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The Kokonut Song was Koko-approved™
de Lutias'Kokopelli

                   



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Les One-Shots et Short Stories de Koko'
Bonjour ou bonsoir à tous !
J'ai longtemps hésité à poster un petit article en plus pour ça (surtout que pour le moment, je n'ai rien de particulièrement potable à vous mettre sous la dent...), mais je me suis finalement dit que de toute manière, il y en aurait que ça pourrait toujours intéresser. %)
Ainsi, cet article rassemblera plusieurs de mes fictions, celles qui ne dureront jamais plus de un à cinq chapitres, celles qui ont un scénario que je n'ai pas trouvé suffisamment approfondi (voire carrément pas du tout potables pour faire une fiction sérieuse), bref, tous mes petits écrits qui n'ont pas le mérite d'être aussi aboutis que mes fictions principales.
Parce que j'ai désormais un compte sur fanfiction.net, la plupart des OS/SS seront publiées là-bas, et je me contenterai de donner le lien. ;3


OS #001 ~ [Untitled] [DC | "Terminée", OS]
OS #002 ~ Ctrl + Z [DC | Terminée, OS]
OS #003 ~ Full Ace [DC | Suspendue, 2 chapitres]
OS #004 ~ Probabilities [DC | Terminée, 7 chapitres — Prologue et Épilogue inclus]
— Notez par ailleurs que Probabilities est ma plus grande fierté du moment, juste après ma fiction principale. Donc si vous n'en lisez qu'une, optez pour celle-ci. Vous ne serez pas déçus. ;3

Vous aurez certainement remarqué que le OS #001 ne comporte pas de lien, contrairement aux deux autres. Ben ne cherchez pas, c'est normal.
En effet, en un mot, cette short story n'a strictement aucune logique. En gros, c'est un rêve que j'ai fait une nuit, et que je n'ai quasiment pas retouché. Donc si vous n'aimez pas le WTF, passez votre chemin car cette fiction n'est pas pour vous.
La seconde raison pour laquelle je ne considère pas cette SS comme une véritable fiction est sa présence indéniable d'une Mary-Sue. Enfin, je considère l'unique OC de l'histoire comme telle, parce que cela me semble plus qu'évident. Sûr que jamais vous ne trouverez pareil personnage dans un écrit sérieux de ma part. Ou alors, ce sera un minimum plus subtil. u_u

Ainsi, pour ces deux raisons, cette fiction n'est pas publiée. Mais si jamais quelqu'un commente ici et me la réclame, alors je la publierai ci-dessous. Mais autrement, ne cherchez pas, c'est niet.

OS #001 ~ [Untitled]
(C'est vraiment parce que vous me l'avez demandé... <_<')

Le public était sans voix. Personne n'osait troubler le spectacle qui se déroulait sous les yeux de tout le monde, y compris de la caméra présente sur les lieux. Ce n'était pas pour rien que la première représentation au Japon de ce spectacle de magie passait à la télévision, en direct. Après tout, sa vedette – et par ailleurs son unique acteur –, le petit prodige Chrona Clover, était désormais aussi célèbre qu'elle demeurait incroyablement jeune pour le métier. Sa renommée par ailleurs avait été construite si rapidement qu'elle constituait à elle seule un de ses prodiges supplémentaires.
L'enfant paraissait bien petite pour son âge, bien qu'étant lycéenne ; toutefois son regard renfermait souvent tant d'expressions mystérieuses et indéchiffrables que cela lui donnait un air adulte et réfléchi. Même si la question de la maturité ne pouvait être posée.
Cette jeune fille était sortie de nulle part, ne semblait pas avoir de famille proche – ou du moins connue –, et son nom était de toute évidence un pseudonyme qu'elle s'était créé. Probablement pour qu'on ne la reconnût pas dans la vie courante rien que par son nom.
Une autre particularité de cette petite vedette était, en plus du grand mystère qui planait autour de son identité, le fait que, clairement, elle était bien plus douée que tout autre magicien. Ses mouvements étaient si naturels – lorsqu'elle bougeait, car de plus la plupart de ses tours avaient lieu alors qu'elle demeurait immobile, ou bien loin des objets qu'elle paraissait manipuler à distance – qu'encore personne n'avait décelé la moindre trace d'astuce. Lorsqu'on l'interrogeait, elle affirmait qu'il s'agissait de vraie magie ; mais tout le monde le prenait comme une preuve qu'elle ne révèlerait rien quant à ses méthodes. Lorsque l'on interrogeait les metteurs en scène quant à un quelconque matériel tels que des fils de nylon lui permettant d'agir à plusieurs mètres de distance de là où ses tours avaient lieu, tous répondaient inéluctablement qu'ils ne savaient rien, n'avaient rien eu à préparer et n'avaient rien rangé ; encore une fois, ce fut pris comme une peur de leur part de briser le mythe qu'on en avait fait. L'Anglaise aux miracles portait, pour le moment, bien son nom ; tellement que la police commença à s'y intéresser, allant jusqu'à la suspecter d'être derrière le fameux voleur 1412 Kaitô Kid. La pauvre Européenne, attaquée ainsi dès son arrivée au pays du soleil levant, subit de nombreux interrogatoires entre ses différents spectacles ; on ne trouva rien de suspect, mais on continuerait de la garder en observation tant qu'on n'aurait pas trouvé soit le véritable coupable, soit une preuve irréfutable de son innocence. Au vu de la situation, cela semblait parti pour durer.

