matérialisation en cours !"
Dans une série de "Zap" sonores, cinq ball apparurent et se fixèrent magnétiquement sur leur support avant qu'il ne change à nouveau de position, et prenne cette fois-ci la posture d'un danseur de la célèbre Kalinka, la main droite située juste au dessus du bras gauche. Une dernière ball apparut qu'il saisit ainsi avant de la lancer... Temps total de l'opération, deux secondes et quatre vingt trois centièmes.
Touchant le sol, la ball révéla un Gallame devant les yeux ébahis de Zak qui voyait en ce petit objet que Louka portait au poignet une véritable mine d'or. Le Pokémon usa de ses pouvoirs psychiques pour ralentir la chute de son dresseur devant un Helmut médusé, et une Liz qui malgré son côté cartésien, restait béate devant tant de choses nouvelles.
"Où as tu trouvé cet Extracteur ? fit Helmut apeuré.
-Et toi, où as tu trouvé ton courage, Gominé ? dans une pochette surprise ?"

D'un claquement de doigts, Helmut/Gominé commanda à ses hommes d'ouvrir le feu. Sans succès, les balles ricochèrent sur une protection psychique que Gallame avait eu l'intelligence de créer. Louka commençait à voir le potentiel de la petit galette qui ornait son poignet. Avec sa vitesse de pensée supra-normale, il arrivait à faire des choses exceptionnelles malgré un physique standard. Pour Gallame, c'était pareil. Dans le monde réel, il était bien plus endurant et rapide, et il avait surtout une conscience propre qui lui dictait ce qui était bon ou mauvais pour lui. Il n'était plus limité par des statistiques arbitraires et artificielles, mais bien par l'aérodynamique de son corps effilé. Autant dire qu'il serait rapide... Mortellement rapide.
"Gallame, Taillade !"
Dans l'assistance, le temps sembla ralentir une fraction de seconde. Louka avait un autre avantage... Lui et Gallame étaient pareils. Il suffisait qu'il pense pour que son Pokémon comprenne. Tout juste avait-il besoin de prononcer la première syllabe de l'attaque qu'il voulait que son Pokémon exécute que ledit Pokémon avait déjà fini de l'exécuter. Et en l'occurence, quand Gallame termina sa première attaque taillade, un homme s'écroula à terre, tranché en deux.
"Gallame, encore une fois !"
A peine eut-il senti l'onde sonore rebondir sur son tympan que le Pokémon avait recommencé d'attaquer, encore et encore, alors qu'Helmut avait très vite compris qu'il ne pourrait rien faire hormis fuir. Quoique...
Alors que tous tentaient de sortir des ball, contenant à peine quelques Pokémon qui pourraient ralentir l'oeuvre destructrice de Gallame, Helmut leva discrètement son arme à hauteur du visage... Dans l'exact prolongement de son viseur, il y'avait Louka.
"Tu as fait une erreur, mon ami l'androïde... fit-il avec un sourire vicieux."
Il pressa la détente au moment précis où Liz lui sautait dessus, libérée de l'homme qui la maintenait prisonnière. Le coup partit en l'air et brisa une des vitres de la verrière dont les lourds morceaux de verre effilé tombèrent sur les protagonistes de cette scène. Ca sentait mauvais pour ceux qui étaient en dessous.

