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Elle (OS) de Eliii



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Informations

» Auteur : Eliii - Voir le profil
» Créé le 08/06/2016 à 10:50
» Dernière mise à jour le 08/06/2016 à 14:08

» Mots-clés :   Absence d'humains   Absence de combats   One-shot   Suspense

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Allez, viens, j't'attends.
Tu es là, tu me traques avec ferveur.
Je le sais, j'entends tes clameurs.
Toi, tu vois, t'es un peu comme une sœur.
Jamais très loin, tu guettes mon malheur.
Et un jour, tu en connaîtras la saveur.
Et peut-être même la couleur.
Mais, dis moi, quelle est ta vraie valeur ?


Je cours, haletant, à travers ce qui semble être une forêt. J'en sais rien, à vrai dire. Je vois pas grand chose, tout défile à une allure trop rapide pour que mes yeux - qui tiennent plus des gemmes que des globes oculaires, d'ailleurs - puissent distinguer quoi que ce soit. Tout est flou, et imprécis, et ça tourne trop vite pour moi. Mon frêle corps violet a du mal à me porter, c'est certainement bientôt terminé pour moi. Mais tant que je serai conscient, je n'abandonnerai pas, ce serait m'avouer vaincu.

T'es là, hein ? Je suis sûr que t'es pas loin.

On est en plein hiver, et je devrais avoir froid, mais non, j'ai l'impression que je vais fondre. J'ai tellement chaud... Il faut croire que dame nature n'a pas gâté tout le monde. J'ai une piètre résistance physique, si bien qu'au bout d'un cent mètres, je m'étale face contre terre, à moitié mort. Là, c'est pas arrivé, grâce à la douce mais puissante adrénaline qui parcourt mes veines comme un courant électrique. Ai-je seulement des veines ? J'en sais rien, tous les Pokémon ne sont pas faits pareils, et puis de toute façon, qu'est-ce que ça changerait ?

T'es ma meilleure amie. Et pourtant, j'te déteste. Tu m'entends ? Je te déteste.

Je m'autorise une courte pause ; deux, trois secondes pour reprendre mon souffle, et c'est reparti. J'ai l'impression d'être un athlète qui s'entraîne de façon hyper intensive en vue d'une compétition sportive. Mes courtes jambes me portent tant bien que mal, mais j'le sais, elles vont bientôt me lâcher, et j'aurai plus qu'à faire face à mon cruel destin. Rien que d'y penser, j'en ai des nausées. La gemme rouge incrustée dans mon ventre en frissonnerait presque.

J'te déteste, j'te hais, j'te méprise. Arrête de me suivre partout, comme ça.

Ma vision se trouble. Merde. Pas déjà... je suis déjà si fatigué ? J'en peux plus, c'est vrai, mes jambes flageolent dès l'instant où je ralentis, ma respiration est affreusement saccadée et mon pauvre cœur, si tant est que j'en aie un, me hurle de m'arrêter coûte que coûte. Mais j'peux pas. Si je m'arrête, je suis foutu. Je sais bien que beaucoup de gens rêvent de se faire dévorer vivant par un Noctunoir complètement taré et, comble du malheur, affamé... mais c'est pas mon cas, et je sais que ce gros balourd va pas me lâcher de sitôt. J'ai pas le choix, quoi.

Non, recule. Arrête de t'approcher. Je veux pas. J'veux pas que tu viennes encore m'entraver. J'en ai assez que tu sois toujours sur mon chemin.

Quitte à crever, j'préfère le faire dignement. En courant pour ma vie, je me persuade que j'aurai au moins lutté pour échapper à la mort avant qu'elle vienne me faucher. J'suis pas pessimiste, non, mais on m'a appris depuis longtemps qu'il faut accepter la dureté de la vie. C'est ce que je fais. J'accepte le fait que les Noctunoir affamés ont des chances de parvenir à bouffer de frêles Ténéfix qui peinent à seulement courir. Et à mon avis, ça tardera pas à m'arriver. En attendant, je cours, aussi vite que je peux, sur des jambes que je sens même plus.

T'es encore là ? Ouais. Ouais, je le sens, t'es juste là, à murmurer des horreurs dans mon oreille. Déguerpis.

Quoi que je puisse faire, je ne connais pas encore mon destin. Est-ce que je vais survivre, ou bien me faire avaler tout rond par ce fantôme sinistre qui me poursuit ? J'sais pas trop, j'aurais tendance à dire oui à coup sûr, parce que je suis un peu en bas de la chaîne alimentaire, mais y a toujours une donnée qui nous échappe dans ce genre de situation. Une donnée primordiale, qui peut donner un tout autre sens à l'équation. Vous voyez pas de quoi je parle ? C'est elle.

Une vague de froid commence à m'envahir. Je suis mort, c'est sûr.

Elle, c'est une entité surpuissante et absolue. On croirait pas comme ça, et ça peut vous paraître ridicule, mais elle est bien là, toujours tapie dans l'ombre, à attendre le moment propice pour s'insinuer en nous tel un serpent tentateur. Elle est horrible. Tout commence par une sensation de froid intense dont on ne peut pas se dégager, et ensuite, la sueur commence à couler, encore et encore, et on est à l'affût du moindre craquement de brindille ou bruissement de vent. Quand je vous dis que c'est terrible. Il arrive aussi que l'estomac se noue, que le cœur se mette à battre soudainement beaucoup plus rapidement, et que la respiration se fasse de plus en plus pénible.

Un Roucool vient de pousser un cri. J'ai sursauté. T'es contente de toi ?

J'aurai bien continué à courir, mais je suis en train d'expérimenter toutes les sensations que je viens de vous décrire. Je crois que j'ai oublié de vous parler de la paralysie. C'est tellement puissant que ça empêche de bouger. C'est ce qui est en train de m'arriver. J'attends mon heure, parce que je peux pas faire autrement, cette vicieuse me dicte ma conduite, j'y peux rien, et j'y pourrai jamais rien, parce que ce foutu Noctunoir va venir me bouffer et tout sera fini.

Vous voyez toujours pas à quoi je fais allusion ?

Tu es là, tu me traques avec ferveur.
Je le sais, j'entends tes clameurs.
Toi, tu vois, t'es un peu comme une sœur.
Jamais très loin, tu guettes mon malheur.
Et un jour, tu en connaîtras la saveur.
Et peut-être même la couleur.
Mais, dis moi, quelle est ta vraie valeur ?

Tu es là, tu me traques avec ferveur.
J'attends, que déferle sur moi ton horreur.
Toi, tu vois, t'es un peu comme une sœur.
Toujours là, proche, tu me sors de ma torpeur.
T'es si laide, tu ferais même fuir les fleurs.
Partout où tu passes, les visages ont cette pâleur...
Tu es sans scrupules et tu me hantes, toi, la peur.