Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Calendrier de l'Avent 2018 de Comité de lecture



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Comité de lecture - Voir le profil
» Créé le 11/12/2018 à 18:05
» Dernière mise à jour le 11/12/2018 à 18:05

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Jour 11 : Un bleu au coeur, par Khlass
« Allez les enfants, asseyez-vous sur les tapis et chuchotez si vous voulez parler, je vous mets le film. »

Dans notre petite salle aussi grande qu’une chambre du Centre Pokémon d’Argenta, un de mes huit camarades leva la main et demanda :

« Karine, il sera aussi bien que celui de la semaine dernière ? »

Notre nounou, sourit de cette remarque et lui répondit :

« Ah ça Grigor, c’est à toi d’en juger à la fin du film, je peux juste te dire que beaucoup d’enfants de ton âge l’ont aimé. Je préfère vous prévenir, il y a un petit passage qui fait peur mais je pense que de grands garçons comme vous sauront faire preuve d’un courage exemplaire et n’auront même pas peur ! ».

Des chuchotements fusèrent à la suite de cette remarque. J’avais rarement peur dans les films parce que je me disais que rien n’était réel.
Tout le monde s’était enfin assis et on était impatients que commence le film. Il s’appelait L’incroyable Noël de Monsieur Mime.
Avec mes camarades du pensionnat, on se retrouvait toujours le mardi soir dans cette salle pour regarder un film en cassette. Le mercredi, on n’avait pas école donc Karine nous autorisait à nous coucher un peu plus tard. En plus ce mois-ci, c’est le mois de Noël alors on avait le droit à encore plus de films !

Juste avant que Karine ne prît la télécommande pour mettre en route le film, je récupérais sa boîte comme à mon habitude. Qu’est-ce qu’elle était belle ! On y voyait un paysage bleuté avec des formes en spirales et des collines. Tout en haut, il y avait un M. Mime majestueux qui posait devant une grande Lune brillante dans la nuit. Et en bas, sur les collines, plein de petits Pitrouille avaient l’air de gambader. J’aimais beaucoup le bleu et toutes ses nuances. Surtout à l’approche de Noël, ça me rappelait toujours les Baies Oran décorées que m’offrait Yvette, mon ancienne nounou. Karine l’avait remplacé depuis l’année dernière mais Yvette était quand même toujours au pensionnat, c’est juste qu’elle avait moins de temps pour s’occuper de nous parce qu’elle était malade. Elle allait souvent faire des visites à l’hôpital aussi, comme ce soir. Elle se baladait toujours avec un boitier et son Negapi et elle nous disait qu’elle avait un problème à son cœur et que Flèche, son Negapi pourrait toujours l’aider avec son électricité en cas de pépin. Je pense qu’elle avait une sorte de bleu au cœur.

Je sursautai et en lâchai la boîte quand le film démarra, le son étant beaucoup trop fort. Dany, assis à côté de moi, me rigola au nez :

« Ba alors Germain, si tu as déjà peur maintenant, ça va être quoi tout à l’heure ? »

Je lui donnai un coup de coude amical en souriant tout en ajoutant un « pff, t’es bête » comme seule réponse. Dany était mon meilleur ami. Il avait 9 ans comme moi et rêvait de devenir shasseur. Il voulait trouver un maximum de Pokémon chromatiques et leur redonner leur vraie place dans notre société. Je ne savais pas où il était allé chercher des idées aussi incroyables mais quand il parlait de son rêve, on croyait entendre un adulte. Je ne sais pas pourquoi mais Dany avait toujours aimé les choses brillantes.
Moi mon rêve c’était de créer ma propre pension Pokémon et en vrai, avec Dany on se voyait travailler ensemble, lui en train d’explorer les régions pour trouver des shiny, moi en train de prendre soin d’eux à la pension. Ce serait tellement cool !

Un jour, avec Dany on a vu un Pokémon brillant. C’était un Psykokwak. Il était trop beau avec son pelage bleu ! Mais il était exclu par son groupe et errait dans la campagne, près d’un lac. Un peu comme nous en fait. On était dans un orphelinat à Argenta et personne à part Yvette et Karine ne s’occupait de nous. L’école, c’était Yvette qui nous la faisait et donc Karine depuis l’année dernière. En tant qu’orphelins, on ne pouvait même pas avoir de Pokémon à notre dixième anniversaire parce qu’il nous fallait un parent ou un tuteur. Et malheureusement, Karin ou Yvette ne comptaient pas. La semaine dernière, Karine m’avait dit qu’elle n’avait pas le droit d’être ma maman adoptive à moi ou à mes camarades parce que c’était interdit par la loi. Elle disait qu’Yvette avait essayé de faire avancer les choses mais qu’à cause de sa maladie, elle ne pouvait plus s’en occuper maintenant. Moi, je m’en fichais un peu parce que je ne voulais pas devenir dresseur mais d’un autre côté, si je trouvais un Pokémon dans la forêt qui voulait bien devenir mon ami, eh bien je n’en aurais pas le droit.

« Hey Germain, tu ne trouves pas que le M. Mime on dirait Alphonse ? »

Dany m’avait sorti de mes pensées avec ses chuchotements.

