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» Auteur : Serekai - Voir le profil
» Créé le 17/10/2021 à 23:38
» Dernière mise à jour le 17/10/2021 à 23:38

» Mots-clés :   Aventure   Présence de personnages du jeu vidéo   Sinnoh

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Chapitre 41 : Complots
J’étais vraiment nerveuse, avec le sentiment que quelque chose se glissait sous ma peau. C’était une cette désagréable impression, comme si je portais une couche de vêtement mal agencée et en trop, me donnant chaud.

J’étais encore un peu ébranlée, suite à l’invitation du maître de la Ligue à la rencontrer chez-elle. Elle me faisait un peu peur, avec ses yeux gris et scintillants d'intelligence. Elle me donnait l'impression de pouvoir lire en moi, avec une étrange aura de confiance, un peu comme cette ado à la crête décolorée.

Par réflexe, je mis la main à la poche, me souvenant de l’étrange caresse par l’aura de la punk. Il y avait un petit objet cartonné dans ma poche, qui n’était pas présent en temps normal. Il s’agissait d’une carte de visite banale, au nom d’un bar situé à Joliberges. Une petite mention manuscrite était ajoutée au verso : « Pour toi gamine, demande Aiko. »

La punk avait laissé son nom. Cette information serait intéressante pour lancer une enquête. Cependant, tout dévoiler trop tôt serait peut-être une erreur et ruinerait la piste.

Sur ma route vers le nord, je passai devant un immense manoir imposant, dont le jardin sauvage était traversé par un affluent qui se perdait dans les immenses marais côtiers bordant Vestigion. Malgré la beauté des lieux, je n’eus guère envie de m’y attarder. J’avais déjà soupé de l’étude des Barloche pour le compte du professeur, alors je voulais changer d’air et ne plus respirer le parfum amer des eaux stagnantes et de moisi.

L’air de la montagne était beaucoup plus frais et plus pur, moins chargé en ce parfum de plantes en décomposition et plus par le parfum des pins.

Sur la route, je croisai des hordes de Psykokwak, qui semblaient inhabituellement attirés par le Mont Couronné et son magnétisme surnaturel. Ils étaient tournés vers l’ouest, fixant la même direction avec cette expression vide. Je les ignorai prudemment, évitant de les blesser ou de les déranger dans leurs migraines.

Les chemins couverts de terre et de morceaux de pierre brisés serpentaient le long des falaises, tandis que Amazonas m’aidait à repousser de nombreux Gravalanch. Ces lourds golems étaient concentrés sur certaines faces des montagnes et étaient très vindicatifs lorsqu’on descendait sous leurs positions. Dès que je passais à proximité, ils lâchaient prise pour se replier et rouler en dévalant les pentes des falaises pour s’abattre sur moi. Repousser ces pokémon entraîna fortement Amazonas, qui évolua finalement pour devenir un immense Torterra. Il s’amusait beaucoup à viser les Racaillou à grande distance, pour améliorer ses talents et sa précision.

Ma route se poursuivit dans ces montagnes envahies par la brume. Comme durant les autres jours, je dormis en compagnie de mes compagnons, qui me gardaient au chaud. Les nombreuses petites voies serpentant dans les cols et les ponts qui franchissaient les rivières abruptes formaient un labyrinthe complexe dans l’est de Sinnoh, avec de nombreux passages se recoupant pour déboucher sur une vieille route de terre damée et aux abords à peine élagués.

La ville de Célestia était l’une des plus vieilles villes de Sinnoh, voire la plus ancienne, et probablement celle qui était la mieux conservée. Les traditions de Hisui avaient le plus survécu dans cette ville, isolée et éloignée des côtes et des changements apportés par les échanges commerciaux. Des ports comme Joliberges et Rivamar étaient dotés de quais modernes avec de grandes grues, la capitale Féli-Cité était couverte de nombreux gratte-ciels et même l’ancienne Vestigion avait sa zone industrielle en partie bâtie sur de vieilles maisons.

Ici, en ce lieu reculé, rien de tout cela.

