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Féli-Cité, Acte II de Dribiou



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Informations

» Auteur : Dribiou - Voir le profil
» Créé le 03/08/2025 à 19:13
» Dernière mise à jour le 03/08/2025 à 19:13

» Mots-clés :   Famille   Sinnoh

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Chapitre 4 : Le théâtre
La nuit enveloppa Féli-Cité, accompagnée d'une brise maritime parfumée d'embruns venant de Joliberges. Ces mêmes embruns endommageaient avec le temps les bâtisses adjacentes à la côte.

Mackogneur et Queulorior le constatèrent en sortant de l'appartement désormais déserté par son locataire. Les rues quasiment désertes à dix heures du soir ne ressemblait pas à ce qu'ils connaissaient à Safrania (plus Mackogneur que Queulorior. Ce dernier ne connaissait pratiquement que sa boîte PC depuis sa capture. Et il n'était pas invité à sortir comme Mackogneur (ou Machopeur à l'époque).

Le duo arriva sur la place de terre battue où se dressait encore l'Ecole des Dresseurs la veille. Le Pokémon Colosse n'avait pas oublié d'amener la Gracidée en quittant l'appartement. Il la confia au petit peintre qui la garda sagement, même si l'envie de la colorier le démangeait fortement.

A vrai dire, "sagement" n'était pas le bon mot à utiliser, car une fois Mackogneur affairé à sa besogne, le pinceau de Queulorior se mut vers la fleur délicate.

Au moment où la pointe bleue s'apprêta à toucher les pétales, une bourrasque souffla la plante des pattes du Pokémon.

Mackogneur se retourna et constata l'absence de la Gracidée et l'air hébété de Queulorior. Sa colère monta comme celle d'un Férosinge. Il lâcha le bloc de béton et se dirigea vers le peintre qui n'osait plus bouger, préférant jouer les innocents.

Un nouveau souffle venteux parcourut la rue, plus doucement que la première. Les deux Pokémon sentirent un frisson rafraîchissant les parcourir ainsi que l'odeur la plus apaisante et printanière qu'ils n'aient jamais senti.

Ils ne remarquèrent qu'au dernier moment l'apparition d'un petit hérisson vert et floral sur le pavé entre eux deux. La petite créature fixa Queulorior puis Mackogneur, et enfin le chantier. Le hérisson sourit au colosse.

Ce dernier savait au fond de lui qu'ils n'avaient pas à faire à n'importe quel Pokémon, et qu'il fallait mieux le respecter. De toute façon, rien ne semblait plus facile que ça. Sa mignonnerie et son parfum apaisait le plus profond de son âme. Il se remit alors au travail et termina en un rien de temps, pendant que Queulorior s'était assis aux côtés de Shaymin à contempler la beauté attendrissante de leur nouvel ami et l'avancée spectaculaire de Mackogneur.

En deux petites heures seulement, la place était libérée du poids écrasant des ruines. Mackogneur se sentait prêt pour débarrasser l'ancienne GTS mais le bâtiment n'avait pas encore été abattu.

Le colosse s'occupa donc de bâtir en silence une esquisse de bâtisse, du moins son squelette, avec les restes de l'Ecole. Lorsqu'il eut terminé, Shaymin entra en jeu.

Le hérisson s'avança sur le terrain et sprinta en secouant sa toison herbue tout le long de la construction précaire. Des fleurs se mirent à pousser instantanément sur son passage.

Alors que le soleil pointa ses premiers rayons sur les plus hauts édifices de la ville, Shaymin adopta une nouvelle forme. Il adopta une apparence de chien blanc à longues pattes et aux oreilles semblables à des ailes. Sa fleur rose tourna au rouge et s'amusa à ressembler à un foulard.

Laissant à Queulorior et Mackogneur le soin d'admirer sa transformation liée au soleil, il finit par prendre son envol et disparut dans le lointain.

Avant que les premiers passants n'affluent, Queulorior sut qu'il était temps d'apporter sa pierre à l'édifice. Du bout de son pinceau, il inscrit sur une pancarte en bois tenue par l'une des deux paires de bras de son camarade "Thé Atre". Mackogneur l'installa ensuite au-dessus de l'entrée. Ne restait plus qu'à attendre les réactions.

Vers huit heures du matin, la première personne à passer s'exclama bruyamment face à la beauté du parterre de fleurs jonchant les contours du "Thé Atre". La stupéfaction du vieil homme attira les quelques personnes alentours, qu'elles soient en intérieur chez elles ou en balade matinale.

Les applaudissements extirpèrent Mackogneur et Queulorior de leur sieste sur le seul morceau de terre battue restant menant à l'entrée.

Les photos prises au Motismart ne tardèrent pas à attrouper les journalistes locaux. En trois heures, Sinnoh tout entier sut quant à la construction d'un bâtiment éphémère par deux Pokémon en une nuit.

Les parents de Mariel finirent par se montrer publiquement pour assumer le projet. Les réactions positives à travers la région les poussèrent à approuver le "Thé Atre".