Louka ordonna à Gallame, d'un claquement sec de la langue, de protéger Liz, tandis que dans une détente formidable il sautait sur Zak et continuait sa glissade jusqu'à un endroit hors d'atteinte des bouts de verre. Alors que les morceaux s'écrasaient au sol ou se plantaient mortellement dans les chairs des agents, Liz, et Helmut avec elle, étaient protégés par le bouclier de Gallame. Ils n'étaient plus que tous les quatre, les trois ados et l'agent de seconde classe. Tous les autres étaient morts.
"Eh, petit salopard, regarde qui j'ai dans mes mimines ?"
Louka se retourna, même s'il savait déjà ce qu'Helmut voulait dire. Il aggrippait fermement Liz et tenait encore son pistolet fumant de l'autre main. Entre la tête et la balle dans le canon... quinze centimètres maximum. A une vitesse de plusieurs dizaines de mètres par seconde, ça se parcourait très vite quinze centimètres...
"On ne t'a jamais dit que tu jurais beaucoup pour pas grand chose ?
-Ta gueule, sale petit facho ! Tu vas crever comme toutes les merdes de ton espèce !"
Un moment, Louka eut un léger doute. Cette erreur de la nature était la même personne que l'homme sûr de lui qui avait laissé tomber Ernie ? Un détail lui revint en mémoire. Il n'avait pas eu le cran d'abattre son coéquipier... Et cette couardise ressemblait plus à l'homme qu'il avait en face de lui.
"Lâche cette ball et mets cet extracteur à terre !
-Et Gallame, tu en fais quoi ?"
Levant les yeux, Helmut prit conscience de la présence du Pokémon psychique qui lui avait certainement sauvé la vie sans le vouloir. Mais vu son regard, il n'était pas là pour faire cette erreur une deuxième fois.
"Tu... tu le rappelles !
-Ou pas... conclut Louka."

En quelques secondes Gallame avait récupéré et l'arme et Liz, laissant Helmut seul avec sa conscience avant même qu'il ait compris ce qui se passait.
"Tu as perdu, je crois. Maintenant, tu vas faire comme ton pote Ernie et te mettre à table.
-Tu es un être virtuel, tu ne peux pas gagner... Pas face à moi... et pas dans ce monde.
-Pourtant on dirait bien que c'est ce que j'ai fait. Arrête de faire ton Rambo et racontes-moi tout.
-Crève, à l'aide, hurla t'il pour que quelqu'un d'autre lui porte secours..."
Louka soupira, les yeux roulant dans leurs orbites. C'était vraiment nécessaire de se coltiner ce raté plus longtemps ?
"La structure du bâtiment est faite de telle manière que chaque aile soit isolée des autres sur le plan phonique, récita t'il d'un ton moralisateur. C'est dans le cahier des charges de ce bâtiment. A moins que tu arrives à atteindre l'alarme de là où tu es, personne ne t'entendra...
-Dans ce cas, je vais te crever moi-même !"
Nul doute que pour dire autant de fois le mot "crève" en si peu de temps, il devait avoir une certaine fascination pour les filmes d'actions à bas budget. Si si, ceux-là même ou les dialogues sont ponctués de "Enculé", "Salaud" et autres interjections à la limite du hurlement simiesque. Pourtant, si l'homme était inoffensif, sa Pokémontre, elle, avait des ressources. Dans son dos, il appuya sur un bouton spécifique avant de crier "Salle 00: Décharge electro-magnétique, maintenant !"
Le même bruit de flash qu'on charge était audible dans cette pièce désormais. Dans une petite seconde, tout ce qui serait virtuel ici serait désagrégé. Louka dut remettre ses envies de savoir à plus tard, et attrapa Zak par la main en fonçant sur Gallame...
"Téléport !"
Dans un bruit sec, les trois adolescents et le Pokémon disparurent, alors qu'Helmut faisait prit sa tête d'ahuri, puis une autre, ressemblant plus à une tête d'enterrement. S'il avait été là à cet instant, Louka aurait simplement conclu en disant...
"Raté !"

