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Informations

» Auteur : Xabab - Voir le profil
» Créé le 23/02/2014 à 19:22
» Dernière mise à jour le 23/02/2014 à 19:22

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Chapitre 44 : La mort vous va si bien
Des milliers de regards rougeoyants parsemaient les sous-bois à la sortie de la ville et ce depuis la tombée de la nuit. Une armée attendait dans l'ombre les ordres de leur maître pour agir. Cela faisait longtemps que personne n'avait tenté de fuir, bien trop longtemps. Leurs muscles étaient rouillés tant ils n'avaient pas eu la moindre victime et la pensée de cette soirée les réjouissait tous. Dans le noir la troupe ressemblait à une horde de démons surgie des enfers pour détruire l'humanité ; la vérité était proche de cette affirmation.

Les voyant trépigner d'impatience leur chef leva la main, faisant cesser toute l'agitation de ces bois par ce simple signe. Il était le seul à être calme et il le fallait bien. Ces Scalproies n'étaient pas les êtres les plus dociles, ni les plus obéissants ; c'était un exploit de savoir en contrôler un seul, mieux encore d'en diriger une armée.
Seul cet homme en était capable et les traits durs et autoritaires de son visage confirmaient cette vérité. Un bandeau faisait tenir en arrière ses cheveux qui se nouaient ensuite en catogan, se glissant entre ses deux épaules massives avant de se poser sur le fourreau du gigantesque sabre dont il était équipé. Ce même ornement recouvrait son œil droit tandis que le second fixait la route sur laquelle allait bientôt s'aventurer sa cible.

Il avait de la patience, ce n'était qu'une de ses qualités parmi tant d'autres mais il faut avouer qu'elle était particulièrement aiguisée. Le tueur pouvait encore se souvenir de chacun de ceux qui avait un jour osé franchir les portes de la ville et du temps qu'il avait attendu avant de les voir arriver. Parfois il se mettait en chasse, ses cibles tentant de passer par les montagnes. Dans ces cas-là il aimait son travail, c'était agréable de jouer ainsi avec une proie. Mais dans d'autres ce n'était pas aussi amusant.
Il attendait au bord de la route avec son armée, voyait arriver la voiture et traversait le corps de l'innocent de la lame de son sabre. Pas de jeu, juste un fardeau dont il se débarrassait en quelques secondes. Il aimait voir les humains résister, c'était si agréable…

Combien s'était rendu compte que cette ville n'était qu'un simple mirage ? Qui pouvait affirmer que rien ne tournait rond, que celui qui dirigeait cette endroit en faisait de même de leurs vies ? Le tueur n'en avait aucune idée.
En revanche il se souvenait des visages de tous les hommes qu'il avait exterminés à l'aide de ces cent bras, ceux qu'il utilisait à sa guise. Beaucoup étaient morts durant les premières années marquant la fermeture de la ville. Il se souvenait n'avoir quitté que rarement ces bois au cours de cette période.

Mais à peine s'était-il plongé dans ses pensées que toute l'armée de sous-fifres s'impatientaient de nouveau et bouillonnaient dans son dos. Il leva encore sa main, ces piaillements l'empêchant de se concentrer sur le bruit de moteur qu'il entendrait sans doute d'un instant à l'autre.

Le silence revenu il se pencha vers le sol, posant trois mains dans l'herbe humide afin de se maintenir en hauteur. Et couché dans les buissons il écoutait, quittant ses souvenirs de meurtre pour se concentrer sur celui de cette nuit.
Mais rien. Pas un bruit de moteur au loin, que ce soit dans la ville ou sur les routes qui quittaient cette dernière. Tous les habitants de cette cité maudite dormaient et aucun n'osait s'aventurer dans les rues après le coucher du soleil, à raison d'ailleurs.

N'entendant rien, le tueur décrocha le téléphone qui pendait à sa ceinture à l'aide d'un autre de ses bras qu'il avait cette fois dégagé de son abdomen. Il composa rapidement un numéro et le porta à son oreille. La sonnerie résonna deux fois puis son correspondant décrocha.
« Vous l'avez ?
– Non et c'est pour cela que je vous appelle, répondit l'assassin d'une voix extrêmement grave, je ne vois pas la moindre voiture. »

Un silence pesa autour de lui avant qu'il n'entende la voix de son interlocuteur : « Il n'y a pas de voiture, la cible est à pieds.
– Et c'est maintenant que vous me le dîtes ? rugit le tueur en levant sa main pour ordonner à ses pokemons de se mettre en chasse.
– Je suis désolé mais vous saurez vous en sortir tout de même. Après tout c'est la seule chose dont vous êtes capable, répondit simplement le second d'un ton calme avant de raccrocher. »

En quelques secondes toute son armée s'était élancée dans les bois alentours et ce sur un unique signe de sa part. Mais, tandis que les lames vrombissaient autour de lui en venant fouetter le vent nocturne, le tueur entendit au loin s'approcher un véhicule.
« Stop ! »
La course de son armée prit fin et chaque soldat se coucha dans l'herbe afin de se faire discret. Pendant ce temps l'assassin reporta son regard sur cette route qu'il avait délaissé depuis son appel et écouta.

Le bruit de moteur se rapprocha pendant une bonne minute avant de faiblir, marquant l'arrêt de la voiture sur la chaussée. Celui-ci dura très peu de temps avant qu'elle ne reprenne la route, se rapprochant inlassablement de la position du tueur qui attendait les ordres. Quelqu'un quittait cette ville et il n'avait pas ordre de le tuer ; c'était plus qu'étrange de la part de celui qui donnait les ordres.
Mais après tout ce n'était peut-être qu'une partie du plan de son dieu en lequel il ne devait pas interférer, tout cela au prix de sa propre liberté.

Ainsi quand la voiture passa devant lui il ne bougea pas, repensant à son enfermement dans les tréfonds du Tartare. Il pouvait y retourner à cause du premier faux-pas et n'en avait aucunement l'occasion. Il avait vécu l'enfer au fin fond des enfers.
Lorsqu'elle fut assez éloignée, il ordonna à chacun de ses sbires de se remettre en chasse, ce qu'ils firent sans hésitation.

Mais cet ordre laissa place à un appel qui devait changer le cours des choses. En décrochant son téléphone, l'assassin savait d'ores et déjà qu'il avait fait une erreur ; il savait même laquelle. La voix ne fit que lui confirmer.
« Il était dans la voiture. »
La lame de son sabre commença à reluire dans la clarté monotone de la Lune.