Le sauvetage d'un professeur ou la quête de la tueuse qui se prenait pour un écrivain de louglaciale1

Alors qu’Alex bascula dans la panique à la vue du pistolet, Louglaciale garda la tête froide. Bien sûr, elle était terrifiée mais elle avait l’habitude de se faire menacer ainsi par une arme. Pour son plus grand malheur d’ailleurs. Mais cette tête froide lui permit d’analyser la situation et leur agresseur. En l’observant, elle vint à plusieurs conclusions : c’était un homme sportif, qui, de toute évidence, n’était pas là de son propre chef. Il devait obéir à quelqu’un. L’expression de son visage montrait qu’il désapprouvait totalement ce qu’il faisait mais qu’il irait jusqu’au bout quoi qu’il puisse penser. Et il portait un uniforme portant un symbole en forme de « L » blanc.


Elle se dit qu’elle pourrait peut-être le raisonner mais Alex, sous le coup de la peur qu’il n’arrivait pas à gérer, fit une première boulette.

- Qui êtes-vous ? Qu’est-ce que vous voulez ? Où sont mes Pokémons ?

Un tir dans le mur le fit taire immédiatement. Louglaciale sursauta légèrement quand la balle percuta le mur. Même si elle avait l’habitude d’avoir une arme face à elle, celle-ci n’avait jamais tiré. Le son d’une arme à feu signifiait « ta vie prend fin maintenant » alors qu’au contraire, elle était encore en vie. Même équipé d’un silencieux le son produit par ce flingue restait parfaitement audible. Mais l’homme répondit tout de même aux questions.

- Je représente une compagnie importante qui aurait besoin de vos services et de vos recherches. Et vos Pokémons sont dans leur Pokéballs, en train de faire un beau dodo. Je préfère la discrétion comme mode d’action et sans verser de sang inutile.

- Et quand vous parlez des Recherches d’Alex, vous parlez de l’œuf c’est ça ?

- Je parle de la totalité de ses recherches, l’œuf y compris. Alors Professeur, vous allez tranquillement me suivre.

- Je ne vous laisserai pas faire, déclara la dresseuse en se plaçant devant Alex qui jeta un regard étrange à son amie.

Regard qu’elle ne vit pas. Il avait l’impression que son amie avait disparu à cet instant et qu’une étrangère avait pris sa place. Une telle assurance devant cet engin de mort ne ressemblait pas du tout à Louglaciale. Qu’est-ce qui s’était passé pendant ces six années ?

Mais le Braségali écarta violemment la jeune femme d’un coup de patte. Alex vit son amie faire un vol plané avant de s’écraser contre le mur avec un bruit sourd. Elle s’effondra sur le sol et ne bougea plus. Les nerfs du professeur craquèrent alors et il ne retint plus ses larmes.

- LOUISE !!

Il voulut la rejoindre mais il fut soudainement incapable de bouger. Il se vit décoller du sol sans rien pouvoir faire et rejoignit lentement le Kadabra qui utilisait ses pouvoirs psychiques. Le dresseur inconnu alla vérifier les signes vitaux de la dresseuse et à son expression dégoutée, Alex sut qu’elle était encore en vie. Il allait exprimer son soulagement quand il vit l’agresseur lever son arme en direction de la tête de son amie.

- Non ! S’il vous plait non ! Hurla-t-il en désespoir de cause. Je ferais tout ce que vous voudrez mais ne lui faites rien !

A sa grande surprise, l’homme sembla l’écouter. Il rangea l’arme.

- Professeur, je vais mettre les choses au clair. Je ne vais rien faire à votre amie. Comme je le disais, j’ai horreur de verser le sang inutilement. Mais vous allez quand même me refiler vos recherches.

Alex maudit sa lâcheté mais il obtempéra. Sans ses Pokémons il ne pouvait rien faire. Il donna les codes pour les coffres de toutes ses recherches et laissa cet homme s’en emparer. Le professeur avait décidé de faire confiance à cet inconnu.

Une fois toutes les données collectées, l’homme rappela le Braségali dans sa Pokéball et donna des instructions au Kadabra.