~ * ~La nouvelle élève était sans conteste originaire du monde occidental, en particulier grâce à son excellence évidente en cours d'anglais – quand les élèves l'avaient interrogée sur son origine, elle avait en effet affirmé être née et avoir vécu la majeure partie de sa jeunesse en Angleterre.
Très tôt toutefois, la dénommée Andréa avait été abordée par certains lycéens, qui étaient persuadés de sa ressemblance avec la fameuse magicienne britannique : il suffisait d'ôter ses lunettes et de changer cette queue de cheval par une coiffure plus adéquate, et la vedette était démasquée. La concernée se défendit autant qu'elle put auprès de la majorité d'entre eux, parvenant à convaincre la majorité qu'il ne s'agissait que d'une coïncidence, étant donné de plus qu'il était aisé pour des Japonais de confondre deux visages d'Européens, même parfois très différents. Question de culture, tout simplement.

« Hé. Je suis sûre que c'est toi, quand même. Tu me fais un autographe ? »

Elle sursauta légèrement, alors qu'elle s'apprêtait à refermer son casier. Quand elle se tourna vers Sonoko, cette dernière lui fit un clin d'œil.
Heureusement qu'elle avait songé à lui soumettre cette requête uniquement dans un murmure, et seulement alors qu'il ne restait plus que trois personnes dans les vestiaires. À savoir elles deux et Ran, qui d'ailleurs reprit aussitôt son amie en la réprimandant pour son franc manque de tact.

« Excuse-nous, reprit-elle à sa place. La dernière fois que Conan est rentré avec nous, il m'a fait remarquer quand tu es partie que tes lunettes ne corrigeaient pas du tout ta vue, et que ça voulait donc probablement dire que c'était en fait un déguisement pour qu'on ne sache pas qui tu es vraiment...
- Conan... Tu parles du petit à lunettes qui vit avec toi ? »

Elle opina du chef ; en réponse, l'étrangère esquissa un petit sourire.

« Il a l'œil, ce gamin.
- Ne t'en fais pas, on va garder le secret là-dessus. J'imagine que c'est pour éviter d'avoir trop de fans tout autour de toi que tu fais tout ça, alors ce ne serait pas sympa de dévoiler ta véritable identité sans raison.
- Je vous remercie toutes les deux pour ça. Tout le monde ne ferait pas ce genre de choses...
- Mais en contrepartie... » commença Sonoko d'une petite voix.

La lycéenne sortit un papier vierge et un stylo de sa poche, et les lui présenta avec un regard implorant.

« Un tout petit, juste pour moi... »

L'adolescente à lunettes étouffa un rire, puis lui tourna le dos pour refermer son casier. Toutefois, le stylo échappa de la main de sa propriétaire sans raison apparente ; comme par magie, il demeura en l'air et vint inscrire une signature de lui-même sur la petite feuille déjà sortie. Les deux amies regardèrent la magicienne avec des têtes à la fois ahuries et émerveillées, tandis que cette dernière leur lança un regard et un sourire malicieux lorsqu'elle se retourna vers elles.

