Chapitre 11
Lorsque Julie rentra de sa visite à l’arène, elle eut la surprise de voir que son appartement s’était transformé en auberge de jeunesse. Ils n’étaient plus trois mais 5 là-dedans. Et sa sœur avait une nouvelle Pokéball à sa ceinture.
Cette dernière releva la tête en la voyant rentrer.
- Où étais-tu ? Tu ne rentres pas si tard que ça d’habitude.
- Saches que nous sommes samedi « grande sœur », répliqua Juliadora en accentuant les deux derniers mots. Je suis ensuite une adulte donc je fais ce que je veux. Et pour finir, sache que tu as perdu le droit de me parler comme une sœur quand tu t’es barrée. Alors voilà où j’étais passée.
Elle ponctua la fin de sa phrase par un joli doigt d’honneur qui provoqua plusieurs réactions. L’indifférence de sa sœur, le ricanement d’Anthony, le souffle impressionné du jeune nouveau venu et l’adolescente qui s’offusqua de ce geste.
- Louglaciale, s’indignait-elle. Comment pouvez-vous laissez cette malotrue parler de vous ainsi ?
- Je signale à la demoiselle que je parle à ma sœur comme je le souhaite, répliqua Julie à la jeune fille.
- Menteuse, répliqua-t-elle. Louglaciale n’a pas de famille. Elle vit toute seule à…
Elle ne put finir sa phrase car Louise s’était jetée sur la jeune fille et l’avait fait taire.
- Lune, désolée de te décevoir mais j’ai bien une famille, répondit-elle d’une voix qui, pour la première fois, laissa transpirer un peu de regret. Julie est tout ce qu’il en reste. Alors Lune, s’il te plait, ne parle plus de ça devant moi tu es d’accord ?
- Ou-oui oui, répondit précipitamment l’adolescente. Pardon de vous avoir rappelé de mauvais souvenirs.
- Ne t’inquiète pas, ça va aller.
Louglaciale retourna ensuite à la table où elle était assise avant que Julie ne rentre. L’ex dresseuse remarqua néanmoins le regard insistant d’Anthony. De toute évidence, il venait d’apprendre quelque chose d’intéressant pour lui. Intéressant en quoi elle ne le savait pas mais ça ne lui augura rien de bon. Mais elle préféra ne rien dire et alla s’installer autour de la table comme tous les autres.
- Bon, commença Louise. Maintenant que nous sommes tous réunis on va pouvoir commencer. La première chose que l’on doit faire, c’est informer tout le monde de la situation.
Louise raconta ce qu’il s’était passé avec Alex, le kidnapping, le vol des recherches du professeur. Julie remarqua que Louglaciale ne cita pas le meurtre de Swany. Après tout, avec réflexion, ça c’était plus un détail personnel, pas vraiment utile pour l’affaire.
- C’est donc pour ça que nous sommes ici tous réunis. Notre but est de libérer Alex et de poursuivre cette organisation en justice.
- Pourquoi en justice ? Demanda Lune. Si c’est juste une affaire d’enlèvement, on peut pas juste le secourir ?
- Le kidnapping n’est qu’une partie du puzzle, répondit Hermès. Moi, je trouve plus inquiétante la raison de cet enlèvement.
- Exact, approuva Louise. A mon avis, cette organisation mijote quelque chose de très louche et de très dangereux. J’ai un… contact de la police internationale qui s’était infiltré pour récupérer des informations sur ce qu’ils préparaient. Mais il s’est fait prendre quand il a voulu me les refiler. Il est actuellement en détention mais j’ignore pour combien de temps encore.
- Comment tu le sais qu’il est en détention ton contact foireux ? Marmonna Anthony.
- Parce qu’il a eu le temps de me faire parvenir une source d’information ainsi qu’un allié de poids.
Louise prit ensuite la Pokéball qu’elle avait en plus à sa ceinture et fit sortir le Pokémon qui était dedans. Un Alakazam au torse recouvert de petites cicatrices apparut devant l’assemblée.
- Je vous présente Houdini, le partenaire de mon contact. Avec Hermès, il constitue notre source d’information.
- Houdini ? C’est quoi ce prénom de merde ?
