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Informations

» Auteur : Xabab - Voir le profil
» Créé le 05/01/2014 à 17:30
» Dernière mise à jour le 05/01/2014 à 17:30

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Chapitre 33 : Une ombre
Il avançait dans ces couloirs sombres, attendait devant sa chambre. Elle était proche mais ne semblait vouloir venir à lui pour qu'il la punisse, qu'il lui enlève le peu de dignité qu'elle avait encore.
Traîné, catin…
Des mots dans son esprit, son image ; Elle. Il la veut et l'attend. Elle viendra rapidement, il ne peut que l'espérer.

Du haut de la tour il l'avait vu le matin aller vers le bar, seule. Les yeux pleins d'étoiles il avait espéré qu'elle revienne le chercher et le sorte de là.
Mensonge, calomnie, traitrise…
Elle avait fait demi-tour et avait rejoint l'autre, un homme plus âgé qu'elle. Un sourire envers lui, un couteau dans son cœur.

Bave qui coule le long du menton, odeur de chair dans un couloir vide. Il fait noir, personne ne le remarque et il attend.
Ploc… Ploc… Ploc…
Gouttes de sang sur un tapis rouge. Méconnaissables. Il n'est pas là et personne ne le verra plus jamais. Il ne fait qu'attendre, telle une ombre.

Des pas… Plus loin. C'est lui ?
Une idée traverse son esprit, il médite dessus et la retourne dans tous les sens. Est-ce que ce serait possible ?
Du sang… Il crache encore un flot de sang sur le sol et vomit tout ce qui se trouve encore dans son corps. Goût amer, envie de tuer…
Souffrance, haine… Oui, c'est cela. La voir souffrir serait encore mieux que la tuer.

Lentement son pas traverse le couloir, vers l'ascenseur. Son doigt cherche le bouton, imprécis. Il retente plusieurs fois avant d'y parvenir. L'engin arrive.
Monter, tuer, frapper, détruire…
Des mots, des idées. Plus de phrases, plus de pensées construites. Juste des idées vagues et de l'imprécision. Et une soif de sang, de meurtre, de souffrance. La faire souffrir. Qui ? Elle, Elle, Elle…

Il monte, manque de tomber. Son doigt cherche de nouveau à appuyer sur le clavier de la cage d'ascenseur. Le bon numéro, aucun problème. Personne ne s'y trouve, tous loin. Il suffit d'aller attendre et de frapper. Il faut…
Ploc… Ploc…
Gouttes de sang dans la cage d'ascenseur. Du rouge sur du gris. Couleur agréable.

Il marche. Il va sortir.
Ne pas le louper, ne pas laisser passer cette chance de la voir… Elle… Souffrance. Ce mot, il résonne.

Il va vers la porte de sa chambre mais…
D'autres pas dans le hall. Elle semble inquiète. Elle monte.
Un sourire, plus de dents, plus de lèvre. Un sourire dans le sang et dans la chair.
Ploc… Ploc…
Joli couleur. La Mort.


***


Mike se relève doucement de son lit en serrant le carnet dans sa main. Elle est ici, dans cette ville. Il n'y croit pas mais l'écriture ne fait aucun doute, tout comme cette lettre finement tracée à la point d'un feutre. Il se rappelle encore de cette soirée dans le chalet quand elle lui avait tenu la main et lui avait appris à reproduire le même symbole. Cette soirée où ils s'étaient pris dans les bras l'un de l'autre pour se réchauffer, où ils avaient fait l'amour sur le plancher face à la cheminée.
Il secoua la tête, ne voulant pas y repenser.

Mettant le carnet dans la poche de derrière de son pantalon, Mike se dirigea vers la porte afin de gagner le hall dans lequel l'attendait sans doute Maëva. Il ne voulait pas la faire attendre plus longtemps et cela l'étonnait qu'elle ne soit pas déjà devant sa porte à…
Trois coups furent donnés contre le battant au moment où cette pensée traversa son esprit et le romancier sursauta. Il eut un sourire en repensant à cette coïncidence et avança d'un air ravi vers l'entrée de la chambre.

