Le sauvetage d'un professeur ou la quête de la tueuse qui se prenait pour un écrivain de louglaciale1

Safrania Kanto.


Le commandant Amos de la Team L fulminait. Ce n’était qu’une question de minutes avant que la porte blindée de son bureau ne cède sous les coups de ces satanés enquiquineurs.

Le laboratoire qu’Amos dirigeait était le dernier. Les installations de la Team L étaient tombées, les unes après les autres sans que personne ne puisse rien y faire. Depuis la destruction du laboratoire de Kalos quatre ans auparavant la team L n’avait fait que perdre de sa force. Les autres laboratoires et les admins étaient tombés : Arianne assassinée, Lance arrêté, Lambda qui s’était fait exploser avec le labo de Sinnoh et Courtney introuvable…

Il ne restait que lui, Amos, l’ancien dirigeant de la Néo Team Rocket. Nikolaï avait fui pour Alola et la dernière base secrète de la Team L. Le commandant suprême eu brusquement un accès de nausée. Dire qu’un misérable groupe de gosses avait réussi à foutre en l’air plus de vingt années de travail. Vingt putains d’années de recherche sur une arme biologique et sur l’armement !

Oui, la team L était bel et bien morte. Le plan qu’il avait imaginé ne serait jamais réalisé. Oui Amos était fini mais il n’allait pas capituler sans se battre. S’il pouvait défigurer un de ces fichus gosses avant d’être arrêté ce serait le bonheur.

Voyant que la porte était sur le point de céder, Amos se leva. Il réajusta son costume tiré à quatre épingles et saisit la Pokéball de son Démolosse. Si ces justiciers pensaient trouver une reddition totale ils allaient être servis.



Le Motisma d’Alex fit enfin céder le blindage de la porte grâce à une attaque Surchauffe surpuissante. Alex s’occupait du commandant pendant qu’Hermès guidait le groupe depuis la salle de surveillance.

- Faites attention professeur, déclara le jeune dresseur dans l’oreillette qu’Alex portait. Le commandant n’a pas l’intention de se rendre.

- Je m’y attendais, répondit le professeur. Il a un profil de psychopathe cet Amos. S’il se rend, c’est qu’il a un plan en tête. Comme là il n’a plus le moindre but,
il ne lui reste que la défaite en faisant le plus de dégâts possibles. Et Tu devais pas me tutoyer au fait depuis le temps ?

- Désolé prof euh Alex mais c’est impossible pour moi c’est impossible. Je suis bien incapable de tutoyer un être aussi vénérable que vous.

Le professeur soupira. Lui vénérable ? Il était tout sauf vulnérable. Hermès était trop rigide pour lui. Alex préférait des rapports plus familiers au sein d’un groupe. Louise lui manquait…

Repenser à sa meilleure amie lui comprima le cœur. Sentant les larmes lui monter aux yeux, il choisit de penser à autre chose.

- Et sinon, elle est où ta bien aimée ? Demanda-t-il.

- Elle démolit tout ce qui se rapporte aux expérimentations.

- Mais ce n’est pas sa tâche, riposta Alex, furieux. A quoi elle joue au juste ?

- Vous savez qu’elle ne connaitra aucun repos tant qu’UC-010 et son créateur ne seront pas détruits. Cette monstruosité a tué…

- Je sais, le coupa Alex, la gorge serrée. Je sais ce qu’elle a fait. Mais ça tourne à l’obsession, ça m’inquiète.

- Ne vous inquiétez pas, répondit Hermès d’un ton qui se voulait rassurant. Je gère la situation.

Alex, peu convaincu, entra dans le bureau, son Motisma à ses côtés, prêt à en découdre mais il garda en tête de discuter avec Julie après ça. Ça devenait urgent.



Quelques heures plus tard, le laboratoire était enfin tombé entre les mains de la police. Amos et tous les sbires présents avaient été arrêtés et les recherches présentes confisquées. Le groupe s’était réuni dans un restaurant de la ville pour faire le point sur les évènements.

- Bon, déclara Hermès après avoir pris une gorgée de mojito. Il ne manque que Nikolaï et notre travail sera terminé. Selon mon contact des renseignements il se serait caché à Alola.

- Est-ce qu’on sait où exactement ? Demanda Alex.

- Malheureusement non, se désola Hermès. Mais on a un début de piste. Il existe un gros laboratoire dans la région.

- Le paradis Aether, marmonna le professeur, peu satisfait de ce fait.

