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[One-Shot] Un conte de Noël... de FireDaan



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Informations

» Auteur : FireDaan - Voir le profil
» Créé le 01/01/2009 à 23:46
» Dernière mise à jour le 17/03/2010 à 13:28

» Mots-clés :   Drame   One-shot

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Bilan
Une journée d'hiver. Classique, à la limite du banal.

Une journée de préparation de Noël. Toute bête, dans une rue tout aussi commune. Des dizaines de personnes se bousculaient pour acheter cadeaux, nourriture et autres éléments qui font un bon Noël, se battant contre la neige qui, portée par un vent fort et froid, venait heurter le visage des passants. Tout le monde bougeait, s'activait, pour rentrer à la maison près de sa famille. Cette foule, toute encapuchonnée, parfois accompagnée d'un Caninos, remontait cette rue comme un banc de poissireines remonterait un cours d'eau, se s'occupant pas des rares qui s'arrêtaient, qui allaient à contre-courant.

Or, une personne était dans ce cas. Il venait même de se faire bousculer par quelqu'un qui n'avait même pas pris la peine de s'arrêter, histoire de s'excuser. Non, rester dans le mouvement, absolument ne pas dévier, se contenter de lâcher un "Saleté de froid ! Chaglam, reviens, tu m'énerves !", en ruminant sur son sort et passant ses nerfs sur son Pokémon qui tentait depuis quelques temps maintenant de suivre ce rythme infernal.

L'intrus, celui qui ne suivait pas regarda ce spectacle quelques instants, puis se retourna sur la vitrine d'où il avait été dévié si violemment. Les poupées ne l'intéressaient pas, non, il regardait cet homme, portant un bonnet gris qui commençait à déteindre sur la mèche qui en dépassait. Il était presque envoûté par cet individu vieillissant, dont le visage était creusé par les rides et les cernes. Qu'il pouvait être pitoyable, cet homme. Dire qu'il avait été un grand Dresseur, passant à ça du Couronnement à la Ligue Pokémon, et qu'il était à présent condamné à rester bloqué derrière une vitrine. De Poképoupées, qui plus était.

Timmy regardait son reflet, blasé. Lui qui était si doué quand il était jeune. C'était il y a cinquante ans de cela, lui et son équipe étaient au sommet. Ce fut sans compter sur cet "ami", ce Brice, ce fils de Champion qui lui avait volé la vedette, battant le Maître avant lui. Dire qu'il avait capturé son premier pokémon grâce à lui….

Timmy marcha à contre-courant dans les rues bondées de Lavandia, avec pour seul compagnon son désespoir. Il était seul, maintenant. Plus de famille, pas d'amis… Ses Pokémon n'étaient plus avec lui, son Magneton ayant fui pour une quelconque raison. Roselia ayant, à force d'ingérer des préparations plus ou moins illégales à base de pierres concassées pour changer son physique plus que disgracieux, fini par muter en une sorte de fleur horrible que son Dresseur dut confier à une famille de Maganons amateurs de barbecue floral pour ne pas que cette mutation ne contamine les autres Pokémon Roses. Chose qui n'a finalement servi à rien, les Roserades s'étant multipliés. Saleté de pollen…

Non, plus aucun de ses Pokémon n'avaient pardonnés à leur Dresseur déchu ce faux espoir qu'il leur avait donné. Pas même Delcatty, avide de célébrité, qui avait décidé de partir et de s'inventer une nouvelle vie, une nouvelle jeunesse et un nouveau parcours avec une coordinatrice du nom de Mary. Altaria, qui, de toute manière, se fichait bien des combats Pokémon et qui ne vivait que pour les Concours, avait décidé de rester avec son maître dépressif, mais lui n'avait pas besoin de ce genre de lopette, lui qui ne vivait que pour le combat et la mise à mort.

Et de toute manière, tous ces bouche-trous ne représentaient rien pour Timmy. Seul son Gardevoir lui importait. Et dire qu'il pensait que ce problème qu'il avait eu à l'évolution, lorsqu'il commença à se forger une apparence féminine, allait le forcer à rester près de Timmy, car lui seul l'acceptait, lui le Gardevoir mâle androgyne. Mais à côté de cela, Gardevoir avait préféré fuir lui aussi… Mais pire que tout, il avait fui vers Brice, qui était après tout son Dresseur indirect.

