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Shiney de Alabama



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» Auteur : Alabama - Voir le profil
» Créé le 23/09/2012 à 10:30
» Dernière mise à jour le 23/09/2012 à 10:30

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VIII
Le Minidraco suivait avec quelques congénères le Draco qui étendait son long corps tortueux dans les profondeurs d'un grand lac de Johto.

Le Draco protégeaient ses petits de prédateurs encore trop coriaces et qui rêvaient de goûter à leur chair de dragons. Le petit Minidraco était le moins téméraire de toute la portée, car il avait été depuis sa naissance la cible systématique de beaucoup des seigneurs du bassin. La faute en était à sa couleur violette inhabituelle qui rendait tout camouflage inutile. Tandis que les autres Minidraco bénéficiait d'une relative protection par leur teinte naturelle, lui était repérable à plusieurs mètres.

Depuis quelques jours, le Draco laissait les Minidraco attaquer des Magicarpe pour progresser, et à terme pouvoir faire face eux-mêmes aux Psykokwak, aux Poissoroi et aux Ramoloss qui pourraient les attaquer.

Pour une raison inexpliquée, le Draco avait décidé de stationner au fond du lac et faisait des allers-retours nerveux dans la vase, suivi par les Minidraco, dont, en tête, le chromatique qui était le plus chétif et le plus craintif de tous. Ici, la lumière du soleil avait un peu de mal à percer et on n'apercevait que les yeux brillants des prédateurs tenus à distance par le Draco.

Draco s'immobilisa soudain et leva la tête vers la surface. Des vibrations étranges et attirantes vrillèrent la tête de la portée de Minidraco. Excités par ce signal, ils voulurent monter pour découvrir la source de ce doux bruit, mais un mugissement étouffé de Draco les en dissuadèrent.

Les yeux de tous les prédateurs avaient disparu, noyés par l'obscurité. Plus aucune lumière ne parvenait et la tribu de dragons n'avait plus que le toucher pour s'assurer de leur présence. Ce changement d'atmosphère fit naître chez le Minidraco violet un sentiment de panique insécurité.

La corne de Draco se mit à briller d'une lumière bleutée, créant un foyer lumineux dans les ténèbres. Les Minidraco, terrifiés, se tapirent dans la vase…

Juste devant Draco, deux petits points rouges troublèrent à leur tour l'obscurité.

Un Sharpedo massif heurta Draco en une Mâchouille qui sectionna sa peau. Draco s'évanouit et disparut dans la vase, laissant place au noir.

Le Minidraco fut attrapé par deux mains puissantes et ramené à la surface, paralysé par la peur. Dans les tréfonds inhospitaliers du lac, ses frères étaient déjà la cible des prédateurs qui s'étaient remis à la chasse.

L'homme qui avait énergiquement saisi le Minidraco était un athlète, muni de simples lunettes et de palmes. Il eût tôt fait de remonter à la surface pour mettre de l'air dans ses poumons brûlants.

En bas, le Draco, désespéré, lança plusieurs Dracosouffle vers la surface, afin de signaler sa présence à la portée. Aucun n'atteint l'homme, car Sharpedo lui faisait office de bouclier dans sa remontée.

L'homme nagea jusqu'à la rive à la seule force de ses jambes, et y déposa le Minidraco chromatique mort d'effroi. Sharpedo resta dans l'eau, patrouillant près de la rive.

L'homme sortit quelque chose de son maillot de bain, une hyperball qu'il lança sur le Minidraco. Celui-ci n'opposa aucune résistance et se laissa capturer. L'homme donna un coup de pied dans l'objet, qui fit un long vol avant d'atterrir dans un coffre de voiture gardé par un Colhomard menaçant.

Draco remonta à la surface, les plaies encore béantes. Il s'étendit de tout son long sur la surface de l'eau et fonça en direction de Sharpedo.