« Au fait, je dois vous avouer quelque chose... Vous savez qu'en ce moment, j'ai des problèmes avec la police, à cause de ce Kaitô Kid. »

Elle en avait parlé comme s'il s'agissait d'une vraie plaie ; en même temps, il était vrai que ces heures passées au commissariat devaient être autant de temps passé à autre chose que ses études, ou son entraînement pour ses tours, ou quoi que ce fût d'autre.

« Tu veux qu'on t'aide, c'est ça ? demanda Ran. Mais je ne vois pas comment...
- Si tu as besoin d'un détective, je suis là ! lança Sonoko d'un air fier. On ne dirait pas, mais j'ai déjà élucidé quelques affaires où même la police séchait, alors je pourrais peut-être—
- C'est gentil, mais je sais déjà à qui m'adresser, en fait. »

Le ton qu'elle avait employé laissait clairement deviner la suite ; pour le moins, elle parut évidente pour les deux concernées. Si c'était à elles en particulier qu'elle le demandait, alors une seule personne leur restait à l'esprit.

« Shinichi Kudô. Vous êtes proches de lui, non ? J'aimerais, si c'est possible, que vous lui demandiez de m'aider. »

~ * ~« Alors c'est toi, Conan ? On s'était déjà vus hier soir, mais on n'avait pas encore eu l'occasion de discuter vraiment. En tout cas, ton observation était très impressionnante ! »

Le petit gamin sourit innocemment en retour, esquissant une expression à la fois flattée et, en même temps, modeste.
Il considéra avec surprise la main tendue qui se présenta alors juste sous son visage, puis releva la tête pour lancer un regard interrogateur à celle qui lui tendait ainsi son bras. Il hésita un instant, mais finit par déposer sa propre main droite à l'intérieur, la serrant amicalement. Voyant sa légère déroute, Andréa s'expliqua par le fait qu'il s'agissait d'une pratique très courante en Europe ; peut-être était-ce une habitude utilisée pour un oui comme pour un non en Occident, tandis que cela était moins fréquent au Japon. Quoiqu'il en fût, elle le quitta rapidement des yeux et eut tôt fait de ne plus prêter attention à lui, relançant la discussion uniquement avec les deux autres lycéennes.

Indécis, l'enfant réfléchit néanmoins ; il était étrange qu'elle ne vînt lui serrer la main que lors de leur seconde rencontre, et encore plus qu'elle ne serrât que la sienne. Et ce regard qu'elle lui avait lancé... Quelque chose n'allait pas.
Il ne fallait pas oublier de prendre en compte un dernier critère : c'était une reine de l'illusion, comme tous les magiciens. Il était donc presque probable qu'elle lui eût serré la main pour une raison toute particulière.
Lorsqu'il ouvrit la paume de sa main pour y jeter un rapide coup d'œil, il se figea sur place.

Je connais ton secret.
J'ai besoin de ton aide.
Fais-moi signe quand tu es prêt.


Ce n'était pas possible. Comment... Comment avait-elle tout deviné ?
Comme par magie, le message inscrit à l'encre noire sur la paume de sa main s'estompa, les traits des différents caractères se substituant les uns les autres de manière à afficher deux nouvelles phrases :

Tel est pris qui croyait prendre, comme on dit.
La prochaine fois, évite de mettre en évidence des indices qui te culpabilisent toi-même.


Il jeta un coup d'œil rapide à la main droite ouverte de la magicienne, mais il n'y vit aucune trace d'encre. Ce n'était pas logique. Si ce message s'était retrouvé sur sa main, alors il n'y avait qu'au moment où elle la lui avait serrée que le message aurait pu s'imprimer. Mais cela signifiait alors qu'elle l'avait forcément inscrit sur sa propre main au préalable.
Ce qui n'était pas le cas. Et puis, il avait bien vu les traits s'agencer différemment pour former un nouveau message. Il avait vu l'encre bouger d'elle-même.
Il n'y avait pas d'autre solution possible, c'était vraiment de la magie. Même s'il persistait à croire que cela ne pouvait être possible, il ne voyait aucun stratagème permettant un tel prodige.

Alors ? Tu es prêt ?

