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L'AnalysaBlog
de Haldar

                   


Un blog consacré à l'analyse Pokemon. Venez y retrouver les diverses analyses, me donner vos avis,...

Pour montrer en gros aux gens qu'il n'y a pas que des choses futiles dans les jeux vidéos et en particulier dans Pokemon.

Voila, bonne lecture !!


Ce blog est une vision utopique : une bibliothèque, que dis-je, un recueil d'archives toutes plus précises, intéressantes tout en restant neutres, et diversifiées. L'antre du ficeur en manque d'inspiration. L'antre du chercheur pokémon. L'antre de celui qui ne sait pas, mais qui veut savoir. L'antre de tout le monde et n'importe qui.
~by shadails



Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


AnalysaDex : Farfuret #215 / Dimoret #461
Farfuret #215 / Dimoret #461
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Introduit dans la 2G, Farfuret s’est vu attribué une évolution avec le passage à la 4G. Evoluant la nuit par l’effet de la Griffe rasoir, la lignée évolutive de Farfuret entre en résonance directe avec le Croc rasoir de la lignée de Scorplane. Comment la lignée de Farfuret et de Scorplane en sont-elles venues à se rejoindre ?

Cette question du doublet me semble capitale pour aborder la question de la valeur de Farfuret et de Dimoret dans le système Pokémon. Néanmoins, avant de m’y attarder, je commencerai l’analyse par un rappel de l’origine de cette lignée dont l’inspiration est en prise directe avec les légendes japonaises.

I. De l’animal à l’esprit : une figure de la sournoiserie

Commençons par un retour étymologique. Farfuret est une combinaison entre « farfadet » et « furet ». Etre féerique, le farfadet est en général un lutin facétieux qui aime à jouer des tours. En anglais, le nom de Farfuret est Sneasel qui est une déformation de weasel qui en anglais veut dire à la fois « belette » et « sournois ». Entre animal et résonance merveilleuse, Farfuret est un être de la facétie, de la ruse. De la même manière, Dimoret est une association entre « démon » et « furet ».

Derrière ces deux êtres griffus, se cache tout un ensemble de références en particulier tirées de la tradition nippone. Au Japon, on parle de yōkai soit, littéralement, des esprits / démons. Parmi ces esprits, existent les Kamaitachi qui sont des yōkai du vent. Ces démons sont au nombre de trois et ont l’apparence de belettes se déplaçant sur des bourrasques de vent et attaquent les gens pour les déchiqueter. En étant le porteur de Vive Griffe ( dans la 2G ) et de l’Accro Griffe ainsi que de la Griffe rasoir ( dans la 4G ), Farfuret est sans contexte un Pokémon de la griffure, de l’attaque. Il lacère tel un esprit démoniaque avide de sang.

Cet élément mythique pourrait expliquer le jeu entre deux et trois qui se joue entre Farfuret et Dimoret. En effet, Farfuret a trois queues et des griffes doubles tandis que Dimoret a deux queues et des griffes triples. Le trois est le chiffre des Kamaitachi et donc de cette lignée évolutive. Mais, Pokémon de la nuit, ils ne pouvaient que porter en eux le chiffre du double car ils cristallisent en eux toute une idée de l’association entre froid et nuit.

Si l’on se penche sur la description PokéDex de Dimoret dans la Perle, on peut noter le détail selon lequel les Dimoret gravent des signes sur les arbres gelés pour se repérer et communiquer entre eux. Comme un individu des tribus nordiques, Dimoret est un Pokémon qui marque l’espace. Entre rituel cabalistique et moyen de survivre dans l’obscurité et le froid, ces entailles sont le point où se rejoignent deux dimensions de cette lignée évolutive : la griffure et le froid de l’obscurité.

Je voudrais ici parler des localisations de Farfuret. A mon avis, depuis la 3G où Farfuret se trouve dans la Grotte de Glace des Iles Sevii, la présence de Farfuret est surtout un effet du milieu : en gros, on met des Pokémon Glace dans les lieu lié au froid ( cela est flagrant dans la 4G ). Mais, même si la Cristal avait entamé ce mouvement, je pense que l’on peut s’attarder à sa localisation dans OA. Dans ces versions, on trouve Farfuret de nui sur la Route 28 soit la Route juste avant le Mont Argenté. Lieu non lié au froid, cette route est juste une route de montagne servant de lien entre Johto et Kanto. Cela fait de Farfuret une figure du passage liant Jadielle ( demeure de Blue ) et le Mont argenté ( repaire de Red )…

C’est tout le jeu de la rivalité qui s’incarne en cette figure aux griffes tranchantes…

II. Une incarnation du rapt

D’emblée, le PokéDex de la Argent a posé le fait que Farfuret volait les œufs des nids des Roucool pour se nourrir. Cet élément en fait un Pokémon chapardeur et, surtout, un prédateur. Dans le monde si souvent clair des Pokémon, son arrivée coïncide avec celle du type Ténèbre dans la 2G. Désormais, l’univers Pokémon a une part d’ombre et de cruauté ( manger les œufs, c’est détruire une vie ).

Cet aspect est extrêmement creusé dans la 2G où Farfuret a connu son heure de gloire au niveau conceptuel. En effet, un événement lui est intimement lié : le vol d’un Farfuret à Irisia par le Rival ( on est dans la même veine que ce lien que Farfuret semble dresser entre les deux rivaux de la 1G ). Après le vol de Farfuret, Mania va offrir son Caratroc au héros pour le protéger. Cet événement a deux implications majeures. D’un côté, cela crée une synergie entre le rival de la 2G ( qui a volé son Pokémon de départ ) et ce Pokémon qui vole pour se nourrir. De l’autre, un doublet Caratroc / Farfuret se met en place. Face à Caratroc qui a un corps ayant valeur de réceptacle ( on lui donne une Baie pour qu’elle fermente et donne du jus ), Farfuret est celui qui pille le réceptacle en question. La défaite finale du rival est aussi celle de Farfuret : le rapt n’amènera à rien. Pokémon marginal, Farfuret a une place difficile dans l’univers Pokémon. Il n’est jamais resté vraiment fixe.

Pour voir cette place indécise, partons de la 4G. Comme nous l’avons dit, Farfuret y est en doublet avec Scorplane. Mais dans la 3G, Farfuret était présent dans VF face au Cadoizo de RF. Et, dans la 2G, Cadoizo était dans la Argent face à Scorplane dans la Or. Outre le fait que ces trois volatiles peuvent rappeler le trio des yōkai dont nous avons déjà parlé, cela montre que Farfuret joue entre les deux pôles que sont Cadoizo et Scorplane. Pokémon de glace qui offre de la nourriture, Cadoizo est assez facile à rattacher à Farfuret. Celui-ci est son ennemi naturel ( il se nourrit d’œuf ) et, face à l’oiseau qui donne, le Pokémon Grifacérée est un total opposé : il pille. Mais, que pensez du doublet avec Scorplane ? Le doublet de la 2G Scorplane / Cadoizo était un doublet entre le donateur et le prédateur. Et c’est exactement ce qui se passe pour Farfuret. La 3G a mis l’accent sur le rapt en le mettant en doublet avec Cadoizo et la 4G ne pouvait que parachever ce mouvement en mettant ensemble Farfuret et Scorplane.

Objets tranchants, les objets rasoir ont définitivement lié ces lignées au monde de la nuit. Etres sombres, Farfuret et Dimoret représente un pôle de l’univers Pokémon : celui de la cruauté. Tout n’est pas rose et ils sont là pour nous le rappeler.


Pokémon de la 2G, Farfuret n’a connu son heure de gloire que dans cette génération. Lié à l’existence même du rival, il a subi de plein fouet la diminution de l’hostilité entre héros qui s’est produite à partir de la 3G. Vicieux, il est devenu un Pokémon ayant surtout un rôle de game play. Néanmoins, il est toujours un trublion du monde Pokémon. Figure noire, la 4G lui a fourni une évolution, qui même si elle a surtout un rôle stratégique, fonctionne en doublet. Entre rivalité et doublet, c’est dans l’opposition que doit être pensée cette lignée évolutive. Pour conclure cette analyse, je reviendrai sur un détail de la physionomie de Farfuret. Le noir entourant ses yeux a pu être rapproché du maquillage du héros de Orange mécanique de Kubrick. Posant la question de ce qu’est le « bien », ce film est une clé de lecture de Farfuret indispensable. Car n’est-ce pas la question que pose ces deux êtres ? Qu’est-ce que le « bien » dans le système Pokémon ? Et, question encore plus essentielle, ce « bien » existe-t-il ?

Merci à PokéBip pour ce Farfuret tiré de la 4G et merci à Bulbapedia pour ce Dimoret tiré de Platine.
Article ajouté le Mercredi 08 Avril 2009 à 15h25 |
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AnalysaDex : Ramoloss #79 / Flagadoss #80 / Roigada #199
Ramoloss #79 / Flagadoss #80 / Roigada #199
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Existant depuis la 1G, la lignée Ramoloss / Flagadoss s’est vue complètement perturbée lors de l’entrée dans la 2G. Désormais, de Ramoloss partent deux lignée évolutives distinctes : celle de Flagadoss et celle de Roigada. Tout comme Têtarte, cette arrivée de la Roche royale pose question et c’est sur cette base que l’analyse s’attardera dans un premier temps.

L’autre élément problématique de Ramoloss est son importance, encore une fois, dans la 2G qui lui a créé un lieu emblématique : le Puits Ramoloss. Quel impact ce lieu a-t-il eu dans le système Pokémon ? En quoi derrière cette figure béate se cache la représentation de principes premiers de l’univers Pokémon ?

I. Des pieds à la tête : entre oubli et génie

Cette première partie va s’intéresser à la distinction qui s’est mise en place entre Flagadoss et Roigada à partir de la 2G. Pour ce faire, revenons à la place de Flagadoss dans la 1G. L’importance de Flagadoss dans RB est qu’il est le moyen d’obtenir Excelangue ( élément repris dans VF / RF mis à part le fait que dans RF l’échange demande un Akwakwak. En effet, la 3G a mis la lignée de Ramoloss en doublet avec celle de Psykokwak sans doute dans l’idée d’un rapprochement entre ces Pokémon aux pouvoirs psy et à l’allure bêta ). Dès lors, Flagadoss dont l’excroissance ( en l’occurrence le coquillage ) se trouve au niveau de la queue se voit en lien avec un Excelangue dont l’excroissance ( autrement dit sa langue ) est au niveau de la tête. Un mouvement du bas vers le haut y était amorcé.

Ce mouvement va être parachevé dans la 2G. Coupant les queues des Ramoloss, la Team Rocket bloque le cours normal de leur évolution. Sans queue, l’évolution en Flagadoss devient impossible et un recentrage vers le haut devient nécessaire. Génération du Prof. de l’évolution ( c’est à dire Orme ), la 2G est un monde où l’évolution est la règle. En forme de couronne, la Roche royale est un objet qui se pose sur la tête. Pour compenser à la valeur de la queue ( dont l’odeur attire les Kokiyas et dont le goût en fait un plat recherché ), l’objet vient mettre la tête en valeur. En ancien français, le chief désigne la tête et le chef. Mettre la tête en valeur, c’est appeler à la création d’un être au statut royal d’où le nom de Roi-gada ( le suffixe –gada renvoyant sans doute au terme familier de « flagada » servant à désigner quelqu’un de mou ).

