Pleine lune de Pâques...
Les vaccances venaient de débuter. En ce charmant mois d'avril, l'air était frais et sec, les Charmillon et les Papilusion volaient en grandes nuée au-dessus des forêts. En cet occasion, la ville de Greena organisait, au moment des vaccances, un grand festival comportant une chasse aux oeufs et des concours pokémon. Parfait pour se reposer. Il y'avait entre autres une colonie à cet endroit qui offrait du divertissement aux jeunes dresseurs désireux de se changer du voyage initiatique. A Safrania, le bus de la colonie s'apprêtait d'ailleurs à partir.
Déboulant de l'une des rues adjacentes, une jeune fille d'environ dix-sept ans courrait à perdre haleine, son sac à bandoulière rouge se balancant sur son épaule, suivie par un Pyroli dont la queue flamboyante laissait une trainée orangé derrière lui, tant il courrait vite. Elle portait un haut noir moulant jusqu'en bas de sa taille par dessus un short écarlate découvrant ses jambes fines chaussée de bas noirs et de baskets rouges. Un bandana rouge tentait d'apprivoisé ses boucles brunes pulsées de reflets roux. Arrivant près du bus, elle fit un signe et le chauffeur laissa ouvertes les portes qu'il s'apprêtait à refermer. Elle passa sa carte sur le lecteur, remercia le conducteur et tenta de trouver une place. Près du fond, un jeune homme lui décocha un sourire éclatant et désigna le siège à côté de lui en repoussant son sac. Elle lui rendit son sourire et s'intalla à côté de lui, son Pyroli sur les genoux.
- Merci, dit-elle en posant son sac dans le filet au-dessus d'eux.
- Pas de quoi... Il la regarda dans les yeux et la jeune fille vit qu'il avait de magnifiques yeux non pas bleu ou marron comme elle aurait pu l'imaginer, mais d'une chaude couleur dorée comme le miel, étincellant. Ses cheveux avaient une couleur brune aux reflets dorés et ils tombaient en mèches rebelles sur son front. Il était beau, vraiment beau. D'ailleurs son regard donnait à la jeune fille une étrange sensation de vertige...
- Comment t'appelle-tu? demanda-il.
- Cornaline.
- Cornaline? Comme la pierre?
- Oui, exactement! dit-elle en riant. Mes amis m'appellent Corny et mon petit frère se paie ma tête en m'appellant Pop-Corn...
- Ne l'écoute pas... Moi, je t'appellerai Cornaline, par respect pour un si joli nom... qui va à une fille aussi jolie, dit-il en lui faisant un nouveau sourire.
Cornaline rit doucement, un peu gênée, mais très contente; il la trouvait jolie! Jubilant intérieurement, elle demanda:
- Et toi, comment t'appelle-tu?
- Sean, comme l'acteur, évites de rire s'il te plaît!
- Oh, je ne me permettrai pas...
Finalement, ils pouffent tous les deux de rire, heureux de se sentir si complices. Enfin, Sean demande:
- Alors, tu es dresseuse?
- Coordinatrice, plus exactement. J'ai un Charmillon, un Poissoroy et un Roselia. Je compte participer au concours de Greena, il paraît qu'ils en organisent un à Pâques. Et toi, d'où viens-tu?
Le jeune homme détourna un instant le regard, puis dit:
- De très loin... Je suis dresseur et j'ai fait comme tout le monde des quêtes pour les badges... Maintenant, je me pose.
- Qu'est-ce que tu lisais?
- "L'homme qui murmurait à l'oreille des Galopa". J'adore les Galopa... Ils sont si forts, si élégants... Majestueux!
- Oh, je croirais entendre le dirlo du fan-club de Carmin sur Mer...
Ils rient à nouveau. Puis Cornaline demande:
- En as-tu un?
Il hôche la tête en signe d'approbation. Puis dit soudain:
- Tu auras sans doûte l'occasion de le voir quand on s'entraînera pour le concours. Ton Pyroli est très mignon.
- Normal, avec tout ce que je lui donne de bon à manger... et qu'as-tu d'autre comme pokémon? demanda-elle.
- Un Phogleur, un Ligégon, un Pharamp, un Démolosse et un Grahyena. J'adore les combats, mais mon Phogleur est bon dans les concours.