Il tint la poignée dans sa paume, celle-ci lui semblant étrangement froide sans qu'il n'y prenne garde, et la tira dans sa direction. Faisant ce geste, il se prépara mentalement à accueillir la jeune femme entre ses bras avant de la porter vers le lit sur lequel il lui ferait l'amour pendant une heure avant de descendre manger.
Cette pensée le mit en joie et il se prépara à une soirée comme il n'en avait vécu depuis des années. L'envie et l'excitation montèrent dans son corps ; il voulait la voir nue, la serrer contre son corps, la posséder entièrement. Il s'imaginait déjà en train de se coller contre elle, plongeant sa tête dans son cou et serrant ses cuisses entre ses mains.

Il était aux anges.

Mais l'envie s'évapora en l'espace d'une seconde lorsque la porte fut ouverte et que Mike découvrit que ce n'était pas celle qu'il attendait qui se tenait de l'autre côté. Ce n'était d'ailleurs même pas humain.

Une forme cadavérique se dressait devant lui, un semblant de sourire s'étalant sur ce qui restait de son visage décomposé, sur ses lèvres en lambeaux parcourues par des morceaux de chair verdâtres. Ses cheveux s'ébouriffaient sur son crâne, du moins le peu qu'il lui restait, et l'un de ses yeux roulait étrangement au creux de son orbite. Un filet de sang s'écoulait de sa bouche ; il en crachait régulièrement devant lui pendant l'instant où il fit face à l'écrivain.
Ce moment dura ; le monstre le faisait durer.

Il levait sa main aux doigts tordus dans sa direction en signe de salut, se moquant de l'homme terrifié qu'il avait en face de lui. Son corps recourbé semblait garder de la carrure qu'il devait avoir dans le temps malgré le fait qu'il soit presque nu, des os lui sortant de part et d'autre du torse.
« Souffrance… »

Il ne prononça qu'un seul mot, sa voix brisée ne parvenant à en dire plus. Difficilement, dans un sifflement qui mit tous les sens de l'écrivain en éveil.
Celui-ci se retourna, regagna sa chambre et fonça vers la fenêtre. Dans son dos le monstre qu'il voulait fuir avait commencé à marcher, traînant des pieds et manquant de tomber à chacun de ses pas. Michael commença à calculer dans sa tête toutes les façons dont il pouvait se débarrasser de lui. Il en trouva une, osée mais qui pouvait fonctionner.

Arrivé à la fenêtre il se retourna et vit le visage morbide du mort se dresser face à lui. Ce dernier était en réalité bien plus rapide qu'il n'avait pu l'imaginer et il ne pensait pas qu'il puisse être en mesure d'avancer aussi vite.
Le sang de Michael se glaça mais il ne se laissa pas atteindre par la peur, il serait vaincu si elle le submergeait.

Gardant son plan bien en tête il se concentra et attendit que le mort soit plus proche de lui afin de pouvoir le contourner et quitter la chambre en sautant par-dessus le lit. Le plan était simple, un peu stupide mais il ne voyait pas d'autres solutions et devait faire vite. Il refusait de plus de se faire toucher par cette chose, ne sachant pas de quoi elle en retournait.
Alors qu'il attendait qu'elle s'approche de lui, Mike plongea son regard dans celui de cette créature et y décela de la haine comme il n'en avait jamais vu auparavant. Elle le fixait, plus que déterminée, et il sentit qu'elle avait quelque chose contre lui qu'il ne comprenait même pas.

« Souffr… »
Il ne parvint pas à le dire cette fois-ci, le mot restant bloqué au fond de sa gorge sous le poids de l'excitation qu'il ressentait à l'idée de tuer cet homme, de la faire souffrir en mettant fin à son amour ridicule. Elle l'avait abandonné, elle en payait désormais le prix.
Il jeta son corps en avant et abattit son poids dans sa direction sans que Mike ne puisse contrer ce geste. Le monstre avait fait preuve de rapidité et il ne s'était pas attendu à un tel retournement de situation. Il hurla de douleur lorsque le premier coup lui décrocha la mâchoire, fut incapable de produire un son lorsque le second lui coupa la respiration et il se surprit à vomir lorsque le mort lui cracha un flot de sang au visage.

Mike n'avait plus qu'à attendre la mort.


