Chapitre 13 : Mécanique et panique
Le lendemain matin, je me levai aux alentours de dix heures. Après m'être habillé, je descendis dans la salle à manger du centre pokémon, où je rejoignis Kim qui m'attendait.
- Dis-moi, ça t'arrive de te lever à des heures raisonnables ? Je t'attends depuis au moins une demi-heure.
- Pardon... Mais je n'ai pas l'habitude de me lever tôt, surtout si personne ne me réveille.
- Demain, je ferais en sorte que tu te lève à la même heure que moi.
- Vu la façon dont tu m'as levé la dernière fois, je préfère encore régler ma montre pour neuf heures.
Kim lâcha un sourire à cette remarque, auquel je répondis pareillement.
Jusqu'à ce que j'aie fini de déjeuner, nous gardâmes le silence.
*****
- Qu'est-ce que tu as prévu pour aujourd'hui ? demanda Kim alors que nous sortions du bâtiment au toit rouge.
- Je ne sais pas encore. Je n'y ai pas pensé, à vrai dire. Pour la course, il faudra que je m'entraîne à la maîtrise de l'overbike. En attendant, peut-être qu'un petit entraînement ne me ferai pas de mal.
- Ne t'inquiète pas pour ça ! Tu es assez doué en combat pour ne pas te faire bêtement avoir par ces idiots d'Epsilon. Si tu veux absolument t'occuper, il va falloir que l'on trouve un endroit où améliorer notre module. D'après Kilian, Sakura et les convoyeurs d'hier, notre véhicule n'a aucune chance de terminer la course en entier.
- T'as raison ! Essayons de trouver un bon endroit pour le customiser ! fis-je en enjambant la selle de mon véhicule.
*****
Une heure de recherches intensives s'écoula alors, pendant laquelle je pus voir que presque toute la ville semblait livrée à elle-même : des gangs dans les rues en train de se battre, des hommes en train de démonter des pièces de véhicules et même des braquages de banques ou de bijouteries.
Pendant cette traversée des rues de la ville, je ne pouvais pas m'empêcher de me dire que tout ça ne pouvait pas durer plus longtemps. Qu'est-ce que les autorités foutaient pour que la région soit dans cette situation ?
En attendant, la plupart des bâtiments que nous trouvions pour améliorer les performances de mon véhicule étaient soit remplis d'escrocs en tout genre, soit se fermaient en nous voyant arriver avec l'uniforme de l'USP.
Alors que je commençais à désespérer de trouver enfin un mécanicien compétent et honnête, nous arrivâmes devant un bâtiment coincé entre deux autres édifices, marqué d'une enseigne « Garage » rouge et bleue. Des bruits métalliques s'échappaient de sous un rideau de fer, en même temps que le son d'une radio en train de diffuser un morceau de rock se faisait entendre de l'intérieur.
- Je connais ce morceau... pensais-je. Bizarre, je pensais pourtant que la musique d'ici serait différente...
- Qu'est-ce qu'on fait ? On rentre ? demanda Kim.
- Hein ? Euh... oui ! Mais pour plus de sûreté, enlevons nos vestes ! Les derniers à avoir vu notre uniforme nous ont claqués la porte au nez !
- D'accord !
Je rangeais le gilet orange dans le coffre dans la selle de l'overbike, suivit par Kim et je refermais en verrouillant la machine avec la télécommande.
- Salut ! Y'a quelqu'un ? demandais-je en même temps de soulever la porte métallique.
- Attention, Mac ! Ne te laisse pas déconcentrer ! Descends-moi ça en douceur…
A l'intérieur du garage, un homme habillé d'un bandana rouge, d'un haut à manches courtes et d'un pantalon vert raccourci jusqu'aux genoux était en train de donner des consignes à un Machopeur, en train de descendre un moteur dans le capot d'une voiture à l'aide d'une corde solidement attachée autour.
- Vas-y Mac, encore un peu ! T'y est presque ! encouragea l'homme. Plus que quelques centimètres !
- Macho !
- Voilà, parfait ! Génial, Mac ! T'as bien mérité de te reposer, je vais m'occuper du reste.
- Machopeur ! fit le pokémon Combat en allant dans une salle adjacente à la nôtre.
L'homme se tourna alors vers nous, sortant un cure-dent en bois d'une des poches de son pantalon, qu'il glissa entre ses dents.
- A vous, maintenant ! Mon nom est Nick et vous ? Vous êtes qui ?
- Je m'appelle Dean et voilà ma coéquipière, Kim.
- Alors, Dean et Kim… Je peux savoir ce que vous venez faire ici ?
- Eh bien, en fait… On est ici parce qu'on cherchait un garagiste pour m'aider à améliorer les performances de mon overbike.
- Un overbike, hein ? Et où il est, cet engin ?
