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La petite maison sur la falaise [One-Shot] de Clément Imperial



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Informations

» Auteur : Clément Imperial - Voir le profil
» Créé le 30/12/2009 à 12:26
» Dernière mise à jour le 12/06/2010 à 19:09

» Mots-clés :   Absence de combats   Absence de poké balls   Hoenn

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Chapitre unique
Hoenn, terre au doux vent et à la mer majestueuse.
Hoenn, aux superbes paysages recouverts de neige en cette veille de Noël.
Hoen, magnifique pays, en tout temps en toutes heures.

Sur une falaise était perchée une petite maison.
Une femme blonde aux yeux bleus finissait de lire un livre. Un léger maquillage mettait en valeur son visage fin et encore jeune. Elle était assise sur un canapé lilas dans un petit salon douillet décoré de guirlandes et de bougies.

- Rose ?... Rose !
Entendant qu'on l'appelait, la femme leva les yeux de son livre et les posa sur Paul, un homme brun d'une trentaine d'années au regard velouté.
Il annonça à son épouse que le dîner n'allait sûrement pas se faire tout seul.
Rose esquissa un sourire à cette taquinerie qui datait des premiers jours de leur mariage et se leva. Il s'approcha d'elle et l'enlaça. Elle allait poser ses lèvres sur les siennes, quand un petit rire cristallin l'arrêta dans son élan.
-Papa et maman vont s'embrasser !
Les deux adultes regardèrent leur fille de trois ans, Topaze, qui se tenait devant eux. La petite fille avait des yeux d'une étonnante couleur qui justifiait son prénom. Elle portait ses longs cheveux bruns dénoués sur une robe de princesse rose parsemée de cœur violets.

Paul sourit en se disant qu'il était un père et un mari comblé.
- Non, Topaze, papa et maman ne vont pas s'embrasser, car maman doit préparer le repas.
Avant de se diriger vers la cuisine, Rose se retourna vers sa fille pour lui demander :
-Tu veux aider maman à faire la cuisine ?
-Nooon !!!
Et la petite courut à toutes jambes en direction de sa chambre où elle sauta sur son lit en riant.

Le soir, la petite famille dîna sur la terrasse couverte avec vue sur la mer. Il avait neigé dans la journée et la plage était recouverte d'un fin manteau blanc. Le paysage était grandiose.

- Topaze, ma princesse, il est l'heure d'aller au dodo !
- Oh non ! Je veux attendre l'arrivée du Père Noël !
Rose prit sa fille dans ses bras et la porta jusqu'à sa chambre. Là, les parents la bordèrent, mais la petite ne voulut pas s'endormir avant d'avoir entendu une histoire.
Paul sourit, s'assit sur le lit à côté d'elle et commença.

« Il était une fois, il y a très longtemps, dans un très lointain pays, une jolie princesse qui aimait un jeune paysan. Mais son père, le roi, ne voulait pas qu'elle épouse un simple paysan. Le jeune homme imagina alors un plan : il demanda à un Pokémon légendaire, Cresselia, d'enlever la petite princesse pour lui. Mais Cresselia ne pouvait enlever la demoiselle que pendant son sommeil. Le problème, c'est que la petite princesse ne voulait pas dormir, car elle réclamait toujours une histoire... Elle ne put donc pas se faire enlever et rejoindre son amoureux. Et depuis, elle est malheureuse... »

Paul s'arrêta de parler et demanda à Topaze :
-Et toi, tu veux t'endormir ou pas ?
La petite fille hocha la tête, alors son père l'embrassa sur le front, puis sortit de la chambre en éteignant la lumière.

Les parents veillèrent encore un peu.
Juste avant d'aller se coucher, ils sortirent sur la terrasse et s'avancèrent pour admirer une dernière fois la vaste étendue marine à leurs pieds.
Rose frissonnait et Paul l'enlaça tendrement :
- J'aime l'odeur du vent salé dans tes cheveux...
Rose se blottit tout contre lui et ronronna de contentement.