Une attaque Blizzard le coupa dans son élan et l'emprisonna dans un bloc de glace longiligne. Draco avait échoué à protéger sa famille. Sur la berge, l'homme caressa le Dimoret responsable pour lui témoigner sa fierté. Il ramassa une des pokéballs qu'il avait laissés au sol avant de plonger et la lança au loin pour capturer le Draco. Tant qu'à faire, il pourrait le vendre avec le Minidraco. Sharpedo s'élança pour prendre la pokéball dans sa gueule et revint près de la berge. Son maître se baissa pour prendre la nouvelle acquisition et rappela le Pokémon aquatique.

L'homme prit toutes ses pokéballs, et suivi de Dimoret, marcha jusqu'à la voiture. Rendu devant, derrière un arbre qui faisait la beauté du parc, il rappela Colhomard dans sa pokéball, et rangea le tout dans le coffre.

La voiture était vieille et complètement noire. Régulièrement, l'homme la repeignait pour que le noir reste profond et inaltéré. Elle était longue, contenait deux banquettes arrière, qu'il avait coutume de baisser pour transporter plus d'affaires.

Les pokéballs ainsi rangés, il tira du coffre une serviette noire et enleva son maillot de bain - noir. Il se départit de ses palmes, de ses lunettes qu'il mit dans un sac en tissu et se frotta consciencieusement. Il rangea la serviette avec son matériel de plongée, puis s'habilla.

Il enfila d'abord un T-Shirt noir et moulant sur son torse musclé. Il avait une longue mais discrète cicatrice au pectoral droit et son dos était zébré de semblables balafres. Il mit un caleçon, puis un pantalon cigarette d'une couleur assortie au T-Shirt. Il s'assit sur le coffre, mit des chaussettes, des chaussures en cuir dont il n'est pas utile de préciser la couleur, puis se releva, ferma le coffre et alla à l'avant.

Dimoret s'était déjà installé à la place passager. L'homme mit le contact et sa voiture partit aussitôt. Il lui fallut quelques minutes pour retrouver un axe routier, puis il prit l'autoroute Johto-Kanto.

L'homme avait un visage sec, le regard acéré et dur. Il avait des cheveux bruns clairs courts, et des pommettes très marqués. Son patronyme complet était Christophe Posniazky, mais dans le métier, on l'appelait à raison « Black ».

Black regarda un minuteur connecté au système de l'hyperball, qui avait cessé de compter les heures dès la capture de Minidraco. Il indiquait 84h27. Il y avait trois jours qu'il cherchait un Minidraco shiney.

-Je n'égale pas mon record personnel, mais c'est une bonne performance pour ce Pokémon, commenta-t-il pour lui-même.

Au bout de quelques heures, il arriva en vue de Céladopole. Il arrêta sa voiture sur un trottoir devant un immeuble du quartier du Manoir, au nord du centre-ville.

Il monta dans l'immeuble tandis que Dimoret l'attendait dans la voiture.

Il en redescendit, portant un long duffel coat noir de jais. Il s'était rapidement douché et mis du parfum.

Il remonta en voiture et circula sur les artères menant à Safrania. Il sortit dans la campagne et roula encore quelques minutes vers la ferme Kenny.

Lorsqu'il gara sa voiture entre une camionnette un peu noircie de suie et la place inhabituellement vide de la voiture de sport de Frédéric, il vit dans le rétroviseur une camionnette lui emboîter le pas pour se garer juste à côté. A son volant, Archibald Button, l'oncle débonnaire de Flynn, le frère de Maria.

Black descendit et alla au coffre pour chercher les deux pokéballs. Il était maintenant 11h.

Archie descendit son gros corps du marchepied de la camionnette et alla directement voir Black.

-Salut, Black ! lança-t-il joyeusement.
-Bonjour, Button, répondit celui-ci de sa voix gutturale.
-Qu'est-ce que tu ramènes de beau ?

Black ferma violemment le coffre et mit les deux pokéballs dans sa poche.

-Une commande. Un Minidraco chromatique.
-Un Minidraco ? Tu fais toujours dans les prises de choix !

