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Inaccessible de kamui shiro



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» Auteur : kamui shiro - Voir le profil
» Créé le 12/06/2005 à 11:40
» Dernière mise à jour le 12/06/2005 à 11:40

» Mots-clés :   Absence de combats   Absence de poké balls   Présence de transformations ou de change   Suspense

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La veille d’un autre jour
Il y a du blanc. Du blanc. Partout. Je suis seule, au beau milieu d'un univers blanc. J'ai mal. J'ai peur. J'ai du mal à respirer. Ou suis-je ? Qu'est-ce qu'il se passe ? Qu'est-ce que je fais là ? Je ne distingue rien devant moi. Il n'y a rien à voir. Il n'y a rien à voir à part ce blanc dégageant une infâme tristesse.
Ce blanc. Signe de rien, signe du dépourvu, signe de l'inexistance.
Ou suis-je... ? Pourquoi suis-je là ?
« Qu'est - ce que je suis... ? Qui suis-je... ? »
Pourquoi ne vois-je que du blanc ? Et moi ?
Puis–je me voir, moi ? – non-
Puis–je me sentir ? –non-
Je ne sens plus mes mains, je ne sens plus mes jambes, je ne sens plus ma tête, je ne sens plus mes longs cheveux sur mes épaules. Je ne sens pas non plus mon pull. Je suis nue. Nue de tout. Dénudée de mes habits, dénudée de mon corps, de mes membres, de ma tête. Je ne sens plus rien.
Je n'ai même plus d'yeux pour pleurer.
Je suis comme une ombre qui déambule sur un sable blanc, vide de tout.
« Qu'est-ce que je suis... ? Qui suis-je... ? »
Mais, si je n'ai rien, si je ne suis plus rien, pourquoi ai–je donc tant l'envie de pleurer ? Pourquoi ai–je donc si mal ?
Si je ne suis rien, comment puis–je encore ressentir des sentiments ?
« Qu'est-ce que je suis... ? Qui suis-je... ? »
Et pourquoi, pourquoi ces questions ne cessent-elles de me tourmenter... ?
Je voudrais sortir de ce cauchemar. Ce n'est pas la réalité. Ça ne peut pas être la réalité. Il n'existe pas de réalité de ce type. C'est impossible. Je voudrais en sortir !
« Qu'est-ce que je suis... ? Qui suis-je... ? »

