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Le Puits des sentiments [Song-Fic] de Solyx



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Informations

» Auteur : Solyx - Voir le profil
» Créé le 16/11/2011 à 21:00
» Dernière mise à jour le 09/02/2013 à 10:34

» Mots-clés :   Absence de combats   Drame   One-shot   Song-fic

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[Song-Fic]
Ne me quitte pas
Il faut oublier
Tout peut s'oublier
Qui s'enfuit déjà


_____Elle essuyait ses larmes chaudes qui glissaient sur sa joue si fraîche et si délicate. La Rosélia se penchait sur le lit, où était allongé un grand corps de femme, fragile et triste. Non, elle ne pouvait pas la laisser seule comme ça. Non, elle ne pouvait pas la laisser souffrir, elle, qui l'avait élevée, éduquée à ses plus jeunes combats... Elle se souvenait des quelques paroles que sa dresseuse lui avait soufflé avant sa maladie : « Si un jour tu as un problème, ma petite Rose, va au Puits des Étoiles. Jirachi est son gardien, il t'aidera, il se trouve au fond ».

Oublier le temps
Des malentendus
Et le temps perdu
A savoir comment


Oublier ces heures
Qui tuaient parfois
A coups de pourquoi
Le cœur du bonheur


_Elle ne savait plus quoi faire pour la vieille femme. La Rose triste se dirigea vers le Puits miraculeux, à un pas délaissé et saccadé par des sanglots interminables. Elle avait également entendu quelques rumeurs réjouissantes sur ce Puits : si on y lançait une pierre dedans et que l'on était en grande difficulté, on pouvait avoir la chance de voir son vœu se réaliser par Jirachi. Elle prit une pierre blanche comme la neige, et la lança d'une force affaiblie par son asthénie, en pensant fortement à sa maîtresse, ses pensées faisant devenir encore une fois ses yeux brillants de gouttelettes d'eau.

Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas


_La pierre frappa deux fois les parois du grand trou, et chuta sans aucun bruit, sans aucun claquement sinistre. Le vent ne soufflait pas, le paysage était comme mort. Les feuilles des arbres ne bougeaient pas, le soleil était caché par des nuages grisâtres. Le Pokémon attendait désespérément une quelconque apparence du faiseur de vœux, mais décida finalement de rentrer pour veiller sur la souffrante, elle reviendra demain. Elle entama ses quelques mètres de chemin à réaliser, chaque pas résonnant dans la forêt, craquant quelques fois une brindille asséchée, effleurant l'herbe sans vie.

Moi je t'offrirai
Des perles de pluie
Venues de pays
Où il ne pleut pas


_Rosélia pleurait encore plus, son acolyte fermait petit à petit ses yeux, murmurant un son à peine audible : « Je t'aime, ne l'oublie pas ». Elle essayait tant bien que mal d'essuyer ses sanglots, en donnant quelques cuillerées d'herbes médicinales à l'affligée, qui se tenait de plus en plus mal. Les fleurs aux extrémités des bras de Rose se fanaient, s'assombrissaient, devenaient ternes, à cause des pleurs incessants. La vieille dame dormait profondément, ses songes étant coupés par d'atroces souffrances. Le Pokémon la regardait, abattu, ses yeux si tendres et si larmoyants, l'air de lui dire « Ne me quitte pas... ».

Je creuserai la terre
Jusqu'après ma mort
Pour couvrir ton corps
D'or et de lumière


Je ferai un domaine
Où l'amour sera roi
Où l'amour sera loi
Où tu seras reine


_Elle était encore retournée devant cet immense cercle pierré, sans fond, déterminée. Cela faisait pas moins de trois jours qu'elle venait ici, mais rien ne se passait. Elle recommençait désespérément ses envois de pierres, noires ou blanches, qui se fracassaient d'un bruit sourd contre les bords du Puits entouré d'une fausse verdure. Rose espérait tellement revoir son amie marcher, discuter, la serrer dans ses bras, comme quand tout allait bien... Mais cela, c'était avant. Elle voulait lui offrir la vie, lui offrir des mouvements, des rires, de la joie, et si seulement le Puits des Étoiles pouvait réaliser ses rêves...

Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas


_Enfin ! Elle remarche, elle reparle, elle n'est plus souffrante ! Rose a gagné, quelle heureuse surprise ! Hélas, ce n'était qu'un malheureux rêve entouré d'une multitude de cauchemars, si sombres et si traîtres. En réalité, la rose mélancolique était affaissée là, sur un modeste lit de feuilles mortes, au pied du véritable lit qu'elle laissait à sa dresseuse, toujours aussi souffrante, et même un peu plus. Il fallait que son vœu fonctionne, c'était sa dernière chance... Sa dernière possibilité de pouvoir réanimer sa vieille dame... Il ne fallait pas qu'elle la quitte.

Ne me quitte pas
Je t'inventerai
Des mots insensés
Que tu comprendras


_Ploc... Ploc... Les larmes coulaient et s'éclataient sur le vieux parquet de la maison de bois. Les deux roses de la Rosélia étaient devenues presque noires, mouillées des innombrables sanglots qu'elle versait sans fin. Sa dresseuse agonisait plus que tout, c'était sans doute la fin. Rose se tendit vers la personne âgée pour lui déposer, au centre de son front martyr, un léger baiser éploré et consterné. Elle s'allongea de nouveau sur ses feuilles de nuit, et ferma les yeux pour essayer d'effacer sa triste fatigue qui s'ajoutait à sa faim et à sa soif.

