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Requiem [o-s] de Kloana



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Informations

» Auteur : Kloana - Voir le profil
» Créé le 17/06/2016 à 00:53
» Dernière mise à jour le 20/06/2016 à 20:13

» Mots-clés :   Drame   One-shot

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Requiem
La lune berce de son éclat la petite route menant à Romant-sous-bois. Le ciel d’encre est recouvert par de sombres nuages menaçant. Aucune étoile ne parvient à illuminer la voûte céleste. Un vent glacial vient caresser aigrement le visage d’un jeune homme. Les cheveux bruns, les yeux céruléens, l’adolescent se dirige vers un skatepark, désert en cette heure tardive. Il s’arrête au centre et libère plusieurs pokéballs. Le premier à sortir est un Démolosse à la carrure puissante ; le plus redoutable de ses Pokémon. Puis viennent une Mentali, un Goinfrex et une Feunnec. Enfin, il sort son dernier Pokémon : un Absol majestueux aux griffes acérées Sa fourrure blanche immaculée contraste la noirceur de sa corne aiguisée. De nature calme, intelligent, celui-ci regarde ses congénères d’un air interrogateur. Hormis le Démolosse, il ne comprend pas pourquoi les yeux de ses camarades trahissent leur peur cinglante. Leur dresseur fait un pas, un sourire étrange sur ses lèvres. On entend alors l’orage gronder et l’odeur de la pluie est omniprésente ; bientôt, ils devraient trouver un abri, se dit l’Absol.

« - Désolé de vous avoir fait sortir maintenant, commence l’humain, mais j’ai envie de m’amuser un peu. »

Le Démolosse montre ses crocs envers ses compagnons. Tous ont un mouvement de recul, sauf le Pokémon ténèbres ; l’Absol ne comprend pas du tout ce qu’il se passe. Il observe attentivement les autres Pokémon. Les os saillent sous leur maigre chair. Arrivé depuis peu dans l’équipe, il ne peut réaliser à ce moment le sort qui attend ses nouveaux amis.

« - Hmm… Ce soir, ce sera Feunnec ! »

L’intéressée pousse un petit couinement de peur. L’Absol la voit trembler comme une feuille, ses yeux embués de chagrin. Le dresseur s’approche d’elle, une cravache à la main. Le Pokémon ténèbres observe attentivement le jeune Pokémon. Sa maigreur est accentuée par les touffes de poils lui ont été arrachées ; il en est de même pour la Mentali. Le corps du Goinfrex est étriqué, couvert de bleus et d’égratignures. Quant au Démolosse, bien qu’amaigri, il semble aller mieux que ses compères. Le Pokémon à la fourrure blanche dévisage tour à tour le dresseur et les autres. Que va-t-il se passer ? Il a peur de comprendre.
L’homme saisit par la peau du cou la Feunnec, qui ne tente pas de s’échapper. L’étreinte doit la faire souffrir, car elle n’ose plus bouger. L’emprise se fait plus forte et elle commence à gémir de douleur. Le dresseur envoie le corps chétif du renard contre une plateforme, où le Pokémon feu retombe violemment sur le sol. Le Pokémon aux griffes acérées ne se risque pas à bouger, ses pattes ne lui répondent plus. Il contemple, mortifié, la scène qui se déroule juste devant ses yeux.
Le dresseur rejoint la petite Feunnec qui s’est difficilement relevée. La pauvre créature recule, baisse ses oreilles et se recroqueville au fur et à mesure que l’homme s’approche, sa cravache toujours en main, le regard assassin. L’homme lève le bras et frappe une première fois le dos du Pokémon avec sa cravache. On entend le cri de douleur de la victime, qui recule encore. Mais le contact glacial avec la plateforme lui fait comprendre qu’elle ne peut s’éloigner davantage de son agresseur. Elle lui lance un regard empli d’angoisse et de souffrance.

« - Sale bête inutile ! Je me demande pourquoi j’ai pris la peine de te capturer ! »

Le pitoyable Pokémon est rué de coups par l’être abject qu’est son maître. La Feunnec pousse des cris stridents, chaque coup de cravache rend sa peau plus douloureuse encore. Le rire insensible du dresseur se mêle aux plaintes du petit tas de fourrure. Les autres Pokémon sont comme figés : c’est la première fois que le dresseur se montre si cruel. Le Démolosse plisse les yeux de plaisir, cette scène semble l’amuser plutôt que l’effrayer. Après une bonne dizaine de minutes, l’homme se calme et contemple dédaigneusement son Pokémon. Les yeux humides de ce dernier sont tournés vers le sol, n’osant même plus regarder l’humain de peur d’être à nouveau battu.