Brice… Timmy ne put s'empêcher de pousser un grognement. Ce garçon lui avait tout volé ! Tout ! Son Gardevoir, son honneur, Flora… Ah, Flora Seko ! Le seul véritable amour de Timmy ! Ils avaient tout de même vécu une idylle magnifique, jouant des yeux pour se séduire, les fois où ils se rencontraient durant leur voyage initiatique. Et cette nuit magnifique qu'ils avaient passés, tout les deux devant le si romantique Centre Météo ! Tout cela avait disparu, comme tout le reste, le jour de la victoire de Brice contre l'ex-Maître Pierre Rochard. Flora s'était faite avoir par la perspective de devenir la femme du plus grand Dresseur de tout les temps et avait abandonné Timmy à son triste sort. D'accord, il n'avait pas battu la Ligue, ni même évité un conflit entre les plus grands Dieux Pokémon de l'Histoire, ceux qui ont crée la Terre et ses océans, mais tout de même, c'était un Dresseur ! Et pas seulement le Rival condamné à rester dans l'ombre du héros !


La réflexion de Timmy fut interrompue par quelque chose qui l'avait frôlé. Ce n'était apparemment pas un passant, puisque sa pensée l'avait conduit dans une rue plus calme. Alors… Ce fut à ce moment qu'il vit une petite créature passer rapidement entre les voitures. Timmy était intrigué. Qu'est ce qu'un Pokémon faisait là tout seul dans la rue ? Appartenait-il à quelqu'un ? Oui, il ne pouvait pas être un Pokémon errant, la fourrière de Lavandia, en association avec la pension, était la meilleure de tout Hoenn, la fierté de la ville. Alors…
L'instinct de Dresseur de Timmy le poussa à partir à la poursuite de la mystérieuse créature. Après tout, il n'avait pas quitté l'école à dix ans ni même n'avait frôlé la Ligue Pokémon pour rien. Alors, il courut dans la rue, ne perdant pas de vue la petite créature bondissante, rompant par la même occasion l'union des mains d'un couple qui passait. L'ancien Dresseur plongea sa main droite dans son manteau tandis qu'il courait et en sortit une minuscule sphère noire et jaune sur laquelle il appuya. Timmy sentit l'HyperBall grossir entre ses doigts. Vide, qu'il avait gardé depuis cette époque qu'il chérissait tant, et qu'il tenait dans son esprit comme une relique. Attendre le bon moment… Et refaire sa vie…
Le Pokémon disparut dans un coin de rue, mais ce n'était pas pour autant que Timmy allait la laisser partir. La vocation de sa vie avait toujours été de courir après les Pokémon, et ce n'était pas à soixante ans que cela allait changer. Il en avait fait des poursuites comme celles-ci, il y avait de cela cinquante ans. Bon, d'accord, peut-être pas en pleine ville, mais les Monts Chimnée sont de ceux qui forgent le physique à merveille. Tel le jeune Dresseur qu'il était redevenu, Timmy tourna rapidement dans la ruelle où était parti le Pokémon, empli d'une énergie qu'il n'avait plus ressenti depuis longtemps déjà.
Dans la ruelle éclairée par le pâle soleil, des sacs poubelle jonchaient le sol, certains déchirés et libérant des ordures diverses, d'autres recouverts d'une matière organique violette. Les tadmorvs étaient passés par là…

Le petit Pokémon était là, au bout de la ruelle. Il regardait Timmy de ses yeux rouges et jaunes. Sans trembler. Comme s'il l'attendait. Le petit Feuforève ne bougeait pas, et ce même si l'humain en face de lui se rapprochait. Cette sensation de coincer le Pokémon, de pouvoir établir un contact si spécial avec un autre être était si douce, avait une dimension presque sensuelle. Timmy était si près du Feuforève maintenant. Et lui qui ne bougeait pas. Il serait facile de l'attraper…
L'HyperBall partit en direction du Pokémon, traçant dans l'air une courbe parfaite. Le soixantenaire n'avait pas perdu la main. La sphère plongeait à présent vers le Spectre… avant de disparaître. Timmy eut un moment de recul, surprit de voir l'objet se volatiliser. D'ailleurs, le Feuforève n'était également plus là… Mais les Pokémon Strident ne pouvaient pas user du Téléport… C'est alors que le vieil homme eut l'étrange sensation de voir les poubelles se tordre… Il lui fallut un temps avant de comprendre que tout ceci n'était pas une illusion. Tout autour de lui se déformait réellement. Il eut alors le réflexe un peu ridicule de fermer les yeux.


Lorsqu'il les rouvrit, quelques secondes, ou quelques minutes après, il n'en était pas sûr, il se retrouva dans un espace sombre au ciel pourpre. Des plaques de ce qui semblait être de la terre lévitaient, se déplaçant lentement de haut en bas. Timmy sentait d'ailleurs sous ses pieds le sol bouger, la même sensation que lorsque l'on prend l'ascenseur. Quel était cet endroit si angoissant ? Où était-il ? Il tourna sur lui-même, scrutant les alentours. Malheureusement, l'obscurité de l'endroit était telle qu'il était presque impossible de voir à plus de trois mètres. L'angoisse que le vieil homme éprouvait en ce moment était si grande. Jamais il n'avait senti une terreur pareille, même dans les moments les plus dangereux de toute sa vie. Il en était pétrifié. Ne pas bouger surtout, absolument rester immobile, d'autant plus que d'après ce qu'il avait aperçu, le moindre mouvement de travers et il risquerait de tomber. Dans les profondeurs de cet environnement sombre et, qui sait, ne faire qu'accélérer sa rencontre avec la Faucheuse.

