Case 1 : Vert
Par Goldenheart
De mes yeux, rougeoyant autrefois avec passion,
L’un à jamais s’est terni.
De mes yeux, jadis aveuglés par ma fureur vermillon,
L’autre se perd dans un vert infini.
Un vert doux et hostile à la fois,
Tacite équilibre entre sentence et rédemption,
Martelé cent fois en moi,
À chaque cellule rendue à mon compagnon.
Par FireHana
Vert comme la feuille qu'il vient de dévorer. Vert comme le chétif corps qu'il habite. Et bientôt, ce vers tissera un cocon de même teinte, dans l'attente prochaine de découvrir des cieux qui, eux, seront bleus. Ce jour-là, il quittera le sol herbu, les arbres verdoyants et abandonnera le vert protecteur pour l'azur infini du ciel. Il verra alors tant d'autres choses, tant d'autres couleurs dont certaines nous demeurent invisibles, mais qui auront autant d'éclat que de sens pour lui.
Un beau jour, ce petit Chenipan, si le destin le veut, deviendra Papillusion. Mais pour l'heure, il sommeille encore…
Par Cyrlight
Sur le canapé, du vert. Sur le fauteuil, du vert. Sur les couvertures, du vert. Sur le sol et le mobilier, du vert aussi. Du vert partout. Il se dirigea, le dos voûté, vers le petit placard où il rangeait son vieil aspirateur asthmatique. Grmpf ! Il détestait l’hiver, il détestait Noël. Il les détestait tellement que, tous les ans, à cette période, il en perdait ses poils. Et ça, il le détestait plus encore.
Par Soundlowan
L’œil fendu s'ouvre au milieu des écailles. Le corps sinueux glisse sur le matelas de feuilles. Sa majesté a perdu en membres ce qu'elle a gagné en grâce. L'émeraude fait écho à l'or fondu en larges arabesques sur le manteau royal.
Sur le passage du cortège, un œil s'arrondit de déférence. Deux paires de pattes minuscules ne servent à rien pour celui qui voudrait s'aplatir davantage afin de mieux s'incliner. Chitine ridicule qui ne le protégera de rien au milieu de tous ces dignitaires, s'ils se plaisent à rappeler qu'ils sont prédateurs.
Camaïeu de vert, deux mondes se croisent.