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Destins liés ~Crépuscule~ de fan-à-tics



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» Auteur : fan-à-tics - Voir le profil
» Créé le 06/08/2011 à 20:49
» Dernière mise à jour le 06/08/2011 à 20:49

» Mots-clés :   Présence de personnages de l'animé   Présence de poké-humains   Présence de shippings

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Film - Il ne connait ni Pitié, ni Justice..(3)
Bonjour.

Aujourd'hui, en ce 6 aout, je poste officiellement le dernier chapitre de Destins Liés.
Bon, c'est un peu surjoué, puisqu'il me reste un épilogue (indispensable) à poster, (il est d'ailleurs écrit en partie) Cependant, je voulais le dire. Je suis ravie d'avoir écrit cette histoire, que je tiens depuis le Lycée. J'aurais mis le temps à l'écrire, à peaufiner le scénario, et malheureusement, il y a encore des erreurs, que je compte réparer lors de ma relecture.
Je compte encore écrire des bonus, sur les personnages, des révélations sur l'histoire et son évolution, et surtout une Saison 2, au dénouement plus joyeux, mais cela ne sera pas pour tout de suite. Alors, j'aimerai l'écrire maintenant…
Merci à tous les lecteurs qui m'ont suivie jusqu'au bout. Malgré mes sautes d'humeurs, mes moments de déprimes, mes passages à vide dans l'écriture et mon sadisme. J'ai conscience, que je ne vous offre peut-être pas, le meilleur texte que j'ai écrit, pour cet ultime chapitre, et je m'en excuse, j'aurais aimé maîtriser parfaitement mon style. J'espère tout de même que la conclusion vous touchera.
J'espère aussi, que vous aurez pris autant de plaisir à lire les aventures d'Eléa et Sam, que moi de les écrire. C'est peut-être présomptueux de ma part, mais j'espère vous avoir fait rire, dans les bons moments, émus, et peut-être même pleuré dans les pires. N'hésitez pas à partager vos avis avec moi, et surtout, n'oubliez pas, qu'il reste encore l'épilogue.

Merci encore.

Bonne Lecture.



Destins Liés
Film-Il ne connait, ni Pitié, ni Justice…



« Il n'y a pas pire châtiment, pire horreur que de transformer un instant en éternité, d'arracher l'homme au temps et à son mouvement continu. »

Le chant cessa totalement.

Tout comme le mal de crâne de Silver.

Le rouquin mit quelques secondes à réaliser l'absence de douleur, comme si son organisme avait oublié ce qu'était que le repos, en tout cas, il ne se permit pas d'en perdre une de plus. Sans hésiter, il se redressa et sortit de sa cachette, derrière les colonnes couchée sur le sol d'obsidienne et les mosaïques. Marion gémit en le voyant se révéler.

Sa mère, Eléanore, Peter, Gold, Sam, tous les autres un peu plus loin…Marion…

Silver serra sa mâchoire dans un claquement sec, et il fit volte-face pour se précipiter vers la cousine de Lucas.

Il était trop tard pour Eléa. Aussi horrible que soit la douleur compressant ses trippes, il ne pouvait ignorer cette réalité.

Et Il n'oubliait pas que la blonde l'avait aidé dans les tréfonds de la grotte.

-Ca va aller ? Bafouilla-t-il, une fois accroupi auprès d'elle.

Marion leva la tête et lui porta un regard brillant de tristesse, les lèvres serrées, la voix engorgée, elle secoua la tête :

-Moi, ça va aller, toi…ton dos…

Elle esquissa un mouvement vers lui, mais Silver la stoppa, d'une prise sèche sur son poignet. Il la força à lui montrer sa paume ouverte, et grimaça. Ce qui badigeonnait ses phalanges habituellement blanches, ce n'était pas son sang à lui, celui-ci était frais, il suintait encore, il puait encore le fer rouillé.

-Tu es blessée.

Marion eut un rictus, malhabile.

-Je sais. Je fais une fausse couche.

Silver tressaillit, mais la cousine de Lucas lui serra la main avec conviction, sa prise tremblotante, trahissait bien sa panique intérieure, mais elle semblait vouloir le pousser, à ne pas s'y attarder, à ne pas s'apitoyer sur son cas.

-Il faut emmener…Lucas, loin d'ici. Bredouilla-t-elle, le visage blême, mais ses prunelles brûlantes de détermination.

Silver sursauta, et il observa la scène dans le lointain. La grande asperge qui servait de cousin à cette femme, se tenait, droit comme un I, les genoux tremblotants, comme pétrifié. Personne là-bas, ne remarquait leurs présences. Peter et Holly leurs tournaient le dos, comme s'ils se révélaient déjà hors d'état de nuire…Quant à Eléanore…

Silver siffla d'amertume et plissa les yeux jusqu'à s'en fendre les paupières. Il suffisait de voir l'expression désemparée de sa sœur, pour savoir. Savoir qu'il était trop tard.

-Emmène-moi…Là-bas…Je…Je vais parler à Peter…Et si…si ça dégénère, vous pourrez vous enfuir…Par la grotte, il y a une sortie de secours, qui permet…De quitter le Qg…le plan…Vous…Dans la grotte, une personne blessée ne peut pas mourir…Mais vous ne pouvez pas sortir vos Pokémons, alors…Sortez-les avant…Ca s'arrête…Dès que vous avez franchi le portail…Tout est indiqué…

Elle démêla de sa poche, une feuille aux allures de parchemin souillé, et le lui fourra sans ménagement dans la poche, avant de sourire tristement :

-Je les retiendrai.

Elle glissa quelques doigts jusqu'à sa ceinture et en extirpa une pokéball, sans hésitation, mais Silver doutait qu'elle puisse réellement faire quoi que ce soit, alors qu'elle ne parvenait pas à se tenir sur ses deux jambes, seule.

-Je suis la seule…qui puisse tenir tête, face…aux Pokémons…De Peter…

Silver déglutit, mais il acquiesça. Bien. Elle s'occuperait de Peter, lui…son regard dériva sur sa mère, et ses poings se serrèrent. Lui, il s'occuperait d'elle. D'un geste, il attrapa les fils rouges qui reliaient sa génitrice à la blonde, et d'un coup sec, il les brisa.

Il ne savait pas ce que c'était, mais il avait un mauvais pressentiment, mieux valait les détruire.

Affairé par cette besogne, il ne vit pas le sursaut, presque imperceptible de Salomée, ni son pas en arrière, et le regard qu'elle lui lança. Un regard froid et meurtrier.

Gold, en revanche, le perçut très nettement, il suivit la même courbe, et aperçut la silhouette du rouquin, près de la blonde. Son cœur fit un drôle de bond, et son cerveau, enregistra bien, la menace, mais son corps ne réagit pas assez promptement.

Silver était là. Holly…Holly était là. La femme qui l'avait aidé dans le passé, la femme censée être morte, depuis des années, et…Elle se trouvait face à son fils. Alors, pourquoi cela se passait ainsi, pourquoi Silver l'ignorait, pourquoi cette femme si douce du passé, jetait une œillade si haineuse à sa progéniture… !

Qu'est-ce qui se passait au juste ? Qu'est-ce qui…Pourquoi Eléanore ne bougeait plus, pourquoi, Peter ne leur accordait même pas un regard, pourquoi avait-il attaqué Daniel, pourquoi, pourquoi, pourquoi ?

Gold se prit le crâne entre les mains.

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Qu'est-ce qui se passait ? Il ne l'identifiait pas lui-même. On avait comme, ôter de ses épaules le terrible poids qui les avait écrasées toutes ces années. Il ne réalisait pas bien lui-même comment, mais, il n'appréhendait plus le pouvoir d'Arcéus, ni la douleur du deuil. Il l'acceptait en lui, sans vraiment se poser de question.

Et quelle étrange sensation ! Quelle étrange sentiment montait en lui, celui de se sentir invincible, cette vague de force déferler dans ses veines, sans que les conséquences ne gagnent et n'enraillent ses actions.

Il pouvait. Il pouvait, mais ne devait plus. Toutes responsabilités, le quittaient véritablement, le fuyaient. Cela avait-il véritablement de l'importance, d'ailleurs, toutes ces tâches, qu'il s'infligeait lui-même, avaient-elles toujours eu du sens, des résultats bénéfiques… ?

Le souvenir de Yoann et D'Harry, jaillit dans sa mémoire.

Non. Jamais. Mieux valait s'en défaire.

Peter n'entendait plus, il ne voyait plus, et il ne communiquait plus, et c'était mieux ainsi. Ses œillères l'empêchaient de se détourner de son but, à présent, plus aucun sentiment parasite ne l'entraverait.

Il observa le corps d'Eléanore inerte, à ses pieds, et si, la peine, et la compassion l'étreignit, nul remord ne pointa le bout de son nez.

Il ne savait pas pourquoi. Il aurait voulu, culpabiliser, s'en vouloir. Il aurait dû s'en vouloir. Il le savait. Mais rien ne venait, rien ne montait, pas même la plus petite bile.

« C'est parce que tu as fait, ce qui devait être fait, ce qui ne pouvait être évité, ce qui est bon et juste pour ce monde. » Sonna étrangement la voix de Salomée en lui.

Et il ne chercha pas à la contredire. Elle devait avoir raison. Elle avait toujours raison.

Peter fronça les sourcils.

Pourquoi Salomée avait-elle toujours raison… ?

« Ne te préoccupes pas de ça. »

C'est vrai, il avait d'autres sujets auxquels s'intéresser, cela pouvait attendre, cette question pouvait même disparaître, elle était obsolète.

Maintenant, il n'y avait plus qu'à attendre que l'essence d'Arcèus s'empare du corps d'Eléanore, pour qu'il puisse disposer de son pouvoir incommensurable, et châtier comme le méritaient tous les bandits du monde.

« Nous allons éradiquer le mal. »

Peter se tût, contemplant Eléanore. Il aurait aimé lui offrir une sépulture, ou au moins, honorer sa mémoire.

« Ne te soucie pas de ça ! »

Peter secoua la tête, ayant perdu le fil de sa pensée.

Soudain, comme un pic s'infiltrant dans son dos, la pression monta, et il perçut le cri de Salomée se répercuter sous son crâne.

« Encore lui ! Peter éradique-le ! »

Mais quand il se retourna, il ne vit rien, dans la direction que pointait Salomée, juste une colonne, à la roche sanguinolente.

« Rah, tu ne peux pas les voir… ! Souviens-toi, le rouquin, Silver, et la Blonde, Marion ! »

La lumière fusa dans sa mémoire. Depuis quand Marion était-elle là ? Il avait demandé à Cynthia de s'en occuper, de l'empêcher de souffrir de sa…

Un doute saillit.

Souffrir de quoi…c'était à Eléanore de se sacrifier, et si Marion n'approuvait pas, elle n'aurait pas souffert longtemps de la disparition de la gamine…Pourquoi avait-il demandé…Et Cynthia, où était-elle ? Et Silver, que faisait-il ici…Quand l'avait-il vu pour la dernière fois ? Dans…Dans la grotte non ?

« Merde. » Siffla Salomée derrière lui.

Des ombres se dessinèrent contre la colonne désertée de tout à l'heure, et il sembla à Peter, reconnaître les silhouettes familières de sa petite amie, et de l'enfant d'Holly et Giovanni. Mais il ne parvint pas à le confirmer, la voix de Daniel l'attira en arrière.

-Pourquoi vous faites-ça… ?

Peter reporta son attention sur le gamin brun, paralysé au sol. Le pauvre, il avait l'air de souffrir. Qu'est-ce qu'il avait ?

Les images affluèrent.

Ah, oui, il avait ordonné à Draco de l'attaquer. Pourquoi diable avait-il fait ça, il aurait put le tuer !

« Si tu l'as fait, c'est qu'il fallait le faire. C'était pour son bien, s'il s'était approché d'Eléanore, son âme aurait put être aspirée par Arcéus et éparpillée dans le temps et les dimensions. Tu as protégé de gamin. » Expliqua précipitamment Salomée d'une voix mielleuse en lui.

Peter se rasséréna. Ah, oui, cela avait été indispensable. Le pauvre enfant ne savait pas ce qu'il risquait, il avait fallut intervenir vite.

-J'ai fait ce que j'avais à faire. Répondit-il au petit, sans état d'âme.

C'était fou, comme son cœur lui paraissait léger. Sa décision, bien qu'extrême, ne lui pesait pas comme auparavant, et cette sensation, était délicieuse, loin de tout tourment. Mais Daniel plongea ses iris, embrumés par la douleur dans celles de Peter, et la mâchoire serrée, il siffla :

-Je ne comprends pas.
-Tu es encore un enfant, tu comprendras quand tu seras adulte.

Et lui aussi, il avait été un enfant, doutant de ses propres actions, mais le temps n'était plus à la remise en question.

-Vous savez mieux que quiconque ce que cause la perte d'un être cher ! Vous devriez être la dernière personne à nous infliger cela ! A m'infliger cela !

Peter vacilla. De quoi parlait-il… ?

« Ne l'écoute pas Peter, ne l'écoute pas ! »

Mais les avertissements de Salomée sonnèrent pour la première fois dans le vide, et un étau s'immisça en le champion, compressa son cœur et ses viscères.

-Vous êtes en train de finir exactement comme Harry !

Comme un choc électrique, à ces mots, la conscience effleura la réalité.

Il admira une seconde la gamine, Samantha, agenouillée, la frimousse défaite, Lucas à la mine catastrophée, et tremblant en fond, à Akira Yuki, ce professeur qui n'avait jamais put l'encadrer, qui répétait sans cesse la phrase « qu'est-ce qui se passe ? », et Gold, Gold, tétanisé avec son Capumain sur l'épaule, et el dévisageait, comme au jour où il s'était retrouvé à l'hôpital de Lavanville.

Et une question, sonna le glas des derniers vestiges de sa raison : Qu'est-ce que j'ai fait pour leur causer pareille souffrance ?

Un horrible mal de crâne lui vrilla les tempes.

« Tais-toi Gamin ! » Hurla Salomée.

Danny se recroquevilla sur lui-même, la respiration coupée.

Les doigts de Peter se refermèrent sur du vide, pour oublier cet incident aussitôt.

« Ne t'en fais pas Peter, une fois que tu auras acquis le pouvoir d'Arcéus, même la mort ne pourra plus rien contre toi. Ne te soucie plus de ça. Concentre-toi, concentre-toi sur Arcéus, et sur les vœux que tu feras, quand il sera établi en Eléanore. »

Et pendant quelques minutes, Salomée oublia Silver dans son dos, occulta Marion, et Peter, oublia tout le reste.

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-Marion…

L'exclamation de Lucas, à sa droite, le ramena à la réalité. Le brun, vacillant, observait tour à tour Eléanore effondrée sur le sol, Daniel, paralysé, toussotant, comme sur le point d'étouffer, et sa cousine, dans le lointain. Une drôle d'expression étirait ses traits, un mélange d'appel à l'aide à l'adresse de sa famille, et de suspicions. Mais comme lui, il ne paraissait pas capable d'émettre le moindre geste. Tous, autant qu'ils étaient, maintenant qu'il y songeait.

-Qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce qui se passe, bon sang ? Maugréait Akira Yuki dans un coin. –Pourquoi on s 'est arrêté ? Hey, oh !
-Eléanore…Papa…

Même le petit Gabriel, titubait, allant de gauche à droite, scrutant le paysage, et revenant sans cesse sur l'image d'Eléa, étalée de tout son long, inerte.

Cette vision, avait quelque chose d'obsédant, elle empêchait toute les pensées de dériver, et la tractait de nouveau vers elle, plus puissant que l'œil d'un cyclone, à la force insurmontable d'un siphon, elle les entraînait tous dans un tourbillon cacophoniques de doutes, et de certitudes à la fois.

Parce qu'ils savaient, ils savaient, tous, la vérité en cet instant, mais ils refusaient simplement de l'admettre. C'était…trop insupportable, de consciemment laisser la perte et le vide s'insinuer. Parce qu'ils voulaient, ils voulaient avoir tort.

Après tout, peut-être, peut-être qu' ils se trompaient. Peut-être, qu'elle se trompait.

On dit, qu'il y a 5 étapes, au deuil. Choc, Déni, Colère, Tristesse, Acceptation, qui vont et viennent chaotiquement.

Sam essaya de sourire, mais les commissures de ses lèvres craquelèrent sous les gerçures, sous les illusions. Mais elle serra les poings, et elle secoua la tête.

Choc.

Non, peut-être qu'elle se trompait, après tout, dans sa vision, elle avait pris comme valeur sûre, qu'Eléanore était morte. Et aujourd'hui, dans la réalité, elle calquait cette certitude, sur ce rêve. Mais c'était absurde, juste absurde. Qu'est-ce qui lui prouvait, que son amie en cet instant, était décédée ?

Après tout, c'était juste parce que Daniel avait crié que ça la tuerait, et parce qu'Eléa lui avait lancé ces mots, qu'elle arrivait à cette conclusion. Mais c'était absurde. Absurde. Absurde. Absurde. Absurde !

