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L'AnalysaBlog
de Haldar

                   


Un blog consacré à l'analyse Pokemon. Venez y retrouver les diverses analyses, me donner vos avis,...

Pour montrer en gros aux gens qu'il n'y a pas que des choses futiles dans les jeux vidéos et en particulier dans Pokemon.

Voila, bonne lecture !!


Ce blog est une vision utopique : une bibliothèque, que dis-je, un recueil d'archives toutes plus précises, intéressantes tout en restant neutres, et diversifiées. L'antre du ficeur en manque d'inspiration. L'antre du chercheur pokémon. L'antre de celui qui ne sait pas, mais qui veut savoir. L'antre de tout le monde et n'importe qui.
~by shadails



Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Petite analyse transgénérationnelle : rêverie poétique
L’azur, entre ciel et mer
Dès la 1G, Pokémon s’est construit à partir de couleurs ( je sais, jusque là rien d’extraordinaire mais il faut bien une accroche ). Donc, disais-je, l’imaginaire Pokémon est axé, dès Kanto, sur des couleurs. Mais se valent-elles toutes ?

Intéressons-nous à la 4G. Quelles couleurs y trouve-t-on ? Et bien, une seule : l’azur. Partie d’Azuria, la couleur de l’azur ne constitue plus l’identité d’une ville dans la 4G mais elle sert à qualifier un objet : la Flûte azur. La question est alors de savoir comment l’azur en est arrivé à ce stade. Comment est-on passé de la ville d’Azuria à la Flûte azur ? Nous essaierons de répondre à cette question en voyageant au travers des générations. Et, par là même, nous tenterons de comprendre pourquoi l’accès vers Arceus est justement cette couleur azur.

I. La couleur du mystère

Quelle que soit la génération concernée, Azuria est « baignée » ( 3G ) / « entourée » ( 2G ) d’une aura d’un bleu mystérieux. Nappée dans l’azur qui constitue son nom, Azuria est la ville du mystère, du brumeux. Par rapport à Carmin sur Mer qui est la ville étincelante, Azuria offre un autre aspect de la mer. D’un pâle éclat, elle montre une mer qui se dérobe face au joueur étant donné qu’il ne peut la franchir. Non portuaire, Azuria est une fausse promesse du large. Elle n’est qu’une eau saumâtre où les sentiments ne pourront que se troubler. Que l’on pense aux gens jaloux de Léo ou au voleur de la Team Rocket, dans tous les cas Azuria est une sorte de cloaque où toute la malveillance du monde stagne. En effet, Azuria est la ville prison du jeu. Alors que Safrania est inaccessible au joueur qui se situe à l’extérieur, Azuria retient celui-ci prisonnier à l’intérieur. Le petit opuscule Gratuit pour tous les fans de Pokémon ( vous savez ce livret que l’on avait avec les versions en 1999 ) titrait : « Coincé à Azuria ». Entre la police, l’arbre que l’on ne peut pas couper et l’impossibilité de retourner au Mont Sélénite, Azuria prend au piège. Si le Rocket vole la CT 28 ( Tunnel ), ce n’est sans doute pas pour rien…

Laissons Azuria de côté pour l’instant car cette idée de pôle de malveillance se retrouve dans la ville de l’azur de la 2G soit… Irisia. Pourquoi Irisia ? Et bien, son nom anglais est CyanWood et cyan renvoie bien à la couleur bleu ciel soit à l’azur. De plus, le panneau indique : « Un port entouré d’une mer bien déchaînée ». Reléguée aux fins fonds de Johto, Irisia est une ville isolée, bloquée par la mer. Contrairement à Oliville ( qui communique avec Carmin sur Mer par le biais de l’Aquaria ), elle n’a pas ce dynamisme impulsé par la lumière de Phary. Tous ceux qui se rendent à Irisia ne pensent qu’à une seule chose : partir d’Irisia en apprenant Vol.

Prison, l’azur semble être un repoussoir dans la symbolique de l’univers Pokémon. Cependant c’est à cet endroit que le mystère se concentre et, dès qu’il faut aller dans les limbes de l’existence, l’azur est un passage obligé. En effet, l’azur pose la question de l’identité, du nom. Le papi dans le Centre d’Azuria dit que les gens sont jaloux de Léo car il accapare le titre de PokéManiac. Or, ne sommes-nous pas tous un peu PokéManiacs ? Question de rapport à soi, cette jalousie malsaine montre ce que nous pouvons avoir de plus puéril dès que notre identité est en jeu. En étant le seul PokéManiac reconnu, Léo pique l’orgueil du héros d’autant plus qu’il montre des Pokémon rares à son rival alors que le héros doit se contenter de les voir sur PC ! A Irisia, le PokéManiac est Mania. Son nom en fait de manière évidente un être univoque : il n’existe que par les Pokémon rares qu’il possède. Le vol de son Farfuret par un garnement aux cheveux rouges va remettre en cause tout son univers. A la recherche de son soi propre, il décide de se débarrasser provisoirement de son Caratroc ( je sais vous y perdez au change par rapport à votre rival ) afin qu’il puisse se reconstruire ( en surmontant son petit penchant parano ). Comme l’homme d’Azuria ( celui auquel on vole Tunnel ) décidant de faire « contre mauvaise fortune bon cœur », il incarne une tentative d’instaurer un autre rapport au monde.

Dans le domaine de l’azur, tout dévoilement suppose un voile, une ombre à dépasser. Installé à Irisia, le PokéDevin de la Cristal est un avatar de cette dimension apocalyptique de l’azur ( je rappelle que le premier sens d’Apocalypse est révélation, dévoilement. Le sens Armageddon ne vient qu’après ).

Dès lors, les villes de l’azur vont être des lieux où vont être concentrés tous les mystères, tous les éléments à l’identité trouble.

* Met ses gros sabots *

Et justement, à Azuria, il y a… la Cave azurée ( tadamm ! ). Ici, on peut exploiter les deux noms de ce donjon : Cave azurée / Grotte inconnue. L’azurée devient dès lors l’inconnu et entrer dans l’antre de Mewtwo est une plongée dans l’inconnu. En théorie on ne sait pas qui est dedans et le message à Cramois’Iles nous laissait plutôt penser à ce que cette grotte soit le repaire des Oiseaux Mirages. L’aura perturbatrice d’Azuria nous fait croire ( encore, je sais ) des choses qui ne sont en fait que mirages. Au fond des brumes de la grotte, se trouve la réponse finale du jeu sous la forme d’un Pokémon qui ne sait pas quelle est son identité et face auquel nous, humains, nous avons encore du mal à discerner nos responsabilités.

Etrangement, tout ce qui a été dit jusqu’ici est cristallisé dans le polysème français qu’est le mot vol. Entre vol d’objets et de Pokémon / vol d’identité et vol aérien / aspiration à partir, l’azur est un rapt : c’est une couleur qui emporte contre notre gré mais dont nous espérons également que l’on en sera emporté.

II. Une aspiration au céleste

Les valeurs classiques de l’azur sont la mer et le ciel. Cela sous-tend toute la partie précédente. Or, il faut se mettre en tête que le ciel et la mer ne sont en fait que des miroirs l’un de l’autre. Cela explique la place de l’azur à partir de la 3G.