De trop nombreux mauvais souvenirs lui revenait en mémoire à propos de cet endroit.


- Est-ce que tes contacts ont réussi à localiser UC-010 ? Demanda abruptement Julie.

- Le dernier lien visuel qu’on a avec cette chose remonte à quatre ans. C’est une caméra de surveillance de l’aéroport de Kalos. Elle et son groupe de protecteur ont pris l’avion mais on ne sait pas où. Et en quatre ans, ils ont pu se réfugier n’importe où.

- Mais bordel il faut qu’on la retrouve !

Alex sursauta avant de juger la jeune femme. Depuis la révélation à Kalos, la petite sœur de Louise avait bien changé. Mais, selon le professeur, ce changement était teinté d’une hypocrisie assez désagréable en bouche. Avant toute cette affaire, la famille de son amie n’en avait jamais rien à faire d’elle, sa sœur ne faisant pas exception.

Pire, l’indifférence s’était peu à peu muée en colère, en mépris, ce qui avait poussée Louise à fuguer. Julie était l’incarnation même de la fille hypocrite qui était prête à modifier l’histoire, les gens et les évènements pour que ce soit elle-même qui soit mise en valeur et pas les autres. Les rares fois où Alex était venue chez les Harris, l’atmosphère était lourde, pesante et froide. Sans s’en rendre compte, son amie s’était fait mettre à l’écart, rejeter par sa propre famille.

Oh oui Alex se souvenait très bien des crises de larmes ou des pertes de confiance répétées de son amie à cause de ces gens. Quand ils voyageaient tous les deux, elle resplendissait de bonheur, mais son état se dégradait à l’instant même où elle se retrouvait dans sa maison. Non, Alex n’avait pas été content de devoir travailler avec elle. L’hypocrisie était d’autant plus insupportable qu’après avoir tout fait pour détruire psychologiquement sa sœur, Julie avait instantanément replacé sa sœur en modèle, en martyr. La meilleure des sœurs qu’il fallait venger à tout prix.

S’il y avait une personne qui était réellement digne d’éliminer Nikolaï et sa création, c’était lui et pas elle. Mais il préféra ne rien dire. Ça faisait longtemps qu’Alex avait cesser de vouloir discuter avec ce mur. Il n’en avait aucune envie d’ailleurs.

Il se contenta de finir son soda et de déclarer d’une voix neutre.

- Alors en route pour Alola.



Ce fut la semaine qui suivit qu’ils purent atterrir à l’aéroport d’Ekaeka, en fin de matinée, prêt à commencer leurs recherches. Malgré son passage treize ans auparavant, Alex connaissait mal cet archipel. Mais il avait pu rencontrer le professeur Euphorbe.

Il avait donc prévu d’aller le voir en personne. Que les deux tourtereaux aillent s’amuser ensemble, Alex préférait faire cavalier seul sur ce plan. Euphorbe allait peut-être pouvoir le renseigner sur Nikolaï, les ultra-chimère ou même UC-010. Les autres, il se fichait complètement ce qu’ils allaient faire.

Alors que les habitations d’Ekaeka s’éloignaient peu à peu, Alex revivait ses quelques moments de voyages à Alola. Il libéra alors son Archéduc, pour qu’il puisse profiter d’être de retour dans la région dans laquelle il avait vu le jour. Le professeur regarda son Pokémon voler avec joie et repensa à la première capture de son amie. Un combat magnifique pour un petit Flabébé au milieu d’un champ de fleur. Qu’est-ce que Louise avait pu rire pendant ce combat et son sourire si éclatant quand Flora avait accepté de rejoindre l’équipe avec Nocta.

Il n’arrivait pas à se faire à la mort de son amie. En fait, le plus dur pour lui avait été d’apprendre que son amie était morte depuis trop longtemps sans qu’il puisse le savoir. Il avait très violemment réagi en voyant la vidéo et avec le recul, il s’est rendu compte qu’il avait très mal réagi. Il aurait dû se calmer et faire des observations… Et si son amie était encore en vie après tout ? Pa son corps mais son esprit ? De manière inconsciente UC-010 s’était peut-être tuée en laissant l’esprit de Louise l’envahir et l’éclipser totalement… Mais pour le savoir il fallait qu’il la retrouve.

Sans s’en rendre compte il pleura un petit moment, attirant le regard de son Archéduc. Il se posa et épongea les joues de son dresseur avec ses plumes.

- Merci mon vieux, déclara Alex. J’ai de la chance de t’avoir.

- Duc, répondit son Pokémon en fermant les yeux.