Le message avait encore changé, encore une fois sous ses yeux. Il fronça les sourcils, puis jeta un coup d'œil rapide à la concernée. Son regard était malicieux, presque ironiquement innocent.

Je prends ça pour un “oui”.
Prépare-toi, je vais arrêter le temps.
Il serait dommage que les autres entendent ça aussi.


Arrêter le temps. Qu'est-ce qu'elle entendait par là ? Devait-il vraiment le prendre au premier degré, ou ce n'était qu'une façon de parler ?
Il lança encore un regard interrogateur dans sa direction. Et il vit alors, pendant un instant fugace, la couleur de ses pupilles passer du brun au vert.
La scène parut alors tout à coup se figer. Conan regarda autour de lui ; d'abord ses compagnons de route, puis les feuilles des buissons alentours qui avaient cessé de s'agiter à un vent qui, d'ailleurs, avait arrêté de souffler, puis Andréa. Il ne lui fallut pas longtemps pour se rendre compte qu'à part elle et lui, tout n'était plus que silence et immobilité.

« Surprenant, hein ? Ça fait toujours cet effet la première fois. »

L'adolescente sortit habilement du groupe, évitant les statues vivantes, puis vint s'agenouiller près du petit détective.

« T'en fais pas, ils ne peuvent pas nous entendre. Quand le temps redémarrera, ils ne se seront rendu compte de rien. Alors on a tout notre temps pour parler de tout ce qu'on veut. C'est pas génial, ça ? »

Il garda le silence, encore sous le choc. Il parut balbutier quelque chose d'inintelligible, mais qui ressemblait à “ce n'est pas possible, ce genre de choses ne peut pas arriver normalement”. Amusée, la magicienne jugea utile de préciser l'état dans lequel tous deux se trouvaient alors :

« Tu sais, en fait ce n'est pas parce que nous sommes conscients que notre dimension temporelle est “temporairement” – haha – stoppée que nous y réchappons pour autant. En fait, nous ne sommes pas plus libres de cette dimension temporelle que tous les autres. C'est juste que nous avons l'avantage de pouvoir être conscients et de bouger sans elle.
- C'est complètement stupide... J'avoue que tu es vraiment une bonne magicienne, mais tout ça n'est qu'une illusion de ta part... hein ? »

Elle perdit son sourire, et le regarda cette fois gravement.

« Ton cœur. »

Il lança dans un murmure inaudible une petite interjection laissant croire qu'il avait mal compris, voire qu'il croyait avoir mal entendu ce qu'elle voulait lui dire.
Elle lui prit alors sa main droite, avant de la placer sur son poignet gauche, et lui fit signe de prendre son pouls.

Ses yeux s'écarquillèrent. Il était totalement muet. Donc son sang avait arrêté de circuler.

De moins en moins sceptique, il voulut toutefois être sûr, aussi plaqua-t-il la paume de sa main directement sur sa poitrine, au niveau de son cœur.
Il était arrêté. Et pourtant il était encore vivant.

« Alors ? Tu me fais confiance, maintenant ?
- Qu'est-ce que ça veut dire ?!
- Arrête de paniquer, de toute façon ton cœur ne va pas s'emballer plus – haha. C'est juste comme je te l'ai dit : nous sommes piégés par ce temps, et si on essaie de s'en libérer... Tu vois le résultat. Mais ne t'inquiète pas, tout redeviendra normal quand nous aurons fini de discuter. Ce sera comme si rien ne s'était jamais passé. »

C'était en effet très rassurant. Il la remercia intérieurement pour lui avoir bien demandé si cela l'intéressait de voir ce que cela faisait, que d'arrêter le temps. Car cela le passionnait tout particulièrement.
Bien évidemment, c'était de l'ironie pure.

« Bon. Alors de quoi voulais-tu qu'on parle, dans ce cas ?
- Si tu es un minimum renseigné à propos de moi, alors tu sais qu'en ce moment, j'ai des problèmes avec la police.
- Oui. On te soupçonnerait d'être le Kid.
- Je voulais te proposer un marché. »

Il haussa un sourcil à l'aspect neutre ; il était impossible de voir s'il était intéressé ou tout simplement étonné ou intrigué par une telle requête.

