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Schizophrénie haletante de Borarc



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Informations

» Auteur : Borarc - Voir le profil
» Créé le 29/03/2008 à 11:03
» Dernière mise à jour le 29/03/2008 à 11:05

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Le début de la révolte
Chapitre IV


Avec pour seul souvenir égaré
De ces années perdues
Une fleur fanée
Et un ruban dans ses cheveux suspendus...

Avec pour seul voyage
Vers ce monde si lointain
Quelques vieilles images
Qu´elle ne donnerait pour rien...

Avec pour seule escale
A ce périple sans fin
Un vieux banc où encore s´installe
Cette femme qui ne croit plus à demain.

Avec pour seule trace
De cet amour oublié
Quelques fleurs sur une tombe délabrée
Et une vie qui seule s´efface...

Avec pour seule tristesse
Dans cette nuit noire
Un destin funeste
Et des lettres au fond d´un tiroir...

Avec pour seul gage
De cet amour éternel
Deux noms au bas d´une page
Et des tourments qui encore la réveille.

Avec pour seul naufrage,
Avec pour seul rivage,
Avec pour seul rêve
Avec pour seul trêve,

Son nom gravé à côté du sien,
Un trou pour enterrer son destin,
Quelques pétales de roses sur une caisse en bois,
Quelques mots et enfin elle s´endormira...

***


Il pleuvait toujours et la brume s´épaississait, ses volutes blanches évoluant dans les airs, serpents de fumée qui ondulaient, se tordaient, s´enroulaient, invulnérables aux langues glacées qui tombaient du ciel. Telles des lances effilées, elles frappaient le sol, agitées par le vent qui s'était levé, son sifflement couvrant presque le bruit de la pluie.

« - Depuis combien de temps suis-je là ? »

Un léger rugissement d'une bête bleue triompha des sombres pensées de son maitre. Le laggron s'approcha de l'homme. Il était debout devant la stèle blanche les yeux embués de larmes. Des éclairs d´eau, manifestation de la colère divine s'abattaient sur le sol craquelé. Peut-être une réponse au chaos qui régnait sur le pays de Kô... Il passa sa main sur son front s'imprégnant doucement de sa sueur. Sa respiration saccadée, des cheveux bruns qui dégoulinaient doucement sur son dos, des yeux bleus, bleus azurés comme la mer, continuaient inlassablement de fixer la pierre rectangulaire. Ce fut trop pour lui, il tourna les talons et s'en alla, le laggron fidèle, le suivant à la trace…

***

« - Comment avez-vous pu laisser faire ça ! »

Le roi se leva de son trône de marbre et d'or pour s'avancer vers une des fenêtres monumentales. Les silhouettes aigues des tours et des autres ailes du palais se découpaient dans l'ombre du soir avec au loin, les lueurs blafardes de la ville. Il soupira un instant avant de reprendre la parole.

« - Comment, vous, Hanzou, mon plus fidèle serviteur et ami avez-vous pu laisser ma chère fille se faire enlever ?! »

Le ministre ninja se tenait la tête entre les mains et se trouvait à genou sur le long tapis rouge qui traversait la salle royale. Il se remémorait pour la dixième fois les évènements de la veille. La poursuite du dresseur au laggron avec le capitaine, comment ils se sont rapproché de Fire city et des shams, comment ils ont revus ce mystérieux étranger terrasser les capuchons noirs qui virevoltaient dans la nuit, et comment ils avaient trouvé à cet endroit la princesse accroupie derrière le soldat qui avait osé le battre à l'escrime. Tous ces souvenirs tourbillonnaient dans la tête du pauvre homme. Arnaud se tenait debout à ses côtés et regardait le roi, comme s'il voulait prendre la défense de son ami…

« - J'ai également un part de responsabilité. » Dit ce dernier.
« - Non vous étiez à la caserne et vous avez vu le guerrier au laggron, il était normal que vous vous lanciez à sa poursuite. Mais Hanzou devait surveiller la princesse. Il a commis une erreur très grave… Tout comme ce jeune homme qui a osé enlever ma petite fille… »

Le roi réprima une sorte de sanglot et ajouta d'un air bouleversé :

« - Qu'il croupisse dans la prison royale ! »
« - Comment s'appelle-t-il déjà ? » Ajouta le souverain.
« - Il s'agit du soldat Math. » Répondit le capitaine.
« - Sire je vous en conjure ! » Protesta Hanzou. « - Punissez-moi comme il vous plaira, mais j'en recourt à votre bonté, laissez ce jeune homme en liberté. Il voulait protéger mademoiselle votre fille, voilà pourquoi il l'a amenée à l'écart. »

Sa majesté dépoussiéra son habit de soie rouge et retourna à son trône. Il se gratta le menton comme à son habitude, dès qu'il réfléchit… Puis il appela un soldat auprès de lui et chuchota quelque chose à son oreille.

