Une technologie pour les hommes de MomoLeRigolo

Le professeur Cédric a énormément apprécié mon discours. Il a voulu visiter mon atelier où nous nous trouvons actuellement. Tout est en désordre, mais ça n’a pas semblé le choquer. Après tout c’est un scientifique lui aussi, le désordre ça nous connait. Le temps qu’il fasse le tour, je remercie Flavia pour son aide d’aujourd’hui.
— Désolée André, je dois y aller. Mais ne t'inquiète pas, je suis sûr que tu t’en sortiras très bien. Mets-lui-en plein la vue et peut-être qu’il t’aidera à populariser tes inventions !
— Je ne sais pas si ça sera aussi facile, mais oui, je vais clairement saisir cette chance.
En fermant la porte derrière elle, je me dis qu’elle m’a vraiment été d’une grande aide pendant toutes ces années, que ce soit quand j’avais perdu ma famille ou durant mes recherches. Je devrais lui payer un bon repas un de ces jours pour la remercier.

Je me retourne et je vois Cédric scruter de près un de mes outils.
— C’est la Ressor’pel, je lui dis. C’est une pelle qui permet de soulever des objets assez lourds. Vous la mettez sous un rocher et plutôt que de forcer, vous laissez le ressort pousser la pelle vers le haut, ce qui permet de dégager le rocher. Il faut faire très attention car la pelle peut éjecter l’objet qu’elle soulève, mais ça s’avère très utile pendant un éboulement par exemple. Le professeur se tourne ensuite vers une autre de mes créations.
— Et ceci ? J’y vois des hélices, est-ce que cet objet peut voler ?
— Pas encore malheureusement, l’équilibrage est mauvais et je n’arrive pas à le faire tenir correctement dans les airs. C’est le Transpor’tou, à terme, je voudrais qu’il soit capable de traverser de longues distances pour transporter divers objets de ville en ville.
— Je vois, personne n’aurait jamais pensé à créer cet engin étant donné que nous avons déjà des Pokémon de type Vol qui assurent ce rôle. C’est très intéressant, toutes tes inventions sont là pour pallier des limitations humaines.

Je me dirige vers mon bureau et ouvre le troisième tiroir, j’en sors plusieurs journaux et les montre au professeur.
— Vous voyez ceci ? Ce sont des incidents qu’il y a eu ces dernières années. Par exemple, il y a deux ans, une fille est tombée malade et avait besoin d’un médicament précis. Il y en avait dans la ville voisine. Ils les ont contactés et la ville a envoyé un Roucoups transporter le médicament. Cependant, celui-ci s’est fait attaquer par des Pokémon sauvages sur le chemin. Il était blessé et a dû se reposer en route, mais il a mis trop de temps et la fille n’a pas survécu. Le problème ici, c'est que les deux villes ne pouvaient pas être au courant que le Roucoups s’était fait attaquer en chemin. S’ils avaient su, ils auraient pu en envoyer un deuxième à temps. C’est ce qui m’a donné l’idée de développer le Transpor’tou, il permettra dans un premier temps de transporter des objets de ville en ville. Mais il sera également équipé d’un système de communication pour pouvoir tracer sa position et son état à tout moment.
— Tu aurais aussi pu créer un objet qu’on attache aux Pokémon Vol pour connaître leur position non ? Dis-moi, est-ce que tu chercherais à complétement remplacer les Pokémon ?
— Non, détrompez-vous. Je ne cherche pas à les remplacer et je ne les déteste pas non plus. Mais j’avoue que je ne ressens pas d’admiration particulière envers eux. Les Pokémon vivent sur cette planète avec nous, il est bien plus intelligent de coopérer avec eux. Cependant, je veux changer les mentalités des chercheurs. Je ne suis pas un grand scientifique comme certains, je ne créerai probablement jamais de grandes inventions révolutionnaires. Mais j’espère que j’inspirerai un jour beaucoup d’autres scientifiques à penser comme moi. Tout seul, je ne pourrais pas faire grand-chose, mais imaginez s’il y avait autant de chercheurs qui travaillent sur des innovations pour les humains que nous en avons pour les Pokémon ?
Je suis sûr que nous pourrions arriver à de grandes prouesses technologiques.