Black ne répondit rien et marcha d'un pas vif vers l'entrée de la ferme. Archibald tenta de le suivre, mais ce rythme l'essoufflait un peu.

-Je faisais aussi une commande pour Marcus.

Black n'eut aucune réaction et regarda le vieux top-dresseur du coin de l'œil.

-Mais il n'est toujours pas là…
-Je sais, fit Black. Je confie la commande à sa secrétaire.
-Il est à Vermilava, tu sais ?
-Je sais.
-Tu vas à la réunion de la Confrérie, dans deux semaines ?
-Oui.

Ils étaient rendus à la porte du bâtiment qui marquait le début de la ferme.

Black y entra en grande pompe. La secrétaire leva un œil distrait de son ordinateur et quitta son guichet dès qu'elle eut reconnu les arrivants.

-Bonjour, messieurs, dit-elle en lançant un regard appuyé à Black. M. Kenny est absent aujourd'hui, je prendrai vos commandes.

Black posa les deux pokéballs sur le comptoir. Archibald contempla les deux boules, incrédule.

-Tu… tu en as capturé deux ? questionna-t-il.
-J'ai pris le Draco avec, dit-il. Je touche 50% supplémentaires, comme spécifié sur le contrat.

La secrétaire retourna à son ordinateur.

-C'est exact… dit-elle après un certain temps.

Elle prit un chéquier, inscrivit la somme de 80.000 pokédollars et le tendit à Christophe. Il s'en saisit sans mot dire et vérifia le montant. Satisfait, il le plia et le mit dans sa poche.

-Est-ce que Marcus compte revenir à Kanto avant la réunion de la Confrérie ? demanda-t-il sèchement à la secrétaire.

Elle ouvrit de grands yeux.

-Je ne sais pas…

Black hocha la tête et partit dans un coin de la pièce où étaient disposés des fauteuils. La secrétaire, à la fois intimidée et attirée par cet homme, le suivit des yeux.

-Et voilà ma commande… dit Archibald en tendant une hyperball un peu abîmée.
-Oh…

Elle prit précautionneusement l'objet, étonnée comme toujours qu'Archibald ait rempli son contrat. Elle rangea la pokéball avec les deux autres et remplit un chèque de 100.000 pokédollars.

Archibald n'eut pas un regard pour le chèque et fit un doux clin d'œil à la secrétaire qui n'en eut cure.

-Je vais voir Mme Kenny, signifia Black à l'attention des deux autres. A l'adresse spéciale d'Archibald, il ajouta : tu viens ?

Archibald haussa les épaules, et grommela qu'il arrivait.

Lui et Black passèrent par la ferme pour aller jusqu'à la dépendance des Kenny.

-Tu penses qu'elle va nous recevoir ? demanda Archibald avec un peu d'inquiétude.
-Je l'ai prévenue, répondit Black d'un ton excédé à l'avance.

Quand ils frappèrent à la porte, c'est Maria elle-même qui leur ouvrit. Elle avait les paupières lourdes et la démarche hasardeuse, mais semblait tout à fait lucide.

-Archie… Christophe… les salua-t-elle.

Elle les pria d'entrer d'un large mouvement de bras. Archibald lui fit la bise, Black se contenta d'un signe de tête.

Ils s'engagèrent dans l'entrée et Maria ferma la porte. Ils se dirigèrent vers le salon où Raspoutine, l'Alakazam, faisait léviter une théière. Ils s'assirent dans des fauteuils Louis XV autour d'une table basse et virent les petites tasses arriver à leur main.

-Il n'y a rien de spécial dans ce thé ? s'enquit Archibald par prudence.

Maria leva ses yeux injectés de sang au ciel et but une gorgée. Raspoutine se retira sous le regard de Black, qui avait toujours porté un intérêt particulier à ce Pokémon.

