Aux portes du Crépuscule de Darkey

"La soif de pouvoir, la tentation de la domination
Les a mené dans ces lieux sacrés, qui au grand jamais ne devraient être profanés
Les Damnés, que nul ne peut arrêter...

Sous leur joug, les terres sont ensanglantées
Disparaît l'espoir, vient la destruction
Sous leur coupe de noir signée
Les Damnés, que nul ne peut arrêter...

Ils sont nés de l'enfer, leur demeure est l'obscurité
Leurs lames de fer sont déjà ensanglantées
Les Damnés, que nul ne peut arrêter...

Quand arrive le crépuscule et que meurt le jour
La pâle lueur de la lune éclaire de mortels sentiers
Longs, tortueux, obscurs sur lesquels courent
Les Damnés que nul ne peut arrêter...

Ils sont ni morts ni vivants
Spectres défiant le temps
Les Damnés que nul ne peut arrêter...

De leur venue naîtra l'affrontement
De la Bête contre l'Humanité
Ils arrivent, portés par les vents
Les Damnés, que nul ne peut arrêter..."

La nuit était tombée, la lune éclairait de son faisceau pâle un étrange spectacle. Baignée dans sa lumière, une ligne sanglante tracait un chemin vers une porte noire... Devant celle-ci, douze Absol se battaient. Ils se battaient contre un homme vêtu d'une cape noire... Celui-ci lancait des rayons d'énergie noire de sa paume sans aucun effort. Il était masqué, tout ce que l'on distinguait de lui, c'était ses yeux rouges comme la braise... La prairie s'ensanglantait, la bestialité et la folie s'étaient emparées de ce lieu... Soudain, le plus grand des Absol happa l'homme à la gorge, le renversant à terre. Le sang jaillit lorsque le pokémon lui arracha la veine jugulaire. Et la porte noire s'ouvrit. Les Absol poussérent un rugissement de triomphe. Une lumière rouge jaillit alors de la porte et engloba les douze pokémon... Ceux-ci se mirent à rugir de nouveau, mais de douleur... avant de disparaître soudain.