Par rapport au vocabulaire chromatique des deux premières générations, la 3G a constitué une rupture en se basant plutôt sur un lexique plus concret ( comme le culinaire : Poivressel, Mérouville,… ). Dans un tel système, l’azur se dissout. En effet, deux villes semblent avoir pris la relève d’Azuria : Atalanopolis ( présence de l’arène eau, Grotte origine brumeuse ) et Pacifiville ( Ile mirage, Pilier Céleste ). Pourtant, alors que toutes les autres couleurs disparaissent ( à l’exception de la lavande avec Lavandian et du vermeil de Cramois’Iles avec Vermilava ), l’azur se maintient avec des villes reprenant exactement la symbolique initiée par Azuria. Ville perdue au beau milieu de l’océan, Pacifiville reprend l’Azuria de la 2G. Portant le panneau « Non au vol. Oui au bonheur. Police d’Azuria », l’Azuria de la 2G est une Azuria vampirisée par Irisia. Elle ne porte plus sur elle que les vestiges passés du trouble qui la nimbait ( l’ancienne présence de Mewtwo ne transparaît que par le biais de l’ADN Berzerk ). Havre de paix, Pacifiville ( où l’idée de paix se mêle à celle de l’océan ) est une ville du bonheur où les gens ignorent ce que le passé a laissé en ces lieux. Oublié, le mystère n’en continue pas moins d’exister. Scrutant la mer depuis sa petite fenêtre, le vieil homme guette un mirage semblable à celui des Oiseaux mirages de la 1G. Sous l’effet de l’azur, tout se trouble et la vérité ne passe que par le plongeon au plus profond du Sanctuaire marin ou par l’ascension du Pilier Céleste. Allégorie de l’ozone, Rayquaza est l’azur absolu dans toute sa magnificence.

De l’autre côté, Atalanopolis rappelle par son nom le mythe de l’Atlantide. Ville cachée du monde extérieur, c’est un cratère, une prison au milieu de l’océan. Doublet de Pacifiville, c’est la ville qui incarne le trouble humain de l’azur. Paniqués, les habitants ne savent que faire face au réveil du Pokémon légendaire( Kyogre / Groudon ). Chargés depuis des temps immémoriaux de garder la Grotte origine, c’est la totalité de leur identité qui est remise en question tandis que leur être est menacé ( ils risquent quand même de mourir suite aux changements climatiques engendrés par le légendaire ).

Couleur du mystère, l’azur fait des villes qui l’incarnent des lieux en contact privilégié avec le divin, avec une puissance qui dépasse l’entendement mais qui fascine. Dans la 2G, un garçon d’Azuria parle d’un Pokémon « monstrueusement balèze » qui vivait dans une grotte. Trois ans après, alors que la grotte a disparu, le souvenir reste vivace. En lien avec le Mont Mémoria, Atalanopolis confirme bien ce lien entre l’azur et la mémoire. Par la parole qu’il engendre, l’azur est un point d’accès à une forme d’éternité : celle de la mémoire humaine, celle de l’Histoire.

Petit arrêt ici avant de reprendre pour parler journal. Dans la 1G, l’un des personnages du Centre Pokémon du Mont Sélénite dit face à son journal : « La Team Rocket a encore attaqué les habitants d’Azuria. Damnation ! ». Transparaît d’une part que l’azur a un lien privilégié avec l’écrit. Seul moment du jeu où l’on se trouve en présence d’un journal, cet épisode est capital. Cette mise sur papier de l’azur dans un but de souvenir est poursuivi à Irisia avec la création du photographe proposant une photo souvenir. D’autre part, l’interprétation de l’article que nous propose ce personnage suggère un lien entre Azuria et l’enfer, la damnation. Oscillant entre retour sur soi et conflits stagnants, l’azur est un amas d’ambiguïtés. Couleur céleste, c’est aussi la brume dans laquelle se camoufle le démon. Seul Rocket habillé en civil, le malfrat du Pont Pépite est une figure diabolique de par le fait qu’il est une voix tentatrice proposant de vendre son âme au diable, à la Team Rocket en échange d’une Pépite d’or. Ville occulte, Azuria est une ville de l’alchimie où tout suit l’antique devise Ad Obscurum per obscurius ( parvenir à l’obscur en empruntant des chemins encore plus obscurs ).

III. Entre mémoire et savoir inhumain

En voyageant de la 1G à la 3G, l’azur a changé de forme et s’est enrichi en sens. De toponyme ( nom de lieux ), il est devenu une couleur du paysage dont les noms sous-entendent l’importance. La 4G va poursuivre ce mouvement et faire de l’azur une couleur encore plus diluée.

La ville que l’on peut considérer comme étant dépositaire de l’azur est Célestia. Ville bloquée par le Mont Couronnée, son accès n’est possible qu’en obtenant la PotionSecrète qui est, justement, la spécialité d’Irisia. Et le nom lui même rappelle le Pilier Céleste et Pacifiville. Il n’y a donc aucun doute sur le fait que l’azur est présent dans cette ville. Les fresques montrent encore une fois que l’azur est la couleur de la mémoire. Renfermant l’image des Pokémon du temps et de l’espace, Célestia est la ville la plus proche du ciel, la plus proche des dieux de Sinnoh.

Mais, une autre ville hérite de l’azur. Il s’agit de Joliberges qui est une ancienne ville portuaire. Comme Azuria et Irisia, elle n’a pas de dynamisme contrairement à Rivamar ( où, en plus, on retrouve Jasmine, championne d’Oliville, et où le champion est le digne héritier de Major Bob ). Cela fait de ce lieu l’endroit idéal pour cette bibliothèque où les livres suintent le mystère. La plupart d’entre eux restent clos pour le personnage tandis que ceux qu’il peut ouvrir parlent de « ? ? ? ». Ville de la brume, Joliberges renferme un savoir inhumain. Chaque lieu y est une énigme qu’il vaut mieux ne pas chercher à résoudre. La vieille auberge est en fait une porte vers le monde du cauchemar, vers l’Ile Nouvelle Lune. Opaque, l’azur peut souvent se transformer en des ténèbres insondables.

Je vais profiter de ce passage sur Darkrai pour mettre quelques considérations sur le retour de la lune dans la 4G. Entre les Iles Pleine Lune et Nouvelle Lune, c’est toute la symbolique héritée du Mont Sélénite qui se remet en place. Déjà Azuria était liée au Mont Sélénite de par sa localisation. Quant à Irisia, elle est la ville des Tourb’Iles où se trouve Lugia qui incarne la nuit dans la 2G. L’azur et la nuit sont intimement liés au fil des générations. Belle et profonde, la nuit est un monde qui fascine et absorbe. Cresselia et Darkrai incarne ces deux visages de la nuit et de l’azur. Cresselia apaise quand la lune est présente tandis que Darkrai trouble quand la lune se cache. Lumière opaque, la lune reste dans la 4G l’astre qui éclaire constamment Sinnoh. Sa présence est signe de paix, son absence : de malveillance. Sans soleil aucun ( ni Sulfura ni Ho-Oh n’étant remplacés ), Sinnoh est la région d’un sombre azur où la nuit est constante mais non sur le même mode que dans la 1G. C’est une nuit où Cresselia parcourt le monde.

Couleur de secrets enfouis, l’azur est la transcription d’un drame du dévoilement. Derrière la beauté bleue d’Azuria, derrière le pittoresque de Joliberges, se cachent une horrible réalité qu’il faudrait parfois mieux ne pas dévoiler. « Sirène en shorts », Ondine incarne cette ambivalence de l’azur : à la fois beauté féminine et être conduisant à la perte de soi, la sirène est un faux phare, un phare amenant vers les ténèbres brumeuses de notre intériorité. De cette figure de la sirène, émerge l’idée de chant et donc de musique. Moyen de parvenir au divin qu’est Arceus, la Flûte azur déploie toutes les dimensions que j’ai présentées jusqu’ici. Sa forme de corail montre ce lien entre le ciel et la mer qui ne sont qu’un miroir l’un par rapport à l’autre. Pokémon alpha, Arceus est un commencement alors que le jeu en est à sa fin. Trouver notre début une fois arrivés à la fin : tel est le système de DP. Une fois l’obscurité traversée, l’identité de ces « ? ? ? » apparaît enfin. Pokémon multitype, Arceus incarne une flexibilité de l’identité : il est Arceus tout en étant une foule d’Arceus différents. Chaque plaque est porteuse d’une inscription qui porte mémoire tout en disant ce qu’est Arceus.