- Moi, les combats ne m'interessent pas tellement. En fait, la première fois que j'ai combattu, j'ai perdu. Ca m'a écoeurée à vie des championnats.
- Pourtant, lors de certains concours, il faut combattre, rappelle Sean, un peu surpris.
- Oui, mais ca va, en général, les adversaires ne sont pas des colosses!
Sean lui fit un autre sourire, et leurs regards se croisèrent à nouveau. Pour la deuxième fois, Cornaline sentit son coeur faire un salto. Lui, pour sa part, sentait un douloureux serrment de coeur, et son estomac se nouait.
Une rencontre...
Cornaline le regarda donc plus attentivement et remarqua qu'il avait un air un peu sauvage, avec ses cheveux en broussaille et ses yeux d'ambre... Il était vêtu d'un jean noir moulant et d'un tee-shirt gris. Il paraissait d'ailleurs bien musclé. Elle finit par demander:
- Tu as des frères et des soeurs?
Le jeune homme détourna le regard et dit:
- Non... pas vraiment.
Le ton qu'il avait pris indiquait à Cornaline que c'était un peu plus compliqué que ca et elle préféra changer de sujet:
- Au fait, que sais-tu sur Greena, sinon?
Ils arrivèrent au camp vers le soir. L'endroit était assez sauvage, avec une grande forêt sombre et une plaine aux herbes folles. A la lueur du couchant, le paysage semblait rempli de reflets pourpres et sanglants. Cornaline sentit un frisson la parcourir et fut étonnée en entendant Sean dire:
- N'est-ce pas magnifique, un paysage au couchant? Tout est de pourpre et de ténébres... Qui sait quel mystère peut se cacher dans ces contrées?
- Oui, c'est vrai... finti-elle par dire.
Lorsqu'ils furent arrivés, ils durent se séparer pour s'installer dans les chambres.
- On se retrouvera au dîner, dit Sean à Cornaline avec un sourire amical.
Cornaline, elle était folle de joie:
"A peine quelques heures se sont écoulés, et j'ai déjà rencontré un beau gosse!!!"
Et c'est vrai, elle avait rarement rencontré un type aussi canon. Avait-il une petite amie? Elle espèrait que non. Mais bon au minimum, ils deviendraient peut-être des meilleurs amis... et s'il était libre, davantage...
Elle fit connaissance avec sa camarade de chambre. C'était une jeune blonde aux grands yeux bleus appellée Marine, qui adorait les Pokémon eau. Elles bavardèrent un moment et la jeune fille partagea un paquet de Pikachu au citrus* avec elle. Cornaline en fut contente, elle redoutait de se retrouver avec une chipie. De plus Marine s'était elle aussi spécialisée dans la coordination. Vers huit heures et demie, elles descendirent donc pour dîner. Celui-ci eut lieu à l'extérieur pour profiter du beau soir de printemps. Ils eurent des spaguettis aux fruits de mer, arrosés de soda trop sucré et super-chimique, le tout couronné par de la jelly au Citrus et à la Papaya. Sean dévorait comme une jeune loup, ce qui amusa Cornaline qui était beaucoup moins hative. Elle savoura l'arôme à la fois acide un peu piquant et sucré de la jelly et but deux grands verres de soda. Sean et elle n'arrêtèrent pas de discuter jusqu'au moment où le moniteur prit la parole:
- Bon, écoutez-moi bien, s'il vous plaît!
- Et s'il me plaît pas? commenta Sean à voix basse mais suffisament haute pour que Cornaline l'entende et se mette à rire.
- Comme vous l'avez vu, vous disposez d'un terrain d'entraînement et de pas mal d'autres choses pour vous préparer au concours qui aura lieu à la fin de la semaine, c'est-à-dire, le dimanche de Pâques pour la fête de printemps. Les règles sont simples, vous avez droit à trois pokémon maximum et vous faîtes comme vous l'entendez pour les combos. Par ailleurs, une petite chasse aux oeufs sera organisée le même jour. Faîtes attention si vous allez dans les bois pour vous entraîner, veillez à être rentrés à la tombée de la nuit.
Cornaline pouffa et dit à Sean:
- Bouhhhouuuh, y'a des bestioles qui vont nous bouffer tout crus, j'ai peur...
Sean ne rit pas et se contenta de répondre:
- Oh, vaut mieux peut-être pas se moquer de ca...
