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» Auteur : Xabab - Voir le profil
» Créé le 22/01/2014 à 17:08
» Dernière mise à jour le 23/01/2014 à 22:21

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Chapitre 38 : Cœur d'enfant
« On va au lac, maman !
– Faites attention sur le chemin et rentrez vite. Pense à mettre tes bottes et... »
La porte claqua avant qu'elle puisse terminer sa phrase. Les deux enfants étaient sortis comme à leur habitude avec précipitation, encouragés par l'air frais de l'extérieur. Après tout elle ne pouvait pas leur en vouloir de désirer un peu de liberté. Son fils allait avoir douze ans après tout et le lac n'était qu'à une minute de marche du portail de leur maison ; il ne risquait rien. De plus il n'était pas seul, Oliver était un gamin fantastique et elle n'avait rien à craindre tant qu'il était avec lui.

« Alors ? lança justement le prénommé Oliver qui attendait devant la porte de la maison de son ami, la tête cachée sous la capuche de son manteau malgré l'absence de pluie.
– Elle a dit oui, répondit le second. De toute façon elle ne pouvait pas faire autrement, on n'est pas des gamins.
– T'as raison. On y va ? »
L'enfant accepta d'un signe de tête et fit un pas en direction de son ami.

« Tu ne mets pas tes bottes ? lui fit remarquer ce dernier en pointant du menton la paire qui se trouvait sur le palier.
– Non, tu sais très bien que je ne supporte pas ce genre de pompes. T'es bien le seul type capable d'enfiler ces choses sans hurler au drame ; je ne pourrais pas en faire autant.
– Je préfère ça que me tremper les chaussettes à la moindre flaque. Il y aura de la boue au lac et tout le reste.
– Pas grave. On va juste balancer des cailloux dans l'eau pour faire chier les Couanetons et se battre avec des bâtons. C'est pas un peu d'eau qui va me faire peur. »

Oliver haussa les épaules et renonça. Après tout son ami était comme ça tout le temps et il ne voulait pas imposer son point de vue auprès de lui, cela ne faisait pas partie de sa conception de l'amitié qu'il avait du haut de ses onze ans.
« On est parti ? »
Son ami se contenta de le rejoindre et ils se mirent en route en direction du lac.

L'endroit dans lequel il se rendait était un peu leur repaire et ce depuis des années. Les deux enfants se connaissaient depuis qu'ils avaient trois ans, ils s'étaient rencontrés à la maternelle et n'avaient jamais pu se séparer l'un de l'autre. Et depuis ce temps ils se rendaient visite et allaient se balader ensemble.
Très rapidement le lac qui se trouvait non loin de leurs deux maisons devint leur endroit préféré et ils y passèrent leurs après-midis. Entre combat de bâtons tels de vaillants chevaliers dont ils lisaient les exploits dans de vieilles légendes, courses sur la plage et autres activités, les deux compères n'avaient pas le temps de s'ennuyer.

Cette journée d'automne était parfaite pour une petite virée au lac. Il ne faisait pas spécialement mauvais mais bien assez pour qu'ils ne soient embêtés par personne une fois sur place. Les gens restaient chez eux par un temps comme celui-ci, encore plus un mercredi sur les coups de treize heure.
Les deux amis pourraient s'amuser sans avoir à supporter le regard d'un adulte ou les leçons de morales d'un vieillard. Ils n'avaient pas envie de se faire répéter pour la centième fois qu'il était dangereux de se battre à coups de bâtons sur les bords d'un lac.

« Tu es certain de l'avoir parfaitement planquée la dernière fois ? demanda Oliver une fois qu'ils furent assez éloignés de la maison de son ami.
– Ouais, t'en fais surtout pas. Les rames sont avec et j'ai collé plein de branchages dessus pour que personne ne vienne la piquer entre temps.
– Parfait alors. »

Ils replongèrent dans le silence en arrivant devant le petit portail qui menait à la plage publique du lac. Oliver le poussa du plat de la main et entra, il n'était jamais fermé et ils pouvaient venir à tout moment de la journée comme de la nuit ; ils avaient déjà testé, une fois.
« Il est où ? lança-t-il à son ami qui pointa un endroit vers la droite. »

Sans attendre ils se mirent en route vers l'endroit désigné et y arrivèrent en moins de temps qu'il n'en faudrait pour le dire. Une fois sur place les deux gosses laissèrent éclater un sentiment de joie en découvrant le tas de branchages dont ils venaient justement de parler.
« Personne ne l'a prise ! »
Les deux enfants se dépêchèrent d'enlever tout cela afin de découvrir la vieille barque en bois que cela dissimulait depuis la veille ainsi que la paire de rames qui se trouvait dans le fond du canot.