Il se remit ensuite en route vers la demeure d’Euphorbe sur la plage. Enfin, la maison d’Euphorbe n’avait de maison que le nom. Ça ressemblait plus à un cabanon branlant prêt à s’effondrer au moindre impact. Le jeune professeur était aussi doué en chantier qu’Alex pour le rangement. Ils étaient complémentaires en fin de compte, du moins pour ce qui était du bordel domestique.

Il se surprit même à rire un peu quand il senti un regard se poser sur lui. Il se retourna vivement mais ne vit rien ni personne. Ce fut avec cette désagréable sensation d’être observé qu’il entra dans la maison d’Euphorbe.



Le professeur Corzoma était entré en contact avec le professeur Euphorbe, seul. C’était une très bonne chose pour Anthony, ça oui.

Il observait la plage depuis un petit rocher tout en dégustant une barre glacée. Le cambrioleur avait bien évolué en quatre années. Son objectif de vengeance accompli, il s’était donc racheté une conduite et, après avoir fait son tour des îles en un temps record, avait été nommé doyen de l’île de Melemele en succession de Pectorius. Il avait donc choisi de se spécialiser dans le type acier.

Mais sa nomination et ses nouvelles occupations n’avaient aucunement altérer ses facultés d’infiltrations. Il avait toujours sa dette à rembourser et il était un homme d’honneur. En plus, ses nouvelles fonctions lui donnaient certains avantages non négligeables pour aider Louglaciale.

Le soleil commença à taper violemment sur la plage et Anthony eut un brusque mouvement de recul devant la douleur soudaine. Anthony s’était mieux remis que Will face aux expériences de la team L. Physiquement il n’avait conservé qu’une gemme au milieu du front et une incapacité à endurer la chaleur très longtemps. Au moins Will pouvait utiliser les capacités d’un Luxray, pas lui. Il n’avait pas eu beaucoup d’avantages mais au moins, il avait pu reprendre une forme humaine et de toute manière, il avait trouvé une parade à ce phénomène.

Il prit une de ses Pokéball et libéra son occupant. Un sablaireau d’Alola apparut et fixa son dresseur.

- J’ai besoin d’une nouvelle dose poto, déclara Anthony en continuant à se protéger du zénith.

- Blaireau.

Le Pokémon lança une attaque Blizzard très puissante sur son dresseur qui put respirer de nouveau normalement.

- Merci Poto, t’es un ange.

- Sa, répondit joyeusement le Pokémon avant de retourner dans sa Pokéball.

Quelle chance Anthony avait eu de tomber sur ce Pokémon. Il était parfait pour compléter son équipe de doyen et il était son remède pour soigner son intolérance au soleil. Chaque attaque Blizzard qu’il effectuait protégeait Anthony pendant deux ou trois heures.

Mais il n’allait pas poireauter tout ce temps au même endroit. Il allait juste prévenir les restes du groupe et partir.

Il alluma sa Pokémontre, régla la bonne fréquence et prononça le mot de passe du groupe.

- J’aime The Thing.

- Celui de 2011 ou l’original ? Demanda Will au bout de la ligne.

- L’original, répondit Anthony. L’autre c’est un putain de plagiat.

- Ton acteur préféré ? Continua le flic d’un ton amusé.

- Kurt Russel, répondit le doyen en se disant qu’il serait temps qu’il fasse des recherches sur cet acteur que Louglaciale adorait.

- Ok c’est bon t’es reçu. Quoi de neuf ?

- Les traitres ont débarqué mais on a le prof qui s’est séparé des autres pour aller voir Euphorbe.

- Euphorbe est fiable, il nous trahira pas, tout comme Gladio.

- Ouais mais il vaut mieux rester prudent. Je te laisse la place, je vais crever si je reste trop longtemps au soleil.

- Je sais, repose toi bien. T’as fait un super boulot.

- Comme d’hab. On se voit ce soir et je veux ton fameux sauté de porc à la sauce soja.

- Si t’es sage.

Anthony raccrocha et quitta son piédestal en prenant la direction de Lili’i. Encore une cérémonie pour un tour des îles et après, il allait avoir une réunion pour préparer le festival en l’honneur de Tokorico. Beaucoup de boulot mais ça lui faisait plaisir. Il avait trouvé sa place et pour rien au monde il ne changerait d’existence.


24 ans auparavant, Illumis, Kalos.



