Les chasseurs de l'ombre
"Un océan de calamité déferle sur les terres...
Nul n'est en sécurité, déjà coulent les rivières
De sang versé, par les rares ayant résisté
Ils arrivent, les noirs cavaliers...
Au loin, fuyez, courrez, sans vous arrêter!!!
Elus par le sort épargnés
Sur vous repose l'unique espoir...
Ainsi commence l'histoire
Crocs, griffes, sang
Depuis la nuit des temps
La guerre est déclarée
Contre l'humanité
Ce soir, le gong a sonné
Le temps de la peur et de la terreur
Trop tard pour réparer les erreurs
Vous voilà condamnés
Vierge de glace, toi seule saura
Trouver la porte dans l'ombre
Des ténébres les plus sombres
Le crépuscule lève sur toi
Son aura la plus belle
Pour la lumière, menace mortelle
L'astre du jour a disparu
Le jour ne vit plus
Morte est la claire lumière
Ne reste que le glacé lunaire
Qui étend son drap mortuaire
Sur la sombre terre
Les Ténébres sont sur vous!
Le chaos est proche de nous
Fuyez jusqu'à retrouver
La lumière tant aimée
Le dernier espoir du monde
Est entre vos mains
Sentez en vous les ondes
Elus, à vous est le destin"
Camélia pianotait sur son ordinateur. Elle avait réussi à établir une nette comparaison entre l'ADN de l'Absol de Sang retrouvé prés de la maison de Jalil et celui de la meute qui avait attaqué Adriano et Iris. En effet, dans les deux cas, un même gène prédominait. Elle mit en marche l'imprimante et lorsque le rapport fut imprimé, en faxa une copie à Lunel et alla dans le bureau de sa soeur avec la seconde. Celle-ci était entrain de vider une bouteille de soda et semblait d'humeur maussade.
- Ca y'est, t'as fini? demanda-elle en reposant sa bouteille.
- Oui, et j'ai découvert des choses très interessantes... Apparement, dans cette meute-ci, c'est un même gène prédominant qui déclenche les instinct de tueur de ces Absol-là. Ce qui les rend encore plus sauvages et agressifs que les autres...
- Et quasi-impossible à contrôler, même pour le Comte, dit Iris d'un ton docte. Pourtant, il règne toujours une certaine intelligence...
Camélia réfléchit et finit par dire:
- Ce qu'il faudrait, c'est découvrir comment le Comte contrôle ces sales bêtes. Pas d'émetteur, pas de collier, rien du tout...
- Magie? suggéra Iris.
Camélia la regarda:
- Tu crois à ce genre de truc, toi?
- Je ne sais plus...
- La magie, c'est de la connerie! Les sciences, y'a que ca qui marche!
Iris a un air furieux:
- Alors, tu peux essayer d'expliquer scientifiquement pourquoi j'arrive à entendre les pensées de ces bestioles?
Camélia la fusilla du regard:
- Je n'ai pas envie de parler de ca, ok?
- Quoi? Toi aussi, ca te gêne?
Iris semblait décidément remplie de colère contenue. Camélia s'en rendit compte et se mordit les lèvres. Elle se rapprocha de sa soeur:
- Qu'est-ce qu'il y'a, Iris? Depuis hier soir, t'es super-agressive...
- Je n'ai pas envie d'en parler, ok?
Camélia haussa les épaules:
- Ca va...
En vérité, Iris était toujours perturbée par sa dispute avec Blackice et se sentait mal à l'aise. Après tout, elle se fichait bien de ce qu'il pouvait penser. Mais cela l'amenait toujours à ce doûte; était-elle un monstre? D'où lui venaient ces dons étranges? Rien à faire, elle sentait que si elle ne trouvait pas une réponse, ca la rendrait malade. Mais elle gardait ses sentiments pour elle. Même Camélia ressentait une certaine gêne à son égard. Iris poussa un profond soupir et éteignit son ordinateur:
- Je rentre. J'ai assez vu cette maison de tordus pour aujourd'hui!
- C'est vrai que l'ambiance est merdique ici...
- Allez, à plus...
