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One Shot : A Silver Road. de Sushiclub



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Informations

» Auteur : Sushiclub - Voir le profil
» Créé le 02/01/2011 à 21:38
» Dernière mise à jour le 02/01/2011 à 21:38

» Mots-clés :   Drame   Johto   One-shot   Présence de personnages du jeu vidéo

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A Silver Road.
Début d'Hiver.
La neige tombe lentement sur les immeubles de Mauville. C'est bientôt Noël. En ces temps, les gens sont en train de se ruer sur les derniers articles en vente pour boucler leurs achats, ou cloisonnés chez eux pour éviter les nombreux rhumes dans cette région. Dans tout les cas, l'agitation est là.
Ses pas s'encastrent dans la neige. Il marche la tête baissée, les gens le regardent. Qu'ils aillent se faire foutre.
Pourquoi les gens s'agitent-ils ainsi ? Parce qu'il neige ? Parce qu'ils vont retrouver leurs familles ? Parce qu'ils sont heureux ?!
Il détourne les yeux d'un môme qui sourie à son père. Il est faible. Complètement soumis.
Malgré tout, ce garçon solitaire ne le sait pas, mais il envie cette relation.

Alors qu'il ne regarde pas, un homme le bouscule. Il perd l'équilibre et tombe dans la neige, sous le regard de cet imbécile. Gêné, ce dernier sourit en lui tendant la main.
-Désolé, désolé ! Je pensais à autre chose !
-Dégage.
Le garçon repousse brusquement la main tendue, se relève, et secoue ses vêtements salis.
-T'as pas entendu ? Dégage.
Perturbé, l'homme part maladroitement. L'autre le regarde s'éloigner.
Lorsqu'il est sûr que ce dernier est parti, sa vision se brouille légèrement.
Il essuie une larme.
Un homme ne tombe pas. Il ne pleure pas.

Ses vêtements luxueux sont couverts de neige. Il attire l'attention.
Ca suffit. Il ne veut plus voir tous ces gens. Unis, joyeux, insouciants. Ce n'est pas ainsi qu'on l'a formé, lui. Il n'est pas faible, pas comme eux.
En vérité, il n'a jamais pu avoir ce genre de relations.

Mécontent, il rentre dans un centre pokémon. La chaleur de l'hôpital réchauffe son corps, la vision des pokémon k-o lui refroidit son cœur. Eux aussi, sont faibles. S'il avait des pokémon, ils ne tomberaient jamais k-o. Ce n'était pas une résolution, c'était un fait.
Les pokémon qui tombent k-o sont à relâcher.

Il s'assit sur un banc. Il attend, sans savoir quoi. Une infirmière le fixe depuis une dizaine de minutes. Alors, elle vient le voir.
-Tu es tout seul ?
-Ta gueule.
La femme est choquée, mais ne renonce pas. Elle ne peut pas laisser un enfant seul dans un centre, le soir de Noël.
-Comment tu t'appelles ?
-J'ai pas de nom.
Pas question d'arborer le nom qu'il a choisi.
-Tu as quel âge ?
-Trop jeune pour toi, salope.
Elle se vexe de cette réponse. Rien d'étonnant. En vérité, il aurait cru qu'elle le frapperait dès la première réponse. Mais elle ne l'a pas fait. C'est une soumise.
-Où est ton père ?! Je vais lui dire deux mots sale gosse !
Indifférent, le garçon se lève du banc, et se dirige vers la sortie.
-J'ai pas de père.