« Je voudrais que tu me laves de tout soupçon. Si l'occasion se présente, tu peux même essayer d'arrêter le vrai Kaitô Kid, mais cet aspect du plan m'est totalement égal.
- Mais tu sais que la police ne croira jamais un enfant. Pourquoi tu ne demanderais pas plutôt à quelqu'un d'autre, comme—
- Parce que dans ce cas, il n'y aurait pas de marché. »

Tiens donc. C'était vrai qu'elle n'avait pas encore parlé de ce qu'elle lui donnerait en échange. Quoique, lui, ça lui était égal. Du moment qu'il révélait la vérité, c'était le plus important ; la récompense n'était qu'au second plan.

« Alors que me proposes-tu en échange ? lâcha-t-il d'un ton désintéressé au bout d'un “moment”, car il sentait qu'elle tenait à ce qu'il posât cette question.
- Si je fais réapparaître comme par magie le véritable Shinichi Kudô, sans aucune imposture, ça te va ? »

L'absence de ses battements de cœur se fit cruellement ressentir, l'espace d'un instant.

« T'es sérieuse ?
- Absolument. Je pourrais même éventuellement t'aider à contrer cette organisation que tu traques, si j'y voyais un intérêt. »

Il eut un sourire à la fois ironique et nerveux, tandis que son sourcil droit tiqua. En fait, cela lui était totalement égal d'être en danger de mort ou non.
Mais d'un autre côté, si sa magie était réelle, alors elle avait probablement plus d'un tour dans son sac, et devait donc être libre de tout risque particulier. Il lui suffisait sûrement d'être seulement un peu méfiante et attentive.

« Bon ; quand est-ce qu'on s'y met, alors ?
- Quand tu veux, mais le plus tôt possible sera le mieux.
- Ce soir ?
- Ce soir. Dix-huit heures ?
- Dix-huit heures, ça ira.
- Chez le professeur Agasa ?
- Oui. Chez le... »

Conan se stoppa net, se retournant soudainement avec méfiance et inquiétude.

« Mais comment sais-tu tout ça ? Si tu n'as découvert mon identité qu'au moment où Ran et Sonoko t'ont transmis ma déduction, comment as-tu pu te renseigner autant ? »

Elle posa deux doigts fins sur ses lèvres, lui faisant signe de se taire et de se calmer.

« Tu n'as pas besoin de le savoir. »

Il voulut répliquer, mais elle ne lui en laissa pas le temps :

« Notre discussion est terminée ; le temps va reprendre son cours. Pour que personne ne se doute de rien, je te conseille de reprendre au mieux la position que tu avais au moment où j'ai mis tout ça en pause, d'accord ? »

En fait, il s'agissait d'une question rhétorique : il lui sembla pendant un instant qu'il avait perdu tout contrôle de son corps, et qu'indépendamment de sa volonté il avait repris une certaine pose sans pouvoir ni comprendre ce qui lui arrivait, ni bouger le moindre cil. Son regard étant déjà braqué sur les yeux de l'étrangère, il put aisément remarquer que pour la deuxième fois, la nuance verte colora durant un instant infime ses iris.
Il lui sembla alors qu'il respira, comme si cela faisait longtemps qu'il ne l'avait plus fait. Comme s'il reprenait vie.
Une brise semblable à auparavant lui caressa la joue, et il entendit mieux que jamais le murmure du vent dans ses oreilles.
Devant lui, plus personne ne prêtait attention à lui, et ses amis continuaient de marcher comme si de rien n'était le long de la rue. Ce ne fut qu'au bout de quelques secondes que Ran se retourna et le héla :

« Est-ce que ça va, Conan-kun ? »

Il parut totalement absorbé par ses pensées au départ ; il vérifia rapidement et discrètement son pouls, qui était reparti et semblait totalement normal. Quoiqu'un peu rapide. Mais c'était dû aux violentes émotions qui l'avaient assailli, rien d'autre.

« Je... vais bien. Tout va bien. » s'entendit-il marmonner.

Chez le professeur Agasa, à dix-huit heures.
Assurément, il serait là. Il était hors de question de rater un tel rendez-vous.

