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Calendrier de l'Avent 2018 de Comité de lecture



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Informations

» Auteur : Comité de lecture - Voir le profil
» Créé le 02/12/2018 à 11:56
» Dernière mise à jour le 02/12/2018 à 12:32

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Jour 2 : HeartGold, par Sab_elette25
Doublonville, de nos jours …

Les flocons recouvrent peu à peu la ville qui brille de mille feux sous les illuminations de Noël. La nuit tombe tôt en cette période hivernale, permettant aux habitants de savourer plus longtemps la beauté et la magie de ces jeux de lumières. Le spectacle laisse rêveur derrière la vitre opaque du quatrième étage, mais il est temps pour Blanche, la championne d’arène de Doublonville, d’aller mettre son fils au lit. Elle prend soin de le border à la lueur de sa lampe de chevet tout en contemplant encore un instant cette féérie par la fenêtre à côté du lit de l’enfant.

« Dis Maman, tu ne voudrais pas me raconter une histoire pour m’aider à dormir ? »

Blanche réfléchit un instant. Une histoire, une histoire, son inspiration ne semble décidément pas tout à fait au rendez-vous. Elle s’assoit auprès de lui, l’air pensif. Les scintillements extérieurs lui rappellent soudain un vieux récit de Doublonville, que l’ancien champion d’arène avait pris soin de lui confier à ses débuts. Il l’avait profondément touchée à l’époque, et il lui semblait sage de le confier un jour à son enfant. L’occasion se présente donc ce soir. Elle passe une main sur le visage angélique du bambin et prend un air serein.

« Je vais te confier une histoire que les champions d’arènes de la ville se transmettent de générations en générations. Elle se déroule il y a environ cent ans, ici même, à Doublonville. C’est l’histoire de la jeune fille au cœur d’or ».
Les yeux du petit pétillent d’impatience. Il serre sa Poképoupée Pikachu contre lui et écoute, plein d’enthousiasme.


« Il était une fois, il y a cent ans, une jeune fille de quinze ans qui s’appelait Oriane. Elle avait de longs cheveux blonds cendrés, était de taille moyenne, et le cuivré de ses yeux lui donnait un air malicieux. Sa richissime famille faisait partie de la bourgeoisie, son papa était d’ailleurs le directeur du Casino de la ville. Elle avait également deux grandes sœurs : Laure, un mannequin réputé et d’une beauté inégalable, et Hortense douée d’une intelligence et d’un sens aiguisé des affaires. Bien qu’elle ne manquait de rien, elle se sentait parfois isolée et avait du mal à trouver sa place dans la famille. Elle estimait qu’elle n’avait ni la beauté de Laure, ni l’intelligence d’Hortense. Elle cherchait donc encore sa voie, malgré une jeunesse dorée et un destin tout tracé.
Oriane était volontaire et aimait faire plaisir aux autres. C’est pourquoi en ce samedi matin de décembre elle décida d’emmener le Miaouss familial chez le toiletteur du souterrain de la ville afin d’en faire la surprise à sa famille. Il serait ainsi parfait pour les fêtes. Elle prit soin d’enfiler préalablement son manteau vermeil par-dessus sa robe de satin jaune, noua son foulard en soie doré et arbora fièrement le béret ambré que Laure lui avait gentiment légué. Elle attrapa Miaouss dans ses bras et franchit le pas de la porte.
La ville scintillait. Les rues étaient décorées à l’occasion du marché de Noël. Le contraste étaient saisissant entre la neige recouvrant allées et toitures, et la palette de couleurs hivernales proposées par les marchands, à la fois diversifiée mais unanimement éclatante.
La jeune fille, toujours aussi émerveillée malgré les années, descendit dans le souterrain et arriva au niveau des stands de luxe, où strass et paillettes hypnotisaient les visiteurs. Elle s’avança vers le toiletteur et y déposa Miaouss pour sa séance, pendant qu’elle patientait avec un chocolat chaud proposé par le commerçant. Son regard se perdit sur les paniers de baies exotiques du stand d’en face. Certaines devaient venir de très loin.

Soudain, son attention fut accaparée par une petite masse terreuse qui s’avançait discrètement en direction des baies, toutes plus appétissantes les unes que les autres. La faible créature essayait vainement d’en saisir une, mais la table semblait désespérément hors d’atteinte. Prise de compassion pour le pauvre petit Pokémon, Oriane s’approcha, mais ce dernier terrorisé fila se cacher derrière un amas de bûches. Son regard larmoyant filtrait à travers les espaces du bois. Oriane acheta alors une baie Sitrus et la lui proposa en douceur. La faim finit par l’emporter sur la crainte et le petit Pokémon sortit de sa cachette. Oriane pu enfin l’identifier, il s’agissait d’un Sabelette.
Après quelques minutes passées à lui parler et le rassurer, elle put le caresser. Une vraie alchimie venait de naître entre eux deux. Le genre de lien qui lorsqu’il se crée peut durer toute la vie : le lien du cœur. Elle proposa à Sabelette de la suivre et de faire partie intégrante de sa vie dès à présent. Le petit Sabelette accepta avec une joie non dissimulée.
Oriane récupéra Miaouss et demanda au toiletteur s’il pouvait faire quelque chose pour son nouvel ami. Après un bon nettoyage, le pelage doré de Sabelette était éclatant de propreté. C’est avec impatience qu’Oriane, Miaouss et Sabelette regagnèrent le foyer familial. Elle avait hâte de le présenter à son père et à ses sœurs.

