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Shiney de Alabama



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» Auteur : Alabama - Voir le profil
» Créé le 29/09/2012 à 18:59
» Dernière mise à jour le 29/09/2012 à 18:59

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IX
Flynn se réveilla d'une longue nuit de débauche.

Il était endormi sur la table de la cuisine moderne de l'appartement d'Eliott. Il massa sa nuque endolorie et promena son regard embué sur la table.

Des verres et des shooters vides jonchaient la table, à côté de bouteilles renversées. Une odeur de tabac froid lui saisit les narines. Ils avaient quitté L'Antre vers 1h hier, mais Flynn était allé acheter des bouteilles dans une supérette du centre qui ouvrait très tard. Il était allé avec Anna et Eliott jusque chez ce dernier. Ils avaient continué à boire et à crier jusqu'à une heure avancée, et Flynn s'était effondré sur la table.

Eliott parut, douché et habillé.

-Salut, lança-t-il et il s'assit à la table.

Il écarta quelques verres avec précaution pour y poser un bol qu'il remplit de céréales et de lait.

L'esprit brumeux de Flynn lui interdit de poser la question qui lui brûlait les lèvres. Il demanda tout de même :

-Tu as passé une bonne nuit ?

Eliott fronça les sourcils :

-Ouais. Plus confortable que la tienne, j'imagine.
-J'ai la gueule de bois…

Eliott engloutit rêveusement ses céréales.

-Flynn, pour ton frère…

Eliott posa sa cuillère en pesant ses mots par avance.

-J'ai effectivement entendu parler de lui par un de mes fournisseurs.

Flynn se redressa vivement, avide d'informations.

-Tu sais que la police céladopolite a donné un coup de filet dans les quartiers chauds il n'y a pas longtemps. Elle a mis un sacré coup au trafic de drogues dures… et l'un des dealers les plus puissants s'est carrément fait avoir.

Un fait divers vint à la mémoire de Flynn.

-Oui, rue d'Eternara… se souvint-il.
-Ouais, 'y a eu une sacré baston, bref, le gars est tombé et on m'a dit qu'il s'occupait surtout d'achats en gros… et son frère devait être un de ses clients.
-Un client ?
-Je sais pas précisément s'il achetait ou en vendait, mais ça m'étonnerait tellement que ton frère se drogue…
-C'est sûr… Mais à qui il le revendrait ?
-A des types entre Céladopole et Safrania, dans votre coin. C'est toujours tranquille, par là…

Le fils Kenny pensa à David Durang, et au conseiller Aldo qui possédait une résidence secondaire non loin de la ferme.

-Et surveillé avec une certaine bienveillance pour les Kenny… compléta-t-il les dents serrés.
-Ouais. Toujours est-il que ton frère a dû avoir peur d'être dénoncé par le type et s'est enfui.
-Et pourquoi tu m'as dit que tu n'en savais rien hier ?
-Parce que tu me dérangeais !
-Oui, excuse-moi… tu… parlais avec Anna…

Pour dissimuler à Flynn toute indication sur ses relations éventuelles avec Anna, Eliott tenta de garder l'expression la plus neutre, ce qui ne lui coûtait que peu d'efforts, et mangea ses céréales très calmement.

Flynn essaya de ranger la table.

-Ta mère n'est pas là ?
-Non, en vacances avec son dernier mec. Tu penses bien que je ne t'aurais pas invité éméché à l'appart ! Ma mère aurait fait une attaque en te voyant éméché (il appuyait bien sur ce mot), ça aurait brisé une légende pour elle !

Flynn mit les verres dans l'évier et aligna les bouteilles, au nombre de quatre, sur la table.

-Poliakov, Jack Russel, deux Bombay Sapphire… et on les a toutes vidées…
-Surtout toi, en fait, lui dit Eliott. J'avais très peur que tu vomisses sur ma table…
-Je n'ai pas pu boire quatre bouteilles de 0,7 L tout seul ! s'exclama Flynn. J'aurais fait un coma éthylique !
-En vrai, tu as éclusé les deux bouteilles de gin presque seul et Anna et moi nous sommes contentés du reste… Et tu n'as pas dû passer loin du coma…

Flynn se massait le crâne en espérant exorciser ainsi ses terribles maux de tête.

