Pikachu
Pokébip Pokédex Espace Membre
Inscription

Un regard de joyaux [OS] de Marshan Utopium



Retour à la liste des chapitres

Informations

» Auteur : Marshan Utopium - Voir le profil
» Créé le 17/05/2015 à 19:41
» Dernière mise à jour le 17/05/2015 à 22:40

» Mots-clés :   Absence de poké balls   Drame   One-shot   Terreur

Si vous trouvez un contenu choquant cliquez ici :


Largeur      
Un regard de joyaux - Chapitre unique
Il faisait sombre, comme tous les jours. Je me levai, mes yeux étaient déjà habitués à la pénombre. Les ténèbres de cette grotte me faisaient tourner la tête. Toujours le même décors rocailleux et revêche, à perte de vue. Cela faisait déjà trois jours que j'avais quitté mon clan pour sortir de l'ombre, mais seuls de la terre et des pierres s'offraient à moi. Cette antre était immense et, je ne sais par quel moyen, aucun humain ne l'avait jamais découverte. Le calme y régnait, et les Pokémon environnants adoraient ça. Moi, j'avais envie d'autre chose. Voilà des années que je vivais dans l'obscurité la plus totale. Un jour, on m'avait conté l'histoire du Soleil. Un astre géant, une boule de feu qui innondait le monde de lumière. Mais le Soleil se trouvait à l'extérieur. Et moi, j'étais à l'intérieur. Coincé au fond de la grotte la plus noire qui existait. Je voyais parfaitement dans la pénombre, mais j'avais trouvé cela lassant dès mon plus jeune âge. J'avais finalement pris mon courage à deux mains et j'étais parti. Parti pour explorer cette grotte, parti pour en trouver la sortie, parti pour chercher le Soleil. Bien sûr, on m'avait mis en garde. Je ne devais pas sortir d'ici, sinon les humains viendraient attaquer notre clan et nous tueraient et pilleraient jusqu'au dernier. Mais quelque chose me poussait à continuer, à aller plus loin. Je touchais au but. Oui, tout près, je sentais quelque chose de nouveau, comme une chaleur ambiante. Mes pattes. Pourquoi n'y avais-je pas pensé plus tôt ? Je pouvais creuser, creuser jusqu'à trouver la liberté. Ma liberté. Alors j'ai commencé à gratter un mur à côté de moi. Un mur froid et rocailleux. J'ai commencé par gratter doucement, puis mes coups de pattes se sont accélérés. Ces dernières tenaient parfaitement la cadence grâce à leur robustesse. D'un coup, un bruit, une pierre qui roule, un petit effondrement, j'ai reculé et fermé les yeux, puis un autre effondrement, beaucoup plus gros.

Et là, c'est arrivé, c'est entré, ça m'a touché au plus profond de mon coeur. La chaleur de la lumière venait d'entrer en moi. L'astre m'avait transpercé de par en par, et j'appréciais ça. Non, j'adorais même. Mais malheureusement, c'est là que tout s'est gâté. J'ai ouvert les yeux. Je m'attendais à une autre vague de chaleur, de bien-être. Mais non. Mes yeux ont regardé le Soleil de trop près. Mes yeux étaient bien trop fragiles pour toute cette luminosité. J'avais été trop curieux et j'en payais à présent le prix. Le Soleil m'agressait de toute sa puissance. Mes joyaux m'avaient toujours protégé, ils avaient toujours ajusté mes regards. Je voyais parfaitement dans l'obscurité, mais la lumière était bien trop forte. Bien sûr, quand mes yeux ont commencé à me faire mal, j'ai tout de suite reculé dans la grotte, mais le mal était fait. Mes pupilles ni picotaient pas, non, elles brûlaient. Littéralement. Je poussai un premier cri qui déchira le silence de l'antre. Puis un deuxième, et un troisième. Encore et encore, je hurlai de toutes mes forces, jusqu'à en perdre haleine, pour extérioriser cette douleur qui dévorait mes yeux à chaque seconde. Mais rien n'y faisait. Je me tordais dans tous les sens, je grimaçais, je criais, je saignais, j'appelais à l'aide. J'avais tellement besoin d'aide. Mais personne ne vint jamais. J'ai continué à agoniser là, sur le sol de la caverne où j'avais grandi, et où j'allais sûrement mourir. Mes pattes étaient devenues moites à cause du liquide vermeil qui coulait à flot de mes yeux. Tout devenait flou autour de moi. Je ne voyais plus rien à part du rouge, mes sens étaient brouillés, la sensation de chaleur avait disparue. Je n'étais qu'un vulgaire Ténéfix qui se mourait allongé dans une grotte.

Finalement, la douleur s'apaisa quelque peu et, bien qu'elle fut toujours atroce, mes sens revinrent petit à petit. Des voix sortaient de nulle part. Des voix d'humains. Trois, me semblait-il. Pourquoi se trouvaient-ils ici ? Peut-être allaient-ils m'aider ? Les humains ne devaient pas être aussi abominables que l'on me l'avait dit. Tant bien que mal, je me relevai et m'avançai vers les voix d'un pas incertain, les pattes poisseuses toujours collées contre mes yeux. Vu les cris que j'entendis, je me rapprochai d'eux. Je vacillai et, alors que je m'attendais à ce que mon corps frappe violemment le sol, deux mains sales et sèches me rattrapèrent. Un humain, sûrement. J'entendis des bribes de mots sortir de leurs bouches. Des mots comme "joyaux", "précieux", "sang" ou encore "argent". D'autres mains retirèrent mes pattes plaquées sur mes pupilles. La lumière m'aveugla de nouveau, mais ce n'est malheureusement pas ce qui me fit le plus mal. La dernière paire de mains agrippa les joyaux qui protégeaient mes yeux et tira violemment. Je poussait un cri, agonisant. Il recommença, nouveau cri. Encore en encore, jusqu'à ce que la chose que je redoutais arriva. Il tira si fort que mes deux rubis partirent et restèrent dans les mains de l'humain. Cri de joie de sa part, cri d'horreur de la mienne. La brûlure était encore plus forte. Je ne voyais rien, mais je pus clairement comprendre que les trois hommes rentrèrent dans la grotte pour y trouver mes semblables et sûrement les décimer. Etait-ce vraiment cela le monde extérieur ? Une chaleur étouffante, une lumière aveuglante et brûlante et des hommes pervertis par l'avarice ? Je n'eus pas le temps de réfléchir plus longtemps, car l'horreur des sentiments qui se bousculaient en moi me reprit vivement. Cette même vague de sentiments m'arracha mon dernier souffle dans la souffrance la plus totale.