Conseils d'Orientation de Praxy

Le bureau de Clavel ressemblait à un patchwork recousu de deux pièces différentes. L'entrée était d'un blanc immaculé, une série de bureaux étaient équipés d'ordinateurs reliés à diverses machines. Les placards étaient remplis de classeurs remplis de documents et de boîtes d'archives. Au-delà se trouvait l’espace dédié au proviseur proprement-dit, un bureau trônant au centre d'un tapis décoré des emblèmes de l'académie. Des chaises rouges en velours étaient soigneusement alignées sur les côtés. Derrière le bureau, des cadres étaient accrochés au mur, autour de la fenêtre donnant une vue sur toute la cour intérieure.

Un jeune homme regardait dans les archives. Ses longs cheveux, un mix de blond et brun, tombaient devant son visage. Malgré la chaleur, il portait l’uniforme automnal de la faction Raisin, une veste jaune par-dessus une chemise blanche, un long pantalon violet et de grosses chaussures de marche.

Lorsqu'il se rendit compte que le directeur était entré, il le salua :
« Bonjour monsieur Clavel ! Veuillez m’excuser, je ne voulais pas…
- Ne vous en faites pas, vous êtes toujours le bienvenu ici, monsieur Pepper. Surtout pour consulter les recherches de vos parents…
- Merci. »
Le proviseur passa à côté de lui pour rejoindre son siège, avant d’ajouter :
« Vouliez-vous me parler de quelque chose ?
- Pas spécialement. Enfin, si ! Je voulais simplement vous remercier pour tout ce que vous avez fait pour moi.
- Mais il n’y a pas de quoi… »

Clavel sortit le dossier de Pepper, malgré qu’il n'en avait pas besoin. Par le passé, il avait entretenu de bonnes relations professionnelles avec les deux parents de l'enfant, Olim et Turum. Deux chercheurs excentriques, mais néanmoins ambitieux et talentueux, dont les vies avaient malheureusement été perdues des années auparavant. Le terrible accident avait eu lieu dans un laboratoire au plus profond de la Zone Zéro, un lieu mystérieux et difficile d’accès, et un stratagème ingénieux avait permis de maquiller l’incident. Clavel avait beaucoup d'empathie pour Pepper qui avait dû se débrouiller seul durant tout ce temps, croyant avoir des parents absents qui n’étaient déjà plus. Pourtant, au cours de son séjour à l'académie, il s'était développé pour devenir un jeune homme remarquable. Tout aussi motivé que ses parents, il avait choisi un chemin inattendu.

« Au fait, comment se passe votre projet pour devenir « cuistot » ?
- Oh ? Très bien ! J’travaille en apprentissage au restaurant Chez Kombu.
- Je vois. Vous vous en sortez bien.
- C’est très intéressant. Kombu est content d’avoir quelqu’un pour s’occuper du resto quand il doit partir pour affronter un challenger à l’arène.
- C’est parfait… »

Clavel tourna la page, une feuille blanche séparait la dernière année du reste du dossier. Une seule
« Vous pensez toujours devenir un cuistot itinérant ? Comme votre projet durant votre année de césure ?
- À ce sujet… »

Les yeux bleus de Pepper brillaient d'excitation, et il peinait à contenir son énergie lorsqu’il expliqua, de grands gestes des bras accompagnant chacune de ses paroles :
« J’ai adoré voyager durant mon année de césure et tout. J’suis allé à Galar et j’ai découvert tout ce qu’ils font comme variété de Curry là-bas. J'ai traversé Kalos et y avait tellement de plats différents. J’suis même allé à Alola pour goûter à leur cuisine locale. Mais j’me suis rendu compte… J’me suis rendu compte que je pourrais pas faire ça toute ma vie. C’était génial, de pouvoir aider les gens partout, de découvrir de nouvelles choses, mais j’remboursais à peine mes ingrédients. En bossant chez Kombu, j’ai vu ce que c’était d’avoir un lieu, des clients réguliers, une réputation…
- Et donc ?
- Donc j’pense que je vais ouvrir un restaurant, ici, à Paldea. Kombu m’a dit que ça sera pas facile, parce qu’il y a beaucoup de concurrence, mais il croit que j’en suis capable ! Comme ça je pourrais m’faire connaître et aider de plus en plus de gens ! »

Le jeune home s’arrêta pour reprendre son souffle et sortit un carnet son sac. Il le feuilleta, pour montrer des pages et des pages de notes manuscrites, des croquis. Les listes d’ingrédients étaient suivies de recettes raturées et de notes d’observations sur la réaction des Pokémon goûteurs.
« Durant mon voyage, j’ai pris tout un tas de notes. Certains ingrédients semblent avoir des effets spéciaux sur certains Pokémon. Je vais continuer à chercher des nouvelles recettes pour aider plein de Pokémon, et je les partagerai avec tout le monde, comme ça je pourrai aussi être utile au gens loin d’ici ! »

