One-Shot
Il pleuvait. Le bruit sourd des éclairs puissants résonnait dans la forêt. Un tout petit Pokémon marchait lentement, sans savoir où il allait. Il errait, quoi. Il serpentait entre les flaques d'eau, n'osant pas s'y regarder. Il en avait peur. Les autres le traitaient de "différent". Certes, il l'était : il l'avait lui même vérifié en regardant son reflet dans une de ces flaques. Son casque était bleu, et les petites pointes qui le surmontaient était orangées. Les autres, eux, avaient un casque vert et des pointes rouges. Ils le traitaient de "différent", ou de "bleu", ça dépendait des fois. Ses parents l'avaient abandonnés sous prétexte qu'il était différent. Si ça se trouve, c'était eux qui étaient différents... C'est ce que le petit Pokémon se forçait à croire. Il ne cessait de pleurer et de se lamenter. Et il errait dans la forêt... Enfin, la pluie s'arrêta, et le soleil arriva, inondant la région de ses rayons chauds. Le petit Pokémon regarda l'astre du jour, puis il pénètra dans une petite clairière. Il restait encore une flaque d'eau... Il s'en approcha en allant à une lenteur incroyable et regarda encore une fois son reflet, comme s'il avait l'espoir de voir qu'il avait changé. Mais ce n'était naturellement pas le cas. Une petite larme éclaboussa la surface de la flaque d'eau...
Des cris se firent entendre. Un cri d'une autre, d'une qui n'était sans doute pas appelée "différente", comme lui. Il hésita quelques secondes, puis se dirigea vers l'endroit d'où provenait ces hurlements aigus. Une jeune autre s'était empêtrée dans la toile gluante tissé par un Mimigale, petites araignées capables de dévorer des Pokémon qui faisaient leur taille, ou même parfois un tout petit peu plus gros. La jeune fille hurlait à s'en casser les cordes vocales jusqu'à ce qu'arrive le "différent". Elle paraissait rassurée. Le petit Pokémon différent réfléchit quelques minutes : comment sortir cette pauvre fille de ce pétrin ? Il trouva vite une idée. Il s'empara d'un bâton et commença à grimper à l'arbre, s'aidant d'une des pointes qui sortaient de son casque pour s'aggriper un peu plus facilement à cet arbre. Il arriva sur la branche où était joyeusement perché le Mimigale, qui était heureux d'avoir attrapé une proie. Tremblant de peur, le petit Pokémon s'approcha du Mimigale et brandit son bâton, comme pour effrayer le Mimigale, mais cela ne servit à rien. L'araignée grogna et s'avança à son tour vers son adversaire. Par reflexe, le petit Pokémon crééa des clones illusoires : il effectuait la capacité nommée Reflet. Déconcertée, le Mimigale ne savait plus ou donner de la tête, et aussitôt, le petit Pokémon la frappa d'un bon coup de branche, faisant tomber sa victime qui s'enfuit sur le champ. Il s'attaqua ensuite à la toile qui retenait la jeune fille, essayant de la découper à l'aide de son bâton. Il réussit, mais étant donné que la toile était coupée, la jeune fille tomba à terre. Il perdit l'équilibre et tomba à son tour, atterrissant sur la jeune fille.
Ils se relevèrent et firent connaissance.
"Je te remercie, petit Tarsal, s'exclama la jeune fille. Comment t'appelles-tu ?
-Je... Je ne sais pas, répondit le petit Pokémon. Mes parents m'ont abandonné avant de me nommer.
-Comme c'est triste... Moi, je vais t'appeler Mizuiro, parce que ça veut dire bleu, comme ton casque ! C'est mignon, non ?
-Oh... oui, j'adore ce prénom ! Merci !"