Qui pouvait bien mourir pour avoir chanté ! Absurde. Eléanore n'avait fait que chanter ! Jusqu'à preuve du contraire, cela ne tuait pas. Absurde. Elle avait du imaginer les dernières paroles d'Eléanore, dans la panique, après tout, les fantômes, ça n'existait pas, Eléanore n'avait pas pu lui parler à distance comme ça. Absurde. Et puis. Et puis ! Eléa avait souvent perdu connaissance. Si souvent. Ce n'était qu'une de plus, oui. Il fallait que ce soit, qu'une perte de connaissance. Elle avait surestimé ses forces, et chanter, lui avait coupé le souffle. Elle allait se réveiller. Aucun doute là-dessus. Qui mourait pour avoir chanté ? Absurde. Absurde. Absurde. Toutes ses visions avaient été absurdes mensonges, comment avait-elle put y croire une seule seconde d'ailleurs. Elle avait été idiote.

Samantha leva les yeux vers son amie, inerte à terre.

Elle allait se relever. Debout. Debout. Allez, ce n'était pas drôle.

Eléanore ne bougea pas.

Et Samantha sentit le poids de ses mensonges écraser sa poitrine.

-DEBOUT !

Son cri lui arracha la voix, et craquela le rassurant miroir de mensonge qui recouvrait la réalité.

Eléanore ne bougea pas.

-Debout je t'ai dit ! Hurla-t-elle à nouveau.

Elle ne parvenait pas à détacher ses yeux de la silhouette frêle de son amie, et la fureur, la fureur de ne pas être entendue, de ne pas être obéit, de l'impuissance, lui vrilla l'estomac.

-On a encore des matches à livrer ! Un pari à gagner ! On ne sait toujours pas laquelle de nous deux est la meilleure ! DEBOUT ! Allez bat-toi ! Debout ! J'ai honte d'avoir fait tant de match nul contre toi ! Allez, tu vaux mieux que ça ! Tu…Tu…

Le moindre de ses mots lui piquait les yeux, lui embourbait le gosier et le nez, rendant la soutenance de cette scène de plus en plus insoutenable.

-Si tu ne te lèves pas maintenant…Si tu ne te lèves pas maintenant…

Tu ne te lèveras plus jamais.

Eléanore. Eléanore…Avait été une Abrutie, avant sa Rivale, et sa Rivale avant son Amie. Mais elle était toujours restée un peu de tout cela.

Déni.

Un hoquet la secoua, alors, que les images inondaient son esprit, celle de son premier match d'arène, à Argenta…Celles de leurs premières batailles en duo, puis le dizaines, les centaines d'autres batailles qui les avaient toujours rapprochées, malgré les épreuves. Et elle réalisait…Elle réalisait, qu'elle voulait en vivre d'autres, sentir la peur paralyser ses jambes, sentir l'excitation faire battre son cœur, son cerveau se marteler contre son crâne pour percer la muraille qu'était Eléanore, et ses stratégies. Elle voulait, encore, tellement, tellement d'autres occasions.

-Si tu ne te lèves pas, alors tu n'es même pas digne de porter mes pokéballs !

Parce qu'elle n'avait jamais aimé combattre avant, parce que sa vie, n'avait été que voiles et illusions, jusqu'à sa rencontre. Elle avait erré des années durant, un grand vide creusant son être, le cœur gelé, à observer les autres avancer, sans que ses jambes paralysés, malgré ses efforts, ne parviennent à suivre le rythme. Elle avait toujours cru en ses mensonges, elle avait toujours cru, qu'une personne arriverait et lui apporterait des réponses, le bonheur auquel elle aspirait. Et elle avait cru, elle avait toujours cru, que tous, vivaient tout comme elles, passivement. Qu'il n'y avait pas d'autres manières pour laisser défiler les heures de l'existence. Que l'on ne vivait que par hasard, ça et là, dans une longue et harassante errance.

Et tout avait changé. Eléanore l'avait percutée. Elle lui avait pris la main, et si parfois, elles avaient trébuchées, s'éraient fâchées, si elles avaient parfois abandonnées…Elle lui avait appris, montré une autre façon de se battre. Elle avait levé le voile, les doutes et le trouble.

Alors, qui était-elle, pour oser se retirer comme ça, pour oser l'abandonner, alors qu'elle avait pris une telle place, si indispensable, si vitale, dans son existence. Parce, qu'elle l'avait attirée dans ce monde, parce qu'elle était ce qu'elle était, grâce à Eléa, grâce à cette main tendue vers elle, grâce à cette amitié. Alors, elle n'avait pas le droit, de se retirer comme ça, de l'abandonner dans ce monde, qu'elles avaient crée, connu à deux. Pas toute seule, pas toute seule. Pas encore toute seule.

Elle ne voulait plus être seule.

-SI TU NE TE LEVES PAS MAINTENANT TU N'ES PLUS MA RIVALE C'EST CLAIR !

Mais Eléanore ne bougea pas.

Parce qu'elle était morte, et que Sam ne comprenait pas, ne comprenait pas quel fil du Destin elle aurait du couper pour enrailler le sablier de la fatalité, elle ne comprenait pas à quoi avait servi toutes ces années dans la crainte, à quoi avait servi sa vision, des années avant cela, si celle-ci n'avait pas put être entravée.

Ce n'était pas juste. Ce n'était pas juste ! Arcéus, Célébi, Toutes les divinités de la Terre ne pouvaient pas lui avoir imposé une telle scène, sans qu'il n'y ait eu un quelconque moyen pour la renverser. Ce n'était pas juste !

-CE N'EST PAS JUSTE !

Elle aurait dut…Elle n'aurait jamais du la suivre, ne jamais obéir à Akira Yuki et commencer son voyage avec elle. Elle aurait du, elle aurait du l'abandonner dans la forêt de Jade, continuer sa route. Refuser leur rivalité à Argenta, réfuter leur amitié au Mont Sélénite, la quitter à Azuria, ne jamais lui permettre d'intervenir à Carmin-sur-Mer, l'obliger à ne pas intégrer Twilight à Lavanville, appeler son père plus tôt à Céladopole, fuir l'organisation, ne jamais se présenter à Jadielle pour son examen, mourir dans la prison que son père lui avait trouvé, profiter de la douleur de la perte de Yoann pour l'emmener à l'abri, laisser Daniel mourir noyer dans la mer pour lui faire réaliser le danger de vivre avec Twilight, l'escorter jusqu'à Régis et son remède…

C'était l'évidence même ; elle aurait put, elle aurait du. Tout, tout, tout. Elle n'avait aucune valeur, quelle importance, qu'elle ait erré jusqu'à la fin de ses jours, telle la loque qu'elle était enfant ? Cela ne valait pas ce prix là, elle avait vécu ainsi toute la première partie de sa vie, elle aurait put supporter. Elle aurait put endurer une douleur si familière. Elle aurait du supporter une existence solitaire. Sans Eléanore. Pour Eléanore.

Elle serra les poings, et une larme s'écrasa sur l'asphalte.

-Je ne demanderai plus jamais d'ami…Plus jamais…Je ne demanderai même pas d'être heureuse, ou de retrouver ma famille, rien…Rien…Je ne demanderai rien…Mais…

Elle sentit les larmes de frustrations lui dévorer les yeux.

-FAITES-MOI REVENIR AU TOUT DEBUT !

Miyu ouvrit les yeux, dans les brumes de l'inconscience, où se sentait disparaître sous l'influence d'Arcéus. Il eut un rictus. Si seulement c'était possible. Il aurait voulu, lui aussi. Mais…Eléanore avait offert son corps à Arcéus, si le dieu des Pokémons était tout puissant au point de pouvoir ramener les morts, il lui était impossible de revenir à l'origine même de sa venue au monde, tout comme l'homme ne peut percer le secret de l'âme et de la vie, malgré ses efforts.

Samantha secoua la tête avec véhémence. Elle ne savait pas à qui elle s'adressait, aux cieux cruels, à ses pouvoirs, à elle-même, à ses compagnons d'infortunes, tout ce qui comptait…Tout ce qui valait…C'était que cela ne se produise pas. Que tout cela ne se produise JAMAIS !

Le spectre du Pokémon, sentit l'amertume la saisir, tandis que la colère et le désespoir entravait la gamine, lui, au moins, avait la chance de disparaître à son tour. Il eut un sourire. Son départ avait été plus lent, mais, enfin, il sentait son temps, le sablier de sa vie s'inverser, et sa vie lentement s'égrainer pour laisser cette coquille bientôt vide à Arcéus. Ash et Bravery le suivaient. Bientôt, il rejoindrait Eléanore. Mais, la petite n'aurait pas cette chance.

Tristesse.

-REMONTEZ LE TEMPS ! EMPÊCHEZ NOTRE RENCONTRE ! N'IMPORTE QUOI FAITES N'IMPORTE QUOI DU MOMENT QU'ELLE VIVE !

Colère.

Mais rien ne se produisit. Rien. Juste le silence, juste des regards vers elle, les mêmes que ceux de la seconde précédentes, souillés par la douleur et le deuil. Et Samantha, à court de mot, à court de force, à court de mensonge, se recroquevilla, sur elle-même, et laissa couler ses larmes.

Tristesse.

Mais, ici, personne ne dépasseraient jamais le dernier seuil, l'acceptation.

Qui pourrait vraiment accepter une telle injustice, à leurs âges ?

Colère.

Danny serra la mâchoire, et ses doigts se crispèrent, surpassant le spasme et la paralysie de ses muscles. Dans un grognement, il tenta de se redresser, de se remettre sur ses jambes, mais ripa. Ses bras et ses jambes flageolants. Et, secoué par son inactivité, furieux contre son propre corps refusant de lui obéir, refusant d'agir, il brandit le poing.

C'était SON CORPS ! C'était sa vie !

Il ne voulait pas…Il ne voulait plus…

Rester spectateur, voir les autres défiler, avancer, pendant qu'il restait en retrait, pendant que le fil de la conversation continuait, sans qu'il ne parvienne à parler, à dire ce qui le pesait, sans qu'il ne puisse s'immiscer dans ce monde si lointain, voilé.

C'était…C'était…

-Bouge…Siffla-t-il les dents grinçantes, foudroyants ses pauvres membres aux mouvements convulsés, de toute sa haine, de toute sa rancœur.

C'était maintenant, maintenant qu'il fallait intervenir.

-BOUGE !

C'était maintenant qu'Eléanore avait besoin de lui ! C'était maintenant… Ses yeux hétérochromiques coulèrent jusqu'au corps de sa petite amie, et la rage de voir son propre corps cloué à terre, loin d'elle, sans pouvoir aller l'aider, la relever, le submergea.

-MIYU !

Ses dents grincèrent, alors que Miyu se réveillait de sa léthargie d'agonie dans un sursaut. Daniel envoya un regard haineux au reste du monde que le Pokémon ne lui avait jamais vu.

-TU M'AVAIS PROMIS DE LA PROTEGER ! JE SAIS QUE TU ES LA ! RESTE-LA ! PARLE ! EXPLIQUE-TOI !

Et Miyu, sentit le flux qui l'emportait vers l'abysse, lui, Ash et Bravery, dériver pour ne laisser glisser dans les affres de la mort, que les deux autres. Un timbre, clair, et sonnant, vibra en lui, tel un glas moqueur et cruel :

« Si tel est son ordre. »

Un tout autre froid envahit Miyu et l'assomma, alors que Daniel rassemblait toutes ses forces pour se redresser, continuant de l'appeler.

Son poing s'écrasa sur le sol avec fracas, et il parvint à se mettre à genoux, juste assez pour voir le Draco de Peter se cambrer.

-Je t'ai dit de ne pas bouger, tu risques des séquelles à vie si tu t'obstines !

Les mots du maître Dragon lui parvinrent après le choc. Il fit un vol plané, et la décharge électrique lui arracha un nouveau hurlement, et quand il percuta le sol à nouveau, il ne sentit plus rien, pas même la douleur de ses bras tremblants. Il ne faisait qu'admirer, admirer ses muscles frémir et ses membres frissonner de manière frénétique et désarticulées, voir la silhouette étendue si proche de lui, d'Eléa, inerte, qui ne le regardait même pas. Il ne faisait que voir et entendre, entendre les cris de Lucas, les exclamations perdues de Yuki, les sanglots mêlés de Sam et Gabriel et les mots de Peter.

-Si tu as assez de volonté pour faire marcher ton corps paralysé, utilise-la plutôt à bon escient, pour une cause qui a encore une chance.

Et le monde se troubla, se tordit, se disloqua, pour ne devenir que brouille et neige.

-Arrête Peter ! Tu vas le tuer !

Lucas n'arrivait pas à stopper ses tremblements, Gabriel avait beau hurler à côté de lui, prendre le parti de son frère, les mots restaient douloureusement coincés dans sa gorge à lui. Il aurait voulu crier pourtant lui aussi. Il aurait voulu se ruer vers Marion, vers Daniel, voir s'ils allaient bien, il aurait voulu combattre ce type en qui ils avaient eu confiance, et qui les attaquait de front, sans raison, alors qu'il avait toujours détesté le moindre acte de violence, et d'injustice.

Mais rien ne se produisait. Ses jambes continuaient de trembler, pantelantes. Et il restait pétrifié, à la simple idée, qu'au moindre pas, au moindre pas en avant, le court du temps ne l'emporte encore à son tour, qu'un des rayons destructeurs du Draco ennemi ne le touche, ne le pourfende, comme en témoignait la balafre saignante de sa pommette.

Il était terrifié.

Choc.

Akira, lui, ne suivait plus. Pourquoi, pourquoi personne ne parlait d'Eléanore, pourquoi avaient-ils tous cessés de courir ? Il plissait les yeux, se concentrait de toutes ses forces, mais ne percevait rien d'autres que de vagues formes dansantes dans le flou de l'horizon et se mêlant à l'infini. Il entendant en revanche, chaque hurlement, chaque cri pulsait dans sa poitrine, plus fortement que les battements exacerbés de son cœur.

Et il ne comprenait pas. Il ne saisissait pas pourquoi il entendait les sanglots de Samantha de plus en plus fortement. Il ne d'identifiait pas pourquoi les râles de Daniel s'étaient presque éteints. Il ne décryptait pas les balbutiements de Gabriel, ou Il ne percevait pas où se tenait Lucas dans le capharnaëum, comme absent. Les propos de Peter, sa voix, se mêlait au chao sans sens, et le professeur maudissait son handicape. Haïssait cette situation à laquelle il assistait sans la voir.

Et en même, temps, il savait très bien, tout ce que ce désespoir imbibant l'atmosphère signifiait, il désirait juste l'occulter, et ne jamais le voir de ses propres yeux.

Déni

Gabriel, lui, ne savait plus où donner de la tête, il cherchait son père. Il devait bien se trouver quelque part, non ? Il avait promis de partir en avant, il avait promis de le retrouver. Mais quand il voyait dans quel état se trouvait son frère et Eléa, il craignait le pire.

Sans même s'en rendre compte, il attrapa la première main à portée de lui. Comme l'enfant qu'il était en vérité, comme le gamin âgé tout juste de treize ans, il chercha du réconfort, dans ce qu'il put. Et il serra cette bouée de sauvetage, ce point d'ancrage qui le ralliait à la réalité. Parce qu'en cet instant, Gabriel avait plutôt l'impression de vivre un Cauchemar éveillé. Et ni la main tremblante de Gold dans la sienne, ni son expression ébahie ne lui laissait entendre, qu'il interprétait mal les faits.

Tristesse.

Silver, au loin, ceintura Marion, dont les jambes, telles du côton, cédaient sous son propre poids. Elle ricana :

-Tu as l'air bien remis, toi.

Et Silver se pinça les lèvres. C'était vrai, il n'avait plus mal à la tête, et son dos ne le tiraillait plus, il ne sentait même plus la morsure de ses vêtements maculés de sang. Ils inversaient les rôles. Il fit un pas en avant, avec la ferme intention de l'emmener auprès de son cousin, et de rejoindre Gold et sa sœur, pour sa part, avant d'attaquer de front, quand soudain, tout bascula.

Colère, Colère, Colère, Colère…

Samantha releva la tête, son regard aussi menaçant qu'un orage, au bleu tumultueux strié d'éclairs d'argent. D'un geste mécanique, elle se remit sur ses jambes, et Silver la vit, d'un geste fébrile, essuyer ses joues avec sa manche, écraser impitoyablement chaque larme maculant ses pommettes, le visage fermé.

Et quand elle s'arrêta, elle envoya une œillade à Peter. Une œillade qui pétrifia Silver.

Oh, non, non, il ne fallait pas qu'elle fasse de bêtise ! Pas maintenant ! Pas contre lui ! Ce n'était pas Peter le plus dangereux !

Trop Tard, Samantha sortit sa pokéball, et Peter tourna la tête dans sa direction, du même mouvement que Salomée.