-Tu te souviens au moins de ce que tu as fait hier ?
-Je ne nous ai pas encore fait bannir du dancing ?
-Non, pas cette fois. Mais tu as encore embrassé quelqu'un.
-Quoi ? Oh non…
-C'est dingue, mec. Tu es super prévisible quand tu bois.
-J'ai fait autre chose ?
-Pas à ma connaissance. Mais tu n'étais pas si EMECHE à ce moment-là. Tu ne t'en souviens vraiment plus ?

Flynn vit des images envahir sa tête : Karen l'avait aguiché toute la soirée jusqu'à ce qu'il l'embrasse fougueusement sur un pilier du club.

-J'ai embrassé Karen… ?
-Ouais, je crois. C'est bien son prénom ? Oui, la fille sur laquelle Michel fantasme à mort. Il va sûrement te provoquer en duel.
-Elle m'a proposé d'aller chez elle ! dit Flynn.

Il se maudit de l'avoir prononcé si haut. Eliott ricana.

-Pourquoi tu as refusé, ça t'aurait peut-être évité de te prendre une grosse murge.
-Oh, ça va, dit Flynn en recommençant ses massages crâniens pour faire remonter les souvenirs censés lui apprendre pourquoi il n'était pas rentré chez Karen. Je l'ai juste… perdue… Elle m'a dit qu'elle arriverait et elle n'est même pas venue. Je me demande ce qu'elle faisait, et comment elle réagira en me revoyant. Elle était assez « éméchée »…
-Quel joli mot… sourit Eliott.

Il roula une cigarette avec le tabac éparpillé sur la table.

-Voilà ce que je préfère quand ma mère n'est pas là… Je peux fumer à l'intérieur.

Anna entra dans la salle. Elle s'était aussi douchée. Flynn épia ses moindres faits et gestes dans l'espoir de percer à jour son amour pour Eliott. Mais ce qu'il vit le déçut : Anna n'eut pas un regard pour Eliott, qui savourait sa cigarette les yeux fermés. Elle s'assit simplement en bout de table.

-Bonjour vous deux… dit-elle posément.

Eliott, qui dans sa torpeur n'avait pas senti sa présence, sursauta et eut un bref regard que Flynn ne put interpréter.

-Salut, répondit Flynn.
-Salut, dit de la même façon Eliott.

L'apprenti dresseur se leva de table.

-On va y aller, Anna ?

Elle fit une mine étonnée.

-Tu as quelque chose à faire ?
-Oui, je dois visiter la ferme, et il distilla dans ces paroles une froide détermination.

Ce disant, il observait Eliott et Anna du coin de l'œil pour voir leur réaction. Mais rien ne vint. Il quitta alors la pièce et se retourna : Anna l'avait suivi, mais pas Eliott.

-Au revoir, Eliott ! lança-t-il.

Il eut droit à un « ouais » difficilement audible.

Anna et Flynn quittèrent l'appartement et s'engagèrent dans le couloir. Flynn n'arrêtait de scruter Anna pour savoir comment la soirée avait fini pour elle. Il essayait également de rassembler ses souvenirs qui le fuyaient pour établir enfin s'il s'était bien passé quelque chose entre sa tutrice et son meilleur ami.

Perdu dans ses pensées, il heurta quelqu'un qui montait les escaliers et arrivait à l'étage d'Eliott.

-Pardon… dit-il distraitement.

Il regarda l'homme qu'il avait bousculé. Ce dernier détourna la tête, comme gêné, et s'éclipsa en vitesse.

Flynn descendit quelques marches et se retourna brusquement.

-Tu as oublié quelque chose chez Eliott ? demanda Anna.

Flynn mit un doigt devant sa bouche et approcha d'elle silencieusement.

-L'homme que j'ai bousculé… murmura-t-il, je crois que c'est le père d'Eliott.
-Le père d'Eliott ? mais…

Il lui intima le silence.

