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Bienvenue à Lavanville de Xabab



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Informations

» Auteur : Xabab - Voir le profil
» Créé le 02/12/2013 à 19:23
» Dernière mise à jour le 02/12/2013 à 19:23

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Chapitre 4 : Péage pour l'Enfer
Ce bouquin était une horreur.
Plus il y repensait et plus Mike se disait qu'il aurait dû choisir la seconde idée qu'il avait eu avant de se lancer. Son éditeur voulait le publier rapidement et lui avait pour seule occupation de s'en débarrasser au plus vite, de passer à quelque chose qui lui plairait. Il ne pouvait écrire éternellement des pages qui le dégoûtaient, cette histoire ne lui correspondait pas.

Le trajet entre sa ville et le lieu de ses vacances dura plus ou moins deux heures, un temps qu'il consacra à méditer sur son histoire et les personnages qu'il avait créé, le son de la radio baissé à moitié pour garder un fond musical sans qu'il ne le dérange pour autant. Il avait commencé par prendre l'autoroute, enchaînant ensuite sur une nationale avant de tourner sur une route de campagne qui descendait dans la vallée où était censée se dresser la ville de destination. Malgré son sens de l'orientation l'écrivain fut forcé d'avouer qu'il n'y serait jamais parvenu sans le plan qu'il avait reçu dans sa boîte aux lettres une semaine avant.

Maintenant il ne lui restait plus que quelques minutes avant d'arriver à son hôtel, le romancier voyait déjà s'élever une tour au-dessus des arbres et il pensa ne plus être loin. Cela eut pour effet de le réjouir tout en le désappointant.
Même s'il était heureux à l'idée de sortir de sa voiture et de se dégourdir les jambes, Mike ne pouvait s'empêcher de penser à cette histoire qu'il n'arrivait pas en place. Secouant la tête, il se força à ne plus y penser pour aujourd'hui et décida de profiter de la soirée pour se détendre, cela l'aiderait peut-être.

Mais alors que les bois autour de la route se faisaient de moins en moins denses et qu'il apercevait la ville en face de lui, Mike vit un obstacle se dresser devant la voiture qu'il n'aurait jamais pensé trouver en cet endroit.
En effet, une barre de péage le forçait à s'arrêter et un employé semblait sortir de sa torpeur à l'intérieur de sa cabine afin de procéder au paiement. De toute sa vie l'écrivain n'avait jamais rien vu de tel. Il faut dire que ce n'était pas la route la plus adéquate pour arrêter les voyageurs et les faire passer à la caisse.

Il ralentit le moteur en arrivant à hauteur de la cabine et jeta un coup d'œil à celui qui se trouvait à l'intérieur.
L'employé du péage était petit et recourbé sur lui-même. Ses cheveux roux lui tombaient en bataille sur le visage et il semblait soudainement se réveiller d'une longue sieste, comme s'il n'avait croisé personne depuis des heures. Il se tourna vers Mika, tendit une main vers lui et, sans perdre de temps, lui demanda les frais de son passage.

« Le paiement, s'il vous plaît monsieur. »
Mike murmura en même temps un bref bonjour auquel le rouquin ne sembla réagir et s'exécuta à sortir son portefeuilles de la boîte à gant.
« C'est combien ? demanda-t-il à l'homme en face de lui.
– Veuillez m'excusez, monsieur.
– Combien ? Le prix ?
– Le prix ! s'exclama le bonhomme qui semblait sortir de sa torpeur. Évidemment mon cher monsieur. C'est d'une pièce, comme pour tout passage digne de ce nom. »

L'écrivain ne comprit pas ce qu'il voulait lui dire et resta silencieux pendant quelques secondes le temps de se répéter la phrase de l'homme dans sa tête et de la répéter à haute-voix : « Vous voulez une pièce ? Mais de combien ?
– Peu importe, je ne suis pas exigeant à ce sujet. Un passage, une pièce ; c'est tout. »

Sans comprendre quoi que ce soit à la logique de son interlocuteur, Mike fit ce qu'il lui demanda et glissa dans sa main le premier bout de ferraille qu'il attrapa, pressé de partir et de rentrer à son hôtel.
« Merci monsieur. Bienvenue à Lavanville. »
Il rangea son argent, tourna la clé et se tourna vers l'employé avant de partir afin de le remercier d'un signe de tête. Il resta tétanisé devant sa transformation.

Le rouquin n'était plus qu'un vieillard du crâne duquel pendaient lamentablement quelques mèches de cheveux, dont les trois dents restantes se faisaient la guerre et pour qui la peau se décomposait. Il lui adressait un sourire béat de derrière la vitre de sa cabine et lui faisait un signe de la main.
Mike manqua d'hurler mais se contint. Il alluma le moteur, vit la barrière se lever et n'attendit pas pour prendre la fuite.

Durant la traversée de la ville, l'écrivain ne s'attarda pas sur l'apparence de cette dernière, trop occupé par la vision qu'il venait d'avoir. Avait-il halluciné à cause de la fatigue qui le rongeait suite aux nuits blanches passées à tenter d'écrire ? Cela ne pouvait être autre chose que cela, ce qu'il avait vu relevait de la folie.
D'ailleurs, pensa-t-il en se garant devant le grand hôtel indiqué par sa brochure, le péage n'était-il pas lui aussi la cause de son imagination débordante ? Il tenterait de trouver la réponse, à tout hasard.

Après s'être garé, le romancier alla chercher sa valise dans le coffre et en profita pour jeter un coup d'œil à son hôtel.
Le type du téléphone ne s'était pas moqué de lui, c'était bel et bien du luxe qui l'attendait à l'intérieur. Il le constata une fois de plus en pénétrant dans le grand hall richement meublé de l'Étoilé, tel était le nom de ce palace, et à la vue du maître d'hôtel qui l'accueillit dans un beau costume.

« Bienvenue monsieur. Vous avez une chambre ?
– Bonjour. Effectivement, au nom de Grey. »
L'homme chercha sur son registre et approuva d'un signe de tête avant de lui tendre les clés.
« C'est la 404. Bon séjour parmi nous. »

L'écrivain le remercia et se dirigea vers l'ascenseur quand une idée lui vint en tête. Il retourna vers le maître d'hôtel.
« Au fait, commença-t-il gêné, le type qui s'occupe du péage à l'entrée de la ville est cinglé ? Il ne m'a demandé qu'une pièce et…
– Il n'y a pas de péage ici, le coupa le majordome. Vous devez être fatigué, montez dans votre chambre et reposez-vous. Nous vous appellerons pour le dîner. »

Mike comprit qu'il avait fait une erreur en posant cette question et il tenta de s'excuser avec un signe de tête. Pourtant, alors même qu'il entrait dans l'ascenseur, il remarqua que le maître d'hôtel ne l'avait pas quitté des yeux une seconde et le fixait d'un air grave, aussi froid que le ton sur lequel il lui avait répondu.
L'écrivain comprenait qu'il venait d'aborder un sujet tabou.