- Pour apprendre quelque chose à ta cervelle atrophiée, marmonna Julie qui commençait à en avoir marre de l’attitude de ce ouvre porte. Houdini est un des grands magiciens de la fin du 19e et du début du 20e siècle. C’est un des grands noms dans l’univers des magiciens. Je crois me rappeler qu’il possédait un
Psystigri pour l’accompagner. Loulou, tu pourras dire à ton contact qu’il a une bonne culture.
L’Alakazam mis une main sur con torse et s’inclina légèrement. Sa voix résonna dans l’esprit de chaque membre du groupe.
« Mon dresseur est un homme bon qui a voué sa vie à la justice. Mon seul but est de pouvoir le libérer et de réaliser son souhait de détruire la team « L ».»
- Mais c’est quoi exactement la team « L » ? Demanda Lune. Jusqu’ici, ma seule expérience ça a été la folle qui a voulu nous tuer.
- Ça je peux y répondre, déclara Hermès. Du moins, pour sa couverture officielle et légale. Le fameux « L » correspond à l’initiale de la grande firme pharmaceutique « Légendary miracle » qui a surgit du néant il y a à peu près 8-9 ans et qui aujourd’hui, dirige le front mondial en matière de médicaments et de technologies médicales. Il existe trois grands laboratoires principaux situés à Kalos, Kanto et Johto, cinq autres plus réduits tous situés à Unys et plusieurs sous entreprises mais rien de très intéressant.
- Mais leurs labos c’est une bonne piste ? Demanda Julie.
- Je le pense, répondit Hermès en rougissant légèrement. Chaque laboratoire possède une fonction et est divisé selon le même schéma d’installation. Schéma que voici. Au rez-de chaussée, il y a l’accueil ainsi que les bureaux pour les grosses commandes et les rendez-vous spéciaux. Les étages supérieurs servent surtout à la fabrication et à la recherche de nouveaux médicaments pour différentes maladies selon le labo. Mais les sous-sols, eux, sont soi-disant utilisés pour la fabrication en masse mais j’y crois pas trop. Ils ont des usines qui peuvent le faire avec beaucoup plus de capacités et pour beaucoup moins cher.
« Et vous avez raison » répondit Houdini. « Les sous-sols ne sont en aucun cas des centres de fabrication de marchandises. En dessous, il y a de véritables bases militaires découpées en plusieurs secteurs. Malheureusement pour nous, nous n’avons pas pu accéder à toutes les installations ni à tous les secrets de l’organisation. Nous avons été retranchés aux quartiers d’entraînements, résidentiels et quelques centres de développement pour les armes de pointe. J’ignore pourquoi le professeur a été enlevé et à quoi ses recherches vont bien pouvoir les aider. »
- C’est déjà beaucoup. Tu dois avoir en mémoire la composition des lieux ainsi que les possibilités d’infiltrer l’endroit ? Voire savoir où se trouve Alex.
« Oui je sais quel laboratoire sert pour les prisonniers utiles comme inutiles. Il s’agit du laboratoire de Kalos. »
- Alors il faut un plan d’attaque pour s’en occuper, déclara Louglaciale, résolue à agir.
- Stop sœurette, l’interrompis Julie. Je te rappelle qu’on ne peut rien faire pendant encore 13 jours. On peut s’organiser et préparer le terrain mais on ne pourra agir qu’une fois que je serais débarrassée de mon magasin. Et je te rappelle qu’à part toi, on est pas tous des dresseurs d’élite. On va avoir besoin d’entraînement sinon on se fera vaincre et enfermé au premier sbire venu. J’ai pas raison ?
- On va dire que nous avons une certaine expérience du combat, déclara Hermès. A part mademoiselle Lune bien sûr. Donc le premier sbire venu sera certes vaincu mais nous ne ferons pas long feu. Nous allons avoir besoin d’entraînement pour l’endurance surtout.
- Ça je peux vous entraîner, déclara Louise.
- Dans ce cas je partirai faire des repérages sur le labo, intervint Anthony. J’ai un bon niveau en combat mais j’ai besoin de savoir où je mets les pieds pour pouvoir travailler à 100%.
- Et tu vas trouver le moyen de te faire arrêter, marmonna Louise.