Iris sortit des bureaux de l'organisation avec un certain soulagement. Elle en avait plus que marre aujourd'hui. Lunel l'agacait, Camélia l'agacait, tout le monde l'agacait. Heureusement encore qu'Adriano s'était lassé provisoirement de son rôle de garde du corps et s'était contenté de poster ses hommes devant son immeuble. Elle était à vrai dire, toujours furieuse contre lui. D'ailleurs, elle supposait que lui aussi. La seule fois où elle l'avait croisé, il l'avait ignoré superbement, et elle avait fait de même. La rancoeur était toujours aussi forte. Elle s'avanca dans la rue. Le ciel était couvert de traînées rosées typiques du coucher du soleil. C'était fascinant de voir cela.
Un courant d'air froid lui ébourriffa la fourrure. Des cris sauvages retentirent à ses oreilles. Le ciel se voila brusquement. Tout était noir. Et l'air charriait une odeur lourde et musquée. L'Absol à la fourrure noir-bleu stoppa sa course. Quelque chose approchait d'ici... et dangereux... Il avait peur. Lunreck regarda autour et longea la ruelle. D'un coup, de nouveau la sensation d'être observé. Il se retourna et grogna sourdement. Il ne vit de nouveau rien.
Tout ce qu'il vit, ce fut une ombre sur le mur...
Adriano relisait ses notes pour tenter tant bien que mal de donner un sens aux agissements du comte. Pourquoi donc s'en était-il pris à la famille Blackmoon? Qu'est-ce qui clochait? Il avait beau tourner et retourner la question dans sa tête, il n'obtenait pas l'ombre d'une réponse.
Son cellulaire se fit entendre. Il décrocha:
- Allô?
- Chef? C'est l'agent Rise à l'appareil. On a trouvé un truc affreux... Faudrait que vous voyez ca...
Adriano sentit la peur lui griffer le ventre:
- De quoi? Greengrass est vivante, j'espère?
- Oui, elle va bien, l'autre équipe a pris la relève... Mais nous, en rentrant, on a vu un truc super-malsain... Quartier nord de Nightopole.
- J'arrive tout de suite.
Il raccrocha et fila dans sa voiture qui avait toujours des marques du dernier affrontement avec les Absol de Sang. Il pesta un bon coup et alluma le moteur. La nuit était noire, comme à son habitude. Adriano ouvrit la fenêtre et la brise fraîche lui fit du bien. Il arriva enfin vers le quartier nord et le spectacle qui l'y attendait lui fit dresser les cheveux sur la tête.
Deux cadavres, un homme et une femme, couverts de sang. Leurs peaux étaient griffées de manières atroces, ils étaient défigurés. Leur corps baignait dans un liquide pourpre. Adriano sentit un frisson lui parcourir le dos... Il lui semblait sentir une présence hostile...
- Quels saloperies, ces Absol de Sang, commenta l'un des agents. N'est-ce pas, boss?
Adriano haussa les épaules. Il finit par dire:
- Bon. J'appelle Greengrass.
Iris décrocha au bout de la troisième sonnerie. Adriano n'hésita pas:
- Iris? Pointez votre nez, on a encore eu une agression, pas très loin de chez vous!
- C'est demandé si gentiment, répond-elle d'un ton cynique.
- Faites pas votre chieuse, je suis pas d'humeur...
- Ca va!
Elle enfila rapidement une veste et se dirigea vers la sortie. Elle atteignit le lieu du crime en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire. Adriano la fixa de ses prunelles de glace, mais ce n'est pas ce qui la troubla le plus. Ce qui la troublait, c'était l'odzeur! Ca sentait le sang... mais nul odeur musquée, ni fauve. Elle sentit son coeur battre plus vite. Elle était d'un coup angoissée, voire même paniquée. Elle regarda autour d'elle et vit le ciel si terne... Elle sentit de nouveau la peur lui griffer le ventre. Elle dut devenir blanche car Adriano se rapprocha d'elle en lancant d'un air provocateur:
- Ne dégueulez pas sur les corps, ca gâcherait les prélèvements.
- Très drôle! On a un problème!
- De quel genre?
- Ce ne sont pas des Absol de Sang qui ont fait ca!