Mais une fois de retour à la maison, leur humeur permuta vers la colère à l'égard de leur fils.

"Comment as-tu pu laisser tes Pokémon bâtir cette immondice là où on avait prévu une zone sauvage pour accueillir de nouvelles espèces comme à Illumis Mariel !
Ce ne sont pas mes...
Ne joue pas à ça avec nous !"

L'humiliation de la veille remonta, mais il ne la laissa pas se transformer en couardise cette fois-ci. Il s'imprégna de cette espèce de colère bouillante, tempérée par des années de silence et d'encaissements, et la transforma en confiance en soi. Il avait lu et vu ce que les habitants de Sinnoh pensaient de son théâtre, même si ce nouveau nom ne venait pas de lui. Il savait qu'il avait raison.

"Votre projet était voué à l'échec, il n'y avait pas assez de place pour ce que vous vouliez faire. Vous auriez obtenu trois pauvres petits Etourmi et deux Lixy des environs qui seraient partis après une semaine à peine pour cause d'ennui. Mon projet plaît et est réaliste lui. Il va permettre aux habitants de Féli-Cité de sortir le soir, de s'amuser et de s'exprimer sur scène.
Tu penses vraiment que leur réaction aurait été la même s'ils t'avaient trouvé sur les marches avec tes deux phénomènes ? Ce qui leur a plu, c'est le côté extraordinaire de l'affaire. Deux Pokémon apparemment non-guidés construisant une ébauche de théâtre en une nuit, ainsi qu'un mystérieux parterre de fleurs apparu comme par magie."

A peine installée, la confiance de Mariel se fractura. Il savait que son père avait raison sur ce point.

Il fut laissé seul dans sa chambre, prêt à plonger dans l'abîme du désespoir et de la haine.

Mais avant ça, un coup de fil le secoua. C'était Raph. Il venait d'atterir à Sinnoh et souhaitait récupérer ses Pokémon, effectuer l'échange en mains propres. Mariel ne voulait pas le décevoir mais il lui était impossible de sortir. Il était au septième étage de son immeuble, impossible donc de sauter par la fenêtre.

"T'inquiètes pas pour ça, le Etourmi que tu m'as passé a évolué. Dans l'avion. Je te racontes pas le bazar que ça a provoqué. Enfin bref, je pense que t'es assez léger pour qu'il t'acceptes sur son dos. J'arrive dans dix petites minutes."

Et en effet, exactement dix petites minutes plus tard, un Etourvol pointa le bout de son bec à sa vitre, prêt à l'accueillir. La fierté affichée par l'oiseau, prêt à servir avec honneur et confiance en soi inspira le jeune homme qui se surprit à sourire.

Il ouvrit la fenêtre et tenta de ne pas regarder plus bas. Trop tard. Mais il fallait bien le faire pourtant. Il voyait Raph, qui avait tant changé physiquement avec le temps, secouer les bras en lui hurlant de ne pas regarder en bas.

Après trois inspirations-expirations, Mariel grimpa sur le dos d'Etourvol. Le Pokémon fut surpris de la réalité d'accueillir cinquante kilos mais ne se débina pas. L'opération sauvetage fut une réussite.

En courant, ils rejoignirent le "Thé Atre" où Mackogneur et Queulorior attendaient toujours, ainsi que quelques journalistes venant de plus loin arrivés en retard pour le scoop.

Raph aimait bien le nom mais Mariel lui fit bien comprendre qu'il n'en avait pas eu l'idée, et qu'il s'agissait probablement de celle de Queulorior. Raph ne fut pas étonné. C'était déjà arrivé avec lui auparavant.

L'une des journalistes entendit la conversation et comprit qu'elle venait de trouver le véritable cerveau derrière le projet. Elle souhaita interviewer Mariel, qui hésita à nier les faits sur le moment, avant de se rappeler de ce sentiment mortifiant provoqué par ses parents. Il expliqua donc toute la situation lorsque la caméra tourna, fier de lui et préférant ne pas penser aux lendemains orageux.

A l'aide de leur Motismart, Mariel et Raph initialisèrent l'échange, récupérèrent leurs Pokémon respectifs et se serrèrent la main le temps qu'un appareil photo immortalise la scène. Le jeune homme avait souhaité intégrer le geste charitable de son ami, espérant l'aider de son côté avec son père.

Sept mois plus tard

Durant ce laps de temps, Mariel avait fondé son entreprise de bâtiment, soulevé par une campagne de fonds ainsi que les recettes mirobolantes du "Thé Atre", ce lieu chaleureux où les Théffroi étaient devenus les icônes de la partie "Salon de thé et coin de feu" et les Scrutella, Mesmérella et Sidérella celles de "La Scène".

Chaque soir programmé, la salle était comble et envahie par les émotions. Certains racontent même que Créfollet, l'elfe des émotions, serait venu visiter en esprit le lieu pour le bénir.

Quant à ses parents, Mariel s'était affairé depuis son échappée à éviter tout contact avec eux. Ils ne cherchaient visiblement pas à le rencontrer non plus. Pour le moment.