- Sois heureuse que je te fasse des rapports sur ce que je verrais, répliqua le passe-partout. Alors, le magicien, il est où à Kalos le labo ?
« Dans les steppes au-dessus d’Illumis, près de la grande centrale ».
- Ok je vais me mettre au boulot dès demain.
- Pareil, répondit Lune. Je suis certaine qu’on sera super fort en un rien de temps avec l’entraînement de Dame Louglaciale la femme la plus douée qui soit.
- Douée pour se faire des ennemis ouais là je veux bien te croire gamine, ricana Anthony en allant se coucher.
Julie eut envie de répliquer, mais, au vu des circonstances, il n’avait pas vraiment tort. Mais elle avait besoin de parler en privé avec sa grande sœur à propos de cet énergumène. Elle le fit comprendre silencieusement et heureusement pour la jeune femme, sa sœur comprit et accepta de la suivre dans le magasin en dessous. Pendant la nuit, cet endroit chaleureux devenait lugubre, ce qui plaisait plus à la grande sœur qu’à la petite.
- Bon, louise, il faut qu’on parle et je t’interdis de te défiler cette fois.
Sa grande sœur lui jeta un regard entendu. Julie savait que Louise savait de quoi elle allait parler. Elle était loin d’être idiote de base mais ses réactions indifférentes la rendaient effrayante. Comme si elle ne voulait plus montrer ses émotions.
- Je veux savoir quelle relation tu entretiens avec ce Anthony. Ce n’est pas un de tes amis ça c’est une certitude et je refuse de croire qu’il soit un collègue ou un truc du genre. Donc tu vas tout me dire son sujet.
Louise resta silencieuse un petit moment avant de se décider à répondre.
- C’est lui la raison pour laquelle j’ai dû partir et vous laisser sans nouvelles.
La première réaction de Julie fut de ne pas y croire mais son ton était tellement froid, tellement… haineux qu’il ne pouvait en être autrement.
- Mais pourquoi ? Que t’a t-il fait pour que tu puisses ainsi abandonner ta famille et tes amis ?
- Il m’a… trahi, répondit-elle d’un ton dur. De la pire façon qui soit.
De toute évidence elle ne voulait pas rentrer dans les détails.
- Je t’épargne les différentes parties entre lui et moi mais alors que j’avais confiance en lui il a essayé de me tuer. Pour un motif qu’il refuse encore aujourd’hui de me confier. Il a juré de tout faire pour tenter de me tuer. Après qu’il ait révélé son vrai visage, il m’a littéralement couru après dans tous Kalos pendant plusieurs mois. J’ai donc décidé de partir pour Hoenn où j’ai été en sécurité. Après, il y a encore eu un évènement regrettable qui m’a fait déménager à Sinnoh où je me suis réfugiée et où j’ai commencé la carrière que tu connais par la presse. Mais à l’instant où j’ai débarqué à Kalos il a retrouvé ma trace. On a une sorte d’arrangement pour sauver Alex mais à l’instant où je n’ai plus besoin de lui, je le livre aux flics.
- Pourquoi tu n’as pas essayé de nous le dire, répondit Julie les larmes aux yeux.
Elle n’arrivait pas savoir ce qui était le plus tragique dans l’histoire. Que sa sœur ait eu un tel fardeau sur ses épaules ou le fait qu’elle n’en avait visiblement plus rien à faire. La seule émotion qui transparaissait dans sa voix c’était sa haine envers Anthony.
- On aurait pu t’aider, la police aurait pu te protéger.
Louglaciale secoua la tête.
- Peut-être au début oui j’aurais dû le faire mais j’avais trop peur à l’époque. Et aujourd’hui, voir les flics n’est plus une possibilité pour moi.
- Pourquoi ça ? Qu’est-ce qui t’en empêcherait ?
Sa grande sœur grimaça avant de répondre.
- Disons que pour faire une bonne action je me suis vendue au diable et je l’ai chèrement payé.
- Comment ça ? Qu’est-ce que tu veux dire ?
- Ne pose plus de questions Julie, s’il te plait. Tu n’aimerais pas les réponses. Je vais dormir dehors. Nocta a besoin de profiter de la lumière de la lune.