~ * ~Il s'était attendu à voir son récit accueilli avec scepticisme ; toutefois, tout s'arrangea rapidement lorsqu'Andréa pénétra la demeure, et l'appuya dans ses propos – au besoin à l'aide de quelques tours de magie irréalisables en temps normal.
Ainsi, lorsque la magicienne réclama elle-même qu'elle désirerait se voir lavée de tout soupçon par Shinichi Kudô lui-même, l'antidote d'Haibara resta bien sagement dans le bocal du laboratoire où il était conservé : elle demanda à ce que le petit Conan la conduisît dans une salle spacieuse, confortable et à l'abri à la fois des regards et des bruits, et surtout où ils seraient seuls pour un moment. Car elle affirmait qu'elle allait avoir besoin d'un intense silence afin de pouvoir faire preuve d'une grande concentration lors de la “procédure”.
Une fois la porte de la chambre fermée, l'enfant s'assit sur le bout du lit et croisa les bras, regardant la lycéenne du coin de l'œil. Cette dernière jeta d'abord un regard aux rideaux, qui se fermèrent d'eux-mêmes, puis à l'interrupteur de la lampe qui s'alluma, ne laissant pas ainsi la salle dans la pénombre.

« Okay, now, tout est prêt. » marmonna-t-elle avec un sourire satisfait.

Elle s'approcha du petit détective et lui affirma que, pour être sûre de ne pas être dérangée, elle arrêterait le temps lorsqu'elle ferait son “tour de magie”. Mais que cette fois-ci, il n'en serait pas conscient. Ça t'évitera aussi éventuellement d'avoir mal, avait-elle ajouté. Car bien sûr, si le temps était arrêté et qu'il était subitement transformé en statue vivante, ses nerfs ne fonctionneraient pas. Et il n'en serait même pas conscient, pour une fois.
Il la regarda encore une fois.
Ses yeux virèrent au vert.
Et il lui sembla qu'on lui avait aussitôt fermé les yeux.

Lorsqu'il les rouvrit, il constata également qu'il était allongé dans le lit, contrairement à la seconde précédente ; il se releva aussitôt, et remarqua qu'il était habillé – première bonne nouvelle, même s'il s'était douté qu'une fille ne l'aurait pas laissé nu une fois redevenu adulte. Seconde constatation : il avait, en effet, retrouvé sa taille et son corps de lycéen qui lui avait tant manqué.
Andréa s'était assise sur une chaise face au lit, le regardant tranquillement s'éveiller comme s'il sortait d'un long sommeil. Il esquissa un imperceptible sourire de remerciement au coin de ses lèvres, et elle le lui rendit silencieusement.

« Je n'ai rien compris à toute cette histoire, mais ce n'est pas drôle, en tout cas. »

Cette voix enfantine était étouffée et méconnaissable, parce qu'elle provenait de l'extérieur de la chambre.
Soudainement, la porte s'ouvrit, révélant certainement l'origine de ces paroles énervées.

Le jeune garçon se stoppa sur le pas de la porte, la poignée encore en main.
Le lycéen dévorait ce dernier des yeux, ne comprenant absolument pas ce qui venait de se produire.

« Shinichi-niichan...! » commença le petit.

Il s'était soudainement arrêté dans sa lancée, comme si ses propres paroles l'avaient surpris plus encore qu'il ne l'était déjà.
Ne prêtant pas attention à ce détail, l'aîné balbutia quelque chose d'un ton détaché à l'adresse de la magicienne :

« Andréa. Faut qu'on parle sérieusement. »

La concernée gardait son air malicieux et totalement insensible à la situation, conservant son sourire innocent.

« Enfin, tu aurais dû te douter que si Conan disparaissait comme ça, ça aurait fait bizarre !
- Et tu comptes arranger ça quand ? » lâchèrent les deux garçons simultanément.

Les deux se fixèrent encore avec un air perplexe, se mordant la lèvre et se sentant rougir en même temps.
L'étrangère haussa des épaules.

« Sais pas. Mais pas avant que mon dossier soit clos, en tout cas. »

Tout sentiment de gratitude s'évapora complètement, si ce n'était déjà fait.
La lycéenne anglaise s'excusa à peu près sincèrement, mais de manière maladroite, et trouva un prétexte pour s'éclipser de la chambre, laissant les deux alter-egos seuls. Ils tentèrent d'abord de la poursuivre dans le couloir, mais elle avait disparu. Dépités, ils préférèrent se remettre de leurs émotions dans la chambre avant de redescendre montrer le résultat au professeur et à Haibara. Par ailleurs, ils avaient du mal à imaginer la tête qu'ils feraient en apprenant ça...