De loin, on ne voyait que des arbres et des ponts de pierre, alors que la petite ville ne se dessinait qu’une fois arrivé dans la vallée encaissée. La brume persistante semblait noyer la ville, la gardant hors du monde, comme si elle était inaltérée par le temps.

A la mi-décembre, mes pieds me menèrent dans cette ville, ou rien ne semblait avoir bougé depuis plus de cent ans. Les maisons aux toits pentus et enneigés semblaient comme issues d’un vieux conte de Noël, alors que les volets colorés semblaient illuminer tel des guirlandes. La seule chose qui semblait vraiment curieuse était l’immense falaise bordant le nord de la vallée. Outre les habitations troglodytes qui étaient aménagées dans la falaise, on pouvait voir deux glyphes géants taillés dans le grès, représentant deux pokémon qui se faisaient face.

Entre ces deux symboles, il y avait une porte verrouillée et gardée par deux agents, interdisant toute entrée.

A bien y regarder, l’un des deux reliefs m’était familier. J’avais vu cette créature dans un songe. Ce cou allongé, cet éventail de titane … c’était la même chose que durant mon songe. Mais qui donc était ce pokémon ?

Les inscriptions aux pieds du monument étaient partiellement effacée et écrites en une version archaïque de notre langue.

- Le flot du temps, décryptais-je en essayant de me familiariser avec de vieilles tournures de phrases. Il ne s’arrête jamais … passé, présent et futur … Dialga …

L’immense pokémon semblait être en position de combat face au second, qui ressemblait à un théropode massif et menaçant.

- Les gravures vous intéressent, jeune demoiselle ? m’interrogea alors une vieille dame à l’élégante permanente, qui entretenait les abords d’une porte taillée dans la masse de pierre.

- Oui, je suis venue ici pour visiter la ville, mais aussi parce que j’ai reçu une invitation. Qu’y a t-il derrière ces portes ?

- Oh, vous devez être la petite Noyer. Cynthia m’a parlé de vous. Elle m’a dit qu’une visiteuse passerait bientôt. J’ignorais qu’il s’agissait de vous, il semble que le hasard soit bien farceur.

La vieille femme regarda la porte de pierre verrouillée.

- Il s’agit d’une grotte sacrée. Elle n’est ouverte qu’une fois l’an, pour y réaliser une cérémonie d’hommage envers les dieux créateurs. Seul l’ancien du village peut y pénétrer, pour y déclamer les antiques prières.

- Y a t-il des gravures et des inscriptions dedans ? voulus-je savoir en notant que l'une des mandibules de Palkia était endommagée.

- En effet, mais en vertu de leur caractère sacré, elles n’ont jamais été recopiées. Il est même considéré comme un tabou de les reproduire et seul l’ancien peut les observer lors de la cérémonie.

L’aïeule caressa la pierre avec une sorte d’affection.

- Vous connaissez nos mythes, même si votre peuple n'a pas bâti ce sanctuaire. Ces deux pokémon étaient si puissants qu’ils ont bâti notre univers. Ils étaient considérés comme des déités par les anciens et sont encore révérés par beaucoup de gens.

- Oui, ce sont les deux premiers nés du Seigneur : Dialga et Palkia, les régents du temps et de l’espace.

- En effet, jeune demoiselle. Il y a un autre point que presque personne ne connaît. Je peux vous le dire, dit-elle avec un sourire comploteur. Il existerait trois pokémon pour contrebalancer leur pouvoir en un équilibre harmonieux. Cette connaissance s’est perdue, puisqu’il n’existe presque plus personne pour l’écouter et la transmettre. Je ne donnerais ces textes qu’au successeur qui prendra ma place pour exécuter la cérémonie.

Sur ce, la vieille dame aux cheveux gris et noués avec soin me salua avec cordialité, repartant en trottant lentement.

- J’espère que vous assisterez à la cérémonie, Mademoiselle Noyer,

- Soyez assurée, je serais présente. Cela m’intéresse beaucoup.

Les jours suivants, les habitants du village s’affairaient à fabriquer de petites banderoles et des amulettes colorées, qu’ils accrochaient autour de leurs portes. Plusieurs charpentiers assemblaient une petite estrade près du vieil autel, alors que deux grands gaillards repeignaient le vieux portique délavé par l’alternance de lumière solaire et de pluie.