Ainsi, Arceus incarne l’aboutissement de l’azur. Il est ce moment où l’azur est enfin touché du doigt dans tout ce qu’il a de plus complexe. Cependant, on ne fait que toucher du doigt ce mystère qui est en fait la transcription de cette simple question : « Qui suis-je ? ». Inaccessible, l’Arceus au mille bras dont parle la mythologie reste une énigme insoluble. Face au monde que nous ne comprenons pas, l’azur n’est qu’un indice, un début de répondre sur ce mystère qu’est le fait d’être.

« Et le vomissement impur de la Bêtise
Me force à me boucher le nez devant l’azur. »

Mallarmé, Poésies


C’est sur ces considérations que je m’arrêterai maintenant pour vous laisser rêver encore un peu ( d’autant plus qu’il est maintenant plus de minuit et que j’aurais besoin de me laisser aller dans les ailes de Cresselia ). Je profite de ce moment pour remercier les diverses personnes qui lisent ce que j’écrive et qui me laissent des commentaires sur l’AnalysaBlog. Donc voilà, c’est à vous, amis lecteurs, que je dédie cette rêverie assez différente de mes autres analyses. Mais toujours en est-il que le monde de Pokémon n’est pas prêt de cesser de nous surprendre ( j’en viens même à me demander comment je peux trouver des trucs pareils à dire en me basant sur les dialogues d’un jeu vidéo )…
Article ajouté le Vendredi 20 Février 2009 à 17h31 |
4 commentaires
Johto, quel Johto ?
Johto, quel Johto ?
Arrivé en 2001 en France, Johto est le monde de la 2G. Monde extrêmement complexe, Johto est encore sans doute aujourd’hui la partie du monde Pokemon que l’on a le plus de mal à cerner. Petit tour, donc, de ce monde empli de secrets.

Penser Johto, c’est déjà penser le passage de la GB à la GBC. Après les teintes monochromatiques de la Jaune, Johto fait entrer de plein pied Pokemon dans la couleur. C’est là un premier axe à examiner. Comment la couleur va-t-elle se faire langage ? Comment va-t-elle être mise en valeur par rapport au choix de la géographie chromatique de la 1G ?

L’autre volet important de Johto, c’est le fait de « l’après-Johto ». La 3G et la 4G sont coupées de cette zone alors que Kanto, Hoenn et Sinnoh communiquent. De nombreux points à ce sujet ont déjà été abordés dans l’analyse de Nocta’ sur la 3G. Je vous envoie donc vous y référer pour ceux ne l’ayant pas en tête. Néanmoins, je tenterai de voir cette abstraction de Johto sur un autre mode.

I. Johto et la verticalité

Première chose importante, le nom de la ville de départ : Bourg Geon. Si l’on compare avec Bourg Palette, on remarque un changement total de point de vue. Palette de peinture, Bourg Palette ouvre un espace de l’horizontalité où les couleurs que sont les villes vont venir se poser. A l’inverse, Bourg Geon sous-entend un mouvement vers le haut, une structure verticale. Entre opposition et complémentarité, c’est un rapport complexe qui s’instaure entre Johto et Kanto.

D’un côté, Johto poursuit Kanto en y ajoutant une autre dimension. Après la sphère de surface ( hautes herbes, sol des cavernes, surf ) et celle de la pêche, Johto met des Pokemon dans les arbres. Ca n’a l’air de rien mais cela fait que tout Johto devient une immense forêt où des Pokemon peuvent se trouver même au-dessus du dresseur. Exclusifs à Johto ( le nouveau Kanto en étant dépourvu ), ces arbres montrent que la verticalité de Johto est celle de la végétation. La Cristal poursuit ce mouvement étant donné que les Pokemon dorment dans les arbres ( le jour HootHoot dort, la nuit c’est Coxy ). Elément vertical, l’arbre joint végétation et vie ancrée dans un temps : celui du jour et de la nuit.

J’ouvre ici une petite parenthèse. Les arbres sont secoués par Coud’Boule qui est la CT02. Avec la CT06 ( Eclate-Roc ), ces deux capacités mettent fin à la définition des CS qu’avait donnée la 1G. Désormais, la CS n’est plus « une capacité que l’on peut utiliser hors combat » étant donné que des CT ont aussi ce rôle. Diminuant, la dimension de game play des CS cède le pas à une dimension plus symbolique. Flash s’obtient après la Tour Chétiflor, Coupe dans le Bois aux Chênes,… La CS devient une récompense, un don transmis de génération en génération dans un lieu chargé d’Histoire. Désormais, elle n’est plus la récompense d’un jeu commercial comme pouvait l’être Surf dans la 1G.

Bref, cette redéfinition de la CS nous ramène à notre verticalité. En quoi ? C’est ce que nous allons voir. Je m’étais arrêté à LA nouveauté de la 2G soit le jour et la nuit. Pour l’instant je n’en parlerai pas en tant que tel, j’y reviendrai plus tard. A côté des arbres, l’autre élément vertical est la Tour. Cela nous fait entrer dans la sphère de l’Histoire. Déjà à Kanto, la tour du jeu était la Tour Pokemon, soit le seul endroit où une dimension temporelle était abordée : la question de l’après, la question de la mort. Cimetière, la Tour de Lavanville ( nom qui mêle la couleur lavande donc une tache horizontale sur une palette avec l’idée d’avant ) est une figure de l’Histoire. Cela ne change pas à Johto. Tour Chétiflor, Tour Ferraille, Phare. Ces lieux sont des hommages aux Pokemon, à l’harmonie entre hommes et Pokemon. Le pauvre Phary du Phare est le représentant des anciens Pokemon éclairant la mer de leur lumière. Cristallisation du passé, la verticalité est un mouvement d’aspiration à ce que l’on pourrait appeler un divin mais qui est ici purement cosmique : c’est l’harmonie dont Ho-Oh et Lugia incarnent la promesse.