Les trois adolescents et le Pokémon se rematérialisèrent dans le dernier endroit où Louka avait, pour ainsi dire sauvegardé sa partie, c'est à dire à l'endroit où il était apparu dans le monde réel, loin de toute forme de civilisation, et au milieu de la nuit. Il devait être dans les minuit et quart, peut-être et demie, et seule la lumière de la Lune leur permettait de se guider à travers la nuit.
"On est où ? fit Liz...
-A l'endroit où vous avez failli me tuer la première fois, répondit Louka tout à fait calmement. Mais bon sang, qu'est ce qui vous a pris ! Vous êtes totalement irresponsables ?"
Il avait laissé éclater sa colère brutalement. Au milieu de nulle part, personne ne risquait de les entendre...
"Louka, je...
-Tu quoi ? Tu as des réflexes au dessus de la moyenne ? Tu résistes aux balles ? Non, je sais, tu devais absolument venir chercher quelque chose qui t'en apprendrait plus sur ton passé et le bordel dans lequel tu t'es retrouvé propulsé à cause d'une bête surtension ?
-Je voulais t'aider ! hurla t'elle plus fort que son homologue masculin.
-TU AS RISQUE TA VIE POUR RIEN ! Quand l'alarme a retenti j'avais déjà récupéré l'extracteur, et j'étais sur le point de repartir ! Si je ne t'avais pas vue sur les caméras de surveillance, vous seriez devenus quoi ?
-On serait morts, constata Zak. L'idée de mettre en rogne ce puceau frustré avec un pistolet n'était pas une bonne idée.
-Zak, sois poli, je te prie.
-Je sais insulter en six langues différentes, j'ai déjà fumé un pétard et volé dix euros à Papa, alors tu peux laisser tomber la morale maintenant, ça va... Je sais me débrouiller."
Louka restait énervé, presque incontrôlable, sous le regard de Gallame, qui, bien que stoïque et imperturbable reconnaissait que les deux jeunes personnes qui accompagnaient son maître avaient joué cette bataille de manière irresponsable, même si, contrairement à ce qu'il disait, la diversion qu'ils avaient provoqué avait grandement facilité son intrusion dans le complexe.

"Comment vous êtes arrivés ici ? Robert sait que vous êtes là ?
-Non, on a fait le trajet sur mon scooter. Tu sais que tu es agaçant ? Je voulais bien faire ?
-Est ce que tu sais dans quelles emmerdes tu t'es fourrée ? J'ai à peine le temps de me soucier de ma propre personne sans risquer de me faire trouer par une balle ! Alors si en plus, je dois veiller à la sécurité de deux pauvres gosses sans défense...
-On est pas sans défense, corrigea Liz. J'étais là, j'avais un plan !
-Qui a magistralement échoué ! cria Louka ! E-CHEC ! Tu croyais que je n'avais pas entendu votre dialogue avec Gominé ? Tu as failli mourir pour rien ! A la rigueur Zak était plus conscient que toi de la folle entreprise que tu menais."
Il fulminait, bien conscient que tout ce qui se passait ici était sans queue ni tête. Il y'a deux jours elle voulait le laisser crever au bord de la route et maintenant, elle mettait deux vies en danger pour lui...
"J'ai failli mourir pour te permettre de rentrer chez toi... fit-elle en sanglots."
Mais il était bien trop loin pour entendre... Du moins, un être humain normal aurait été bien trop loin pour entendre. Louka, lui, avait tout compris...
"Louka, j'ai pensé que..."
Il se retourna, avec devant lui Zak, tenant un petit objet dans la main.
"On pourrait retourner chez nous en utilisant un Pokémon volant. C'est ma cartouche de jeu, peut-être que tu peux matérialiser mon Roucarnage avec ta machine...
-J'ai mieux... Quand j'ai vu que tu étais fan, je me suis dit que tu avais peut-être une cartouche, à raison apparemment."
Il se mit en appui sur un genou, et laissa tomber son sac à terre. De la poche intérieure, il sortit une montre et une galette légèrement creuse sur un côté.
"C'est pour toi... L'Extracteur se branche sur la Pokémontre, la cartouche se met dans la fente de l'Extracteur. Tout se fait via l'écran tactile de la montre sauf les opérations principales."
Il monta l'Extracteur à ses yeux. Trois touches, trois choses à apprendre.
"Vert, je matérialise une ball, elle apparaît sur le socle. Bleu, je la virtualise. Rouge, je la détruis. C'est l'équivalent de l'idée de relâcher le Pokémon à l'état sauvage dans le jeu, sauf qu'ici, il disparaît. C'est clair ?"