« Au fait, Shinichi-niichan... »

Il s'interrompit encore, se mordant la lèvre. Cette fois-ci, le lycéen le remarqua.

« T'es pas obligé de m'appeler “niichan” quand on est seuls, tu sais... Ça fait bizarre, en plus, venant de toi...
- Désolé... c'est sorti tout seul.
- La première fois, c'était sorti tout seul aussi ? »

Le gamin hocha la tête sans répondre. Comme s'il craignait de dire quelque chose qu'il ne voulait pas dire.

« T'étais où pendant tout ce temps, Shinichi-nii— »

Il se plaqua violemment les deux mains contre la bouche, écarquillant les yeux de terreur.

Cette fois, c'était sûr. Quelque chose clochait.

« Hé, ça va...? » tenta le jeune homme en s'agenouillant face à lui.

L'enfant hocha négativement la tête, le plus vite possible, continuant de le fixer avec horreur tout en se cachant la bouche.

« Qu'est-ce qui se passe ? demanda l'aîné avec un ton incroyablement doux et calme.
- Je sais pas... »

Il avait timidement ôté ses mains. Parce que son alter-ego lui tenait fermement les poignets, comme pour lui montrer qu'il voulait l'aider si besoin était même s'il ne pouvait rien faire.

« Ma tête va exploser. » lâcha-t-il soudainement, se tenant soudainement le crâne à deux mains.

Le jeune adulte lui conseilla de s'allonger le temps qu'il se calmât, car en effet, il semblait très tendu et transpirait beaucoup. Son front était brûlant. Il lui obéit mollement, se tenant toutefois à nouveau le crâne aussi durement que possible. Songeant que cela l'aiderait un tant soit peu, Shinichi lui ôta ses lunettes et les replia ; toutefois, il ne put les déposer sur la table de nuit comme il comptait le faire, car l'enfant s'était redressé d'un bond, semblant vouloir les lui reprendre :

« Rends-les-moi ! s'écria-t-il subitement. J'aime pas quand on m'enlève mes lunettes, après on se met à nous confondre trop, niichan ! La dernière fois c'était quand Ran me les avait enlevées parce qu'elle a cru que j'étais toi parce qu'on se ressemble ! »

Il y eut un temps de silence consterné. Encore une fois, le gamin se colla les mains contre la bouche, refusant cette fois catégoriquement de les enlever.

« D'accord. Là, on a clairement un problème. » prononça gravement Shinichi en regardant son petit alter-ego le regarder avec détresse.

Qu'est-ce que c'était que cette histoire ? Il était plus que certain qu'il ne jouait pas la comédie. Ou alors, c'était vraiment une plaisanterie de très mauvais goût.

« C-Calme-toi, d'accord ? marmonna-t-il d'un ton aussi calme que la situation le permettait. On va essayer de comprendre ce qui se passe, alors je vais te poser quelques questions simples, et tu vas y répondre honnêtement. D'accord...? »

La petite tête acquiesça, voyant certainement là un dernier espoir de pouvoir clarifier les choses autant que possible.

« Comment s'appellent tes parents ?
- Yûsaku et Yukiko Kudô.
- Quelle... est ta date de naissance ?
- Quatre mai mille neuf cent quatre-vingt-dix. »

Quatre-vingts. Pas quatre-vingt-dix. Jusque-là, tout était bon pourtant.

« Comment t'appelles-tu ?
- Conan. »

S'il était sujet à de l'amnésie, c'était assurément un cas grave.

« Conan comment ? demanda-t-il, imperturbable.
- Conan Kudô. »

Qu'avait-il dit... ?!

« Attends, répète. Comment – tu – t'appelles ?
- Conan Kudô. », répéta-t-il du ton le plus convaincant qu'il pouvait.

Ça n'allait pas. Ça n'allait vraiment pas du tout. Décidément, il y avait vraiment de quoi devenir fou.