Ils étaient venus au lac le soir en rentrant des cours et avaient trouvé cette barque sur la plage. Voyant qu'il n'y avait personne aux alentours, les deux gamins s'en étaient emparés et l'avaient dissimulée dans cet endroit, loin des regards indiscrets. Leur but n'était pas de voler ou de jouer un tour à qui que ce soit et ils avaient fait cela sans la moindre mauvaise intention. Ils voulaient aller sur l'eau et avaient déjà décidé de la rendre dès que ce serait fait.

« On se lance ? demanda Oliver, impatient. »
Son ami se contenta d'un signe de tête, ressentant le même sentiment que le second. Il ne leur fallut pas une seconde de plus pour s'emparer de l'embarcation, chacun à une extrémité, et pour la porter vers le rivage afin de la mettre à l'eau. Le bois ne pesait pas très lourd et la distance à traverser n'était pas importante.
En moins de deux minutes les deux enfants se retrouvèrent sur les bancs de la petite embarcation et commençaient à ramer.

« Et maintenant ?
– Maintenant on va au milieu de l'eau et on discute tranquillement comme si nous étions deux aventuriers en train de fendre les eaux d'une mer infestée de dangereux pokemons !
– Bonne idée ! répondit Oliver de manière enthousiaste à la proposition de son ami. »

Ils prirent chacun une rame et se mirent à avancer lentement vers le centre de l'étendue d'eau. Au début peinant avant de trouver leurs marques, les deux enfants s'adaptèrent rapidement au rythme qu'il devait prendre pour avancer et accélérèrent légèrement au bout de quelques minutes d'efforts.
« Capitaine Oliver, lança le gamin en se tenant droit, je pense que nous serons bientôt au port accompagnés de nos femmes !
– J'espère, mon ami... Mais qui peut dire ce que le vent réserve à des aventuriers tels que nous ? J'ai peur parfois. »

Le second baissa les yeux et secoua la tête.
« La peur est un sentiment légitime pour des rescapés comme nous. Chaque jour la mer nous lance un défi et le surmonter est de plus en plus difficile. Mais je vous jure par les grands dieux que nous retrouverons Clara, votre épouse, dès que nous serons à terre.
– Clara... Qu'elle me manque... »

Pendant qu'il soupirait, son ami baissait les yeux vers l'eau calme du lac et soufflait à son tour en murmurant tout bas : « Moi aussi elle me manque... »
Á ces mots sont ami releva les yeux, les sourcils froncés et l'air grave.
« Qu'avez-vous dit ?
– Moi ? Mais rien du tout, capitaine Oliver !
– Vous soupiriez sur Clara ! »

Il leva son doigt pour donner un peu plus de crédit à la colère qu'il tentait de mimer et son ami se ratatina sur son banc. Tandis qu'avançait leur petit jeu, les deux enfants s'éloignaient de plus en plus de la rive.
« Je ne soupirais pas sur Clara, mon capitaine, se défendit l'enfant face à la colère de ce dernier. Je parlais d'une autre femme que j'avais rencontré en ville et...
– Et qui portait le même nom que ma femme ? Traître que tu es ! Traîtresse qu'est ma femme ! Je suis maudit ! »

Le second du capitaine se leva dans la barque en tenant sa rame dans sa main et se dressa face à son ami.
« Vous venez donc de découvrir l'amour que je porte à votre femme et je ne peux me laver de cette honte autrement que par le sang. Mon capitaine, acceptez-vous de me livrer un duel en pleine mer ? Le gagnant prendra Clara ! »
Il leva la rame dans la direction de son ami et un silence macabre s'établit entre eux. Aucun ne riait, comme toujours quand ils se lançaient dans ce genre de pièces de théâtres improvisées.

Au terme d'une minute de latence, Oliver hocha la tête et leva à son tour l'arme de fortune dont il disposait.
« J'accepte, monsieur. Veillez à votre garde, je serais le plus farouche de vos adversaires et le sang qui coulera ne sera jamais le mien ! »
Et il frappa, attaquant son ennemi par la gauche. Malheureusement pour Oliver son coup fut repoussé facilement par son ami, habitué tout comme lui à ces petits duels. Ce dernier relança l'assaut, sans succès une fois de plus, celui-ci étant aisément esquivé.

