Conseils d'Orientation de Praxy

Devant l’air sérieux de Menzi, Clavel se redressa dans son siège, à l’écoute.
« Allez-y, je vous en prie.
- En fait… J’ai reçu une proposition de la part de Madame Alisma.
- Une proposition ? De quoi s’agit-il ?
- Un poste de Championne, si je réussis l’examen d’entrée.
- Mais c’est une excellente nouvelle ! »

La jeune fille baissa le regard. Clavel remarqua sa mine maussade et reprit :
« La Présidente de la Ligue de Paldea vous fait une offre exceptionnelle, pourtant vous ne vous sentez pas à l’aise… Que se passe-t-il ?
- Je ne sais pas si c’est le bon chemin pour moi.
- Vraiment ? Vous m’en trouvez surpris. Menzi, plus jeune Maîtresse de Paldea, Maîtresse depuis plusieurs années d’affilées, tellement passionnée de combat qu’elle a dû redoubler sa première année, faute de résultats dans les autre matières… Je ne pensais pas que vous renonceriez…
- Non ! Au contraire, j’aime toujours autant les combats ! Mais je ne sais pas si être Championne, c’est fait pour moi.
- Je vois… Vous pouvez m’en dire plus ? »

Menzi prit une inspiration, les yeux fermés. Puis, elle se lança dans une tirade :
« J’adore toujours autant les combats. Je suis vraiment trop trop contente d’avoir pu rencontrer Juliana, c’est la meilleure rivale du monde. Les combats Pokémon, c’est toute ma vie ! Mais depuis un moment, je m’en rends bien compte… J’ai de plus en plus de mal à trouver des adversaires. Quand je m’inscris aux tournois de l’académie, personne ne vient, les gens refusent de m’affronter en combats. Ma réputation de [i]surdouée[i] fait que seul les plus téméraires viennent me provoquer en duel… Je vois bien que, pour être dresseur en indépendant, faut être le challenger inconnu ou alors avoir une réputation en acier trempé ! Je pourrais pas continuer comme ça indéfiniment… Mais être Championne, ça veut dire que je devrais rester sur un poste, me restreindre sur mes Pokémon, m’adapter à mes adversaires et surtout, représenter la ville dans laquelle je serais installée… Et je pense que j’en serais capable ! Mais je ne sais pas si c’est vraiment ce que je veux… »

La tension s’était dissipée, mais la dresseuse n’arborait toujours pas son sourire habituel. Clavel parcourut à nouveau le dossier. Le problème était épineux. Être dresseur n’était pas compliqué, certain commençaient même très jeunes, mais en vivre était une tout autre affaire. À moins d'être employés par une Ligue, en tant que Champion ou bien plus souvent en tant qu'assistant d'Arène, ils devaient trouver un emploi privé ou travailler en freelance. Alors qu’il recherchait une solution adaptée, Menzi continua sur sa lancée :
« Je voudrai pouvoir continuer de m’améliorer. Je pensais avoir atteint mon meilleur niveau, mais Juliana n’arrête pas de me montrer que c’est faux. Elle a toujours un temps d’avance sur moi. Elle me montre toujours la voie. Quand elle est allée à l’Institut Myrtille, elle a rencontré cette fille, Taro. Elle m’a dit qu’elle peut se battre à fond avec n’importe quel Pokémon ! Elle est encore un niveau au-dessus… Je veux réussir à devenir aussi forte qu’elle ! Mais pour ça, il faudrait que je puisse m’y dédier à 100 %. »

En entendant le nom de la prodige de l'Institut, le directeur effectua une recherche à son sujet sur son ordinateur. Les résultats montrèrent une jeune fille aux cheveux roses portant l'uniforme blanc, rouge et bleu foncé de l'Institut, et menaient à un article de leur site officiel.
«  Les Installations de Combat…
- Hein ?
- Mademoiselle Menzi, avez-vous entendu parler des Installations de Combat ?
- Non…
- La Fédération des Installations de Combat est une association à laquelle des entreprises privées peuvent s’intégrer… Ce sont des lieux où les dresseurs peuvent venir pour tester leurs capacités. La plupart sont basé sur le modèle de la toute première Tour de Combat, ouverte à Johto, mais depuis il existent des complexes entiers dédiés à divers façon de combattre, que l’on appelle les Zone de Combat. Leur modèle de revenu est souvent de faire une entrée payante. Les membres de la fédération peuvent utiliser leur monnaie interne, les PCos, ou les Points de Combat. Ils disposent d'une réserve d'objets utiles pour se perfectionner que l'on peut acheter en gagnant des PCos dans leurs attractions. Il semblerait que ça leur est très profitable. Nous n'en avons pas à Paldea, mais beaucoup de régions en ont au moins une importante.
- Ça a l'air trop cool !
- Je viens d'apprendre que l'Institut veut faire la sienne, et qu'ils ont choisi Taro comme figure de proue.
- C'est vrai ? Elle doit vraiment être forte, alors…
- Sûrement… Mais pour ce qui est de l'organisation interne, il semble que le fonctionnement soit similaire à celui des Arènes. Les chefs sont les mieux payés, mais ils se doivent d'être l’image de l'attraction. Et il y a beaucoup de dresseurs qui sont employés pour livrer des combats toute la journée.
- Alors, c'est pareil ?
- Pas tout à fait. Le fait d'appartenir à une Ligue signifie que votre emploi est plus sûr. Mais vous pouvez avoir beaucoup plus de succès dans le privé.
- D’accord… »