Entre Ramoloss et Roigada, c’est toute une dialectique du haut et du bas qui se met en place ( et la 2G n’est-elle pas tout un jeu entre Ho-Oh au sommet de la Tour Ferraille et Lugia au fond des Tourb’Iles ?). Flagadoss incarne une évolution par le bas. Les toxines libérées par le Kokiyas le rendent insensible à la douleur ( selon le PokéDex de la Argent ). Le bas devient le lieu de l’oubli ( on peut ici songer au Flagadoss que l’on trouve à Azuria dans RB et dans la 3G. Son dresseur ne parvient pas à se faire obéir et Flagadoss sert de représentation à cet état très spécifique qu’est le Pokémon échangé incontrôlable : une sorte de décalage avec le monde, un oubli total de l’autre qu’est le dresseur ). Pour Roigada, les toxines libérées par le Kokiyas stimulent son cerveau. Entre bas corporel ( le Kokiyas se nourrit quand même des restes de Flagadoss et autres joyeusetés du genre ) et brillant intellect, Ramoloss est un Pokémon qui joue entre les extrêmes. Alors qui est réellement Ramoloss ?

Cette duplicité entre haut et bas est à comprendre dans le cadre de la 2G. Le Puits Ramoloss d’Ecorcia est précédé d’un panneau rappelant que le bâillement ( quoi d’autre pour un Pokémon aussi lent que cette attaque ? ) d’un Ramoloss a mis fin à 400 ans de sécheresse. Lieu du bas, le puits incarne l’eau des profondeurs. Dans la lignée symbolique de Flagadoss, Ramoloss est un Pokémon Eau du bas mais en même temps il est le maître de la nouvelle capacité Danse Pluie ( dont la CT se trouve au fond du Puits ). Eau du ciel, la pluie est une eau du côté de Roigada, du haut. Terre de forêt, Johto ne serait rien sans pluie. Célébi, dont le sanctuaire est à Ecorcia, n’est pas loin de la lignée évolutive de Ramoloss. Pokémon sans lequel Johto ne serait qu’un aride désert et figure dans laquelle se résout l’opposition Lugia / Ho-Oh, Ramoloss est une énigme entière aux nombreuses ambiguïtés.

II. Une énigme, deux réponses

Ramoloss est, comme l’indique le panneau du zoo du Parc Safari, « sympa mais très lent ». Pokémon extrêmement mou, Ramoloss intrigue car il est tel le dieu latin Janus. Etre aux deux visages, il porte en lui des valeurs opposées et contradictoires.

Pour penser Ramoloss, il faut à mon avis en revenir au gardien du Parc Safari de Kanto. Appelé Ramoloss par ses collègues, ce vieil homme a un petit problème lors de la rencontre avec le héros : il a perdu sa Dent d’or. Sans elle, il ne peut absolument pas parler. Son retour permettra un renouveau de la parole chez le vieil homme. Elément rattaché à la mâchoire, la Dent d’or peut être rapprochée du Kokiyas mordant la queue du Ramoloss. Mordre devient alors un symbole de l’accès à la parole. Sans sa Dent d’or ( le terme « or » renvoie également à une idée de valeur ce qui impliquerait que la Roche royale ne soit pas la seule à porter l’idée de richesse ), le gardien est comme Flagadoss sans son Kokiyas : il n’est qu’un Ramoloss auquel il manque quelque chose. Combinaisons entre deux Pokémon, les évolutions de Ramoloss mettent en avant le fait que l’évolution n’est pas quelque chose de définitif. Elle peut être réversible si quelque chose est perdu, si l’osmose entre les deux êtres est rompue.

Pokémon de l’harmonie, Flagadoss et Roigada représentent deux facettes de cet état idéal. Flagadoss est l’harmonie dans l’indolence, dans l’absence de douleur qui rappelle l’ataraxie épicurienne. Roigada est lui le symbole du contemplatif ( le PokéDex de la Emeraude indique qu’il s’efforce de percer les mystères du monde ). Son apparition dans la 2G peut être vue comme la cause de la fermeture du Parc Safari de Parmanie dans cette génération. L’envie de voyager, de découvrir l’ailleurs et les secrets du monde qu’a eue le gardien est le signe que le Ramoloss ne l’est plus. Il est devenu Roigada. Les nombreux fossiles qui remplissaient la maison du gardien dans la 1G préparaient ce mouvement. Les mystères du monde étaient déjà la passion du vieil homme.

Comme le gardien sans dent, Ramoloss est le Pokémon d’un indicible. Il porte en lui un idéal d’harmonie mais ne peut l’exprimer. Même si la maison du gardien est voisine de celle où l’on obtient la Super Canne ( dans l’idée que Ramoloss est le Pokémon de la pêche ), le gardien porte sa Dent d’or au niveau de son chief et il est le chief du Parc Safari.

Entre ces deux pôles de l’harmonie, Ramoloss incarne la patience. Comme l’indique le chercheur du Puits Ramoloss, Ramoloss attend encore et encore jusqu’à évoluer. Près du Ramoloss du zoo du Parc Safari, se trouve le personnage de Nico qui attend Julia, sa petite amie qui elle l’attend au Parc Safari. Comme Ramoloss, Nico attend celle qui le complètera en patientant. Chacun attend l’autre mais au mauvais endroit : Ramoloss est la figure de l’attente de la rencontre avec l’autre qui les liera pour la vie. La Dent d’or du gardien est la Julia de Nico : sans elle, il ne partira pas, n’évoluera pas.

Figure de patience, Ramoloss est un Pokémon qui est souvent sujet aux quolibets ( le surnom du gardien est quand même fortement ironique de la part de ses collègues ). Mais cette figure de passivité est la clé de voûte de son rôle dans la 2G. C’est une victime qu’il faut protéger car sans lui c’est tout un pan de nos valeurs qui disparaîtrait : l’attente de l’autre qui est une promesse de plénitude de l’être.


Lignée extrêmement riche, la lignée évolutive de Ramoloss se distingue par sa duplicité. Les choses les plus opposées ont pour départ ce Pokémon à l’allure si simpliste. Dans le monde sombre et scientifique de la 1G, Ramoloss était une figure d’amour et, comme mot de la fin, je voudrais revenir sur le Ramoloss de la petite fille de Fargas dans la 2G. Comme l’indique la lettre qu’il porte, ce Ramoloss est un cadeau du père de la fillette. Matérialisation de l’amour paternel, il est essentiel à ce monde même si lui ne semble pas s’en rendre compte. Mais qui peut vraiment dire ce qui se passe derrière ce regard hagard ?…

Merci à Poképédia pour ce Ramoloss et ce Flagadoss tirés de Rubis / Saphir ainsi que pour ce Roigada tiré de la 3G.
Article ajouté le Mardi 07 Avril 2009 à 13h19 |
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AnalysaDex : Mélo #173 / Mélofée #35 / Mélodelfe #36
Mélo #173 / Mélofée #35 / Mélodelfe #36
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Parmi le monde Pokémon, la lignée évolutive de Mélofée a toujours eu une place bien particulière. Alors que Pokémon « commun » c’est à dire qui apparaît de manière sauvage sans événement particulier, un accent a toujours été mis sur sa rareté ( et une telle insistance ne se retrouve dans nul autre Pokémon, le cas de Minidraco étant bien particulier ). Alors rare ou non ? Cette question est à se poser et servira de premier axe à notre analyse.

L’autre volet de Mélofée est son lien à la femme. Dès la 1G, son caractère de Pokémon tout mignon et tout rose en a fait la coqueluche féminine par excellence. Comment cet élément est-il travaillé ? Est-ce quelque chose de purement gratuit juste pour le style de mettre du rose dans ce monde de brutes ?

Encore une fois, rien de transcendant dans cette introduction. Chacun se doute que je ne céderai pas à l’idée du game play. Mais bon, encore une fois, ouvrez grand les yeux. Je ne pense pas que vous serez déçu du récital.

I. Un Pokémon mystique : l’inspiration féerique

Alors commençons par le commencement. Dès que l’on pense à Mélofée son étymologie apparaît très clairement. Il s’agit d’un dérivé de fée comme Mélodelfe est un dérivé de elfe. Cet élément lie la lignée évolutive de Mélofée à toute une tradition qui est celle des légendes celtiques. La féerie est un élément central de cette tradition qui a essaimé durant tout le Moyen Âge.

Dans les lais féeriques ( courts récits en vers ) la fée est une entité féminine dotée de pouvoirs mystérieux et vivant dans un lieu inaccessible, mis à part pour les preux chevaliers. En d’autres termes, c’est une femme difficile à trouver car vivant le plus souvent au fond d’une forêt.

De la même manière, le PokéDex de la Vert Feuille précise que Mélofée est un Pokémon rare que l’on ne trouve que dans des régions bien précises. En classant cette lignée évolutive dans l’environnement « Montagne », le PokéDex de VF / RF a définitivement ancré le lieu de domicile de la fée. Pokémon que l’on ne trouve qu’au Mont Sélénite et sur le Mont Couronné, Mélofée ( et Mélo qui existe à l’état sauvage depuis la 4G ) est un Pokémon des sommets.

Cela est à relier avec le discours de la fille se trouvant près de l’arène d’Argenta dans la 1G : « On dit que les Mélofée sont les habitants de la Lune ». De même, le classement de Mélo en tant que Pokémon Etoile corrobore cette idée que les Mélofée viennent de la Lune. A partir de là se déploie toute la théorie de l’origine extraterrestre des Pokémon ( Deoxys et compagnie ) mais là n’est pas mon propos.

Pokémon aux ailettes qui stockent la lumière de la lune ( selon le PokéDex de la Perle ), Mélofée est un Pokémon proche des étoiles. Cela est indéniable. Si l’on pense à l’espèce de basilique trônant à Unionpolis, on voit ce grand vitrail du Mont Couronné inondé de soleil. Si Mélo et Mélofée vivent ainsi sur ce mont c’est pour la simple et bonne raison que c’est le point le plus près du ciel. Être de féerie, leur rôle dans l’univers Pokémon est le même que le rôle des fées dans les récits médiévaux. Partir à la recherche de Mélofée, c’est partir à la conquête d’un lieu inaccessible, c’est se dépasser et réaliser une prouesse dont la récompense est la rencontre avec un être d’exception.

Cette aura surnaturelle héritée de la féerie était ancrée dans la description du PokéDex depuis la 1G où il était question de l’aura mystique de Mélofée. Cela est encore approfondi dans la 4G avec l’apparition d’une capacité spéciale uniquement pour cette lignée : MagicGuard comme si un champ de force magique protégeait l’étonnante fée des montagnes.

Mais vous allez me dire que c’est bien beau de parler des montagnes mais les fées et les elfes ça vit dans les bois normalement ? A mon avis, le choix de la montagne est à lier au contexte de la 1G. Même si je ne reprendrai pas ici tous les éléments de Kanto et la science je vais faire un bref rappel. Dans la 1G, le Mont Sélénite servait d’espace frontière entre le Kanto ( j’emploie ce nom pour plus de commodités même s’il est vrai que c’est anachronique dès que l’on ne parle que de la 1G ) « libre » et le Kanto « contrôlé » par la Team Rocket. N’ayant que très peu de place sur Kanto, la forêt ce n’est que la forêt de Jade car la tradition japonaise est bien plutôt une tradition des esprits des montagnes. Comme son nom a posteriori l’indique, Kanto est un bout du Japon transformé. Dans cette culture, la montagne est barrage protecteur et inaccessible. C’est un lieu de mythe où résident les esprits ( pensez par exemple à toutes les légendes qui courent sur le Mont Fujiyama ).

II. Entre lune et féminité

Autre grande caractéristique de Mélofée que je n’ai qu’effleurée jusqu’ici : son lien à la lune. Depuis l’Antiquité, la lune avec son cycle a été utilisée comme symbole de la femme et du cycle féminin. Fée, Mélofée est aussi un Pokémon en harmonie avec le pôle féminin de l’univers Pokémon.

Ce lien à la femme a été creusé de diverses façons mais en particulier au travers de deux figures : la Copieuse et Blanche, championne de Doublonville.