Tout se passa trop vite, ou, plus exactement, le temps s'étiola, avant de brusquement s'accélérer, tel un ressort que l'on tend.

Brasegali arriva dans un éclair rouge, et dans un flash pourpre, attrapa sa dresseuse dans ses bras, et disparut. Il réapparut, aussi rapide que l'éclair, dans le dos de Peter, à quelques centimètres à peine de Silver et Marion. Le rouquin vit sa sœur poser pied à terre juste à côté de lui, et Brasergali se jeter sur le maître Dragon sans se soucier de la femme à côté et véritable maîtresse du jeu.

Mais tout à sa fureur, Samantha ne la remarqua même pas.

Elle n'ignorait pas que le Draco de Peter, était bien plus entraîné que son Brasegali, probablement une vingtaine de niveau de plus, et elle savait également, que s'il n'avait pas évolué en dracoloss, c'était uniquement dû aux vœux du champion, qui en élevait déjà, trois. Le move-pool dont il disposait était donc extrêmement large, mais qu'importe. Elle contrerait, quoiqu'il lui en coûte. La rage exacerbait ses déductions, elle ne pouvait pas perdre.

Samantha entrevit Eléanore inerte sur le sol.

Elle ne devait pas perdre.

-Arrête, Sam, ce n'est pas… Commença Silver dans son dos.
-Brasegali, Stratopercut !

Le Pokémon visa directement le dresseur adverse, mais celui-ci ne bougea pas, pas le moins du monde intimidé.

-Danse-Draco.

Le Pokémon eut un mouvement, aérien, et contra l'adversaire en enroulant ses anneaux autour du poing ravageur. Samantha sourit. Bien, plus malin qu'elle ne le prévoyait, contrer tout en augmentant ses stats, mais elle avait prévu une telle possibilité.

-Gonflette !

Le Pokémon feu banda ses muscles, et la pression que maintenant le Pokémon dragon dut augmenter pour le maintenir en place. Samantha sourit, et, avec une impression de revenir des années en arrière, lors de son combat à Argenta, elle hurla :

-Pied brûleur !

Basergali se cambra, et d'un coup violent, et tambourina la peau du dragon, qui finit par lâcher prise, sa peau écailleuses brunies sous le choc. Bien maintenant, si Peter voulait vraiment la mettre hors d'état de nuire, il devait faire une attaque, telle qu'hydro-queue.

-Hydro-queue !

Parfait. Le visage de Sam s'illumina. Maintenant, elle allait lui faire comprendre qu'une telle offensive ne fonctionnerait jamais contre elle, et le pousser à user de mouvements de type dragons !

-Pied Voltige !

Brasegali bondit, permettant ainsi d'esquiver l'offensive, et d'un coup vertical il asséna un terrible choc au Draco, qui s'écrasa à terre. Mais Samantha refusait de laisser par là.

-Double-pied !

Brasergali reprit appuie, et au lieu de viser de nouveau le dragon, il se dirigea vers Peter. Voilà, qui devrait pousser le champion, à ne plus jamais tenter une attaque eau, contre elle, et qui plus est…

-Attaque Ouragan !

L'idiot. Si elle avait bien appris une chose au contact d'Eléa, c'était bien comment se comportait les flammes. Surtout face au vent.

-Danse-flamme !

L'attaque habituellement si faible, prit une ampleur démesurée sous les bourrasques, et quand les deux tourbillons se rencontrèrent, les bises sifflèrent pour monter si haut, si haut, qu'elles disparurent dans le ciel rougeoyant en un courant ascendant à présent inaccessible.

-Colère. Commenta simplement Peter, à peine déstabilisé, tournant le dos à Sam, comme on ignore un vulgaire insecte.

Bingo. Elle irait même jusqu'à dire, plus que Bingo. Piégé. Peter venait de s'enterrer vivant. Elle allait le briser, tout comme il avait brisé Eléanore.

Elle ne pouvait pas perdre.

Draco serpenta si vite sur le sol, qu'il se plaça entre Brasegali et son dresseur à temps, pour ouvrir la gueule, prêt à cracher sa gerbe de flammes.

-MIMIQUE !

Les deux déferlements de magma se rencontrèrent, une fois, deux fois, si fort, qu'une vague de chaleur se déversa dans les ruines. L'onde de choc fut si forte, que Yuki sentit le poids mort qu'était Daniel rouler jusqu'à ses pieds, et que Gold dut recouvrir Gabriel de son corps pour lui éviter d'être emporté. Silver sentit Marion glisser de sa prise et s'étaler un peu plus loin, recroquevillée. Lucas poussa un cri, mais il fut inaudible dans ce vacarme.

L'action se reproduisit, une fois, puis deux, Puis trois.

Gold entre deux estocs bouillonnants, entraperçut l'expression insensible de Peter face aux attaques, et surtout, la mine indifférente d'Holly, en fond. Elle observait sans se soucier le combat qui opposait pourtant sa fille et un des plus grands maîtres Pokémon de cette époque. Et les coups qu'ils s'échangeaient, n'avaient rien d'inoffensifs, c'était pour tuer. Comment, la femme si douce qu'il avait connu dans ce passé distordu, pouvait rester inerte, alors que ses deux enfants…

Silver fut emporté par un coup de vent plus violent, et s'étala un peu plus loin, le cœur de Gold, et avant qu'il ne comprenne que le rouquin s'en sortait sans dommage, il faisait un pas en avant.

-HOLLY ! VOUS ALLEZ LAISSER VOS ENFANTS S'ENTRETUER ?!

Silver écarquilla les yeux, et il hurla :

-GOLD TAIS-TOI !

Trop tard, Salomée tourna la tête en direction du brun, lentement, froidement, et elle eut un sourire brillant d'innocence tandis qu'elle murmurait, dans ces premières paroles à haute voix pour ce dernier acte.

-C'est vrai, tu as raison Gold, il est tant que ce spectacle pitoyable prenne fin.

Elle fit volte-face vers Peter, et Marion, allongée au sol ; se crispa.

-Ne lui obéit pas, Peter…Gémit-elle.
-Peter…

Peter recula, et enfin, il se dressa face à Samantha. Celle-ci remarqua pour la première fois la présence de cette femme, et son sang se glaça.

-Mme…Guardian ?

Et sans véritable expression, Peter profita de son inattention, plaçant simplement sa main en avant :

-Draco, draco-queue.

La confusion se retourna contre les adversaires, bien plus touchés en cet instant, que les pokémon. En une seconde Brasegali fut balayé, et il retourna dans sa pokéball dans un éclair pourpre. Samantha serra les dents, mais ne s'avoua pas vaincu, elle abandonna ses questions, et saisit une autre ball, sans hésiter.

-TU NE M'AURAS PAS AVEC DES COUPS COMME CA !

Eléanore ne battait pas en retraite, Eléanore ne méritait pas qu'on fuit. Et ce n'était sûrement pas en usant de capacités aussi lâches qu'elle allait la pousser abandonner. S'il ne désirait pas la considérer comme potentiellement dangereuse, il allait s'en mordre les doigts, et perdre, c'était tout ! Elle allait l'éliminer, l'écraser et lui faire payer, lui faire renverser la course de ses actions et ramener Eléa. Par tous les moyens.

Et en cet instant, Samantha ne se rendait pas compte à quel point elle arborait l'exact même regard que Giovanni.

-Comme tu le dis, si bien, il faut des coups plus puissants que ça pour t'éliminer. Ricana Salomée.

Silver tressaillit.

-SAM A TERRE !

Pas assez rapide. Pas de réflexes assez vifs. Sam eut le malheureux instinct de se tourner vers la source de l'avertissement au lieu du danger.

-Draco, ultra-laser.

Et le Pokémon, encore une fois, ne fut pas entravé par la confusion.

Dans l'étrange espace dans lequel confine la peur, Gold vit le rayon se diriger droit vers Samantha, et une pensée, la pensée instinctive de sortir ses Pokémons pour la sauver lui traversa l'esprit. Mais si la terreur et l'ombre de la mort accélère les pensées, elle paralyse les membres. Le brun eut à peine le temps de poser ses doigts sur les pokéball à sa ceinture, de cliquer sur le bouton central, pour ne recevoir qu'un 'clic' mécanique.

Salomée posa son regard d'argent droit sur lui.

Pas un seul Pokémon n'apparut.

Samantha dut percevoir le sifflement dans son dos, pendant une fraction de seconde, car elle se retourna, et sa frimousse s'agrandit de stupeur, alors qu'elle dressait la main en avant, les doigts encore crispés sur sa ball. Tout comme Gold, la sienne n'émit qu'un déclic sinistre sans s'ouvrir à sa demande. Et les mots se bousculèrent dans sa gorge et son crâne.

-STOP !

Les plumes de Lugia et Ho-oh s'illuminèrent dans le sac du rouquin. La GS ball, bien gardée jusque là aux tréfond de la grotte de Cristal, vrombit, sans pouvoir se téléporter auprès de ses possesseurs légitimes, piégée par l'emprise du temps et des dimensions.

Mais Silver ne vit pas ce soupir dans les secondes, à l'instar de celui dans une partition de musique. Il fit un croque-jambe à la va vite à Sam, et elle bascula en arrière, son crâne heurta douloureusement le sol. Celle se recroquevilla en gémissant, malgré elle, sous le choc. Le rayon ne siffla pas au dessus de leurs têtes. Quand Sam ouvrit les yeux, il stagnait, lévitant dans les airs, et une atmosphère familière.

-Les ultra-laser doivent te stimuler, toi…

Samantha se retourna, pour admirer, un Silver, tout ce qu'il y avait de plus à l'aise, au milieu de cette foule de pétrifiés. Tout comme la dernière fois, maintenant qu'elle y songeait. Son frère lui renvoya une œillade blasée, alors qu'il contemplait le désastre. Tous, même Peter, paraissaient figés dans le temps, et cette fois, même Gold…Comment avaient-ils fait la dernière fois pour le sortir de la catatonie ? Il remarqua alors le capumain du brun, raidit en plein bond pour leur venir en aide, et ses lèvres bougèrent, sous la stupéfaction et l'émotion.

-Capumain ?

Le singe violet émit un ricanement en retombant sur le sol, et sans même une hésitation, il bondit dans les bras du roux pour nicher sa tête au creux de son épaule, rassuré. Silver sentit sa prise se serrer autour du Pokémon, en guise de remerciement. Il avait voulu les protéger.

Son regard dévia sur Gold, et il sentit le pourpre lui monter aux joues.

Ils avaient voulus les protéger.

Depuis longtemps déjà, même.

Son rythme cardiaque s'accéléra, mais Silver eut un sifflement méprisant et coupable en retour. Ce n'était pas le moment, il fallait vite partir. Il entraperçut la silhouette figée de sa mère, et se détourna bien vite pour se préoccuper, de choses plus urgentes d'abord. Peut-être, aurait-il dut lui apporter plus d'attention, alors, aurait-il discerné, la timide respiration, de cette femme, contrairement à tous les autres dans cet espace-temps volé.

-Peu importe, il faut profiter de ce sursis pour fuir. Coupa-t-il, les menant tous à leurs pertes.

Il se redressa, et avisa Marion étalée plus loin, pétrifiée dans un cri muet et un regard désespéré vers Peter. Il allait se diriger vers elle, quand il perçut un sanglot, il fit volte-face.

Samantha agenouillée, pleurait le plus silencieusement du monde. Le cœur de Silver se compressa.

-Tu es blessée ? Tu as mal au crâne ? S'inquiéta-t-il sans se cacher.

Samantha secoua de la tête, les lèvres crispées et la mâchoire serrée pour ravaler ses pleurs, une veine palpitait sur sa tempe, trahissant son effort, et pourtant, dans le gris de ses yeux, tel un ciel bleu gorgé de nuage de pluie, il brillait une toute autre douleur.

-Bouge…Bouge…

Ses jambes tremblaient sous elle, mais elle n'en avait cure.

-Pourquoi…pourquoi ça ne marche que maintenant ?

Silver tressaillit et il saisit l'œillade désespérée que Sam posait sur Eléanore, inerte à l'autre bout de la place.

-Pourquoi ça n'a pas fonctionné tout à l'heure ! Gémit-elle.

Capumain posa une patte sur le crâne de la jeune femme, dans une tentative de réconfort, mais cela produisit l'effet inverse. Samantha frissonna d'impuissance, les lèvres blêmes, les yeux clos, les cils perlés de larmes.

-Pourquoi je n'y suis pas arrivée quand…Quand…

Quand il était encore temps ?

Silver devinait la fin de cette phrase spontanément, tant elle avait obsédée son esprit dans son enfance. Il est des moments, loupés, ratés, aux quels on ne peut rien faire d'autres que de poser, après de longues années, qu'un regard désolé. Car ils sont achevés.

La main de sa sœur s'agrippa sur son t-shirt, et Silver la saisit avec compassion.

-Peut-être…Peut-être qu'en me concentrant de toutes mes forces…

Elle se leva, et fit quelques pas avec lui, vers Eléa, loin de la trajectoire du rayon, loin des deux groupes, amis comme ennemis, avant d'émettre un rictus mensonger.

-Peut-être, que si je me concentre assez, je peux revenir en arrière…Que je peux faire comme avec le sang dans la baignoire et…C'est juste une question de minutes…Juste…

Son timbre s'écrasa. Parce qu'elle avait conscience, elle aussi, qu'il s'agissait bien plus que des minutes. Que cette demande dépassait bien au-delà ses compétences. Il était question d'heures, de jours, de mois, d'années même, peut-être.

-SI SEULEMENT CE MAL DE CRANE POUVAIT S'ARRETER DEUX MINUTES QUE JE PUISSE REFLECHIR ! Hurla Sam, en saisissant ses tempes, impuissante.

Silver écarquilla des yeux, c'était bien, la première fois, qu'il n'en était pas la victime, de ces maux de crâne.

-Merde…Merde…Merde !

Sa sœur qui s'énervait, ravageait son sac de voyage, retournait chacune de ses affaires, chaque vêtement, chaque trésor et souvenirs à la recherche d'il ne savait quelle chimère.

Elle perdait la tête, la souffrance lui faisait oublier tout sens commun, constatait platement le fils de Giovanni.

Puis, elle se leva, une pokéball, vide, neuve, à la main, et lui saisit de nouveau le t-shirt :

-Aide-moi à trouver la GS ball ou Célébi et on va annuler tou-

Soudain, comme un doute, un pressentiment, le rouquin fit volte-face pour se tourner vers sa mère. Et Salomée, droite et digne, lui envoya un sourire victorieux, avant de faire un très léger mouvement rotatif du poignet.

L'aura verdoyante se volatilisa.

Il y eut comme un choc, un bruit de verre brisé, et Silver vit les relents de ce qui semblait être l'attaque abri de Capumain.

Doucement la pression de la main de Sam sur son t-shirt disparue. La pokéball ricocha sur le sol, dans un bruit net. Silver vit les vestiges pailletés de l'attaque ultralaser se disséminer aux quatre vents, sans cacher ce qui semblaient décrire une courbe impossible dans l'espace pour les viser eux.

Une vive douleur et une interrogation qui ne trouvera jamais de réponse.

Le temps reprit ses droits, dans un hurlement d'effroi, alors que Sam basculait en avant.

Et pendant une seconde, la seconde, où sa sœur chuta à quelques centimètres de lui, dans une courbe gracieusement morbide et lente, Silver vit, son expression de stupeur s'effacer, et surtout toute lumière quitter ses prunelles, avant qu'elle ne s'éclate sur le sol d'obsidienne.

Une auréole sanguine l'entoura peu à peu, une large flaque, grandissant sur le marbre et les mosaïques, d'une coloration semblable au crépuscule de cette journée. Ses longs cheveux s'imbibèrent du liquide et ses vêtements s'en maculèrent, sans qu'elle ne fasse un geste, les yeux mi-clos, le souffle éternellement suspendu.

Jamais Silver, n'aurait cru qu'un être humain, se composait de tellement de sang.

« « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « «

C'est tout ce que ça entraîne de tuer une personne ?

Peter ne se demandait pas pourquoi, le tir de Draco avait dévié de sa course pour heurter Sam, de même, de même il ne se questionnait pas, sur le fait que Salomée arborait un magnifique sourire alors qu'une de ses enfants se tenait inerte sur le sol, la poitrine perforée au niveau du cœur, son ichor ne cessant de nourrir avidement les pavés.

Non, c'était, cette interrogation, qui le meurtrissait.

C'est tout ce que ça entraîne, de tuer une personne ?

Une pétrification générale de l'assemblée, où ils le regardaient tous avec des yeux écarquillés par l'horreur. Une stupéfaction générale.

Et aucun remord.

Peter savait, qu'il aurait du ressentir quelque chose, au fond de son esprit, une partie de lui subsistait, malgré le filtre, le voile de Salomée qui couvrait ses réflexions. Mais il savait, il savait qu'il aurait du être terrorisé, ou tout du moins, effondré. Mais il n'y avait rien. Des constats, purs et froids. Horripilants.

