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» Auteur : Xabab - Voir le profil
» Créé le 25/02/2014 à 23:15
» Dernière mise à jour le 25/02/2014 à 23:15

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Chapitre 45 : Le bien et le mal
Dan se retrouva soudain en pleine chaleur, suffoquant sous le poids de cette dernière. Ayant par un moyen plus qu'étrange quitté le hall dans lequel se tenaient les trois juges de l'au-delà, il se retrouvait prit au piège dans les tréfonds de ce monde.
Car à peine avait-il jeté un coup d'œil autour de lui qu'il savait où il était, il n'avait aucun doute sur le sujet. Le fond des enfers, le repaire de ceux pour qui la vie n'a pas été des plus douces, celui où l'on souffre et où l'on expie ses pêchés ; le Tartare.

« Tout ça n'existe pas, je suis dans un rêve depuis le départ. »
Face à cette exclamation de l'ancien militaire Saul laissa un sourire s'étendre sur son visage.
« Je m'étonnais aussi que vous ne m'ayez pas dit cela plus tôt. C'était impossible pour un vivant de venir en ces lieux sans sortir cette excuse désuète. Le rêve… On dirait que vous n'avez que ce mot à la bouche. C'est bien digne des mortels. »

Dan qui regardait autour de lui plutôt que d'avoir à subir le regard de son interlocuteur se tourna brusquement dans sa direction. Le dernier mot qu'il venait de prononcer venait de le surprendre.
« Des mortels ? répéta le vieillard.
– Je vous ai dit que j'étais mort ? reprit le maire en s'amusant. En quelque sorte c'est vrai mais disons que je suis bien plus que cela. Regardez au loin, ajouta-t-il en pointant du doigt le sommet d'une montagne d'où s'échappait des gerbes de flammes, c'est là que je suis censé être. »

Face à eux s'étendait une immense plaine. D'où ils se trouvaient Dan ne se sentait pas en danger. Les soucis de ceux qui se trouvaient en bas ne le concernaient pas et ne pouvaient pas l'atteindre de si loin. Et pourtant il était comme touché devant tant de douleurs.

Au-dessus des morts il les voyait ramper sous ses yeux, se lamentant et hurlant. Leurs ongles sales se plantaient dans une terre souillée par un sang qui ne séchait jamais et par des flaques de sueurs comme de larmes que même la chaleur ne pouvait tarir. Alors qu'ils tentaient de fuir ce monde, les morts se faisaient rattraper par des flammes insatiables qui dévoraient des chairs qui se reformaient immédiatement pour mieux fondre quelques secondes plus tard. Et venaient les pleurs, les cris, les souvenirs de ceux qui étaient partis pour le bon royaume des enfers, de ceux qu'ils aimaient comme de ceux qu'ils avaient fait souffrir… Il y avait de tout cela dans ce paysage de haine et de peur.

Dans le fond se dressaient de gigantesques montagnes qui crachaient du feu sans interruption. Elles étaient les gardiennes de cette plaine dans laquelle erraient les mauvais pour l'éternité et, regardant autour de lui, Dan remarqua qu'il se trouvait lui aussi sur l'une d'elle. Tout n'était qu'un cercle qu'aucun des damnés ne pouvait franchir.
Promenant son regard sur leurs sommets l'ancien militaire remarqua sur sa droite un géant qui tentait de passer outre. Ses muscles saillaient tandis qu'il se saisissait des pierres les plus tranchantes du ravin. Il s'écorchait les bras, déversait abondamment son sang sur les morts qui tentait de le suivre et criait à chaque effort. Mais à peine se dressa-t-il au sommet qu'il fut frappé par un éclair sans précédent qui le terrassa. Dans un nuage de poussière et de sang, le géant se retrouva inconscient et vidé de toute force.