- Attends, Louise…
Mais Louglaciale avait déjà franchie la porte de la boutique et s’était dirigée vers l’entrée de la ville. La seule chose que la jeune dresseuse put faire fut de la regarder partir les larmes aux yeux. En voyant sa silhouette disparaître dans l’obscurité, Juliadora eut l’impression de perdre à nouveau sa sœur.
- Tout va bien ?
Julie sursauta et se retourna vers Hermès qui, penaud, s’excusa aussitôt.
- Pardon, je ne voulais pas vous effrayer ou un truc du genre. J’ai entendu que vous parliez en bas et vous sembliez bouleversée. Alors je suis descendu pour voir si tout allait bien.
Julie, surprise, s’essuya les joues pour faire disparaître ses larmes. Elle n’aimait pas paraître faible, encore moins devant des inconnus.
- Oui oui tout va bien. Ma sœur a voulu dormir à la belle étoile c’est tout. Je suis inquiète pour elle. Après tout, cette team « L » peut avoir envoyé d’autres sbire pour s’occuper d’elle.
- Je comprends, répondit le jeune homme. C’est toujours compliqué la famille même si je ne crois pas avoir un jour entendu Louglaciale dire qu’elle avait une sœur.
- Elle avait de bonnes raisons de ne pas le faire, répondit précipitamment l’ex dresseuse.
- Je vois.
Julie senti son dos se tendre. Il allait vouloir des explications c’était certain. Elle prépara sa réplique pour éviter de répondre à ses interrogations mais ce Hermès réussit à désamorcer la bombe sans le savoir.
- C’est vrai que quand on vous voit, quand on voit votre travail, on peut comprendre que vous ayez besoin d’intimité. Voir des hordes de fans vous harceler sans arrêt parce que vous êtes la sœur d’une étoile naissante. Je peux parfaitement comprendre sa discrétion. Lune et moi nous ne divulguerons pas l’information soyez-en assurée.
Julie senti ses joues devenir rouges pivoine mais elle ne répondit pas. Cet homme était de toute évidence quelqu’un de bien.
- Vous êtes qui exactement ? Demanda-t-elle. Par rapport à ma sœur je veux dire.
- Votre sœur pourrait devenir très prochainement ma patronne. J’ai été embarqué dans cette histoire pour me faire embaucher comme agent. Je veux vraiment ce job, histoire d’avoir un avenir.
- Pourquoi ça ? Vous avez fait comment jusqu’ici ?
- J’ai ce que l’on appelle des contacts un peu partout dans à peu près tous les domaines. Je gagnais ma vie avec du bouche à oreille. Quelqu’un venait me voir pour rencontrer tel ou telle personne et contre une modeste somme d’argent, je lui trouvais un rendez-vous avec la personne en question. C’est plutôt sympa mais ce n’est en rien un boulot qui a de l’avenir ou qui a une stabilité. Je veux avoir un travail stable mais en même temps excitant. C’est pour ça que je me suis tourné vers madame Louglaciale.
- Du genre… Vous connaissez Colin Firth ?
- L’acteur du « Discours d’un roi » ? Oui je l’ai dans mon carnet. Il a une résidence à Unys et une autre à Kanto. Vous êtes fan de cet acteur ?
- C’est un super acteur qui a joué dans tellement de beaux rôles, expliqua Julie, de plus en plus en confiance.
Parler l’aidait à se détendre et elle avait devinée qu’Hermès l’avait compris.
- Et il a un flegme britannique tout à fait incroyable, ajouta le jeune homme. J’adore m’inspirer des acteurs britanniques pour savoir comment traiter une
dame.
- Comment ça ?
- Bin, il faut respecter les femmes, ne pas les traiter comme des êtres inférieurs parce que ce n’est pas le cas, et il faut savoir avant tout les comprendre, les connaitre pour les aimer vraiment. Plus on en sait sur quelqu’un, mieux on la comprend. C’est ma philosophie.
- C’est une bonne philosophie, répondit Julie en souriant. Merci.
- Merci pourquoi ? S’étonna le jeune homme.
- Ça m’a fait du bien de parler. Je me sens mieux. Alors, pour ça, merci.