Le professeur Cédric regarde les journaux et semble faire le lien avec quelques-unes de mes inventions. Il les repose et croise les bras. Je le regarde réfléchir pendant un instant, l’atelier se plonge dans le calme. Puis, il brise le silence :
— Dis-moi Andréas, est-ce que tu connais la Nouv’tech ?
— Bien sûr, c’est la grande conférence annuelle où des scientifiques de tout le pays viennent présenter différentes avancées technologiques.
— En effet, la prochaine est dans deux mois et on m’a invité à y participer. Mais j’ai une proposition à te faire, est-ce que ça te dirait de prendre ma place ?
Mon cerveau se figea pendant deux secondes, mes yeux s’écarquillent de surprise.
— Vous dites ça sérieusement ?
— Très sérieux, après t’avoir entendu, je dois avouer que toutes les nouvelles technologies que j’ai pu découvrir ces derniers temps ne me paraissent plus si nouvelles que ça. Quasiment toutes nos recherches sont centrées autour des Pokémon, et les mentalités sont habituées à ça. Si tu y participes, ça risque d’être très mal reçu par beaucoup de chercheurs, mais si tu arrives à les convaincre, ça pourrait en effet révolutionner le monde.
Alors qu’en dis-tu ? Évidemment, je ferais tout ce que je peux pour t’aider, mais ça sera à toi de faire la plus grande partie du travail.

Le stress m’envahit. C’est une occasion dont je n’aurais jamais pu rêver, mais la pression est immense. J’ai travaillé toute ma vie seul dans ce petit atelier et d’un coup, je dois présenter dans à la Nouv’tech devant des dizaines et des dizaines de scientifiques reconnus, sans parler des journalistes et autres personnes qui y seront présentes. Toutes les présentations que j’ai faites à Julie me paraissent maintenant bien insignifiantes devant celle que je devrai faire pendant la conférence.
— Si j’y participes ça sera en votre nom n’est-ce pas ?
— En effet.
— N’avez-vous pas peur que j’entache votre réputation ?
— Je suis à la recherche de nouveautés, je n’en trouverais pas si je ne prends pas de risque.
J’ai le souffle lourd et le cœur qui bat à cent à l’heure. Mais je dois me décider à présent, à quoi ça sert de faire de beaux discours si je ne suis pas capable de les tenir. Le professeur me donne une chance inouïe. Refuser serait insultant pour lui ainsi mais également pour Flavia, sans parler que Julie ne me prendra plus jamais au sérieux. Ne réfléchis pas, fais-le, accepte.
Je regarde Cédric dans les yeux, il voit que je suis très stressé, j’ai les genoux qui tremblent, mais je vais le faire, je dois le faire.
— J’accepte.
— Parfait. Je peux entendre dans ta voix que tu as peur, mais c’est parfait, ça me prouve que tu as conscience de tout l’enjeu de cette conférence et aussi que tu es courageux. Et crois-moi, du courage, tu en auras besoin. Je te laisse te remettre de tes émotions, je vais retourner voir Julie. Pas de retour en arrière, je vais prévenir les responsables de la Nouv’tech que tu participeras en mon nom. Je t’aiderai à préparer ta présentation, je suis sûr que ça se passera bien.

Le professeur arbore un visage souriant et excité. Il sort de l’atelier et je me retrouve seul. Je suis encore très stressé, mais soulagé également d’avoir eu le courage de dire oui. Maintenant que je sais que je ne peux plus faire marche arrière, je peux me reconcentrer. J’ai regardé à la télévision toutes les rediffusions des Nouv’tech, j’ai une bonne vision du déroulé de la conférence. Plusieurs scientifiques passent sur la scène et font une présentation de leur projet. Ils répondent à des questions et quand tout est terminé, ils mettent en place des stands avec les différents projets où tout le monde peut venir se parler. C’est une excellente opportunité pour s’échanger des informations entre chercheurs. Je me mets à réfléchir sur comment faire ma présentation. Je ne peux pas juste venir et donner mon opinion, je dois montrer quelque chose de concret. Je dois peaufiner mes inventions pour les rendre les plus convaincantes possible. Je pense que je vais me concentrer principalement sur le Transpor’tou, c’est la création la plus impressionnante que j’ai, je pense.