Chaque jour, je m’aventurais dans la vallée enveloppée d’une brume grise, pour améliorer les compétences de mes pokémon. Chaque jour, le paysage était similaire, avec quelques flocons de plus ou de moins en fonction de la météo changeante. Chaque jour, je rentrais avec des ampoules aux pieds.

Le jour du solstice vint bien vite. C’était le jour de la nuit la plus interminable, le jour ou les gens sortaient le matin avec de petites lanternes. Ce n’est que lorsque le soleil fut au zénith, que les villageois se réunirent en un banquet public, cuisant des Dodrio, alors que l’ancien prêtre prononçait des prières, enchaînant des litanies en une langue aux accents passéistes. Mes propres ancêtres venaient de Kanto, ayant immigré lors de la colonisation de l'île, alors la langue d’Hisui m’apparaissait comme très exotique. Le moine projeta quelques grains de riz sur les viandes en train d’être rôties. Tandis que deux cuisiniers découpèrent la viande, l’Ancienne prit la graisse et les os couverts de riz et de saké, puis les brûla devant les deux immenses représentations des dieux, laissant la fumée s’élever vers les cieux.

Le banquet qui s’ensuivit dura près de trois heures. Je n’avais jamais été très attirée par les repas à rallonge et je me mis dans un coin pour lire un peu. Je pus ensuite entendre un conteur narrer de vieilles légendes, dont le conte du Korillon de l’école ou celui de l’Archéodong et du miroir.

Le soir, alors que des chants s’élevaient encore et que le ciel était devenu sombre, plusieurs petites fusées furent tirées en l’air, explosant en de multiples couleurs. Des feux d’artifices bleus et rouges se complémentaient, alors que des projectiles sifflants dessinaient des lignes dorées sur la toile assombrie.

Le spectacle était magnifique, le feu d’artifice éclairant la vallée et les visages à chaque détonation, illuminant les yeux de milliers d’éclats azurés et écarlates, parfois rehaussés d’un vert émeraude, dessinant des motifs réguliers par moments.

Alors que le spectacle s’achevait, l’Ancienne se dirigea vers la porte et la déverrouilla. La vieille femme ouvrit délicatement la porte métallique et entra dans la grotte, se baissant pour éviter un silex incrusté dans le plafond, saillant hors de la roche calcaire.

J’avais toujours été curieuse, mais je savais qu’il était préférable de ne pas violer la loi et que ne pas respecter ce tabou serait très stupide.

Pourtant, alors que la nuit devenait plus noire, une silhouette se glissa dans la grotte, profitant que tous soient à ripailler et danser.

J’alertai l’un des gardes, qui regarda la porte, un peu nerveux.

- Personne ne peut entrer, c’est tabou, se contenta t-il de dire.

- Mais l’ancienne est en danger ! protestais-je énergiquement,

Enervée, je me dirigeai vers la grotte. Sur le pas de la grotte, le garde me mit la main sur l’épaule.

- Personne ne peut entrer, me prévint-il une dernière fois.

Alors que j’allais répondre, je me figeai. J’entendis des murmures résonnant contre les murs.

- Ecoutez, fis-je au garde, tendant l’oreille.

Au début, il n’y avait rien. Cependant, lorsqu'on faisait silence et qu'on prêtait attention aux sons, on pouvait comprendre que quelque chose clochait. Une voix d’homme, sèche et froide, se fit entendre, menaçante.

- Attendez … ce n’est pas la voix de l’Ancienne ! réalisa le garde à la lance de cérémonie. Il faut l’aider !

Pourtant, lorsqu’il voulut avancer, il sembla comme se figer. Le tabou devait être si fort, qu’il n’osa rien faire.

- Bon, laissez tomber ! décidais-je en m’enfonçant dans la grotte.

J’avançai dans la petite caverne calcaire, suivant un couloir à peine long d’une vingtaine de mètres. La cavité s’ouvrait sur une salle en partie creusée par la main de l’homme, mais dont les multiples ouvertures indiquaient qu’elle appartenait à un réseau naturel bien plus vaste.

