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Informations

» Auteur : Xabab - Voir le profil
» Créé le 08/01/2014 à 11:50
» Dernière mise à jour le 08/01/2014 à 12:22

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Chapitre 34 : Fuir
« Ce n'est pas négociable. »
Le ton était tranchant et c'était normal. Son visage se mouillait de larmes alors qu'elle faisait ses valises et les rangeait une par une devant la porte de la chambre. Son mari se tenait un peu plus loin, l'air grave en pensant à tout ce qu'ils venaient de vivre.

« On ne peut pas partir, lui lança-t-il. Qui sait ce qui pourrait nous arriver dehors ? Tu sais ce qu'il vient de se passer et ça n'a vraiment rien de normal. Tu devrais te poser, y réfléchir et...
– Camille est morte bordel ! »

Elle venait d'hurler pour la première fois depuis que le gamin était ressortit des égouts, baigné de larmes, tenant entre ses doigts la petite bague que leur fille avait le matin-même, avant cette chasse aux œufs. Il avait explosé en sanglots en leur racontant que le reptile avait tué la petite fille, qu'il ne pouvait pas y croire et qu'il était capable de tout pour la ramener. Il avait parlé d'un fantôme qui l'avait guidé vers la sortie, celui d'un Evoli dont David savait parfaitement le nom.
Puis son père était venu le chercher et l'avait amené sans un mot loin de l'attroupement de la foule.

Helena n'avait pas pleuré avant de revenir à l'hôtel et de s'écrouler sur le lit. Son mari avait tenté de la prendre dans ses bras afin de la consoler mais elle avait vivement repoussé sa main, lui demandant de ne pas la toucher. Puis elle avait rangé ses affaires et lui avait demandé ce qu'il comptait faire.
Et il avait répondu qu'il ne bougerait pas de cette ville, que quelque chose les retenait ici et que le risque était beaucoup trop grand s'ils sortaient.
Il était perspicace.

Néanmoins il tenta de la convaincre qu'il ne fallait pas prendre la route, que franchir les limites de cette ville en revenait à s'exposer au même sort que leur fille. Après qu'il eut insisté un peu trop à son goût, Helena explosa intérieurement et lui cria dessus.
Désormais elle se dressait face à lui, la valise qu'elle tenait juste avant étant ouverte sur le sol après une chute. Elle serrait les deux poings et le toisait d'un air grave, presque porteur d'une haine féroce.

« Comment peux-tu être aussi insensible alors qu'il s'agit de ta fille et qu'elle est morte ? Tu ne pleures pas, tu te contentes de rester ici les bras croisés à me dire que cette ville est maudite et que l'on doit rester. Tu appelles ça faire preuve d'honneur ? »
C'en était trop pour David qui ne pouvait pas la voir se comporter ainsi. Malgré le fait qu'il soit perdu dans cette histoire, il savait être le seul du couple qui gardait encore les pieds sur terre depuis quelques jours.

« Et toi comment peux-tu être aussi égoïste alors qu'on vient de tuer la petite sous nos pieds ? Tu fuis la ville sans te demander pourquoi nous en sommes ici et la raison pour laquelle notre fille est morte. Tu appelles ça du courage aussi ? »
Son ton était ironique et méchant ; Helena le ressentit comme tel. Elle savait aussi parfaitement qu'il avait raison et que ce n'était pas en fuyant qu'elle pourrait réparer le tort qui lui avait été fait, elle se rendait compte que la ville avait une âme et que tout ne tournait pas rond autour d'elle... Mais elle n'y pouvait rien. Il fallait se rendre à l'évidence et partir.

Ses yeux se plissèrent, en coulèrent quelques larmes qui dégoulinèrent le long de son visage autrefois radieux, puis elle baissa la tête. Cela fait elle se mit à pleurer de plus belle, ce qui déstabilisa son mari.
David, se sentant touché par les émotions de sa femme, s'approcha-t-elle et avança une main vers son visage. Il le toucha, le remonta vers lui et en essuya une larme. Helena le fixa de ses beaux yeux bleus qui l'avaient longuement fait rêver le jour de leur rencontre, puis se détourna de lui.

Elle attrapa la valise tombée au sol, la referma et se dirigea vers la porte.
« C'est la dernière que j'amène à la voiture, David. Décide de me suivre ou non mais sache que ma décision est prise. »
Un tressaillement le parcourut. Alors qu'elle se trouvait sur le palier de la porte, David savait que c'était la dernière fois qu'il voyait sa femme de toute sa vie s'il ne changeait pas d'avis. Il serra le poing, espéra qu'elle puisse encore changer puis vit dans son regard qu'il n'y avait aucune chance.

Un nœud au cœur il la fixa et bougea ses lèvres, formant une phrase qu'il espérait ne pas avoir à regretter un jour : « C'est impossible. »
Elle le regarda un instant et ouvrit la porte.
« Alors juge que c'est terminé entre nous. Bonne chance. »
Et elle disparut.

La porte claqua et David se sentit décrépir en quelques secondes. Il espéra de tout son cœur qu'elle parvienne à fuir et qu'il ne lui arrive rien, que cette ville la laisse partir et qu'elle puisse se contenter de lui. Il préférait mourir que de voir les deux femmes de sa vie souffrir à sa place. S'il restait elle avait peut-être une chance de s'en sortir.
Il pria Arceus que ce soit le cas.

Puis, retournant vers son lit, il laissa pour la première fois depuis la mort de Camille quelques larmes couler sur ses joues. Tout reposait maintenant sur ses épaules et sa famille venait d'être réduite à néant. Il était seul dans une ville dont personne ne connaissait l'existence, luttant contre une force qui dépassait tous les êtres humains de ce monde.
David se demanda par où commencer s'il voulait découvrir d'où venait ce reptile et repensa à l'enfant qui avait vu mourir sa fille, le petit Tony.

Il comprit alors pourquoi il était resté et l'évidence apparu clairement dans son esprit. Aucun adulte ne pouvait lutter contre les forces en œuvre dans cet endroit, seul un enfant en était capable.