Pour en finir
Sylvain était maintenant parti depuis plusieurs minutes et Thomas parlait toujours avec Félix et les autres.
-Comprenez-moi ! J'ai déjà risqué tout pour elle. Si je ne fais rien maintenant, alors qu'on a l'occasion de tout stopper, c'est comme si nos sacrifices avaient été inutiles.
-Qu'est-ce que je peux dire contre ça… Marmonna Félix.
Léon eut un sourire.
-J'étais jeune à l'époque, mais sa façon de parler… C'est celle de Marc.
-En tout cas, si tu vas à ce rendez-vous, reprit Félix, nous serons là pour te protéger.
-Tu veux tout faire foirer ? Il a dit que nous deux !
-Tu crois qu'il va respecter ses propres règles ? Que crois-tu qu'il va se passer là-bas ! A ton ''rendez-vous''.
-On va se battre comme des porcs !
-Et tu crois que lui va venir sans armes ?
-Bah il l'a dit.
Razor se prit la tête entre les mains, contenant son énervement comme il le pouvait.
-T'es stupide ou quoi ? Il veut te TUER ! Il te dit de venir sans rien parce qu'il sait que t'es assez con pour croire à un combat à la loyale !
-Moi je ne pense pas. Hannot veut se débarrasser de moi, mais il veut le faire dans les règles de l'art.
-Tu connais même pas ses règles de l'art !
-De toute façon j'irai !
-Je pense pas qu'on puisse faire grand chose…
-Non.
-Tâchons de cumuler notre attaque du QG de Bordeaux avec ton rendez-vous. On sera dans les parages en cas de problème.
-Si ça peut vous rassurer.
Maxime qui s'était tue jusqu'à maintenant prit alors la parole :
-Que fait-on de Marie ?
-Et bien je… commença Félix.
-Elle vient avec vous !
Léon, Razor et Félix le regardèrent avec de grands yeux.
-Avec nous ?
-Elle ne pourra pas être plus en sécurité, et les Rockets croiront qu'elle est restée chez moi.
Razor eut un petit sourire :
-Ce n'est pas idiot. On s'assurera de sa protection comme ça.
-JE m'assurerai de sa protection, fit Maxime en insistant bien sur le début de sa phrase. Il n'arrivera rien à Marie. Je l'ai déjà protégée, je le referai.
Thomas se retourna et le regarda plusieurs secondes.
-Tu serais pas amoureux toi ?
-Si, de Laetitia Dumiax. Mais je ferai tout pour protéger ta copine, parce qu'elle le mérite, et je sais de quoi je parle.
-Elle en a de la chance. Je suppose que tu ferais pas ça avec moi.
-C'est clair, tu pourrais crever.
-…
Léon se leva alors et fit d'une voix presque solennelle :
-Très bien. Alors préparez vos affaires, nous partirons le plus tôt possible, et nous attaquerons le 3 Avril, le jour même du rendez-vous de Thomas avec Jack.
Félix se leva à son tour, mais ne semblait pas convaincu.
-Très bien, je ne pense pas que j'ai mon mot à dire. On a qu'à faire comme ça.
Razor prit sa veste et la mit sur son épaule.
-Mouais. Ca risque d'être la fin des haricots, pour eux, ou pour nous. Mais ça peut être intéressant.
C'est ainsi que l'attaque finale fut datée. Le 3 Avril 2005, les Antis donneraient l'assaut sur le QG de Bordeaux pour mettre un terme aux agissements des Rockets et anéantir leur activité pour toujours en France. Depuis la création de cette mafia, après la seconde guerre mondiale, à aucun moment le groupe ennemi n'avait été tant affaibli que maintenant. Enfin, une seule fois, lorsque le Triumvirat régnait et que Félix, Sylvain et Marc allaient porter le coup fatal à l'organisation criminelle. Mais Hannot avait réussit à sauver la mise, en pourrissant les Antis de l'intérieur, en plaçant beaucoup d'agents doubles. Dégoûté, Marc Bratin avait alors quitté le mouvement… sans pour autant stopper ses agissements. Son assassinat avait permit à Jack Hannot et aux Rockets d'éviter le pire, et voilà que, plusieurs années plus tard, grâce à la déroute de Mars 2004 et l'explosion d'un QG entier, les Rockets se trouvaient à nouveau sur la sellette. Cette fois, un des deux groupes allait disparaître, car de deux côtés, les élites allaient se battre.