Au fond de la pièce, deux personnes faisaient face à une belle peinture rupestre, que presque personne n’avait pu apercevoir, cachée aux yeux des profanes.

Je ne pus m’attarder devant les trois pokémon étranges aux queues semblables à des mains, qui tourbillonnaient autour d’un étrange œuf. L’homme leva la main sur la vieille dame.

- Je veux en savoir plus, coupa t-il de sa voix sèche. Vous allez parler.

Mon sang se figea, alors que je reconnus cette voix. C’était celle du chef des archéologues du Mont Couronné. Il s’agissait d’un homme qui devait être habitué à ce qu’on lui obéisse sans discuter. Il était sans nul doute le chef de la Team Galaxie, comme l’indiquait le « G » sur sa veste.

- J’exige d’en savoir plus, ordonna t-il. Je souhaite mettre un terme au conflit et à l’hostilité inutiles. Je suis en quête du pouvoir pour créer un monde idéal. J’attends des réponses, car si j’ai bien compris ce que vous dites, le monde actuel ne peut changer a cause de 3 pokémon qui le maintiennent en équilibre. Ma déclaration est-elle correcte ?

- Je n’en suis pas certaine, dit la vieille sage, que personne d’autre n’avait ne serait-ce que songé à frapper. Tout ce que je sais, c’est que le monde est en équilibre. Il n’est certes pas parfait, mais je l’aime tel qu’il est. L’imperfection est dans notre nature.

- Vieille sotte, l’insulta t-il en retenant son calme. Vous feignez l’ignorance … ou bien est-ce de la peur que je sens ? Cette attitude sénile est rétrograde, alors que vous vous complaisez dans l’imperfection. Je vais changer ce monde imparfait. D’ailleurs, ces ruines que vous cachez représentent l’imperfection. Elles devront être détruites pour céder la place à l’épopée d’un monde nouveau.

- J’ai entendu beaucoup de sornettes, mais ça, c’est le pompon ! m’exclamais-je en me révélant face à l'inconnu aux joues creuses accentuant son air austère. Ouais, notre monde n’est pas parfait, mais si on veut le transformer, ce n’est pas en tout détruisant qu’on peut le faire.

Il pencha son visage cireux et creusé vers moi, m’analysant comme si j’étais une nuisance.

- Je sais qui tu es, dresseuse, mes subordonnés m’ont beaucoup parlé de toi. Ta volonté et ton obstination sont fortes, mais tu te laisses facilement emporter par tes émotions.

- Peut-être bien ! criais-je en confirmant son analyse, mais je ne vais pas laisser un taré ambitieux faire n’importe quoi !

- Tu es une ignorante a la vision du monde étriquée. Penses-tu vraiment que c’est en négociant et en coopérant gentiment que l’on change les choses ? Tu ne comprends pas que des industriels font n’importe quoi en toute impunité, violant des lois sur la pollution chaque jour ? Des chasseurs, des pécheurs font n’importe quoi sans comprendre la gravité de leurs abus, mettant en péril l’équilibre du monde juste pour satisfaire les désirs égoïstes de consommateurs avides qui gâchent des ressources chaque jour. Ce n’est pas en leur faisant la morale qu’on règle le problème, mais en imposant sa volonté. Vois-tu, toute cette bêtise me répugne et je ne laisserais pas l’idiotie humaine imparfaite réguler cette réalité. Seul un chef impassible, déterminé et sensible à l’intérêt général peut être en droit de déterminer le destin du monde. Moi, Hélio, suis l’astre destiné à guider l’humanité vers un nouvel âge d’or. Malheureusement, tu n’y assisteras pas, car quand j’en aurais fini avec ton existence nuisible, tu cesseras de mettre en travers de mes projets.

Sur ces mots, il fit appel à un Farfuret, qui déploya ses griffes acérées.

- Tue, ordonna t-il avec la même émotion que s’il commandait un Colhomard au restaurant du lac Courage.

Je fis appel à Myrtille, qui se baissa pour éviter la tranche létale, qui m’était initialement destinée.

Sans attendre, ma belle protectrice projeta une large gerbe de flammes sur le pokémon d’Hélio. Le tourbillon de flammes eut tôt fait de faire fondre la froide cruauté du traqueur arctique.