-Des nouvelles de Marcus ? demanda Black. Ca va faire quelques semaines qu'il est en voyage. Je commence à en avoir assez de remettre mes captures à des employés de la ferme.
-Aucune, répondit Maria avec dépit. C'est presque devenu un étranger. Vous pensez bien que ce n'est pas à moi qu'il donnerait de ses nouvelles.

Archibald et Black pensèrent à la jeune et jolie secrétaire.

-Tout de même, se rengorgea Archie, c'est ton mari. C'est curieux qu'il ne te dise rien.

Black gardait le silence, maussade.

-Je sais qu'il est avec Frédéric… dit-elle. Il l'a retrouvé à Poivressel, et ils sont tous les deux à Vermilava, ils préparent la prochaine réunion de la Confrérie.
-C'est ton fils qui t'a dit ça ? interrogea Archibald.

Maria acquiesça.

-Frédéric a fui Kanto car un de ses amis est tombé pour trafic de drogues. Je ne le savais pas, mais… Fred dealait de la cocaïne et il a peur d'être dénoncé par son copain.

Archibald siffla pour manifester son étonnement.

-De la cocaïne ? Sous ton influence ?
-Pfff, souffla Maria. Ne sois pas ridicule, Archibald. Je ne prends pas de cocaïne.
-Mais pourquoi vendre un tel truc ?

Black s'ennuyait profondément.

-Il ne gagnait pas assez à son goût, suggéra-t-il. Mais on s'en moque, au reste. Je ne suis pas venu pour parler de ça.
-Tu veux parler de quoi ? s'inquiéta Archibald.
-Tu le sais très bien. Et toi aussi, sûrement, dit-il en se tournant vers Maria.

Elle attendait, stoïque, de voir exposer le motif de venue du solitaire Black.

-C'est à propos des nouveaux commanditaires de Marcus, dit-il. J'ai l'impression qu'il le roule dans la farine… et qu'il le coupe de demandes ponctuelles de particuliers.
-Quoi ? s'insurgea Archibald. Mais c'est ridicule ! Pourquoi tu dis ça, Black ?

Christophe le foudroya du regard.

-On ne reçoit plus que des demandes extravagantes de sa part. Un Minidraco, je te demande un peu… J'aime les challenges mais ça commence à me gonfler. Je n'ai même plus l'impression de travailler en free-lance, plutôt d'être un larbin.

Si Maria ne faisait paraître aucune expression sur son visage, le vieil Archibald était proprement scandalisé par les propos de Black.

-Et puis, sur le plan financier, ça n'a pas l'air de lui profiter. De toute façon, ça menaçait depuis pas mal de temps, avec sa… ferme…
-Ah ! c'est donc ça ! rugit Archibald. Tu voudrais que Marcus délègue toute la gestion de stocks à Béhémot !

Black soupira.

-Ce n'est pas ce que je voulais dire…
-Tu as acquis des parts de l'entreprise d'Angus Béhémot, je le sais ! Ca te dérange que Béhémot dépende en grande partie du stock de Marcus !

Christophe ne put réprimer une grimace qui trahit son agacement. Il ne savait pas comment Archibald avait pu obtenir cette information.

-Mais Marcus est un shiney hunter, pas un gardien de pension !

Archibald secoua la tête d'un air compassé.

-Laisse Marcus faire ce qu'il veut, et si tu ne veux pas travailler pour lui, rien ne t'y oblige.

Black ricana :

-Je me demande parfois ce qu'il ferait sans moi.