* * *
-Mais je vais rester toute seule ici ?
-Léa, je ne pense pas que tu sois connue des Rockets, et je ne veux pas que tu prennes des risques inutiles !
-Mais…
-S'il te plait ma puce, ne rends pas les choses plus compliquées. Ici, tu seras en sécurité. Ton père veillera sur toi, et il y aura Rose.
-Et toi ? Je croyais que tu ne voulais plus t'associer aux Antis !
-Je me charge juste de veiller sur Marie !
-…
-Allez, Léa, t'inquiète pas.
-Et Thomas ? Tout se passera bien ?
-Tu sais, après tout ce qu'il a fait, je ne me fais plus de soucis pour lui.
-T'as certainement raison… Mais je ne peux pas m'empêcher de m'inquiéter.
-Je comprends.
* * *
-Faites-le entrer.
La porte s'ouvrit et apparut alors un homme d'assez petite taille, la tête baissée.
-Je vous écoute.
-Les…les nouvelles sont… euh…
-Je vous écoute, répéta Hannot en articulant chaque syllabe.
-…mauvaises. Aucune réussite. Nos fonds baissent à vue d'œil, nos actionnaires nous abandonnent les uns après les autres et plusieurs de nos comptes en banque ont été bouclés.
-Ce n'est pas le plus grave, répondit calmement le Caïd, le plus gros est en Suisse. Parlez-moi des opérations.
-Elles ont toutes échoué… Les agents 22, 31, 34 et 37 ont été emprisonnés. Nos laboratoires à Tours, Grenoble, Poitiers et Marseille ont été investis par la police, nos partenaires ne nous accordent plus confiance, les…
-Ca suffit… Vous pouvez y aller.
-Au…revoir monsieur Hannot.
Jack resta silencieux dans son bureau, jusqu'à ce que son téléphone ne sonne.
-Hannot ?
-Lord…
Un silence… Hannot le brisa après quelques secondes.
-Que puis-je faire pour vous ?
-Plus grand chose Hannot. Père et moi attendons.
-Attendez… Des résultats ?
-Exact Hannot. Nous ne pouvons continuer à subventionner la Mafia Rocket de France si les résultats ne sont pas là.
-La Mafia Rocket de France, répondit Jack en imitant la façon dont Lord Rocket l'avait prononcé, n'existera bientôt plus.
-…
-Je suis las, Lord, fatigué de ce combat contre les Antis.
-Je me fiche de…
-Mais, coupa Hannot, il me reste une dernière carte à jouer. Quand bien même je ne pourrai pas porter de coup fatal aux Antis, je réussirai tout de même à remplir mon objectif…
Il laissa un blanc puis reprit :
-Supprimer la lignée Bratin.
-Je n'apprécie pas que vous me coupiez la parole ainsi Hannot !
-Et moi je ne vous apprécie pas James.
On entendit un murmure d'étonnement à l'autre bout du combiné. James n'avait pas l'habitude qu'on l'appelle par son prénom. Hannot poursuivit, d'un ton monotone :
-Votre père savait bien mieux motiver ses troupes. Vous ne portez pas bien son nom, ni son prénom d'ailleurs. Vos menaces juvéniles ne prennent pas sur moi. Au revoir.
James raccrocha le téléphone, sans un mot.
-Hannot… espèce de…
Un des domestiques du manoir s'approcha du jeune homme et toussota pour marquer sa présence.
-Lord, votre père vous appelle.
-J'arrive.
Jack Hannot entendit sa porte toquer puis vit deux hommes et une femme entrer dans son bureau.
-Yellow, Green, Blue, fit-il en les dévisageant, cette fois-ci j'ai fait appel à vous car nous jouons gros. En fait, nous jouons tout. Cependant, j'ai confiance. Les Antis vont frapper un grand coup mais nous serons là pour les annihiler une fois pour toute. Je vous rappelle votre mission : d'après nos informations, les meilleurs Antis vont s'attaquer au laboratoire principal, il y aura certainement des chefs Antis comme Félix Gillier, Sylvain Flanel, Léon Binners ou encore Razor… Vous serez là pour les accueillir comme il se doit.
Un des hommes leva un sourcil interrogateur.
-Et le fils de Bratin ?
-Je m'en charge…