Le lendemain, Topaze se réveilla de bonne heure, sortit de sa chambre et regarda un peu partout, impatiente de découvrir les joujoux que le Père Noël lui avait apportés pendant son sommeil.
La petite famille se réunit dans le salon, devant un grand sapin chargé de décorations et de guirlandes lumineuses.

Topaze se jeta sur les cadeaux et déballa avec ravissement une peluche Teddiursa et une dînette en plastique.
Rose découvrit avec des yeux émerveillés une bague ornée d'une superbe topaze. Quant à Paul, il feuilleta, ravi, ses deux livres d'archéologie, domaine qui le passionnait depuis son plus jeune âge.

Le couple s'embrassa tendrement et décida de faire une petite balade le long de la falaise. Ils proposèrent à leur fille de se joindre à eux, mais la petite préféra rester à l'intérieur pour préparer à manger à son nounours.
Les parents sortirent et Topaze les accompagna sur le pas de la porte. Ils lui sourirent et lui firent un petit coucou de la main :
- Nous revenons très vite, sois bien sage, mon cœur !

Et soudain, ce fut le drame.

Un Grahyena surgit d'un bosquet et se précipita sur le couple.
Il bondit sur Paul et le percuta violemment à la poitrine. L'homme, totalement surpris par l'attaque, tomba à terre sans pouvoir esquisser le moindre geste de défense.
Le Pokémon maintint sa proie au sol en lui appuyant les pattes avant sur la poitrine et enfonça profondément ses canines dans le cou dénudé, bloquant net le hurlement qui montait de la gorge offerte.
Un flot de sang jaillit en saccades de la carotide sectionnée et arrosa la neige alentour.

La petite fille et sa mère ouvraient des yeux exorbités, tétanisées d'effroi.

Quand le corps du père de Topaze cessa de se convulser, le Pokémon morsure planta profondément ses griffes dans l'abdomen et le lacéra à plusieurs reprises jusqu'à dénuder les viscères. Puis il plongea son museau écumant de bave dans les entrailles fumantes et fouilla goulûment.
L'air se remplit de l'odeur métallique du sang et des boyaux qu'on vide. Des bruits de succions, entrecoupés de grognements de satisfaction, montaient du cadavre encore chaud.

Topaze avait plaqué ses mains sur ses oreilles et hurlait sans discontinuer.
Rose sembla s'éveiller du cauchemar et se précipita vers le corps de son mari en une dérisoire tentative pour chasser le Grahyena.

Comme s'ils n'avaient attendu que ce moment, deux autres Pokémon arrivèrent. Un Absol et un Cornebre.
Le Pokémon désastre fondit sur Rose et lui ouvrit le ventre d'un seul coup de sa corne effilée.

La femme porta ses deux mains à son abdomen et regarda d'un air hébété ses doigts poisseux de sang, trop surprise pour penser à hurler. Elle tomba à genoux, tentant maladroitement de retenir ses intestins qui s'échappaient de la plaie fumante et faisait fondre la neige en se répandant au sol.
Ce n'est qu'à ce moment que sa gorge se libéra d'un long cri de douleur, strident, interminable, qui se répercuta en écho contre la falaise, puis qui s'éteignit enfin sur une note discordante.
L'Absol fit basculer le corps éventré et sans vie sur le côté et y plongea la tête pour se rassasier à son tour. De temps en temps, il relevait son museau souillé de débris sanguinolents pour surveiller les alentours.
Entre-temps, le Cornebre s'était posé sur Paul et lui picorait les yeux, gobant d'un seul coup chaque globe vitreux.
Quand il eut fini, il s'attaqua au cerveau.

Topaze ne hurlait plus. Elle n'en avait plus la force.
Un puissant haut-le-cœur la secoua.
Elle eut encore le réflexe de rentrer dans la maison, de claquer violemment la porte, avant de vomir.