C'était ça, que ressentait les meurtriers ? Un désintérêt total, de la vie, de la mort, de la personne inerte face à eux, de son histoire, et ses rêves brisés… ?

« Tu sembles secoué, Peter, pourtant, tu es devenu l'un d'eux. Un meurtrier toi aussi. Bien avant la gamine, regarde là-bas. »

Peter détourna les yeux, et la silhouette inerte de Daniel au sol, amorphe aux pieds de Yuki, le frappa. Puis ce fut celle d'Eléanore, à un mètre à peine de lui. Son être entier se crispa.

C'était lui qui avait fait ça ?

« Oui, c'est toi l'origine de leur douleur. »

La phrase de Salomée se répercuta en lui, et il observa de nouveau le cadavre de Sam, alors que Silver reprenait maîtrise de lui, et se ruait vers sa sœur, scandant son nom, secouant son corps qui répondait d'un dodelinement désarticulé.

-ASSASSIN !

Yuki tressaillit aux cris conjoints de Lucas et Marion, dont les voix brisées et si semblables s'entremêlaient dans une unisson presque parfaite dans sa détresse.

Mais Peter n'oscilla pas, alors que les mots se répétaient, plus forts, plus accusateurs encore. C'était à lui, que ce mot honteux était destiné ? Alors qu'Akira, perdu, effleurant à peine la réalité, se mettait à appeler Sam pour savoir ce qui se déroulait ici.

-Sam ! Sam répond-moi qu'est-ce qui se passe ? Sam ? SAM !
-Assassin !
-Qu'est-ce que tu as fait Peter ! C'était une gamine !
-Papa…Daniel…
-Capumain, Silver, qu'est-ce que ! Peter ! Qu'est-c…

En fait, tuer des gens…Cela causait juste, beaucoup trop de bruits.

Une discorde, une fausse note intérieure brisa cette illusion brisée. Un avant-goût de l'horreur le submergea tout entier, et Peter porta une main à ses lèvres, pour ravaler la bile, le haut-le-cœur qui saillait.

Qu'est-ce qu'il…Qu'est-ce qu'il avait fait ?!

Salomée à côté de lui, siffla avec mépris, et le toisant de haut, elle regroupa toute sa patience, pour endiguer la fuite, pour enterrer de nouveau les restes de conscience du champion.

« Tu as purgé le monde du mal qui le gangrénait, cette fille était dangereuse, elle voulait arrêter ta quête, et il fallait l'arrêter. Tu es gardien d'Arcéus, Peter, tu ne peux pas te permettre de mourir. »

Et alors, dans l'écho presque omniprésent, qui se répercutait et se mêlaient aux hurlements extérieurs, dans le capharnaëum cacophonique qu'était devenu son crâne, Peter réalisa.

Holly cautionnait la mort d'une gamine. Une gamine innocente.

Il écarquilla des yeux.

Et le rayon aurait touché Silver si le capumain de Gold ne s'était pas interposé.

Il avait manqué de tuer Silver, le fils unique de cette femme…Et elle ne pipait pas un mot.

« Ce ne sont pas mes enfants ! »

La rage de Salomée déferla en lui, aussi vive et brûlante qu'un brasier, contraste énorme avec ses yeux aussi menaçant qu'un orage.

« Ce sont les enfants de cette femme ! De cette stupide femme qui a fui ses responsabilités et a laissé Bibi mourir ! Elle m'a laissé mourir dans les mains de ce monstre de Giovanni ! »

La haine était si virulente, si exacerbée, elle réveillait en lui, les sentiments trop longtemps enfouis lors de la disparition puis de la mort d'Harry. Des émotions, dont Peter, croyait être dénué. La haine, la rage, la rancune. Il avait toujours été effondré de la moindre perte, bien plus qu'atteint d'une volonté de vendetta en représailles.

« De toute manière, tu pourras ramener n'importe qui à la vie une fois en pouvoir d'Arcéus, une fois une vie achevée, tout futur dans cette dimension s'achève, mais il suffit de prendre dans les 'possibles' qui eux demeurent, vivantes, dans les autres dimensions. Alors arrête de te faire des nœuds et… »

Ramener…Qui il souhaitait… ? Peter avisa Daniel inerte au sol, Sam un peu plus loin, Eléanore…Et son regard coula, sur cette femme, dont il ne restait d'Holly, que le corps. Un rictus lui échappa, mais Salomée ne vit pas la fissure dans ses plans et sa main-mise sur l'esprit de Peter.

Soudain, Silver s'illumina à côté de Samantha, et le sang commença s'écouler, lentement, tel un bruissement, dans le sens inverse.

La nausée le reprit, occultant, tout le reste.
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Silver ne savait pas vraiment ce qui se produisait, il agissait sans réfléchir, il avait agi sans réfléchir. Cela lui arrivait de plus en plus souvent décidément, dernièrement. Mais peu importe, peu importe, quand il avait vu, le peau si blême de Sam, quand il avait vu son regard d'orage se voiler d'un argent, bien trop clair, quand il avait vu sa tignasse sombre se teinter de bordeaux dans l'auréole sanguine qui s'élargissait peu à peu…

Il n'avait pas réfléchi. Tout allait trop vite. Avit-il vraiment besoin d'une raison ? Avait-il réellement besoin de penser dans ce genre de situation ! C'était sa sœur : sa sœur ! Il était hors de question qu'il perde de nouveau quelqu'un. Non, hors de question, qu'il la perde, elle.

Une larme lui échappa, et roula sur sa joue, pour s'écraser sur le visage blanc de Sam.

Il détestait ce vide dans son torse, palpitant. Il détestait de voir ses vêtements et sa chaire tellement rouge qu'ils se confondaient. Il détestait.

-Tu veux vraiment la sauver ?

Le timbre de sa mère, glaciale, trancha avec la cohue cacophonique autour d'eux. Silver remarqua alors pour la première fois, combien son corps brillait, et que la plaie béante dans le torse de sa sœur, se comblait peu à peu, leurs deux lèvres boursoufflées et brûlées sous l'impact tendant les bras l'une vers l'autre, dans une étreinte désespérée.

Salomée darda une œillade froide sur Silver.

-Elle n'a plus de cœur, il a implosé, littéralement. Si tu veux la sauver en usant des pouvoirs de Celébi de notre lignée, l'effort risque bien de te tuer.

Silver étreignit un peu plus Samantha contre lui, et son corps flasque suivi le mouvement.

Lucas ne sentait plus ses jambes. Il ne sentait plus rien, comme si son être entier, s'était soudainement glacé. Samantha, Samantha était morte. Peter, Peter l'avait tué. Le Peter qu'ils connaissaient tous. Celui, qui les avait guidés si longtemps. L'éraflure saillante sur sa joue lui arracha une grimace, et cette fois, une toute autre peur vint s'insinuer en lui, une peur déraisonnable et ô combien naturelle. Une certitude étiré et déformée par la crainte.

Il allait tous les tuer.

Cette fois, Gabriel lui lâcha la main, et se précipita vers Daniel, abandonnant Lucas et ses craintes, pour se réfugier vers son aîné qu'il secoua sans ménagement.

-Danny ! Danny ! Danny réveille-toi ! Danny ! On a besoin de ton aide ! Sam ! Danny !

Mais le gamin ne bougeait pas, comme si la vie l'avait quitté en même temps qu'Eléanore. Malgré les pleurs de son frère, malgré les vifs appels de détresse, l'acceptation de son impuissance, l'acceptation de l'horreur et des faiblesses. Alors, Gabriel leva la tête, scruta l'horizon rasant, le soleil déclinant par delà les falaises, dans un rouge macabre, et il hurla :

-A L'AIDE !

De toutes ses forces, de tout son être. Parce qu'ils ne pourraient pas s'en sortir seuls, parce qu'ils ne pouvaient plus s'en sortir, qu'ils étaient trop ébréchés, trop cassés, par les pertes et les chocs, parce que leurs membres n'obéissaient plus qu'à la peur. Parce que tous ceux en lesquels ils avaient crus avaient faillis.

Et dans la sourde et indifférente réponse du vent sifflant sur le mont Argenté, Gabriel laissa emporté un « papa… » Étranglé, vain, dénué de tout espoir. Et il se recroquevilla sur le corps de son frère pour pleurer tout son soul.

Peter paraissait tout aussi indifférent à ce spectacle qu'à l'autre, matricide cruel qui se jouait.

-C'est trop tard, pour la sauver. Tu le sais pourtant, Silver, Je te l'ai expliqué un nombre de fois incroyable : ce qui est fait, est fait.

Salomée sourit, et tendit la main vers son fils dans une expression affreusement familière, qui arracha un frisson d'effroi au rouquin.

-Allons, tu veux encore la sauver ? Tu ne trouves pas, qu'elle a déjà eu, bien plus de chance que toi déjà ?

Et cette fois, ce fut Silver qui se figea. De même que Gold, et dans un frisson, il murmura :

« Non Silver, ne soit pas con… »

Akira lui, ne comprenait pas, il entendait, tâchait d'extirper une signification aux sons qu'il percevait, mais il ne comprenait pas. Qui était un assassin ? Qui avait déjà eu trop de chance ? Les poings serrés au point d'en avoir les phalanges blêmes. Qui était la victime au juste ?

Eléa ?

-SAM ! SAM REPONDS-MOI BON SANG ! Hurla-t-il en désespoir de cause, tournant la tête à droite et à gauche, bien que ce soit vain. Scrutant l'obscurité, en espérant la percer.

Aucune réponse. Mince, mince, la situation était si grave que cela… ? Il fallait…Il fallait qu'ils déguerpissent tous le plus vite possible.

D'un geste, il dégaîna sa pokéball, bien qu'il ne sache pas vraiment qui était l'ennemi, et cria :

-Sam ! Vient près de moi, tout de suite ! Sam ? Les enfants, dép…

Personne n'arrivait, et il avait beau presser le bouton central de sa pokéball, rien ne se produisait, pas de déclic, pas un coup de sabot de girafarig…Rien. Rien à part ses cris et son anxiété grimpante. Et le bruit. Le bruit partout. Les sanglots, les paroles à moitié étranglées…

Tant de bruit !

Tant de bruits, que Silver n'arrivait plus à s'entendre penser, ni même à mettre de l'ordre dans ses idées. Il tenait sa sœur tout contre lui, et il voyait la plaie se refermer lentement, il sentait sa panique s'évaporer, sa crainte et sa peine se dissoudre, et pourtant…Pourtant les mots de Salomée tournoyaient en lui, se heurtaient, se débattaient, au même rythme que les battements frénétiques de son cœur.

Il ne savait pas. Il…Il n'arrivait pas à penser. Il n'arrivait pas à juger.

Et le regard de sa mère, si insistant dans son dos.

-Toi, tu as eu le droit de survivre avec Giovanni, alors qu'elle, a déjà eu la liberté. Tu es certain de vouloir tout risquer ? Pour elle ? Tu ne crois pas que c'est ton tour de profiter ?

Sa prise se serra sur Sam, mais ses doigts glissaient, ripaient d'hésitations. Les prunelles écarquillées et les lèvres pincées, emprisonnant une phrase, dont il ne connaissait même pas les propos, Silver s'enlisait. Et le sang de sa sœur recommença à s'écouler de la plaie.

Et Peter…Peter il n'avait rien à dire là-dessus ? Il…Il l'avait sauvé de la solitude à Acajou, il avait été son mentor, sa conscience…N'avait-il rien à lui dire ? Pas un seul des mots salvateurs, tout comme dans ses souvenirs de son errance à Jotho ? Que devait-il faire, au juste…Que voulait-on qu'il fasse ?

Silver vit que Peter ne paraissait même pas les remarquer.

Et lui, il ne savait pas. Il ne savait pas du tout.

L'humidité imprégna ses vêtements et arracha un sursaut au rouquin. La plaie de Sam se rouvrait béante.

Non ! Non ! Non ! Pas ça !

Il porta aussitôt la main sur la blessure, mais à nouveau, la voix sonna, tranchante :

-Elle a toujours tout eu, et toi rien du tout. Il est temps que ça change Silver.

A l'aide. A l'aide. Des mots qu'il n'avait jamais prononcés de sa vie s'entrechoquaient dans sa mâchoire, sans s'en extirper. Ils lui brûlaient la gorge et obstruaient le gosier, l'empêchant de respirer. A l'aide : parce qu'il ne désirait pas que sa soeur meure. A l'aide, parce que tout ce que sa mère lui disait résonnait en lui avec des accents de vérités. A l'aide…Parce qu'il n'arrivait plus…Il n'arrivait pas…Il n'arrivait pas…

Ses yeux cherchèrent furtivement l'aide qu'il ne parvenait pas à trouver oralement, et, ses prunelles lunaires, rencontrèrent leurs parfaits opposés. Les iris solaires de Gold.

Et là, là, dans une confrontation qui sembla durer l'éternité, Gold fronça les sourcils, les dents serrées, et détourna les yeux, les poings tremblants.

Et Silver comprit.

L'aura qui entourait le rouquin et sa sœur se renforça, et la plaie suppurante s'assécha, lentement.

-Qu'est-ce que tu fais ! S'indigna, Salomée, blême.

Et Silver, tourna la tête en direction de sa mère, pour lui envoyer, un rictus, qu'il voulait plein d'assurance et de morgue, et qui malgré tout, suintait de cette indécision qui l'avait paralysé si longuement.

-Je lui donne une autre chance…

Comme pour répondre à cette phrase, une main blafarde tira sur une mèche de cheveux rougeoyante de Silver, celui-ci tourna la tête, et Samantha, les yeux encore embrumés par le voile de la mort et sa proximité, lui sourit faiblement.

« Le fil rouge…Le fil rouge de la destinée…Il est là…Il est si claire… »

Et Samantha après avoir murmuré une phrase si incohérente, referma les yeux, le poing encore fermement crispé sur les cheveux rouges de son frère. Silver lui empoigna la main avec tendresse, tandis qu'il continuait, il ne savait trop comment, à déployer un pouvoir, qu'il n'avait pourtant jamais maîtrisé…Pour son bien.

Et il sourit.

Oui définitivement, sa stupide frangine, avait toujours eut plus de chances que lui. Il observa à nouveau les alentours, et retrouva les prunelles solaires de Gold, si brillantes de fierté en cet instant, qu'il se sentit tout chose.

Salomée devint écarlate de fureur.

-ESPECE D'IMBECILE !

Silver ferma les paupières, ce qu'elle le lui avait enseignée, dans le temps, ce qui était fait…Etait fait.

Elle fit un large mouvement de bras, que reproduisit mécaniquement Peter, et tout s'enchaîna.

-ABRI ! Hurla automatiquement Gold.

Et là, un impact. Un fracas. L'abri de Capumain para le nouvel ultralaser du Draco de Peter.

-PETER ARRETE !

Les cris de Marion n'atteignaient pas le maître dragon.

-BARRE-TOI SILVER !
-JE NE PEUX PAS DEPLACER SA-AH !

Et les assauts se répétaient. L'acharnement. Les ordres bredouillé à la va vite. Coup'd'main et Abri, encore, encore. Les hurlements des autres, les sanglots de Gabriel. Les questions dépassées de Yuki, les suppliques des uns et des autres.

Et soudain, Capumain s'illumina, sa queue se dédoubla, et il gagna quelques centimètres, pour laisser place à un magnifique Capidextre. Cependant, cette évolution impromptue, lui dévora les précieuses secondes dont il nécessitait.

L'ultralaser le toucha de plein fouet.

Il y eut comme un moment de flottement, durant lequel le petit singe, sous les yeux effarés de Gold et Silver, se fit éjecter et atterrit violemment derrière les colonnes de pierres effondrées, à quelques centimètres de l'entrée de la grotte de cristal. Puis, ce fut, les hurlements.

Trop de bruits. Trop de bruits pour réfléchir. Tant de bruit. L'explosion.

Daniel n'arrivait même plus à déterminer si le bourdonnement et la cacophonie vrillant ses tympans, était fruit de son imagination, ou reflet de cette réalité dont il ne percevait plus que des ombres déformées. Il tâchait de bouger, un tant soit peu, mais ses membres l'écrasaient, aussi lourds que du plomb, il ne sentait pourtant ni douleur, ni fatigue, ni même fourmillement. Juste, une absence totale. Il admirait ses bras étendus sur le sol, il le voyait, il se concentrait pour leur ordonner un mouvement, mais rien ne se produisait.

Et il y avait tant de bruit. Tant de bruit.

« Faites que cela cesse. »

Comme une réponse à cette prière, un ordre, un engrenage bien huilé : tout s'arrêta.

Eléanore se releva.

A ce mouvement, toute activité cessa, les têtes obliquèrent dans sa direction, ahurie. Et l'adolescente, se remettait sur ses jambes, leur tournait le dos, épousseta des vêtements et remit en place ses cheveux d'une main légère.