En sortant, la neige tombe toujours. Il met les poings dans les poches, et se remet à marcher sans but. Dans son errance, il passe devant un magasin de jouet. La nuit a bien avancée, il va fermer. Devant, une petite fille attends. Elle le voit passer, et le fixe, ses yeux suivants le rythme de ses pas. Le garçon est agacé.
-Qu'est-ce que tu veux ?
Son regard est à la fois d'une étrange naïveté et d'une perception incroyable.
-Tu souffres.
Le garçon la regarde, intrigué. Il se demande si elle se moque de lui. L'approche.
-Je ne souffre pas. Je ne suis pas faible.
-Pourtant, tu es vide. Il y a quelqu'un qui te manque.
Sa voix est douce, mais lui a déjà perdu son calme. Il ne lui manque pas !
-Qu'est-ce tu fais ici toi ?!
Elle cligne lentement des yeux.
-J'attends mon papa.
-C'est bien pour toi.
-Tu attends aussi ton papa ?
-J'ai pas de papa.
Il s'est appuyé, dos contre un mur. La fille le fait aussi. Etrange couple s'il en est.
-Il est mort ?
-Non.
-Moi, j'ai pas de maman.
-Elle est morte ?
-Non.
Il la regarde bizarrement. Sa mère est partie ? …Pourquoi il se pose ces questions ?! C'est qu'une gamine !
-Depuis quand t'attends ton père ?
La fille, souriante, lui répond tout simplement.
-Deux heures. Papa a dit qu'il allait acheter des cadeaux. Alors j'attends Papa.
A côté d'eux, le magasin ferme. La fille se décolle du mur, et se met à faire quelques pas, enjouée.
-Qui c'est ton papa ?
-J't'ai dit que j'ai pas de papa.
-Il est parti ?
Le garçon est agacé. Il hésite à partir. Mais il n'arrive tout simplement pas à la laisser là. Pourtant, il ne veut pas s'attacher à elle.
-Ouais. Il est parti. Mon père est parti. Parce qu'il est faible, il a laissé tomber. On s'est engueulé, et je lui ai dit que je veux plus jamais le revoir.
-Tu t'appelles comment ?
Le brusque changement de conversation le surpris. Elle avait pourtant l'air de l'avoir écouté. Et elle ne cherchait pas plus loin. C'était tout aussi bien.
-Il m'a donné un nom. J'en veux pas.
-Alors t'as pas de nom ?
-J'ai pas besoin d'un nom.
Elle devient soudainement sérieuse.
-Je vais te donner un nom.
La fille sortit du préau où ils s'abritaient depuis quelque temps. Elle se mit à tournoyer dans la neige, rieuse.
-Maintenant tu t'appelles Silver. Parce que Mauville sous la neige, c'est une ville en argent.
Il se surprit à sourire. Silver…ça sonnait plutôt bien.
Sa nouvelle amie, car à sa grande surprise il la considérait désormais comme une amie, lui fit signe de venir.
-On va marcher tous les deux Silver !
-Et ton père ?
Elle baissa les yeux. Il se sentit terriblement coupable. Mais elle releva la tête en souriant.
-Je sais que papa me surveille. Tous les papas aiment leurs enfants.
Silver haussa les épaules, et se mit à la suivre.
Tous ? Peut-être bien.

Les rues étaient vides. A cette heure-ci, tout le monde fêtait Noël. Quelques voitures passaient encore, une dizaine en une heure. Le spectacle était désolant, mais la fille semblait toujours heureuse. Elle, elle n'était pas faible.
-Pourquoi tu parles pas Silver ?
-J'aime pas parler avec les gens.
-Les gens sont gentils. Mon papa me disait de sourire au gens.
Et regarde ce qu'il est devenu…Pensa le garçon. C'était ignoble. Le soir de Noël.
-Les gens t'empêchent d'être fort. En te liant à eux, tu deviens dépendant.
La voix de la fille se fit sèche.
-C'est pas vrai.
-Pourquoi ?
-Les gens t'aident à progresser. Avec eux, tu deviens fort.
Il voulut répliquer. Crier que faire confiance aux gens n'était qu'une erreur. Il n'avait jamais fait confiance qu'à son père dans son enfance, et quel père, et il était le premier à l'avoir déçu. Si…Peut-être que…Si seulement il l'avait soutenu…S'il ne l'avait pas rejeté ainsi…Alors peut-être…
Les larmes lui vinrent. Il ne s'était jamais senti aussi seul. Même si la fille était là.
Elle se colla à lui, et il laissa couler.
-Je…Je ne sais pas…Je ne sais pas…
-Tu dois accepter les autres Silver.
Il baissa la tête pour qu'elle ne voit pas tout l'ampleur de son chagrin.
-Il est parti…Il est parti…Je l'ai…
-Ton papa doit te chercher Silver.
-Je lui ai dit qu'il était faible ! Je lui ait dit que je n'étais pas son fils…Et lui…Il…Il a dit qu'il comprenait…Il…
-Mon papa m'aime. Le tien aussi. Il te respecte.
Silver n'en pouvait plus. Il devait se lâcher. Il devait tout relâcher.
-Il est parti… ! Il s'est tourné une dernière fois vers moi…et je l'ai ignoré ! J'suis un minable ! Toute son entreprise a chutée, et j'l'ai traité de faible !
Il tomba à genoux, et elle attendit.
Qu'il ait fini de pleurer en silence.