- Oh. Eh bien, je vous en prie. Nous sommes coéquipiers, nous devons nous entraider.
Julie sourit encore avant de remonter se coucher, suivie par Hermès. Elle ne s’en rendait pas encore compte mais ses joues étaient toutes rouges.
Louglaciale déambula un moment dans la ville obscure, Son Nocta chéri à ses côtés. La dresseuse ne savait pas comment elle avait pu se retrouver dans cette situation. Si seulement elle n’avait pas passé ce stupide coup de téléphone…
- Si je n’avais pas téléphoné à Alex, murmura-t-elle pour elle-même. Il aurait été kidnappé dans l’ignorance générale et personne ne serait ici, à tenter de le sauver…
Elle était bien trop dure envers elle-même. Et elle avait toujours eu du mal avec les rapports humains. C’était une asociale de première, et si elle paraissait sûre d’elle en public c’était un rôle qu’elle se donnait. Jusqu’à aujourd’hui, il n’y avait personne du côté humain qui la comprenait totalement, pas même sa famille ni ses amis. Elle était seule avec sa vraie famille, ses Pokémons. Elle se mit à repenser à Hoenn et a ceux qu’elle avait dû laisser. Elle soupira quand elle entendit un jappement joyeux de Nocta qui la tira hors de ses pensées.
Elle vit alors que, sans le savoir, elle avait fait le trajet que la dresseuse effectuait tout le temps étant gosse quand elle voulait être seule. C’était une petite clairière aux environs du marais et en son centre il y avait un vieil arbre tordu de couleur blanche et à l’écorce lisse.
- Mon arbre secret, chuchota Louglaciale. Ça faisait tellement longtemps que je ne m’étais pas assise sur une de ses branches.
La dresseuse escalada le vieux tronc et atteignit une branche suffisamment haute pour supporter son poids et assez large pour qu’elle ne puisse pas tomber. En compagnie de son Noctali affectueux, la Kalosienne admira les étoiles et chantonna une mélodie qu’elle avait adoré étant gosse.
La clairière nocturne se remplit de la voix douce et mélancolique qui chantait « The sound of silence » accompagnée de Nocta qui gémissait juste pour suivre la mélodie. Les deux partenaires s’étaient tellement retrouvés ici, c’était presque comme une maison pour eux.
- Dis, Nocta, dit Louise somnolente après la chanson. Est-ce que tu regrettes d’être tombé sur moi comme dresseuse ? C’est vrai quoi, avec quelqu’un d’autre tu aurais certainement eu une vie plus tranquille, plus ordinaire.
La seule réponse que la femme aux courts cheveux châtain clair obtint fut une morsure amicale de son Pokémon. Louglaciale sourit alors qu’elle plongeait dans le monde du sommeil mais ce dernier ne fut pas doux et reposant.
La dresseuse, une fois les yeux fermés, se mit en méditation et rejoignit son sanctuaire intérieur. C’était une technique pour se détendre et récupérer plus efficacement qu’une nuit de sommeil. Son sanctuaire ressemblait à une bibliothèque infinie remplies d’œuvres en tout genre : des mangas, des BD, des romans, des encyclopédies… Elle pouvait y passer des heures entières à profiter de ce lieu emplit de sagesse et d’histoires en tout genre.
La dresseuse caressa doucement les reliures de plusieurs livres anciens en s’enivrant de l’odeur de vieux papier et de l’encre séchée quand elle reçut de plein fouet quelque chose de lourd qui la fit tomber. En se redressant, elle vit qu’un homme se trouvait dans son sanctuaire !
Un homme en très mauvais état d’ailleurs. Ses vêtements étaient en lambeaux et il était recouvert d’estafilades sanglantes qui troublait l’atmosphère du sanctuaire mental de la Kalosienne. Elle le retourna sur le dos et vit qu’il s’agissait de l’homme qui avait kidnappé Alex et qui devait être le dresseur original d’Houdini. Mais il était dans un tel état que Louise ne pensa pas une seule seconde à lui reprocher ce qu’il avait fait. Elle allait le soigner pour ensuite lui casser la gueule, c’était ça sa philosophie. Tuer, c’était pas son truc.