-Qu'est-ce qu'il viendrait faire ici ? reprit-elle à voix basse.

Malgré la gravité du moment, Flynn ne se priva pas de se demander si l'inquiétude qui perçait dans la voix d'Anna avait une tonalité amoureuse.

-Je préfèrerais presque qu'il soit venu pour sa mère… soupira le fils Kenny. Eliott est mon ami, je ne peux pas le laisser seul en ce moment… mais j'avoue que son père me fait carrément peur !
-Allons-y ensemble, dit Anna. Si quelque chose se passe mal, on appelle la police.

Flynn hocha la tête, peu confiant. Il gravit les dernières marches, et regarda à la sauvette à l'angle du mur vers l'appartement d'Eliott à l'autre bout du couloir.

L'homme qu'il avait bousculé entrait dans l'habitation. Flynn, sans quitter la porte du regard, fit signe à Anna de le suivre et s'élança dans le couloir.

Il colla à son oreille à la porte et tenta d'écouter ce qu'il se passait. Il n'entendit rien. De toute façon, il n'aurait pu compter sur Eliott pour élever la voix.

-On frappe ou on entre ? demanda-t-il à Anna.

Avec une audace qui lui glaça le sang, Anna ouvrit la porte.

Le petit vestibule, vide, leur fit face. Anna et Flynn s'y aventurèrent, morts de peur, et pénétrèrent le salon.

Le père d'Eliott, debout au milieu de la pièce, se retourna, surpris.

C'était un homme qui ressemblait énormément à Eliott, bien qu'il fût un peu plus petit et plus large d'épaules. Son visage dur semblait presque indiquer un passé de délinquant.

-Flynn… dit-il. Tu tombes bien…

Flynn s'écarta un peu pour voir Eliott qui fumait une cigarette, penaud, dans le canapé.

-Assieds-toi, Flynn, dit le père. Et ta copine aussi.
-Non, ça va…
-J'ai dit : assieds-toi ! vociféra l'homme.

Anna lui empoigna le bras et l'amena sur le beau canapé, à côté d'Eliott.

Le père d'Eliott les toisait, menaçant. Il portait un débardeur en marinière qui laissait voir ses gros bras musclés.

-Je repars à Unionpolis avec Eliott ce soir, dit-il. J'ai pensé que ça te plairait de l'apprendre. Et avant, je vais faire un petit adieu à ma façon à Debra.
-Papa… dit Eliott d'un ton exaspéré. J'ai dix-huit ans, tu ne peux pas m'emmener comme ça… Je suis inscrit à l'université ici…
-Silence ! tonna William. Tu t'inscriras là-bas. J'ai besoin de toi ! Tu vas devenir un shiney hunter, mon fils, ta mère ne pourra pas m'en empêcher !
-Alors là, plutôt crever ! se fâcha Eliott.

Flynn aurait aimé voir son ami dans un tel état dans d'autres circonstances, si cela ne compromettait pas ses chances de survie. Dans sa poche, il triturait nerveusement ses pokéballs, sujet à un profond malaise. Il ne pouvait pas utiliser Arcanin, qui risquerait de créer un autre incendie, ni Altaria qui crèverait le plafond. Il ne lui restait qu'un Pokémon…

-Tu n'as pas le choix. Tu vas me suivre ! cria William.
-Vous êtes ivre ! dit Anna.

William lui jeta un regard noir.

-T'es qui, toi ? Tu couches avec Flynn ?

La jeune femme s'offusqua :

-Pas du tout ! Je travaille pour Marcus Kenn…

Flynn mit sa main sur sa bouche pour l'empêcher d'en dire plus mais c'était trop tard. Ce nom eut un effet terrible sur William.

-Marcus Kenny ! Tu bosses pour Kenny ! Je l'encule, Kenny ! Je vais te saccager, pouffiasse !

Il lança une pokéball qui laissa échapper dans des petites étoiles un Armaldo pourpre gigantesque.

-Eliott ! cria Flynn en se jetant au sol avec Anna.

Armaldo trancha le canapé en cuir en deux. Eliott n'avait pas bougé.