Hélio envoya un Nosferalto, qui piqua immédiatement sur Myrtille, l’assaillant avec ses crocs. Je rappelai mon pokémon, qui était un peu trop lent. Fernando serait en mesure de rivaliser.

Comme escompté, mon félin évita une morsure du Nosferalto à la gueule béante. Il se coucha au sol, laissant son ennemi passer au-dessus de lui, avant de bondir pour le foudroyer. Le pokémon volant perdit de l’altitude, mais redressa sa trajectoire d’un battement énergique, réalisant plusieurs figures acrobatiques pour éviter les éclairs lumineux qui fendirent le plafond de la caverne, tout en mordant Fernando à la gorge.

Refusant de laisser ce vampire drainer l’énergie de mon loyal compagnon, je le rappelai et Carotte l’acheva aisément.

- Je pense en savoir avoir assez, conclut le chef en dégainant une étrange télécommande de sa ceinture.

Sur ce, il courut vers la sortie.

Je me lançai à sa poursuite, talonnée par la vieille dame qui trottait bien malgré son âge avancé.

Le chef émergea le premier, surprenant les gardes qui attendaient nerveusement. Alors que les vigiles sortaient leurs armes, Hélio fit appel à un large Corboss. L’oiseau de nuit appela une nuée de Cornèbre, qui assaillirent les Caninos des gardes, mais qui s’en prirent aussi à Carotte. Mon fier rapace était puissant, mais ne pouvait guère lutter longuement à dix contre un.

- Très bien, marmonnais-je, les dents serrées. Puisque tu souhaites tricher … dis-moi si les becs de tes oiseaux pourront rayer ceci.

Montagne rejoignit le combat au milieu de la place du village. La population fut surprise par l’immense serpent qui poussa un grondement qui résonna dans la vallée. Quelques courageux civils firent appel à leurs pokémon pour repousser l’immense nuée de Cornèbre, alors que mon serpent tentait d’attraper le chef. D’un coup de tête, Montagne brisa un des Cornèbre, avant d’en immoler deux autres à l’aide d’un souffle d’énergie.

- Vise le chef ! criais-je alors.

Montagne ondula, creusant un sillon de plus dans le sol vallonné, avant de projeter une grêle de pierres sur l’énorme oiseau aux rémiges sombres, qui se trouvait au centre de la formation.

- Vise l’autre chef ! précisais-je en pointant Hélio.

Sans hésiter, Montagne se jeta frénétiquement sur le dirigeant de la Team Galaxie. A moins d’un mètre de sa cible, le titanesque serpent fut entouré d’une aura cuivrée et soulevé du sol. Montagne poussa un rugissement de rage et fut balancé négligemment sur le côté, projeté contre la falaise et brisant la fresque représentant Palkia.

Montagne grogna, toujours immobilisé par l’énergie psychique dégagée par l'Archeodong du chef. La même énergie m’entoura alors et me souleva du sol, alors que l’ancienne tenta de m’attraper la cheville pour me ramener au sol.

- Je vais vous briser, déclara Hélio, tandis que je sentis mes membres être lentement étirés. Je vais altérer le temps et j’arracherais l’espace comme je t’arracherais les membres.

- Arrête ! implora la vieille dame. Le temps est empli des souvenirs et des actions de milliards d’humains et de pokémon. Pourquoi chercher a tout effacer, si ce n’est par cruel égoïsme ?

- Oh ? Tu t’en soucies plus que de la vie de la gamine ? Mais je vais te répondre, dit-il alors que la tension dans mes articulations devenait inconfortable. Je vais transformer cet univers, parce que je le veux.

- Tu n’en as aucunement le droit, Cyrus ! coupa alors la voix de Cynthia.

L’aura d’Archeodong se dissipa, alors que je chutais lourdement au sol.

La championne était au-dessus de nous, montée sur son fidèle César. Son majestueux dragon piqua vers la nuée de Cornèbre, tranchant les volailles comme l’aurait fait un boucher. Cynthia fit un looping pour regagner de l’altitude, avant de plonger vers son ennemi une fois de plus. Une gerbe de flammes jaillit de la gueule du squale volant, percutant le lieu ou Hélio se trouvait. Face à la vue des flammes émises par le célèbre Carchacrok, Hélio claqua des doigts et disparut, son pokémon le téléportant loin d’ici.