Pendant ce temps, le Grahyena s'était approché du corps de la femme, cherchant à en arracher des lambeaux de chair encore chaude.
L'Absol leva la tête et montra les dents en guise d'avertissement. Un grognement sourd faisait frémir son poitrail maculé de sang et hérissait son pelage neigeux. Soudain, le Grahyena bondit sur le Pokémon désastre. Mais ce dernier fit un pas de côté pour éviter la collision et l'autre, emporté par son élan, bascula de la falaise dans le vide, allant s'empaler des dizaines de mètres plus bas sur les pics rocheux qui défendaient la côte.

Topaze n'eut pas la force d'aller plus loin que l'entrée. Elle s'effondra comme une poupée de chiffon contre la porte. Elle essaya de se relever, mais ses mains et ses jambes ne lui obéirent pas.
Son visage couleur de cire était devenu inexpressif. Elle était parcourue de tremblements incontrôlables. Sa bouche restait entrouverte sur un long cri muet qui ne parvenait plus à sortir.

Elle n'entendait même pas les puissants coups de bec du Cornèbre contre les baies de la véranda.

Elle rampa sur le plancher et attrapa sa peluche Teddiursa.
Elle commença par la bourrer de coups.
Puis elle en arracha méthodiquement les yeux, le nez et les pattes. Et quand le nounours fut complètement éventré, elle plongea ses mains dans la mousse qui le garnissait et les porta à sa bouche.
Elle vomit encore.

Elle ne perçut pas le vacarme du verre brisé quand la véranda céda enfin.

Finalement, le cœur crevé, elle ferma ses yeux, elle laissa tomber sa tête sur la peluche déchiquetée et souillée et bascula dans l'oubli bienfaisant de la mort.

C'est dans cette position que le Cornebre et l'Absol la débusquèrent.

Les premiers policiers qui arrivèrent sur les lieux furent pris de nausée et ne purent se retenir.
Ceux qui pénétrèrent à l'intérieur découvrirent le cadavre d'un enfant, horriblement mutilé. Seuls quelques mèches d'une longue chevelure brune et les restes d'une robe de princesse leur indiquèrent que le corps était celui d'une petite fille.
Du sang, visqueux et poisseux, maculait le sol. Des débris non identifiables avaient giclé jusque sur les murs.

Soudain, les enquêteurs virent un Absol et un Cornèbre souillés de matières sanguinolentes foncer sur eux, corne et bec en avant. Ils dégainèrent et abattirent les deux Pokémon de multiples coups de feu.
L'Absol tituba, le corps percé en plusieurs endroits, tomba lourdement à terre. De petites bulles rosâtres moussèrent encore de sa gueule et son cœur cessa de battre.
Le Cornèbre, quant à lui, fut secoué de longs spasmes d'agonie avant de s'immobiliser définitivement.

Grâce à un collier retrouvé sur la dépouille de l'Absol, les policiers retrouvèrent son maître.

Après une enquête approfondie, on prouva que l'homme était un adepte de rites pseudo-sataniques : il consommait du cerveau ou du cœur humain.
Ses pokémons l'observaient en cachette, mais n'y participaient pas.

Ayant des problèmes d'argent pour se procurer le matériel nécessaire à ses rites, il avait préféré affamer ses Pokémon plutôt que de renoncer à ses pratiques cannibales.
Privés de nourriture, les Pokémon, d'ordinaire pacifiques, n'avaient pas trouvé d'autre moyen pour survivre que de répéter les gestes de leur maître.
La nature humaine les avait transformés en machines à tuer.

Le dresseur fut jugé et condamné à perpétuité pour avoir affamé ses Pokémon, pour homicide involontaire et pour actes de cannibalisme.

Ces crimes furent considérés comme les plus ignobles et les plus sanglants qu'il y eut jamais à Hoenn. Dans la police, le surnom donné à cette affaire fut "La boucherie", évocateur, non ?