-Qu'est-ce que tu cherches à prouver, papa ? demanda-t-il calmement.

Au sol, Flynn sortit son portable, et composa le numéro de la police, tremblant.

Le pied de William s'abattit avec violence et fracas sur l'appareil qui se brisa. Il appuya fort, causant une vive douleur à la main de Flynn qui se mit à hurler.

-Tu veux appeler ton père, Kenny ?

Anna appela Pachirisu qui bondit en un éclair sur le malfrat. Il le mordit à la joue, et William bascula en arrière, s'écroulant sur la table basse.

-Aïe !

Flynn et Anna se relevèrent, et reculèrent devant l'Armaldo qui avançait lentement vers eux.

-Flynn, appelle un de tes Pokémons !
-Je n'arrive plus à bouger ma main…

Ils sentirent le contact du mur sur leurs dos. Anna plongea la main dans la poche de Flynn pour y trouver de l'aide. Elle en tira trois pokéballs.

Armaldo les touchait presque maintenant

-Lance la neuve ! dit Flynn.

Armaldo les touchait presque. Il faisait grincer ses pinces en les frottant…

Un Wattouat violet apparut entre Anna, Flynn et leur assaillant.

-Flynn, contre ce Pokémon, c'est nul ! cria Anna.
-Mais je ne peux pas utiliser les autres ! gémit-il en réponse.

Wattouat fit grésiller sa fourrure.

-S'il gagne, je l'appellerais Winner ! blagua Flynn, ne suscitant aucune réaction chez Anna.

Armaldo cessa de jouer des mécaniques, intrigué par cet adversaire surprise.

-Tu as capturé un shiney, Kenny ! Tu es comme ton enfoiré de ton père, c'est bien ! lança William.

Pachirisu lui sauta au visage une nouvelle fois mais il sentait le coup venir. Il se saisit du rongeur en plein vol et, insensible à l'électricité, le balança par la fenêtre ouverte.

-Pachirisu ! gémit Anna. Monstre !
-Je vais vous tuer !
-Eliott, bon Dieu, fais quelque chose ! rugit Flynn en désespoir de cause. Watts, Tonnerre !

L'attaque n'eut aucun effet sur le fossile. Armaldo le mit KO d'une Tranche.

-OK… se lamenta Flynn. Improvisation…

Il poussa vivement Anna d'un côté. Son but était de la mettre à l'abri mais il ne réussit qu'à la cogner violemment contre le mur. Elle s'effondra dans un bruit mat, assommée. Les pokéballs de Flynn roulèrent par terre. Puis il tenta un coup de pied retourné sur ce qu'il savait être le point faible d'Armaldo, son œil… Il manqua son coup et tomba par terre tout seul.

William observait le spectacle, debout sur la table basse, en jubilant.

-Découpe-le, Armaldo !

Eliott se leva brusquement et lui écrasa son mégot au milieu du visage. William hurla de douleur et décocha une puissante droite à son fils qui s'écroula par terre.

-Qu'est-ce qui te prend, Eliott !?
-Arrête tes conneries, papa !
-Ca fait mal ! Petit con !

Il sauta à terre et roua son fils de coups de pied.

Flynn, étourdi, roula de côté et se releva en saisissant ses pokéballs, entre le corps étendu d'Anna et celui, raide et fixe, d'Armaldo shiney, dont il touchait presque la griffe acérée.

-Vas-y, déchiquette-le ! lui ordonna William en continuant de passer sa progéniture à tabac.

Armaldo donna un vif coup dans l'air. Flynn s'était jeté en arrière pour l'esquiver, et s'était pris les jambes dans Anna. Il tomba à terre. Armaldo fendit l'air de sa griffe… Flynn fit une roulade et passa entre les jambes du Pokémon, qui se redressa hagard.

Le jeune homme courut vers William tête baissé et le percuta comme un rugbyman. Ils quittèrent le sol et retombèrent lourdement à l'entrée du salon. William se débarrassa de Flynn d'un coup de pied énergique qui envoya le garçon valser sur la table basse. Flynn se releva néanmoins avant l'ennemi et courut dans la cuisine.

