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Je ne suis qu'un homme [SONG-FIC] de M@xime1086



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Informations

» Auteur : M@xime1086 - Voir le profil
» Créé le 17/06/2016 à 13:51
» Dernière mise à jour le 29/06/2016 à 09:43

» Mots-clés :   Drame   Song-fic

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J'aurais dû rentrer à la maison
Le combat est terminé. Du perdant il ne reste qu'un tas de chair. Le vainqueur brandit ses lames sanglantes au-dessus de la foule. J'entends tout autour de lui des cris, des applaudissements. Le dresseur de l'Insécateur ne quitte plus son sourire carnassier. Il se délecte de tout le fric qu'il va se faire en une seule soirée.
Une nouvelle fois j'ai perdu. J'ai parié sur le mauvais combattant. La somme que j'ai misée est proche de mon salaire du mois. Comment vais-je expliquer ça à Charlotte ?

[size=3]Je te mens, je ne fais que ça
Et dans mes yeux tu le lis[/size]

Les rues de Volucité sont aussi sombres qu'une antre sans fond. Des bourrasques de vent malmènent ma longue redingote noire. Je n'arrive pas à marcher de manière naturelle, comme si rien ne s'était passé. Mes pas sont lents, mes jambes refusent de trouver le chemin de la maison. J'ai beau fouiller dans mes poches, il ne me reste plus rien. J'ai tout perdu.
Je me met à réfléchir à ce que je vais bien pouvoir te raconter. Quelque chose de crédible. Un voleur qui m'a arraché mon porte-feuille ? Que je l'aurais perdu dans la rue en trébuchant ? Qui croirait un mensonge aussi gros ?

[size=3]Je te mens mais je sais déjà
Que je suis bientôt pris[/size]

Il faut que j'arrête ça. Ce n'est plus possible. Ma chérie, tu vas finir par te douter que les nuits que je passe dehors sont un gouffre financier pour notre couple. J'ai déjà réussi à te cacher beaucoup de choses mais ces derniers temps, j'ai perdu trop d'argent. Le trou s'agrandit sans que je puisse le réduire. Je regarde impuissant mon argent qui s'envole, saisit par les serres des dresseurs. Le pire c'est que j'aime ça. J'en redemande. Ça ne s'arrête jamais.

[size=3]Je ne trouve jamais rien de mieux
A croire que j’aime ta jalousie[/size]

Tu te doutes que rien ne se passe normalement. Tu fais des crises de jalousie parce que je ne dors pas avec toi, que le lit est froid. Ces crises de colère, ces interrogations permanentes montrent que tu tiens à moi. Ça veut dire que je peux continuer ?
Si je poursuis ce train de vie, notre couple va en pâtir.

[size=3]Je sais qu’on perd toujours à ce jeu
Qu’un jour tu seras partie[/size]

Quel est le jeu où l'on perd le plus ? L'amour ou les combats Pokémon clandestins ? Je risque de me ruiner et de te perdre en même temps. Ou bien je m'arrête et je te garde toi. Juste toi. L'argent on s'en fiche pas mal quand on a l'amour chez soi.
J'ai pas envie que tu partes, que les placards soient vides, que le lit soit déserté par ton corps parfumé. Les murs ne doivent plus être blancs mais colorés par tes éclats de rire. J'ai besoin de toi autant que de ces jeux interdits.

[size=3]J’ai ça dans la peau
Jusqu’à la fois de trop[/size]

J'arrive pas à choisir. C'est comme toi le matin : thé ou café ? Là il ne s'agit pas de bouffe mais d'argent, d'amour, de vie entière qu'on peut d'un mauvais choix balayer.
J'ai parfois l'impression que tu vas exploser, que la pression est trop forte. J'essaie de ne pas pousser le bouchon trop loin mais j'ai le besoin d'aller voir des Pokémon s’entretuer, de parier sur le survivant. C'est comme la vie qui reprend ses droits. Je me sens vivre quand j'ai gagné, lorsque je suis du bon côté de la barrière. J'ai le même sentiment quand on fait l'amour, que je t'embrasse, que je me réveille avec toi.
C'est ça, la vie. La mienne.