La jeune fille, quant à elle, se prénommait Yoake. Ils parlèrent longtemps tous les deux, si bien que la nuit commença bien vite à tomber. Mizuiro se mit à pleurer, et Yoake lui demanda la raison de ces larmes. La cause était que Mizuiro n'avait pas d'endroit où dormir. Yoake lui proposa de venir dormir chez elle. Elle était persuadée que ses parents accepteraient. Ils allèrent tous les deux trouver la maison des parents de Yoake. Elle y entra la première, entrebaîllant la porte. Enjouée, elle présenta à sa famille son nouvel ami, le "diifférent". Ils se mirent à hurler, et le repoussèrent immédiatement à l'extèrieur de leur tanière. Le jeune Tarsal s'en alla en pleurant, grimpa en haut d'un arbre, et se construit un petit nid en feuilles bien préparé, pendant que les parents de Yoake lui interdisait de fréquenter un individu pareil. Mizuiro s'endormit. La lune avait remplacé le soleil depuis une petite heure déjà.
Enfin, c'était le matin, maintenant. La lune avait laissé sa place au bel et rayonnant astre du jour. Yoake réveilla Mizuiro. Elle lui dit ces mots :
"Ecoute, je vais demander au sage de l'étang, Barbicha. Mes parents disent qu'il sait tout, alors il me dira si c'est grave que je sois amie avec toi, toi qui est un peu différent de nous.
-Et si tes parents ont raison ?
-Je resterais quand même avec toi ! Je le jure."
Et sur ce, elle partit, laissant le jeune Tarsal sur dans son arbre. Elle passa quelques heures à l'étang. Pendant ce temps, Mizuiro mangea quelques baies et attendit son retour avec impatience. Mais elle ne revint pas. Il eut beau attendre toute la journée, il ne vit pas l'ombre de Yoake. Le jeune Tarsal choisit de passer encore une nuit dans les environs. Qui sait, peut-être que Yoake sera revenue demain...
Le lendemain, il ne la vit pas. Mizuiro décida de la chercher. Il explora la forêt. Tous les recoins de la forêt. Il chercha partout, ou presque : il n'avait pas encore visité l'étang du sage Barbicha. Il pénetra dans la clairière où demeurait le sage. Yoake était là. Elle avait changé... Elle n'était plus la même, mais il la reconnaissait. Il la reconaissait à son regard, qui était si froid pour les autres, mais pour lui si chaleureux. Une larme coula sur la joue de la jeune et belle Kirlia.
"Barbicha me l'a dit... Il m'a dit que ceux qui étaient comme toi étaient des démons... Et il m'a dit également comment évoluer. Maintenant, pars. Je ne t'aime plus."
Elle ferma les yeux. Mizuiro n'y croyait pas.
"Mais... Mais tu m'avais promis...
-Non. Je suis revenue sur ma décision. Je t'ai dit de partir. L... Laisse-moi, s'il te plait..."
Mizuiro était abasourdi. Il se retourna lentement et partit. Il recommença à marcher sans savoir où il allait. A errer, quoi. Il marchait a une certaine lenteur, et avait un regard extrêmement vide ainsi qu'une bouche grande ouverte, ce qui le faisait ressembler à un mort-vivant. Une seule pensée se promenait dans sa tête : le fait que Yoake ne l'aimait plus. Il alla s'assoir sur une souche d'arbre et se mit à pleurer. Il lacha quelques sanglots, puis sécha ses larmes. Il ne fallait pas qu'il pleure. Ca n'était pas digne d'un homme. Enfin, d'un petit garçon. Mais Mizuiro voulait devenir un homme. Il voulait changer, comme Yoake. Là, peut-être qu'elle l'aimerait de nouveau. C'est ce qu'il pensait. Il se leva et regarda le ciel. Le soleil était tellement beau... Et les nuages... Le jeune Tarsal réfléchit quelques instants. Comment Yoake avait-elle fait pour changer ? Il ne le savait pas. Alors, qui pourrait répondre à cette question ? Yoake ? Non, elle ne voudrait sûrement pas. Alors, Barbicha ? Il ne voudrait pas non plus... Qui, alors ? A qui poser la question ? Il décida de partir de la forêt et d'aller demander à Xatu. Il avait entendu dire, auparavant, que Xatu était très sage, et qu'il acceptait les différences de tout le monde. Alors il n'aurait sans doute pas peur de Mizuiro. Ce dernier partit donc au grand Ravin, là où il pourrait sûrement trouver l'oiseau.
