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de Ramius

                   



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Recquiescat in Pacem
Je tiens à préciser que le texte n'a pas été modifié pour coller à sa situation par rapport au Comité. De plus, le nom d'Einstein est en fait le diminutif de einsteinen, « enclôre de pierres ». Approprié quand même, mais Word m'indique pile 1024 mots, donc je ne touche à rien.


  • Ce qu'on dit quand on n'a rien à dire

    « Bien que, depuis qu’un obscur savant allemand en perpétuel décalage (comme le suggérait son nom, « une pierre », qui donnait de lui un présupposé insensible aussi éloigné de la vérité que l’est une Mepo de terre d’une Master Ball du caractère ouvert, parfois même fantasque de ce génie),

    le fameux Albert Einstein, ait démontré au travers de stupéfiantes expériences de pensée que le Temps fluctuait ;

    et bien qu’après lui, le sulfureux Hélio, fondateur de la Team Galaxie et créateur de la Chaîne Rouge qui lui permit d’étudier d’honteusement près le Cœur du Temps, ait établi les théorèmes de l’Harmonie temporelle à flux tendu,

    et donc que la mesure du temps en équivalence avec un déplacement d’aiguilles sur un cadran d’horlogerie ait été totalement remise en cause depuis des années tout en étant encore d’actualité ;

    malgré tout cela, c’était d’heures, et de très longues et de fort nombreuses heures, qu’il était question concernant la durée passée à regarder sa page blanche,

    avec le cœur comme l’esprit rempli de désespoir et les yeux de larmes, autant à cause de la blancheur lumineuse, pure et hélas immaculée de cette page du logiciel de traitement de texte, qu’à cause des implications psychologiques de cette blancheur :

    c’était la conscience terrible d’un vide en soi reflétée à l’extérieur, la peur associée de ne jamais parvenir à le combler, ou plus (bien que pour certains, ce soit « ou moins »), de vider son entourage de toute substance par simple contact ;

    toutes ces anomalies, ces coups portés au schéma psychique de base d’un individu normalement construit, malgré leur propre illogisme, étaient les responsables de ce (scientifiquement très intéressant) phénomène de distorsion du flux du Temps qui avait été mené de telle sorte que les heures avaient semblé des jours, les jours des années, et les années d’impossibles siècles,

    à Ramius, l’inconnu anonyme venu du fin fond de son patelin natal pour accéder, par un coup du sort qui lui avait semblé miraculeux (au moins),

    à ce quart d’heure de gloire promis à tous par le Pape de la Pop et permis par le Réseau des réseaux,

    pour être voué ensuite,

    malgré son ascendance glorieuse en ce que son insignifiance le faisait mieux ressortir lui, contrastant avec l’apogée de sa trajectoire,

    à payer le prix de son vol en retombant sur le mur blanc des mots au point de dépasser le Temps, avant d’avoir une idée (miraculeuse elle aussi, donc plutôt une révélation), qui était plus qu’une idée :

    c’était l’idée, cette idée si simple (si désarmante dans cette simplicité enfantine, féérique) qui pouvait tout changer à sa façon innocente, une goutte d’eau dans l’océan des stratagèmes suggérés aux auteurs par leurs cerveaux malicieux,

    mais capable à elle seule de mettre le feu aux poudres instables du monde littéraire en tant que refus absolu de sa règle la plus inexprimée et la plus ferme à la fois, ce tabou qui l’avait préservé de la décadence au cours d’époques fastueuses mais désormais dépourvues de sens, rendues à la futilité de tout passé par la dangereuse combinaison

    de l’ennui et de l’inconfort de cet auteur qui se laissait finalement aller contre toutes les règles, en admettant qu’au faîte de sa gloire, il ne lui restait plus rien d’autre à raconter que sa détresse même de ne pas avoir d’idées,

    et à se dépeindre lui-même (avec orgueil), lui-même se dépeignant, dans une mise en abîme aussi vertigineuse à envisager que ses perspectives semblaient grisantes de gloire au panthéon des figures de style, lesquelles, poussées à leur paroxysme, deviendraient alors le sujet même de leur propre récit,

    répondant au self-insert rigoureux de leur créateur et sujet, permettant ainsi la construction d’une colossale structure autonome, qui dans sa fabuleuse complexité et sa profondeur fascinante, permettrait voire appellerait,

    du moins selon Ramius, les arguments qu’il avança lui-même,

    comme quoi la profondeur de la réflexion inconsciente mais métaphysique tout de même, qui découlait de cette lecture, devait ouvrir le lecteur à la contemplation des sphères les plus hautes de sa propre conscience, mettant en contact le fini avec le transcendant,

    ce qu’il croyait à tort devoir être convainquant devant cet autre accroc aux règles qu’était la présence tacitement obligatoire, mais par lui négligée, des exaltants Monstres de Poche

    dont la littérature s’était emparée depuis un certain temps (voire un temps certain), et qui malgré les formidables possibilités qu’ils ouvraient à l’aide autant de leurs capacités inhumaines que des mystères qui les parsemaient et dont les auteurs se régalaient, ne suffisaient pas à étayer un tel projet d’avant-garde,