Il ne manquait plus qu'elle fasse volte-face, et de sa moue de gamine blasée, envoie : « Bon, bah, ça a foiré ! ». Mais quand elle tourna des talons, elle ne prononça pas ces mots tant espérés.

-Ce corps est à sa limite, il sera mort d'ici moins de 12 heures. Constata-t-elle froidement.

Et la gamine qui leur faisait face, n'avait plus d'Eléanore, que sa frimousse, ses traits, son expression glacée dans une neutralité indifférente aux tourments qui se jouaient. Dans un mouvement gracieux, elle ferma les yeux, et inspira profondément, ouvrant les bras vers le ciel. Comme une vague de chaleur, un léger flou ascendant la voila, et dans un claquement, sa chevelure devint d'un blanc immaculé.

-Le corps est purifié.

Elle ouvrit les paupières, pour dévoiler, deux prunelles disparates, l'une se parant d'un argenté lunaire, et l'autre d'une incandescence solaire. Sa façon de parler ne paraissait pas naturelle, mais plutôt…Un devoir, un mécanisme.

Ce n'était même pas Miyu qui se trouvait là dedans, comprit Daniel le cœur serré.

C'était Arcéus.

-Eléan…

L'être qui avait le corps d'Eléa baissa les yeux vers un Silver déboussolé, qui tenait toujours une Samantha inconsciente dans ses bras. Elle posa simplement une main sur sa poitrine, et secoua la tête, avec une mine navrée :

-Celle à qui appartient ce corps n'est plus. Elle me l'a abandonné pour éviter à ce monde l'apocalypse vers lequel il s'avance actuellement.

Et, d'un pas sur le côté, elle s'avança vers Peter.

-J'ai endormi, tous les Pokémons Légendaires, originaux ou non, dans une profonde léthargie, pour éviter qu'ils ne soient utilisés. Vous êtes le seul gardien encore conscient. Vos ordres.

Peter n'afficha aucune émotion, alors qu'il ouvrait les bras, et déclarait, impartial :

« Punit comme ils le méritent, tous les criminels de ce monde. Que ton jugement s'abat sur eux. »

Le ciel émit un grondement sinistre, avant de s'assombrir de nuages noirs.

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-AHHH !

Cristal entendit le cri, avant de sentir le liquide chaud qui éclaboussa sa joue, elle perçut la crainte de la cohue, la panique, la terreur des autres, bien avant la sienne.

Les mains encore plaquée contre le flanc de Suicune, inerte au sol, elle se retourna, lentement, si lentement, il lui sembla que tout son corps, rouillé, lui refusait ce simple mouvement. Et quand elle vit l'homme à terre dans son dos, son monde se vida.

Autour d'elle, les membres de Twilight affolés, disparurent, balayés, leurs hurlements, leurs pleurs, leurs questions, tous ces sons, ces informations se perdirent dans l'infini.

La respiration bloquée, une amertume, pas encore éclose, pas tout ç fait douleur mais prémisse, lui saisit la poitrine. Et tremblante, elle caressa sa joue encore chaude. Le liquide poisseux lui colla au doigt, et quand elle contempla les résidus sanguins qui souillait ses phalanges, elle ne ressentit rien.

Rien du tout.

Elle ne comprit pas.

Christopher était étendu par terre, les bras ouverts, sur le dos, inspirant et expirant, avec difficulté. Mais c'était une blague, n'est-ce pas ? Ses vêtements immaculés, si blancs et lumineux habituellement, se teintait de rouge, mais…c'était une blague, n'est-ce pas ? C'était, une sorte de sauce tomate ? Un de leurs tours…

Bien sûr, ils étaient nombreux, à dire qu'ils allaient trucider Christopher, mais, jamais quiconque, ne serait passé à l'acte. Qui pouvait en vouloir à Christopher ? Christopher était juste trop simple, guilleret, pour que quiconque, le considère véritablement comme ennemi.

C'était une blague.

Cristal vit Angie se précipiter vers son ami d'enfance, et hurler, sangloter à chaudes larmes en agrippant sa chemise.

-Chris ! Christopher Réponds-moi ! Christopher !

Ah-ah. Elle faisait partie de la blague elle aussi. Elle voulait la faire marcher. Ah-Ah. Elle avait failli tomber dans le panneau, vraiment. Un rire nerveux monta en Cristal, et au moment même où il s'apprêtait à sortir, un éclair aveuglant pourfendit le ciel et heurta Angie de plein fouet.

L'ancienne voleuse eut une drôle d'expression, d'abord, comme de la surprise, pas une trace de souffrance, juste, un étrange mélange, de choc et d'étonnement. Puis, elle ferma les yeux, sereinement et s'étala de tout son long sur l'herbe sèche.

Et là, là, tout implosa, d'un coup, tous les bruits qu'elle ignorait, l'incompréhension, la peur qui se lisait dans les visages des autres membres de Twilight, tout heurta Cristal avec une violence si inouïe, que la brunette crut que ses tympans venaient de se perforer.

Et il se produisit exactement ce qui s'était déjà produit, dans la fosse, sous le QG de la Rocket. Cristal saisit l'ampleur de la gravité de la situation. Elle comprit l'essence même qui terrorisait les uns et les autres, et enfiévrait l'humeur un peu plus à chaque cri, alourdissait l'atmosphère et causait les dissidents.

Et d'un bond, elle se redressa, sortit ses Pokémons, et s'éloigna de Suicune, pour se précipiter vers Chris et Angie.

-IL LEUR FAUT UN MEDECIN ! Hurla-t-elle à l'assemblée.

Mais elle ne vit aucune lueur, aucune aide dans la foule qui l'entourait, grouillante, tumultueuse. Elle reconnut les visages, mais pas les êtres. Elle y vit ses camarades, mais non ses amis, ses compagnons d'armes avec qui elle avait défié la mort ces dernières années.

Parce que c'était la mort, la mort qui venait de les faucher. Trop soudainement, sans explication.

Cristal se crispa, et ses doigts s'imbibèrent du sang de Chris et Angie. Elle sentait la perforation de leur abdomen sous ses mains, elle sentait la vie s'écouler, à l'instar de leur sang, la vitalité les fuir. ET la colère monta.

-MAIS FAITES QUELQUE CHOSE ! APPELEZ UN MEDECIN ! VITE ILS VONT MOURIR SI ON NE FAIT RIEN !

Mais personne ne bougea. Dans la cohue, juste, répondit un autre appel à l'aide.

-ICI AUSSI ! UN MEDECIN !

Et les corps se mouvèrent, s'ouvrir, comme pour laisser passer Aaron qui maintenant une Makanie suant à grosses gouttes, elle saignait, elle saignait elle aussi. Un long filet coulait sur ses jambes, mises à nues par sa jupe.

-Je crois que…Je crois qu'elle va accoucher ! Balbutia le champion de Pokémon insecte.

Et à la suite de cette phrase, un « ploc » confirmant la perte des eaux, retentit. Mais toujours personne ne leva le petit doigt.

-IL N'Y A PAS DE MEDECIN ICI ?! Hurla Cristal, en désespoir de cause.

Pourquoi, pourquoi personne ne réagissait ? N'avaient-ils pas tous des Abra pour se téléporter ? N'avaient-ils pas juré de se protéger les uns et les autres dans l'adversité ? Elle leur avait confié sa vie, leurs vies, durant les missions. Des gens pouvaient-ils vraiment se tenir là tétanisés pendant que d'autres souffraient ?

Un nouveau rayon siffla, mais son Cizayox, Soren dévia le tir d'un rayon signal, évitant à Makanie de subir le même sort que les deux ex-bandits. Et la foule poussa un nouveau hurlement.

-Tout le monde à l'abri ! A l'abri !

Cristal sentit la fureur la gagner. Alors c'était ça ? C'était ça les humains ? Des êtres à qui l'on avait accordé la parole, que pour proférer des inepties ! Des mensonges et des promesses brisées ! Où étaient les serments ? Où étaient les beaux discours à présent qu'ils fuyaient, indifférents aux blessés ? Où était l'empathie ? Dans ses cours, on soutenait la suprématie de l'homme sur les animaux, sur les Pokémons. La conscience, l'intelligence, l'empathie la compassion, le langage. Tout cela, toutes ces qualités, elle n'en voyait pas une seule à l'instant. Elle ne voyait pas un seul humain digne de ce nom !

Cette fois, ce fut son Meganium qui contra l'attaque venu des cieux, inexplicable, dans un grondement, l'attaque implosa et descendit sur eux et l'abri qui les protégeait, une gerbe d'étincelles multicolores.

Les Pokémons, eux…Ses Pokémons, eux, au moins…

Elle sentit le souffle de Christopher ralentir sous sa prise, tandis que Makanie hurlait à côté, en proie aux contractions.

Il leur fallait un médecin ! Tout de suite !

Cristal se mordit la lèvre sauvagement.

Vite, il fallait qu'elle réfléchisse, qu'elle réfléchisse, vite. Une solution. Une solution. De toute évidence, Aaron n'avait pas pris son Abra de service, tout comme elle, avait toujours refusé d'en user, obsolète, puisqu'elle avait Suicune à ses côtés…

Suicune…

Cristal contempla son vaillant Pokémon affalé derrière, et elle sentit la boule écrasant son estomac, doubler de volume.

Un médecin. Un médecin.
Soudain, une main saisit la sienne, faiblement, tremblante, et pourtant, si chaude, si confiante. Puis une autre, une deuxième, encore plus frêle et frissonnante, mais si sûre dans sa prise.

Elle baissa les yeux, et Chris et Angie lui sourirent avec compassion. Un sourire cerné, un sourire fatigué, mais si compréhensifs, emplis de remerciements muets.

Merci de rester à leurs côtés, Merci de ne pas les abandonner, eux, les anciens voleurs, eux, l'origine même du tourbillon de souffrances dans laquelle ils avaient tous plongés corps et âme.

Ils fermèrent les yeux et leurs souffles se relâchèrent dans un soupir conjoint. Leurs mains glissèrent de celles de Cristal, qui ne parvint pas à les retenir, elles glissèrent de sa prise, poisseuse et couverte de sang, pour s'écraser mollement au sol.

Non ! Non !

Cristal secoua la tête, alors qu'Aaron pressait Makanie contre lui pour la rassurer, la consoler.

Un médecin, un médecin ! Il fallait un médecin ! Il devait y avoir encore du temps ! Il leur fallait juste un médecin !

Un nouveau Choc, Méganium dévia le tir semblant venir des cieux, tel un jugement divin.

Un médecin !!

Et soudain, dans le tumulte, Cristal, à genoux devant ses camarades, réalisa.

Il n'y avait qu'elle.

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Comme le son d'un gong, un battement de cœur, soudainement douloureux, pulsant dans sa poitrine.

Red ouvrit les yeux dans un sursaut, et instinctivement, roula sur le côté, saisi d'une toux violente. Il lui fallut plusieurs minutes, pour reprendre contenance : ses poumons avides d'oxygène, lui déchiraient le torse, comme s'ils en avaient été privés bien trop longtemps. Dans le chao de son souffle, et le flou de sa vision, les prunelles du dresseur Pokémon errèrent d'un bout à l'autre du paysage tanguant. Il n'arrivait pas vraiment, à se stabiliser, la terre elle-même, tournait tout autour de lui, et, sa tête, ou autre part de son corps, ne cessait de heurter la balustrade, le pot de fleur, le plancher ou même le banc, dans le combat qu'il menait pour recouvrer son équilibre.

Tout autour de lui, il perçut les gémissements et les cris plaintifs, des Pokémons, mais il était incapable de détacher leurs silhouettes du décor d'hautes herbes. Etrangement, il n'eut aucun doute, quant à ce qui lui était arrivé : il avait tourné de l'œil. Le pourquoi du comment, l'inquiétait, mais les sons qui s'élevaient à ses côtés, et son incapacité à se redresser, bien plus encore.

-Yellow, Yellow, je crois que les Pokémons sont blessés…Tu peux aller les voir s'il te plait…Balbutia-t-il, la mâchoire serrée sous l'effort, pourtant si simple, que lui demandait son corps pour se relever.

Un goutte de sueur roula sur sa tempe, et alla s'écraser sur le dos de sa main crispée sur le parquet. Pour la première fois, le haut le cœur cessa, et il discerna plus ou moins l'image face à lui, bien que double et changeante, mais surtout, le tumulte sous son crâne, cessa.

De même, revint la lucidité.

Pourquoi, Yellow, ne lui répondait-elle pas ? Même, comment, avait-il put se réveiller, sans qu'elle se soit trouvée, à ses côtés… ? Qu'est-ce qui aurait put, empêcher son amie de se tenir auprès de lui ?

Et la, Red perçut affreusement le saut de son cœur.

Les Pokémons…Les Pokémons étaient gravement blessés ?

Il tourna la tête si vite, que le mouvement sembla se répercuter dans tout son corps, tel un écho vengeur. Il ripa et s'écrasa à terre immédiatement. Mais il ne vit aucune silhouette s'afférer près des sources des gémissements. Rien.

Elle…Elle était blessée, elle, alors ?

Red déglutit difficilement, et il eut l'impression d'avaler de l'acide.

-Yellow ? Yellow, tu es là ?

Un coup de vent mugit à ses oreilles, en seule réponse, mélodie indifférente à ses craintes.

Une mélodie…

Qu'est-ce que lui avait dit Yellow, déjà, avant que tout ne devienne blanc ? Elle avait parlé, d'une chanson, non ? Red fronça les sourcils, et ses dents grincèrent, tandis qu'il mâchonnait sa langue, tout en se remémorant les bribes éparpillées de ses souvenirs, d'avant son inconscience. Et là, là, ses connaissances sur les créatures merveilleuses de ce monde, nourrirent ses conclusions et ses propres peurs.

Un Pokémon capable d'endormir, de son chant…

Dans un flash, le visage de la femme qui les avait pétrifiés remonta à la surface, son sourire et son regard de convoitise sur Yellow et ses capacités.

-YELLOW !

Encore une fois, il n'eut le droit qu'au silence.

-YELLOW REPOND C'EST PAS DROLE !

Il banda ses muscles, et sans trop savoir comment, il parvint à se hisser sur ses jambes, titubant. Et c'est là qu'il le vit. Au milieu des herbes, à côté de Chuchu, et Pika. Le chapeau de Yellow.

Seulement son chapeau.

Pendant toute l'heure qui suivit, où Red s'aventura dans les sentiers de la forêt de Jade, avec les Pokémons, où il croisa des dizaines de jeunes dresseurs, qui se remettaient à peine, eux aussi, d'une perte de connaissance, il ne trouva aucune trace de son amie. Et quand il arriva à l'orée du bosquet, surplombant la magnifique ville de Jadielle, où gisaient des dizaines de personnes, encore à terre, agenouillées, et à moitié endormie, ses craintes empirèrent.

Il erra, telle une ombre, dans les rues, scrutant les visages étrangers de la population, sans les voir.

Elle devait être là, quelque part…Elle avait du sentir le danger, et elle s'était ruée vers la ville pour apporter son aide. Comme d'habitude. Tout le monde avait tourné de l'œil comme lui, alors ce n'était pas le mouvement d'un Pokémon, pour une attaque localisée, n'est-ce pas ? Elle allait bien. Elle devait être par là.

Red sentit ses entrailles se tordre, et les deux pikachu dans ses bras, au côté du chapeau de la disparu, gémirent, quand leur porteur sursauta.

Une main venait de se poser sur son épaule. D'un geste vif, Red se retourna, ne pouvant retenir un sourire soulagé :

-Yellow !

Mais ce fut son ami, Blue, champion d'arène local, et rival d'enfance, qui se tenait dans son dos. La mine blafarde, les yeux encore embrumés de sommeil, et surtout, suant à grosses gouttes.

-Qu'est-ce que…

Blue le coupa.

-Il faut que tu t'éloignes d'ici, je ne sais pas ce qui s'est passé, mais tout le monde a tourné de l'œil.

Ici aussi. Le sang de Red se glaça dans ses veines, et sa main se crispa sur le chapeau de la disparue.

« « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « «

Paul se tenait raide, au beau milieu des colonnes Lances, au sommet du mont couronné, les bras ballants.
Il aurait put hurler, crier, se mettre en colère, ou bien même arguer, qu'elle n'avait eu que ce qu'elle méritait cette sale peste blonde qui ne tenait pas en place. Mais il n'avait pas le courage.

Peut-être parce que Richie secouait toujours désespérément le corps de sa petite amie, qui les yeux grands ouverts, ne l'entendait plus, malgré son pouls, malgré sa respiration normale. Peut-être, parce que, quand, dans des mouvements fébriles, presque mécaniques, elle avait fait leur « signe » à Richie, il avait compris, que c'était des adieux. Peut-être parce que les Pokémons de la jeune dresseuse pleuraient sans comprendre. Peut-être, parce que cette scène, ramenait en lui des images similaires, qu'il aurait préféré oublier, celles du décès de René Jun.