Je te raconterai
L'histoire de ces amants
Qui ont vu deux fois
Leurs cœurs s'embraser

Je te raconterai
L'histoire de ce roi
Mort de n'avoir pas
Pu te rencontrer


_Non, elle ne pouvait pas lui faire cela tout de suite, son vœu ne s'était pas encore réalisé... La pauvre personne qui était jusque là souffrante ne respirait plus, n'émettait plus le moindre souffle. Rose, trempée de ses larmoiements, se précipita fatiguée vers le Puits, peut-être allait-elle arriver à la sauver... Elle arriva devant la cuve rocheuse, mais rien ne s'était passé, rien ne pouvait la sauver. Désormais, elle était certaine de cette évidence maussade : sa dresseuse l'avait quittée pour toujours et elle allait être seule dans ce paysage inanimé.

Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas


_Rose pleurait à flots. Elle pouvait toujours penser à ce qu'elle ne la quitte pas, elle était maintenant sans vie, son corps inerte imposant le meuble nuptial où elle souffrait. La rose, triste, affaiblie, souffrante ne cessait de répéter ces allers et retours de son misérable habitat jusqu'au trou à vœux, mais revenait toujours, vaine. Mais quand Jirachi allait se montrer ? Quand pourra-t-il exaucer les diverses demandes de la Rosélia ? Tant de questions qu'elle se posait, toutes aussi assombries les unes que les autres, et sans réponses imminentes forcées...

On a vu souvent
Rejaillir le feu
De l'ancien volcan
Qu'on croyait trop vieux

Il est paraît-il
Des terres brûlées
Donnant plus de blé
Qu'un meilleur avril


_Elle essayait tant de ne plus pleurer, de ne plus laisser s'écouler les larmes, mais elle ne pouvait pas. Rose voyait le cadavre de sa maîtresse tous les jours, et elle ne voulait pas le déplacer, il était trop précieux à ses yeux, même beaucoup trop. Elle se pencha sur le corps et murmura :

_— Rosé... Rosélia ? Rosé... lia... 

_Ses paroles étaient comme désespérées, dans lesquelles l'on pouvait sentir une tristesse intense et insoluble. Maintenant, il fallait qu'elle se procure de la nourriture, et un désaltérant, avant c'était Rosa qui lui préparait ses repas, c'était Rosa qui s'occupait bien d'elle, mais cela, c'était du passé, c'était avant.

Et quand vient le soir
Pour qu'un ciel flamboie
Le rouge et le noir
Ne s'épousent-ils pas


_Il faisait nuit, le ciel était d'un gris morbide, déchirant toute joie du paysage, les rares fleurs se noyant dans le décor si maladif. La Rosélia était juste à droite du Puits, étendue, à terre. Elle ne trouvait pas le sommeil, elle luttait contre sa faim et sa soif étanche. Ses roses se fanaient de plus en plus, ne laissant apparaître que de minces pétales obscurcies par le temps et le mal, elle ne pouvait plus. Plus résister à l'ampleur de la tristesse, plus combattre sa famine. Ses yeux accablés étaient envahis d'angoisse et de désespoir.

Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas


_Elle sentait sa faim dominer, sa fin arriver. Elle jeta encore un regard évasif vers son ancienne dresseuse, comme si elle ne pouvait pas contrôler ce mouvement. Quelques pétales de la petite Rosélia débutaient leur chute, lente et sans bruit, vers le sol refroidi. Au fil des heures, elle perdait davantage de pétales, les semant à terre tel une marque qu'elle désirait laisser derrière elle à chacun de ses pas.

Ne me quitte pas
Je ne vais plus pleurer
Je ne vais plus parler
Je me cacherai là

A te regarder
Danser et sourire
Et à t'écouter
Chanter et puis rire


_L'on ne pouvait pratiquement plus apercevoir les deux roses du Pokémon plante, juste quelques corolles s'accrochaient encore à elle. Lançant toujours un regard dérisoire vers l'objet de sa tristesse, elle s'engagea sur l'étroit chemin qu'elle connaissait maintenant par cœur. Rose n'en pouvait plus, ses manquements de nutriments prenaient le dessus. Elle se pencha pour voir ce qui se passait à l'intérieur du Puits, mais aucune forme de vie ne paraissait y demeurer. Par la fatigue et la maladresse, son corps lâcha : elle se laissa tomber au fond du trou, ce trou qui lui avait tant donné d'espérance.

Laisse-moi devenir
L'ombre de ton ombre
L'ombre de ta main
L'ombre de ton chien


_Sa chute fut lente et atroce. Son corps végétal tournoyait incessamment, effleurant la paroi rocheuse, humide et usagée. Puis, plus un bruit. Seul un craquement retentissait en écho dans le Puits. La rose des pleurs était morte, gisant au plus profond du Puits, entourée de multiples corps poussiéreux, inertes, et de l'être des vœux, Jirachi. Lui aussi avait sombré dans le désarroi le plus extrême, et lui aussi avait succombé au dernier châtiment. Ce lieu était maudit, tout être vivant ici était livré à cette même histoire tragique.

Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas
Ne me quitte pas


_Le silence culminait. Les deux dernières victimes du lieu comme maudit étaient là, l'une étant affalée sur un lit usé tandis que l'autre restait au milieu des autres Pokémon, qui s'entassaient les uns sur les autres. Le vent ne soufflait pas, l'herbe n'émettait pas le moindre mouvement, le feuillage des arbres ancestraux ne bougeait pas, le temps semblait être figé. Figé à jamais, emmenant ses seuls êtres vivants dans la déchéance totale... Emmenant ses seuls êtres vivants dans le gouffre interminable de la mort.