[size=3]I should’ve gone home
(J'aurais dû rentrer à la maison)
How hard can it be to say no ?
(Comme il peut être difficile de dire non)[/size]

J'ai essayé de résister à l'appel du jeu. C'est impossible. Comme lorsque tu m'appelles, que je rapplique dans la minute parce que tu as besoin de moi. C'est pareil pour les combats : ils ont besoin de moi. De parieurs, de joueurs.
J'accélère. Je veux rentrer avant que tu ne te réveilles. Eviter une nouvelle crise de larmes et de cris, de toute cette violente jalousie qui te secoue.

[size=3]Je ne suis qu’un homme
Qui n’a pas appris à dire non[/size]

C'est dans les rues désertes, sur les pavés mouillés que je me rends compte de ma petitesse. Les buildings nous font comprendre qu'on est rien à côté d'eux. C'est pareil pour la pulsion qui m'anime. Je suis trop petit, trop faible et vulnérable pour m'y opposer. Même lorsque que tu pleures, que tu me retiens, que tu me menaces. J'arrive pas à me détacher de ça.

[size=3]Pourquoi à chaque fois je détruis
Ce que j’ai de plus beau
Car du mal je m’en fais aussi[/size]

Charlotte. Tu es la plus belle femme que j'ai jamais vue. J'ai de la chance que tu ne sois pas déjà partie. Qu'est-ce que tu me trouves ? Je ronfle, je ne supporte pas de faire du shopping, j'aime les choses simples comme le football, les Pokémon forts. C'est d'ailleurs pour ça que je suis tombé dans cette addiction : voir des Pokémon se taper sur la gueule, ça m'amuse. Ce que je ressens après, c'est un sentiment de puissance, de liberté, d'existence.

Toi, tu es l'opposée de ce monde. Belle, douce, intelligente, défenseur absolu de la cause Pokémon. Je me demande ce qu'on fait ensemble. On a rien en commun à part l'amour de ces bestioles. Mais même cette notion sonne différemment chez nous deux. Tu les aimes parce qu'ils sont mignons, sensibles. Les combats clandestins c'est une autre facette de l'affection que je porte à ces créatures.

[size=3]J’ai ma vie qui prend l’eau[/size]
Mes poches sont vides. J'ai froid. Comment on va faire pour vivre sans mon salaire que je viens de dépenser ? Notre appartement coûte un bras. J'aurais aimé t'offrir des bijoux, du parfum, des robes que tu portes si bien. J'ai encore tout gâché, tu n'auras plus rien. Mes poches sont vides. Tu veux vérifier ?
Le pire c'est que j'ai aucun regret. Ça fait partie du jeu de perdre.

[size=3]I’m addicted to this game
(Je suis accro à ce jeu)
Wish I could just let it be
(Si seulement je pouvais juste laisser faire)[/size]

Beaucoup sont accro à la cigarette. A la drogue. A l'alcool. Au sexe. Moi c'est le jeu. C'est ce qu'il y a de moins pire, dans un sens. Je ne risque pas de me bousiller la santé à choper des maladies incurables.

[size=3]Should’ve left but I did it again
(J'aurais dû partir mais je l'ai encore fait)
Now it all fires back at me
(Maintenant tout m'est renvoyé)[/size]

Il est toujours temps d'arrêter, de quitter le cercle qui entoure les combats. Je ne peux pas. Si tu oses t'écarter, les autres parieurs te lancent des regards qui veulent dire beaucoup de choses ("t'as peur de perdre ?" ou "tu mériterais d'être à la place du perdant, une dérouillée ne te ferait pas de mal"). Tout ça dans un simple regard haineux. Pourquoi fuir au milieu du combat ? Il fallait le faire avant de parier, avant de sortir les billets. Mais une fois qu'ils passent d'une main à une autre, tu ne peux plus reculer. C'est comme si on te tatouait "a payé" sur le front. Tant que le combat n'est pas terminé, tu dois rester. C'est une règle silencieuse et comprise des habitués.

