Légende en poche de Dracaufeu2828

« Allez, dépêche-toi, Lucas ! On va finir par être en retard à la bibliothèque ! Et on aura une punition si on n'est pas à l'heure ! »

Lucas était à la traine derrière Eva, sa voisine de classe. Pas sa faute s'il avait dû marchander ! Les 5000 Pokédollars demandés par le type pour cette ball, il ne les avait pas ! Mais l'inconnu n'était pas très féroce en affaires : il était descendu sans protester à 700 Pokédollars. Lucas était fier de lui : il méritait le titre de fils du gérant du centre commercial de Doublonville. Personne ne pouvait le battre en discussions d'affaires, pas même son père. Et cette ball était très belle. Ses couleurs lui plaisaient beaucoup. Et avec cette merveille, il aurait sans doute la chance de capturer son premier pokémon. Car comme tous les petits garçons de son âge, il avait un rêve : devenir maître pokémon. Mais il n'avait même pas de pokémon, alors de là à devenir le plus puissant des dresseurs... Il y avait un monde ! Mais maintenant, plus besoin de s'inquiéter : il avait de quoi faire sa première capture, et cette excursion scolaire à Joliberges lui permettrait de capturer un pokémon rare et exotique qu'on ne peut pas trouver à Jotho, sa région natale. Mais seule entrave à son bonheur : la bibliothèque de Joliberges. Lucas aimait lire, beaucoup. Mais ce qu'il aimait, lui, c'était les bons romans, et avec sa maîtresse, ce n'était de loin pas gagné. A chaque fois, c'était la même chose : ils devaient lire de vieux bouquins poussiéreux sur l'arrière grand-père de Mathusalem ou sur tel poète dont l'occupation était de créer des comptines pour gamins de quelques mois. Et ça, c'était vraiment atroce. Heureusement, il y avait Eva.

Eva. L'intello de la classe. Elle partageait son aversion pour ces vieux manuscrits, mais elle tenait toujours le coup. Une vraie battante, cette fille. Et elle était super sympa avec ça : elle soufflait les réponses à Lucas pendant les contrôles (pas toujours, il avait des connaissances, tout de même !) et l'aidait dès qu'il ne comprenait pas un exercice. Si bien que Lucas avait fini par tomber amoureux de ses yeux bleus, de ses cheveux en cascade et de son sourire enchanteur.

Ils couraient à toute allure, les longs cheveux d'Eva flottant au vent, et étaient essoufflés. Tout d'un coup, un homme en costume de marin fit son apparition au coin de la rue. Lucas voulut virer à gauche pour l'esquiver, mais il trébucha, s'emmêla les pieds, glissa sur un vieux prospectus et ne put éviter le choc. Il s'étala de tout son long. Le matelot le releva de ses bras robustes et s'excusa :

« Désolé, moussaillon ! J'aurais dû regarder où j'allais. Excuse-moi. Je cherchais des clients, les affaires ne vont pas fort. Je me présente : Harold Salaberge. Je suis marin, vous l'avez sûrement remarqué. Mon travail, c'est d'emmener des touristes sur les îles environnantes. Malheureusement, la plus visitée... Eh bien, elle ne l'est plus du tout. Tout ce cirque à cause d'une légende concernant un pokémon très puissant qui vivrait sur cette île... Tsss, ça n'a jamais été prouvé et cette légende date presque de la création du monde !
- Ben, si elle est si vieille, pourquoi en reparle-t-on maintenant ? Demanda le garçon, intrigué.
- Il y a eu... Un problème lors de la visite de l'île. Un adolescent d'environ quinze ans a disparu, lors d'un voyage scientifique ayant pour but de trouver le dit pokémon.
- Je comprends mieux !
- On n'a aucune preuve que ce soit un enlèvement et non pas une petite fugue. On l'a retrouvé le lendemain. Mais la nuit avait été glaciale.
- Il est... Mort ? S'inquiéta Eva.
- Oh, ça non ! Il délirait un petit peu. Mais il a vite retrouvé la raison. Seulement, il a affirmé avoir aperçu la silhouette d'un pokémon avant d'avoir perdu connaissance, et de s'être évanoui ailleurs que là où on l'a retrouvé. Et il avait une grosse griffure dans le dos. Cela dit, ça ne prouve rien : tout le monde sait que des pokémon sauvages vivent sur l'île. Et de plus, récemment, l'Association de Protection des Pokémon a relâché trois Teddiursa sur cette île, on peut supposer qu'ils ont évolué et qu'ils l'auront attaqué... Même si, d'après ce gamin, la silhouette était plus petite que celle d'un Ursaring et plus grande que celle d'un Teddiursa. Mais on a fouillé l'île, on n'a rien trouvé correspondant à la description qu'il nous avait fait. Il se sera endormi et aura fait un cauchemar... »

Le marin tourna la tête. La maîtresse d'Eva et Lucas venait de faire son arrivée. Elle voulut les réprimander, mais l'homme lui expliqua ce qu'il s'était passé. Curieusement, elle l'écouta attentivement, elle qui était pourtant allergique aux retards. Elle semblait sous le charme. Un véritable coup de foudre, assurément, puisque deux minutes plus tard, elle qui ne voulait jamais dévier du programme scolaire, elle annonça que la classe allait se rendre sur l'île, et ils partirent à bord d'un bateau.