- Garé dehors !
- Alors, laisse-moi réfléchir… fit-il en jetant un coup d'œil vers le véhicule garée au bord du trottoir. Bon, je vais te donner les trois raisons qui vont me pousser à te répondre. Premièrement, lorsque le rideau du garage est fermé, c'est que je bosse et que personne ne doit venir me dérangé ! Compris ?
- Euh… Oui, bien sûr ! Désolé !
- Deuxièmement, vous débarquez tranquillement chez moi et vous me demandez si je peux vous fournir de l'aide comme ça !
- On a de l'argent, si c'est ce que vous voulez.
- M'interromps pas, gamin !
- Pardon !
- Et enfin, troisième raison, vous êtes en possession d'un modèle d'overbike vieux de plus de dix ans, unique en son genre et dont je pourrais tirer un bon prix à la revente au marché noir !
Un long silence plana alors après les paroles vraiment étranges du mécano. Il venait de lâcher trois phrases qui ne semblaient pas être encourageantes à première vue.
- Pour sûr que je vais vous aider ! D'abord parce que je ne marche pas dans les combines des truands de Meltacar, et encore moins avec ces dingues d'Epsilon. Toute cette racaille me dégoûte ! D'après l'emblème marquée sur la selle de votre module, j'en ai déduis que vous faites partie de l'USP. Raison de plus pour vous filer un coup de main, vous qui faites tellement pour nous ! Et puis, j'aime bien votre côté un peu fonceur ! Ça me rappelle quand j'étais encore gamin !
Je lâchais un sourire. On avait enfin réussi à trouver l'oiseau rare.
- Je vais faire ce qu'il faut pour que ton overbike passe d'un ancien modèle remis à neuf à une bête de course, capable de passer de zéro à cent en à peine un quart de seconde ! Parce que là, ta bécane ne risque pas de tenir une minute lors de la course…
- Merci, Nick !
- Par contre, tu va devoir me donner quelque chose en échange.
- D'accord ! Combien je dois…
- Non ! Pas d'argent ! De toute façon, ça ne te servira à rien de payer pour le moment. En fait, je ne possède rien de ce qu'il te faut pour améliorer ton engin. Il va falloir que vous alliez me chercher des pièces détachées à la MetalCompagnie, au nord. Tiens, voilà une liste ! Ramène-moi ça en vitesse si tu veux que je te prépare ton engin pour la course.
- Ça marche !
- Je vais rester là ! me lança Kim. Tiens ! Prends mon numéro de matchphone si tu as besoin d'aide !
- Je me suis déjà permis d'enregistrer ton numéro dans mon appareil, hier soir ! Et j'ai fait la même chose avec le tien !
- Ah, d'accord... Minute ! Tu as fouillé dans mes affaires ?!
- A tout à l'heure ! saluais-je en m'éclipsant le plus vite possible.
- Reviens ici ! cria-t-elle en commençant à me courir après.
Enfourchant ma bécane et mettant en route le moteur de l'overbike, je me dirigeais vers l'endroit indiqué par Nick. Au bout de quelques minutes de route, j'arrivais devant un complexe d'usine situé à l'écart de la ville, dont les cheminées diffusaient en continu une fumée grise.
- Hé ! Salut, gamin ! lança une voix.
- Oh, c'est vous !
- Eh ouais ! répondit le chef de convoi du jour précédent. Encore merci pour hier ! Vous et vos amis nous avez tirés d'un sacrée merdier !
- Bah, de rien !
- Alors, t'es venu pour quoi aujourd'hui ? T'as besoin de t'équiper ?
- En fait, j'ai déjà trouvé un moyen. Tenez ! Il me faut ce qu'il y a marqué sur cette liste.
- Donne ça ! Oh, c'est Nick qui t'envoie ! T'as de la chance d'être tombé sur lui : c'est l'un des meilleurs mécanos de Meltacar.
- Ouais ! Il n'a pas l'air plus emballé que ça par son métier, en tout cas...
- Ah ah ! Ouais, c'est vrai que la course lui manque. Faut dire qu'il a réussi à gagner le grand prix de Fehargas, il y a quelques années. Mais ça fait longtemps qu'il s'est retiré...
- Oh ! D'accord !
- Bon, suis-moi ! On va aller te chercher tes pièces détachées.
- Ça marche !
Le convoyeur m'emmena alors dans un bâtiment non loin du complexe principal, ressemblant à un hangar. Lorsqu'il en ouvrit la lourde porte en fer, je pus voir qu'il s'agissait en fait d'un entrepôt gigantesque, entièrement remplie d'étagères en métal remplies de pièces et d'équipement pour module. Un homme portant un short vert et un haut bleu surmonté d'un gilet de même couleur était en train de travailler dans ce qui semblait être un poste de surveillance à l'intérieur du bâtiment, juste à côté de la gigantesque porte en fer de l'entrepôt. Le logo de la compagnie de MetalCompagnie était peint sur les quatre murs du hangar et brodé sur sa veste.