Cette pensée fut suivie d'une lueur qui éclaira tout les alentours. Après un sursaut qui aurait provoqué une crise cardiaque chez n'importe quelle personne de vingt ans de plus que lui, Timmy eut le temps d'apercevoir une cascade imposante se dresser devant ses yeux, teintée du même jaune que celui de la lueur. Puis rien. Retour à l'obscurité.
Suite à cela, un bouquet de sentiments vint se mélanger à la peur que le Dresseur éprouvait. Une sorte de bien-être, combiné à une pudeur presque insensée. Comme si la lumière avait mis à jour les sentiments les plus profonds de l'homme, comme si elle l'avait mis totalement à nu. C'était une chose assez embarrassante, et assez étrange, de se sentir comme ça… Il n'y avait pas de mots, en tout cas, Timmy n'en trouvait pas, pour décrire cette situation. Ce fut alors que le haut de la cascade s'illumina.

Elle s'illumina d'un point doré, très brillant, presque aveuglant, dont la lumière, filtrée par la cascade, formait autour de ce point d'intense luminosité une sorte de halo. Un halo presque mystique. Timmy était envouté par ce spectacle, qui lui faisait jusqu'à en oublier la situation dans laquelle il était. Il fallait dire que c'était beau, de voir cette lumière descendre lentement le long de la cascade et de tomber comme le ferait une plume.

- Timmy…

En quelques secondes, la peur reprit le dessus sur tout autre sentiment. Cette voix d'outre-tombe, qui provenait de la lumière… Elle résonnait dans la tête de Timmy, allant même jusqu'à pénétrer quelque chose dont il n'avait pas conscience, du moins pas réellement. Son Esprit, son Ame… Il parvint à balbutier :

- Mais… Que…
- J'imagine ce que vous devez ressentir en ce moment. J'en suis désolé, mais je n'avais pas d'autre moyen de vous voir, monsieur.

Monsieur ? Vous ? Cette voix, malgré le rapport de force certain qu'il y avait entre elle et lui, le respectait ? Ceci était tellement…

- Mais… Pourquoi ? demanda le Dresseur, avec cette voix qu'il détestait tant, une voix fatiguée, soufflante.
- Voyez-vous, répondit la lueur, c'était quelque chose qui devait absolument vous arriver. Quelque chose qui doit arriver à tout le monde. Quelque chose à laquelle on n'échappe pas, servie par le destin. Pour être franc, car je sais que le suspense n'est pas de mise dans de tels cas, je suis le Giratina, le Pokémon de la mort, et vous devez mourir aujourd'hui même.

Ces mots, cette vérité crue traversèrent la moindre parcelle du corps et de l'esprit de Timmy. Mourir ? Maintenant ? Enfin, tout cela était si… Il ne savait pas quoi penser, et éprouvait touts les sentiments qu'il était possible d'éprouver pour les hommes. Ils se bousculaient dans sa tête, se mélangeant, se confondant presque, se succédant, s'opposant. Il pensa tout d'abord à une sorte de blague morbide, organisée par Brice, histoire de terminer de lui pourrir la vie. Puis, tout ceci s'imposait à lui comme quelque chose de trop réaliste pour n'être qu'une blague. Mais, de toute façon, ceci était impossible puisque Giratina n'influençait pas la mort des hommes. Uniquement celle des Pokémon… Et encore, peut-être confondait-il avec… il ne savait pas… avec quelque chose !


- En effet, répondit la lueur, comme si elle avait lu dans les pensées de Timmy. Il est vrai que la mort des Humains ne me regarde en rien, mais votre cas, votre vie est beaucoup trop atypique pour finir banalement, vous ne pensez pas ?

Atypique ? Oh, oui, c'était exactement le mot. Celui-ci était tellement juste qu'il avait presque réussi à lui faire oublier la situation que Timmy vivait. Mais l'angoisse revint vite :

- Alors, on y va ? demanda le Giratina, comme s'il emmenait l'humain en excursion et surtout que celui-ci avait le choix.

D'ailleurs, peut-être était-ce le cas ? La faible lueur d'espoir qui lui apparut fut vite dissipée par la lumière plus forte du Giratina. Mais pourtant, cela ne pouvait pas être possible. Pas maintenant, lui qui avait tant de cho… Non, rien, il n'avait plus rien à faire, plus rien à rêver… Le Pokémon Renégat n'avait qu'à l'emporter, personne ne se soucierait de sa disparition, même lui n'en avait plus rien à faire. Ce n'était pas à soixante ans…

- Oui, finit-il par dire, allons-y.