« Euh… Je ne suis pas sûr de bien comprendre. Alphonse a une grosse tête d’accord mais…
- Mais non gros Keunotor, je te parle de comment il est. On a l’impression que c’est un méchant et un gros dur alors qu’en fait, il est super gentil et il ne ferait pas de mal à un Bombydou.
- Aaaah d’accord. Oui tu as raison. On lui mettrait un grand parka bleu marine et un béret à carreaux, on ne verrait plus la différence, dis-je en m’esclaffant. »
- Dites-donc vous deux, s’interposa Karine, faites moins de bruit, on vous entend rire comme des Capumain à l’autre bout d’Argenta !
- Pardon, répondit Dany tout en ayant du mal à se contenir, on sera sages maintenant promis !
- J’espère bien, sinon pas de lecture demain soir ! »

On avait intérêt à se tenir sages. Les soirs où on ne regardait pas la télé, on pouvait lire un livre avant de dormir, ça aussi on aimait beaucoup avec Dany et les autres enfants. En ce moment, je lisais Crocs bleus, une jolie histoire sur un Lougaroc shiny que Dany m’avait passée.

« Bon allez, arrête de me raconter des trucs drôles, après on va se faire punir. »

Dany me regarda avec de grands yeux.

« Quoi !? Mais c’est toi qui as fait la blague sur le manteau d’Alphonse. J’y crois pas, l’autre il m’accuse. »

On se retenait de rire tant bien que mal. J’essayais de me reconcentrer sur le film. Alphon… Le M. Mime était arrivé dans un monde de Noël avec plein de Cadoizo et de Pikachu avec un bonnet vert et blanc. Il y avait aussi plein de cadeaux ! Des rouges, des verts, des multicolores et surtout un, qu’apportait un Cadoizo au M. Mime et qui était orné d’un ruban bleu clair…

Cela me rappelait mon seul cadeau de cette taille que je n’ai jamais eu. C’était il y a 3 ans, Yvette nous avait offert à chacun un gros cadeau parce qu’elle avait gagné des sous grâce à un Miaouss abandonné qu’elle avait soigné. Elle avait pensé à moi en m’offrant un magnifique pull bleu à l’effigie de Lokhlass dans une boite avec un ruban aussi bleu que celui du film. Elle l’avait pris assez grand pour que je puisse le porter longtemps. C’était tellement un beau Noël… Et puis malheureusement, la police est venue récupérer le Miaouss qui n’était pas autorisé à rester avec nous. Encore des règles d’adultes que je ne comprenais pas.

Vers la fin du film, je repensai à ces baies qu’on m’offrait. Le M. Mime avait ramené plein de bonnes choses dans son monde dont des bonbons et des baies. Les baies Oran avec plein de morceaux de noigrumes plantés dedans en guise de décoration, c’était super beau mais ça ne se conservait pas très longtemps. Comme si la baie me disait un message : à Noël, tout est beau, tout va bien et puis, peu de temps après, la baie flétrit, un peu comme l’ambiance à la pension. J’ai toujours gardé ma joie de vivre jusqu’à présent parce que je suis bien entouré et j’espère que ça continuera toujours comme ça. Avec Dany de toute façon, on se serrera toujours les coudes. Yvette dit qu’on est copains comme Gruikui et que c’est génial de pouvoir compter l’un sur l’autre.

Karine se leva et se dirigea vers la télé.
« Et voilà les enfants, c’est fini. Je vois que vous avez tous été vaillants car aucun d’entre vous n’a eu peur. Alors, vous avez bien aimé ? »

La majorité de mes camarades avait bien aimé, d’autres ne savaient pas trop quoi en penser. J’ai adoré le film pour ma part car les dessins étaient très beaux et l’histoire m’a rappelé beaucoup de souvenirs. Ce n’était pas que des bons souvenirs mais du haut de mes neuf ans, je savais déjà que la vie nous réservait des hauts et des bas.
Tout le monde était reparti dans le dortoir. En arrivant sur mon lit, je remarquais que j’avais oublié mon gilet dans la salle de vidéo. Je disais alors à Dany que je retournais la chercher et celui-ci m’accompagna.

A l’approche de la salle, on entendit Karine parler toute seule. On comprit qu’elle était au téléphone. Plus on s’approchait, mieux on entendait ce qu’elle disait.
« … Oui Yvette, je sais… Mais tu sais bien que ce n’est pas facile. Je ne sais pas comment leur annoncer… Oui… Oui enfin tu sais bien que plusieurs d’entre nous en voudront d’être séparés… En même temps, ils sont vraiment cons au Conseil 4 de vouloir fermer l’orphelinat juste avant Noël ! Ils ne pouvaient pas attendre l’an prochain ?... Oui, vraiment pas de cœur… On a déjà quelques familles prêtes à les adopter, c’est déjà pas mal… mmmh… oui… Oui, sinon faut quitter Kanto… Ah non Yvette, je ne te laisserai pas seule… »

Tout le temps de cette conversation, on se regardait avec Dany… Rien qu’avec nos yeux, on se comprenait et on ne voulait pas quitter la pension. J’avais peur de me retrouver sans lui et vice-versa. Que pouvait-on faire ? On se regardait toujours et je voyais les premières larmes embuer les yeux de mon ami. Les miennes n’allaient pas tarder à arriver. Pour la première fois, c’était bientôt Noël et j’étais triste. Pour la première fois, le bleu ne me réjouissait pas. Au contraire, il me faisait mal, mal au cœur. J’avais à mon tour, un bleu au cœur.