Je le sais, moi, ce que je suis ! Que ces questions arrêtent de résonner en moi ! Qu'elles cessent immédiatement... ! Je me sens tellement mal... j'ai le sentiment que je vais mourir... ça me fait tellement mal d'entendre ces questions... Si mal... ça me rend si triste... C'est une tristesse incommensurable... Un désespoir à s'arracher le cœur.
Que cela cesse.
Je voudrais pourvoir le crier.
Que cela cesse.
C'est impossible. Je ne sens plus ma bouche. Je ne peux plus que penser. Penser, souffrir et c'est tout.
"C'est tout" ?
- C'est tout ce que vous avez écrit sur cette feuille, Mlle Sereina ? Vous n'avez pas honte ? Il me semble que vous niez l'importance de ce test pour votre vie future ! Déjà que votre moyenne n'en est que plus basse, souhaitez–vous réellement que l'on vous jète à la rue, Mlle Sereina ?!
« Madame... Votre test, je m'en dédaigne, et cela encore plus que ma vie future... » pensé-je.
J'ai huit ans, je commence mes études. Ces études si longues et ennuyeuses. Ces études aussi ennuyeuses que ce que m'apprend mon enseignante.
-Mlle Sereina, écoutez-moi ! Mlle Sereina ! Vous devez faire cette épreuve, sinon plus tard, je ne sais pas ce qu'il adviendra de vous !
« Mais je sais déjà ce que je veux faire, plus tard. » Rétorqué-je.
J'ai dix ans, mon comportement ne change pas. Je ne supporte toujours pas travailler. Je connais déjà tout. Je suis bien plus intelligente que ces élèves, ces élèves idiots qui font ce qu'on leur dit de faire comme des bêtes moutons.
-Mlle Sereina, c'est faux, tout ça, c'est faux ! C'est si simple, pourtant, pourquoi ne faites-vous pas l'effort de répondre correctement ?
« Parce que ça m'amuse. Je sais que c'est faux. Je sais. Ça m'ennuie simplement de répondre juste. C'est long et ennuyeux, et ça ne m'apporte rien. » Pensé-je encore.
J'ai douze ans, cette fois-ci. L'école ne m'apporte toujours rien, mis à part l'ennui, peut-être. Je ne comprend toujours pas pourquoi l'on me force à y aller. Mes parents ont disparu depuis une année déjà, et le fait que j'aie de bons résultats n'intéresse alors plus personne.
- Mlle Sereina, regardez-moi quand je vous parle ! Cessez de rêver ! Ouvrez votre livre à la page vingt, et lisez le texte sur les pokemons de type feu !
« Lire, je sais lire. » Spéculé-je encore et encore.
Je sais déjà tout ce qu'ils font, elle, et ses élèves, ses cours ne m'apportent rien, c'est si simple, tout ça, si simple... Je suis la « pire » élève de la classe, je ne suis pas indisciplinée, mais je ne fait rien ou « fout rien » comme le dit ma prof. Mais bon. J'ai 15 ans. J'ai décidé de quitter cette classe aujourd'hui. Je pourrais alors faire plaisir à ma professeur avant de partir, même si je ne comprend toujours pas pourquoi elle s'est donné tant de mal pour moi, je pourrais bien l'épater, une fois. Mais une seule fois. J'espère que cela lui suffira. J'espère aussi qu'elle appréhendera. Je sais qu'elle est persuadée que je ne sais même pas aligner deux lettres à la suite, ni les prononcer, mais pour une fois, pour lui faire plaisir, même si cela n'a aucune importance pour moi, je vais lui prouver le contraire.
Et je lis. Je lis d'une traite toutes ces lignes, sans hésitation, sans fautes, et je le fais tout en me moquant, intérieurement, du visage ahuri que mon enseignante dévoile. Elle se met à pleurer, par la suite. Moi, je me lève de ma chaise, et me dirige vers la porte de sortie de la classe. Le professeur comprend qu'il s'agit d'un adieu. Elle me demande même ou je compte aller, d'une voix tremblante tant elle est émue.
« Je rentre chez moi, je vais aller m'occuper des fleurs qui poussent au bord de l'étang, là où j'habite »
Lui répondis-je simplement.
Et pourtant l'enseignante me regarde, l'air étonné. – je ne sais pas pourquoi, mais j'ai soudain un mauvais pressentiment– Elle semble très surprise, même. C'est étrange, elle sait pourtant très bien que je vis dans cette maison que j'ai héritée de mes parents. Mais elle continue de me dévisager. Subitement, elle me déclare à voix basse :
« Mais, Mlle Sereina, Qu'est-ce que vous dites ? Vous savez très bien que dehors il n'y a rien ! Dehors, il n'y a que... que du blanc ! »
–pardon ?–
Je n'y crois pas. C'est impossible, du blanc ?! Pourquoi du blanc ? Pourquoi le blanc me fait-il si peur ?
Du blanc ! C'est impossible...
J'ouvre immédiatement la porte de la salle de classe et reste figée.
Derrière la porte, tout est blanc, encore une fois. Tout est blanc, partout, encore une fois.
Pourquoi "encore une fois" ?
Je regarde derrière moi.
C'est trop tard.
La salle de classe a disparu.
Je suis seule.
Je suis seule et j'ai déjà mal.
Je ne vois déjà plus rien. Non, s'est faux.
Je vois encore quelque chose. C'est étrange. Je vois deux boules bleues. On dirait deux boules de cristal bleues. Elles sont magnifiques. Elles sont placées au loin.
Qu'on t–elles de magnifique ? – je n'en sais rien. J'ai simplement le sentiment qu'elles le sont. J'ai aussi le sentiment que je les aime.
Elles m'intriguent, elles dégagent quelque chose de profond, de froid, de beau et de triste. Elles sont vraiment étranges et belles.
Je voudrais m'en approcher. Je voudrais les toucher. Elles semblent pourtant si lointaines...
Elles dégagent une lumière apaisante. Cette lueur me parvient malgré la distance qui me sépare d'elles. Cela m'emplit d'un sentiment étrange.
Je ne me sens beaucoup moins souffrante, maintenant. Je suis même heureuse. Je suis même infiniment joyeuse.
Comment puis-je l'être, alors que je me trouve au milieu de ce Blanc ?
Cet infini Blanc ?
Pourquoi, ces deux boules de la couleur du ciel me rendent-elles si heureuse ? J'ai l'impression qu'elles ressemblent à des...
Brusquement, je me sens très fatiguée. Brusquement, j'ai la tête qui tourne.
Je m'affale sur le sol puis m'évanoui. Je m'évanoui instantanément.