« Même mes frères ne peuvent quitter ce monde sans autorisation, commenta Saul en voyant le monstre à leurs pieds. Les titans n'auront plus jamais la puissance qu'ils avaient dans le temps.
– Vous êtes…
– Un titan, répondit calmement le maire sans le regarder, et plus précisément l'un des trois Hécatonchires. Nous avons été autorisés à remonter à la surface pour accomplir certaines tâches dont vous êtes l'un des maillons.
– Moi ? »

Mais la conversation s'interrompit à cause d'un cri différent de celui des morts, comme divin et venu d'un autre monde pour troubler les tortures de celui-ci.
Lorsqu'il regarda au-dessus de sa tête Dan y vit un Gueriaigle qui venait vers eux. Sentant la peur l'envahir à l'idée de rencontrer cet émissaire des dieux, l'ancien militaire ne se sentit pas rassuré. Mais, au bout de quelques secondes, le rapace se détourna et vola vers la montagne voisine à celle sur laquelle ils se trouvaient.

Un cri retentit, celui d'un homme que Dan vit enchaîné à un rocher par une corde d'un métal inconnu. Le corps entièrement nu il se remuait comme pour tenter de s'évader d'une cage contre laquelle il ne pouvait strictement rien.
Le pokemon vola dans sa direction, se posa sur son torse et le regarda un instant dans les yeux comme pour profiter de sa souffrance. Lorsque le hurlement du torturé fut à son paroxysme, le rapace planta son bec dans le ventre de sa victime, provoquant un geyser de sang dont il se souciait peu. Dans un craquement infâme, il écarta de ses serres chaque organe qui le séparait du foie. Et, atteignant sa cible, il l'extirpa lentement avant de le dévorer.

N'y pouvant plus Dan se détourna de ce spectacle, tournant ses yeux vers une montagne où un homme faisait rouler une pierre vers le sommet. Des larmes coulaient le long de ses joues et ses os craquaient après chaque effort. Lentement il menait l'objet de toute son attention vers son objectif et, au moment d'y parvenir, celui-ci glissait d'entre ses mains et roulaient jusqu'au bas de la montagne.

Plus loin c'était un autre homme qui se penchait pour boire mais n'y parvenait pas, qui tentait de se saisir de fruits qui fuyaient la paume de sa main. Lui ne pleurait pas et ne transpirait pas le moins du monde. Non, rien de cela car il avait soif et faim sans que rien ne puisse apaiser de tels manques.
Un autre tournait sur une roue de feu, ne criant même plus et se contentant de souffrir. Juste à côté de lui quelques femmes se pressaient autour d'un tonneau, le remplissant nonchalamment alors que son contenu se déversait aussitôt sur le sol.

« C'est affreux, laissa échapper Dan face à de telles visions.
– Affreux ? rétorqua Saul. Il me semble pourtant que vous n'avez pas vraiment de remords par rapport à ce que vous-même avez fait subir.
– C'était la guerre et le mal était partout. On faisait sauter des bombes tous les matins dans les quartiers riches, on tuait des innocents et il fallait trouver des coupables.
– Et j'imagine que ça justifiait de couper une jambe avec du fil barbelé. »

Cette parole coupa la discussion et donna à Dan une envie de vomir. Il repensait à ce vieux hangar dans lequel le gamin avait perdu sa jambe pendant qu'il lui hurlait dessus à s'en déchirer la voix. Puis il avait avoué, il avait filmé ses aveux puis…
« Peut-être méritait-il de prendre une balle dans la tête pour avoir posé une bombe en suivant des ordres ? »
Et, baissant les yeux de honte, Dan vit ramper vers lui cette image du passé. Traînant sur une seule jambe, le mort le fixait, non pas d'un regard réprobateur ou haineux, mais d'un air de pitié.

En le voyant ainsi Dan prit conscience de qui il était et, fixant les paumes de ses mains, il eut pour la première fois de sa vie conscience de ce qu'il était. Et pour la première fois il se sentit honteux à l'idée d'être lui.