- Maintenant qu’on a ce qu’il nous faut, tu vas téléporter le professeur au siège de la compagnie. J’ai encore des choses à faire ici. Je reviendrais sur Libégon. A plus tard.

Le Kadabra émit une série de bruits étranges avant de disparaître avec Alex qui n’eut pas le temps de protester.



Une fois le professeur disparut, l’homme ressortit son arme et la pointa de nouveau sur la dresseuse. Il était pas fier de ce qu’il faisait, ça le rebutait carrément même mais il devait suivre les ordres. Il soupira. Du peu qu’il avait vu, cette fille était courageuse, sympathique et intelligente, tout ce qui lui plaisait en somme. S’il l’avait connu dans d’autres circonstances, il aurait été amoureux direct. Mais ils ne vivaient pas dans le même monde. Elle n’avait pas connu ce qu’il avait connu. Et ce n’était pas un problème de « j’aime pas ce boulot alors je démissionne », il avait besoin de ce travail. Et démissionner pour cette foutue boîte, ça signifiait être enterré dans une fosse commune anonyme.

Il se prépara à tirer quand un cri de douleur se fit entendre dans la maison. Reconnaissant son Libégon, Delta 4 se retourna et eut juste le temps d’apercevoir un éclair noir qu’une douleur intense à sa main le fit lâcher son arme. Le Noctali de la fille s’était réveillé et protégeait à présent sa dresseuse en grognant.

Delta 4 lâcha une insulte en ressortant son Braségali. Mais une attaque Vibraqua le toucha à peine fut-il sorti de sa ball. Ce fut cette fois le Lakmécygne et le Florges qui rejoignirent la fille et se mirent en position de combat.

- Arrêtez, c’est suffisamment dur comme ça alors ne rajoutez pas les Pokémons. Ça n’a rien de personnel, c’est les ordres.

Ça ne rassura pas les Pokémons qui grognèrent davantage. Le Noctali cracha une buée noire qui aveugla le dresseur. Il cracha une flopée d’injures en essayant de disperser cette brume épaisse. Sans surprise, quand il réussit à y voir un peu, la fille avait disparu, ses Pokémons aussi d’ailleurs. Il sortit de la pièce en trombe suivit de peu par son Braségali et ils eurent le temps de voir le Florges porter la dresseuse avec ses lianes par la fenêtre. Il tira plusieurs fois mais il manqua sa cible. Le Lakmécygne fonça sur Delta 4 et commença à lui donner des coups de bec.

Il eut le malheur de voir sa cible s’envoler par la fenêtre. Alors, de rage, il tira une première balle qui alla se loger dans la gorge du Pokémon eau. Celui-ci s’effondra sur le sol en tressautant. Delta 4, horrifié, décidé d’abréger les souffrances de ce magnifique Pokémon en lui en tirant une seconde dans la poitrine, le tuant sur le coup. Il n’avait tellement pas prévu une chose aussi horrible.

Il se jeta alors à la fenêtre et ne vit aucune trace de la dresseuse. Il soupira et se dit alors qu’il y avait une chance pour qu’elle meure de son coup à la tête. Et puis, même si elle survivait, elle serait incapable de retrouver la moindre trace de la base. Dans tous les cas ça l’arrangeait. Il n’aimait pas du tout tuer, et surtout pas une fille comme elle. Elle était totalement son type de fille. Il espéra juste que, si elle survivait, elle ne chercherait pas à retrouver l’organisation. Il était même désolé d’avoir tué son Lakmécygne. Il remit son Braségali dans sa Pokéball et remonta sur son Libégon qui se hâta de décoller. Ils avaient passé trop de temps ici.



Lorsqu’Alex émergea de la téléportation, sa maison avait disparue. Il se trouvait au milieu d’un laboratoire plus grand encore que Pont du Hammeau. Mais il était vide à l’exception d’une femme. Alex failli d’ailleurs avoir une crise cardiaque. La femme qui vint à sa rencontre ressemblait beaucoup à Louglaciale. Les différences notables étaient d'abord son âge. Elle était légèrement plus âgée que son amie. Ensuite c’était ses vêtements. Cette femme portait un uniforme particulier. Le même que celui de leur agresseur mais en plus sophistiqué. Après, sa coiffure était différente. Ses cheveux étaient plus longs et de couleur rouge vif. Et enfin, c’était son air autoritaire et cruel que jamais son amie n’aurait.