- Arrêtons-nous ici pour ce soir!
Gemma venait de s'adresser à ses compagnons. En effet, ils avaient vraiment besoin d'une pause. Une fois de plus, Sandro avait dû porter Jasper qui s'était écroulé de fatigue voici deux heures. Dens et Tsune marchaient à l'arrière. Ils furent donc bien content que Gemma se décide à freiner le rythme. Ils n'avaient pas eu trop de problèmes pour sortir des environs de Nightopole, mais avaient préféré s'éloigner au cas où. Ils avaient trouvé un coin isolé entre les rochers et s'apprêtaient à dormir.
- J'ai faim, dit Jasper.
- Faible et morfal en plus, commenta Dens.
- Dens, la ferme! dit Gemma d'un ton sec.
Elle était vraiment agacée par Dens. Et elle n'était pas la seule. A côté d'elle, Sandro paraissait prêt à bondir sur son compagnon de meute, qu'il tolérait vraiment à cause de Gemma et pas autre chose. Il s'entendait mieux avec Tsune. D'ailleurs, il était si exaspéré par Dens qu'il se rendit compte qu'il n'avait pas vraiment envie de rester en compagnie de sa meute pour l'instant. Jasper avait la dalle? Merci pour lui. Il se leva:
- Je vais chasser. Je tâcherai de vous ramener un truc à bouffer.
- Je viens avec toi. Tsune, tu gardes un oeil sur Jasper?
- Pas de souci, allez-y.
Les deux Absol s'éloignèrent. Sandro ne disait rien. La présence de Gemma était réconfortante, mais il était de trop mauvaise humeur pour parler. Gemma le sentait. Elle finit par dire:
- Tu en as assez de Dens, pas vrai?
Sandro se tourna vers elle:
- Je ne l'aime pas, tu le sais! La façon dont il a traité Jasper! C'est vraiment pas une attitude pour un compagnon de meute...
Gemma lève les yeux au ciel.
- Il est comme ca, soupira-elle. Il a vécu trop longtemps seul, j'imagine...
- Ce n'est certainement pas une raison... et puis d'ailleurs, j'aime pas non plus sa façon de te tourner autour...
Gemma éclata de rire et se blottit tendrement contre l'épaule de Sandro:
- Vilain jaloux!!!
Il se tourna vers elle et ils échangèrent un long baiser. Sandro sentit cette fois toute sa morosité s'envoler. Ils repartirent d'un pas plus rapide.
Ils reprirent tous les deux leurs formes Absol et reniflèrent la brise qui leur amena une odeur agréablement musquée. Visiblement, il y'avait du gibier dans les parages...
Ils s'avancèrent un peu plus et aperçurent en effet un Cerfrousse qui broutait. Sans hésiter, ils bondirent sur lui. Le pokémon cerf se défendit comme un beau diable en donnant des coups de cornes partout. Il finit par avoir Sandro au ventre, mais sa régénération cellulaire s'activa et il ré-attaqua à nouveau. Finalement Gemma happa la proie au cou et l'égorgea. Le sang jaillit et teinta l'herbe alentour. Les deux s'approchèrent et dévorèrent une bonne moitié du cerf, puis voulurent rapporter le reste aux autres. Mais à cet instant, quelque chose les alerta:
"Tu ne sens pas une odeur?"
En effet, un arôme étrange se faisait sentir dans la lande. Le parfum de la mort... Et en plus, les deux Absol sentaient une présence oppressante... Ils reprennent leur forme humaine.
- Qu'est-ce que c'est? murmure Gemma, un peu effrayée.
- Je ne sais pas, murmure Sandro, mais en tout cas, ce ne sont pas des humains...
Les deux restent un court instant immobile puis Sandro s'exclame:
- Bon sang... ce sont... Vite!!! Il faut se carapater!!!
Il paraissait affolé. Il regarda Gemma:
- Vite!!!
Elle fit un signe de tête et ils commencèrent à courir. Au bout d'un moment, elle demanda:
- Tu as l'air affolé...
- Ne me demande surtout pas... de te dire...
Il était pâle. Gemma sentit l'inquiétude l'envahir. Que pouvait donc craindre Sandro, si brave et courageux?
Ils arrivèrent à l'enderoit où était les autres:
- Il faut partir d'ici en vitesse!
- Pour quelle raison, Gemma? demanda Tsune.
A cette instant, des Ombres surgirent, effrayantes. Elles avaient des yeux de braise et pas de corps distinct. Elle fixaient les cinq Absol comme elles auraient fixé des proies. Tous les cinq sentirent un frisson leur parcouri l'échine.
- Qui êtes-vous? demanda Gemma, avec bravade;
"Nous sommes les Gardiens... Les Gardiens du Monde Crépusculaire"
