le malheureux Tabou [one-shot] de Pokéfan Suzanne

Il avait été mon ami d'un jour. Ce nosferapti m'avait écouté, je lui avais raconté ma malheureuse histoire. Je lui avais expliqué comment j'étais née dans une pension Pokémon, où le propriétaire de mes parents cherchait absolument à obtenir un évoli shiny. J'étais le numéro 64, et je les avais déçus, comme 63 autres avant moi. Aucun poil bleuté sur mon pelage. Ils m'avaient donc abandonné dans une forêt où j'avais tenté de m'endurcir. Une jeune fille m'avait recueillie et m'avait permis d'atteindre le 10e niveau, avant de découvrir le Tabou. Chez les dresseurs, le Tabou désigne un défaut génétique chez certaines espèces de Pokémon. Le Pokémon « malade » n'évolue que très lentement. Sa vitesse, son attaque et sa défense sont réduites, et il n'a aucun espoir de devenir un bon combattant. Clara s'en était aperçue et ses parents lui avaient conseillé de me relâcher, ce qu'elle avait fait. Un autre était venu après elle, mais aucun dresseur ne veut d'un tel type de Pokémon dans son équipe. Un nouvel abandon. J'avais perdu tout espoir d'avoir un jour un maître compréhensif qui m'aimerait malgré le tabou. J'avais aussi perdu tout espoir d'évoluer un jour en mentali ou en noctali. Le nosferapti m'avait écouté attentivement, c'était ce dont j'avais besoin.

Un jour, alors que je me promenai à l'orée du bois avec mon unique ami, une vielle femme apparemment bourgeoise nous avait aperçus. Elle m'avait immédiatement qualifiée d'adorable. « Charming, charming! », s'était-elle écriée à l'anglaise. Elle m'avait donc adoptée, ignorant le nosferapti qui était devenu mon compagnon d'aventures. Pour moi, c'était mon aventure qui allait se répéter. Elle ne prendrait certainement que quelques semaines avant de s'apercevoir du Tabou. C'est effectivement ce qui arriva. J'étais maintenant au niveau 23, et j'étais toujours aussi peu rapide et fort. Ma maîtresse avait décidé de m'amener avec elle en voyage, dans une ville dont je n'avais jamais entendu parler : Unionpolis. Contrairement à mes attentes, elle ne se débarrassa pas tout de suite de moi. Certes, je traînai quelques temps dans ses boîtes, mais je finis par en sortir. Alors, elle m'orna de nœuds et de rubans, elle me chouchouta, elle me fit manger de ces étranges gâteaux qu'elle appelait « poffins ». Après cela, elle me fit danser, puis finalement, elle me fit exécuter des attaques dans le vide devant des juges. Un de mes concurrents m'apprit que j'étais dans la ville des Super Concours.

Après avoir passé toutes ces épreuves, on me décora d'un nouveau ruban, et je compris que j'étais sorti vainqueur. Pour la première fois, je lisais la fierté dans les yeux de ma maîtresse. Elle avait compris ce que les autres avaient négligé, elle avait trouvé mon talent. Elle m'aimait, et c'était bien la première. Elle me donna un nom qui me plut tout de suite : Nimo. Ma famille, mon univers, mon amie ce n'était qu'elle. Un bon matin d'automne, elle me fit comprendre que j'allais participer à une compétition très importante. Je donnai mon 200%, mais ma réserve de chance s'était épuisée. Je terminai 3e, et je m'attendais à des réprimandes. Étrangement, ma vieille maîtresse agit comme si j'avais remporté le 1er prix. Elle me donna plus d'amour que je n'en avais reçu dans toute ma vie. Cette nuit là, je rêvais que je devenais une noctali. Le lendemain matin, ma gamelle me refléta un portrait noir et jaune, resplendissant.