***

Math compressa son nez avec force pour ne pas sentir l'odeur putride propre aux cachots. Cela fait maintenant deux jours qu'il est enfermé dans cette prison délabrée. Il n'avait qu'une vulgaire couchette et un pot de chambre pour ses besoins. Il est d'ailleurs persuadé que le roi va le laisser mourir de faim car voilà deux jours que la bonne chère n'a pas touché ses lèvres… Il se leva et commença à tourner en rond. De toute manière il n'avait rien d'autre à faire. Il repensa à cet illustre inconnu, que tout le monde appelle « le dresseur au laggron » et qui lui a, par deux fois, sauvé la vie. Pourquoi était-il devenu l'ennemi public numéro un ? Ses pensées s'interrompirent à cause du bruit du cliquetis de la serrure. Il observa les escaliers, étonné que l'on puisse lui rendre visite… Et là, qu'elle ne fut pas sa surprise quand il vit que le visiteur n'était autre que la princesse Marine. Son cœur gelé par l'air ambiant se ranima de mille feux en quelques fractions de secondes. Enfin une femme ! Qui plus est : pas n'importe laquelle, lui rendait visite…

« - Bonjour Math… Vous allez bien ? » Demanda la jeune fille, restant un peu l'écart des barreaux, visiblement dégoutée de l'odeur du soldat.
« - Bah c'est pas le paradis ici, mais votre vue me fait déjà aller beaucoup mieux. »
« - Cessez de plaisanter ! »

Le jeune fanfaron fut choqué de cette répartie. La princesse semblait être très inquiète. Se serait-elle attachée à lui lors de leurs mésaventures ?

« - Vous risquez la peine capitale pour l'enlèvement de la fille du roi. Vous rendez-vous en compte ? » S'exclama-t-elle.
« - Bah vous savez… J'ai toujours réussi à m'en sortir, alors j... »

Cette intervention fut coupée de nouveau par le bruit familier du cliquetis. Cette fois-ci la surprise faillit presque faire tomber Math par terre. Il s'agissait du ministre Hanzou. Sans trop comprendre comment cela se passa, Marine fut raccompagnée en haut par des soldats, pendant que le ninja déverrouillait la porte de la cellule. Le jeune homme était libre et il ne comprenait absolument pas pourquoi !

« - Euh, je ne comprends plus rien moi ! » Protesta ce dernier.
« - C'est pourtant clair… Vous êtes libre. J'ai réussi à convaincre sa majesté d'accorder votre grâce. »
« - Et bien… C'est vraiment très charitable de votre part, surtout après la raclée que je vous ai mis à l'épée. » Rajouta Math en rigolant.
« - Content que cela vous rende heureux. Pour ma part je suis disgracié. »
« - Comment ? » Répondit l'autre visiblement abasourdi.
« - Je suis disgracié, excommunié, mis au placard si vous préférez. Bref je ne fais plus partie de la cour, je ne suis plus ministre, je ne suis plus l'ami du roi,… Je ne suis plus rien. »

Math regarda attentivement le visage du ninja. Il ne semblait pas du tout triste, pas le moins du monde en colère contre lui. Le ministre déchu l'invita même à se promener avec lui. Le dragueur accepta et ils commencèrent à remonter à la surface et à se rendre dans les jardins. La fontaine était éteinte en cette nuit chaude. Il avait énormément plut la soirée passée et il restait quelques gouttes cristallines en suspension. Math suivait l'imposant Hanzou dans le silence, se demandant pendant combien de temps ils allaient se balader ainsi. Enfin le ninja se tourna et dit d'une voix presque amusée.

« - Tu te bats très bien, associons-nous pour vaincre les shams ! »