Vu que ces deux légendaire viennent sur le tapis, autant en parler tout de suite. Lugia incarne le bas, l’eau ( c’est pas pour rien que c’est le Pokemon Plongeon ) et la nuit ( d’où sa forme de lune ). Ho-Oh est son exact contraire ( je sais Lugia n’est pas Eau mais à mon avis cela a été fait pour maintenir un équilibre entre les deux car sinon Ho-Oh aurait été plus faible que Lugia ce qui irait à l’encontre de l’idéal d’harmonie qu’incarnent ces deux oiseaux ) : le haut ( on le trouve en haut de la Tour Ferraille ), le feu et le jour ( c’est un Pokemon solaire quoi ). Entre eux deux, c’est tout le jeu de la verticalité qui existe. Auparavant au sommet de la Tour Cuivrée de Rosalia ( devenu Tour Cendrée après l’incendie ), Lugia est une sorte d’Icare ayant chuté au fond des mers après avoir trop longtemps côtoyé ce soleil qu’est Ho-Oh ( sa tour a brûlé quand même et, même si Ho-Oh n’en est pas à l’origine, c’est là une victoire de l’oiseau Arc en ciel ). Je pointerai ici un détail qui n’a pas dû échapper aux plus aguerris : la pochette des jeux. Entre la 1G et la 2G, on passe du Pokemon de départ à un légendaire. Cela implique selon moi deux choses. Primo, l’aventure se déconnecte du perso principal qu’est le joueur. Ce n’est plus lui qui mène le cours du jeu par son voyage mais il est pris au cœur de légendes qui le dépassent. Secundo, la différence entre les versions n’est plus uniquement les Pokemon en moins : choisir sa cartouche, c’est se placer soit en haut ( Or ), soit en bas ( Argent ), c’est prendre la verticalité dans un sens ou dans l’autre : amener le feu céleste au niveau des hommes ou faire remonter les profondeurs des abysses au niveau de notre niveau d’existence. Certes, dans les deux cas, le joueur rencontrera les deux mais le mouvement haut / bas n’est plus le même et la Tour Radio change alors de sens. Le problème de la Tour Radio c’est que le directeur parle d’une ancienne tour de bois reconstruite mais que cette tour abritait tout aussi bien l’Argent’Aile, l’Arcenc’Aile et le Glas transparent. Liée à Lugia, Ho-Oh et Suicune ( c’est vrai que « lié à Suicune » est synonyme de « lié à Ho-Oh » vu qu’à Rosalia on apprend que Suicune a le pouvoir d’invoquer Ho-Oh ), la Tour Radio est l’endroit où le haut, le bas et le terrestre ( Suicune restant au niveau des hommes comme Raikou et Entei ) se concentrent : elle est à la fois point pour s’élever vers Ho-Oh, pour voir plus loin dans le monde des hommes ( et donc repérer Suicune ) et pour plonger vers Lugia. C’est tout cela la verticalité. La prise de possession de la Tour Radio par la Team Rocket montre bien que la tour est un lieu de pouvoir ( après, la Team Rocket est obsédée par les tours : 3 ans plus tôt, elle attaquait le gratte-ciel de la Sylphe qui est un autre type de lieu de pouvoir ). Libéré, le Président prévient le protagoniste qu’un signal spécial permettra aux Rocket de contrôler les Pokemon ( le même signal qu’au Lac Colère ) et donc de briser cette harmonie qu’incarne la forme de la tour.

Pour en finir avec la verticalité, je parlerai en vitesse du dernier élément vertical du jeu : les arbres à baies qui incarnent un autre temps : celui du cycle de la vie au niveau végétal ( au niveau animal, ce cycle est présent dans la nouveauté des œufs de la Pension ).

Lieu vertical, Johto est un monde rempli d’histoires et où l’Histoire est profondément ancrée…

II. La terre de la mouvance et du mouvement : le monde de Célébi

Petit bilan de ce qui a été dit auparavant ( avec quelques ajouts ) :
- un temps historique ( celui des tours )
- un temps biologique ( baies, œufs, jeu des Pokemon endormis dans la Cristal )
- un temps « humain » et affectif ( l’amour des Pokemon envers leur dresseur, les 20 minutes du Parc naturel et non plus les 500 pas du Parc Safari, les coups de téléphone des autres dresseurs )

Stratification de différents temps, l’univers de Johto est un monde où tout bouge. Chez Fargas, un portrait est accroché mais bien que l’on distingue trois formes on a juste : « Un jeune prof Chen ?… ». Jouer à la 2G c’est faire l’expérience hagarde du temps qui passe, du tempus fugit. Au jeu des couleurs fixes, c’est substituer le jeu des trois teintes du matin, du jour et de la nuit. Les paysages bougent et les gens aussi si l’on songe aux frères et sœurs des sept jours de la semaines. Expérience du temps qui passe, l’aventure du héros est une confrontation directe avec cette donnée impitoyable qui défile sans que l’on puisse avoir de prise sur elle ( et oui, à l’époque on ne pouvait pas trafiquer l’heure de sa DS ).

Si vous avez bien suivi, j’ai tout à l’heure mis un « d’un côté » en parlant du rapport entre Johto et Kanto. Voici donc le « de l’autre ».

En se formant, Johto a donné un nom au monde Pokemon initial : Kanto. Or, ce nom, loin de donner à Kanto une identité, dépouille le monde initial de toute identité. C’est un monde ravagé par le passage du temps que nous découvrons après la ligue. En trois ans, le Kanto que le joueur connaissait a disparu : fin de la forêt de Jade ( problème de la déforestation ? ), fermeture pour travaux du Musée d’Argenta,… Comme ces travaux du musée qui n’avancent pas, la construction de l’immeuble à Carmin sur Mer n’a pas avancé depuis la 1G. Kanto reste immobile, hors du temps et la mise en marche du temps qu’est Johto l’a détruit. Toute dimension de temporalité est exclue étant donnée que la verticalité n’y existe même plus. Edifices verticaux de la 1G, la Tour Pokemon et la Sylphe SARL ne sont plus que des rez de chaussée aux étages illusoires. Certes, tout cela peut être vu comme un coup de fainéantise de développeurs qui ont bâclé la fin du jeu. Cela pourrait marcher mais cela ne me convient pas. Si Pokemon était un jeu purement commercial où on fait un jeu à la va vite, je ne pense pas que l’on s’en soucierait encore. Si nous sommes là, c’est que nous sentons tous que quelque chose se joue dans ses jeux, quelque chose d’essentiel. Selon moi, la 2G est la mise en place du drame du temps, d’un monde qui bouge parfois trop vite et auquel il faut faire face. Comme l’a dit une soluce parue à l’époque, le passage à Cramois’Iles est celui de « Blue a le blues ». Face à la force des éléments ( en l’occurrence une éruption volcanique ), Blue se sent insignifiant et voit tout le monde qu’il s’était construit basculer. Kanto est pris dans un immense tourbillon qui est celui des chutes Tohjo : Kanto chute et Johto en est la seule et unique cause.

Revenons à Johto après ce petit détour par le Kanto de la 2G. En effet, si on fait le point de tout ce qui a été dit, Johto est une immense forêt où les temporalités s’entrechoquent. Bref, pas besoin d’un grand dessin, pour comprendre qu’il s’agit là d’une alliance plante / psy ( voyage dans le temps ) soit Célébi. Alors que le Rare Oober de la 1G qu’était Mew était quasi absent du jeu, Célébi est affiché de manière très claire par l’autel du Bois aux Chênes et la statue chez Fargas. Bois fonctionnant comme une caverne ( contrairement à la Forêt de Jade où il y avait des hautes herbes, le Bois aux Chênes a des Pokemon sauvages sur la totalité de son sol ), le Bois aux Chênes apparaît comme un bois niché à l’intérieur de l’immense forêt qu’est Johto. Cœur de cette région, il est la clef de voûte de toute l’organisation géographique. Si on prend les villes, on voit que l’on a Bourg Geon ( bourgeon ), puis Ecorcia ( l’écorce ),… Cela nous donne huit villes sur dix liées de manière explicite aux arbres. Mais voyons cela de plus près : Bourg Geon ( à la fois le départ de la géographie sylvicole mais aussi celui du dresseur qui est une jeune pousse ce qui lui donne un lien avec le légendaire Célébi ), Ville Griotte ( comme les petites cerises ) et Mauville ( sans doute une référence à la couleur de la cerise griotte qui est d’un mauve sombre un fois arrivée à maturité ) sont des villes de départ, de maturation par rapport aux fruits. Ecorcia ouvre une série de villes déclinant les teintes d’arbres : le bois de rose ( Rosalia ), le bois d’olivier ( Oliville ), le bois d’acajou ( Acajou ) et l’ébène qui est un bois sombre ( Ebènelle ). Ville de Célébi, Ecorcia est le début d’une quête où le dresseur se crée son écorce propre, s’affermit face aux champions. Dès lors, comment voir les villes de Doublonville et d’Irisia ?

