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Bienvenue à Lavanville de Xabab



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Informations

» Auteur : Xabab - Voir le profil
» Créé le 01/02/2014 à 09:41
» Dernière mise à jour le 01/02/2014 à 09:41

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Chapitre 41 : Quitter le navire
Helena pleurait en démarrant la voiture, repensant à son mari qu'elle laissait derrière elle et à sa fille. Il n'avait pas voulu la suivre, tout était de sa faute. Si seulement il avait accepté alors il n'aurait pas à finir ses jours dans cette ville comme elle l'anticipait.
Malgré sa peine elle s'empressa de sortir son véhicule du parking de l'hôtel maudit dans lequel sa famille venait de se briser. Elle ne savait pas où aller en quittant Lavanville mais s'en moquait tant qu'elle était derrière elle.

La nuit tombait déjà quand elle atteignit les abords de la cité, reconnaissant la forêt par laquelle ils étaient arrivés.
« Je suis sincèrement désolée, murmura-t-elle sans se retourner pour autant, j'aurais aimé que les choses se passent autrement. »
Mais elles ne pouvaient pas se passer comme elle l'aurait espéré ; ce n'était jamais le cas dans la vie. Qui aurait pu prévoir la mort de Camille ? Personne. Alors pourquoi en vouloir autant à David, pourquoi ressentait-elle de la haine à chaque fois qu'elle pensait au père de la défunte ?

« Parce que tout est de sa faute, car il a sans doute joué à ce jeu sans me le dire et qu'on en serait pas là aujourd'hui sans cela. Il l'a tué. »
Les mots étaient durs et claquaient dans l'air chaud du véhicule. Helena avait cru bon de mettre le chauffage à fond et cela lui portait préjudice ; il faisait une chaleur terrible, bien plus qu'on ne pourrait l'imaginer par une telle nuit.

Une larme coula le long de sa joue. En inculpant son mari elle s'était blessée en plein cœur, ce qui était absurde puisqu'elle était convaincue de sa culpabilité. David avait joué à ce jeu, c'était certain puisque ce n'était pas elle.
Elle secoua la tête pour se remettre les idées en place. Cela pouvait aussi bien n'être aucun des deux, après tout leur fille se baladait depuis quelques jours avec le pokemon mort de la famille et allait jusqu'à lui parler.
« Foutaises… »

Mais, disant ces mots, elle appuya brusquement sur la pédale de frein, manquant en même temps d'envoyer la voiture dans le fossé par un coup de volent malencontreux qui aurait mis fin à sa fuite désespérée. Elle ne pouvait faire autrement.
Dans la lueur des phares de son véhicule, un homme se tenait droit et la regardait dans les yeux malgré la lumière qui devait l'éblouir. Il avait les cheveux longs, de la barbe et un sac à dos sur les épaules. Un bras ballant, l'autre sur l'une des bandoulières de son baluchon, il semblait attendre quelque chose.

Helena n'avait aucunement confiance en ce randonneur nocturne. Personne ne se baladait en pleine nuit avec un sac et une apparence de clodo. Mais tandis qu'elle le contournait et qu'il restait sans bouger, ses yeux seuls la suivant durant sa manœuvre, elle remarqua finalement les vêtements qu'il portait sur le dos.
L'homme était flic.

« Que faites-vous ici en pleine nuit ? lui lança-t-elle après avoir ouvert la vitre de son véhicule.
– Je fuis, répondit-t-il en baissant les yeux.
– Quoi ?
– La ville, mon malheur, ma punition.
– Votre punition ? »
Il ne lui offrit pas le soin d'une réponse et se contenta de fixer le sol. Prenant pitié pour lui, elle lui ouvrit la porte droite de sa voiture et l'invita à monter.
« Je fuis aussi, suivez-moi. »

Il sembla hésiter quelques minutes puis monta. Cela fait Helena appuya sur la pédale et reprit la route, elle n'avait pas une seconde de plus à perdre dans cet enfer.
« Vous ne m'avez pas répondu, lança-t-elle enfin après une minute passée dans le silence, que faites-vous ici en pleine nuit ?
– J'étais enfermé depuis des mois dans cette forêt, je ne sais pas où exactement. »
Le sang de la jeune femme ne fit qu'un bond, semblant retourner une à une chacune des artères de son corps. En temps normal elle n'aurait jamais cru de telles invraisemblances ; c'était bien différent depuis qu'elle était entrée à Lavanville.

« Enfermé ?
– Oui, j'ai aidé un homme qui ne méritait pas mon aide. C'est tout ce que je sais et tout ce qu'ils ont bien voulu me dire.
– C'est affreux… »
Elle ne parvint pas à en dire plus, le visage tétanisé de cet homme reflétait parfaitement de l'enfer qu'il venait de vivre. Avec sa barbe et ses cernes prononcées, il donnait effectivement l'air d'un bagnard échappé de sa prison. Depuis qu'ils avaient repris la route, ce dernier ne faisait que la fixer. L'anxiété marquait son visage et terrifiait Helena à chaque fois qu'elle posait le regard sur lui.

« Je m'appelle Helena, lança celle-ci afin de briser le silence.
– Ted. Mais ne perdez pas de temps avec de vaines discussions, concentrez-vous sur la route. Il pourrait revenir.
– Qui ?
– L'homme à l'armée de Scalproies, celui qui me tenait prisonnier. C'est un Hécatonchire, un titan ; comme dans les légendes. »
Elle frémit, il n'avait pas l'air de plaisanter. Se pouvait-il qu'il soit complètement fou ? Cela en ferait beaucoup avec son mari et sa fille qui lui parlaient aussi de fantômes depuis quelques temps.

L'homme à l'armée de Scalproies… Cette idée la terrifiait et elle accéléra sans même s'en rendre compte. Tout autour d'elle la forêt s'étendait sans fin ; elle ne se souvenait pas d'avoir passé autant de temps entre ces arbres en arrivant en ville.
La voiture s'éloigna sur le chemin de terre, emportant avec elle une femme désespérée et un ancien flic.

Plus loin, caché dans un fossé, un homme regardait leur fuite avec le sourire. Un sabre reluisait dans son dos et il gardait une main levée pour ordonner à son armée de ne surtout pas bouger sans qu'il n'en ait donné l'ordre. Quand l'assaut serait donné alors les deux fuyards n'auraient plus aucune chance, du moins pour le flic, la fille n'était pas sur sa liste. Il la tuerait si elle osait s'interposer.
Des milliers de regards rougeoyants perçaient les fourrés derrière lui, des milliers d'âmes en peine qui attendaient les ordres de leur maître.