Parmanie, la ville fuchsia
Une inspiration. Puis une expiration.
Non, rien à faire l’angoisse était toujours là.
Ce n'était pas le première entretien auxquels Lucille assistait, mais celui-ci était différent. Elle n'avait rien fait de semblable avant.
Sa réflexion fut interrompue par le piaillement de son Tylton, à coté d'elle sur le banc. Elle caressa affectueusement le pokémon avec un sourire.
Elle regarda l'heure, il lui restait plus de deux heures avant son rendez-vous. Elle se décida donc de ne pas les passer à angoisser sur un banc et de faire un tour
de Parmanie en touriste en attendant.
_«Tu viens Tylton ?» dit-elle à l'attention du pokémon tout en se relevant. Celui-ci lui répondit en voletant jusqu'à son épaule.
Ils déambulèrent un peu dans les rues, et de temps en temps Lucille sortait son carnet pour prendre quelques notes sur la ville et ses spécificités. Notamment
certaines toitures à bases de tuiles de bois, un style ancien originaire de Sinnoh, et donc étranger à une ville de Kanto.
Ils arrivèrent enfin devant l'attraction touristique de la ville, celle qui faisait sa célébrité : le parc safari. Dans cette espace sauvage les dresseurs peuvent
rencontrer des pokémons qui ne peuvent pas rencontrer ailleurs, comme les fameux Minidraco, Kangourex, Tauros ou l’insaisissable Leveinard. De fait de
nombreux dresseurs et dresseuses se rendent ici dans le but d'ajouter des talents rares à leurs équipes. N'étant pas porté sur le combat, ou les captures de
pokémon, Lucille n'envisagea pas d'explorer le safari, mais elle fit le tour du mini-zoo où était exposé certains des pokémons du lieu. On pouvait notamment y
voir un majestueux Lokhlass, le «roi des mers» ou une Kangourex, la fameuse pokémon maternel. Lucille se demanda comment un tel projet avait pu voir le jour,
et ajouta une note à son carnet «se renseigner sur l'histoire du parc safari». Elle se dit qu'elle pourrait sûrement trouver une brochure à ce sujet à l’intérieur, mais
l'heure tournait, et il était temps pour elle de se rendre à son entretien. Elle se dirigea donc vers l’arène.
Après un peu de marche, Lucille et Tylton arrivèrent devant l'arène. Elle avait bien gérée son temps donc elle était en avance d'une dizaine de minutes. Ludo, son
supérieur insistait pour que ses employés sont toujours en avance à leurs rendez-vous.
«C'est une façon de montrer que nous sommes des pros, que l'on sait maîtriser notre temps. Et en plus ça donne une bonne première impression aux clients, ce
qui est tout aussi important.» se remémora la jeune femme, revoyant distinctement la scène dans son esprit.
Elle avait décidé de suivre fidèlement cette leçon, et n'avait ainsi jamais eu de retard. Et aujourd'hui ne ferait pas exception.
Mais elle avait beau tirer un peu de fierté de cette petite victoire, l'angoisse était bien là.
Elle était même devenu plus palpable à l'ombre du grand bâtiment.
De l'extérieur l'arène n'avait rien de plus effrayante qu'une autre (et pour causse les règles de la ligue imposait qu'elle respecte toutes des normes extérieurs
précises, les rendant donc toutes totalement identiques), c'était ce qui l'attendait à l'intérieur qui l'inquiétait.
Lucille n'était pas venu pour un défi d'arène, elle n'avait pas d’intérêt pour ce genre de choses. Ou plutôt elle n'en avait plus depuis plusieurs années, car comme
tous les enfants elle avait eu le rêve de devenir une championne pokémon. Son ambition l'avait conduit à affronter Violette une championne de son kalos, la
région où elle vivait. Persuadée que le type vol de son Tylton lui donnerait un avantage totale sur les types insecte de son adversaire elle avait foncé sûre de sa
victoire...et elle avait essuyé une défaite totale.
Même si au terme du combat Violette lui avait dit de ne pas abandonner et de revenir quand elle le voulait, Lucille avait choisi de renoncer complètement au
combat. Tylton est alors devenu un pokémon de compagnie, statut dont il semblait tout à fait se convenir, n'ayant jamais montré d'envie de remmener un
quelconque combat.
Lucille se regarda dans son miroir de poche pour s'assurer d'être tout à fait présentable.
_«Qu'es ce qui m'a pris de me faire couper les cheveux aussi court ?» soupira t'elle en manipulant une mèche de ses cheveux blonds mi-longs, toujours pas
habituée à sa nouvelle coupe.
Elle appela Tylton qui vint se poser sur son épaule, prit une grande respiration pour se donner du courage puis approcha des portes automatiques et rentra dans
le bâtiment.
L’accueil de l'arène était exactement comme ceux des autres arènes de Kanto, un guichet pour s'enregistrer, un pc pour composer son équipe, une porte pour la
salle d'épreuve, et deux accès latéraux pour les spectateurs.
_«Bonjour, vous venez pour un défi d'arène ?» lui demanda avec enthousiasme un jeune homme au kimono gris de l'autre coté du comptoir.
_«Non, j'ai rendez-vous avec Jeannine, je suis Lucille du bureau Alizé design.» répondit la jeune femme avec moins de confiance que ce qu'elle aurait voulu.
_«Et vous êtes en avance.» lui dit une voix derrière elle.
Lucille se retourna pour se retrouver face à la championne d'arène de Parmanie. Jeannine portait un kimono noir aux manches en résilles, une longue écharpe
fuchsia entourait son cou. Elle avait des cheveux d'un mauve vif attachés en arrière. A ses cotés se trouvait un Migalos.
_«Je suis Jeannine.» dit la jeune femme, en tendant la main pour saluer Lucille. L'attitude décontracté et enthousiaste de la championne rassura un peu Lucille.
_«Lucille, enchantée.» répondit la designeuse en serrant la main de la championne.
_«Kotaro, maintenant que mon rendez-vous est là tu peut mettre l'arène en stand-by, on rouvrira après.» dit Jeannine à l'attention du standardiste, qui
acquiesça d'un hochement de tête. «Bien venez je vais vous montrer ce que je voudrais changer dans l'arène.» dit la championne à l'attention de son invitée.
_«A ce sujet, même si je suis flattée que vous m'ayez choisi personnellement j'ai du mal à comprendre pourquoi vous m'avez choisi moi pour redécorer votre
arène, Je n'ai jamais rien fait de tel.» dit Lucille afin de dire tout de suite ce qui lui pesait sur la conscience.
_«En fait je ne vous ai pas contacté pour redécorer l'arène.» dit Jeannine en avançant sans même se retourner. «Je voudrais refaire la pièce d'épreuve dans son
intégralité. Et je voudrais que ce soit vous qui le fassiez.»