Cynthia atterrit bien vite, observant les dommages irréparables causés à l’antique fresque. Tête basse, elle se tourna vers moi et me tendit la main, m’aidant à me relever.

- Rien de cassé ? s’inquiéta t-elle.

- Non, mais sans vous, j’étais mal. Heureusement que vous êtes arrivée à temps.

Elle se dirigea vers la vieille dame, ainsi que vers les policiers.

- Grand mère, Messieurs, il va falloir que nous discutions. J’ai beaucoup de choses à te dire … ainsi qu’à toi, me dit-elle.

Cynthia se tourna vers les deux agents de sécurité de Célestia, retenant sa colère.

- Vous allez immédiatement lancer le signalement de l’individu surnommé Hélio pour sacrilège, destruction de patrimoine historique et tentative de meurtre. Dès demain, je saisirais le procureur pour qu’il lance la procédure de recherche. En attendant, vous avez vos consignes.

- Et la dresseuse du Steelix ? osa demander l’un des deux en regardant la gravure rupestre endommagée.

- Ca, je m’en charge. Occupez-vous du criminel.

Le professeur Karashina guida le groupe vers la petite maison de la famille, ôtant ses chaussures à l’entrée. La maison était faite de bois, dans un pur style traditionnel, avec un toit très pentu pour éviter l’accumulation de neige en hiver. Les murs étaient visiblement épais et les fenêtres ornées de pots de fleurs bien entretenus.

Je les suivis autour d’un confortable kotetsu, alors que l’élégante ancienne du village prépara du thé. La puissante blonde but une gorgée et son visage se détendit doucement, bien que la lassitude visible sur ses traits persista.

- Je pense que je vous dois des explications sur mon absence, grand-mère, commença Cynthia. Je ne vais pas m’épandre sur mes responsabilités à la Ligue, mais je suis occupée à gérer le cas de la Team Galaxie. Il est très dur légalement de les arrêter … du moins c’était dur de poursuivre leur chef avant ce soir. Je n’ai pu faire fermer que de petites sections mais ils agissent sous d’autres couverts. J’ai donné l’ordre d’interpeller les agents de base bien reconnaissables, mais ces mesures ont peu de succès, puisque les sbires de base ne sont que des pions et des exécutants. Cependant, les événements de ce matin vont me permettre de lancer un mandat d’arrêt contre leur chef, pour destruction volontaire d’un patrimoine historique ancien et pour la tentative d’homicide.

- Tu ne peux pas l’arrêter pour un autre motif ? s’agaça le professeur Karashina.

- Ses élucubrations sont évidemment inquiétantes, mais ne constituent malheureusement en rien une preuve. Il n’a donné ni nom, ni moyen, juste un banal but … cliché si j’ose m’exprimer ainsi. Si je devais arrêter toutes les personnes qui crient qu’ils vont devenir maîtres du monde, je pourrais commencer par faire une descente dans une école primaire. Mais pour parler plus sérieusement, je les ai surveillés de près. Malgré tout, il est évident qu’ils ont gardé leur plan secret et que les rares au courant de la procédure sont bien à l’abri des forces de sécurités.

Elle se resservit en thé, alors qu’un coucou sonnait l’heure pile.

- Vous l'avez appelé Cyrus. Vous le connaissez ? murmurais-je du bout des lèvres, curieuse à propos de ce nom qu'elle avait employé.

Cynthia sembla agacée l'espace d'un instant, mais son visage afficha une expression de remords.

- Oui, confessa t-elle. Je le connais. Ou plutôt, je croyais le connaître. Nous avons été amis jadis, mais ... depuis son départ et son voyage, nous avons perdu contact. Je ...

Elle semblait bouleversée et tordait nerveusement ses doigts manucurés.

- Je ... je ne veux pas en parler pour le moment. Je m'en chargerais dès demain matin, mais-là ... j'ai presque l'espoir que ce n'est qu'un mauvais rêve.