La femme afficha un sourire glacé avant de parler.

- Bonjour professeur Corzoma. Vous rencontrer est un grand honneur.

La colère prit le pas sur la peur et Alex renvoya un regard furieux.

- Et si on arrêtait les palabres et que vous me disiez ce que vous me voulez ?

Le sourire de la femme disparut et son air autoritaire revint.

- Très bien professeur. L’œuf que vous avez trouvé nous appartient. Mais ce n’est pas pour ça que nous vous avons fait venir. Nous avons acquis un autre œuf de Pokémon légendaire et nous avons commencé à l’utiliser pour synthétiser un sérum révolutionnaire. Ce que nous attendons de vous ? Ces messieurs vous l’indiqueront.

Elle désigna plusieurs personnes habillées en scientifique qui s’affairaient autour d’eux.

- Qu’est-ce qui vous fait croire que je vais vous aider ? Répliqua Alex.

Le visage de la femme se crispa sous la colère et elle claqua des doigts. Alex sentit aussitôt une étreinte lui comprimer le corps. Un Arbok gigantesque avait surgit de nulle part.

- Si vous ne voulez pas ressembler à de la bouillie sanglante vous allez nous aider professeur. A moins que vous ne désiriez nous servir de cobaye…

Le visage d’Alex exprima une grande terreur et il accepta de coopérer. Satisfaite, la femme relâcha son emprise sur le Arbok qui laissa le professeur sur le sol.

- Ravie de vous compter parmi nous professeur, conclut le sosie de Louglaciale.

Et elle quitta la pièce, laissant Alex seul. En fin de compte, il s’était fait avoir. Il avait tout cédé pour rien. Quand les sbires amenèrent la dizaine de notes ainsi que le matériel, ils trouvèrent le professeur en train de pleurer sur le sol blanc.



Quand Louglaciale revint à elle, elle se trouvait sur une berge au milieu des herbes, sous le grand pont. Nocta et Flora se trouvaient à ses côtés et semblaient monter la garde. Mais il n’y avait aucune trace de Swany. Où était-il ? Et Alex ? Que s’était-il passé ?

Une légère douleur à la tête lui remit les souvenirs en place. L’homme avait dû enlever Alex pendant qu’elle était dans les vapes. Elle portait d’ailleurs un bandeau en feuilles sur le crâne. Se doutant que c’était Flora qui l’avait soignée pendant qu’elle dormait, elle la remercia. Elle se releva et se mit en marche, suivit de près par ses compagnons. Elle devait rejoindre la maison d’Alex pour savoir ce qu’il se passait et surtout, pour savoir où était Swany. Il avait toujours été d’un naturel timide. Il aurait dû se trouver avec les autres.

Elle était inquiète et cette inquiétude grandit quand elle vit l’intérieur de la maison d’Alex. Tout avait été saccagé. Il n’y avait aucune trace des Pokémons d’Alex, d’Alex ou de l’agresseur. Elle trouva néanmoins ses Pokéballs. Mais le cercle supérieur de celle de Swany n’était plus rouge. Il était gris. La bouche tremblante, elle fouilla la maison en hurlant le nom de son Pokémon et finit par trouver son cadavre. Elle s’effondra à genoux et hurla sa tristesse. Elle sanglota comme une fontaine la perte de son Pokémon.

Son troisième compagnon depuis près de 20 ans. Elle l’avait attrapé quand elle était une gamine et lui un petit Couaneton. Elle l’avait trouvé à la sortie de Relifac-le-haut avec une aile cassée. Elle l’avait ramené au centre Pokémon pour le soigner et il avait voulu rester avec elle. Sa timidité maladive avait été combattue petit à petit et il avait été entraîné avec amour et efficacité. Il avait adoré sa dresseuse tout comme elle l’avait adoré. Il avait été d’ailleurs le seul à participer aux concours de Kanto. Il adorait voler, nager, danser, manger des sardines au citron et écouter du Alain Souchon.