***

Lucas était baba. L'île n'était de loin pas lugubre, comme il l'avait imaginée, bien au contraire : les arbres étaient couverts de feuilles vertes, les vagues venaient mourir dans un bruit apaisant sur la côte, l'odeur sucrée des baies Oran se répandait dans l'air, de petits Etourmi piaillaient dans leur nid... Tout était enchanteur. Lucas décida de s'arrêter pour renifler le parfum suave des fleurs, sans s'apercevoir que la classe s'éloignait, guidée par le marin à travers l'île. Quand il se retourna, il était seul. Il chercha à droite et à gauche, sans succès. Il appela longuement, à en avoir une extinction de voix, aucune réponse. Il arriva dans une clairière, et une grande flaque trônait en son centre. Il s'aperçut soudain qu'il faisait presque nuit noire. Il n'était pas rassuré. Il cria :

« Ohé ! C'est moi, Lucas ! Il y a quelqu'un ? Venez me chercher, je suis là ! »

CRAC ! Une branche se brisa dans les fourrés, ce qui effraya Lucas, qui se retourna. Dans les broussailles, il lui parut entendre un ricanement. Il bégaya :

« M... Madame Dupré ? Vous êtes venue me chercher ? C'est... C'est bien vous ?
- Non, répondit une voix amusée. Tu as peur ? Oh, magnifique. J'adore la peur. Tu ne t'enfuis pas ? Tu es... Figé de peur ? Parfait ! »

Lucas aperçut une ombre dans les buissons. La silhouette se déplaça, pour lui tourner autour. Le garçon était terrifié, il se sentait pris au piège. L'angoisse monta en lui, quand un pokémon apparut. L'enfant voulut hurler, mais le nouveau venu lui plaqua sa patte sur la bouche avec un sourire narquois. Lucas suait à grosses gouttes, les yeux écarquillés, mais le pokémon semblait toujours aussi moqueur. Il lui susurra à l'oreille :

« Parfait, vraiment... J'attendais un gamin de ton âge depuis quelques jours déjà... J'ai besoin d'un émissaire, vois-tu. Ou plutôt d'un menteur. Et je ne pouvais pas utiliser un scientifique pour ce que j'ai à faire, les humains de ce genre n'ont pas le droit d'affirmer une chose précise. Tu vas retourner chez tes semblables et leur annoncer qu'il n'y a personne, sur cette île. Aucun pokémon légendaire. Que l'adolescent a menti. Débrouille-toi pour être convaincant, il faut qu'on y croie. Il faut qu'on cesse d'envoyer des scientifiques dans le but de me capturer. Si tu me trahis, tu subiras ma colère. »

Lucas réussit à se dégager, et demanda, tremblant :

« C'est... Vous ? Le légendaire ?
- Bien entendu, le railla le légendaire, tu pensais quoi ? J'ai croisé ce bonhomme il y a deux semaines exactement. J'étais tranquillement en train de dra... De boire un jus de baies. Et puis ce type m'a trouvé et a voulu me prendre en photo. J'aurais eu tous ces dresseurs avides de pokémon puissants aux trousses. Je me suis alors chargé de rappeler à cet humain pourquoi on évite de se frotter au courroux d'un légendaire... »

Le pokémon se vanta de sa puissance sans se méfier. Pourquoi aurait-il dû, me direz-vous ? Eh bien parce que Lucas venait de se souvenir de la ball qu'il avait achetée. Il glissa discrètement sa main à sa ceinture, et dès qu'il eut empoigné l'objet, il ne laissa pas au pokémon le temps de finir et lança la sphère. Elle se referma si facilement que Lucas eut un doute sur le lignage du pokémon. Un légendaire, ce n'est pas si facile à capturer... Mais il se souvint d'un coup d'avoir déjà vu cette ball particulière dans un livre. Elle avait un nom qui trahissait déjà sa performance : Master ball. Elle capturait, soi-disant, le pokémon à coup sûr. Lucas avait toujours pensé que c'était seulement une sorte de publicité, mais il était à présent forcé d'admettre qu'elle était vraiment extraordinaire.

Il se souvint que cette ball ne lui avait pas uniquement sauvé la mise : elle lui avait permis de capturer son premier pokémon. Ce n'était pas rien ! Un légendaire comme starter, le rêve ! Oui, mais... Un légendaire qui parlait et qui avait failli tuer un adolescent. Lucas voulut alors jeter la ball à la mer. Mais après y avoir réfléchi, il trouva cela cruel pour le pokémon : ce n'est pas parce que quelqu'un a commis une erreur qu'on doit refaire la même. Autrement dit : malgré sa méchanceté, ce légendaire méritait une seconde chance. Le garçon allait s'excuser auprès du pokémon pour sa vive réaction, lorsque la voix d'Eva retentit :

« Le voilà, je l'ai retrouvé ! Venez voir, il est là ! »

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Note de l'auteure :

A votre avis, le "dra...", c'est quoi ? Quelle est la fin du mot, d'après vous ? Et avez-vous apprécié ce début ? Je l'espère... Parce que la suite, elle est encore mieux !

Remarque, ça fait presque un an maintenant que j'avais pas touché à la fic, alors, j'me suis améliorée en écriture... Dites-moi si vous remarquez une modification à partir du chapitre 7, ce serait gentil, que je sache ce qui a changé dans mon style...