***

Lentement, je m'éveille. J'ouvre lentement mes paupières. Je les ouvre difficilement car le soleil ne me laisse pas de répit. J'envoie une main hasardeuse tâtonner les alentours, car ma vue, encore éblouie, ne me permet pas de discerner le lieu où je suis couchée. Cette main touche un objet, quelque chose de coupant. Une lame, sûrement. Etrange qu'il y ait des lames proche de moi. Je pense plutôt que cela doit être un débris de verre. Mais pourquoi un débris de verre ?
Je me décide, enfin, à ouvrir mes yeux pour y voir plus clair. Seulement, ma vue est floue. Je m'assieds sur le sol, en attente que celle-ci se rétablisse. Au fur et à mesure que ma vision devient plus nette, je distingue une étrange ferraille ressemblant à un ordinateur, puis un cylindre de verre brisé en deux sur le sol, ainsi qu'un liquide gluant bleu-vert, étalé sur de l'herbe desséchée.
Le mémoire me revient, assez tôt. Je laisse échapper un cri de surprise. Mes idées sont claires, je me sens mieux. Je me souviens que quelques heures auparavant, j'avais renversé cette prison de verre. Mais, je ne me souviens plus vraiment de quelle manière je l'ai détruite. J'ai aussi un doute sur pourquoi je l'ai fait. Voyons, pourquoi ai-je brisé cet engin ?
Je reste quelques secondes, figée sur place, les yeux dans le vide. Bien sûr que je sais pourquoi je l'ai fait ! C'était pour le libérer, pour libérer...
Je pousse un nouveau cri. En différence avec celui de stupéfaction, je prononce le nom de quelqu'un :
–Mewtwo–
Je suis inquiète. Le grand chat gris ne se trouve pas dans mon champ de vision. Il ne se trouve pas à coté de l'ignoble machine – qui semble d'ailleurs avoir reçu un coup tant elle est en ruine– et non plus derrière, devant, ou à coté de moi. Ou est-il ? Je me souviens que j'étais couchée sur lui, avant, alors ou est-il ? Serait-il parti ? Se serait-il enfuit ? Pourquoi s'est-il réveillé avant moi ?
Ou est-il !? où pourrait-il être ? Serait-il déjà partit détruire le monde ? –détruire le monde– J'ai déjà dit que je ne croyais pas à ces niaiseries.
Il ne me reste alors plus qu'à partir à sa recherche. J'espère qu'il n'est pas trop loin. J'espère qu'il ne fait pas de bêtises. J'espère qu'il m'attend... pas trop loin d'ici. Après tout, il aurait pu m'éliminer, quand je dormais...
Je dois réfléchir, quelle serait la chose à laquelle il aurait pensé en premier ? Peut-être a-t-il eu faim ?
Ou soif ? – sûrement soif. Ou aurait – il pu boire ? Je médite à nouveau. Une idée me vient à l'esprit.
L'étang à l'autre bout de mon jardin ! Bien sûr ! Qui ne rêverait pas d'y aller ? L'eau y est si pure...
Même le plus méchant des méchants n'y résisterait nullement.
Il est sûrement là bas.
Je suis sûre qu'il y est.
J'en suis certaine, et j'aurais raison, comme d'habitude. Je le ressens, je ressens que j'ai raison. Alors je me lève, un peu difficilement car mes jambes sont engourdies, et part en courant en direction de la grande marre. Je me remémore son apparence. Je sais qu'autour de celle-ci, poussent diverses fleurs reluisantes possédantes chacune un charme unique. C'est un coin de rêve, il n'est pas étonnant que beaucoup de pokemons, en particulier des roucouls, fassent des haltes ici, tellement on s'y sent bien, tant c'est beau.
Ce qu'ils ne savent pas, ces pokemon, c'est que cette marre appartenait à mes parents. C'est grâce à eux si elle a obtenu une telle magnificence, si elle s'est autant développée. Ils en prenaient tellement soin.
Mes parents dont j'ai perdu tous souvenirs.
J'arrive en face de l'étant. Je me faufile délicatement entres les feuilles d'un arbre, en faisant attention –alors qu'il a tous les torts d'avoir poussé au milieu du chemin– de ne pas l'abîmer, puis m'avance lentement jusqu'à l'onde bleue et pure.
Elle n'a pas changé. Mon reflet non plus.
Seulement, un détail est différent, aujourd'hui.
Au lieu de refléter les milles visages des roucouls excités, en face de moi, c'est l'image d'un seul et unique être qui se forme dans l'eau.
C'est l'image d'un être dont les deux yeux sont aussi profonds et bleus que l'eau de la source elle-même.
L'onde n'a donc même pas besoin de faire d'effort pour refléter les yeux du grand chat gris, car ceux-ci sont de sa couleur naturelle.
Je relève ma tête, puis regarde en face de moi. A deux ou trois mètres, Mewtwo fait de même.
Nos deux regards se croisent. Je le regarde, et lui m'observe.
Il m'observe de son beau regard de marbre, sans dévoiler l'ombre d'une émotion. Et pourtant, –alors qu'il n'a rien d'attirant, à première vue– l'étrange sensation refait surface, en moi. Encore ce sentiment d'amour.
Je voudrais lui parler, lui dire quelque chose. Je voudrais que l'on communique un peu plus que par nos regards.
Dans un balbutiement, la tête baissée, je lui adresse, d'une voix un peu tremblante :
«Mewtwo... Je... je suis contente que tu sois... là... »