- Ou tout simplement, les Damnés, commenta Sandro qui semblait d'un coup avoir retrouvé tout son courage. Les douze Absol qui furent maudits pour avoir tenté de pénétrer dans la demeure du Dieu Lün ou plus exactement, le Royaume du Crépuscule... Qu'est-ce que vous nous voulez???
L'une des Ombres ricanna:
"Tu es très perspicace, jeune Absol. Rien de plus ni de moins que votre départ de ces terres... ou de revenir vers votre maître Van Mortis. Car notre châtiment est désormais de garder inviolable le Royaume du Crépuscule..."
Sandro réfléchit:
- Alors ainsi, vous pensez que l'idée pourrait nous tenter?
"Elle est déjà ancrée dans votre coeur... C'est pour cela que vous voulez rester purs! Les Absol de Sang sont normalement dénués de pureté et faits de sadisme! Que vous l'ayez su ou non, involontairement ou non, vous êtes mis en route... et vous ne passerez pas!"
Gemma les regarda:
- Si il s'agit de notre tâche... Qui pourra nous empêcher d'y entrer?
"Désormais seuls quelques élus sont aptes à trouver le Royaume de notre Maître et d'y pénétrer. Cinq d'entre eux sont des Absol... dont vous!!! Les autres sont des humains... "
- Des humains??? s'étonna Sandro. Impossible!
"Et pourquoi pas, idiot! Des humains, liés eux-même aux Absol... Même si pour cela, il leur faudrait renoncer chacun à quelque chose..."
"Et c'est pour cela, dit un autre Ombre, que nous allons vous tuer... Vous auriez mieux fait de rester les esclaves de Van Mortis!!!"
- J'aimerais bien voir ca!!! s'écria Dens avant de reprendre sa forme Absol.
Les quatre autres l'imitèrent... et le combat s'engagea. Les cinq Absol bondirent, toutes griffes dehors, mais face à des Spectres, leurs attaques les plus féroces n'étaient que des coups d'épée dans l'eau... Ils utilisèrent alors leurs attaques Ball'Ombre et elles ne firent pas plus d'effet...
Terrifiés, les cinq crurent qu'ils allaient mourir quand les ombres leur lancèrent leurs vagues d'énergie rougeâtres... qui rebondirent sur eux sans leur faire de mal et furent renvoyés vers leurs agresseurs qui reculèrent sous le choc. Ils se volatilisèrent alors...
- Bon sang! s'exclame Jasper. J'ai bien cru qu'on était mort, là.
- Moi aussi, dit Gemma.
Dens se tourna vers Sandro:
- Comment savais-tu???
Le jeune Absol eut un air sombre:
- Quand j'étais gosse, notre vieux chef de meute les a évoqués une fois devant moi. C'est l'un des secrets du Comte. Son ambition est de pénétrer dans les Mondes du Crépuscule. Un endroit ou à part les Damnés, nul ne sait ou il se cache... ni ce qui s'y trouve...
- C'est bizarre, murmure Tsune.
- On devrait peut-être tenter notre chance, suggére Jasper.
- Tu es dingue??? s'exclame Dens. Ca va nous attirer que des ennuis!!!
- Et rester là à ne rien foutre en attendant que Van Mortis s'en charge, ce sera mieux au final? réplique Sandro.
- Sans blague! Voilà Mister Sandro qui se prend pour l'Elu, dit Dens d'un ton cynique.
Sandro le regarda d'un air condescendant:
- Franchement, c'est tout de même une attitude plus décente que la tienne, malapris! rétorqua-il. Tu es tout juste bon à jouer les caïds alors que tu te pisses dessus quand on te menace de trop près!
Cette fois, la tension qui régnait depuis longtemps entre eux explosa et Dens se jeta tous crocs dehors sur son compagnon de meute qui riposta avec un violent coup de griffe.
- Séparez-les!!! hurla Gemma à Jasper et Tsune.
Elle-même reprit brusquement forme Absol et tenta d'attraper Dens par la peau de la nuque, mais celui-ci, complètement fou de colère, était entrain de déchiqueter à coup de griffes les flancs de son compagnon qui se défendait férocement. Finalement, Tsune et Jasper parvinrent à éloigner Sandro qui avant les yeux haineux.
- Je me tire, lanca-il à ses deux compagnons, d'un ton furieux. Je ne le supporte plus!
Gemma qui avait repris sa forme humaine avait entendu les paroles de Sandro et était terriblement blessée. Mais elle ne pouvait pas laisser Dens sans l'avoir calmé. Elle lui dit:
- Tu te comporte vraiment en bête! Tu ne sais pas règler tes problèmes autrement qu'en négociant à coups de crocs?
- Si... Mais lui, c'est un cas spécial!
- Dens...
Mais celui-ci s'éloignait déjà, l'air furieux. Désemparée, Gemma baissa la tête. Au loin, des ombres se profilaient derrière les collines. Les Damnés étaient de sortie... Et bientôt, le chaos règnerait.