Liz pleurait à chaudes larmes, pour une raison totalement obscure aux yeux de Louka. C'était une fille à fort caractère, et tout juste pouvait elle être en rogne lorsqu'on lui faisait porter tous les torts. Il y'avait une donnée qui manquait à sa liste.
"Zak, je peux te parler deux secondes ?
-De ce que tu veux...
-Ta soeur... Qu'est ce qui la met dans cet état là ?
-Elle s'attache trop facilement, même si elle a des airs jemenfoutistes. Quand Maman est morte, elle a choisi ça pour se protéger...
-Votre mère est morte ?
-A ma naissance... Moi, je ne l'ai pas connue, mais Liz a beaucoup changé d'après les longs discours que j'ai eu avec notre père. De petite fille sage, elle est devenue un vrai garçon manqué... Mais au fond d'elle, tu sais...
-C'est bon, j'ai compris... Je vais la voir, toi essayes de faire fonctionner ton Extracteur.
-Bonne chance..."
Alors que Louka se rapprochait de Liz, il vit celle-ci cacher ses larmes furtivement.
"Excuse-moi, je...
-Tais-toi, je ne veux pas t'entendre. Je savais que je risquais quelque chose en venant ici. Je savais tout ça, et toi, tu n'as même pas eu un petit mot gentil non ? Monsieur fait tout mieux que tout le monde alors...
-Merci Liz... Sans votre intervention, je n'aurai peut-être pas récupéré l'Extracteur.
-Je croyais que...
-J'ai menti. Je n'étais pas encore dans le bâtiment quand l'alarme a retenti. C'est vous qui m'avez permis de rentrer.
-Mais pourquoi...
-J'ai pas envie que ce genre de choses se reproduise... Alors je voulais te faire croire que tout ça n'avait servi à rien, mais... crois-le ou pas, venant de la part d'un être totalement électronique... quand je vous ai vu sur les caméras... J'ai eu peur... peur de vous perdre, je crois..."

Liz avait cessé de pleurer, pour écouter Louka parler sans se soucier de savoir s'il était franc ou non. Peut-être mentait-il... mais ces mots faisaient du bien. Elle avait risqué sa vie pour autre chose qu'une boîte de conserves sans émotions...
"Ce sentiment... je veux dire, cette émotion, je ne comprends pas...
-Exprime-toi, je sais que c'est pas facile et je m'excuse pour tout ce qui s'est passé.
-Comment peux-tu avoir des sentiments ? Je veux dire, tu es un être imaginaire, contrôlé par la personne qui te dirige. Tu n'as même pas de personnalité, tout juste es-tu un avatar protégé par une équipe de Pokémon. Ce sont eux qui évoluent, tu n'es rien qu'une image...
-J'en sais rien Liz... Toujours est-il que j'ai ressenti tout ça... Pour moi aussi, c'est tout nouveau. Mais je savais que je n'avais pas le droit d'abandonner les gens qui m'ont aidé...
-Même si la fille a un caractère de chien ? fit Liz, essuyant ses dernières larmes...
-Même si la fille a son caractère, en effet."
Ils furent interrompus par le bruit caractéristique d'une ball qu'on ouvrait. Contre toute logique, un Roucarnage à la crête flamboyante étirait ses ailes sur un plateau de France. Derrière lui, plus volumineux, un Sulfura éclairait la zone avec les flammes ardentes qui recouvraient son corps.
"Liz, je te laisse Roucarnage, je prends Sulfura, lâcha Zak fasciné par cette expérience. Je suis son dresseur, il ne risque pas de me brûler.
-Je crois qu'on peut y aller maintenant, fit Louka. Robert doit être mort d'inquiétude.
-Tu y vas comment toi ?
-J'ai matérialisé toute mon équipe. Parmi eux, j'ai de quoi faire le trajet.
-Allez, pas de secrets entre nous, on s'est mutuellement aidés, dis-moi qui c'est...
-Si tu veux..."
Il lança en l'air une ball qui rebondit mollement sur le sol, avant de laisser apparaître un dragon bleu aux larges ailes orangées. Un Drattak, et bien entraîné pour tout dire. Même Zak restait pantois devant cette bête qui inspirait le respect.
"Bon, on y va maintenant ? conclut Louka. Je suis sûr que maintenant, j'ai toutes les cartes en main pour pouvoir contrer la C-C."