- Tu sais que ce ne sera pas le cas, dit-alors sa grand-mère. Tu sais ce que tu devras faire.

Le regard de Cynthia sembla toujours aussi déterminé, bien que les larmes menaçaient de couler.

- Qu’en est-il de l’autre organisation ? demandais-je pour faire dévier la conversation. L’agent Beladonis a capturé un de leurs agents.

- Nous n’en avons pas tiré grand-chose, avoua le Maître de la Ligue. Ce groupe se fait appeler l’ordre de l’ombre de l’abysse, un nom pour le moins inquiétant. J’ai passé des nuits blanches à chercher des indices sur leurs planques, mais ils semblent insaisissables. Ils sont comme les ombres dont ils portent le nom et leurs cachettes sont très éparses. On en a arrêtés quelques uns près de Vestigion et dans les ruines de Bonville, mais les autres ont tous fui. Je sais cependant qu’ils recherchent le pouvoir d’un pokémon spectral à la puissance sans pareille dans le but de devenir immortels.

- Ils ne sont plus humains, affirmais-je en me rappelant de l’hystérique voulant que je baise ses chaussures. J’en ai affronté une qui cohabitait avec un Spectrum en son corps.

- Spectrum et Ectoplasma sont trop peu puissants pour être considérés comme des dieux, ajouta la blonde. Ils vénèrent un être qu’ils appellent Azazel entre eux, sans nul doute un code durant leurs messes noires.

La grand-mère se lança sur un laïus à propos de ce démon infernal, qui était certes très intéressant, mais éloignait du sujet.

- Donc on a la secte de la Team Galaxie qui vise clairement Dialga et Palkia, résumais-je, mais également un culte qui se voue à un dieu inconnu. On sait également que ces deux groupes collaborent, tout en ayant la ferme intention de se trahir, puisqu’ils n’ont pas hésité réciproquement à abandonner et tuer des membres de l’autre groupe.

- C’est bien le seul point positif, d’ailleurs. On sait qu’ils vont fatalement entrer en conflit, mais espérons que ce sera à notre avantage.

Je repris une tasse de thé, lorsque Cynthia me fixa de ses yeux gris, une expression étrange sur son visage anguleux.

- Dis-moi … ces dingues t’ont proposé de les rejoindre, non ?

- Ouais, mais vu le combat contre ce Hélio, je crois que c’est un peu trop tard. Sans oublier que la coupe de cheveux de ces types jurerait horriblement, ajoutais-je avec humour, pour couper la tension si épaisse qu'un Insécateur aurait du mal à la fendre.

- Je pensais davantage à ces cultistes. La punk t’avait proposé son aide, n’ai-je pas raison ?

Je confirmai ses dires. Beladonis avait également du l'entendre, puisqu'il était celui ayant du la mettre au courant dans son rapport.

- S’ils te contactent encore, ce qu’ils feront sûrement d’ici peu, serais-tu encline à accepter leur offre et à infiltrer leur culte ?

- Cynthia ! s’offusqua sa grand-mère, scandalisée. Tu ne peux pas lui demander ça ! Ce serait l’exposer à un trop grand danger ! Tu as des forces de police sous tes ordres qui pourraient le faire !

- Y a t-il aucun de ces agents qui ont été directement contactés par les ombres ? coupais-je, mes doigts pressant le bord de la table.

La réponse négative de Cynthia confirma ce que je pressentais.

- Donc, aucun des policiers de ce pays ne semble avoir été contacté … du moins aucun d’assez loyal pour rapporter ce fait. La seule personne qui pourrait le faire, c’est donc moi. Ca ne me plaît pas du tout, mais je vais le faire.

- Dans ce cas, nous allons devoir discuter de cette infiltration en détail. Il est hors de question que tu sois sans filet de sécurité. Tu as conscience que ce sera extrêmement périlleux et que tu risques ta vie si tu t'infiltres dans leur organisation.

- J'ai côtoyé la mort depuis le premier jour de mon voyage. Je pense que j'ai accepté les risques que devenir dresseur implique.

Au fond de moi, j'éprouvais cependant une pointe d'excitation bien trop malvenue.