[size=3]Je fuis ton regard
De peur qu’il soit trop tard[/size]

Je me dépêche, je t'assure. Je transpire sous mon manteau. La sueur dégouline de mon front. Quelques fenêtres au-dessus de ma tête sont allumées. Je ne suis donc pas le seul à ne pas être endormi à cette heure.
Je t'imagine les yeux clos, le souffle léger. Un véritable ange qui verrait débarquer chez lui un démon tel que moi. Mais tu m'aimes, hein ? Dis-le moi, dis-moi que tu m'aimes malgré ce que j'ai pu faire.

[size=3]I should’ve gone home
(J'aurais dû rentrer à la maison)
How hard can it be to say no?
(Comme il peut être difficile de dire non)
Je ne suis qu’un homme
Qui n’a pas appris à dire non[/size]

N-O-N. Trois lettres. C'est un mot qu'on apprend quand on est encore en couche-culotte. Pourtant je n'arrive pas à le dire. Quand tu me dis reste, je réponds non. Pourquoi j'y arrive pas quand c'est le jeu qui m'appelle ? Lui n'a pas de visage, toi il est en pleurs. Tes sanglots me poussent à crier plus fort N-O-N.

[size=3]Feels like I've been looking everywhere
(C'est comme si je regardais partout)
Just to find out that it's you(Pour simplement découvrir que c'est toi)
Comme si j’allais encore voir ailleurs,
Voir ailleurs, si nous y sommes[/size]

Je débarque à la maison. Mes mains lâchent le trousseau de clés. Tu es réveillée. Assise sur une chaise au milieu de la pièce, tu m'observes. Tu me soupèses. J'ai l'impression qu'à chaque fois que je tourne la tête pour fuir ton regard, il me poursuit. Tes traits se lisent sur les murs, sur les meubles, sur le sol que je fixe.

[size=3]Je te mens, je ne fais que ça
Et dans mes yeux tu le lis[/size]

Tu me demandes des explications. Je les bredouille ; j'essaye d'en façonner des nouvelles mais elles sont aussi mauvaises que ton café le matin.
Est-ce que je te trompe avec une autre femme ? C'est ça que tu penses ? Que je partage le lit d'une autre ? Comment peux-tu croire ça ? J'ai été absent tant de fois ?

[size=3]Je ne suis qu’un homme
Qui n’a pas appris à dire non[/size]

Là, encore une fois, je suis incapable de dire non. N-O-N je ne te trompe pas. Ça reste coincé dans ma gorge. Serait-il mieux que je te dise que je parie à propos de la survie de Pokémon pour qui tu te bats tous les jours ? Tu ne le supporterais pas.
Je laisse donc le silence acquiescer à ma place. Je préfère te laisser croire que j'en vois une autre que de dire que je prends un plaisir sadique à regarder des Pokémon se déchirer.
Ils sont comme nous.

[size=3]I should’ve gone home
(J'aurais dû rentrer à la maison)
Should’ve left but I did it again
(J'aurais dû partir mais je l'ai encore fait)
How hard can it be to say no?
(Comme il peut être difficile de dire non)
Je ne suis qu’un homme
Qui n’a pas appris à dire non[/size]

Ce n'est que maintenant que je constate les placards vidés, les photos enlevées, tous nos souvenirs effacés. Ta valise traîne par terre. Elle est lourde et accablée. Tu te lèves avec dignité.

[size=3]Feels like I've been looking everywhere
(C'est comme si je regardais partout)
Just to find out that it's you
(Pour simplement découvrir que c'est toi)
Comme si j’allais encore voir ailleurs,
Voir ailleurs, si nous y sommes[/size]

Tu t'approches, tes yeux coulent. Les mains dans les poches, j'essaye de saisir les billets absents. Tu me dis que tout est terminé. Pour moi, ça ne fait que commencer. Si tu me laisses, je me retrouverai seul à lutter contre cette menace. Le jeu est là et sera toujours entre nous. Si tu t'en vas, il n'y aura plus que lui et moi. Nous formerons alors un couple et tu seras entre nous.

[size=3]I should’ve gone home
(J'aurais dû rentrer à la maison)[/size]

La porte se referme sur ton absence. L'argent n'est plus à la maison. Toi non plus. Allongé sur notre lit repose le cadavre encore frais de l'Insécateur découpé. Il m'appelle, je le rejoins. Je ne peux plus dire non, maintenant. Je ne l'ai jamais appris.