    résultant en ce que quoiqu’ils aient été fort utiles à l’achèvements de l’œuvre de Ramius, les Pokémons n’y étaient pas assez inhérents pour y recevoir la place qui devrait leur être échue,

    un point qui lui fut amèrement reproché par, avant même la critique, l’éditeur lui-même,

    dont la conscience bien plus professionnelle était, contrairement à celle de cet ahuri d’auteur, non seulement capable d’envisager les risques, mais en plus de les mettre en balance avec les profits que le réalisme laissait attendre,

    et autant ce point de vue plus objectif fut moins enthousiasmé par la portée novatrice du récit qui lui était envoyé, autant il aperçut mieux combien il lui serait en pratique difficile de le conseiller au plus grand nombre de ses lecteurs, car l’aspect expérimental de ce texte s’opposerait fermement à leur confort, et contrebalancerait ainsi son intérêt par une lecture imbuvable,

    soit une considération importante s’il en était qui fit basculer la décision désagréable mais juste de renvoyer l’auteur devant sa page blanche, sans même le secours des habituelles tonnes de feuilles noircies de commentaires constructifs,

    apprenant de fait à l’hurluberlu, de la façon la plus brutale mais aussi la plus efficace et par sa brutalité même la plus efficacement mémorisée de toutes,

    que malgré les raisons les plus pesantes qu’il puisse invoquer, malgré le point de vue généralement bon mais nécessairement subjectif qu’il pouvait avoir sur son travail, malgré même la justesse que ses arguments auraient pu avoir, il était impossible à l’être Humain de dépasser cette loi très simple de la littérature,

    comme quoi ce que l’on dit quand on n’a rien à dire tient en une phrase. »


    Postface

    J’adore les phrases beaucoup trop longues ! (Même si d’habitude, je n’en abuse pas.) (Et les parenthèses. (Habituez-vous-y.)) Cette figure de style, car c’en est une, porte le doux nom d’hyperhypotaxe. (Si vous voulez une définition un peu plus précise, inutile de foncer déjà sur votre Larousse : je donne la mienne ci-après…) Un jour, je me suis posé une question simple : sait-on quelle est la plus longue hyperhypotaxe de la langue française ? Ne trouvant pas la réponse, j’avais décidé que ce serait moi. (Voici ma candidature, elle ne gagne pas et je ne pense pas surenchérir.) Avouons-le, au point où on en est (1024 mots ! j’en suis fier... mais on a déjà vu plus, gloups), c’est plus du troll qu’autre chose.

    La question qui se pose maintenant, et qui me fait ajouter ce monument de pédance qu’est une postface (au point où j’en suis, je crois que ça ne change plus grand-chose non plus !), c’est donc la suivante : pourquoi publier ceci ? Même sans évoquer l’absence des Pokémons dans cette phrase (dans le sens où ils ont été inutiles à sa construction (quoique pratiques)), c’est un peu abusif, comme O-S. Et la réponse est sans doute aussi un peu abusive.

    Un autre auteur, connu pour ses O-S délirants, a quitté le site au début de l’année 2019. Ceci est mon hommage à Flageolaid, dont les scandaleuses mais saines productions ont sans doute beaucoup contribué à inspirer ma propre vocation d’écrivain. Merci ! (Et non, je n’ai pas mis des mois avant de trouver comment formuler ça. Et d’ailleurs, pendant que j’y suis, tant pis pour toi si tu désapprouves en lisant ça !)

    Bon voilà. En bonus, le premier jet du résumé. Vous constaterez que j’y donne le bâton pour me faire battre.

    « L’hyperhypotaxe, il est bon de le préciser car elle tend à être méconnue en raison de sa complexité et malgré sa verve flamboyante, est un figure de style, quoique le style en question puisse authentiquement être qualifié de lourd, ce qui peut ne rien enlever à son élégance, qui consiste à juxtaposer en une seule phrase une quantité importante, et facilement abusive, de prépositions dépendantes les unes des autres afin de construire un escalier, une tour, de compréhension, chaque préposition reprenant le sujet de la précédente, y ajoutant le sien propre, et transmettant un flambeau olympique s’il en est à la suivante, ce qui développe un long argumentaire en faveur d’un sujet plus général, plus fédéral, qui est celui de la phrase entière, et qui en échange de cette structure, de cette permission d’exister gracieusement accordée à la phrase, doit se voir explicité le plus complètement possible, éclairci de tout doute et lavé de tout soupçon, de telle sorte que malgré le terrible écueil que constitue pour l’hyperhypotaxe l’incompréhension de son lecteur devant sa complexité faramineuse, ce sujet se retrouve parfaitement expliqué, par ce qui semble parfois être, plus qu’un exploit, un véritable miracle, tant l’auteur a rami(usi)fié son style à la seule fin de surenchérir sur ses prédécesseurs, pratique indigne et nuisible entre toute et qui doit montrer au grand jour les charlatans qui se prétendent grands auteurs à tort, ce que l’hyperhypotaxe permet d’ailleurs de la façon la plus efficace qui soit, raison supplémentaire à sa popularité qui ne faiblit jamais, en dépit de sa difficulté inhérente et de son aspect repoussant. »




Voilà. Bonne journée !
Article ajouté le Vendredi 22 Mai 2020 à 23h41 | |

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