Il prit une bouteille de gin vide. Il sentit William arriver derrière lui… Il fit volte-face et frappa le visage du shiney hunter de toutes ses forces avec la bouteille, qui éclata sur son front. William brailla quelque chose de bestial en chassant les morceaux de verre de sa face sanguinolente. Flynn lui asséna un violent coup de genoux à l'entrejambe, le faisant plier.

Armaldo apparut dans l'entrebâillement, tandis que son maître s'affaissait au sol, évanoui par la douleur. Le Pokémon rugit, faisant perdre à Flynn tout son courage. Il prit deux autres bouteilles et les lança sur sa carapace rocheuse, mais elles volèrent en éclats sans infliger de dégâts au combattant.

-Woland ! appela Flynn de sa main valide.

L'Arcanin apparut sur le corps inerte de William.

-N'utilise pas de feu, surtout ! dit-il.

Le Pokémon le regarda, clairement gêné par l'ordre.

Armaldo tenta de lui trancher la gorge. Arcanin s'écarta d'un bond. Dépité d'avoir encore griffé du vide, Armaldo fit apparaître de grosses pierres qui volèrent à travers la cuisine.

Woland sauta devant son maître pour encaisser un caillou. L'un des projectiles avaient atteint un placard qui déversa son contenu par terre, un autre avait détruit l'évier et de l'eau se répandait dans la cuisine. Flynn regarda le liquide avec une expression triomphale.

-Maintenant, Woland ! Déflagration !

Des flammes épaisses entourèrent Armaldo qui recula de plusieurs pas en s'encastrant dans le mur. Rien n'avait pris feu.

-Vitesse Extrême !

Woland fonça vers le fossile, mais celui-ci se protégea avec ses griffes.

Arcanin revint vers son maître en courant. Armaldo se dégagea du mur, prêt à en découdre.

Malheureusement, il n'en eut pas le loisir. Il fut touché par une puissante gerbe d'eau qui le fit s'écrouler aux côtés de son maître.

Un officier de police, à côté de son Aligatueur, observa la pièce.

-Police de Céladopole, nous avons été alertés par les voisins ! Y a-t-il d'autres Pokémons dangereux ?
-Non, c'est bon… dit faiblement Flynn.

Il tomba dans les pommes, épuisé.

Les trois jeunes furent amenés à l'hôpital, tout comme William qui allait bientôt retourner en prison. Il fut complètement rétabli en deux jours et confié aux autorités. Dans la maison d'arrêt de Céladopole où il attendait son procès, il reçut de la visite. C'était théoriquement impossible, il ne devait parler à personne avant le jugement, mais l'individu qui venait s'entretenir avec lui avait des passe-droit.

Dans sa cellule exigüe où il ruminait sa bêtise, William aperçut une silhouette en civil, qui s'appuyait aux barreaux.

-Black ? s'exclama-t-il en reconnaissant l'homme. Qu'est-ce que tu fous là ?
-A ton avis ? formula la voix grave et basse de Black. Je suis venu officialiser ton renvoi de la Confrérie.

William grogna et se jeta sur les barreaux. Black fit quelques pas en arrière pour se prémunir de la colère du criminel. William lui cracha sur le pantalon.

-Classe… dit Black en considérant la tâche. J'imagine que tu t'es déjà rendu compte que les officiers de police t'ont retiré ta bague…
-Tu es ici, il y a forcément un hunter de la Confrérie chez les poulets. Si je trouve ce fils de pute…

Black fit des claquements de langue.

-Quelle vulgarité.
-Black, j'vais en avoir pour longtemps ? Vous allez me tirer de là, pas vrai ? Il y a bien des types de la Confrérie dans la magistrature…

Black secoua la tête.

-Tu n'es plus des nôtres.

Ces paroles causèrent un vif émoi chez le prisonnier. Toute sa vie était maintenant brisée.