L'assertion, même prétentieuse, ne trouva pas de contradicteur en la personne d'Archibald. Le vieux dresseur savait pertinemment que Black était l'un des meilleurs shiney hunters du marché, et que Marcus avait toujours très satisfait de ses services. Black remarqua cet accord et dit avec un léger sourire :

-J'ai quand même un certain droit de regard sur mes clients…
-Nos clients, nos clients, mais c'est Béhémot !
-Pas seulement. J'ai plus l'impression de bosser pour la Team Rocket.
-Ne me dis pas que ça te pose des problèmes moraux…
-Non. Mais j'ai peur d'être inculpé dans une affaire louche…
-C'est pour ça que tu bénéficies de l'intermédiaire de Marcus ! Si quelque chose arrive, tu sais qu'il te couvrira !
-Non, rien ne me le garantit. Et la Team Rocket est devenue plus fragile ces derniers temps. On dit que Giovanni s'est compromis dans la succession d'Auguste, et qu'il a été gravement blessé. Une mauvaise chute…
-Mais enfin, quel est le problème avec la Team Rocket ?
-C'est une organisation criminelle, potentiellement très dangereuse, qui pourrait prendre le contrôle de la ferme, enrôler Marcus, et à terme prendre le contrôle du marché du shiney !
-Mais… pourquoi montrer tant d'inquiétude ?
-Ce que fait Marcus, en mélangeant le marché noir des Pokémons et celui des shineys, ne me plaît pas. Il n'en sortira rien de bon.

Maria songea à ses paroles en détaillant les mimiques de Black.

-J'aurais aimé le lui dire, j'y pensais depuis plusieurs semaines, mais ce seigneur ne semble plus daigner s'adresser à moi directement…

Il regarda successivement Maria, inerte, et Archibald qui gesticulait dans son fauteuil, et se leva.

-… vous lui transmettrez donc le message.
-Black, lui dit Archibald en le suivant, tu ne peux pas critiquer la façon dont Marcus gère ses affaires ! Il propose les meilleurs contrats de Kanto, il majore toujours généreusement les offres de ses clients !
-Mais à quel prix ? demanda Black.

Ils étaient arrivés dans l'entrée. Archibald poussa un long soupir.

-De toute façon, jamais la Confrérie ne laissera pas Marcus faire plus longtemps la collusion entre affaires et shasse.
-Quoi que décide la Confrérie, Marcus aura toujours des clients. Il s'est fait une réputation suffisante pour se passer d'un statut officiel.

Black dit d'un ton pénétré :

-Arrête. Tu méconnais la puissance de la Confrérie.

Sans plus de cérémonie, il quitta la dépendance.

Archibald regagna le salon où Maria gardait le regard rivé sur la tasse à laquelle Black n'avait pas mis les lèvres. Elle était restée sur le bras du fauteuil tout le long de la conversation. A ses côtés, Raspoutine grognait.

-Patience, glissa-t-elle à mi-voix en caressant la nuque de son Pokémon. Un jour, nous l'aurons…

Archibald ne vit pas la scène, il ruminait ses sombres pensées en arpentant le salon de long en large.

-Pourquoi tu te tracasses autant, mon frère ? demanda Maria. Viens te rassoir.

Archibald reprit place sur son fauteuil.

-Je ne sais pas ce qu'a Black… dit-il. Il est pourtant toujours content des contrats que lui propose Marcus…
-Black a juste besoin d'exister. Aussi longtemps que Marcus proposera les meilleurs contrats, il travaillera pour lui.
-Je pense qu'il est surtout gêné de l'ombre que fait Marcus à son ami Béhémot.
-Black n'est pas l'ami d'Angus. Il a juste des actions…
-Je n'arrive pas à cerner Béhémot. C'est lui, d'ailleurs, qui a mis Marcus en lien avec la Team Rocket ! De quoi Black vient se plaindre !

Maria balança la tête en arrière.

-Merci pour le thé, Maria. A la prochaine.
-Au revoir…

Toujours un peu nerveux, Archibald quitta à son tour le domaine Kenny. Maria laissa Raspoutine envahir son esprit pour la mener aux sphères de la volupté qu'elle aimait tant atteindre…

Au parking, il n'y avait déjà plus traces de Black. Archibald prit sa voiture, qu'il avait laissée avant de partir en shasse avec Flynn, il y avait quelques semaines. La fuite du jeune garçon avait alerté le ranger qui l'avait vu dans le ciel, et Archibald avait dû expliquer ce départ aux gardes-forestiers qui ne l'avait pas laisser s'en tirer aussi facilement. Il avait ensuite décidé de rester au Mont Argenté pour faire sa capture seul, ce qui lui avait pris beaucoup plus de temps qu'il ne le prévoyait. Il avait ensuite enchaîné presque directement avec une commande au moins aussi capitale, et urgente. Bien qu'il parvînt à le cacher, il était fourbu. Une traque d'aussi longue durée n'avait pas eu d'effets bénéfiques sur sa santé déclinante.