Alors qu’elle épongeait les blessures et qu’elle les recouvrait de tissus (tout est possible dans l’esprit de quelqu’un), elle remarqua que son torse était balafré par une immense cicatrice irrégulière et ce, de haut en bas. Cette balafre semblait avait été faite par quelque chose de très chaud et de très coupant car la peau n’était pas rose et fine mais grise comme une terre stérile. La vue de cette blessure horrifia la dresseuse.
- Qui a bien pu t’infliger une chose pareille ? Murmura-t-elle.
Ses mots avaient été dit avec l’équivalent sonore d’un souffle mais ce fut suffisant pour faire réagir le dresseur. Il se débattit aussitôt avec violence en hurlant. Le seul réflexe de Louglaciale fut de serrer Will contre en lui chantant une berceuse, les larmes aux yeux. Bon sang mais que lui avait-on fait ?
Mais la chanson réussit à calmer petit à petit le policier qui se colla à la Kalosienne et lui murmura « merci » d’une voix tellement chargée en soulagement que le
cœur de la dresseuse se gonfla de tendresse pour cet homme. Elle se fit violence mais elle fut incapable de ressentir de la colère quand elle posait les yeux sur le visage pâle de Will. Mais ce dernier disparut lentement, un sourire aux lèvres.
Croyant à sa mort, Louise fut terrifiée par cette disparition. Mais la voix d’Houdini résonna autour d’elle à cause des hautes étagères du sanctuaire.
« N’ayez aucune crainte maîtresse. Mon maître est retourné dans son corps. Vous l’avez apaisé et ainsi, vous l’avez sauvé de la folie. Je vous en remercie d’ailleurs. «
- Mais alors il n’est pas mort ?
« Non mais la douleur qui l’a envahi aurait pu. J’ignore ce qui lui est arrivé mais je suis inquiet et ça n’augure rien de bon. »
- Il va falloir faire vite, répondit la dresseuse. Le laboratoire où lui et Alex sont enfermés est bien celui au nord d’Illumis ?
« C’est exact maîtresse ».
- Je vais partir le faire dès demain. J’ignore pourquoi mais je ne supporte pas l’idée qu’on lui fasse du mal.
« C’est tout à fait naturel. Grâce à moi vos esprits sont connectés. Vous pouvez communiquer, ressentir les émotions de l’autre, peut-être même changer de
corps… Qui sait ? Rare sont les humains possédant un lien aussi fort. Il s’est totalement ouvert à toi et tu t’es ouvert à lui. »
- Qu’est-ce que ça implique pour moi exactement ? à quoi ce lien peut-il servir ?
« C’est à toi de décider de ce que tu dois faire de ce lien maîtresse. Pour l’instant, la seule implication que je vois est une certaine compréhension de vous deux l’un envers l’autre. »
Et sur ces mots la voix de l’Alakazam se tue, laissant la dresseuse en pleine réflexion. Elle avait besoin d’être seule pour faire le point sur ce qu’elle venait de vivre et d’apprendre.
- Chers passagers, je vous informe que nous venons d’atterrir à Illumis la capitale de Kalos. Nous vous remercions d’avoir fait appel à Carolina express pour votre voyage. Nous espérons que vous ferez encore appel à nous. Si vous désirez des renseignements sur les choses ou les monuments incontournables de la région n'hésitez pas à demander à l’accueil de l’aéroport un guide complet…
Lief n’écouta pas un mot de l’hôtesse de l’air qui donna ce discours. A l’instant où la porte de l’avion s’ouvrit, il sorti et se dirigea dans la ville d’Illumis. Il avait beaucoup entendu parlé de cette région mais rien ne l’avait préparé à une cité aussi grande. A côté d’Illumis, Mérouville ressemblait à un jardin pour enfants. Il savait qu’il devait se rendre à Romant-sous-bois mais il n’avait aucune idée de la direction à prendre. Il dû se résoudre à demander son chemin à plusieurs reprises pour enfin trouver la sortie 14. Il était si près d’elle, il pouvait presque sentir sa présence.
- L’exterminatrice… Bon dieu que j’ai toujours haï ton surnom débile… Marmonna-t-il en s’enfonçant dans le marécage de la route.