Irisia est assez particulière car son nom anglo-saxon est CyanWood. La référence au bois y est donc explicite mais n’a pas pu être rendue dans la traduction. Néanmoins, une autre hypothèse est possible. Un terme comme « irisé » ne court pas les rues dans le jeu et on ne le trouve que dans les Ruines Alpha au niveau du puzzle de Ho-Oh qui est désigné comme le Pokemon aux ailes irisées. Alors, Irisia ville de Ho-Oh ? En tout cas, l’ornithologue de la route 38 la présente comme la ville de référence des Pokemon volants vu que Vol y est enseigné. Pôle du haut, Irisia montre alors une cohabitation symbolique entre le phénix de Rosalia et Lugia immergé dans les Tourb’Iles. De plus, Suicune se rend à Irisia dans sa folle course ce qui peut suggérer qu’Ho-Oh y a également une place.
Pour Doublonville, le terme de « doublon » renvoie à l’idée d’argent donc au Casino et au Centre commercial. L’autre sens de « doublon » est celui de double. Double de Safrania ( train magnétique ) et de Céladopole, Doublonville peut apparaître comme le reflet de Kanto inséré dans le cours du temps par le biais de la présence du fleuriste. C’est par la présence végétale que Johto vit et Simularbre incarne une fusion entre montagne et forêt alors que Ronflex reste purement montagnard, empêchant par là même à Kanto d’avancer vers Célébi et le mouvement ( vous remarquerez que Simularbre bouge quand on le touche et pas Ronflex ).

Ainsi, tout Johto est une espèce de vaste illustration de Célébi. Tout tourne autour du Pokemon Temporel et l’on voit les chiffres prendre une place capitale dans le jeu. Arrêtons-nous quelques instants pour la minute « histoire et légendes d’autrefois ». La Tour de Cuivre et la Tour Ferraille ont été construites il y a 700 ans pour sceller l’amitié entre les hommes et les Pokemon ( je me réfère ici aux paroles des trois sages de la Cristal ). Il y a 150 ans un éclair est tombé sur la Tour de Cuivre et le feu l’a dévorée pendant 3 jours. 3 Pokemon sans nom y périrent. Or, un pépé de Rosalia dit avoir vu Lugia s’envoler de la Tour de Cuivre et le pépé devant la Tour Cendrée dit avoir été dresseur à ce moment-là. Mis à part l’hypothèse de l’erreur des développeurs ( car, en plus, il y a encore les traducteurs qui sont passés derrière et rien qu’en regardant les noms des villes ou des Pokemon en français on voit bien que se ne sont pas des amateurs ), on voit que le temps est d’un autre ordre sur Johto, les hommes vivant très vieux comme si l’influence de Célébi leur permettaient de voyager au travers des époques.

Je glisserai ici une idée que j’ai du mal à vraiment expliquer. A Rosalia se trouve une salle de danse où toutes les évolutions d’Evoli sont rassemblées. Déjà dans la 1G, Evoli est lié à Léo car son PC nous montre les trois évolutions par pierre d’Evoli. Or, Léo est le personnage du jeu le plus proche de Célébi. Venant de Kanto, il y possède encore un pied comme nous le montre le fait qu’il habite à Doublonville. Mais il est le maître du Bloc temporel et donc des voyages dans le temps ce qui ne lui est possible qu’en ayant en lui le pouvoir de Célébi. De ce fait, si Léo nous donne Evoli c’est que ce dernier incarne un mouvement ( celui de l’évolution ) qui se double de tout ce que Johto représente au niveau symbolique. Ainsi, si Léo est un avatar de Célébi, Evoli est le quadrupède dont les évolutions sont la reproduction de la totalité des légendes de Johto. Le trio des Sages de Rosalia possède Aquali, Voltali et Pyroli qui reprennent Suicune, Raikou et Entei. Soleil et lune, Mentali et Noctali représentent Ho-Oh et Lugia. Starter de la Jaune, Evoli est ce point où tout Johto se déploie à partir de la 1G et je pense que c’est le lien fondamental entre les 2 générations ( Red se trouvant affublé d’un Mentali alors que tous ces Pokemon sont de la 1G ce qui laisse à penser que son entrée dans Johto au niveau du Mont Argenté ne lui a été possible que grâce à ce Pokemon lié à Célébi, d’une façon ou d’une autre ).

Cependant, il apparaît clairement ici qu’à Johto rien ne coule de source. Tout y est ambiguë, complexe et le rapport entre légendaires nous échappe toujours au niveau des détails. Cette histoire de foudre par exemple, d’où est-elle venue ? Quel est le lien explicite entre les chiens ( désolé pour les partisans de la dénomination « chats » mais ma première soluce disait « chiens » donc… ) et Ho-Oh ?

III. Dire Johto

Toute cette longue analyse va en fait aboutir à ce point où dire Johto est peut être impossible.

* Devine la tête dégoûtée de tous ceux qui se sont tapés tout ça pour ça *

Bon, nous n’allons pas nous arrêter à cela, bien évidemment. En effet, nous n’avons pas encore parlé de ces Pokemon que sont les Zarbi. Langage Pokemon absolu, les Zarbi sont la substance qui dit Johto, qui montre Johto. Petite visite des ruines comme la Cristal nous les montre. Dans cette version, des inscriptions énigmatiques sont ajoutées aux ruines de O/A.

Ici nos mots resteront pour l’éternité.

Les Zarbi semblent vouloir donner un message à jamais. Cela fait des Ruines Alpha un lieu hors de l’emprise de Célébi car hors du temps. Ilot de stabilité, les Zarbi s’enferment dans le but d’être à jamais.

Nous érigerons une statue à l’extérieur.

Là, je ne suis sûr de rien. Le seul lieu proche des Ruines, c’est Mauville dont la Tour Chétiflor est vue comme une gigantesque statue de Chétiflor. Si cela est vrai, cela fait du pilier mouvant ( à ne pas confondre avec cette horreur que l’anime nous montre ) une sorte de préfiguration de la Tour Ferraille une fois que Ho-Oh est à son sommet ( le moine disant que la Tour tremble car un Pokemon a dû se poser à son sommet ). Il semble que les Zarbi ( outre l’élément de civilisation japonais de la tour anti-séismes ) aient créé un lieu pour que les hommes s’entraînent à l’ascension de la Tour Ferraille, à l’ascension vers Ho-Oh ( pourquoi pas aussi à une ascension vers Lugia lorsque celui-ci avait encore une Tour ).

Ils voient tout et ne veulent pas sortir.

Référence explicite aux deux oiseaux, je pense. Cela pourrait aussi être les chiens mais vu qu’ils sont présentés comme devant courir cela n’irait pas. Je pense que les oiseaux ont créé les chiens pour se déplacer à leur place. La Tour de Cuivre est celle où les chiens se réveillent, la Tour Ferraille est celle où ils s’endorment. La mort dans la Tour de Cuivre a donc inversé le pôle de vie, d’éveil en pôle de mort alors que la cendre sacrée de la Tour Ferraille est devenue instrument d’éveil s’opposant à la fonction de sommeil éternel de cette tour. Basée sur un chiasme où le Pokemon de la nuit incarne le réveil et où le Pokemon solaire incarne la fin du jour et de la vie, l’harmonie s’est vue renversée ce qui explique le départ de ces deux Pokemon du monde des hommes.

Les humains se doivent d’être en harmonie avec eux.
Nous partons pour les protéger.


Cette dernière inscription montre que le message est celui des protecteurs, des chiens et non des Zarbi. Ce « eux » renvoie aux oiseaux légendaires. Les Zarbi sont un moyen de dire, un langage pour Suicune qui est ici le porte-parole des trois chiens et qui est en fait celui qui s’exprimaient déjà au travers de toutes les inscriptions précédentes ( la Cristal s’ouvre quand même avec les Zarbi se mettant autour de Suicune en formant le mot « Cristal » comme pour appeler le personnage canon lié à Suicune ) . Mais qui protègent-ils ? Les humains ou les oiseaux ? Sûrement les deux. Les chiens protègent et servent les oiseaux mais parcourent aussi le monde des hommes. Cette course a une double fonction : contenir leur pouvoir et veiller à l’harmonie ( ce qui revient à la même chose en fin de compte ).