- Tu es supersitieux? dit Cornaline avec un rire.
- Laisse tomber...
Il avait à nouveau détourné le regard et Cornaline eut alors l'impression qu'il lui cachait quelque chose. Mais quoi?
Le lendemain, Cornaline s'éveilla parmi les premières et descendit aussitôt après s'être habillée. Le petit-déjeuner vite expédié, elle alla retrouver Sean. Celui-ci était déjà sur le terrain d'entraînement, près de la piscine, entraînant son Phogleur. Elle l'observe:
- Allez, Phogleur, attaque Blizzard, puis Queue de Fer! ordonne le jeune homme.
Le phoque exécute l'attaque Blizzard, créant une nuée de glace. Puis, faisant un saut élégant, il donne un grand coup de queue au millieu de la nuée, provoquant un tourbillon étincellant.
- Parfait, maintenant, Onde-Boréale!
Un rayon arc-en-ciel jaillit et parsema l'ensemble de mille couleurs chatoyantes.
- Wow!
Sean, se retourna, surpris. Il eut un sourire en aperçevant Cornaline:
- Oh, salut!
Elle s'avanca vers lui:
- Epatant, ton Phogleur! C'était magnifique!
Sean rougit un peu et dit:
- Ca, ce n'était rien. Ca te dirait de voir ma botte secrète?
- Okay, montre-moi!
- Très bien! Phogleur, tu es prêt? Sors de l'eau et montre-nous ton super combo! Pistolet à O, pour commencer!
Le pokémon sembla comprendre le désir de son dresseur. Aussitôt, il exécuta plusieurs attaques Pistolet à O coup sur coup, chaque jet dans une direction différentes, veillant à ce que les gouttes retombassent en plusieurs arcs de cercle réguliers. Puis, il exécuta une attaque Vent-Glace et les gouttes qui retombaient devinrent de grands pics acérés que le Pokémon se mit en tête d'esquiver rapidement en une série de sauts. Les pics de glace retombèrent alors sur le sable en formant une configuration particulière; une magnifique rosace étincellante sous le soleil. Cornaline fut stupéfaite:
- La vache! Je ne pensais pas que c'était possible de faire un truc pareil!
- Si, répondit Sean. Ce combo repose totalement sur la manière dont sont lancés les jet de Pistolet à O dés le départ. Chaque arc de cercle forme un morceau de la rosace. Il est difficile à réussir, mais du moment que le premier cercle est réussi, les autres suivent. En plsu, c'est dangereux à cause des pics. Je t'avoue qu'il s'est déjà blessé lors des entraînements, du coup, je n'utilise cette technique que lorsque j'ai vraiment un gros retard de points sur mes adversaires.
Cornaline a un air admiratif:
- C'est quand même très beau.
- Et toi? Qu'est-ce que tu sais faire avec Pyroli?
Cornaline sourit:
- Attends, je vais te montrer... Pyroli, à toi!
Mais dés qu'il fut sorti de la Pokéball, Pyroli toisa le jeune homme et se mit à grogner. Sean recula, surpris.
- Bah... Pyroli, que t'arrive-il? demanda Cornaline, stupéfaite.
Mais le pokémon continuait de grogner et Sean finit par sourire d'un air gêné:
- Apparement, il ne m'apprécie pas, ton pokémon...
- Eh bien, il apprendra! Allez, Pyroli, fais-nous le dernier combo que l'on a travaillé toi et moi!
Mais le pokémon refusa obstinément de faire quoi que ce soit. Cornaline finit par le rappeller, dépitée.
- Je suis désolée, je ne sais pas ce qui lui arrive...
Sean haussa les épaules:
- Bof... il n'aime pas voir un garçon tourner autour de sa jolie dresseuse, je pense...
Cornaline rit franchement.
Mais vers l'après-midi, un incident étrange arriva. Le temps étant très chaud pour un mois d'avril, Cornaline avait décidé d'aller se baigner dans la piscine et fit un beau plongeon, sous les yeux admiratifs de Sean. Mais alors qu'elle remontait à la surface, elle se rendit compte qu'elle avait oublié d'enlever ses créoles en argent. Elle s'approcha du bord et les retira:
- Sean, tu peux me les mettre près de mes affaires, s'il te plaît?