Et Paul serra les poings, à s'en blanchir les phalanges.

Il ne comprenait pas, comment tout cela avait put se produire en une fraction de seconde, cela n'avait du leur prendre que cela pour la rejoindre. Le temps qu'elle disparaisse dans les hautes herbes, saine, en bonne santé, éveillée, et il la retrouvait effondrée contre le marbre, à moitié noyée dans une flaque d'eau dont même un bébé aurait put se sortir indemne. Ils s'étaient rués auprès d'elle, et, dans un mouvement faible, elle avait ouvert des yeux, comme voilés, avant de tapoter sa tempe, du bout ses deux doigts tremblotants…Pour les poser sur les lèvres de Richie, avant que sa main ne ripe sur son cœur et qu'elle ne s'effondre, sans parvenir à grincer un seul mot. Pour ne plus respirer. Pour ne plus bouger.

Elle ne bougeait plus. Plus du tout.

Et Paul ne comprenait pas.

-Poussez-vous, je connais les premiers soins !

Une femme le bouscula, dans son dos, et se rua vers Richie et Ambre, pour s'agenouiller près d'eux. Sur son dos, se tenait, tel un bébé, un petit Ténéfix. Le petit Pokémon tourna la tête dans sa direction, et lui envoya un sourire, qui vrilla les entrailles du membre de Twilight.

La main secourable, blonde, portant une blouse plus marron que blanche, en cet instant, et surtout en escarpins, ne paraissaient pas du tout apte à les aider, et pourtant, pourtant, quand Richie se pencha vers l'aide, elle leur apporta tout ce que Paul demandait.

-C'est peut-être un simple malaise. Même si ça ressemble à de la catatonie. J'étais là,

Elle pointa du doigt un campement un peu plus haut, à l'abri des intempéries entre deux colonnes.

-Je m'appelle Barbara, j'étudiais les signaux de la montagne, qui poussent à la mutation des Pokémons, comme ce ténéfix…

Elle se pinça les lèvres.

-J'ai vu votre amie débouler, puis s'effondrer d'un coup. Rien ne l'a percutée. Elle est allergique à quelque chose ? Elle a peut-être fait un choc.

Personne, personne ne l'avait attaquée, personne n'avait profité de leur inattention pour s'en prendre à Ambre. Ces simples mots, bien qu'insuffisants pour Richie, évitèrent de tomber dans les affres du doutes à Paul.

D'un geste, il ordonna à son Corboss de sortir de sa pokéball, et brusquement il tira en arrière Richie.

-Tu attends quoi, au juste ? Qu'elle crève ? Sort tes Pokémons, on part à l'hôpital !

Mais la frimousse défaite de Richie n'eut pas le temps de s'illuminer. Dans un grondement venu d'outre tombe, la terre sous leur pied se mit à vibrer. Tant que si bien, que tous les deux basculèrent en arrière. Barbara se jeta sur Ambre, et se fit aussitôt recouvrir par les Pokémons de celles-ci pour la protéger. Les minutes s'écoulèrent, s'étirèrent en ce qui paraissait devenir des heures, sans fin. Les colonnes autour d'eux mugissaient et craquaient dangereusement, oscillantes, menaçantes. L'une d'elle, céda, et dans un son rauque, elle s'effondra sur une autre, lentement, elles se disloquèrent et s'éparpillèrent tout autour d'eux.

Et ce fut quand Paul observa ce sinistre manège, à l'abri sous l'abri de son Corboss, qu'il le vit. Un ciel crépusculaire, rouge sang, aux nuages noirs encre. Et tel un Orage, dans un même grondement, des dizaines, des centaines d'éclairs strièrent l'horizon, pour s'écraser sur les villes en contrebas.

Et les cris des habitants, cacophoniques, malgré la distance, sonnèrent bien plus longuement en lui, que les échos du séisme.

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Pierre, le champion d' Argenta, sa petite fille dans ses bras, contempla les deux jeunes adultes face à lui. Perplexe. Il n'aimait pas, les voir partir, tous les deux à la fois. Il craignait toujours, de ne jamais les revoir. Ces enfants brisés, et rafistolés tant bien que mal, à qui, sa famille, avait offert travail, et il espérait, second foyer.

Sunny lui sourit tristement, dans son habit noir de deuil, tenant un bouquet de fleurs de son bras valide. Blake, son frère, à ses côtés, soutenait une valise modeste, et arborait le même sourire désolé, tellement semblable, et tellement différent de celui de sa sœur.

Car, si les traits sont les mêmes, si le sang se partage, la douleur, elle, reste unique, tout comme chaque individu.

-Bye Bye ma Lalie chérie ! Promis, je reviens dans une semaine ! Gazouilla le garçon aux cheveux bleus, sans se départir de sa mine sombre.

La petite Lalie, tendit les bras vers son baby-sitter, en vain. Elle préféra donc se coller contre le torse de son père, vexée, le pouce dans la bouche.

-Faites bon voyage. Souhaita Charline, à côté.
-Vous passez dire au revoir à votre famille adoptive, avant de partir pour Lavanville ? Demanda Pierre, de moins bonne humeur.

Sunny secoua la tête.

-Ils vont s'inquiéter s'ils me voient comme ça. Puis, je reviendrai vite, ils ont l'habitude de me voir aller et venir sans un mot.
-Et moi j'm'en fous d'eux. Rétorqua Blake, sur la défensive. –Allez, on y va !

Il tourna des talons, et au même instant, il y eut comme un grondement, un orage lointain. Lalie gémit en se cachant dans l'étreinte de son père. Et il y eu, un unique éclair.

Blake ne termina pas son mouvement, sa jambe s'affaissa sous son propre poids quand elle toucha le sol, et il s'écoula de tout son long. Une plaie béante lui trouant le dos.

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-Qu'est-ce qui se passe ?

Arisa, accompagnée de Shagi, venait d'être tirée par une Sandra, Affolée, jusqu'à une femme. Les étudiants de l'arène, avaient allongée l'inconnue sur un banc, à l'abri de la chaleur crépusculaire, sous un auvent.

-Je ne sais pas ce qui c'est passé, cette femme a demandé à voir Shagi, puis elle s'est évanouie, restez avec elle, le temps que j'aille chercher un médecin !
-Moi ? S'étonna le concerné, encore tout boueux de sa séance d'entraînement avec sa petite amie, dans l'antre du dragon.

Sandra se contenta d'hocher la tête, avant de partir chercher le soigneur du village. L'enfant d'irisia se pencha vers l'étrangère, suspicieux, un sourcil arqué, et son altaria trottina dans son dos pour l'imiter.

-Tu la connais ? S'enquit Arisa, qui s'essuyait le visage avec une serviette.

Shagi hocha négativement du chef, avant de siffler :

-Si je devais me souvenir de tous ceux que j'ai pigeonné aussi ! Pf !

Il ne se soucia guère des regards réprobateurs des sbires de l'arène, il allait s'en aller, pour prendre un bain, et après continuer d'harceler les services d'immigrations par téléphones pour des infos sur ses origines, quand la femme ouvrit les yeux, provoquant concert d'exclamations.

-Madame, madame, ça va ?

Sans trop comprendre pourquoi, Shagi se retourna assez vite, pour observer cette étrangère, qui ne lui disait rien. Il arqua un sourcil, quand leurs regards se croisèrent, et rougit comme un gamin quand elle lui envoya un étrange sourire.

-Ravie de te rencontrer Shadi.

Arisa vit son petit ami s'empourprer jusqu'à la racine des cheveux.

-C'est Shagi ! Persiffla-t-il, avec mauvaise foi, détournant la tête.
-Oui, excuse-moi. Ricana l'inconnue.

Il y eut un silence, durant lequel, l'irisien, se massa la nuque, embêté par une telle attention à son égard. Altaria, derrière lui, plissa les yeux, puis s'ébroua, avant de venir roucouler dans le cou de l'inconnue.

-Comment vous me connaissez ? Balbutia le garçon ignorant son pokémon.

La femme sourit timidement, avant de murmurer :

-Elle voulait, juste te voir…Avant qu'il ne soit trop tard.

Shagi n'eut pas le temps de comprendre le sens de cette phrase. Le ciel s'assombrit brusquement au dessus de leurs têtes. Arisa et lui levèrent les yeux vers lui, pour admirer, dans cet océan de pourpre, de larges volutes noirs et grumeleuses couvrirent la voûte ; avant qu'un éclair ne luise, aveuglant.

Des débris de roches volèrent, s'écroulèrent avec fracas, tandis que plusieurs sbires de l'arènes, hurlaient d'effroi. Là, dans la poussière et les copeaux, dans ce qui restait du banc, gisait l'inconnue, l'estomac totalement perforé.

Et partout, dans le monde, la même scène se produisit, intruse dans des scènes de vie, pourfendant quiconque elle jugeait coupable d'un crime. Dans un ultime grondement, une lumière scintillait comme provenant du ciel lui-même ; et châtiait, n'épargnant personne. Les bâtiments n'opposaient aucune résistance, elle les traversait, comme un couteau dans du beurre, et atteignait sa cible. En l'espace de quelques minutes, les quarties, dit malsains virent leurs asphalte se gorger d'un pourpre sanguin, de même, les bases des Teams furent le théâtre d'une morbide mascarade, sans même un simulacre de procès, les vies furent fauchés, sbires, comme dirigeants, tous subirent la même sentence, longue et douloureuse agonie, solitaire, dans les derniers râles de ses semblables pêcheurs, chaque bandit s'éteignait peu à peu, qu'importe son crime.

Arcéus ; venait d'user de son Jugement, et personne, n'échappait à son regard omniscient. Il n'y avait plus circonstances atténuantes, ou même excuse, juste le crime, et sa punition. Car ma foi, la justice est, ne le dit-on pas, aveugle... ?

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Samantha toussa bruyamment contre le torse de son frère, et elle papillonna des paupières. Bien que se remettant à peine de brumes du sommeil, une pensée, perça tout de même le nuage de brouille embaumant son esprit.

Arcéus merci, tout cela n'avait été qu'un cauchemar. Le genre de fin que tous lecteurs détestaient. Mais un un cauchemar. Elle s'était à nouveau crue plongée dans la dimension de Celebi…

Elle se permit une inspiration de soulagement, et la souffrance assaillit son torse, fusa, telle une lame chauffée à blanc avec laquelle on l'aurait poignardée. Et à son mouvement, Silver réagit, il la serra un peu plus contre lui. Ahurie par son geste, elle leva ses prunelles vers lui, et, elle fut la seule spectatrice des larmes silencieuses qui outrepassaient la barrière que formait les cils entremêlés de ses yeux plissés.
Le cœur de Samantha émit un battement douloureux dans sa poitrine.

-Silver… ? Bafouilla-t-elle, perdue.

Elle voulu prendre ce visage secoué par les larmes entre ses mains, mais elle fut bien incapable du moindre mouvement. Egarée, elle contempla son corps inerte, et cette fois, une sensation glacée l'envahit en même temps que cette pulsation souffreteuse pinçant son myocarde ne la quittant plus.

C'était quoi tout ce sang ? Sur ses vêtements devenus marrons, sur ses cheveux qui tournaient au violet dans cette mare rouge ?

Un pic d'anxiété, mêlé de panique l'étreignit, et elle se dégagea un peu de la prise de son frère pour scruter les alentours.

Elle voyait Silver, qui tenait d'une main, la manche de Gold qui tirait de toutes ses forces pour se ruer derrière des sortes de ruines, le visage parsemé de larmes. Plus loin à une distance, assez conséquente, se trouvait les autres…

Etrangement, son cerveau, se contenta de constater, platoniquement, sans enregistrer et analyser les faits. Elle ne désirait pas savoir pourquoi ils apparaissaient tous bouleversés.

Lucas debout et blême, paraissait sur le point de défaillir. Elle ne voyait pas Daniel complètement, sur lequel pleurait un Gabriel, au pied d'un Akira Yuki, s'acharnant sur sa pokéball, tout en appelant son nom, de tous les côtés. Elle voulut lui répondre, mais sa voix s'enroua, et elle fut prise d'une quinte de toux à nouveau.

Puis elle se raidit d'un coup, quand dans son champ de vision, la silhouette d'Eléanore se dressa, entre Peter et Salomée. Debout, vivante.

Arcéus, merci, elle avait bien rêvée. Elle avait fait un horrible cauchemar, juste un horrible cauchemar, à nouveau. Son gosier s'assécha, acide. Il avait semblé si réelle, et la peine, la douleur de l'absence avait été si rude…

-El…

Sa voix s'enrailla, elle n'arrivait pas à articuler, son timbre croupissait sous son palet, desséché en une seconde. Mais Silver la pressa un peu plus contre lui, dans une tentative de réconfort inexplicable.

-Ce n'est pas Eléanore. Murmura-t-il, le ton si faible, presque inaudible, tant il devait se forcer à se l'avouer lui-même.

Le cœur de Sam fit une embardée amère.

De quoi parlait-il au juste ?

Lentement, la silhouette lointaine d'Eléa se tourna vers eux, et le ciel, si rougeoyant en ce crépuscule de Mai, s'assombrit, pour laisser place à la nuit.

Bizarre, Sam ne se souvenait pas avoir connu une tombée si rapide, la Lune trônait déjà bien haut dans la voûte céleste. Elle avait dormi si longtemps ? Ou les secondes s'étaient-elles détraquées, comme lors de ces mornes journées d'écoles, où les heures de cours paraissent des années, alors que les minutes de bonheur tout simple filent en un éclair ?

Eléanore se tint finalement, face à eux, face à elle, et Samantha plissa les yeux, les sourcils froncés. Elle devait avoir quelque chose dans l'œil, du sang séché, ou quoique ce soit d'autres…C'était le visage de son amie, mais pas son expression, les prunelles de son amie, mais pas ses yeux, la coiffure de son amie, mais pas leur éclat…Comme un vulgaire simili.

-Les criminels ont été jugés. Il n'appartient à présent qu'à leurs amis de les sauver.

Salomée, qui paraissait les avoir totalement oublié, sourit.

-Encore faudrait-il, qu'ils aient des amis.

Peter et Eléanore arborèrent la même expression neutre, sans un rire.

Qu'est-ce que…

-Quel est le prochain ordre ? Demanda simplement Arcéus.

Depuis quand Eléanore demandait-elle des ordres ? Ou même des instructions ?

Peter ouvrit la bouche…Mais aucun son ne sortit de sa bouche, pendant quelques secondes. Mais Arcéus hocha simplement du chef.

-Bien entendu, cela est possible. Donne-moi donc les noms de ces personnes.

Et là, Samantha se sentit propulsée dans d'autres bras, ceux de Gold, vivement, sans ménagement, le geste lui coupa littéralement le souffle. Les yeux embués par la cuisante douleur palpitant dans son poitrail, elle vit Silver se lever, son regard d'argent grondant tel l'orage.

-Gold, tu prends Sam, et tu cours, à mon signal. Tu prends le chemin de la grotte, j'ai mis le plan dans la poche de Sam. Là-bas, tu devrais pouvoir retrouver Capumain, je veux dire, Capidextre, il est tombé non loin de l'entrée, il doit être perdu dedans.

Les prunelles de Gold luisirent de larmes, alors qu'il compressait les épaules de la cadette. Silver se pinça les lèvres. Il se concentra sur sa cible. Salomée –ou Holly- leur tournait le dos, elle ne les voyait plus, toute ébahie qu'elle était devant la chose-qui-avait-pris-possession-d-Eléanore. C'était maintenant ou jamais.

Il inspira profondément, et se focalisa sur le collier qui entravait le cou de sa mère. Depuis sa plus tendre enfance, il l'avait vue souffrir à cause de cette chose, elle lui avait souvent répété qu'elle ne pouvait pas le retirer…Qu'il lui faisait mal. Si, pour la déstabiliser, il fallait toucher une chose, c'était celle-ci.

Il essaya de refréner un souvenir, de sa mère aimante, dans un coin de sa tête, pour l'oublier, compartimenter, comme on dit. Il n'avait pas le temps pour ça. Il n'en avait plus. Et de toute manière…Est-ce que ces souvenirs là étaient seulement réels ? Au vue des agissements de sa mère en cet instant…

Silver chassa l'amertume qui saillait. Et dans un sifflement, il s'écria :

-MAINTENANT !

Et il bondit sur sa mère, qui ne le vit même pas venir.

Gold ne se le fit pas dire deux fois, il saisit Sam, en berceau, et se précipita vers les escaliers, comme si sa vie en dépendait, sur son passage il bouscula les autres.

Salomée tenta d'esquiver son fils, mais quelques uns de ses doigts d'habile voleur pressèrent tout de même le bijou. Qui, chose étrange, vola en poussière rouillée. Salomée poussa alors un hurlement strident et s'effondra au sol. Peter vacilla lui aussi et tomba à genou dans un gémissement, une main sur son crâne.

Gold profita de cette faiblesse pour lancer à ceux restés en arrière :

-SUIVEZ-MOI !