Menzi se releva en se tapotant le visage, plus rayonnante qu’auparavant.
« Merci de m’avoir écoutée, ça m’a fait du bien ! Je sais pas encore où je vais, mais je trouverai !
- Ne partez pas si vite.
- Pardon ? »
Le proviseur était plongé en pleine réflexion. Les ambitions de la jeune fille, bien qu’admirable, ne pouvaient être remplies simplement. Il s’agissait de trouver un compromis entre la sécurité offerte par un emploi stable et l’investissement nécessaire pour accomplir son rêve, dans le milieu ultra-compétitif du dressage. Une solution lui venait en tête, évidente, mais difficile à donner.
« J’ai quelque chose à vous proposer.
- Ah oui ?
- Avez-vous déjà pensé à devenir dresseuse compétitive ?
- Compétitive ? Vous voulez dire, comme ceux qui participent au PWT de Unys ?
- En effet, le Pokémon World Tournament a deux type de participants, les invités, souvent les Maîtres, membres du Conseil 4, Champion, et les concurrents. Mais en dehors de ce tournoi, il en existe plein d’autres. Ils ont un prix d’inscription, mais aussi des primes à la clé pour les gagnants, parfois même ceux qui finissent parmi les premiers. Certains gagnent leur vie comme ça.
- Et … Et vous pensez que je peux le faire ? C’est vrai ?!
- Je crois que vous en êtes capables. En revanche, vous aurez besoin de vous trouver des sponsors.
- Des sponsors ?
- Oui, la plupart des dresseurs compétitifs ont des sponsors. Cela leur permet d’avoir des revenus réguliers, même en cas de défaites, et d’accéder plus facilement aux tournois, en échange de devenir une image de marque pour le sponsor.
- D’accord ! Il faut que je me trouve un sponsor alors ! Je vais tout déchirer !
- Si je peux me permettre… »

L’élan d’excitation de Menzi ralentit, pourtant le proviseur avait un sourire aux lèvres. Il tourna son écran pour lui montrer ce qu’il avait recherché.
« Si vous voulez commencer quelque part, je vous conseille de devenir Challenger de la Ligue de Galar. C’est un événement très médiatisé, et avec des contacts, je peux vous procurer une Lettre de Recommandation pour y participer. Chaque année, on entend des histoires d’un participant inconnu qui remporte un tournoi. Sans compter que c’est une occasion parfaite pour raconter une histoire, un parcours, commencer de zéro et arriver au sommet.
- Attendez, vraiment ?!
- Oui, ce n’est pas une majorité, mais certains le font. Je sais que vous adorez le défi de vous mettre au même niveau que vos adversaires sur la ligne de départ pour trouver la force de vous dépasser, c’est pour cela que je pensais que cela vous conviendra.
- Oui !
- Je peux également faire quelques recherches sur des sponsors Paldéens et vous les envoyer. Vous devrez les démarcher vous-même par contre. Mais j’ai la sensation que notre Maîtresse Menzi en est plus que capable.
- Oh, merci, merci, merci !
- J’en déduis que vous êtes partante ?
- Bien sûr ! Vous allez voir je vais tout donner ! Je serai la meilleure dresseuse que le monde aura connu !
- Dans ce cas, vous pouvez disposer. »

Le proviseur ramena son élève jusqu’à l’entrée de son bureau, en la saluant une dernière fois.
Elle commença à partir, mais se retourna une dernière fois.
« Merci de croire en moi, m’sieur Clavel ! »
Avant qu’il n’ait eu le temps de répondre, elle se précipita dans les escaliers. Clavel secoua la tête, amusé. De la passion, du talent et du travail acharné, la jeune fille avait tout ce qu'il fallait pour réussir dans la vie. Sa fierté en tant que proviseur n'aurait jamais pu lui permettre de la laisser abandonner son rêve.