-Franchement, William… Te pointer chez ton ex-femme, battre ton fils et celui de Marcus, mettre l'appartement à sac… Tu te doutais bien que ça n'allait pas bien se finir…
-J'avais bu un coup de trop ! tenta-t-il de se justifier avec des trémolos dans la voix.
-Mais la Confrérie ne peut pas permettre à ses membres des écarts comme ceux-ci. Surtout les tiens, qui étaient récurrents… mais je suis sûr que la prison va t'assagir.

William était dévasté. Des larmes coulaient sur son visage balafré.

-Et surtout, n'oublie pas que l'omerta est de rigueur jusqu'à la fin de tes jours. Tu es censé ne pas connaître la Confrérie. Si tu enfreins cette règle, elle te le fera payer cher.

Christophe se détourna.

-Black ! Attends !

Le shiney hunter tourna la tête.

-Quoi ? Pose ta question, ce sera la dernière. Je suis le tout dernier membre de la Confrérie que tu verras de ta vie !
-Je n'ai aucune chance de réintégrer la Confrérie ?
-Ca m'étonnerait. Tu sais qu'elle accepte rarement des récidivistes dans ton genre.
-Tout ça, c'est la faute de Kenny !

Black eut un rire bref et méprisant.

-Tu dis Kenny pour ne pas dire moi, ou Archibald Button ? Au fond, William, tu sais bien que tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même.
-Mais Black… franchement… l'implora-t-il en sanglotant, je ne pourrais jamais plus être shiney hunter ?
-Pas dans la Confrérie. Et tu sais bien qu'elle n'aime pas vraiment les amateurs de chromatiques non-agréés…
-Black…
-Enfin, puisque tu insistes…

Black se rapprocha de la cellule, jusqu'à ce que son visage effleure celui du criminel.

-Ton Armaldo… donne-le moi… Il est simplement magnifique. C'est quand je le vois que je me dis que c'est du gâchis que tu sois derrière les barreaux. Tout le monde sait à quel point c'est difficile de trouver des fossiles shineys et tu t'étais assuré un certain respect en le capturant. Je suis sûr que je pourrais en tirer un excellent prix. Dont je te verserais un généreux pourcentage. Et à ta sortie, je pourrais peut-être te faire réintégrer la Confrérie.
-Quoi… dit William horrifié, en reculant. Non, jamais je ne… Enfin, tu sais bien que c'est mon Pokémon préféré ! C'est ma fierté, ce que j'ai de plus cher !
-Et tu as un fils, pourtant…
-Si tu veux vraiment ce Pokémon, tu peux l'obtenir avec la Confrérie !
-William, tu sais que la Confrérie ne tolère pas le vol. En avoir été exclu ne t'autorise pas à te montrer insultant à son égard. Jamais je n'obtiendrais ton trophée d'une façon déloyale.
-Eh bien, prends-le… mais garde-le avec toi ! Jamais je ne pourrais le vendre ! Il est inestimable pour moi.
-Arrête d'être si ridicule, William. Tu sais pertinemment que je ne dresse pas ce genre de Pokémons.
-Tu mens, de toute façon, tu ne pourrais pas me faire regagner la faveur de la Confrérie !

Black haussa les épaules.

-Je ne garantis rien. Tu vas sûrement prendre trois ans fermes et tout peut arriver pendant ce temps. Mais je ne suis pas un sans-grade au sein de la Confrérie. Cela va faire presque vingt-cinq ans que j'y suis et je n'ai jamais rien demandé ! Alors, si te donner une seconde chance est une opportunité intéressante pour la Confrérie, je veillerais à ce que ton lourd passé ne soit pas un obstacle… Bien sûr, tu devras y mettre du tien !

William, hoquetant, ne savait plus que dire.

-Dans quelques jours, ce sera ton procès. On te demandera quels Pokémons tu veux garder pendant ta détention, et que tu auras le droit de voir quelques minutes par jour sans pouvoir les entraîner et sous une surveillance renforcée, ou si tu veux en faire don à l'Etat, ou les confier à quelqu'un pour s'en occuper jusqu'à ta libération. Si tu me fais un signe… tu sais ce qu'il en sera.

Black tourna les talons. William tomba à genoux et pleura toutes les larmes de son corps. Tout paraissait sombre…