« - Aaah, ça fait du bien. Ça faisait longtemps que je ne m’étais pas amusé comme ça ! »

Ses rires recommencent à envelopper le silence de la nuit. La fine pluie se transforme peu à peu en déluge, les fourrures des Pokémon sont trempées maintenant. L’Absol recouvre ses esprits et découvre la Feunnec ensanglantée. Comment cet homme peut-il être si odieux envers ses Pokémon ? Bien qu’il soit nouveau, le Pokémon ténèbres ne peut se résoudre à laisser les choses ainsi. Il réfléchit un instant à la meilleure façon de s’en sortir, en prenant en compte l’état déplorable de ses compagnons. Un idée lui vient et il s’approche doucement de la Mentali.

Écoute, je vais faire diversion, pendant que tu t’enfuiras loin d’ici avec Goinfrex et Feunnec. Est-ce que tu te sens capable de porter la petite ? Elle sera incapable de marcher dans son état.

La concernée hoche la tête et porte son attention sur son amie.
Une révolte ! Elle n’a jamais pensé que cela pourrait un jour être possible. Les paroles de l’Absol lui ont donné un peu de courage et elle va vers le Goinfrex, aussi silencieusement que possible, pour lui faire part de ce plan. Le Pokémon à la longue corne noire saute au cou du Démolosse, qui se tient devant eux. Il lui mord la gorge avec une telle puissance que le chien commence à étouffer. Mais il parvient à se libérer, et ses aboiements alertent leur dresseur qui revient en courant, abandonnant son jeu abominable.

Allez-y ! Récupérez Feunnec et partez d’ici !

La Mentali contourne le combat qui vient de commencer et le dresseur ; par chance, celui-ci ne la remarque pas et elle arrive auprès du jeune Pokémon. Elle la prend par la gueule, sur la peau du cou, mais délicatement, de façon à ne pas aggraver ses blessures. Le Goinfrex a déjà commencé à quitter le skatepark, il attend ses deux amies à l’entrée. Le Pokémon psy se met à courir de toutes ses forces pour le rejoindre, essayant de ne pas glisser à cause du sol inondé par l’averse. Alors qu’elle passe devant le dresseur, celui-ci la remarque et ordonne à son Démolosse de l’attaquer. Le Pokémon feu délaisse l’Absol pour rattraper les fugitifs. Mais les griffes tranchantes du Pokémon ténèbres viennent s’enfoncer dans son dos, une douleur fulgurante s’emparant de lui. Il se retourne et enfonce ses crocs dans la nuque de son attaquant pour tenter de se libérer. Pendant ce temps, la Mentali retrouve le Goinfrex et ensemble, s’enfuient loin de cet homme qui les a tant maltraités.

J’espère que tu t’en sortiras, Absol. Merci de nous avoir donné la chance de retrouver notre liberté. Nous ne t’oublierons pas.

L’Absol envoie une attaque Tranche-Nuit pour se libérer de la gueule du Démolosse. Il enchaîne avec une Vive-Attaque pour envoyer son assaillant vers le dresseur. Celui-ci hurle des ordres au Démolosse, qui se relève péniblement et découvre les crocs. Absol comprend qu’il doit en finir, avant que ceux-ci ne le mettent hors-combat.

Je pense qu’ils sont suffisamment loin, maintenant.

Le Pokémon prend une grande inspiration avant d’ouvrir sa gueule. Un son indescriptible s’en échappe. Une mélodie envoutante résonne à travers le bruit de la pluie. Le visage de l’homme devient pâle quand il entend la voix du Pokémon.

« - Non, ce n’est pas possible… Nooon, ça ne peut pas finir comme ça !! »

Mais la mélodie prend déjà fin. L’Absol regarde les deux êtres qui se trouvent devant lui : chacun d’eux semble à la fois surpris et désespéré. L’homme est pris d’une violente secousse, tout comme le Démolosse et l’Absol. La chaleur, puis un froid glacial les transit. L’homme tente d’avancer vers le Pokémon au pelage de neige, mais un second frisson, plus douloureux encore l’oblige à mettre un genou au sol. Son cœur bat la chamade, au point qu’il en a des sueurs froides. Le Démolosse a le poil hérissé, les yeux humides et le visage crispé. L’agonie est palpable sur leurs visages. Le jeune homme se mord la lèvre inférieure, et un liquide écarlate s’écoule sur son menton. La main droite collée à sa poitrine, l’autre posée sur le sol humide, il regarde une dernière fois le Pokémon responsable de cette immense douleur. Ce dernier encaisse le spasme avec difficulté, mais réussit à sourire au dresseur.

C’est la fin.

L’humain et les deux Pokémon tombent inertes sur le sol.