La bataille fit rage sur la petite barque et ce pendant quelques secondes qui permirent aux deux enfants d'échanger une multitude de coups. Aucun ne toucha sa cible et Oliver ne parvenait pas à percer la garde de son adversaire.
« Vous êtes rouillé, capitaine !
– Vous n'êtes guère mieux. »

Le quolibet le fit sourire et il lança en réponse un coup qui devait lui assurer la victoire. Oliver ne défendait pas son côté gauche et son ami, ici adversaire et ennemi juré, en profita pour placer un assaut finement calculé qui le toucha et le déstabilisa.
« Victoire ! hurla-t-il en levant les bras. Vous êtes mort, capitaine ! »
Mais le capitaine tomba à l'eau au même moment, son pied s'étant pris dans l'un des bancs alors qu'il se faisait toucher. Il cria sous l'effet de la surprise puis disparu dans le lac quelques secondes après.

Son ami se mit à rire face à la scène plutôt amusante et attendit qu'il réapparaisse à la surface de l'eau pour se moquer de lui et l'aider à remonter à bord. Oliver était un très bon nageur et il devait néanmoins se méfier qu'il ne le tire pas à sa suite.
Mais Oliver ne remonta pas.

Voyant qu'il n'avait aucun signe de lui au bout d'une dizaine de secondes, son ami commença à paniquer. Il alla voir de l'autre côté une trace d'Oliver, sachant pertinemment que ce dernier était capable de passer sous la barque pour le prendre à revers.
Rien.
« Oliver ! »

Pourquoi crier ? C'était stupide, totalement idiot au point qu'il s'en frappa la tête. Oliver n'était pas remonté et il était peut-être en difficulté en dessous.
Sans hésiter l'enfant enleva son manteau en moins d'une seconde et se précipita de défaire ses chaussures pour... Chaussures ! Le mot résonna dans son esprit. Oliver n'en avait pas ; il avait des bottes.

Cette pensée laissa place à la panique. Les bottes rendaient toute nage difficile, l'eau entrait dedans et entraînait vers le fond.
Le cœur battant il se jeta à l'eau et nagea vers le fond, tentant de regarder autour de lui. Mais il n'y voyait rien, le lac était sale et tout n'était que vase verdâtre qui bloquait le champ de vision. Il bougea les bras, tenta d'attraper quelque chose et... Et une main.

Il tira, elle était molle.
Le choc qu'il reçut en retour lui indiqua qu'il ne serait pas facile de le remonter. Paniquant, il commença à manquer d'air mais persista néanmoins à tirer. Il avait perdu beaucoup trop de temps sur la barque et il ne pouvait pas laisser son ami dans cet état. Oliver devait remonter. Après quelques essais il renonça ; il allait étouffer.
Il remonta à la surface, respira un grand coup et replongea. Sa deuxième tentative n'eut pas plus de succès, la troisième non plus, encore moins la quatrième... Complètement à bout, il retenta encore une fois ; rien.

Remonté sur la barque, l'enfant pleurait toutes les larmes de son corps sans parvenir à concevoir qu'Oliver se trouvait en dessous de lui. Tout était de sa faute, il était mort à cause du coup qu'il lui avait mis. Il l'avait tué.
Les heures passèrent, la nuit tomba. Quand les lumières de son village s'allumèrent au loin, le petit garçon commença à penser à ses parents qui devaient s'inquiéter, à ceux d'Oliver qui se trouvaient peut-être avec eux...

Il rama et rejoignit la terre ferme, le cœur lourd, les vêtements trempés. Sans même remettre ses chaussures et son manteau, il marcha pieds nus en direction de sa maison dont il poussa la porte dix minutes plus tard. Il avait traîné des pieds pour renter.
Dans le salon sa mère l'attendait, tournant en rond. Les parents d'Oliver étaient avec elle, tout aussi inquiets visiblement.

En le voyant entrer elle se précipita à sa rencontre, un air grave sur le visage et prête à lui faire un sermon.
Puis l'expression de son visage passa de la colère à la peur. Était-ce à cause des vêtements trempés de son fils, de l'air qu'il affichait ou tout simplement de l'absence de son ami à ses côtés ? Peu importait. Le fait fut qu'elle se mit à s'adresser à lui d'un air terrifié.
« Mon chéri ? Mon chéri, répond –moi ! ordonna-t-elle en le secouant par les épaules. Randy, répond ! »