Entre Pokemon et parole humaine, les Zarbi sont cet entre-deux où deux mondes peuvent communiquer, où tout le mystère Pokemon peut être dit et exprimé. Cependant, d’autres inscriptions tapissent les Ruines. Ce sont celles permettant d’accéder aux cryptes secrètes : sortie / lumière / eau / Ho-Oh. Je pense que « lumière » renvoie à Raikou et Entei qui incarnent, par leurs types, l’éclat lumineux. Suicune est l’eau et Ho-Oh, c’est Ho-Oh. Reste le mystère ce cette « sortie ». Etant donné que la Tour Chétiflor se termine après l’obtention d’une Corde Sortie on pourrait y voir un lien entre les deux constructions. Dans tous les cas, cela montre un lien privilégié entre les chiens et Ho-Oh avec une hiérarchie qui met Suicune à part.

Je pense qu’à ce point nous pouvons dire que Johto et ses mystères n’ont plus de secrets pour vous. Enfin, pas tout à fait…

IV. Johto, et après ?

Johto fonctionne comme une suite de Kanto qui a détruit Kanto, qui l’a vidé. En plus, nous voyons tous actuellement le problème de l’horloge interne de la 2G : nos versions ne marchent plus. Souci technique combiné à une sorte d’impasse face à la puissance vampirique de Johto égal fin de Johto à partir de la 3G. Enfin, si on veut.

D’emblée, il faut rappeler que Johto a fait évoluer le personnage de la femme dans Pokemon. De simple potiche, Maman devient experte en gestion et elle bouge ( miracle ! ! ) selon l’heure de la journée. C’est vrai que le Trainer’s Guide dit encore : « Maman est douce. Maman est gentille » ce qui fait encore un peu pot de fleur mais bon la Cristal est quand même la version du personnage canon de Christy ( d’où le chien le plus efféminé des trois, ce qui explique peut être pourquoi je n’ai jamais digéré la perte de Feu sacré pour Ho-Oh dans la Cristal ). Bref, Cynthia est en marche.

Plus impor…intéressant, la création du personnage de Ciléo dans RF / VF. Double de Léo, il est en fait le Léo de l’espace, de l’horizontal car son invention sert à échanger vers le loin et non le passé. Cela montre que Léo et toujours trop lié à Célébi pour pouvoir assumer cette fonction. De plus, Ciléo dit que Léo est originaire de Goldenrod.

Bref arrêt. Vous avez devant vous la seule chose que l’on pourrait interpréter comme un oubli de traduction en dix années. Il semblerait donc plus plausible que cela soit fait exprès. A mon avis, l’idée est de créer ce qu’en linguistique on nomme un effet de xénisme couplé à un schibboleth. Je m’explique : le xénisme est un mot provoquant un sentiment d’étrangeté, de perturbation dans la langue. Vu que tout le jeu est en français, ce terme anglo-saxon nous renvoie à un ailleurs, à une terre lointaine extérieure à Kanto et avec laquelle toute communication est impossible. Le schibboleth est une épreuve, un test lié à la maîtrise d’un mot. Reconnaître le nom, c’est montrer que l’on est familier avec des mystères que les autres ne comprennent pas, que l’on sait ce qu’est Johto.

Uchronie, Johto est à l’opposé de l’utopie de Kanto. Face au non lieu, c’est une région où le temps est mais où la simple présence du temps abolit son emprise. Vaste zone qui est la matérialisation de Célébi, elle interdit toute continuité car elle répond à tout. Dans le manga Pokemon La Grande aventure, l’arc OAC est celui où tous les lieux mystérieux précédents trouvent leur place. D’ombre, le maître de Blue devient Chuck ( pas Norris hein ). Saturé de messages en filigrane, Johto laisse en suspens, ouvre des portes, répond partiellement à nos questions,… autrement dit, il dit tout et rien. Sans fin, le jeu peut recommencer chaque jour car Red ne dira jamais les mots de la fin si ce n’est ces mystérieux « … »

Sans fin, Johto est une impasse mais une magnifique impasse qui ne cesse de nous fasciner. Nulle part depuis la fin de la GBA, Johto est partout car c’est de lui que viennent les mondes de Hoenn et de Sinnoh, c’est de l’opposition Kanto / Johto, Mew / Célébi qu’est né le conflit Palkia / Dialga.



Pour conclure cette analyse vraiment très longue, je dirai quelque mot du rival. Dans les îles Sevii de la 3G nous apprenons que c’est le fils de Giovanni. Personnage « ? ? ? » dont on apprend l’identité que quatre cartouches plus loin, Silver est la marque de ce monde précaire dont la vérité s’émiette au fil des versions à venir. Car n’est ce pas Célébi qui fait voyager Jasmine jusqu’à Sinnoh ? On peut toujours le rêver d’autant plus que la Team Rocket de Johto est celle d’un remake d’En attendant Godot, de cet attente d’un dieu humain en la personne de Giovanni qui ne viendra jamais alors que peut être il était là depuis le début…
Article ajouté le Vendredi 13 Février 2009 à 17h44 |
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Kanto et la science
Kanto et la science
Le titre de l’analyse porte le nom de « Kanto et la science » mais en fait la dimension de Kanto sera écartée étant donné que je me focaliserai d’abord sur RBJ. Quelques références se porteront sur RF/VF mais l’apparition du nom Kanto dans OAC m’oblige à ne pas m’occuper du Kanto de la 2G. Je m’expliquerai au fil du développement.

Je pense que ce n’est pas un scoop de dire qu’aujourd’hui tout le monde est obsédé par l’écologie. C’est un phénomène à la mode que tous les chanteurs de variété se sentent obligés d’évoquer. Pourtant c’est là un discours que Pokemon dit depuis 1995 en japonais et en français depuis 1999. Cela fait donc 10 ans ( voire 14 pour ceux familiers avec la langue nippone ) que Pokemon nous parle de notre rapport à l’environnement et mieux que tous ces discours bien pensants. Et en 2004 nous avons eu le droit au remake RF/VF qui est un autre regard encore sur ce rapport entre la science et le monde ( une étude comparée en détail des différences entre BRJ et RF/VF aurait aussi son intérêt mais bon je ne peux pas tout faire en même temps ).

S’il fallait résumer RBJ, c’est l’histoire d’un jeune homme recevant un Pokemon du Prof. Pokemon qu’est Chen jusqu’à la confrontation finale avec Mewtwo, produit de la science moderne. Du savoir à l’expérience malsaine, Pokemon est une odyssée scientifique, le héros se trouvant confronté à différentes manifestations du phénomène de la science moderne. C’est sur ce point que nous allons nous concentrer ici.

I. Une aventure dans un non-lieu

Le monde Pokemon n’a pas de nom à l’origine. Cela fait de lui un monde qui est à la fois partout et nulle part. A la manière d’un monde imaginaire, il n’existe pas. Mais en même temps, son caractère flou fait que l’on peut l’identifier à notre propre univers quotidien. Ne pas avoir de nom fait du monde Pokemon une sorte d’immense fable moderne. Certes, l’absence de nom peut avoir plein de motifs comme le fait que vu qu’il n’y avait qu’un seul monde il n’y avait pas de nécessité de donner un nom à la région. La création d’un autre pays, Johto, ayant obligé à donner un nom au premier. Possible. Mais, passer sous silence le nom du pays fut surtout un choix des développeurs de la 1G. Cela leur permettait de créer ce que l’on appelle en jargon littéraire une utopie mêlée à une contre-utopie. Je m’explique. L’utopie est un monde parfait où tout le monde est heureux et gentil ce qui est le début de l’aventure. Bourg Palette est tout mignon, Jadielle est la ville de l’espérance. Tout est bien dans le meilleur des mondes. De l’autre côté, la contre-utopie est un monde cauchemardesque déformé par la science et la cupidité des hommes. On reconnaît là la Team Rocket et Mewtwo.