Lorsque Will repris légèrement conscience, il comprit aussitôt que quelque chose clochait. Il se sentait étrange, son corps lui semblait différent. C’est comme s’il avait enfilé un manteau trop grand pour lui et qu’il ne pouvait rien faire pour se sentir à l’aise. Il ne parvenait même plus à ouvrir les yeux. Il lui fallut un bon moment pour ne serait-ce les entrouvrir pour aussitôt les refermer.
La lumière blanche qu’il reçut en pleine face l’avait complètement aveuglé et cela le fit gémir de douleur. Mais combien de temps avait-il dormi pour que sa vision soit à ce point perturbée ? Heureusement, sa capacité d’adaptation à la lumière pu faire son œuvre et Will put ouvrir complètement les yeux pour voir qu’il avait été remis dans sa cellule blanche. D’où son aveuglement momentané et violent.
Même si le fait de pouvoir bouger les yeux rassura le policier, son corps lui paraissait toujours aussi étranger. Il lui fallut selon sa perception de longues heures pour ne serait-ce que pour sentir ses mains remuer. Mais il finit par se redresser légèrement et observer plus attentivement la pièce. Étrangement, le vertige qu’il avait ressenti en entrant dans cet univers blanc ne vint pas pour la simple et bonne raison que la cellule qu’il ne voyait n’était plus blanche. Plus précisément, elle était toujours blanche mais Will parvenait à voir au-delà de la couleur. Il pouvait distinguer toutes les couleurs qui composaient ces murs.
- Qu’est-ce qui m’arrive ? Réussit-il à murmurer d’une voix rauque.
Il avait eu un mal fou à parler, comme s’il n’était pas fait pour et ça le déstabilisa. Qu’est-ce que ces cinglés avaient osé lui faire ?
Ses pensées furent interrompues par des bruits de talons qui s’approchaient de sa position. Reconnaissant leur propriétaire, Will senti une envie de grogner et eu soudainement la force de se mettre debout mais il ne s’en rendit pas compte. C’était sorti instinctivement.
Comme son ouïe le lui avait indiqué, Arianne entra suivie d’uniquement son satané serpent. En voyant ce visage criblé d’un sourire cruel et satisfait, Will eut envie de montrer les dents et de grogner encore mais cette fois il s’en rendit compte et cessa son geste à peine entamé. Mais l’admin s’en aperçut et son sourire doubla de taille.
- Oh mon cher, je vois que tu t’es plutôt bien adapté à ta nouvelle condition.
- Qu’est-ce que… tu m’as… fait salope… Articula difficilement Will de sa voix toujours aussi rauque et peu naturelle.
Arianne eut une expression faussement attendrie.
- Oh, c’est trop mignon, tu essaies de me parler c’est adorable. Et ce que je t’ai fait ? Je t’ai rendu plus utile pour nous.
Et sur ces mots, elle claqua des doigts et son Arbok se jeta sur Will. Le Pokémon poison emprisonna le jeune homme dans ses anneaux écailleux. Will tenta de se débattre mais sans succès. Il était à la fois trop faible et son corps ne lui répondait toujours pas correctement. Mais il eut le temps d’apercevoir une de ses mains et cette dernière était noire !
Mais le serpent ne laissa que la tête du policier sortir de son corps froid et lisse. Arianne s’approcha, saisit les cheveux de Will et le tira en arrière.
- Admire ce que tu es désormais mon grand ! Admire notre miracle ! Le miracle de Mew !
Elle le mit face à la vitre de la salle et Will fut tellement horrifié par ce qu’il vit qu’il poussa un hurlement de terreur. Un hurlement inhumain…
Arianne profita au maximum de ce son divin. Ce cri mêlant l’horreur, le désespoir et la douleur était juste parfait. Elle ne se décida à relâcher le traître que lorsque ce dernier cessa de hurler. Son Arbok déposa le corps tremblotant sur le sol de la cellule. L’admin féminin constata avant de sortir de la cellule que le cobaye était devenu presque aphasique. Ses yeux fixant le mur de la cellule sans le voir, sa bouche s’ouvrait et se refermait sans dire un mot.
« Ou sans grogner » ricana-t-elle dans sa tête.