Sabelette rayonnait de gaité au moment de pénétrer dans la demeure. La vie lui offrait enfin une seconde chance. Oriane déposa Miaouss sur le canapé à l’entrée du salon, où son père était attablé, vraisemblablement occupé par un dossier épineux. Laure s’admirait dans le miroir en posant pendant qu’Hortense lui reprochait sa façon désastreuse de gérer son argent. Personne n’ayant remarqué sa présence, Oriane racla sa gorge et présenta son nouvel ami à l’assemblée.
Malheureusement l’effet ne fût pas celui escompté malgré le visage heureux et rempli d’amour de Sabelette. Laure se mit à hurler d’effroi à la vue de la belette ambrée. Hortense demanda si c’était une plaisanterie de rapporter un spécimen aussi peu raffiné et sans valeur chez eux. Et son père ajouta que si elle voulait un Pokémon de compagnie, il lui en achèterait un de race plus noble pour Noël, mais qu’il ne valait mieux pas toucher à ces Pokémon sauvages porteurs de maladies.
Profondément blessé par ces propos ravageurs et sans compassion, le petit Sabelette fondit en larmes, le cœur lourd, et s’enfuit sans délai par la chatière de la porte d’entrée. »

« Hooo, mais Maman, comment ont-ils pu ? C'est horrible ! Est-ce que Sabelette a retrouvé un foyer aimant ? » demande le petit garçon.
« Eh bien, je dirais même mieux que ça. Tu vas le voir avec la suite de l’histoire » continue Blanche.


L’enfant rassuré se repositionne pour ne rater aucun détail du reste de l’histoire.

« Oriane était choquée et attristée par leur comportement. Déboussolée, elle sortit dehors récupérer Sabelette et tenter de le réconforter. Mais le petit Pokémon avait déjà filé. Elle le chercha pendant plusieurs heures, appelant son nom dans les ruelles. C’est finalement au détour d’une poubelle qu’elle l’aperçut en pleurs et frigorifié. Elle le prit dans ses bras et lui jura que désormais plus personne ne le traiterait de la sorte. Si sa famille ne voulait pas de lui, alors elle ne voudrait plus d’eux non plus.
A cet instant, Oriane n’avait jamais été aussi sûre d’elle de toute sa vie. Son cœur avait parlé. Elle n’avait jamais été aussi riche que maintenant, assise dans la neige près d’une poubelle avec Sabelette dans les bras. Elle avait la sensation que tout était possible et qu’ensemble ils franchiraient tous les obstacles quels qu’ils soient. Une décision radicale qui serait lourde de conséquences, elle le savait aussi.

Comme si le destin voulait lui montrer le chemin à suivre, une plume scintillante tombée du ciel vint alors se déposer au creux de sa main gauche. Elle était magnifique et sa lueur arc-en-ciel illumina son visage. Oriane leva la tête et distingua au détour d’un nuage le vol majestueux de l’oiseau légendaire de la région, se dirigeant vers le Nord : le flavescent Ho-Oh. Cet instant sacré resta gravé dans sa mémoire toute sa vie et scella son destin. Ho-Oh venait de lui indiquer de suivre le chemin de son cœur et lui montra sa direction. »

« Wow, elle a vu Ho-OH en vrai ! elle a beaucoup de chance ! » intervient le jeune garçon.
« Oui, comme tu dis. Elle ne pouvait espérer meilleure réponse, elle avait indéniablement fait le meilleur choix » répond Blanche, avant de reprendre.
« Oriane avait compris le message du majestueux oiseau de feu. Elle savait aussi que ce qui allait suivre allait à l’encontre de toute l’éducation qu’elle avait pu recevoir. En effet, la noblesse de la ville considérait le dressage et les combats Pokémon comme indignes d’eux et réservés au petit peuple. C’est pourquoi Doublonville n’était pas dotée d’arène. Aucun dresseur n’était assez représentatif de la richesse de la ville pour prétendre à un éventuel titre de champion d’arène, selon les nobles. Même si certains pariaient clandestinement sur des combats, aucun ne se risquaient à y avoir le premier rôle.
Tant pis, elle serait donc une dresseuse Pokémon et arpenterait les routes de la région en compagnie de Sabelette. Qu’importe son origine, il était temps de repartir de zéro. Sabelette la soutenait à cent pour cent, et était reconnaissant du sacrifice que sa dresseuse avait fait pour lui. Il se dévouerait ainsi corps et âme pour elle, et pour toute la vie.