Commençons par la Copieuse. Dans la 1G, elle demande une Poképoupée et, depuis la 3G, il est convenu que la Poképoupée est à l’image de Mélofée. Outre le fait que cela montre l’aura de Mélofée dont la simple présence distrait les ennemis, cela indique que Mélofée à un rapport au mime. En effet, dans la Jaune, M. Mime ne s’obtient que par un échange contre un Mélofée. Comme indiqué dans l’analyse de M. Mime, ce Pokémon est inspiré de Marcel Marceau le mime qui a inventé le moonwalk repris ensuite par Michael Jackson. « Marche sur la lune », le moonwalk lie Mélofée et sa lignée au monde du spectacle et du mime ( dans la 2G, tous les lundis les Mélofée dansent au niveau du Square du Mont Sélénite, ce qui est comme une jonction entre spectacle et rituel féerique ou même plutôt de sabbat ). Dans la 1G et même après, l’attaque emblématique de cette lignée reste le Métronome. Terme musical, le métronome montre le lien entre Mélofée et le monde de la musique. Sur ce point, l’étymologie ne laisse aucun doute. De Mélo à Mélodelfe, la racine mélo renvoie au terme « mélodie ». Fée, Mélodelfe est un Pokémon qui est dit, depuis le PokéDex de la Or et de la Argent, comme ayant une ouïe surdéveloppée. Oreille parfaite, il a un lien avec le monde musical et du spectacle dans cette relation de clin d’œil qui le lie à M. Mime ( de plus, l’attaque Métronome, en permettant d’effectuer n’importe quelle attaque, peut également être vue comme tenant du mime ).

Pokémon de la Copieuse qui déclenche l’enseignement de Copie, Mélofée est un Pokémon qui ouvre les portes des cœurs. Comme le disaient les parents de la Copieuse, leur fille « n’a pas beaucoup d’amis ». La poupée sert de substitut d’ami mais, offerte par le héros, elle est le moyen d’un lien avec les autres. Dans la 2G, la Copieuse perd sa poupée que l’on retrouve au Fan Club de Carmin sur Mer. Lieu de rencontre, le Fan Club est un lieu de sociabilité qui reste refusé à la Copieuse. Ayant la jambe gauche déchirée, sa poupée la représente. Elle est une femme prisonnière dont le voyage n’existe que par le mime, le substitut. C’est pour cela qu’elle n’a pas besoin de ce Pass’train qu’elle donne au héros.

Liant Safrania à Doublonville, le train magnétique est intimement lié à Mélofée. En effet, c’est grâce à la poupée de Mélofée que son accès est débloqué tandis que l’arène de Doublonville dessine, à l’intérieur, la forme d’un Mélofée ( regardez pour cela la disposition des bacs à fleur ). Possédant un Mélofée, Blanche est un relais de la Copieuse dans Johto. Sauf que, cette fois-ci, le mime est circonscrit au lieu : c’est l’arène qui mime.

Pokémon de lien, Mélofée montre que, entre Johto et Kanto, c’est tout un jeu de la lune qui existe. Pokémon évoluant grâce à une Pierre Lune ( je vous rappelle quand mêm que c’est là la seule pierre évolutive présente sur Johto et que la mère du héros, figure féminine suprême du monde Pokémon, en achète même une ), Mélofée est la représentation du lien entre deux mondes. C’est de la lune et du féminin que la duplicité Johto / Kanto se résorbera. A se balader entre Johto et Kanto, les versions de la 2G se finissent sur un mont : le Mont argent qui est un Johto accessible uniquement par Kanto. Aux couleurs de la lune, ce mont est en résonance directe avec le Mont Sélénite et, juste avant d’y accéder, se trouve bien la maison d’une vieille femme telle une fée déguisée guidant le héros dans ces lieux reculés.


Arrivé à la conclusion, je dois dire que j’ai surtout parlé de Mélofée dans cette analyse. A mon avis, cela est incontournable du fait qu’overworld, c’est la forme de la lignée que l’on retrouve le plus. Pokémon magique dans cet univers souvent technologique qu’est Pokémon ( en particulier la 1G ), il incarne une promesse de féerie et de rêve de voyage ( que ce soit vers une autre région du monde Pokémon ou vers les étoiles ). Par lui, c’est tout un idéal de la montagne qui se trouve véhiculé ( et cet idéal se retrouvera dans d’autres Pokémon comme Ronflex ). Néanmoins j’aimerais laisser le mot de la fin sur Mélo. Le PokéDex de RSE indique que, lorsque le jour se lève, ce Pokémon s’abreuve de la rosée. Quoi de mieux comme nectar pour cette étoile descendue sur terre ?…

Merci à Poképédia pour ce Mélo tiré de la 3G ainsi que pour ce Mélofée et ce Mélodelfe tirés de Rubis / Saphir.
Article ajouté le Jeudi 02 Avril 2009 à 20h58 |
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Guide du routard Pokémon : Rosalia
Rosalia, ville d’histoire

Cela fait un moment que j’avais envie de consacrer une analyse à cette ville extrêmement riche de Johto. Face à l’extrême richesse du monde de la 2G, je pense que Johto est une très belle source d’analyses qui n’est pas prête de se tarir.

Pourquoi Rosalia ? Cette ville est l’unique ville de l’univers Pokémon actuel à avoir rassemblé autant de légendaires en un même lieu. Ville des oiseaux de Johto, elle accueille dans le sillage de ces derniers les trois chiens légendaires ( encore toutes mes excuses aux partisans de l’appellation « chats légendaires » mais bon moi je dis « chiens » ).

Bref, beaucoup de monde pour une si petite bourgade nichée au nord de Johto. Bienvenue donc à Rosalia et… suivez le guide.

I. La ville du regard

Je veux d’abord revenir sur un détail qui n’aura pas échappé aux plus aguerris. Alors que la 1G avait mis en place le système du Scope Sylphe sans lequel il était impossible de voir les Fantominus et Spectrum de la Tour Pokémon, la 2G ne s’embarrasse plus de scrupules et nous laisse à voir les spectres de manière tout à fait classique. Comment expliquer cela ? A mon avis, la réponse est à Rosalia. Si l’on s’intéresse à l’arène de cette ville, on remarque la présence d’un plancher invisible où il faut trouver son chemin. La solution consiste à suivre le regard des dresseurs.

Désormais capable de voir l’invisible, le regard des hommes n’a plus besoin d’un appareil technologique aussi élaboré que le Scope sylphe. Le scopos grec renvoie à l’idée de visée. C’est le terme que l’on emploie par exemple au tir à l’arc pour désigner la cible qui est en fait le but de la flèche. Appareil visant à obtenir quelque chose, le Scope sylphe de la 1G entrait en résonance avec ce monde empoisonné par la technologie et qui n’était plus capable de voir les choses de lui même.

Cela est définitivement abandonné dans la 2G. Si l’on s’intéresse au personnage de Mortimer dans le manga Pokémon : La Grande aventure, on remarque bien que l’accent est mis sur son caractère de voyant. Des hommes sont capables, dans l’aire de Johto, d’un sixième sens, de ce que l’on pourrait appeler un don de double vue. Cette particularité à saisir l’invisible est aussi prégnante dans l’apparition de l’attaque Clairvoyance permettant aux Pokémon Normal et Combat de toucher le corps immatériel des Pokémon spectres.

Cette avancée du thème du regard est approfondie dans le cadre de la Cristal. Désormais, existe le Trio des sages protégeant les légendaires de Rosalia et chacun des sages possède un Noarfang, Pokémon incarnant ( surtout dans l’anime ) l’usage de l’attaque Clairvoyance.

Même si le héros n’a pas cette voyance, il peut voir les spectres ce qui laisse à supposer que les habitants de Johto ont une osmose plus poussée avec les Pokémon que ceux habitant Kanto. L’invisible n’y est pas envisagé de la même façon. A Kanto, la Tour Pokémon était remplie d’exorcistes. L’esprit de l’humain était manipulé par le spectre et on était dans la logique du vade retro. L’invisible y était combattu alors que les dresseurs de la 2G sont des moines ou des médiums. Ce changement de terminologie induit un rapport beaucoup plus contemplatif envers l’invisible. Le but n’est plus de le chasser mais bel et bien de l’apercevoir.

II. Le jeu du mouvement

L’autre détail local de Rosalia, c’est bien entendu la salle de danse. Les kimonos qui s’y trouvent incarnent un idéal du mouvement. L’homme qui possède la CS 03 désire un Pokémon sachant surfer et danser. Cela nous fait immanquablement penser à Suicune dont la course est une danse pure et qui traverse les mers jusqu’à atteindre Irisia ( ville très liée à Rosalia ne serait-ce que parce que la musique y est la même ).

Le mouvement des kimonos est celui de la course des chiens. Quelque chose se joue dans ces gestes que l’on est obligé de faire. La vieille femme de la salle de danse dit que l’entraînement des kimonos à la synchronisation est très dur. Le but est de ne faire qu’un avec leur Pokémon en reproduisant la course contrainte des chiens de Rosalia qui doivent courir pour juguler leur puissance.

Le seul ornement de la salle de danse est un paravent orné de fleurs. Ce thème du paravent rejoint celui du regard. Il cache et le but de la danse est de dépasser ce voile ( on peut rappeler ici que le badge de Rosalia est le Badge Brume soit une idée d’atmosphère trouble à dépasser ). Mais ce paravent a aussi des fleurs, ce qui dès lors devient très intéressant.

Pourquoi cela ?

La ville de Rosalia a un Centre Pokémon bien particulier. En effet, c’est dans ce Centre que l’on rencontre pour le première fois le personnage de Léo. Ce sympathique bonhomme vient d’y mettre en route le Bloc Temporel. Comme je l’ai déjà dit dans Johto, quel Johto ?, cette compétence de Léo à faire voyager les Pokémon dans le temps n’est possible que s’il existe un lien entre Léo et Célébi, le Pokémon temporel. Célébi serait-il présent en creux à Rosalia ? Selon moi, oui.

Et si l’on revient à la salle de danse, on remarque que toutes les kimonos se battent avec une évolution d’Evoli. Et qui vous donne Evoli ? Léo. Qui dans la 1G avait toutes les eveelutions sur son PC ? Léo. De Léo à Célébi, il n’y a qu’un pas et cette présence d’Evoli place Rosalia sous le signe de cette lignée évolutive. N’est-ce pas un formidable hasard si les chiens légendaires reprennent les types des eveelutions par pierre ? Aquali, Voltali et Pyroli sont des quadrupèdes en résonance directe avec Suicune, Raikou et Entei ( j’en profite pour rappeler que le Trio des sages protégeant le trio des chiens a un Aquali, un Voltali et un Pyroli ). Et la 2G apporte deux autres eveelutions : Noctali et Mentali, le jour et la nuit dans une ville où se retrouvent Lugia, la lune et Ho-Oh, le soleil ( par ailleurs, dans la 2G, la jauge de bonheur d'un Pokémon augmente si vous l'entraînez au moment du jour où vous l'avez capturé si vous vous rendez à l'endroit vous l'avez vu pour la première fois ).

Pokémon d’annonce, les formes d’Evoli sont le point où la 1G rencontre la 2G. C’est par ces Pokémon que les deux générations communiquent. Lieu où le présent et le passé se rejoignent ( si on en croit le panneau de Rosalia dans le jeu ), cette ville est celle du recoupement. Starter dans la Jaune, Evoli est le Pokémon idéal de ce lien. Lié à la dernière version en date et à Léo, c’est le Pokémon incarnant Célébi. C’est lui le vecteur de l’histoire de la 2G.

Dès lors, pas étonnant que le paravent soit orné de fleur. Le Pokémon plante maître du voyage dans le temps n’est pas très loin. En outre on peut ici rappeler que le mot français Rosalia joue sur le mot « rose » soit sur le nom d’une fleur. Décidément, dans cette ville rien n’est laissé au hasard. Tout y est mouvement à la fois dans l’espace et dans le temps.