Akira sursauta, et comme dans un réflexe, il attrapa le gamin gisant à ses pieds, et l'autre qui sanglotait – il ignorait qui il sauvait, mais cela faisait toujours ça de pris- Gabriel se laissa entraîner, et Daniel n'opposa aucune résistance, les yeux fixant un horizon invisible pour eux tous. Peut-être l'infime ligne séparant le monde des vivants, et des morts, aux frontières si ténues.

-Avez-vous fini la liste… ? Bredouilla Eléa, le regard vide, sans s'inquiéter de voir son gardien ainsi recroquevillé à terre. Peter, les yeux hagards, eut pourtant un rictus, et Silver qui passa devant lui pour atteindre Eléanore, eut le temps d'entendre, un seul nom :

-Holly aussi.

Mais sa mère poussa un nouveau cri de rage, dans leur dos, et Peter s'étala au sol, en se tenant le crâne fermement, se mordant les lèvres jusqu'au sang, le visage blafard.

-ESPECE DE…

Salomée se redressa, le visage rouge, une marque sanguinolente saillant à son cou, dans une trace parfaitement droite. Quelques aiguilles encore à moitié enfoncée dans sa jugulaire, témoignaient de la souffrance que devait être le port de ce collier au quotidien.

Lucas vit les autres se retirer, et il émit un son, incompréhensible, avant d'engranger le même mouvement, mais il n'eut pas le temps.

-NE BOUGE PAS !

Marion se jeta sur lui et le plaqua à terre.

-JE VOUS INTERDIS DE FUIR ! Rugit Salomée, et à son mouvement de bras, Peter obéit, de même que son draco.

Le rayon gemme passa à quelques centimètres de la joue de Lucas à nouveau, dans un sifflement morbide. Mais il ne toucha pas personne, ils étaient déjà loin, en contrebas.

-Mar…marion ? Balbutia Lucas, tremblant. Elle venait de lui sauver probablement la mise. Mais sa cousine trop occupée à le serrer de toutes ses forces contre elle, de l'empêcher de fuir, ne l'écouta pas. C'est à cet instant que le grand brun vit les longues coulées pourpres léchant les jambes de la blonde.

-Si…SI tu bouges…Ils vont te tuer…Ils vont…toi aussi…Hoqueta difficilement la championne de glace.

Son cœur rata un battement alors qu'avec effroi, il contemplait pour la première fois, sa cousine, la si parfaite petite génie, la frimousse ravagée de larmes.

-TOUT CA C'EST A CAUSE DE TOI !

Salomée fit volte-face vers Silver, une expression assassine la défigurant.

-TOUT A TOUJOURS ETE DE TA FAUTE !

Le rouquin plissa les yeux, et tâcha de repousser ses paroles, loin, loin. De ne plus les entendre. Il saisit les poignets d'Eléanore.

-On se tire Eléanore, suis-moi !

Mais la gamine ne bougea pas. Elle lui envoya une œillade circonspecte, et devant sa mine ahurie, elle avoua simplement :

-Je n'ai pas reçu l'ordre de bouger de la part des gardiens.

Et là, la réalité, frappa de toute son inimitié le rouquin, qui émit un sifflement, à la fois exaspéré et peiné. Cette femme, n'était plus Eléanore.

-TU AS LE DROIT DE REFLECHIR PAR TOI-MEME AUSSI TU SAIS ! Lui hurla-t-il au visage.

La chose écarquilla des yeux, et ouvrit la bouche, sans qu'aucun son ne s'échappe. Soudain, un choc, Salomée fit un mouvement, comme précédemment dans la grotte, vers son fils, mais son bras s'arrêta en pleine course, tremblants.

-Huu…

Elle ferma les paupières, et gémit, alors que de grosses larmes coulaient sur ses joues. Elle secoua la tête. Silver protégea Eléa d'un bloc, comme pour la couvrir. Il ne partirait pas…pas sans elle. Sam ne lui pardonnerait jamais d'abandonner sa précieuse amie, même si ce n'était plus qu'un corps parlant.

-Non ! Non ! JE ne…Je ne veux pas…

Salomée hoqueta, et le mouvement négatif de son crâne s'accentua, avec plus de véhémence, sous l'incompréhension totale du jeune homme.

-Non…Non…Je ne veux pas…je ne veux pas devenir…TAIS-TOI HOLLY RETOURNE DORMIR !- Je…je…Il lui ressemble…tellement…Je…-CE GOSSE A RUINE TA VIE ! TU AURAIS PU REMONTER LE TEMPS – Je…-TU AURAIS PU L'EFFACER, M'EMPECHER DE MOURIR MAIS TU L'AS CHOISI LUI ! LUI ! –Non je…-J'ETAIS TON POKEMON J'AVAIS CONFIANCE EN TOI ! –NON !

Salomée se recroquevilla. Et Silver, bien que la situation lui vrillât les entrailles, raffermit sa prise sur Eléa.

-ALLEZ ! VIENT !

La fille-qui-possédait-Eléanore se tint, immobile, dévisageant Silver avec les premières esquisses d'une expression.

-Arcéus…

Les deux enfants sursautèrent, quand Peter leva la tête en leur direction, l'air passablement éreinté.

-Permet à Silver de s'enfuir…Murmura-t-il dans un souffle, puis il tourna la tête, en la direction du concerné, et sourit faiblement. –Ne reste pas ici. Je suis désolé que ça tourne de la sorte…Il va falloir, que vous trouviez un moyen d'enlever les puces qui nous permettent de suivre vos Pokémons…J'Essaierai…De vous…Donner…un peu de temps…

Il gémit à nouveau, et se maintint le crâne fermement, avant que son regard ne coule vers Marion. Celle-ci tenait toujours son cousin, tout en tremblant de terreur.

-Ce n'est…pas…ce que je voulais…

Les prunelles de Peter se voilèrent. Pour rêver d'un monde, où la paix ne régnait pas par la terreur.

-Si tel est votre ordre. Murmura simplement Arcéus, en réponse.
-NON ! HORS DE QUESTION QU'ILS S'EN SORTENT ! EUX SEULS PEUVENT ENCORE MODIFIER LE TEMPS ! ILS DOIVENT…ILS DOIVENT…

Salomée se tût, et poussa un nouveau cri, furieux contre ce corps qui ne lui obéissait plus. Puis doucement, elle s'assoupit, comme ça, d'un coup, elle s'affaissa, et tomba doucement au sol. Lucas et Marion subirent le même sort, mais ça, Silver ne le vit pas.

-La voie est libre. Tu peux fuir. Lui intima Arcéus, sans détacher ses yeux de la silhouette de Peter, inconscient.

Silver secoua la tête.

-Tu viens avec moi.

Arcéus ne réagit qu'à peine.

-Tu veux, que je te suive, mais si j'agis ainsi, j'irai contre les ordres que j'ai reçu. Je dois rester avec cet homme. C'était là, son premier vœu. Sauf si deux des trois autres gardiens m'ordonnent de partir, je ne peux désobéir.
-C'est n'importe quoi ! S'indigna Silver.
-Ce sont les règles. Arcéus a confié une part de son âme et abandonner son corps dans une autre dimension, afin de nous aider, mais cela demande un respect des règles.

Silver retint les paroles acerbes et insultantes contre ces stupides règles, et il persiffla. Mais ses doigts ne lâchaient pas sa prise sur le poignet d'Eléanore. Elle, elle aurait fait un doigt d'honneur à ces foutues règles.

-Si tu ne te dépêches pas de rejoindre, celle dont tu as ramené le cœur, va mourir.

Le rouquin tressaillit. Arcéus le regarda pour la première fois de la conversation, dans les yeux.

-Le temps essaye de reprendre sa course sur le cœur, il s'est arrêté, mais tu l'as arraché à son sort, ce qui le maintient encore en marche, ce ne sont que les pouvoirs de cette enfant, et les tiens. Il a besoin…De ces pouvoirs d'enrailler son destin, qui sont les tiens, et à la fois ceux d'arrêter la course du temps, qui sont les siens. Car le cœur est un organe en constante évolution, il ne peut s'arrêter sans tuer, mais s'il reprend sa course normale, il court à la perte que tu as éloignée de lui pour un temps.

Un frisson remonta l'échine de Silver.

-Dépêche-toi.

Mais Les mots d'Arcéus sonnèrent dans le vide, Silver venait déjà de se précipiter vers l'entrée de la grotte, en sautant par-dessus la colonne, il avisa le capidextre de Gold, en sang, et le ramassa. La petite créature poussa une plainte à fendre le cœur. Et d'un bon, Silver s'enfonça dans les entrailles de la caverne de Cristal.

La femme qui possédait Eléanore, l'observa s'éloigner, puis s'accroupit près de Peter. Elle lui tapota le crâne, comme maternellement. Car elle sentait, que c'était ce que désirait, ce dont avait besoin cet homme en cet instant. Ainsi que d'oublier. Oublier cette foutue journée.

Arcéus ferma les yeux, percevant les divers souhaits, qui se cumulaient dans le crâne du champion assoupi, et elle inspira profondément.

-Si tels sont vos ordres.

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Gold eut un mouvement instinctif de recul. Là, en contrebas, dans une aspérité qu'ils avaient loupée en montant, surement à cause de son angle, gisait Nathaniel. Son teint cadavérique ne laissait aucun doute quant à son état.

Il retint un haut-le-cœur, et détourna les yeux, raffermissant sa prise sur Samantha. La sœur de Silver suait à grosses gouttes, et avait de nouveau fermé les yeux, son souffle erratique laissait présager une très mauvaise fièvre.

Bien que cela lui coutât de se l'avouer. Il ne pouvait plus rien faire pour le père des Kazamatsuri, il valait mieux s'occuper de ceux qu'ils pouvaient encore sauver. Et fuir, très loin. Même, si avant, il devait récupérer Cristal…Et Chris…Et Angie…tout le monde.

Un sanglot se répercuta dans son dos, et Gold n'eut pas besoin de tourner la tête, pour savoir que Gabriel, les poings crochetés sur la chemise d'Akira Yuki, pour ne pas se faire distancer, venait de voir. Voir ce qui restait de son père. Est-ce que Daniel pouvait lui aussi admirer ce spectacle dévastateur, malgré la catatonie de ses membres ? Gold espérait que non. Cette image risquait d'hanter toute sa vie ses spectateurs.

Soudain, Cynthia émergea de la fissure, à côté de Nathaniel. S'ils n'avaient pas été si secoués précédemment, s'ils avaient eu le temps d'observer, ils auraient certainement put constater l'état déplorable de la championne de Sinnoh, son air hagard, qui présumait qu'elle était tout aussi confuse qu'eux en cet instant.

Mais ce ne fut pas le cas. Parce qu'ils avaient été secoués avant. Parce qu'ils n'avaient pas le temps. Parce que tout ce qui se dressait devant eux, n'était rien d'autre qu'un autre proche de Peter, un autre sbire de Twilight. Un ennemi.

Gold cala Sam contre lui, et tira sur la manche d'Akira pour l'entraîner à l'abri, lui et tous ceux qu'ils traînaient. Ils renversèrent Cynthia dans leur empressement, et se précipitèrent dans la grotte de cristal. Ils firent plusieurs pas, pendant un temps indéterminable. Jusqu'à ce que la lumière de l'entrée ne les atteigne plus. Jusqu'à ce qu'ils soient plongés tous, dans l'obscurité, seulement éclairée par ces espèce des glyphes en mousse phosphorescentes, tapissant les murs des vestiges d'un temple enfouis.

Là, ils purent reprendre leurs souffles.

-Où…où est Lucas ? Bredouilla Gabby, entre deux hoquets.

Gold observa les parages, pas de traces du concerné. Une bile lui obstrua la gorge, en même temps que l'image de Cap-Capidextre, lui revenait en tête.

-I-Il doit être avec Silver. Tenta-t-il de se convaincre.
-Et Silver…Silver, il va revenir ?

Cette fois, Gold eut bien plus de mal à retenir le haut-le-cœur, et ce fut une toute autre vision qui le heurta : celle du cadavre de Nathaniel, d'Eléanore, la courbe sanguine qu'avaient tracé Sam et Capidextre avant de s'écrouler au sol…

Il fallait que Silver les rejoigne. Il le devait. Il leur avait…Il lui avait promis. Ou alors était-lui qui fabulait, encore pris dans le chao des évènements… ?

La flagrance du sang lui piqua le nez et les yeux, il passa prestement sa manche sur les deux, espérant la recouvrir, l'effacer. En vain.

-Et maintenant qu'est-ce qu'on fait…On doit fuir…Est-ce…Que Sam…Et Eléanore…Qui est-ce que je tiens dans mes bras… ? Interrogea Yuki.

Personne ne lui répondit. Il était trop tôt, trop douloureux, de résumer les récents tourments, alors qu'ils ne parvenaient pas eux même à les saisir tout à fait. Ils ne parvinrent à bredouiller tout juste qu'un « Sam est là. » Bien maigre.

-Je…je dois allez chercher ma sœur…Finit par murmurer Gold.
-NON !

Gabriel le rattrapa, s'accrocha à son bras, avant qu'il ne puisse faire un pas en avant. Ses petits poings tremblaient.

-Je ne peux pas la laisser là-bas.
-Elle est en bas : En bas c'est bourré de sbires de Twilight !
-C'est justement pour ça que !
-Elle n'a rien fait elle ! Elle ne risque rien avec eux ! Elle est intelligente en plus ! En ne te voyant pas revenir, elle t'appellera, elle pourra te rejoindre plus tard ! Elle…
-Gabriel a raison…Pour le moment ta sœur n'est pas en danger, contrairement à nous. Affirma Akira. –Je crains malheureusement que tu sois le seul en état de te battre ici.

Il porta quelques doigts à ses yeux et grimaça. Puis il saisit une de ses pokéballs, et appuya sur le bouton de sa pokéball. Il y eu un clic, mais pas de déclic, la sphère demeura désespérément fermée.

L'absence de leurs compagnons, l'incapacité qu'ils avaient de venir à leur secours…Jamais ils n'auraient cru cela un jour possible, et ils se rendaient compte à quel point tout leur univers dépendait de ces petites créatures féériques. Jamais les enfants n'auraient cru se trouver si démuni sans leurs aides précieuses.

-J'ai toujours raison ! Vociféra Gabriel en retour.

Gabriel, la seule personne, capable de se la jouer et d'en imposer, tout en ayant un pantalon trempé d'urine. Gold envoya un regard au gamin. Il n'avait que treize ans, et il l'oubliait trop souvent. C'était assez, voir ses amis mourir un à un, de la main d'une personne de confiance, admirer son frère réduit à un état pitoyable, et incertain, puis enfin retrouver le cadavre de son père…Non…c'était assez. C'était, trop.

On était jamais assez grand, jamais assez vieux, assez mâture, quand la mort vient frapper si promptement, si proche.

Ils avaient raison. Cristal, pourrait s'en sortir, elle avait suicune après tout. Elle les rejoindrait.

-On peut fuir…mais pour aller où ? Demanda soudainement Akira.

Ils n'avaient nulle part où se réfugier, ils avaient voué leur vie à l'organisation, ces dernières années. Elle avait été leur univers, leur famille. Maintenant, ils n'avaient plus rien de tout cela. Pas même de maison où retourner. Leurs dos se heurtaient à une impasse dépourvue d'espoir et de lumière.

-Peu importe là où on va…Nos Pokémons ont une puce implanté en eux, Twilight saura toujours où nous nous trouvons ! S'apitoya Gabriel.

Ils étaient fichus, qu'importe la direction dans laquelle ils regardaient, ils ne rencontraient que coupe-gorge et cul de sac.

Gold grimaça, Si Yuki et Sam avaient pris garde à ne pas nourrir leurs Pokémons avec la nourriture offerte par twiligth –qui contenait les puces- ce n'était pas son cas. Et Gabriel avait aidé à la conception de ces choses, il aurait été étrange, qu'il n'en ai pas, au moins une, sur un de ses Pokémons, même avec sa nature méfiante.

-Il n'y a pas un moyen de les détruire ? Interrogea Yuki.
-Avec Chris et Angie, nous les avons construites, pour qu'elles soient résistantes à tout, indétectable par les scanner et donc non enlevable par chirurgie…
-Merci, vraiment, il ne fallait pas. Ironisa Gold.

Gabriel lui envoya une œillade courroucée.

-Est-ce qu'un champ magnétique assez puissant pourrait les dérégler, brouiller notre position, ou même les faires griller ?

Gabby secoua la tête.

-Non justement, nous les avons conçues pour qu'elles résistent aux champs magnétiques les plus puissants, comme le mont couronnés. Ca a été une vraie corvée de trouver un moyen de…
-D'accord, mais, s'il y avait PLUSIEURS champs magnétiques autour de la puce, des champs, contradictoires.

Gabriel s'arrêta :

-Comme un Magneton ?
-Je pensais, plutôt à mon metaloss. Chaque patte contient un cerveau aussi puissant qu'un ordinateur, et il peut envoyer des ondes, qui seraient contradictoires. Encore plus si j'utilise la capacité vol magnétik.