Le proviseur émit un petit rire, ce qui suscita un haussement de sourcils de la part de Pepper. Il s'empressa d'ajouter :
« Vous m'avez dit par le passé que vous ne vouliez pas prendre la relève de vos parents… Mais vous avez le même esprit de chercheur qu’eux. La façon dont vous réfléchissez à votre travail de manière si méthodique… J'espère que vous irez loin dans la vie, je serai là pour vous suivre.
- Je vous remercie…
- Et j'espère pouvoir devenir un habitué de votre futur restaurant.
- Bien sûr ! »

Ils partagèrent tous les deux un éclat de rire. Clavel remit ses lunettes en place en souriant. Pour lui, le bonheur de ses élèves était contagieux. Après avoir autant parlé, Pepper finit par s'asseoir devant le bureau. Il ajouta, la nostalgie emplissant sa voix :
« J'admire encore mes parents. Je sais que tout ce qu'ils ont fait, ils l'ont fait pour moi. Mais quand même… C'est pour ça que je ne veux pas être comme eux. Je ne veux pas travailler au point de perdre des gens qui me sont chers… Et pourtant… Pourtant vous avez raison, je veux aider le plus de Pokémon possible, et pour cela, je dois être le meilleur dans ce que je fais. Si je dois ouvrir la voie à une nouvelle discipline, la recherche culinaire pour Pokémon, alors j’en serai fier !
- Ceux qui vous sont chers… Vous parlez des amis que vous avez rencontrés à l'académie, n'est-ce pas ?
- Oui, c'est ça. Florian qui m'a aidé avec Dogrino, mais aussi Juliana, Pania, Men- …

Avant qu'il n'ait pu terminer sa phrase, quelqu'un cogna à la porte. Clavel apprenant à inviter la personne à entrer, mais elle débarqua dans la pièce. Une jeune fille, à bout de souffle comme si elle avait couru jusqu’au bureau du proviseur, portait l’uniforme estival de la faction Orange, un short rayé orange et une chemise. Ses cheveux noirs attachés en queue de cheval ne laissaient échapper que de deux mèches vertes qui tombait le long de son visage bronzé.

« Mademoiselle Menzi, vous voulez me voir ?
- Oui, monsieur ! Je… oh, salut Pepper !
- Salut Menzi… ça t’arrive souvent d’apparaître juste quand on parle de toi ?
- Oui ! Euh, non ? Vous parliez de moi ?
- En passant seulement…
- Mademoiselle Menzi, pourriez-vous attendre dehors quelques secondes, pendant que je termine avec monsieur Pepper ? Ce ne sera pas long.
- D'accord ! »
Et elle était partie aussi vite qu'elle était venue. Pepper soupira :
« Elle ne changera jamais celle-là.
- Est-ce que c’est un problème ?
- Non. C’est notre Menzi, elle est comme ça. Sans elle, l’académie n’est pas pareille.
- Et pourtant, c’est sa dernière année à elle aussi, si je ne m’abuse…
- Oui… »
Pepper prit une grand respiration, avant de serrer la main de Clavel.
« Je ne vais pas vous retenir plus longtemps. Il semblerait que votre amie veuille me voir aussi.
- Merci… Vous savez… Si j’ai pris une année de césure… Bien sûr, c’était pour explorer le monde, mais aussi, je voulais finir ma scolarité en même temps que les autres… Pour qu’on puisse tous partir vers de nouveaux horizons en même temps.
- C’est une belle pensée… Bonne continuation. »

Le jeune homme quitta la pièce. À travers la porte, le proviseur pouvait entendre les bribes d’une rapide conversation entre ses deux élèves.
« Il te voulais quoi, m’sieur Clavel ?
- Rien du tout… J’étais venu consulter les archives de mes parents.
- Ah, d’accord !
- Et toi ? Tu voulais le voir ?
- Oui, mais t’inquiète, tout va bien !
- D’accord… »

La dresseuse entra dans le bureau et s’installa dans le siège en face du proviseur. Ses mains se crispèrent sur ses collants noirs. Un tremblement remonta le long de son bras droit, où elle portait sa protection de poignet rouge et noire.
« Je suis heureux de vous voir, Mademoiselle Menzi. Vous avez besoin de quelque chose ?
- Oui... J'ai besoin de parler de mon orientation. »