***


Elle l'entendit crier en arrivant dans le couloir de sa chambre et se précipita hors de l'ascenseur. Ne le voyant pas descendre Maëva avait décidé d'aller le chercher, pensant tout comme lui à l'instant qu'il lui réservait une surprise dans sa chambre et qu'ils allaient passer un bon moment tous les deux.
La jeune femme était loin de s'imaginer ce qui l'attendait vraiment dans cette petite chambre d'hôtel.

Une fois dans le couloir une odeur agressa ses narines et elle manqua de s'évanouir sous son poids. Comment pouvait-on sentir aussi fort ?
Mais elle savait que personne ne sentait aussi mauvais, pas même quelqu'un qui ne se serait pas lavé depuis des années. Ce n'était pas ce genre d'odeur qu'elle percevait, c'était bien pire que tout ce qu'elle aurait pu imaginer et elle comprit que cette dernière était en lien avec le cri que venait de pousser le romancier.

Elle se mit à courir en direction de la chambre, sans même voir tout le sang qui avait été répandu sur le sol.
Une fois face à la porte elle le vit et eut un haut le cœur.

Le monstre qui agressait son amant était de dos. Il levait ses poings au ciel et frappait une masse difforme qui se tordait de douleur sur le sol. La colonne vertébrale de la créature avait traversé sa chair et passait derrière son crâne tel un étendard morbide qui donna à Maëva une envie de vomir.
Mais elle se rattrapa face à la vision de l'homme qu'elle aimait en train de souffrir et hurla : « Éloigne-toi de lui ! »

Il arrêta de frapper, obéissant à l'ordre donné par la jeune femme avant de se tourner lentement vers elle, lui montrant son visage qu'elle connaissait parfaitement.
« Randy… »

Un murmure venu du fond de sa gorge, une peur qui s'infiltrait dans les moindres recoins de son esprit à la vue de ce corps sans vie. Randy semblait comme possédé. Elle le voyait mais ce n'était plus celui qu'elle avait connu, que ce soit au moment de son mariage ou même lors de leur arrivée en ville ; il était mort. Ce n'était plus qu'une créature qui gardait une part de l'esprit de cet homme, plus violent qu'il ne l'était et plus affreux encore.
Et ce monstre avançait en courant dans sa direction. Tétanisée elle ne parvint à l'éviter, la peur semblait lui avoir cloué les jambes au sol. Du moins jusqu'à ce qu'il ne la soulève par la gorge et la plaque contre le mur.

La créature qu'il était devenu avança son visage dans sa direction et elle put constater son sourire sadique s'étendre sur le peu de lèvre qu'il lui restait. Ce fut au moins une chose qui n'avait pas changé en lui.
Dans un élan d'horreur il la frappa contre le mur, assez pour lui faire mal mais trop peu pour l'assommer. Il jouait avec elle.

Il avança de nouveau sa bouche et, sans qu'elle ne puisse y faire quoi que ce soit, la colla contre la sienne, déversant du sang sur ses lèvres. Maëva tenta d'hurler, de se débattre. Son pied partit en avant et un craquement résonna lorsqu'elle explosa les côtes désormais trop fragiles de son ancien mari.
Il la lâcha suite au coup et elle retomba sur le sol, essoufflée suite à l'étranglement dont elle venait d'être victime.

Mais elle ne s'arrêta pas en si bon chemin. Voyant l'homme dont elle était désormais amoureuse inconscient sous la fenêtre, le visage baignant dans son propre sang si bien qu'elle le pensa mort, sa rage explosa et elle courut vers le cadavre de son mari qu'elle poussa sur le lit.
Randy, ou du moins ce qu'il en restait, tomba sur le ventre et elle en profita pour se saisir de la colonne vertébrale qui dépassait de son dos. Malgré son dégoût elle la tira vers elle, la sortant de ce corps sans vie. Le mort exprima une sorte de grognement auquel elle ne fit pas attention. Elle monta sur le lit sans attendre une seule seconde, dressa son arme de fortune au-dessus de sa tête et la planta dans le crâne du mort qui explosa sous le choc, répandant sur le lit un doux mélange d'os et de cervelle ainsi qu'une puanteur infâme dans toute la chambre.

Cela fait Maëva lâcha son arme, voyant qu'il ne bougeait plus et se précipita vers Michael. Elle posa ses doigts dans son cou, des larmes parcourant ses joues couvertes de sang.
« Qu'il vive, murmura-t-elle. Pitié, faites qu'il soit encore en vie. »