III. Deux tours, un en haut et un en bas

Néanmoins, l’origine du nom Rosalia est plus complexe. En français, on y trouve sans doute la référence au bois précieux dit « bois de rose » qui est un bois raffiné que l’on utilise aussi en parfumerie. Et Rosalia n’a-t-elle pas une odeur ? Ces maisons anciennes,… Moi, ça me fait rêver. Enfin bon, c’est l’interprétation la plus logique vu que beaucoup des villes de Johto sont construites par rapport aux arbres. Et, justement, le nom japonais de la ville présente la racine enju qui est le bois dont on se sert pour fabriquer les pagodes.

Donc intéressons nous aux pagodes de Rosalia que sont la Tour cendrée et la Tour ferraille. Si on en croit le Trio des Sages, les tours ont été construites il y a 700 ans pour sceller l’amitié entre hommes et Pokémon. Un oiseau semblable à un dragon vivait dans la tour de l’Est : la Tour de Cuivre. A l’ouest, se trouvait l’oiseau arc-en-ciel : Ho-Oh au sommet de la Tour Ferraille. Pause ici.

Le gris est la couleur de Lugia. Or, la Tour de Cuivre donc dans les tons jaune est son repaire. Et Ho-Oh vit sur la Tour Ferraille et la ferraille c’est gris. Bref, les deux oiseaux vivent dans une tour aux couleurs de l’autre. De même, le Trio précise que les Pokémon se réveillent dans la Tour de Cuivre et s’endorment dans la Tour Ferraille. En associant éveil et vie, sommeil et mort, on arrive à un soleil qu’est Ho-Oh lié à la mort et à la nuit ( d’où peut être le fait qu’il est le porteur de la Cendre sacrée ) alors que la lune qu’est Lugia se trouve dans un lieu de réveil et de vie. Entre jour et nuit, rien n’est manichéen dans le monde de la 2G. Pour penser ce monde, il faut penser l’entrelacement. Monde végétal, Johto est une région où tout est liane et où tout est pris dans la futaie du mystère.

Pourtant, si une chose reste, c’est que la Tour Cendrée est devenue lieu de mort. Comme en parle le Trio, un éclair y est tombé il y a 150 ans. La Tour de Cuivre a pris feu et brûlé pendant trois jours. De lieu de vie, elle est devenu brasier de mort car trois Pokémon sans nom, qui deviendront les chiens, y périrent et Ho-Oh pourtant pôle du sommeil leur a rendu la vie. En somme, cet incident a bouleversé tout le chiasme sur lequel se fondait l’harmonie de Rosalia. La conséquence en fut le départ des oiseaux. L’harmonie brisée, il ne leur était plus possible de continuer à cohabiter.

L’incendie les a en effet séparé pour toujours. De Pokémon égaux, ils se sont vus opposés. Car le but de l’entrelacs est bel et bien d’éviter l’opposition, ce qui la source même de l’harmonie. Mais, la Tour Cendrée n’a de tour que le nom. Elle n’existe plus que comme un sous-sol soit, pour le dire autrement, comme une tour inversée. A côté de cela, Ho-Oh conserve sa tour verticale et haute. Lugia devient alors un Pokémon du bas ( d’où son exil au fond des Tourb’Iles ) tandis que Ho-Oh s’impose comme le maître du haut.

Chute de Lugia, l’incendie de la Tour de Cuivre met Rosalia en plein dans la sphère de la mort. Le lieu d’éveil est devenu lieu de mort. Il faut donc pour les hommes essayer de comprendre cette mort et de la résoudre. Cela explique que l’arène de la ville soit celle des Pokémon spectres. Comme le dit le petit vieux devant la Tour, l’histoire de l’incendie se passe de champions d’arène en champions d’arènes de la ville. Besoin de se souvenir. Telle est l’identité de Rosalia en quête des mystères encore enfouis au fond de ces décombres. Dans la Cristal, Mortimer le champion fouille les ruines calcinées en compagnie d’Eusine. La quête de l’invisible passe par le compréhension de la mort qui est survenue dans ce lieu.

Le rapport à la mort reste très flou dans cette ville. Alors que l’incendie est survenu il y a 150 ans, de nombreux vieillards disent avoir vécu l’événement durant leur enfance. Vivant extrêmement vieux, les habitants de Rosalia ont comme une indépendance face à la mort. Comme ce Célébi en creux, ils sont capables de voyager à travers les générations humaines.


Ville d’histoire, Rosalia est une ville carrefour. Trois chiens et trois routes. Telle est la manière dont pourrait se résumer cette analyse. Tous les chemins de Johto mènent à Rosalia. Que l’on pense à l’Argent’Aile, à l’Arcenci’Aile ou au Glas transparent, tous ces objets amènent à un retour où tout commence et où tout finit : Rosalia. En proposant un vieux voyageur possédant l’une des ailes d’un des oiseaux de Johto, Argenta est sans doute la ville de Kanto la plus proche de Rosalia. Lieu où le passé se touche du doigt, son musée des sciences est également un autre rappel de Célébi mais sur un autre mode…

Illustration issue de Pokémon Puzzle League.
Article ajouté le Jeudi 02 Avril 2009 à 15h53 |
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AnalysaDex printanier : Chenipan #10 / Chrysacier #11 / Papilusion #12
Chenipan #10 => Chrysacier #11 => Papilusion #12
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S’il est des Pokémon directement inspirés d’animaux réels, la lignée évolutive de Chenipan en fait partie. Totalement calquée sur l’évolution et la métamorphose de la chenille, elle s’ancre totalement dans ce type insecte qui reste un type très lié aux insectes réels.

Mais que dire de Chenipan une fois cette clé de lecture mise en avant ? A mon avis, l’intérêt de Papilusion est qu’il est le résultat d’une métamorphose qui est un lieu commun utilisé un nombre incalculable de fois. C’est de ce point que l’analyse partira. Comment le monde Pokémon se réapproprie-t-il le symbole de métamorphose qu’est le papillon ? En quoi cette reprise fait-elle sens ?

I. Un symbole de l’évolution

Je suppose que tout le monde a en tête les premiers épisodes du dessin animé où Chenipan joue un rôle central. Toute la question qui est soulevée par le Chenipan de Sacha rêvant de devenir Papilusion en regardant la lune est la question de quitter la terre est de s’élever. Pokémon insecte de la 1G, il constitue avec Aspicot le doublet de l’évolution en accélérée. Repris dans la 3G avec Chenipotte, le concept est que les trois stades de l’évolution ont eu lieu avant le niveau 10 ce qui est relativement rapide si l’on considère un Pokémon comme Dracolosse !

Par ailleurs, Chenipan est un jeu de mot en français entre Chenipan et chenapan. Garnement, il a un aspect puéril que l’on peut rapprocher du héros du jeu qui suit un chemin vers le Panthéon, vers l’ascension ultime. Cela ouvre un parallèle propre à la lignée de Chenipan étant donné que ni Aspicot ni Chenipotte n’ont ce caractère de correspondance avec le parcours symbolique qu’est le voyage initiatique. Nous allons donc creuser cette piste.

La chrysalide qu’est Chrysacier est l’un des plus beaux exemples de métamorphoses du laid en beau que l’on trouve dans de nombreux écrits. Le PokéDex, depuis la Jaune, met l’accent sur l’horrible odeur que peut émettre Chenipan. Pokémon dégoûtant, Chenipan va peu à peu devenir une chrysalide, un être qui prépare la transformation jusqu’au papillon final.

Si l’on s’intéresse aux valeurs du papillon, on peut remonter jusqu’à Platon pour qui le papillon est le symbole de l’âme. Au XIXème, de nombreux auteurs l’ont repris comme symbole de la création artistique ( si vous avez l’occasion de lire L’Artiste du beau de l’Anglais Hawthorne, c’est une très belle nouvelle ). Autour de Papilusion gravite toutes ces notions et la présence du terme « illusion » dans son nom français n’est pas une coïncidence. Pokémon aérien né du laid, Papilusion est un beau mirage. Le moment de la transformation de Chrysacier est l’un de ces rares instants de l’existence où le beau semble s’incarner devant nous. Ephémère, le papillon est le merveilleux mirage de l’accès au beau et à l’éthéré. Le nom anglais de Papilusion est bien Butterfree soit une association entre butterfly ( papillon ) et free car c’est là un Pokémon de l’envol et d’une liberté. Entre moment de fugitive métamorphose et instant de sublime, c’est tout le processus d’évolution qui est ici représenté en tant qu’émancipation…

La plupart de ces éléments sont en fait communs avec l’autre chenille du jeu qu’est Aspicot. Un garçon de Jadielle nous demande si l’on veut tout savoir sur les deux types de chenille Pokémon et entérine bel et bien la parfaite symétrie entre les deux. Intéressons-nous donc plus avant à ce doublet qui culmine dans l’opposition Papilusion / Dardargnan.

II. Du vert au bleu, entre forêt et mer

Si l’on prend le doublet en lui-même, il faut s’intéresser en premier lieu aux versions qui poussent le plus cette logique de l’alternance entre Chenipan et Aspicot. A mon avis, il s’agit de la Or et de la Argent qui sont les seules versions à proposer des Papilusion sauvages ( Or ) et des Dardargnan sauvages ( Argent ) au niveau de la Route 2 de Kanto. Cela nous permet de lier la lignée évolutive de Chenipan à la Or donc à Ho-Oh et à tout ce qu’il représente : le jour et le soleil.

Cela recoupe ce que l’on avait déjà dans la 1G. Pour penser Chenipan dans RB, il convient de voir où le doublet est rompu car les localisations sont exactement les mêmes pour les deux chenilles Pokémon. Le doublet se rompt au niveau des dresseurs. Parmi ceux présents dans la 1G, le seul à avoir un Papilusion est le Scout près de Carmin sur Mer ( Route 6 ) et le seul à avoir des Dardargnan est le Scout près d’Azuria ( Route 9 ). Port du soleil, Carmin est la ville flamboyante alors qu’Azuria est une ville beaucoup plus pâle. Pokémon de l’ascension, Papilusion est comme Ho-Oh un Pokémon qui éclaire mais d’une façon bien autre. Il fait des parties des éléments qui structurent l’opposition entre Azuria et Carmin sur Mer, entre le jour et la nuit ( ainsi les ailes de Papilusion repoussent l’eau, comme nous l’indique le PokéDex de la Jaune, ce qui le rend incompatible avec cette cité brumeuse et suintante qu’est Azuria ). Ce caractère est repris avec la figure de Chenipotte dans la 3G. Papillon du jour, Charmillon est un avatar de Papilusion.

Mais, dans notre volonté d’éclater le doublet, ne rate-t-on pas l’essentiel sur la valeur de la lignée de Chenipan ? Si on repart du côté de la 1G, on remarque que Chenipan et Aspicot lient deux endroits ensemble : la Forêt de Jade et l’ensemble Route 24-Route 25. Présents uniquement sur ces aires, ces Pokémon de la forêt tendent à montrer les lieux stratégiques de l’évolution. Lieu où l’on voit rassemblées toutes les formes d’Evoli et où on récupérera les pierres évolutives dans la 2G, la villa de Léo est un lieu de la lignée évolutive en relation directe avec ces êtres tisseurs de soie ( leur attaque attitrée restant Sécrétion ) dont le fil est l’instrument même de leur évolution ( il leur permet de créer leur cocon évolutif ).
La même analyse peut fonctionner quant à la présence de ces Pokémon au niveau des Routes 30 et 31 de Johto. Il s’agit du seul endroit non liée à l’élément sylvestre ( Bois aux Chênes, Parc naturel ) où les chenilles se retrouvent. Ces routes sont justement le lieu de la demeure de M. Pokémon, ce sympathique savant dont le rôle est de mettre en valeur les œufs, nouvelle richesse de l’évolution qu’apporte la 2G. Et dans la même veine, le fait que ce personnage soit le dépositaire du Multi Exp. pourrait être interprété d’après le fait que cet objet est une sorte de fil faisant courir l’expérience d’un Pokémon à l’autre ( mais là c’est quand même un peu tiré par les cheveux ).