Elle continua à rire alors qu’elle se dirigeai vers le bureau du docteur qui s’occupait de son jouet préféré. Ce dernier était en train de noter un rapport quand Arianne s’invita. Loin de protester ou de sauter de peur, cet homme ne réagit pas. Il se contenta juste de refermer et de poser son stylo plume.
- J’espère que je ne te dérange pas, dit Arianne d’un ton respectueux qui ne lui ressemblait pas.
Même si elle méprisait tout le monde, elle savait avec qui faire tableau bas. Et cet homme était de ceux-là. Un scientifique de génie, voilà ce qu’était Nikolaï Astiech. Il avait rejoint et travaillé pour la team plasma avant que celle-ci ne soit dissoute définitivement. Désireux de faire avancer la science, le chef de la team L n’avait pas tardé à le recruter et lui avait donné carte blanche pour réaliser leur objectif. Et ce qu’il avait trouvé dépassait l’entendement. Si cette tête à la coiffure extravagante pouvait créer des choses aussi fantastiquement horribles, Arianne ne voulait pas se le mettre à dos. Inflige aux autres ce que tu ne veux pas subir de leur part, c’était sa devise.
Alors dès qu’elle le croisait, elle s’assurait de le caresser dans le sens du poil.
- Non, j’avais presque terminé mon rapport sur l’expérience d’hier, répondit Nikolaï d’une voix calme, le visage orné d’un sourire énigmatique.
Arianne frissonna. Nikolaï avait un air sardonique la plupart du temps et ça la stressait énormément.
- Tant mieux, souffla l’admin soulagée. Tu as le dossier complet de notre traitre non ?
- Il me reste le rapport de l’opération et il sera complet.
- Pourrai-je le consulter ? Demanda-t-elle. J’ai eu une surprise quand je suis allée le voir.
- Quel genre de surprise ?
Nikolaï avait de nouveau retiré le capuchon de son stylo et avait pris une nouvelle feuille, l’air très intéressé. L’admin aux cheveux rouge déglutit avant de répondre.
- Il a parlé. Bon, avec beaucoup de difficultés mais il a réussi à prononcer quelques mots. Je me demande ce que ça signifie.
Le sourcil du scientifique se leva légèrement.
- Il a réussi à parler ? Il n’aurait pas dû. Tu lui as mis une double dose et tu la lui a injecté rapidement. C’est même miraculeux qu’il ait survécut. Il avait moins de 5% de vivre alors de savoir encore parler, on est en dessous des 0,001%
- C’est pourtant ce qu’il a fait, répondit respectueusement Arianne. J’ai même enregistré écoute.
Nikolaï écouta avec attention l’enregistrement de l’admin et fut vraiment surpris en entendant la voix rauque du cobaye prononcer des mots compréhensibles.
- C’est étrange, commenta le scientifique. Le sérum possède l’ADN de Mew couplé à une solution de mon invention qui modifie l’ADN humain. Cela corrompt le cerveau avec le reste du corps. C’est déjà rare que les cobayes conservent leur mémoire après leur… changement. Mais là, c’est tout à fait fascinant. Je vais devoir l’étudier de plus près. Son profil psychologique l’a fait devenir quoi ?
- Un Luxray, répondit Arianne. Une créature inutile pour moi qui utilise des Pokémons poison. Il serait déjà plus intéressant pour toi.
- Ne sois pas ridicule, répliqua doucement Nikolaï. Un Luxray possède un cœur noble et agressif. Les créatures que j’utilise sont du type acier principalement
parce qu’ils ne sont pas bloqués par quelque chose d’aussi inutile que les émotions.
- C’est vrai, excuse-moi. Veux-tu que je te l’amène ?
- Non, je te remercie Arianne. J’ai encore besoin de terminer ce rapport. Je m’occuperai ensuite de ce flic. Enfin, peut-on encore le qualifier de flic ? Ou même d’homme ? Difficile à dire.
- Très bien, je te laisse. Oh et pour le doss…
Le regard que lança le scientifique fut sans équivoque. Arianne sortit du bureau en vitesse et passa les 20 minutes qui suivirent à s’éloigner le plus possible de ce scientifique fou.