Louise s’arrêta de courir, essoufflée. Elle se redressa après avoir retrouvé son souffle et découvrit la grande ville d’Illumis. Ses yeux s’émerveillèrent devant les nombreux bâtiments blancs qui bordaient la rue septentrionale.

La jeune fille remit son sac à bandoulière sur son épaule et pris la direction du laboratoire du professeur Platane.. Elle était prête à commencer son voyage initiatique pour devenir maître de la ligue Kalos.

Elle avait fui la maison familiale afin de partir en voyage. Ses seules possessions étaient ses économies, à peine 157 Pokédollars, les vêtements qu’elle portait et son sac.

Grâce à ses presque dix ans elle pouvait obtenir ce qu’il lui manquait pour partir : Un Pokémon et un Pokédex. Elle était tellement impatiente qu’elle avait presque couru pour atteindre le laboratoire de Platane. La jeune fille fut accueillie par une des disciples du professeur, une jeune femme au teint café du nom de Sina.

Elle était gentille, Sina. Ça rassura un peu Louise. Tout allait bien se passer, sa famille ne la retrouverait pas.

Le professeur Platane était en train de discuter avec un autre de ses disciples.

- Oh, voilà une bien jolie jeune fille, s’extasia Platane quand il se rendit compte de la présence de Louise. Tu as bien dix ans c’est ça ?

- Oui professeur, bafouilla la jeune fille en rougissant.

Elle n’aimait pas mentir mais elle n’avait guère le choix ?

- A la bonne heure. Viens par là. Tu vas pouvoir choisir tes partenaires. A ton avis, quels Pokémons pouvons-nous choisir à Kalos ?

- Euh, il y a Marisson, Feunnec et Grenousse ?

- Bien, sourit le professeur d’un ton bienveillant. Mais ce ne sont pas les seuls tu sais ? Tu peux aussi obtenir Salamèche, Bulbizarre et Carapuce.

- Les starters de Kanto ? S’étonna la jeune fille.

- Exactement jeune fille. Tu vas avoir du choix aujourd’hui d’ailleurs, tu es la première à arriver.

Le professeur la plaça devant une table devant laquelle se trouvait six Pokéballs.

- Choisis bien ma petite, ce sera ton partenaire, ton premier compagnon. C’est très important ça.

Louise acquiesça et s’avança d’un pas. Elle regarda chaque Pokéball attentivement. Elle devait se hâter de choisir mais elle ne voulait pas faire l’erreur de prendre le mauvais en ne réfléchissant pas suffisamment. Le fait d’avoir le choix entre les starters de Kalos et de Kanto l’arrangeait pas mal. Elle n’était pas tellement fan des trois premiers.

Elle se tourna vers Carapuce, le starter eau. Elle appréciait la petite tortue et elle connaissait son caractère assez docile, très appréciable pour les dresseurs débutants. Et le type eau était également fort utile.

Louise allait prendre la Pokéball de Carapuce quand une porte s’ouvrit en grand et des cris eurent lieu. Un petit Pokémon surgit dans la pièce en esquivant les différents assistants avant de foncer tête baissée dans les bras de Louise. La jeune fille fut surprise de voir un Salamèche mais il était de couleur dorée et non orange.

- Salamècheeee, se plaignit le petit Pokémon en se serrant contre l’enfant, qui constata que ses écailles étaient lisses et légèrement froides mais son corps chauffait de l’intérieur.


Et c’était plutôt réconfortant. Son regard croisa celui du petit lézard et ce dernier cessa sa lamentation et sourit.

- Tu es adorable toi, murmura-t-elle.

- Oh làlàlà, désolé gamine mais ce spécimen n’est pas à offrir aux jeunes dresseurs, s’excusa Platane, gêné. Il s’agit d’un spécimen d’étude.

En entendant ces mots, le Salamèche recommença à se lamenter. Il serra encore plus fort le tee shirt de la jeune fille.

Le professeur regarda ce petit manège quelques minutes avant de soupirer.

- Mais je vois direct que ça n’arrangera pas l’état de ce petit si je te l’enlève. Enfin, si tu veux de ce petit gars bien sûr.

Louise ne sut quoi dire et regarda à nouveau les grands yeux larmoyants du petit Salamèche doré. Dans ces yeux bleus, La fillette put voir le reflet de ce qu’elle était. Une envie de liberté, de pouvoir faire ce qu’il désirait, s’échapper d’un endroit qui lui dictait une vie bien lugubre…

Quand elle se tourna vers le professeur, ses yeux étaient décidés.

- Je le baptise Obscuro, dit-elle.