S’il est un mot de la fin sur cette lignée évolutive de Chenipan, je dirais « ardue ». Une fois le symbole de l’évolution dépassée, peu de choses restent à dire car c’est un Pokémon qui fonctionne en doublet avec Aspicot. Cela lui donne une valeur structurante au niveau de l’agencement géographique du jeu. Cet élément est d’autant plus à prendre en considération que seul Chenipan est présent dans la Jaune. Elément suivant le cours de l’animé ( où Sacha manque pitoyablement Aspicot ), cela rejoint aussi le fait que la Jaune soit le refus de l’évolution par Pikachu. Et quoi de plus fort que de priver la forêt des Pikachu que de son doublet évolutif par excellence ?

Merci à Bulbapedia pour ce Chenipan et ce Chrysacier tirés de RF / VF ainsi que pour ce Papilusion femelle tiré la 4G.
Article ajouté le Lundi 30 Mars 2009 à 17h57 |
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AnalysaDex : Mime Jr. #439 / M. Mime #122
Mime Jr. #439 => M. Mime #122
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Pokémon de la 1G, M. Mime s’est vu attribué un bébé Pokémon dans la 4G. Par cette nouveauté, il rejoint le groupe des Pokémon à encens créé dans la 3G avec Marill et Qulbutoke. Néanmoins, une chose distingue particulièrement cette lignée évolutive : les marques de civilité de leur nom. Entre Monsieur et Junior ( surnom extrêmement courant dans le monde anglo-saxon ), ces Pokémon semblent avoir un lien particulier à l’humain. Reste à savoir lequel.

Autre élément que cette analyse se devra de traiter : le fait que M. Mime ne soit disponible que par un échange interne au jeu dans les trois premières générations. Comment la 4G rompt-elle cette longue habitude du système Pokémon ? Quelles conséquences pouvons-nous en tirer ?

Ces deux axes vont servir d’appui au raisonnement. Entre mime et réalité, c’est toute une rêverie sur le lien entre réel et imaginaire qui va se déployer ici, sous vos yeux ébahis. Bienvenue au cirque !

I. Humain, trop humain

Ce qui fait que M. Mime est unique dans l’univers Pokémon est qu’il est la transcription d’une personne réelle. Cela est indiqué par diverses choses dont le surnom de M. Mime dans RB : Marcel et celui dans RF / VF : Marcy. Ces divers surnoms sont en fait une référence explicite à un Français : Marcel Marceau. Récemment décédé ( 2007 ), cet homme a élevé la pantomime au rang d’art durant la seconde moitié du XXème siècle ce qui lui a valu une renommée mondiale ( et ce avec un grand succès au Japon ).

M. Mime a servi à lui rendre hommage et ce détail fait de M. Mime un Pokémon unique en son genre car directement inspiré d’un être humain ayant existé. Dès lors, M. Mime brouille les frontières entre jeu et réalité, entre univers fictif et véritable. Cela est d’autant plus vrai que la caractéristique de M. Mime est de créer des choses qui n’existent pas. Si on se réfère à sa description PokéDex dans la Emeraude, M. Mime fait croire qu’il y a quelque chose d’invisible et que dès que cela est cru cela devient réel.

Liant imaginé et effectif, M. Mime incarne un idéal du rêve. Sa présence dans un jeu vidéo n’a rien de gratuit. Par lui, c’est tout un rapport entre jeu et monde qui s’instaure. Prendre garde à ce que M. Mime représente, c’est se poser la question de ce que le jeu est capable de nous dire sur le monde. Pour cela, il était impossible que M. Mime soit un Pokémon disponible dans la nature car il n’est pas un véritable Pokémon mais bien plus un humain caché à l’intérieur du jeu ( d’où son caractère unique ). L’arrivée d’un objet tel que le Bizar.Encens montre encore que M. Mime est à part parmi les Pokémon, qu’il est considéré comme bizarre car entre rêve et réalité.

Dans ce contexte, la 4G marque une rupture. Désormais, M. Mime est un Pokémon sauvage comme les autres ( même s’il est exclusif à la Diamant ). On le trouve aux Routes 218 et 222. Outre le fait qu’il sert de doublet à un autre Pokémon apparenté à l’imitation ( la lignée Manzai / Simularbre de la Perle ), M. Mime apparaît comme gardant les portes des deux villes portuaires du jeu ( pour moi, Frimapic n’est pas portuaire dans le sens où son rôle de port n’est actif qu’après le Conseil des 4 ) : Joliberges et Rivamar. Quel lien alors entre M. Mime et la mer ? Selon moi, aucun. Dans la 1G, M. Mime s’obtient à la sortie de la Cave Taupiqueur juste au moment où le héros est bloqué car il ne dispose encore ni de Coupe ni de Flash. Pokémon Bloqueur, M. Mime est connu pour les murs qu’il fait apparaître ( son nom japonais est Barrierd où l’on voit bien cette idée de barrière, d’obstacle ). Or, la Route 118 est atteinte au début du jeu mais on ne peut pas la franchir sans Surf tandis que la Route 222 est bloquée à cause de la coupure de courant à Rivamar. Bref, M. Mime est là à chaque fois que l’accès vers une ville est bloqué.

Mais n’est-ce que pour ça ?

II. Des Pokémon du spectacle

Revenons déjà à notre ami Mime Jr. Comme Manzai, il se trouve aux abords de la Pension ( normal c’est un bébé ). Donc, rien de ce côté-là. Sa différence avec M. Mime est qu’il est le Pokémon Mime ce qui lui donne un lien privilégié avec le monde du spectacle et, en particulier, celui du cirque. Le PokéDex de la Perle nous indique qu’il aime les endroits bondés. Pokémon avide de contacts humains et clown dans l’âme ( ainsi que dans l’apparence ), Mime Jr. confirme le lien de cette lignée évolutive avec le monde du cirque. Mais cela se trouvait déjà dans le M. Mime de Kanto car on l’obtenait contre un Abra et ce Pokémon est le Pokémon du magicien ( Abracadabra ! ). On est donc ici dans la pure parenté avec Marcel Marceau.

Mais que dire du M. Mime de la Jaune que l’on obtient contre un Mélofée ? Que dire de ce M. Mime ayant ce nom énigmatique de Tapacenbal ? A l’époque je voyais là un jeu de mots sur « tu n’as pas cent balles » ( cent francs, pour les plus jeunes nés dans l’ère de l’euro ). Je dois dire que je n’en sais toujours pas plus aujourd’hui mais je penche plus pour une association entre « tape » ( il a des grandes mains quand même ) et « cymbale » ( toujours dans l’idée des grandes mains mais avec le bruit en plus ). Dans tous les cas, ce surnom participe au caractère de pitre de M. Mime. Tout sauf un Pokémon sérieux, il aime les facéties et cette idée de cymbales pourrait bien lui donner une parenté à la fanfare, à tout cet art populaire et au contact des gens qu’a défendu Marcel Marceau.

Enfin bref, revenons à ce Mélofée. Indéniablement, Mélofée est le Pokémon lié à la lune. Or, le grand tour de mime de Marcel Marceau était le moonwalk soit la marche sur la lune ( que Michael Jackson a repris par la suite ). Pokémon chantant, Mélofée évoque ce monde du spectacle et du music-hall que côtoyait Marceau. C’est là encore l’un des nombreux clins d’œil envers le pantomime qu’a permis M. Mime.


Lignée assez simple de lecture dès que la clé qu’est Marcel Marceau est dévoilée, M. Mime et Mime Jr. sont deux Pokémon dont l’importance ne doit pas être minimisée. Le pont qu’ils établissent entre jeu et réalité est d’autant plus primordial que M. Mime reste le Pokémon qui apprend Clonage sans CT. Dans le contexte de la 1G, faire porter l’attaque Clonage à un Pokémon clown, dont le rôle est d’imiter les hommes en les caricaturant, n’avait rien d’innocent. Double grotesque et déformé, le clone que crée Clonage n’a rien à voir avec l’original. C’est une déformation pour le combat et c’est exactement ce que les hommes ont fait en clonant Mew…

Merci à Bulbapedia pour ce Mime Jr. tiré de la Platine et pour ce M. Mime tiré de Rubis / Saphir.
Article ajouté le Vendredi 20 Mars 2009 à 14h51 |
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AnalysaDex : Magicarpe #129 / Léviator #130
Magicarpe #129 => Léviator #130
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Parmi le monde Pokémon, rares sont les êtres qui ont autant fasciné que ces deux-là. En effet, cette lignée évolutive a toujours beaucoup intrigué de par la gigantesque différence qu’il y a entre ce poisson et cet imposant Pokémon appartenant au cercle restreint du groupe d’œuf des dragons.

Génération sous l’égide du Professeur Orme, le spécialiste de l’évolution, la 2G a fait de Léviator un Pokémon encore plus central en créant un lieu qui lui est associé : le Lac Colère d’Acajou. Lieu de déchaînement, ce lac s’est vu devenir le siège de la mise en avant d’un Pokémon shiny ayant marqué les mémoires : le Léviator rouge.

Analyser la série évolutive Magicarpe / Léviator, s’est se poser la question de l’évolution et c’est sous cet angle que nous l’aborderons. En quoi cette transformation radicale joue-t-elle un rôle dans l’univers Pokémon ? Quelles références culturelles sous-tendent ces deux Pokémon dont le plus évolué est indéniablement la reprise de la forme chinoise du dragon ?

I. L’allégorie d’une volonté de puissance

Petit topo philosophique avant de continuer. Pour comprendre la suite, il est nécessaire de se rappeler le philosophe allemand Nietzsche. Homme de la fin du XIXème ( et, à mon avis, l’un des plus grands penseurs de notre histoire ), Nietzsche a fini sa vie totalement fou ( il signait ses lettres « Jésus-Christ » vers les dernières années ) et est mort entre les bras de sa sœur. Cette dernière a repris son dernier ouvrage La Volonté de puissance qu’elle a déformé pour un faire un traité anti-juif et c’est d’après ce livre qu’Hitler a développé ses idées antisémites.

Mais, me direz-vous, pourquoi parler de Nietzsche ici ? La description de Léviator dans le PokéDex de la Or nous dit qu’il apparaissait lors des guerres passées et dans la Cristal il est dit qu’il apparaît dès que le monde est en guerre. Or, dans aucun des jeux Pokémon, il n’a été mention de guerres ce qui fait que ces références ne peuvent que renvoyer à une réalité historique. La dernière guerre connue par le Japon en 1995 étant la Seconde guerre mondiale, Léviator renvoie directement à cet événement durant lequel le Japon était du côté des nazis ( lois anti-Juifs, politique eugéniste,… ).

Magicarpe est une référence à une légende chinoise selon laquelle les carpes remontent les cours d’eau et atteignent la « Porte du Dragon » loin dans les montagnes. Franchir cette porte leur permettrait de se transformer en dragon. Cette légende est une valorisation de l’effort, de l’avancée vers le pouvoir. Or, le pathétique Magicarpe devient Léviator dont le nom vient du Léviathan de la Bible qui est un serpent de mer symbolisant le Mal. De même, en japonais, Léviator se nomme Gyarados qui est une combinaison entre gyakkyō (qui signifie la difficulté à parvenir à quelque chose ) et gyakusatsu ( le massacre, le meurtre ).

