Histoires indifferentes de Domino

(Fanfic concept qui devait faire partie d'une série de 10 one-shots tous basés sur une chanson de l'album de Mylène Farmer "Bleu Noir" à l'exception des Inséparables)
(Ce chapitre est donc basé sur la chanson Moi je veux...)



Vaguelone la belle, la silencieuse, ronronnant sous les bruits d’amour entrelacé de ses vagues éternelles.

En son sein, une petite Coquiperl, posé sur un rocher au fond de l’océan. La créature regarde vers la surface, vitrail solaire, là où elle n’ira sans doute jamais. C’est une journée comme les autres. Se nourrir des particules contenues dans l’eau en la filtrant entre ses valves. C’est très banal, très quotidien. La répétition la plus sensée du monde, celle qui prolonge la vie.

Coquiperl observe autour de lui. Il y a une colonie de Kokiyas qui sont agglutinés sur un grand rocher. Il y a des Moustillon qui transitent entre les Kokiyas et les Coquiperl, souhaitant en fait s’accaparer l’air qu’ils expulsent par leurs carapaces quand ils les ouvrent et les ferment en mangeant. Quelques Mateloutre qui se battent pour leur territoire sans embêter personne.

Coquiperl – du moins la Coquiperl que nous avons choisi de suivre parmi les centaines qui étaient posés un peu partout sur les rochers et sur le sable du fond de la mer – observe ce manège. Le manège de la faune sous-marine. Les Corayon passent, collés ensemble. Les Mamanbo se pavanent avec leur air obséquieux. Trois Milobellus jouent ensemble dans l’eau chaude et bleutée de la baie, ils se passent entre eux une algue vert émeraude qu’ils ont trouvée au fond de l’eau. Au moins ici il n’y a pas d’affreux Bargantua. Au lieu de ça, les Viskuse sont un peu envahissants… Mais au moins ils flottent près de la surface, c’est beau. Le ciel des Coquiperl est couvert de fleurs bleues et roses.

Alors que les Pokémon des environs dessinaient de jolies aquarelles en passant en bancs, un Crustabri bien rustre se présenta aux bivalves. Les Kokiyas et les Coquiperl accumulés observèrent le nouvel arrivant qui s’était trainé ici en se propulsant, éjectant de l’eau par l’arrière de sa carapace complexe et solide.

Le Pokémon agita ses valves. Coquiperl sembla lasse : Il était en quête d’une compagne. C’est donc un Crustabri extatique et exubérant qui se présentait à eux. Les Moustillon qui passent par-là sont étonnés de voir un si gros Pokémon s’agiter comme un sagouin… dans sa coquille.

Crustabri repère Coquiperl. Il entreprend de la séduire. Le Pokémon se projette vers elle, écrasant dans la manœuvre les autres Coquiperl qui restent bien fermés.

Il commence par envoyer des Stalactites dans l’eau. Les pics de glace partirent, tous lancés de sorte à former une rafale parfaitement circulaire partant en direction de la surface, et prirent la lumière qui traversait l’eau. Les rayons transperçaient la glace et créaient de jolies aurores arc-en-ciel. Crustabri observa avec un sourire ravi, l’expression de son amour dans toute sa complexité.

Coquiperl n’en avait cure. Elle était trop occupée à sautiller dans sa coquille, ce qui provoquait chez elle un effet rafraichissant, aérant un peu son corps et sa coquille.

Crustabri constata vite l’inutilité de ses effets. Il se lança alors dans une vraie Onde Boréale pour accroître la luminescence des couleurs. Coquiperl avait envie de dormir mais il y avait un mollusque dehors qui faisait des lumières, c’était trop gênant. Et elle n’était pas la seule à être gênée, les Kokiyas, sensibles à la lumière, étaient clairement indisposés.

Mais Crustabri était obsédé par ses propres agitations et ne se préoccupait pas de ce qui se passait autour. Maintenant il jouait du Picanon à tout va. Coquiperl ne lui prêtait pas une once d’attention. D’autres Coquiperl étaient cependant bien plus fascinées.

Mais Crustabri la voulait elle, la précieuse, celle qui était sur ce rocher précis. L’idole adorée. Et qui voulait l’être, sinon pourquoi être aussi boudeuse ?

Après deux Laser Glace, un Blizzard qui rendit très mal sous l’eau et un Claquoir absolument ridicule, Crustabri n’avait pas vraiment attiré l’attention de sa promise.

Coquiperl allait fermer sa coquille pour manger et dormir après cette petite aération de sa coquille, quand soudain Crustabri utilisa Exuviation. Coquiperl l’observa, intriguée. Crustabri n’était plus couvert que par sa coquille grisâtre, s’étant délesté de la carapace pourpre autour.

Coquiperl eut alors cette impression de perfection absolue. Maintenant c’est elle qui idolâtrait, qui était dans l’optique de plaire à celui qui était plus beau.

Crustabri n’était pas peu fier de son coup. Le Pokémon s’élevait vers la surface. Délesté de sa carapace, il était devenu léger… le voilà donc qui tourneboulait droit vers la surface. Coquiperl observa l’objet de son intérêt nouveau s’envoler.

Décidément elle n’aurait jamais ce qu’elle voulait.

Crustabri atteignit presque la surface. Le visage sombre du Pokémon traduisait une sorte de frayeur mêlée à la surprise. Il ne s’attendait vraiment pas à ça…

Et pas non plus à ce qu’un Sharpedo se dirige vers lui dans un mouvement linéaire et rigide.

En un coup de dent, tout fut foutu. Coquiperl vit passer les débris gris embaumés dans le sang et les humeurs corporelles du mollusque, ballotées par le chaud courant marin baigné de soleil…

Elle put enfin rêver à nouveau d’être Adorée…

Et finalement c’était beaucoup mieux que de l’être réellement !