Tandis qu'il démarrait sa voiture, le mot « retraite » lui vint en tête. Il prit la direction de Safrania et eut un spasme de douleur quand il eut à tendre son bras droit, qui était bandé sous l'épaisseur de son pull. Sa proie avait bien failli avoir raison de lui…

« Quel métier dangereux… songea-t-il. Vivement que je décroche… »

A quelques kilomètres de là, Black était déjà à Céladopole, dans un bouchon du périphérique, au nord.

Son portable sonna dans la poche intérieure de son manteau. Il le sortit : il affichait Marcus Kenny. Black eut un léger sourire.

-Forcément… il décrocha : Allo ? … Bonjour, Marcus. … Oui, je viens de voir votre femme et Archibald. … On parlait de la prochaine réunion de la Confrérie. Je leur parlais des… points à améliorer dans notre gestion du marché. … Vous verrez bien. … Qu'est-ce que vous dîtes ? Flynn, votre fils ?
« Ce petit con… » pensa-t-il.
-Quel évènement. Ah, c'est pour ça que Durang m'a appelé hier soir. Il voulait votre numéro. J'imagine qu'il a dû l'avoir dans sa zone. … Un incendie ? C'est une stratégie originale. Et payante apparemment. … Tant mieux, moi non plus. Pourquoi, alors ? … Comment, je ne comprends pas. Venir à Vermilava ? Mais dans quel but ? … C'est ridicule. Je sais déjà ce que j'ai à dire. Vous n'allez pas me fournier un discours. De toute façon je ne compte pas en faire, je le dirai un peu avant à votre père. … Dîtes-lui bonjour de ma part alors. Je ne vois pas pourquoi je le dirais deux semaines à l'avance… Et si vous tenez à me voir, vous pouvez toujours rentrer à Céladopole. … C'est ça, au revoir.

Il raccrocha, passablement énervé. Il reçut, quelques minutes plus tard, un appel consécutif.

-Allo ? Angus ? Bonjour. … Non, je suis à Céladopole. … Ecoutez, vous pourrez me l'envoyer par SMS ? Je suis au volant. … C'est ça. … Oui, j'en ai un. Vous avez de la chance, beaucoup de shiney hunters n'en possèdent aucun et se contentent d'en vendre. Mais j'en ai un… … D'accord. … D'accord. Au revoir.

Il raccrocha encore une fois. Il devait aller voir un certain professeur Lavazou pour s'entretenir avec lui des Pokémons shineys. Angus Béhémot le présentait comme un génie et nourrissait beaucoup d'espoir sur sa rencontre en présence de Black.

Il réussit à prendre la sortie des quartiers nord et déambula dans la ville jusqu'à la banque la plus proche de son immeuble.

Il y gara sa voiture et entra pour faire encaisser le chèque qu'il avait reçu des mains de la secrétaire de Kenny. L'employée connaissait Black de vue et était habituée à ses gros chèques. Elle le prit sans mot dire.

Black reprit la voiture jusqu'à son petit immeuble et monta à son appartement avec Dimoret sur les talons.

Il habitait au quatrième et dernier étage, avec une vue sur la petite cour derrière l'immeuble. L'appartement était étroit et haut de plafond. Il alla à la machine à café et se prépara un arabica.

Il reçut alors le message d'Angus Béhémot avec l'adresse exacte du professeur Lavazou. Le visage de Christophe Posniazky, alias Black, prit une expression de lassitude incommensurable.