Voulant devenir une puissance, le petit poisson japonais s’est transformé en machine à tuer, en assassin ( cette ironie se voit dans le nom de Magicarpe qui est en gros la « carpe magique » alors qu’il est totalement incapable de faire quoi que ce soit ). Le PokéDex de la 1G parle de la puissance passée des Magicarpes et cette nostalgie de leur grandeur justifie elle aussi cette volonté de puissance, d’élévation. Mais cela n’est possible que s’ils se dénaturent, que s’ils se transforment en monstres sanguinaires.

Ce regard sur la guerre par le biais de Léviator se voit aussi par le fait que toutes les générations parlent de lui comme rasant des villes entières en quelques secondes et la Seconde Guerre Mondiale reste, pour le Japon, le lancement de la bombe atomique sur Hiroshima et Nagasaki.

Être violent, Léviator symbolise tous les stigmates de la guerre que le Japon porte encore aujourd’hui ( ou du moins en 1995 ). Il est là pour rappeler ce que peut être la volonté de puissance et cet élément se retrouve également si on le considère d’un point de vue interne au jeu.

II. De l’allégorie à la victime

Même si la 1G a insisté sur ces divers aspects de Léviator, elle n’a fait en fait qu’effleurer cette ligne évolutive. Le seul événement notable est en effet la présence d’un escroc dans le Centre Pokémon près du Mont Sélénite. Pokémon faible, Magicarpe sert à escroquer les gens crédules ( comme James dans le DA ) et est utilisé par les hommes pour s’enrichir. D’où cette frustration l’amenant à cette volonté de puissance dont nous venons de parler. Cet élément peut faire de Magicarpe une victime et c’est un point sur lequel les générations futures vont insister.

Le Léviator rouge du Lac Colère est un Magicarpe que la Team Rocket a fait évoluer artificiellement par le biais d’un signal radio. Cette brusque évolution explique qu’il ait gardé sa couleur de Magicarpe. Cette malsaine expérience achève de placer Magicarpe dans le camp des victimes. Ce qui crée Léviator, c’est en fait la volonté humaine de puissance. Au Lac Colère, un jeune homme nous dit « On dit que ce lac a été fait par le déchaînement de Léviator ». Or, c’est bien « on dit » donc « les hommes racontent ». Ayant trouvé un lieu lié à Léviator, les hommes de la Team Rocket ont cru avoir découvert la « Porte du Dragon » et la clé de la puissance. Et cette puissance, ils se la sont créée artificiellement par le biais de la science.

Dès lors, Magicarpe prend une toute autre valeur . C’est un Pokémon que l’on doit accepter comme tel car le délaisser laisserait libre cours à la volonté de puissance. C’est pour cela que, depuis la 2G, un pêcheur recherche le plus gros Magicarpe possible. Mettre en avant Magicarpe, c’est occulter Léviator et la destruction. Prenant une valeur, Magicarpe n’est plus ce Pokémon frustré de la 1G. Et la 3G va poursuivre ce mouvement. Le PokéDex de la Saphir précise que Magicarpe peut vivre dans n’importe quel milieu, même le plus pollué. Glissant de l’intérêt au combat à un intérêt écologique, Magicarpe représente le Japon délaissant sa puissance militaire pour sa consacrer à son environnement.

Cet élément est aussi visible dans le fait que Léviator est lié au Multi Exp dans la 2G. En effet, M. Pokémon la donne si nous lui rapportons une écaille rouge de Léviator. Et c'est là un autre symbole du partage de puissance.


S’il faut voir un Pokémon « engagé » dans l’univers Pokémon, il s’agit sans aucune doute de Magicarpe. Cette lignée évolutive représente toute l’évolution du Japon depuis 1945. Créer un Lac Colère consacré à ce Pokémon a été un acte qui n’avait rien d’innocent. Pôle du mal, la Team Rocket représente cette politique de sélection qui a sévi durant la Seconde guerre mondiale. Si la 1G a autant insisté sur la vacuité de la distinction entre Pokémon forts et faibles, c’est également pour cela…

Merci à Poképédia pour ce Magicarpe tiré de Rubis / Saphir et pour ce Léviator tiré de RF / VF.
Article ajouté le Lundi 16 Mars 2009 à 16h34 |
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AnalysaDex : Caratroc #213
Caratroc #213

Pokémon apparu dans la 2G, Caratroc est le Pokémon de défense le plus abouti de l’univers Pokémon. Ces statistiques atteignent en effet les 230 de base en défense et en défense spéciale alors que son attaque, son attaque spéciale et sa vitesse avoisinent les 0 de base. Cela nous montre tout de suite que Caratroc est double : d’un côté il a la carapace incroyablement résistante et de l’autre l’être mollusque qui y habite. Son type Insecte ( si l’on songe à Parasect ) le prédestinait à cette dichotomie. En effet, les Pokémon insectes ont ce caractère d’hôtes, d’êtres faibles greffés sur un corps étranger.

Mais Caratroc parvient à concilier ces deux éléments. Dans la 2G, la Baie donnée à un Caratroc devenait, au bout d’un moment, du Jus de baie. Disparu depuis la 3G, cet élément montre que la carapace sert de support à une fermentation induite par l’insecte. Mais pourquoi ce détail de la fermentation que rien ne nécessitait dans la game play de la 2G ? Pourquoi avoir donné à Caratroc une « capacité spéciale » avant la lettre ?

Etant donné que Caratroc n’apparaît vraiment que dans la 2G, l’analyse portera surtout sur cette génération. En effet la 3G le circonscrit au Parc Safari de la Emeraude et que la 4G ne l’offre que par un système de game play évident : l’insertion de la version Emeraude.

I. Entre fermentation et décomposition

Si l’on s’intéresse aux diverses descriptions de Caratroc dans le PokéDex, on remarque que divers termes voisinent pour parler de ce qui se passe dans sa carapace. L’on a « fermentation » dans DP, « décomposition » dans VF,… D’un côté, ce mouvement est celui de la pourriture et Caratroc est bien le Pokémon Pourri. Cela lui donne une image de répugnance qui explique pourquoi il ne se trouve que sous les rochers dans la 2G et la 3G. Pokémon caché, il incarne une saleté dont l’on ne saurait supporter la vue. Mais, d’un autre côté, le Jus de baie a toujours été présenté comme quelque chose de délicieux. De la pourriture, naît un délice qui est ravissement des papilles. Comment expliquer cela ?

Je pense qu’il faut revenir au Caratroc de la 2G qui est celui que Mania, le PokéManiac d’Irisia, offre au héros après que le rival de ce dernier lui ait dérobé son Farfuret. Mania a peur et, comme son nom l’indique, il est sous l’emprise de l’attaque du même nom. Pris par sa manie, Mania est un être prisonnier de lui-même ce qui l’a rendu fou ( pour plus de précisions sur le personnage de Mania voir Johto, quel Johto ? ). En somme, Mania vit dans une ville qui est au bout du monde et tout le monde ne pense qu’à s’envoler d’Irisia. Or, Mania est englué au sol par cette pourriture, cette mixture qui fermente dans son Caratroc ( car, franchement, votre rival avait peu de chance de revenir pour voler un Caratroc… ) et il a besoin de s’en défaire pour avancer. Cela est le versant « décomposition » de Caratroc. Dès que vous avez explosé votre rival lors de la bataille de la Tour Radio, Mania va vouloir reprendre son Caratroc mais seulement si ce dernier ne vous aime pas. Pokémon lié au bonheur, Caratroc incarne ce nouveau concept de la 2G et annonce l’échec final du fils de Giovanni qui comprendra qu’il n’a pas assez aimé ses Pokémon ( dont il en a volé deux : son Pokémon de départ et Farfuret ). Symboliquement, Caratroc est l’acceptation du Pokémon faible à l’aspect répugnant et que l’on préfère voir sous un rocher. Soulevant le rocher des apparences, le héros obtient le Jus de baie en même temps que l’amour de Caratroc ( qui ne produira pas de jus s’il ne vous aime pas ) et ce Jus permet également d’augmenter le taux de bonheur des Pokémon qui le boivent.

Matrice à bonheur, Caratroc est l’insecte qui mélange son soi propre ( il sécrète un fluide spécial ) au végétal pour créer autre chose. Les pas augmentant le taux de bonheur de Caratroc sont autant d’étapes dans le processus de « fermentation ». L’amitié fermente petit à petit et se concrétise par la production de cette boisson d’amitié. Le nom japonais de Caratroc est Tsubotsubo soit la répétition de tsubo signifiant « la jarre ». Contenant, Caratroc est en fait un réceptacle où l’on peut trouver ce que l’on déteste ou ce à quoi l’on ne s’attendait pas.

II. Le troc ou un autre mode d’échange

En outre, Caratroc semble très lié à l’élément liquide. Déjà, dans la 2G, on le trouve sous les rochers d’Irisia. Dans la 3G, les rochers du Parc Safari sont près de l’eau. Et ,enfin, dans la 4G, les Caratroc se trouvent Route 224 soit au niveau d’une bande de terre entourée par les eaux. Proche de l’élément liquide, Caratroc dévoile ici un autre de ses aspects que l’on peut rattacher au surnom que possède le Caratroc de Mania : Nessy. Ce nom ne peut, à mon humble avis, que renvoyer au monstre du Loch Ness dont le surnom est, justement, Nessy. Dès lors cela indiquerait un rapport entre Caratroc et Lokhlass. Car Lokhlass n’est-il pas l’avatar du monstre du Loch Ness dans l’univers symbolique du monde Pokémon ?

L’une des choses qui lie Caratroc à Lokhlass c’est la manière dont on obtient Nessy qui nous est donné comme Lokhlass l’était dans la 1G. Cependant, d’autres Pokémon étaient donnés dans la 1G si l’on songe à Evoli ou aux trois starters dans la Jaune. Mais, la particularité de Lokhlass est qu’il nous est donné pour le protéger de la Team Rocket et de Giovanni comme Caratroc est donné pour éviter que le fils de Giovanni ne revienne le voler. Autrement dit, Caratroc est un répondant de Lokhlass ce qui explique le clin d’œil de son surnom. Mais, il faut reconnaître que le fait que l’échange puisse être réversible est LA particularité de Caratroc.

Allez un peu d’étymologie. Caratroc est formé de Cara- pour carapace et de –troc pour… le troc ! Si l’on suit Bulbapedia, le choix de « troc » viendrait de la transformation des baies opérée. Cela peut marcher mais le terme de « troc » va en fait plus loin. Le troc est l’ancêtre de l’échange, c’est une opération basique où l’on donne de main en main. N’ayant pas recours à la machine mais étant un échange quand même ( et non un don car Mania peut reprendre son Caratroc qui est considéré comme un Pokémon échangé ), la rencontre à Irisia est le lieu d’un troc, d’un échange échappant à toutes les règles jusque là établies dans Pokémon.

Objet, Caratroc brouille les frontières de l’échange et du don. Etre vivant dans une carapace servant de réceptacle, il ne peut être donné de la même façon qu’un Pokémon normal.


Pokémon banal et quasiment oublié depuis la 3G, Caratroc est un Pokémon qui a passé car il ne pouvait être compris que dans le Johto de la 2G. La disparition du Jus de baie lui a , en plus, ôté toute valeur symbolique. Symbole de la 2G sous la forme de Nessy, il a tenu ce rôle de passivité que l’on retrouve chez un autre Pokémon lui aussi très proche d’Irisia : Lugia. Ce légendaire qui se cache au fond des eaux est en lien direct avec Caratroc. Vivant sur la même aire géographique, ils préfèrent tous les deux se faire oublier…

Merci à Poképédia pour ce Caratroc tiré de la 4G.
Article ajouté le Vendredi 13 Mars 2009 à 17h37 |
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AnalysaDex : Canarticho #83
Canarticho #83

Pokémon de la 1G, Canarticho est l’un des Pokémon les plus discrets du jeu. La 2G lui a apporté un objet attitré : le Poireau qui augmentait alors son esquive. Transformé en Bâton depuis la 3G, il augmente désormais la fréquence de ses coups critiques.