Je m’arrête ici sur la géographie du monde de la 1G. Si vous prenez une carte, vous verrez que le Mont Sélénite fait exactement face aux Iles Ecumes. Les deux ont deux entrées très proches juste que l’un est au Sud dans l’eau et l’autre au Nord dans les montagnes. Cela semble isoler le monde de Cramois’Iles / Bourg-Palette / Jadielle / Argenta / Plateau Indigo du reste. Traverser le Mont Sélénite, c’est entrer dans un monde contrôlé par la Team Rocket étant donné qu’on les y rencontre pour la première fois. Face à une zone où l’on trouve Chen ( plus chercheur littéraire que scientifique étant donné le nombre impressionnant de bouquins qu’il a ainsi que son rêve de l’encyclopédie et non de l’expérimentation ), le Musée d’Argenta et le Labo de Cramois’Iles ( pôles d’étude et non de recherche commerciale et intéressée ) se dessine une zone beaucoup plus sombre où s’entassent « le meurtre, le vol et les rapines » ( Hugo dans Les Châtiments ).

Je vais ici parler un peu du Plateau Indigo qui reste un monde à part même dans l’utopie. Une fois le héros maître de tous les badges, les portes de la Route 23 s’ouvrent. Après avoir traversé les eaux et subi le contrôle des divers gardiens, il obtient le droit de descendre dans ce lieu infernal qu’est la Route Victoire. Par ses flammes, Sulfura évoque l’enfer, le royaume des morts par lequel les héros épiques comme Ulysse ont dû passer. Puis vient la montée des marches, l’ascension en vue de l’apothéose. Enfin le héros entre au panthéon, devient en fait un dieu ( le panthéon étant l’ensemble des dieux majeurs dans une religion ). Je m’arrête ici pour le moment et j’y reviendrai en fin d’analyse. Revenons plutôt à Cramois’Iles…

Bien entendu, Cramois’Iles est un lieu très ambiguë. La résurrection des fossiles, c’est Jurassik Park, c’est l’homme se prenant pour un Dieu. Quelle est alors la différence entre ce lieu et le Manoir Pokemon en ruine ?

II. Au cœur de ruines modernes

Je distinguerai deux ruines modernes dans le jeu : le Manoir Pokemon et la Centrale. Pourquoi ? Tous les deux ont deux portes à l’intérieur menant à une même porte à l’extérieur. Dans ces lieux, la logique n’existe plus. La science est devenu quelque chose d’horrible et de malsain : une aberration. Par ailleurs, le Manoir est au coin Sud-Ouest de la carte alors que la Centrale est au coin Nord-Ouest. Cette symétrie flagrante nous amène à la conclusion que ces bâtiments sont une tache, une souillure. Cramois’Iles a tenté de se guérir en créant un autre lieu où l’on veut créer en respectant les êtres et non en cherchant à les formater pour le combat comme cela a été fait pour Mewtwo dans le Manoir Pokemon. Par contre, la Centrale est seule, isolée. Repaire d’Electhor, elle est un mirage comparable à cet Oiseau Mirage qu’elle abrite. Face à Sulfura enterré dans le monde de l’utopie, Electhor est un faux soleil : la lumière des néons que l’homme a créés pour illuminer sa nuit.

Une petite remarque en passant : la CS O5. Dans la 1G, elle ne sert vraiment pas à grand chose ( alors que dans la 2G elle connaîtra son heure de gloire en étant utile dans quasiment toutes les grottes du jeu ) et on met la Grotte non éclairée près de la Centrale. Paradoxalement, le moment où l’on voit le moins clair est le moment où on est le plus proche de la Centrale. Fausse lumière et lumière née d’une illusion, la lumière de la Centrale se dissipe dès que l’on entre dans les profondeurs de la terre, dès que l’on fait un retour sur soi la fausseté de la science se dissipe et nous nous rendons compte de la nuit dans laquelle nous trébuchons.

Par ailleurs, de nombreux détails lient Centrale et Manoir : la musique qui y est relativement pesante, la présence de Tadmorv ( seulement à partir de la Jaune pour la Centrale, sans doute suite à l’épisode de l’anime où Sacha capture son Grotadmorv dans une Centrale ). La pollution est un problème souvent évoqué en particulier à Carmin-sur-Mer ( « La pollution, c’est mal. On dit que Tadmorv se multiplie » ). A la dégradation de la nature s’ajoute alors le risque de la contamination du monde de l’utopie.

Le Manoir Pokemon fourmille quant à lui de statues. Le manque de précision de la 1G s’étant précisé avec VF/RF, ces statues sont celles de Mewtwo dont les yeux en s’allumant ou en s’éteignant ouvrent et ferment les portes. Cette importance du regard fait de Mewtwo un être au regard accusateur bien qu’aussi inexpressif que celui d’une statue. Un Gamin dit se sentir « épié » dans ce Manoir. Entrer dans le Manoir c’est encourir le risque d’être jugé au nom de toute l’humanité.

Parmi les textes présents dans le Manoir, on peut citer celui-ci. Il s’agit d’un rapport du 10 septembre qui se révèle être le dernier rapport de l’équipe de chercheurs du Manoir. Il y est écrit que les savants sont « impuissants face à ses [ ceux de Mewtwo ] pièges ». Ces statues ne sont-elles pas alors des pièges de Mewtwo à ses propres créateurs ?…

Mais, grande question, qui a créé Mewtwo ? Les bribes confuses des Cramois’Iliens laissent à penser qu’il s’agit de M. Fuji, ce charmant petit vieux de Lavanville qui vous donne le PokeFlute. « Un ami du champion d’arène vivait là-bas ». C’est là la seule phrase que l’on parvient à saisir et, avec la photo dans l’arène d’Auguste, il ne peut s’agir que de M. Fuji dont la photo trône aussi au Labo Pokemon des fossiles. Une fois Mewtwo échappé ( fait qui explique cet immense trou dans le manoir, cette immense masse bleue où le sol des connaissances humaines se dérobent sous nos pieds ), M. Fuji aurait-il voulu se repentir en faisant de son système de création un moyen de redonner un équilibre à la nature ? En tout cas, avant de se charger de l’âme des Pokemon défunts, il s’est consacré à leur résurrection. De même, après avoir soigné l’utopie de ses plaies, il s’est engagé à Lavanville dans une croisade contre la Team Rocket. Ville de l’Est, Lavanville est la ville où le soleil est sensé se lever en premier. Peut être est-ce là l’ambition de ce cher M. Fuji : réveiller le monde au son de sa PokeFlute.

III. Nuit et alchimie

Même si Sulfura est l’Oiseau Mirage de l’utopie, il reste un soleil coincé sous terre. En noir et blanc, le premier monde Pokemon est dominé par la lune. Son sommet le plus haut est le Mont Sélénite. Dès lors, il fait toujours nuit. Au Musée d’Argenta, un petit vieux dit avoir acheté une télé couleur pour voir toutes les nuances de la Lune en 1969. N’est-ce pas là la même chose que ceux qui ont acheté une GBC pour jouer à Pokemon ? Pokemon est un jeu en noir et blanc car c’est un jeu où il fait toujours nuit et où les hommes ont accepté l’absence du soleil, l’absence du dieu égyptien du soleil qu’est Râ. Ils vivent perpétuellement à la lumière des ampoules, celle que leur fourni la science dénaturée de la Centrale. C’est dans un monde qui se meurt que surgit le héros de Pokemon ( je me permets de rappeler que le nom américain de Sacha est Ash soit la « cendre ». Autrement dit, c’est là un monde qui doit se relever de ses cendres pour dépasser ce gris cendré et retrouver sa couleur ).

