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Minuit de Suroh



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Informations

» Auteur : Suroh - Voir le profil
» Créé le 05/08/2023 à 21:56
» Dernière mise à jour le 05/08/2023 à 23:24

» Mots-clés :   Kalos   Suspense

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Chapitre 2 : 20h – Le dîner.
20h
Tobias avait transmis l’information à tous ses collègues : un fusil d’assaut avait été trouvé dans le sac de l’un des invités. L’interpellation du criminel s’était faite sans problème, en raison du professionnalisme de Tobias et des autres agents de sécurité : le Mygavolt de Tobias avait paralysé le criminel immédiatement, sans qu’il puisse réagir.

Son évacuation vers des locaux sécurisés et adaptés a été rapide et efficace. Pas de cris, pas de panique, pas d’émotions, pas de mouvements de foule. Le système de sécurité du Palais avait fonctionné, telle une machine aux rouages bien coordonnés.

Comme on l’avait expliqué plus tôt à Tobias lors d’une réunion visant à la bonne coordination de toutes les équipes de sécurité, les moyens déployés pour que la sécurité de l’événement soit assurée étaient titanesques, à la hauteur des enjeux politiques et sociétaux de la soirée.

Naturellement, toute forme d’arme était interdite dans l’enceinte du Palais. Du service de cuisine tout entier créé pour être inoffensif jusqu’à l’interdiction pour tous les convives d’emmener avec eux leurs Pokémon, le moindre aspect de la soirée avait été réfléchi pour réduire les chances de succès d’une attaque terroriste au maximum.

Les sacs étaient fouillés, les plats et les boissons constamment soumis à des vérifications sanitaires, et une patrouille aérienne survolait même le jardin du Palais pour s’assurer que le labyrinthe ne serve pas de cachette à de potentiels malfaiteurs. Seules quelques personnalités publiques de premier plan avaient été autorisées à garder leurs équipes avec elle – et encore, les Pokémon devaient rester dans leurs Poké Balls. Les agents de sécurité étaient quant à eux accompagnés de leurs puissants Pokémon.

Dans ce dispositif à la fois sophistiqué et fonctionnel, Tobias jouait un rôle simple : vérifier que les convives se présentant à la porte du château respectaient bien la consigne de ne rien emporter avec eux qui puisse constituer une arme.

Il n’était pas là pour les contacts humains, il était là pour que tout le monde reste en vie. Pour cela, il fallait que chaque agent de sécurité joue son rôle à la perfection. Son rôle était de fouiller les sacs de toutes les personnes présentes sans exception. Il fouillait donc les sacs de tout le monde.

Tobias s’attendait à tout, et voyait un criminel potentiel dans le regard de tous ceux qu’il contrôlait. Il ne fut donc pas étonné lorsqu’il trouva une arme dans le sac d’un homme d’âge mûr, élégant et semblable à tous ceux qui profitaient déjà des festivités à l’intérieur. Seules les conséquences d’une telle découverte occupaient son esprit calculateur.

On lui avait annoncé que des criminels chercheraient à perturber l’événement : des sources confidentielles mais sûres les avaient prévenus – ce qui expliquait un tel déploiement de moyens pour assurer la sécurité des invités. Les informations qu’il leur manquait concernaient la nature et l’ampleur de la menace.

S’agirait-il d’un incendie, du vol de documents officiels, d’un kidnapping, d’un assassinat, de chantage, de prise d’otages ? La découverte d’une arme à feu de gros calibre ne pouvait qu’annoncer que ceux qui voulaient perturber l’événement disposaient eux aussi de moyens conséquents.

Tobias intégra l’information, pour adapter sa conduite. Observation, rigueur, réflexion. Il continua de réfléchir, notamment à la raison pour laquelle des malfrats pouvaient avoir pensé qu’une arme à feu d’un tel calibre aurait pu être introduite malgré la fouille des sacs.

C’était illogique.

— Tobias, ferme la grille d’entrée. On ne laisse plus personne entrer. Tes collègues restent à l’entrée pour la surveiller. Quand l’entrée sera close, tu patrouilleras dans le Palais. Rapporte-nous le moindre mouvement suspect. État d’alerte maximum. Veille à ne pas alarmer les invités.

Tobias informa immédiatement ses collègues de la décision de leur supérieur. La grille claqua avec un vacarme de Tonnerre. Semblable à un rempart d’acier, elle barrait le chemin de quiconque souhaiterait s’aventurer sur les terres du Palais.

L’état de sécurité maximal impliquant une défense totale du lieu, les six gardes de la porte disposant de Pokémon de type Psy exigèrent de leurs Pokémon qu’ils se mettent en ligne. Ils placèrent ensuite des sortes de pierres auréolées de vert entre leurs mains. Ils crièrent :

— Protection !

La puissance combinée d’Alakazam, de Métang, de Gardevoir et de quelques autres Pokémon créa un halo bleuté qui, sorti de leurs corps, s’étendit avec grâce tout autour du château. Le dôme ainsi créé pouvait protéger la demeure de nombreuses attaques venues de l’extérieur – mais ce n’était pas tout.

Après avoir repris leur souffle, les Pokémon créèrent deux autres barrières, en utilisant Mur Lumière, puis en laissant un Feunard venu d’Alola profiter de la brise hivernale pour faire surgir de la nuit une aurore boréale infranchissable. Le résultat était aussi magnifique qu’impressionnant : des lumières d’or et de saphir dansaient dans la nuit, impossibles à traverser.

Tobias ne se laissa pas impressionner, et tourna le dos à ses collègues pour se diriger vers le Palais. Ses collègues avaient la situation en main, et il était désormais certain qu’aucune menace sérieuse ne pouvait venir de l’extérieur. La menace ne pouvait être qu’interne.