- Pas de souci! répondit le jeune homme qui était entrain de la regarder assis près du bord.
Il s'approcha et reçut les boucles d'oreilles dans sa paume mais à peine sa peau fut-elle en contact avec les bijoux qu'il poussa un cri de douleur et les lâcha, avant de se reculer comme sous l'effet d'une brûlure.
- Qu'as-tu? s'étonna Cornaline avant de plonger pour récupérer les boucles d'oreilles avant qu'elles n'atteignent le fond de la piscine et les posa elle-même sur le bord.
Elle vit alors que Sean abhorrait à présent sur sa paume droite un large cercle pourpre, trace de la boucle d'oreille qui l'avait effleuré, comme une brûlure.
- C'était de l'argent, tes boucles? demanda-il, un peu gêné.
- Oui, pourquoi?
- Je souffre d'une allergie monstre à ce métal, avoua-il. A peine je suis en contact avec que la peau me brûle. Cela me vient sans doûte de ma mère, elle ne pouvait porter de bijou non plus.
- Je suis désolée, je ne savais pas.
Sean lui fit un sourire:
- Ce n'est pas grave, oublions ca. Dans quelques heures, il n'y paraîtra plus. Allez, je te rejoins!
Il sauta à l'eau et ils jouèrent tout l'après-midi à s'éclabousser.
Vers le soir, ils se retrouvèrent au dîner et là à nouveau, parlèrent de tout et de rien. Si Sean n'était pas très caustique en ce qui concernait sa famille, il parlait de beaucoup d'autres choses. Lorsqu'ils se quittèrent, Cornaline prit son courage à deux mains et déposa un baiser sur sa joue. Le jeune homme parut étonné par son geste. Ils se regardèrent longuement, leurs coeurs battant à tout rompre... Puis elle se détourna et s'en alla.
La nuit venue, Cornaline fit un rêve étrange. Elle était dans la forêt qui entourait le camp et elle cherchait Sean. C'était la nuit, une nuit noire avec seule la lune qui brillait... Soudain, elle entendit un grognement. Elle se retourna et vit une grande bête lui foncer dessus. C'était un Absol. Un Absol avec des yeux d'une étrange couleur dorée, d'une taille supérieur à celle de ses semblables. Il bondit sur elle et elle hurla...
Elle se réveilla en sursaut, le coeur fou, une sueur froide, malsaine, lui coulant dans le dos. Elle se leva, alla vers la fenêtre. Ce n'était pas la pleine lune. La forêt était visible et l'on entendait d'étranges bruits... des hurlements de bêtes sauvages...
Trois jours s'écoulèrent. Sean et Cornaline ne se quittaient presque pas. Entre eux, la complicité s'établissait de mieux en mieux, même si les Pokémon de Cornaline, en particulier Pyroli, semblait hostiles à la présence du jeune homme. Entre-temps, ils eurent du bon temps avec les autres dresseurs du camp, en particulier des balades dans la forêt alentours. Et là, Sean sauva la vie de Cornaline.
Alors qu'ils étaient entrain de marcher au millieu du groupe, un orage innatendu éclata, violent. Tout le monde se précipita pour se mettre à l'abri et les deux compagnons furent à la traîne. Cornaline trébucha sur une racine et s'étala de tout son long. Elle entendit alors un horrible craquement, et perçut une odeur de brûlé; l'arbre en question venait de recevoir la foudre et tombait! Elle hurla.
Elle était sûre que la mort venait lrsque soudain, elle vit une sillouette lever les bras... et l'arbre stoppa net son renversement. Puis Sean -car c'était lui, elle l'avait reconnu immédiatement- projeta l'arbre du côté adverse avant de se pencher vers la jeune fille:
- Ca va? Tu peux marcher?
- Ma cheville...
Il la souleva aussitôt et se mit à courir. En moins de quelques minutes, ils furent de retour au camp, trempés par la pluie battante. Cornaline en fut quitte pour une cheville foûlée. Mais elle se posait des questions; elle l'avait VU soulever un tronc d'arbre! Ce qui en théorie, était impossible pour un garçon normal! Mais elle avait déjà compris que Sean était loin d'être quelqu'un d'ordinaire. Et elle était décidée à percer le mystère.
Elle sortit de l'infirmerie le vendredi matin et le chercha.