Le grand Ravin n'était pas très loin. Mizuiro ne mit pas longtemps à le trouver, et la route vers Xatu fut plutôt longue : il mit une nuit à trouver sa demeure. C'était de nouveau le matin. Xatu demeurait immobile et serein, observant l'astre du jour qui se levait. Le jeune Tarsal, heureux d'avoir trouvé celui qui pourrait répondre à son dur problème, lui posa alors la question.
"Dites-moi, Xatu, comment puis-je changer ?
-Il faut que tu deviennes différent au fond de toi-même. Alors, tu changeras.
-Au... Au fond de moi-même ? Comment ça ?
-Tsss... Il faut que tu deviennes plus fort mentalement... mais aussi physiquement. Hmmm, non... Surtout physiquement. Quand tu auras durci ton esprit, alors tu changeras.
-Oh... D'accord, Xatu.
-Attends. Il y a une autre chose que tu dois savoir si tu désires atteindre le stade maximum d'évolution.
-Hein ? Qu'est-ce que c'est ?
-Lorsque tu auras changé une première fois, tu pourras encore devenir différent. Seules les radiations produites par une pierre sacrée pourront te faire changer de forme à nouveau.
-Et où est cette pierre ?
-Dans une grotte ancienne nommée la grotte de l'Aube... Hmmm... Je ne sais pas exactement où elle se situe. Mais je suppose qu'elle se trouve dans les environs du grand Ravin. Tu n'as qu'a chercher... Maintenant, va, jeune Tarsal. Va évoluer pour trouver ton bonheur."
Sur ce, Xatu se remit à observer avec concentration le soleil qui voulait se positionner au-dessus de sa tête pour midi. Et Mizuiro revint vers la forêt. Comment pourrait-il devenir plus fort ? En s'entraînant, sans doute. Alors il alla dans une petite clairière, en face d'un arbre gigantesque. Il ferma les yeux et se crispa. Une légère vague multicolore s'échappa de son front et alla se fracasser contre le tronc du grand arbre. C'était une attaque Vague Psy. Il réessaya des milliers de fois afin de s'entraîner. Il combattit avec ses pouvoirs psychiques, mais également avec sa force physique : coups de pieds et coups de poings tombaient en vrac sur l'arbre gigantesque qui prenait des coups depuis des jours, car il s'entraînait depuis déjà une semaine entière. Il se sentait plus fort. Mais il ne pensait pas changer maintenant. Alors il continua à s'entraîner, encore et encore...
Après trois bonnes semaines, son corps avait durci. Après un mois environ, ses attaques psychiques étaient d'une puissance ahurissante. Après deux mois, toutes les attaques qu'il savait utiliser lui semblait d'une grande simplicité. Maintenant, il était fort. Trés fort. Un matin, lorsqu'il se réveilla, il sentit qu'il avait changé. Il alla regarder son nouveau reflet dans un ruisseau qui courait aux environs de la forêt. Il ressemblait à Yoake, à présent. Il était son clone, excepté pour les yeux froids de Yoake, et bien sûr pour l'éternelle couleur bleue et orange qu'il possédait et qui faisait l'objet de nombreuses moqueries. Il avait évolué, comme disait Xatu. Il se sentait bien mieux, maintenant... Mais il voulait devenir encore différent, comme avait dit Xatu. Il voualit atteindre le "stade maximal d'évolution". Alors, il se mit à chercher la grotte de l'Aube, pour trouver la fameuse pierre qui lui permettait de changer encore. Elle était bien cachée, derrière quelques arbres, dans un sombre recoin du grand Ravin. Il y pénètra, inquiet. Qu'allait-il trouver là-dedans ? Il ne savait pas. Et allait-il réellement trouver la pierre ? Ca, Xatu le lui avait dit, alors ça ne risquait pas d'être faux... Enfin, c'est ce qu'il pensait. Même s'il avait un peu peur, il y alla quand-même. De toutes façons, il fallait qu'il y aille, sinon, Yoake ne pourrait pas l'aimer. Il voulait lui montrer qu'il était comme elle, finalement...