« De quoi est-ce que tu te souviens, quand tu étais petit ? »

Le gamin parut réfléchir, se prêtant toutefois au jeu le plus sérieusement possible.

« Jusqu'à-ce que tu disparaisses, j'étais avec Papa et Maman aux États-Unis. Ils m'ont dit que tu allais avoir une affaire compliquée, alors ils m'ont dit que j'allais vivre chez Ran pour veiller sur elle en attendant et pour te donner régulièrement de ses nouvelles. Le professeur Agasa m'a dit qu'il valait mieux éviter de lui dire que j'étais ton petit frère car comme on se ressemble beaucoup elle aurait été capable de s'imaginer des choses. »

Mais en fait... cela n'avait strictement aucun sens ! Qu'est-ce qu'il était en train de raconter ?!
Et le pire était qu'il avait l'air sincère, le bougre.

« Shinichi-niichan, est-ce que ça va ? Tu n'as plus de questions à me poser ? »

Niichan. Il l'avait encore appelé niichan. Sauf que cette fois, il ne s'était pas repris. Il n'avait même pas eu l'air d'avoir remarqué.
C'était de pire en pire.

« D'accord, Conan, écoute-moi. »

Il en avait assez. Alors il avait posé ses deux mains sur ses épaules de manière à le regarder bien en face, montrant bien clairement son air grave.
L'enfant lui prêta deux yeux aussi attentifs que possible.

« Tu t'appelles Shinichi Kudô. Tu es né le quatre mai mille neuf cent quatre-vingts, tu as dix-sept ans. Tu n'as jamais vécu en Amérique, tu as juste visité New-York une fois il y a un peu plus d'un an.
- Mais ça, c'est toi, niichan. On ne peut pas être la même personne, c'est idiot !
- Est-ce que t'as oublié ce qui s'est passé il y a moins de dix minutes ?! Andréa, la magicienne Chrona Clover, celle qui a causé tout ce bordel !
- C'est pas bien de dire “bordel”. »

Le ton enfantin qu'il avait utilisé dans cette remarque acheva de le vider de ses forces. Complètement désorienté, l'adulte ne savait plus que faire, aussi finit-il par lâcher le pauvre gamin, qui visiblement ne comprenait rien à la situation.
Andréa avait disparu. Il ne savait pas où la retrouver. Mais il avait absolument besoin d'elle pour remettre tout ça en ordre. Le plus vite possible.
D'un autre côté, il n'avait pas encore résolu son problème. Donc elle réapparaîtrait forcément pour lui demander de l'aider. Là, il pourrait intervenir. Il n'avait donc plus qu'à attendre qu'elle vînt d'elle-même.

« Tiens. »

Shinichi jeta un œil fatigué au petit carton que son “alter-ego” lui présentait.

« Je sais pas ce que ça faisait dans ma poche, mais généralement ce sont les adultes qui gardent ce genre de papiers. C'est trop important pour qu'on les laisse aux enfants, je suppose. »

Comme il insistait, il se saisit du “papier” en question et l'observa plus attentivement.
Visiblement, il n'était pas au bout de ses peines.

C'était un passeport complet, paraissant parfaitement officiel. Il était d'origine américaine. Lorsqu'il l'ouvrit pour le feuilleter, il trouva sans surprise ce qu'il redoutait d'y trouver : tout ce qu'avait annoncé Conan y était retranscrit à l'identique.

Apparemment, elle ne faisait jamais les choses à moitié.

« Shinichi-niichan... »

Cela ne l'étonnait même plus qu'il entendît sa propre voix dans son dos l'appeler “grand-frère”. Car oui, désormais, il semblerait qu'il était grand-frère.

« Tu vas prendre soin de Ran, hein ? Tu vas pas nous laisser tomber... »

Il tressaillit. Il lui sembla, pendant un instant, que c'était un ton d'adulte qui était sorti de la bouche de celui qui, depuis tout à l'heure, se comportait de plus en plus comme un véritable enfant.
Comme si une dernière trace de Shinichi était restée en lui, et venait de lui révéler son existence.
Lorsqu'il se retourna d'un seul bloc vers son petit alter-ego, il remarqua qu'il s'était endormi.
Article ajouté le Dimanche 05 Janvier 2014 à 16h30 | |

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