Quand les larmes de Louglaciale cessèrent de couler, ce fut pour laisser place à une expression de haine et de détermination.

- Peu importe la compagnie pour laquelle qui tu travailles espèce d’enfoiré, murmura-t-elle. Mais tu as kidnappé mon ami, volé ses recherches…

Elle prit une grande inspiration tremblante avant de continuer.

- Assassiné un de mes amis les plus chers. Toi et ton organisation va payer pour tout ça. Mais je vais avoir besoin d’aide sur ce coup. J’ai pas le moindre indice… Ah je sais !

Avant de partir, elle paya un habitant pour donner une sépulture décente à son Lakmécygne. Après elle se mit en route vers Arpentières. Elle avait besoin de prendre l’avion pour Kalos. Alors qu’elle prenait la route, elle composa le numéro de cet homme, un certain Hermès.

Il était venu la trouver pendant sa dernière tournée pour son livre. Il lui avait donné son numéro pour un emploi d’agent personnel. Il lui avait assuré qu’il possédait un carnet d’adresse gros comme un Smogogo et aussi diversifié qu’un zoo national. Avec un peu de chance il pourrait l’aider.



Hermès était en pleine affaire quand il reçut l’appel de Louglaciale. Il s’excusa auprès de sa « cliente » et répondit. C’était un homme de 22 ans plein de ressources bien qu’il n’ait pas de travail à proprement parler. Il vivait de ses nombreux contacts dans à peu près tous les domaines. Les célébrités, les ouvriers, les politiques, les chefs d’entreprises… Il y en avait pour tous les goûts. Il monnayait alors ses contacts pour faire rencontrer ses clients avec leurs idoles qui pouvaient alors rencontrer leurs idoles. Mais, depuis quelques temps, il voulait un vrai travail, gagner sa vie comme n’importe qui.

Il était alors tombé sur la jeune écrivaine connue sous le pseudonyme de Louglaciale. Ses romans étaient vraiment sympas même si on voyait qu’elle débutait. Et elle n’avait pas encore d’agent pour coordonner ses tournées. Il avait alors trouvé le moyen de la rencontrer et lui avait proposé de le devenir. Il avait cessé de croire à son rappel au bout de trois semaines mais finalement il avait eu tort de s’inquiéter.

- Bonjour mademoiselle Louglaciale, comment allez-vous ?

- Hermès c’est ça ? Je vais avoir besoin de votre aide.

- Mon aide ? Que voulez-vous dire ?

Il entendit la jeune femme soupirer et prendre une grande inspiration.

- Considérez ce qui va suivre comme un entretien d’embauche. Si vous pouvez m’aider correctement pour une affaire urgente je vous engagerais.

- Euh ok. Que puis-je faire ?

- Vous dites avoir des contacts un peu dans tous les domaines. J’aimerais avoir des informations sur une organisation portant comme symbole un « L » de couleur blanche.

- Euh oui je devrais pouvoir vous trouver ça mais ça peut prendre du temps.

- Ne tardez pas. Et à la minute où vous avez les informations vous me contactez. Ah, et ce sont des choses qui doivent rester secrètes. Pas un mot à la police ou à qui que ce soit. Est-ce clair ?

Hermès ne chercha pas à en savoir plus. Il avait une chance d’avoir un boulot et il n’allait pas faire sa fine bouche. Et puis, cette femme n’avait pas le profil d’une terroriste ou un truc du genre. Peut-être qu’il en saurait plus quand il aurait les infos. Il raccrocha et se remit face à sa « cliente », une jeune fille d’à peine 14 ans.

- Donc la célébrité que vous désirez rencontrer c’est Louglaciale n’est-ce pas ?

- Oui, répondit l’adolescente. J’adore ses livres et j’écoute en boucle l’album qu’elle a sorti quand elle avait 22 ans. C’est mon idole.

- Alors ça tombe bien. Contre environ 200 Pokédollars je vous garde avec moi ces prochains jours, il est garanti que je rencontre madame en personne. Vous pourrez ainsi voir votre idole irl. Mademoiselle comment ?

- Lune monsieur, mademoiselle Lune.