Lorsque Silver releva la tête, un homme en noir les fixait. Le regard embué par les larmes, il reconnut un chapeau et un blouson noir.
-P…Papa ?!
-La ferme le gosse ! Tes pokémon et ton fric !
Silver recula. Il regarda son amie, qui était impassible. L'homme en face d'eux n'était pas son père.
Car jamais son père n'aurait pointé une arme vers eux.
-On a pas de pokémon monsieur. Papa ne m'a pas donné de pokémooooon.
-Putain ! Tes pokémon et ferme ta geuele gamine ! Allez ! ¨Plus vite que ça !
Silver paniqua. Il tenta de maîtriser les tremblements dans sa voix. Parler calmement. Ne rien laisser paraître.
-Monsieur, je vous répète que nous n'avons pas de pokémon.
-Abruti ! Deux gosses dehors le soir de Noël, c'est des dresseurs ! Donne-moi tes pokémon où je te flingue !
-On a PAS de pokémon !
A côté de lui, la fille souriait. Il tressaillit. Son cœur battait plus vite que jamais. Etre menacé par une arme…Il n'aurait jamais cru ça. Que la simple vision de cet homme puisse à ce point lui tordre l'estomac.
-Papa m'a dit d'être gentille avec les gens.
-Ne lui parle pas de ton père…
-Alors je suis gentille pour faire plaisir à papa. Nous n'avons pas de pokémon. S'il vous plaît, partez mons…

BANG !
Une fumée s'échappa du pistolet. Silver écarquilla les yeux, alors qu'il sentait qu'on s'appuyer sur lui.
Le corps sans force de la jeune fille glissa contre lui.
-N…Non…
-Tu es fort Silver…
-Putain ! Non ! Non…Non !
Il se tourna vers le meurtrier. A côté de lui, elle tentait impuissamment de s'accrocher à sa main.
BANG !
La fille eut un sursaut. Cette fois, son contact lâcha. Comme si l'éloignement de sa main venait de faire baisser la température de son corps.
Elle s'étala. Par terre. Inerte. Le corps en sang.

Le meurtrier voulut parler. Mais Silver ne pensait plus à rien. Son esprit s'était arrêté.
Sans réfléchir, il se jeta sur l'homme en plein cas de conscience.
-CONNARD ! BATARD ! ENFOIRE ! Je vais…Je vais… !
Lorsque le meurtrier réalisa son acte, Silver lui avait déjà donné un coup de poing dans le ventre. Désorienté, l'homme le poussa en arrière, mais le garçon l'entraîna dans sa chute.
-Je vais te tuer ! Je vais te tuer ! JE…
En tombant, le pistolet atterrît au sol. Le meurtrier eut un instant d'hésitation, comme s'il était réticent à tuer de nouveau. Une hésitation fatale.
Silver se jeta sur le pistolet.
Et se retourna pour tirer.

Une balle en pleine tête. L'homme était bel et bien mort.
Réalisant ce qu'il avait fait, Silver lâcha le pistolet. Son corps fut parcourut de tremblements. De spasmes. Il eut un haut le cœur.
Le garçon se pencha pour vomir. Partagé entre l'horreur du cadavre de l'homme, et la douleur de celui de la fille. Alors qu'il régurgitait, des larmes coulaient en même temps.
Il avait tué un homme !
Bordel, il avait tué un homme !
Et…Et la seconde personne a qui il avait décidé de refaire confiance…venait elle aussi de le lâcher.
Il ne connaissait même pas son nom…Le garçon vomit à nouveau.
-…J'ai mal…J'ai tellement mal…
Il aurait voulu pouvoir se tuer. Il était faible ! Faible lui aussi ! Se lier au gens n'est pas un moyen de devenir plus fort !
Une crise de larme le saisit. Il ne l'aurait pas rencontré…Serait-ce arrivé ? S'il s'était tenu à ses règles…à ne faire confiance à personne…elle serait vraiment morte ?!
-Je veux mourir…


Le lendemain.
Il a marché toute la nuit. Son errance l'a mené à la bourgade de Bourg-Geon. La neige a cessé. En ce début de matinée, un bâtiment a déjà les lumières allumées.
Les yeux rouges et brûlants, le garçon s'approche. Il y a une pancarte : « Prof.Orme, cherche coursier ».
« Prof.Orme » ? Il en a déjà entendu parler. Curieux, il voit la fenêtre d'où filtre la lumière.
Le garçon s'approche, sûrement et discrètement. Son regard passe outre les carreaux. Un homme et un Kaiminus. Le pokémon de base des dresseurs de Johto.
Dans ce monde, il ne lui restait qu'une seule façon de survivre. On avait failli le tuer pour être un dresseur. Aujourd'hui, il avait décidé d'en faire une bonne raison.
Ce Kaiminus lui plaisait. Un pokémon fort, pour un dresseur fort.
Et il serait un dresseur fort.
Sans l'ombre d'un doute.





Deux jours plus tard, il serait recherché pour avoir volé. Un gamin à casquette serait interrogé par les policiers. Et en guise de nom pour le traquer, pour qu'un jour peut-être, son crime soit expié, ironiquement, ce jeune dresseur le nommerait Silver.