Face à ce gris, se découpe la fausse couleur de Safrania. Cité du commerce, elle représente l’or. Par le profit, on veut faire du gris du plomb un or couleur safran. Gratte ciel, la Sylphe SARL ( je rappelle le sens de ce sigle : Société Anonyme à Revenu Limité soit ce que vous créez pour vendre des casseroles à vos voisins normalement. Etrange non que la principale firme d’ingénieurs du jeu soit irresponsable par rapport à ce qu’elle fait ? ) est la proie tant convoitée de la Team Rocket. Comme si Giovanni préparait là un rituel cabalistique, il a placé Safrania au centre d’un cercle criminel. Equidistante de quatre villes, Safrania est ancrée dans un cercle qui rappelle la lune, forme parfaite en alchimie. A Azuria, le vol ( avec la CT Tunnel ) et la violence ( sur le Pont Pépite ). A Céladopole, le jeu d’argent et la dépense ( Casino, le Centre commercial dans une certaine mesure ). A Lavanville, le meurtre et la blasphème ( meurtre d’Ossatueur ). A Carmin sur Mer, la Team est présente en creux ( évocation de l’abandon des Pokemon dans la boutique ) mais quand il y a un membre de l’Interpolice dans l’Océane on se fait tout petit, non ? Concentrant toutes les routes et tous les regards, Safrania est un faux soleil, un soleil né d’une science malsaine : un soleil alchimique. Vaincu, Giovanni partira à Jadielle. L’échec dans le monde de la contre-utopie le conduit à vouloir contaminer l’utopie d’autant plus que Jadielle est lié à la distopie par le biais de la Cave Taupiqueur. Giovanni n’est-il pas, en effet, le maître incontesté des Pokemon sol ?

Dès que le héros est en possession de la PokeFlute et qu’il commence à éveiller le monde, la Team Rocket semble s’endormir. Tel les Nosferapti que la Team semble tant apprécier, le sbire gardant l’accès à la Sylphe s’endort quand la PokeFlute est obtenue. Le jour arrive, les prédateurs nocturnes s’endorment et l’influence occulte de la science se meut en Master Ball, signe d’un espoir de maîtrise sans violence sur le monde. Moyen de communier avec ces êtres de la nature que sont les Pokemon, les Balls sont la marque d’une recherche d’osmose, de cohésion avec ce monde dans lequel l’homme vit.

Ce thème de la nuit et du cauchemar est à lier au contexte du jeu vidéo de l’époque. Je ne sais pas si tout le monde s’en rappelle mais la sortie de Pokemon est presque simultanée avec celle de Zelda : Link’s Awakening soit le Réveil de Link. Tout cet opus de Zelda est en fait un rêve et le jeu se termine par le réveil du héros. Ce contexte du jeu vidéo fait que Pokemon ne peut être dissocié de cet autre grand succès de l’époque qu’a connu Nintendo, les deux équipes ayant sans doute eu des contacts. Empêchant le héros de passer mais également la Team Rocket, les deux Ronflex sont l’incarnation de ce monde où tous vivent de nuit. Pokemon de la montagne, ils servent de barrière protégeant Parmanie comme le Mont Sélénite bloque le passage de la Team vers Argenta. Parmanie propose en effet une version de retour à la nature par le biais du Parc Safari. Sous la protection d’Artikodin ( que l’on aperçoit par les jumelles de la maison de garde Est ), la ville propose une vision de la science nouvelle ( Amonita / Kabuto ), de la chance qu’il faut oser tenter ( Leveinard ), du respect de la vie ( Kangourex et son petit ) et du caractère trompeur des objets ( Voltorbe que l’on confond avec une PokeBall. On est dès lors averti qu’il faudra se méfier de ce que l’on verra dans la Centrale… ). Maître de la glace et de l’immobilité, Artikodin s’efforce de maintenir le monde dans l’état où il est. Stopper pour retarder l’Apocalypse. Telle est la fonction de cet Oiseau Mirage qui est le seul des trois à quitter son repaire.

Au cœur de l’équilibre symbolique du monde Pokemon, les Oiseaux Mirages captivent les hommes et les poussent à les rechercher. Un mail dans le Labo des fossiles de Cramois’Iles dit qu’une équipe de chercheurs est partie explorer les grottes autour d’Azuria pour les trouver. Images captivant les hommes, les oiseaux ne sont qu’un trompe-l’œil. En courant après eux, les hommes se dirigent vers leur propre création qui les attend de pied ferme dans la Cave Azurée : Mewtwo. La rencontre finale du jeu est celle de la dernière action d’un dresseur divinisé. En battant le Conseil des 4, le héros a abattu les quatre piliers du cercle criminelle qui gangrenait ce monde tout en se débarrassant de ce mépris qui souillait l’utopie initiale c’est-à-dire son rival ( avec sont mot favori qu’est « minable » ). Devenu un dieu, il peut désormais prendre en charge la folle ambition des chercheurs s’étant pris pour des dieux. La Master Ball est ici le symbole de la rédemption de la science et de l’humanité. Après avoir créé un être qui n’aurait jamais dû exister, l’homme se rachète en offrant un espace d’amitié propre à accueillir ce Pokemon.

IV. Et Pokemon en couleur ?

J’ai ici achevé mon analyse mais j’aimerai apporter quelques précisions. Mon analyse est concentré sur RB. Colorisée, la Jaune se détache de mon analyse lunaire du jeu. En fait, la Jaune demanderait une analyse complète du jeu des couleurs qui serait trop longue pour être incorporée à cette analyse pour le moment. De même, OAC n’offrant plus de légendaires sur Kanto le pays n’y a plus de valeur symbolique. D’ailleurs tout avait été dit dans la 1G. Sinon, je finirai sur une remarque par rapport à RF/VF qui inverse le pôle lunaire étant donné que le jeu est un jour sans fin. Seul légendaire ( du moins accessible ) relégué hors du continent, Sulfura est un lointain Soleil qui est le seul Oiseau Mirage que l’on attrape en extérieur. C’est dans une clarté perpétuelle que se passe l’action. Alors qu’Evoli peut devenir Mentali ou Noctali dans RSE, il ne peut pas évoluer ainsi dans ce Kanto-ci. Sans jour et sans nuit, RF/VF crée un Kanto hors du temps, renouant ainsi avec l’idée d’espace absolu et détaché que l’on avait dans l’absence de nom de RBJ. De ce fait, la Centrale perd son caractère d’illogique et d’illusion. On crée une deuxième porte et on la refait pour qu’intérieur et extérieur concorde. Dans le jour permanent, Electhor n’est plus un faux soleil mais juste un Pokemon que l’on a oublié et qui n’existe plus face à Sulfura.

Je ne pense pas qu’une conclusion dans les règles soit vraiment nécessaire. Tout a été dit. Par contre, pour ceux qui ont eu le courage de tout lire et qui sont encore intéressés par cette question de la science et de la valeur de Mewtwo dans ce monde je vous conseille de regarder ce vieux manga qu’est Pokemon. La grande aventure. Les passages sur Mewtwo sont vraiment très beaux et les auteurs y interprètent d’une manière très intéressante les données du jeu. Je pense que cela doit pouvoir se trouver sur le Net mais sinon demandez-moi et je vous enverrai des extraits par mail si ça vous dit. Sinon j’élargirai ( vu que là ce ne sera pas que pour le style ) en vous disant que vous pouvez toujours vous rabattre sur le premier chapitre de ma fanfic : Confession d’un enfant d’une décennie.
Article ajouté le Vendredi 23 Janvier 2009 à 17h51 |
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