D’emblée, il apparaît que ce Pokémon a un lien à l’objet bien particulier. C’est sur cette base que l’analyse va se construire. En quoi tout un rapport à l’objet est-il pensé sous la figure de Canarticho ? Quel mystère se cache sous ce ridicule végétal qu’il semble brandir avec tant de fierté ?

I. Un lien viscéral à l’objet

Canarticho est présenté comme ne pouvant pas vivre sans son objet. Pourtant, comme nous venons de le voir, cet objet a changé selon les générations et on ne sait pas vraiment ce qu’il représente. Chaque génération a donné des informations différentes. Entre « artichaut », « poireau » et « tige » quelconque, on ne sait pas. Mais est-ce important ? Ce qui compte chez Canarticho c’est son attachement à cet objet qu’il ne se doit de lâcher sous aucun prétexte.

Cela peut paraître anodin comme réflexion mais c’est en fait capital pour saisir la place de Canarticho dans le système Pokémon. En effet, sur les quatre générations, Canarticho n’est disponible que par le biais d’un échange interne au jeu dans la 1G ( Jaune exceptée, mais nous reviendrons plus tard sur ce détail ) et dans la 3G. Cela le lie au Câble Game Link qui se matérialise même dans le cadre de ces échanges qui ne sortent pourtant pas du cadre de la console. Et dans la 4G, on l’obtient par essaim au niveau de la Route 221 soit… à côté du Parc des Amis qui est une autre sorte de communication, d’échange entre les générations.

De ce fait, ce charmant volatile appelle à la communication. Sa seule intervention dans l’arc Kanto de Pokémon : La Grande aventure se trouve au chapitre 63 titré Noadkoko et cela montre encore une fois sa discrétion car il est bien plus présent que les Noadkoko. Jamy ( Yellow pour les anglophones ) y rencontre un Canarticho perdu qui ne retrouve plus son chez soi à cause de l’affolement des Noadkoko dans la forêt desquels il se perdra avec Jamy. Troublée, la communication d’un lieu à un autre affaiblit Canarticho dont l’existence est autant liée au voyage qu’à son objet. De cet élément, nous pouvons en déduire que l’objet que porte Canarticho est l’objet de l’échange, que c’est par lui et pour lui que Canarticho se déplace d’un lieu à l’autre, d’une génération à l’autre.

La question qui se pose alors et pourquoi Canarticho est-il aussi absent dans Kanto ? Même si on trouve des Canarticho sauvages dans la Jaune, le PokéDex de cette version indique qu’ils sont peut être en voie d’extinction. Raréfié à l’extrême dans le domaine de Kanto, Canarticho souffre de ce monde où l’objet est purement humain. Pokémon fait pour tenir un objet, la 1G ne lui permettait pas d’en posséder car l’univers y était pure technologie. Entre Scope Sylphe et Clé secrète, le monde de la 1G est un monde où les Pokémon sont analysés par les objets et non aidés par eux. Son retour dans la 2G est significatif : cela est le signe d’un rien retrouvé des Pokémon avec les objets, avec ce qui les entoure. En effet, le nom anglais de Canarticho est Farfetch’d qui est une référence au fetch soit ce que vous faites lorsque vous envoyez votre frisbee pour que votre chien le ramène. Cet acte est un moment de communion entre l’homme et l’animal ( ou le Pokémon pour le cas qui nous intéresse ) au moyen d’un objet.

II. Un appel au voyage

J’ai déjà effleuré ce thème précédemment mais je voudrais m’y appesantir davantage. En effet, un autre élément caractérise Canarticho : son lien à la CS 01 soit Coupe. Dans Kanto, il est le Pokémon bretteur dont l’épée est juste là au bon moment pour apprendre Coupe à Carmin sur Mer. Dans la 2G, c’est le Pokémon qui aide les charbonniers d’Ecorcia à couper les arbres du Bois aux Chênes. Encore une fois, Canarticho est un Pokémon dont l’objet permet la communication mais cette fois-ci c’est lui qui permet aux hommes de se déplacer en enlevant les obstacles. De plus, son travail est de couper les arbres pour permettre la transformation de ces derniers en charbon de bois. Sous son influence, la nature se transforme en élément dont l’homme peut se servir. Il aménage, c’est là sa vocation principale.

Bien entendu, cet aménagement ne se fait jamais sans mal d’où les difficultés de l’apprenti charbonnier à le contrôler. Tout ce que Canarticho apporte sous son aspect cocasse c’est un besoin de communication, de courir et le dresseur est parfois dépasser par les événements.

Ce besoin d’ailleurs est visible dans les localisations de Canarticho. Dans la Jaune, on le trouve Routes 12-13 soit au niveau du ponton de pêche. Dans la 2G, il se trouve sur les Routes 38-39 qui sont les routes adjacentes à la ville portuaire du jeu soit Oliville. Et enfin, la Route 221 de Sinnoh est une route proche de la mer. L’habitat de Canarticho étant proche des roseaux soit une végétation aquatique, on peut le voir comme un Pokémon toujours attiré par la mer, toujours en quête de cette promesse de voyage et d’ailleurs. Dans le chapitre 63 de Pokémon : La Grande aventure, Canarticho est installé sur les Iles Ecumes où il se construit un nid. Au milieu de l’étendue bleue, il se crée un chez soi car il n’est chez lui que dans cette envie perpétuelle d’ailleurs.

Je placerai ici cette remarque déjà développée dans Johto, quel Johto ? De Carmin sur Mer à Oliville, Canarticho contribue à lier ces deux villes portuaires et on peut même supposer que le Julio de Carmin vient peut être d’Oliville par le biais de l’Aquaria. Ces villes dynamiques sont en parfaite adéquation avec le caractère bagarreur et emporté de Canarticho. Par lui, c’est toute une dynamique du voyage qui s’exprime et si son âge d’or est celui de Johto ce n’est pas pour rien. Ce fut justement le monde d’un mouvement intense de voyage entre contrées ( Aquaria, Train magnétique ).


En conclusion de cette analyse, je reviendrai juste sur ce petit nom de Julio que beaucoup de Canarticho portent désormais. Un dictionnaire des prénoms nous présente le prénom Julio comme pour les intelligents, travailleurs et chanceux. Nom venant directement des Julii de la Rome antique, il confirme encore cette idée d’un Canarticho voyageant entre les âges avec cette chance légendaire que lui donne son Bâton.

Merci à Poképédia pour ce Canarticho tiré de la Argent.
Article ajouté le Lundi 09 Mars 2009 à 16h26 |
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Magie des chiffres : autour du chiffre 2
Frères ennemis
Je me suis dit qu’il était peut être temps de s’attarder sur cette image :


Opposés l’un à l’autre par un jeu de miroir, ces deux Pokémon montrent à quel point Pokémon est avant tout un univers de la dualité, un monde régi par le chiffre 2. De la relation entre héros et rival au choix de la paire de cartouches, nous balaierons le spectre des valeurs du deux et du double au travers des quatre générations Pokémon.

D’emblée, on peut dégager que les 1G et 2G vont ensemble face au bloc des 3G et 4G. Cela sera admis par tous étant donné que la communication entre ces générations est possible. Un an et demi après la sortie de la 4G, le moment d’un bilan est venu. Comment le thème du double a-t-il évolué depuis RBJ ? Pourquoi ce motif reste-t-il aussi porteur dans le système régissant la série Pokémon ?

Bon, tout de suite, je peux dire que ces questions sont assez évidentes mais attendez de voir jusqu’où nous irons…

I. Deux, entre proximité et opposition

D’abord, je pense que l’on peut s’arrêter sur le personnage du rival. Ce terme n’est d’ailleurs pas anodin : c’est une relation complexe qui unit le héros à cet autre qui a toujours été comme un jumeau jusqu’à présent en particulier dans la 1G. A l’univers du jeu, s’oppose une époque antérieure au commencement du jeu et dont le Trainer’s Guide se fait le porte-parole. De même âge, les deux garçons sont présentés comme ayant toujours été proches jusqu’à ce que, récemment, le comportement du rival devienne égoïste et hautain. En latin, le rivalis est le riverain, le voisin ainsi que le jaloux en amour. Le choix de ce terme, peu courant en français, par les traducteurs met en valeur l’idée que opposition dans la passion et proximité spatiale ne forment qu’une seule et même chose, qu’un drame se noue dès que l’on est proche de quelqu’un. Du contact naît le frottement et du frottement continuel naissent l’irritation et la rupture. Le méprisant « minable » de la 1G est celui d’un mouvement destiné à abaisser l’autre qui est par définition égal à soi afin d’en acquérir une élévation et c’est justement ce mépris des autres qui sera la cause de la défaite finale du rival ( Chen lui disant qu’il a perdu car il n’a pas donné d’amour à ces Pokémon, prisonnier qu’il était de sa propre soif d’ascension ).

La Jaune marque une étape très importante dans ce drame de la proximité, de la rivalité. Chen n’y a qu’un seul Pokémon et il veut le remettre au héros et non à son petit-fils qui passe après alors que la proximité du sang voudrait le contraire. Délaissant la personne qui devrait lui être plus proche, Chen provoque cette haine ouverte et est le responsable de ce mépris des autres du rival. C’est dès lors que Chen met le héros plus haut que son petit-fils que ce dernier prononce pour la première fois ce nom de « minable ». Tout son but est en fait d’obtenir la préférence dans le cœur de son grand-père, le héros étant devenu un rival dans cet amour entre grand-père et petit-fils. De cette erreur de Chen découle toute l’organisation de Kanto comme le montrent les Iles Ecume. En effet, on apprend qu’autrefois elles n’étaient qu’une mais que maintenant elles sont séparées et forment des jumelles. C’est exactement ce qui s’est passé entre le héros et son rival. Tout ce qui les maintient liés l’un à l’autre est souterrain, enfoui et, même à la fin du jeu, aucune réponse n’est apportée vu que Chen emmène le héros à son apothéose en laissant le rival seul aux portes du panthéon.

Sombre, la 1G ne prononce pas les mots de la fin et un malaise persiste. Chen est tout sauf une figure positive : il tient avec le héros, certes, mais semble aveugle à ce qu’il lui reste de plus important. Ces petits enfants passent après son travail et il apparaît comme le bourreau aveugle de son petit-fils qui ne pense qu’à l’impressionner. Car pourquoi se rend-il à la Ligue si ce n’est parce qu’il sait que son grand-père y est invité par le Conseil des 4 comme nous l’indique le mail de son ordinateur ?

RF / VF vont cependant creuser ce rapport mais, pour comprendre cette évolution, il faut revenir sur la 3G et son rival sur Hoenn. Commençant dans un camion, soit à un endroit sans rival au sens spatial du terme, RSE crée un rival en tant qu’être purement opposé au héros dans la mesure où son sexe est différent de ce dernier. Dès lors, une influence hormonale certaine va agir et rendre beaucoup plus cordiaux les rapports entre les deux individus ( don de la CS Vol,… ). Bref, l’agressivité des deux générations précédentes est totalement occultée. Le terme de rival est même devenu beaucoup plus discret ce qui fait que le rival a en fait disparu, la complicité remplaçant l’agressivité. Dans ce nouveau système, comment faire un remake de la 1G à la virulence indubitable ? Simplement en adoucissant le rival. A Azuria, après le combat sur le Pont Pépite, le rival revient et donne au héros le Mémorydex sous prétexte que lui se moque des autres. Cet acte est celui d’un personnage qui pressent sa propre incapacité à être au monde, qui sait qu’il est dans un tunnel où la jalousie l’empêche de voir le monde. Confiant au héros la tâche de conserver la mémoire, il lui demande de créer un espace double où il mettra des souvenirs que lui pourra récupérer plus tard. Et l’après Conseil des 4 de RF / VF montre la sortie du rival du Plateau Indigo et son ouverture à cet ailleurs que sont les Iles Sevii où il vient avec « une vieille amie ». Ayant trouvé un autre à apprécier en la personne d’Olga, il n’est plus cette figure maussade de la 1G mais un rival qui se donne à l’entraînement de ses Pokémon comme sa sœur se consacre aux Pokémon des autres pour pallier à la perpétuelle absence d’un grand-père qui n’aime que son travail c’est à dire les Pokémon.