Gabriel sécha ses joues, et penaud, il avoua :

-Ca ferait totalement sauté les puces ça, on n'avait pas prévu une telle éventualité.

Il ricana, de manière nerveuse.

Akira sourit.

-Bien, dans ce cas, nous faisons d'une pierre deux coups. Nous nous enfuirons vers Azuria, dès que nous sortirons de cette espèce d'endroit où les pokéballs ne marchent plus. Chez mon frère, là-bas je pourrais joindre Kain qui a mon pokémon.
-Vous avez un frère ?

Akira, haussa des épaules.

-J'ai une vie en dehors de vous.

Il y eut un blanc, qui malgré les résolutions, ne dénonçait pas vraiment le retour de la bonne humeur. Mais, au moins, ils avaient un chemin sur lequel avancer, la situation aussi précaire était-elle, au moins, ils entrevoyaient, une option, une issue.

-Et…Par où…on sort ? Balbutia Gabby.

Akira pencha la tête sur le côté, avec une expression ironique.

-Silver m'a donné…une carte…Attendez…

Gold s'accroupit et mit Sam en position assise, pour lui fouiller les poches. Il en dépêtra un parchemin dont la couleur jaune délavée passait aux teintes rouillées. Il le déplia précautionneusement, tout en maintenant Sam. Yuki se pencha sur son élève, et à tâton, chercha sa main, qu'il compressa, comme pour la réconforter. Elle était brûlante. Gabriel, plus concerné à propos de son frère, se rapprocha du garçon qu'Akira avait placé sur son dos. Il essaya de bouger un doigt devant les prunelles inertes de son aîné, mais le malade ne suivit pas le mouvement de son frère. S'il n'avait pas respiré faiblement, Gabriel aurait pu le croire mort.

Ravalant un sanglot, Gabriel serra ses petits poings sur les jambes de son pantalon.

-Je crois…Qu'il faut monter vers cette « grotte de cristal ». Finit par murmurer Gold après un temps de réflexion. –Une fois là-bas, il y a plusieurs intersections, une qui mène aux ruines...Nous on prend l'autre, on va devoir traverser des ruines souterraines, je crois…Et il faudra faire attention à ne pas se tromper de chemin, on dirait qu'il y a un labyrinthe bourré d'oubliettes pas loin.

Le programme faisait froid dans le dos. Avaient-ils véritablement vécu à côté d'un tel édifice, si sinistre, pendant 5 ans, sans le voir ?

Gold chercha l'approbation du groupe, mais Gabby était le seul capable de lire cette carte avec lui, et il doutait grandement de ses capacités en ce moment de crise. D'un geste, il fourra de nouveau la carte, mais cette fois dans sa poche, et reprit Sam dans ses bras. Elle était plus lourde que tout à l'heure, surement, avait-elle totalement perdu connaissance.

D'un pas hésitant, ils s'avancèrent dans le boyau. Gold, tâchant de ne pas penser à Sa sœur, Capidextre ou Silver resté en arrière, Akira, aux évènements dont il n'avait put entendre que des bribes, sans avoir d'explications, et Gabriel, de ne plus penser du tout.

Il est étrange, comme marcher sans but, dans une errance la plus totale, mine les forces. Monter les escaliers, en descendre, choisir un chemin à un croisement, sans aucune certitude de faire le bon choix…Tout cela les épuisait, bien plus mentalement que physiquement en vérité.

Mais au moins, avec Gold, à la tête de l'expédition, ils pouvaient espérer sortir un jour, alors qu'avec Sam ou Silver et leur orientation pourrie… Akira ricana à ses propres pensées, et son cœur se compressa un peu plus encore dans cet étau de doutes empoisonnés.

Finalement, il y eut une exclamation, en tête de groupe, après un temps, indéfiniment long.

-Silver ! Capu…Capidextre !

Les pas de Gold qui résonnent sur le marbre et, peut-être du verre, ou du cristal. Puis comme un freinage forcé. Le brun se retint de se jeter au cou du rouquin à la dernière minute, au comble de l'embarras. Et Silver, qui avait déjà esquissé un mouvement pour l'étreindre, n'en fut que plus honteux.

-Heu…je…tiens ! Ton…ton Pokémon.

Il lui tendit le petit, enfin, grand maintenant, singe violet, qui malgré son pelage carmin, pépia de joie, l'air en forme.

-Il avait l'air mieux, en entrant ici. Maugréa Silver, entre ses dents, tout en rougissant.

Puis il se précipita vers Sam et la prit dans ses bras.

-Comment va-t-elle ? S'inquiéta-t-il.
-Mal.

Mais le souffle de la jeune fille se calma dans les bras de son frère, et celui-ci eut un sourire soulagé, malgré son état lamentable, couvert de boue, de sang et de poussière.

-Apparemment, elle a besoin de mes pouvoirs, pour aller mieux…Murmura Silver.

Si seulement il savait utiliser ses pouvoirs correctement, pour le moment tout avait été fait inconsciemment. Il espérait que la tenir contre lui suffirait pour le moment.

-D'habitude, dans les jeux vidéos, c'est plutôt la fille, la soigneuse du groupe. Constata platoniquement Gold, avec un rire, faux.

Inutile de dire, que personne ne songea à Silver en tenue d'infirmière, et un baton à la main, comme dans les mauvais rpgs stéréotypés.

-Et Eléa elle est là ? S'enquit Yuki.
-Et Lucas où il est ? Enchaîna Gabriel.

Silver releva la tête, et la secoua négativement :

-Ce n'est plus Eléa là haut. Elle ne m'a pas suivie, et je n'ai pas pu la forcer. Je croyais que Lucas était avec vous… !

Gabby blanchit, et sa voix se fragmenta.

-Non, il ne nous a pas suivis.

A nouveau, il y eut comme un silence. Gold observa les alentours en étreignant son Pokémon, de crainte qu'on ne le lui retire à nouveau, et ses yeux, se posèrent, sur le dôme central, tout en cristal, dont il ne voyait au travers que des ossements, et des fleurs fanées. Un frisson d'effroi le secoua et il raffermit sa prise.

Il avait eu si peur en le voyant se faire toucher de la sorte. Dans un match, les Pokémons n'attaquaient pas pour tuer, mais ici, tout à l'heure…Capu…Capidextre était le dernier vestige, le dernier cadeau de son père. Le voir évoluer lui donnait déjà la nausée, mais le perdre… Rien que d'y songer, ses jambes devenaient aussi faibles que du coton et son estomac empli de fourmillements désagréables.

-Je…je vais chercher Cristal et Lucas ! Finit-il par se résoudre.

Ils ne pouvaient décemment pas les laisser là. Lucas, lui était en danger. Et il y avait aussi Chris, et Angie…Tous ceux là…Ils ne pouvaient pas rester dans ce nid de vipères.

-Non.

Cette fois ce fut Silver qui l'entrava, en lui saisissant le bras.

-Lucas est protégée par Marion, elle ne lui laissera rien lui arriver, et Lucas sait exactement ce qui s'est produit en haut. Il aime beaucoup ta sœur, il lui en parlera, et ils pourront s'en aller avec les autres. En plus, ils ont chacun nos numéros, et des adresses où nous trouver.

Cristal chez la mère Heart, Lucas chez les Kazamatsuri. A vrai dire, c'était même une solution plus avantageuse que précédemment. Lucas ne laisserait jamais quoique ce soit arriver à Cristal.

La vision du garçon tétanisé devant la scène, effleura l'esprit de Silver, qui grinça des dents.

Du moins, il l'espérait.

Gold arbora une expression pleine de frustration et de retenue, se pinça les joues, ravala son souffle, mais ne rétorqua rien. Silver, quant à lui observa la troupe de bras-cassés qui composait le groupe. Entre Sam et Daniel, KO, ils avaient un aveugle, et un gamin qui s'était uriné dessus, tous, sans Pokémon, ou tout comme.

Dire qu'ils étaient mal relevait d'un euphémisme.

Ensemble, ils se redressèrent, pour repartir, Silver laissa l'orientation entre les mains de Gold, concentré sur sa sœur, dont le souffle de plus en plus faible lui caressait le creux de l'épaule. D'un pas, le plus rapide possible compte tenu de leurs charges respectives, ils avancèrent.

Au début, ils ne comptèrent même pas les pièces qu'ils franchirent, il leur semblait qu'elles se ressemblaient toutes, et qu'elles s'agglutinaient, trop nombreuses, pour être discernées. Peut-être 10…peut-être plus… En revanche, le clac, de chaque porte derrière eux, si décisif, si tranchant, leur arrachait à chaque fois un sursaut et une certitude. Ils ne pourraient plus revenir en arrière. Ce qui, était plutôt bon pour Gold, dont Silver sentait les pas hésitants.

Et il y avait de quoi. Lui non plus…non, il avait vécu cette sensation, de savoir sa sœur, loin, dans un environnement hautement dangereux. Silver observa, la main de Gold, se balancer, d'avant en arrière, avant en arrière, à la cadence de leur marche. Et il se retint à la dernière minute de la lui prendre, pour le rassurer.

Ce n'était…vraiment pas le moment.

Il se rétracta. Finalement, après une salle, étonnement remplie d'engrenage, puis d'une autre, parsemée d'objets, aux allures électroniques, ils arrivèrent devant ce qui ressemblait à un ascenseur archaïque. Plus un monte charge à la grille rouillée. Avec appréhension, ils s'y engouffrèrent. L'engin, se mit en branle automatiquement, sans même une manipulation.

La descente dura, à leurs yeux, une éternité. Gold révisait le plan en silence, comme pour s'assurer de ne pas avoir pris le mauvais chemin et de se diriger, droit vers les enfers.

Finalement, la boîte qui les soutenait s'ébranla violemment, et tous se retrouvèrent sur les fesses, sonnés, tandis que les parois rocheuses qui avaient constitué toute la diversité de leur paysage, laissa place à une autre caverne. Ca et là, d'énormes valves déversaient un flot continu d'eau mugissante, qui s'éclatait sur les rares plateformes encore non englouties. La cabine s'arrêta, et ils descendirent. Leurs pieds s'enfonçant dans l'eau jusqu'aux chevilles.

Où…est-ce qu'ils étaient encore tombés ?

La grille se referma dans leur dos, dans un schlak macabre, et la cabine remonta en un concert de grincement. A l'autre bout de cette pièce gigantesque, un levier revint en position initiale bruyamment.

Silver observa la voûte, au dessus d'eux, qui semblait porter le poids du monde, craquelante, fissurée…

Il déglutit. Bon ce n'était pas qu'il avait peur que tout s'effondre et qu'ils meurent enterrés vivants, ou pire noyés…Mais ce n'était pas le but de sa vie ni sa plus grande envie du moment. Il trépigna.

Décidément, il détestait ce souterrain, cela lui rappelait bien trop la fosse.

Elle n'inspirait pas confiance. Gold observa de nouveau son plan, et finit par pointer du doigt une direction.

-La sortie est par-là ! Tout droit, et on est dehors.

Les voyants et conscients suivirent la direction des yeux, Ils virent un fin boyau, si étroit, qu'ils ne pourraient s'y faufiler qu'un à un. Dans un soupir résigné conjoint, ils s'y dirigèrent tout de même. Leurs pas ponctués par des clapotis de l'eau, et l'écho mugissant des cascades.

-Il doit y avoir un système de valve…Ou d'évacuation, sinon, nous serions submergés. Constata Gabriel, dans un murmure.

Merci, le gamin-qui-analyse-tout. C'était vraiment le point ici ? Silver n'aimait pas ça, tout son être, son instinct de voleur lui criait au danger. S'il y avait un système de valve, alors, celles-ci, pouvaient très bien se fermer. Les condamnant à se faire engloutir.

-Faites attention où vous marchez, il y a peut-être des pièges. Intima-t-il au groupe.
-Je sens que je vais adorer, j'ai toujours eu l'œil pour repérer les pièges, marmonna de mauvaise foi Yuki.

Personne ne rigola.

Finalement, ils arrivèrent sans encombre au passage, mais Silver préféra se mettre en tête de file, tout de même, méfiant. Avançant à un pas de fourmis, cela n'empêchait pas de voir le plafond de plus en plus bas, et les murs latéraux de plus en plus proches. Heureusement, même Akira Yuki n'était pas extrêmement grand. Il n'eut qu'à courber l'échine. Mais une personne comme Lucas, aurait été bien incommodée.

Les secondes, s'égrainaient, monotones, et Silver finit pas se convaincre, qu'ils n'y auraient plus de piège. Aussi, fut-il déconcentré par un tout autre sujet. La proximité de Gold dans son dos. Etaient-ils vraiment, vraiment obligés de se coller tous les uns contre les autres comme ça ?

Ecarlate, il sentait chacun des mouvements du brun, et se morigénait intérieurement, pour repenser à sa confession, dans un moment aussi fatidique.

Mais vraiment, vraiment, VRAIMENT, ils étaient, obligés, d'être si proches que ça ? Autant tous s'allonger les uns sur les autres, s'étaient pareils !

Soudain, il y eut un « CLAC » retentissant, qui les fit tous sursauter. Puis il y eut un hurlement. Gabriel se jeta dans les jambes d'Akira en tremblants. Derrière lui, deux portes rocheuses s'étaient refermées brutalement, un bout de son t-shirt, qui n'avait pas eu le temps de fuir, gisant entre ses mâchoires, à moitié englouti.

Finalement, c'était bien de rester collé les uns aux autres.

Génial, maintenant, ils ne pouvaient vraiment pas revenir en arrière. Ils pressèrent le pas, et finalement, ils déboulèrent dans une clairière environnant le mont argenté. La lune était déjà haute dans le ciel, et il n'y avait plus la moindre trace du jugement d'Arcéus. Tout était, effroyablement silencieux. Pas même d'oiseaux dans les arbres, de Hoot-hoot horripilants et leurs hululements. Rien.

Comme si la nature était en deuil. Pourtant, rien ne laissait deviner que la terre avait été secouée, les bourgeons germaient sous l'astre lunaire, les feuilles s'humectait d'une rosée nocturne…Juste, le silence.

Jusqu'à l'exclamation effrayée de Gold.

Capidextre s'était remis à saigner.

Ils se retournèrent d'un bond.

-Essaye de le mettre dans sa pokéball ! Cela empêchera son état d'empirer ! Vite ! Envoya Gabby.

Les mains de Gold ripèrent sur la coque lisse de sa pokéball, puis soudain il réalisa.

-Je n'ai plus sa pokéball ! C'est le Pokémon de Sam !

Ils blêmirent. Sam, qui ne considérait pas le Pokémon comme sien, et le laissait gambader joyeusement au Qg. Sam, qui n'avait surement pas pris la dite pokéball pour son voyage, préférant laisser le singe auprès de son ancien maître.

Yuki se dépêcha de fouiller ses affaires, et, avec joie, fit sortir son Kaorine. Le sort était levé.

-Tous près de moi ! Vite ! On va se téléporter…Chez la mère de Sam d'abord, pour soigner Capidextre ! Allez ! Allez !

Gold ne se fit pas prier, mais il ne manquait plus que Silver, mais quand celui-ci fit un pas en avant, il eut l'impression de recevoir un violent cou sur le crâne, et il piqua du nez, il y eut d'abord un voile immaculé, puis tout tourna au noir.

-SILVER !

Gold eut d'abord un cri d'indignation à l'encontre de son ami, qui les retardait, puis, ne le voyant pas se relever, une pointe de crainte lui remonta la trâchée. Il se rua vers lui, et tout en portant d'une main Capidextre, il retourna le rouquin pour le mettre sur le dos.

Il était blême, et sa peau glacée. Il frissonnait. Contraste parfait de Sam, qui s'était étalée avec lui, brûlante de fière, les joues rouges.

Akira s'approcha, entraîné par Gabriel, sur les lieux, et sans même jeter un regard –bien inutile vu son état- aux deux blessés, il envoya :

-On a pas le temps ! Kaorine, téléport, maintenant !

Et la sensation d'être écrasé jusqu'à être aussi épais qu'une feuille de papier, n'atteignit même pas Gold, tout son esprit, obnubilé, par les blessés et les pertes. Il se mordit la lèvre avec rancune et fureur.

Lui qui s'était longtemps cru le héros d'un livre, d'une histoire, pourfendant dragons et ennemis sans crainte ni reproche. Lui qui se répétait, inlassablement, que le bien triompherait toujours du mal, que les héros survivraient à leurs alter-égos maléfiques…Aujourd'hui, leurs liens à tous, les fils entremêlés de leurs Destins communs s'étaient disloqués en même temps que leurs présomptions d'enfants. Les Héros ne sortent pas toujours vainqueurs.

Ils venaient tous, de goûter, à leur plus âpre défaite.

« Le Hasard n'appartient pas à ce monde, tout n'est que Fatalité »

Fin de Destins Liés