Son objectif était donc de s’assurer que personne dans l’enceinte du Palais ne cherchait à nuire. L’esprit aiguisé comme un rasoir, il scrutait les visages qui l’entouraient bientôt, à la recherche du moindre signe de malveillance. Son Mygavolt, le regard rendu perçant par son Œil Composé, faisait de même, avec une inflexibilité qui troublait de nombreux invités.

En effet, les convives avaient été invités à quitter leurs places en terrasse pour rejoindre l’immense salle du banquet, où un repas grandiose allait incessamment se tenir. Tels les différents membres d’une machine étonnante et gigantesque, ils se dirigeaient vers l’aile est du Palais.

Des remarques émerveillées ponctuaient ce lent mouvement à mesure que les protections psychiques s’élevaient dans le ciel, illuminant merveilleusement le ciel noir de la nuit.

Mais Tobias ne voyait que des ennemis. Il marchait au milieu des convives, son Mygavolt sur ses pas, et scrutait tous les hommes, toutes les femmes, et même les quelques enfants qui se tenaient autour de lui.

Mains qui fouillent dans les poches ; sueur qui perle au front ; démarche par trop étudiée ; utilisation continue d’un Holokit. Tous les détails se cumulaient dans l’esprit de Tobias, qui les triait comme s’il était un ordinateur. Il établissait des degrés de dangerosité pour lui-même, tout en conservant en apparence un calme absolu. Il pénétra dans l’enceinte du Palais.

Naturellement, il regardait autour de lui, et réfléchissait aux meilleurs moyens de s’attaquer à un lieu comme celui-ci. Il entra dans le Palais ; la porte qu’il venait de franchir, facile à refermer, pouvait piéger les invités dans un incendie criminel ; il demanda donc à ses collègues de s’assurer qu’elle reste bien ouverte.

Il entra avec les invités dans la salle du banquet ; empoisonner les aliments maintenant qu’ils étaient servis permettrait aisément d’assassiner les hommes politiques les plus importants ; il exigea donc des vigiles qu’ils surveillent avec attention les assiettes des principaux invités.

Constatant que l’un des orbes de lumière qui illuminaient la salle s’éteignait par intermittence, il nota à lui-même d’exiger du collègue qui surveillerait la salle après lui qu’il supervise le changement de l’ampoule. Rien ne devait être laissé au hasard. Pas tant que les invités étaient sous sa responsabilité.

Et Tobias poursuivit longtemps ce travail : imaginer comment il s’y prendrait pour nuire aux personnes présentes, et trouver les meilleures solutions pour éviter que ça ne se produise. Il concentrait tout particulièrement son attention sur Malva et Éléonore, la diplomate venue d’Alola, chacune aux deux bouts d’une table qui traversait toute la largeur de la salle.

Alors qu’il étudiait l’attitude d’un serveur plutôt petit qui s’approchait de la fille d’Éléonore, un cri s’éleva dans la pièce, dissipant la nuée des bavardages qui l’embrumaient. C’était justement la fille de la diplomate, qui s’écriait d’une voix défaillante :

— Comment ! Pas de soupe de baies Kiwan !

La remarque, cinglante, claqua dans la pièce. Tobias scruta la jeune fille qui venait de crier. Elle rougissait déjà, sûrement honteuse de s’être laissé emporter de la sorte ; quelques instants lui suffirent pour reprendre une contenance, et la rumeur de la salle reprit, plus forte encore.

Tobias chassait quant à lui le moindre mouvement suspect : un tel cri aurait pu avoir pour but d’accaparer l’attention des gardes. Ce cri était peut-être calculé. Il souhaitait interpeller la jeune fille, lui poser des questions, mais c’était impossible.

Elle était à la droite de l’invitée la plus prestigieuse de la soirée, la diplomate venue de Alola. La jeune fille était donc sa fille, et donc intouchable. Coincé entre la nécessité de protéger les personnes présentes et l’interdiction formelle de faire peser des soupçons sur l’entourage de la diplomate, il restait là, près d’un mur, silencieux, méticuleux.

La soirée poursuivit son cours. Les puissantes lumières électriques illuminaient chaleureusement la pièce, les conversations menaient bon train, des rires fusaient régulièrement. Une dizaine d’agents semblables à Tobias, tous accompagnés d’un puissant Pokémon, encadraient silencieusement la pièce. Les allers et venues des serveurs, les ouvertures, les comportements des individus suspects et mille autres détails étaient en permanence soumis à analyse. Ces gardes étaient semblables à un filet prêt à se refermer brutalement sur quiconque oserait troubler la soirée.

Mais les entrées furent servies, les plats consommés et les desserts digérés. Aucun incident n’eut lieu. Tous les invités étant rassasiés, la salle du banquet devint silencieuse.

Les convives se levèrent d’un même mouvement lorsque le tintement d’une cloche annonça la suite de la soirée. L’immense cadran de l’horloge de la salle du banquet, apporté pour l’occasion, annonçait vingt-et-une heures. Une porte magnifique s’était ouverte au fond de la pièce pour que les invités puissent rejoindre une autre pièce, décorée en salle de bal ; les invités s’y pressaient joyeusement.

Tobias continuait quant à lui de surveiller ce flot humain, si difficile à cerner. La diplomate, dernière personne à se lever, tourna son regard vers lui, et, soudainement, il ressentit un trouble. Cette femme était… Tobias se sentait comme un Pokémon Insecte face à un Pokémon Vol ; frappé de stupeur devant le regard profond et inquisiteur de la diplomate, ses pensées déviaient de leur rigidité habituelle. Il ne savait plus quoi penser, car…

Mais, déjà, la diplomate avait emboîté le pas aux autres invités. Elle fut la dernière à franchir la porte menant à la salle du bal.