De l’influence de Chen résulte la scission entre les sphères de Blue et de Red. En séparant les jumeaux, Chen crée deux Kanto identiques et différents à la fois. Identiques au niveau spatial, ces Kanto se dissocient dans leurs Pokémon qui fonctionnent par doublet dans la 1G : Caninos / Goupix ( le chien de chasse et le renard ), Abo / Sabelette ( la belette mangeuse de couleuvres et le serpent ),… Nette, l’opposition est celle entre les deux protagonistes et la résolution de cette rupture n’est possible que par la communication, l’échange entre ces deux monde et ces deux êtres que tout oppose.

II. Deux, chiffre de l’affrontement

Comme le montrent les deux escaliers des Centre Pokémon de la 1G, la communication entre versions est toujours prise entre échange et combat. Notion clé, la rivalité est le concept sur lequel se fonde tout le système de Pokémon car chaque dresseur est en fait le miroir de celui qu’il affronte ou avec lequel il échange.

Tout combat Pokémon est par définition un acte de mise en rapport avec un autre qui partage le même amour des Pokémon que soi-même. Le but du combat est de montrer que notre amour des Pokémon est plus fort que celui de cet autre qui prétend pouvoir se vanter d’être plus aimé que nous. Chaque dresseur, que ce soit dans le jeu ou IRL ( In Real Life ), est un double que l’on peut combattre ou avec lequel on peut échanger. Le problème des habitants d’Azuria vis-à-vis de Léo est qu’ils le voient comme un vantard se targuant d’aimer davantage les Pokémon que les autres. Ce terme de « Pokémaniac », tous en sont jaloux car il est une preuve, un signe que l’on peut faire valoir auprès des autres comme si le mot donnait une autorité à notre passion.

Cette opposition entre dresseurs culmine dans la 1G tandis que la 2G va s’efforcer de la réduire en introduisant le téléphone par le biais du PokéMatos. Que l’on pense à Maxime Scout appelant pour nous parler du concours au Parc naturel ou aux multiples objets que l’on peut récupérer de cette manière dans la Cristal, le rapport aux dresseurs adverses tend à se doubler d’un lien d’échange et de partage. Rencontrer un dresseur devient plus le moment d’une rencontre avec un frère qui peut nous faire progresser tandis que la pure rivalité tend à devenir quelque chose de bestial ( la capacité Rivalité de la 4G montre bien que désormais la haine envers son semblable est un fait de l’instinct que possède les espèces Pokémon violentes ). Cela explique que les doublets changent de forme dès la 2G. Ce sont juste deux faces d’un même phénomène qui ne sont plus en rapport d’agressivité. Si on pense à la 2G, on peut citer Demanta dans la mer à l’ouest de la Or et qui est un Pokémon défensif spécial tandis qu’Airmure est dans les montagnes à l’est et incarne la défense pure. Ce ne sont plus des rivaux comme des ennemis naturels. Cela ne revient que dans la 3G avec Seviper et Mangriff soit le serpent et la mangouste ( son ennemi naturel ). A mon avis, ils préfigurent l’opposition entre Kyogre et Groudon qui incarnent une haine entre légendaires que ne connaissaient pas Ho-Oh et Lugia.

Au combat, succède un temps d’après combat permis par un tiers : le téléphone. Cette irruption d’un troisième membre dans le cadre du combat va de pair avec l’apparition des dresseurs doubles qui donne du combat l’image d’un 1VS2 où le miroir s’est brisé et où aucune rivalité n’est plus envisageable. Ce mouvement est visible dans la relation d’opposition de la 1G entre Kicklee et Tygnon qui se trouve résolue avec l’apparition de Kapoera qui incarne un équilibre entre les deux ( vu que son évolution a lieue lorsque l’attaque et la défense de Débugant sont égales ).

Ainsi, le face à face s’estompe grâce à l’effet d’un tiers et cela explique la présence de la troisième cartouche dans chaque génération. Electrique, le Pikachu de la Jaune frappe l’aquatique Tortank et l’aérien Dracaufeu. Créature d’harmonie, Suicune lie Ho-Oh à Lugia ( en se rendant de l’autre côté de la mer, cf. Johto, quel Johto ? ). Capable de mettre fin aux changements climatiques, Rayquaza annihile Kyogre et Groudon. Chaque troisième version a pour but de mettre en place un tiers qui réconciliera l’harmonie.

Arrêtons-nous ici sur la 4G. En effet, Platine est la version de Giratina et un Pokémon Renégat ne saurait être une créature d’harmonie car l’harmonie demande bien plutôt son exil. En effet, la dualité Dialga / Palkia est déjà maîtrisée par la Chaîne rouge des trois Cré’ qui incarne une trinité dans l’univers symbolique de Sinnoh. La présence de Giratina avec le temps et l’espace est un pur bouleversement d’autant plus qu’il brouille les frontières entre vie et mort ( personnellement, je pense que la présence de spectres humains dans le Vieux Château est le signe de la présence latente de Giratina sur Sinnoh qui brouille la frontière entre le fait que les Pokémon puissent revenir du monde des morts tandis que les humains non ). Alors que le troisième légendaire antérieur était extérieur au duo de départ, Giratina va renforcer les tensions initiales au lieu de les apaiser. N’étant plus une solution, le tiers va demander que l’on ne fasse plus appel au 2 ni au 3. On va avoir recours au 1 soit au Pokémon originel qu’est Arceus. En latin, arceo signifie « maintenir », soit « tenir dans sa main » ce qui peut expliquer cette référence aux bras : Arceus a une poigne symbolique. Mais Arceus n’est pas Dieu ( au sens où Dieu est l'éternité ce qui est l'absence de temps et d'espace ). Il est le Pokémon alpha soit le début d’une chaîne qui ne peut que finir par oméga soit la mort. Opposé à Giratina, Arceus est le créateur, le commencement soit cet avant-monde où la rivalité n’existait pas encore pour revenir à ce que je disais en début d’analyse. Pokémon à partir duquel tout se crée, il n’est ni l’éternité ni une divinité que l’on vénère mais juste un alpha, un avant comme le sont les Ruines d’Alpha de Johto qui renvoient à une époque qui n’existe plus.

III. 2 = 1 + 1 + 1 ou la mutation de la rivalité

Devenue élément à dépasser, la rivalité semble devoir être un concept absent de la 4G. Or, celle ci renoue avec la situation de la 1G où le rival est riverain. Voisin et ami d’enfance, le rival du héros ressemble beaucoup au rival de RBJ à cela près qu’il n’est plus en lutte avec la héros pour l’affection désirée : celle de son père c’est à dire l’Aigle Tour dont il attend la reconnaissance. Comme le dit Korner dans la TDC, le héros a lieu aussi un père qui bien qu’hypothétique est lui aussi un grand dresseur. Après l’apparition de Norman dans Hoenn, le héros perd définitivement ce caractère christique où il a une mère et pas de père. Cela permet de faire de la rivalité une simple compétition et non une lutte pour l’estime de la personne dont on est le plus proche ( d’autant plus que Bourg en Vol n’est pas le no man’s land de Bourg Palette où héros et rival n’ont que Chen pour voisin ).

Cette apparition d’un père au sein du foyer des personnages et donc d’un tiers permet de déplacer la rivalité sur un autre terrain. Le père va attirer un rival désireux de devenir dresseur Norman / Timmy et Korner / rival de la 4G tandis que la quête du Pokédex va créer un autre personnage Seko / son fils ou sa fille et Sorbier / son assistant ou son assistante. Même si la sœur de Lucas / Aurore dit vouloir que le héros réussisse mieux que son frère / sa sœur, les contacts et les frottements se trouvent limités au maximum ce qui donne de la rivalité une version beaucoup plus édulcorée.

Mais pourquoi cette évolution de l’affrontement bilatéral à ce triangle amoureux ? A mon avis, cela est dû au fait que l’esprit de Pokémon est celui du trio. L’inspiration avouée des Pocket Monsters est le principe du pierre / papier / ciseaux ( shifumi japonais ) transposé sur des créatures. Dans chaque affrontement de type gravite l’ombre d’un tiers type établissant une harmonie entre eux. Cette image du tiers pouvant venir faire pencher et équilibrer la balance à tout moment est le principe même du gameplay de Pokémon. Dans la 2G, l’apparition de Christy, d’un personnage féminin dans un monde où tous les Pokémon prennent un sexe ( à quelques exceptions près ) met fin à ce face à face masculin entre Gold et Silver ( dont l’agressivité vient aussi de cet absence de père et d’amour paternel étant donné qu’il est le fils de Giovanni et que sa haine est tout entière dirigée contre la Team Rocket ) qui ne pouvait amener qu’à une impasse sans cet élément féminin qui crée un triangle amoureux où les rapports de force sont d’une fluctuance constante.

Cependant, même si les protagonistes des jeux sortent de l’affrontement duel, ce n’est pas le cas de tous les personnages. Dans RF / VF, la Route 4 nous donne à voir deux Karatékas l’un en face de l’autre qui se tiennent réciproquement pour des imbéciles car l’un ne se bat qu’avec ses poings et l’autre qu’avec ses pieds. Ses avatars de Kicklee et Tygnon sont comme un vestige de l’antique rivalité où chacun est devenu aveugle à l’autre qui vit pourtant sous ses propres yeux. Liés au type Combat, les Karatékas incarnent le combat brut, un type qui a longtemps mis à mal la règle de trois du gameplay avant l’arrivée du type Ténèbres avec la 2G. Tendant à l’opposition bilatérale, le type Combat est comme le Dojo de Safrania détrôné par Morgane. Edifice privé de reconnaissance officielle, il n’aspire qu’à s’élever de nouveau comme le montre l’entraînement du maître du Dojo dans le Mont Creuset. Le but est de gagner un face à face dont le titre de Champion d’arène est en jeu sans qu’un tiers n’existe jamais dans ce conflit.


Pour conclure cette analyse assez théorique , je reviendrai sur une différence qui me semble essentielle entre Arceus et Mew. Comme son palindrome de nom nous l’indique, Mew ( dont le nom se lie dans les deux sens ) est le Pokémon de la boucle. En forme d’œuf, de cellule œuf, son ADN est celui d’une perfection, d’un être qui naît sans cesse à lui même en étant le tout incarné. Alors qu’Arceus contient ( mot qui vient de « tenir » ), Mew incarne ( du latin caro, la chair ) ce qui fait de lui une unité étrangère à toute question d’harmonie. Il est l’harmonie en réduit mais n’a aucune influence sur la cosmogonie symbolique qui régit le monde. En lui, la rivalité n’a pas cours. Dès la 1G, il est dit dans le Manoir Pokémon : « Mew est papa ( maman ? ) ». Etre qui ne peut être mis d’un côté ou de l’autre mais également dans les deux, il est la vie dans ce qu’elle a de plus abouti tel une bibliothèque dont il suffit de prendre un livre pour donner vie. Cela donnera naissance à Mewtwo et donc à une forme de double qui ne s’oppose pas à Mew mais qui fait de l’homme un rival de lui-même dans le sein de sa propre conscience…
Article ajouté le Vendredi 06 Mars 2009 à 18h09 |
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