Ainsi, Oriane pris la route pour Rosalia. Durant son périple qui durera plusieurs années à travers Johto, elle fit des tas de rencontres toutes plus enrichissantes les unes que les autres. Elle visita des lieux uniques et mémorables. De nouveaux Pokémon rejoignirent son équipe. Elle consacra toute son énergie à les entraîner et à les aimer. Elle reçut également beaucoup en retour. Elle avait mûri et rayonnait d’assurance. Elle apprit que sa famille l’avait d’abord recherché activement puis avait fini par comprendre ce qu’elle avait fait et l’avait finalement reniée. Les choses étaient peut être mieux ainsi.
Une idée avait fait son chemin dans sa tête durant ces années. Désormais âgée de vingt ans, elle était devenue une jeune femme ambitieuse. Il était temps pour elle de rentrer redorer le blason de sa ville, afin que Doublonville connaisse enfin son âge d’or. Les temps avaient changé, il fallait décoincer cette noblesse dont l’opulence et l’arrogance étouffaient la ville. Il fallait démocratiser le dressage et la capture, et bannir l’achat de Pokémon. Il fallait apprendre à vivre autrement et respecter la diversité du monde. Respecter la diversité des Pokémon.


C’était l’après-midi-même de l’inauguration du marché de Noël, qu’elle franchit les portes de la ville. Les habitants étaient rassemblés près d’une estrade où le maire effectuait son discours annuel au niveau de la place centrale. Oriane sortit la plume arc-en-ciel de sa poche et la contempla un instant. C’était le moment pour elle d’accomplir son destin. Elle avait appris à se faire confiance, et qu’il y avait toujours une solution à une situation périlleuse. Elle savait que les obstacles qui pouvaient se dresser devant elle n’étaient en fait que des portes dont elle seule détenait la clé au fond d’elle. Rien n’était infranchissable. Et c’est dans cet état d’esprit qu’elle s’avança vers la scène, monta sur l’estrade du maire, devant une foule interloquée, et prit la parole.
Son discours fût à la fois solennel par sa forme, poignant par son fond et novateur par ce qu’il allait apporter. L’assemblée ne manqua pas une miette de son intervention et beaucoup se rallièrent à sa cause. »

« Qu’est-ce qu’elle a dit ? Comment ont-ils pu changer d’avis en quelques minutes ? » interroge le petit.
« Elle a su toucher les gens en plein cœur, elle a produit l’étincelle qui a su raviver la flamme chez beaucoup de personnes » enchaîne la maman. Elle donne alors plus de précisions à son fils.

« Oriane se présenta et expliqua son parcours depuis son départ : la rencontre avec Sabelette, le message d’Ho-Oh, la fracture sociale entre la ville et le reste du monde, son amour de Doublonville mais son mépris des dogmes arriérés. Puis elle enchaîna sur son ascension en tant que dresseuse en appelant sur l’estrade son étincelante équipe d’or : le mordoré Sablaireau, le survolté Pharamp, le scintillant Dracolosse, le précieux Roucarnage, le brillant Alakazam, et le lumineux Solaroc. Aucune pépite n’aurait pu briller plus fort que ces 6 Pokémon réunis. La scène suffit à convaincre les derniers sceptiques.

Elle fit alors la demande solennelle au peuple de devenir leur première championne d’arène. Elle était originaire de la ville, de famille noble quoiqu’on en dise, et divinement guidée. Elle saurait les représenter par l’éclat doré de son équipe, de son nom, et surtout de son cœur. Elle montra qu’au-delà de la diversité, des membres de son équipe notamment, il y avait une unicité, la lumière qu’ils dégageaient.

On fit alors construire une arène au nord de la ville. Ce fut ainsi la première championne élue à l’unanimité du peuple, et à ne pas être spécialisée dans un type précis de Pokémon. Elle fut cependant connue dans le monde entier comme "la Championne Dorée", dont le badge Cœur d’Or était l'un des plus difficile à obtenir. Elle mena son arène d’une main de fer avec passion et détermination. Elle suscita beaucoup de vocations parmi la jeunesse. C’était un phare, un guide, une meneuse. Doublonville illumina Johto pendant près de trente ans sous son règne, jusqu’à ce qu’elle passe la main à son successeur qui développa son travail avant de passer à son tour le flambeau à d’autres, puis d’autres, … jusqu’à moi. »
« Trop bien ! Moi aussi je pourrai devenir un grand champion et changer le monde comme Oriane ? » demande le garçon, des étoiles pleins les yeux.
« Si tu suis ton cœur mon chéri, tu accompliras dans tous les cas de grandes choses. Mais en attendant, tu dois dormir. Car c’est en rêvant que les grands Hommes distillent leur réalité » conclut sa maman.

Blanche dépose un baiser sur le front de son fils en éteignant la lampe de chevet. Le petit garçon s’endort, avec en fond, le décor des lumières dorées de la ville scintillant dans la nuit, le transportant dans un sommeil profond, au plus profond de son cœur.