- Julian ! On a un nouveau client pour toi ! C'est Nick qui l'envoie, il aurait besoin de quelques pièces !
- Ok, Mike ! Pas de problème !
- Tiens, il a fait une liste !
- Tant mieux ! J'aurais pas vraiment apprécié de devoir chercher les pièces dans tout ce fatras ! Donne !
Le dénommé Julian prit le bout de papier où étaient griffonnés les instructions du mécano de Meltacar, prit quelques secondes pour le lire et s'exclama :
- Il sait ce qu'il veut ! Tant mieux, ce sera nettement plus simple ! Je te sors ça tout de suite, gamin !
Julian tapa plusieurs choses sur le clavier de l'ordinateur devant lui, ce qui provoqua un bruit énorme.
- Bon ! Ça devrait plus tarder ! Les références des pièces ont été données, donc ils vont être directement...
Une boîte en métal apparue juste devant nous, marquée du sigle de l'entreprise.
- Téléportation ? demandais-je.
- Eh oui ! La base de donnée de la compagnie sélectionne les pièces par leurs références et les placent directement dans une caisse blindée, à l'aide d'un bon millier de capteur répartis dans tout le site, me répondit le convoyeur.
- Là-dedans, y'a tout ce qu'il te faut ! Nick sera sûrement ravi ! s'exclama Julian.
- Merci ! Mais comment je fais pour porter ça ? C'est pas quelque chose que je prendre dans mes bras comme ça.
- Très juste ! Laisse-moi arranger ça !
Julian sortit un pokéball et la lança, faisant apparaître une grosse boule de poil blanche portant des anneaux de métal noir autour de ses quatre pattes marron.
- Colossinge ! hurla la bestiole en sortant de la balle.
- Salut, Nico ! J'aurais besoin d'un petit coup de main, si ça ne te dérange pas !
- Colo ! fit-il d'un air signifiant qu'il acceptait.
- D'accord ! Alors, utilise ta capacité Force pour porter cette caisse et amène-la dehors, on va t'amener une remorque ! Mike, tu t'en occupes ?
- J'allais te le proposer ! Je reviens tout de suite !
- Ok ! Nico, à toi de jouer !
- Singe ! Colossinge !
Le colosse aux pieds couleur argile prit une grande inspiration, avant de bander ses muscles au maximum en plaçant ses bras le long du corps. Puis, au bout de quelques secondes, après avoir jugé s'être concentré suffisamment longtemps, le pokémon Combat prit la caisse des deux mains et la souleva au-dessus de sa tête. Il s'en alla alors en-dehors du hangar.
- Ha ha ! Il faut toujours qu'il en fasse trop...
- Je vois ça...
- Bonne chance pour la course, gamin !
- Ouais, merci Julian !
- Hé ! Si ça te dit, je vais te passer mon numéro de matchphone et celui de Mike. Si jamais toi ou le vieux Nick avez besoin de nouvelles pièces, appelle-nous directement pour qu'on te prépare tout ça !
- Ok ! Merci encore ! fis-je en sortant mon appareil.
L'échange s'effectua très rapidement et je sortis alors, Julian me lançant par-dessus l'épaule :
- Et passe le bonjour à Nick de ma part !
- Ouais ! fis-je.
Lorsque je mis le pied dehors, je pus voir Mike arriver avec la remorque anti-gravitée dont il avait parlé, sur laquelle Nico installa la caisse.
- Parfait ! Il reste plus qu'à l'attacher à ton véhicule et tu pourras y aller !
- Super, Mike ! Merci beaucoup !
- De rien, gamin !
- Au fait, Julian a décidé de me donner vos numéros de matchphone si j'ai besoin de vous contacter.
- Ah ! Excellente idée !
- Bon, j'y vais ! Encore merci pour tout !
- Bye, gamin !
Après avoir accroché la remorque grâce au dispositif d'aimants situé dessus, j'embarquais à bord de mon overbike et je pris la direction de la ville.
Mais au moment où j'allais pénétrer dans l'enceinte de la métropole, une explosion eut lieu à l'intérieur de ce qui semblait être le bâtiment principal de la MetalCompagnie, des hélicoptères gris survolant la zone.
- Et merde ! On peut jamais être tranquille avec eux ! fis-je en effectuant un dérapage sur le sable du désert de Fehargas.
Je rebroussais donc chemin vers l'usine. La situation s'aggravait une nouvelle fois et j'avais l'impression d'être le seul à pouvoir intervenir pour régler ça.
- Et dire que cette journée avait si bien commencé...
Fin du chapitre 13.