La grotte de l'Aube était très sombre, malgré les quelques cristaux jaunes-verts qui illuminaient l'endroit. Mizuiro avait assez peur. Qui sait, des monstres horribles pourraient surgir de derrière un rocher... Après avoir traversé un long chemin, le jeune Kirlia déboucha dans un endroit où il y avait une source ainsi qu'une grande cascade. Juste devant le lac, il y avait quelque chose de très, très brillant. "Ce doit être la pierre", pensa Mizuiro en s'approchant de la dite pierre. Il tendit la main et toucha la pierre avec son index, et aussitôt une forte lumière blanche envahit la grotte. Mizuiro se sentait devenir considérablement plus fort. Il grandissait, aussi. Et de grandes lames lui poussait sur les coudes. Une espèce de bouée entoura ses hanches tandis qu'une crête poussa sur le haut de son casque. Voilà, il avait encore grandi. Il était particulièrement heureux et se mit à sourire et aussi à exécuter une petite dance. Il se précipita à la sortie de la grotte pour retrouver Yoake qu'il aimait tant. Il n'avait aucune idée d'où elle pouvait se trouver en ce moment, mais il savait que ses pouvoirs psychiques maintenant devenus amplement puissants l'aideraient à la retrouver.
Mizuiro alla s'assoir dans l'herbe et se concentra de toutes ses forces. Il voulait absolument localiser Yoake... Où pouvait-elle être en ce moment ? Chez ses parents ? C'était une solution. Le jeune Gallame se dirigea vers la tanière des parents de Yoake qui l'avaient rejeté sous prétexte qu'il était de couleur différente. Il se plaça devant l'entrée et dit à haute voix le nom de Yoake, en priant de toutes ses forces pour qu'elle fût chez elle. Il entendit la voix du père de la jeune fille qui lui hurlait qu'elle n'était pas ici, qu'elle était allée méditer sur la falaise au-dessus de la mer. Mizuiro sourit, remercit les parents et se précipita vers le cap, car il savait exactement où celui-ci se trouvait : c'était une des choses qu'il avait entendu dire il y a un temps. Il courut le plus vite qu'il le pouvait. Il faut dire qu'à présent, il était très endurant et beaucoup plus rapide que lorsqu'il était encore un jeune Tarsal. Comme il était heureux d'avoir évolué ! Il était maintenant persuadé que Yoake l'aimerait. Tout en courant, il leva la tête et observa la lune quelques instants. Elle apportait un peu de lumière dans la nuit maintenant bien sombre. Mizuiro sourit à nouveau. La lune était magnifique. Aussi belle que Yoake... C'est ce qu'il pensait.
Yoake était assise sur un rocher et observait les étoiles, parmi les herbes hautes qui volaient au vent. Une brise fraîche balançait les franges de la "robe" de Yoake. Elle avait à nouveau changé, elle aussi. Elle avait évolué... Mais elle était toujours aussi belle. Elle n'avait pas encore remarqué la présence de Mizuiro. Celui-ci s'avança silencieusement vers celle qu'il aimait. Il s'enmêla le pied droit dans une herbes et manqua de trébucher et Yoake se retourna aussitôt, particulièrement étonnée de le voir ici. Elle savait que c'était lui, et elle le trouvait très beau. Elle se mit aussi à sourire, se leva et alla vers le Gallame. Il la serra dans ses bras. Elle se mit à pleurer, et à s'excuser. Elle voulait se faire pardonner pour ce qu'elle avait dit. Le Gallame se mit à rire et prit un air enjoué, et serra un peu plus la belle Gardevoir dans ses bras puissants. Ils étaient enfin réunis. Il avait attendu ce moment depuis bien longtemps. Et il était arrivé. Ils s'embrassèrent sous la lune, si belle...
Et ce moment ne devait jamais se finir. Jamais...