- Tu te portes mieux? demanda-il avec un sourire.
- Oui. Mais maintenant, je veux que tu me dises... comment tu as fait ca?
- Fait quoi? dit Sean en s'efforçant d'avoir l'air étonné.
- Tu as empêché cet arbre de me tomber dessus! Comment tu as fait?
Sean la regarda puis se mit à rire:
- Attends, tu penses vraiment que j'aurais SOULEVE un arbre?
- C'est ce que j'ai vu en tout cas.
- N'importe quoi! Il n'est pas tomber tout de suite parce qu'il n'était pas complètement déraciné, c'est pour ca que j'ai eu le temps de te ramasser et de me tirer!
- Tu mens.
Elle l'avait regardé dans les yeux, son regard vert dans le sien couleur d'ambre. Elle ajouta:
- Je sais ce que j'ai vu cette nuit-là et tu le sais aussi.
Il la foudroya du regard:
- Comme tu veux. Mais ne t'avises pas de raconter ca à qui que ce soit. Personne ne te croirait de toute façon!
- Possible...
Dans l'après-midi cependant, leur entente redevint plus cordiale. Ni l'un ni l'autre ne parlèrent plus de l'incident. Vers le soir après le dîner, ils se remirent d'ailleurs à parler de choses futiles, mais avec plus de retenue, comme si en fait, les mots étaient entrain de devenir de trop...
Ils étaient presque arrivés devant les bungalows qu'ils se turent tout à fait et se regardèrent longuement. Cornaline sentait une grande sensation de vertige en regardant les beaux yeux d'ambre de Sean... Ils se rapprochèrent l'un de l'autre. Et soudain, n'y tenant plus, s'embrassérent. D'abord doucement, puis avec fougue, chacun ressentant le besoin de sentir davantage l'autre... Cornaline sentait comme une brûlure sous ce baiser tant désiré... Dans sa fougue, Sean lui mordit la lèvre. Cornaline poussa sur le coup un petit cri de douleur. Le jeune homme se recula soudain:
- Bon sang, Cornaline! s'exclama-il comme dégrisé.
Il la regarda, paniqué, désespéré:
- Je n'aurais jamais dû faire ca. Va-t'en!
Cornaline le regarda désemparée:
- Pourquoi? murmura-elle.
- On ne peut pas... Je ne peux pas!
Elle fut stupéfaite et ne sut que dire.
- Je suis désolé.
Il prit le chemin du bungalow des garçons et la palnta là. Cornaline sentit une brusque envie de pleurer. Pourquoi la rejetait-il ainsi?
La journée du lendemain fut pire. De toute la journée, Sean fit tout ce qu'il put pour l'éviter. Cornaline se sentit le coeur lourd. Sa compagne de chambre s'en rendit compte et elle finit par lui avouer l'histoire. Marine sourit:
- Il a sûrement des sentiments pour toi, il n'arrêtait pas de te dévorer des yeux ces temps-ci. Il est peut-être tout simplement timide... Tu devrais lui parler, j'en suis sûre. Dis-lui que tu l'aime.
- Et si... il me rejette?
- Vous pouvez toujours être amis. Ou peut-être qu'il a un peu peur parce que vous ne vous connaissez pas depuis longtemps... Essaies!
- Merci, tu es sympa.
Elle prit donc son courage à deux mains et parvint à le coincer:
- Sean!
- Qu'est-ce que tu veux? demanda-il, un peu brusque.
- Savoir pourquoi hier, tu m'as embrassée avant de t'enfuir sans explication! Pourquoi?
Sean baissa la tête:
- Parce que... Il ne faut pas que j'ai... enfin, je veux dire...
- Qu'est-ce qu'il y'a? Ne m'aimes-tu pas?
- Là n'est pas le problème. Si je te disais, tu ne me croirais pas.
Cornaline le regarda:
- Je te croirai si tes paroles ont l'accent de la vérité.
Sean soupira. Il avait tant besoin de se confier! Il en avait assez, il devait l'avouer de supporter le poids de son terrible secret tout seul. Et il ne se sentait pas le courage de le cacher à Cornaline... qu'il avait aimé dés le tout premier regard. Il prit une profonde inspiration et finit par dire:
- Je... Je suis un Absol-Garou.
- Un quoi???
- Un Absol-garou. Je me métamorphose en Absol à chaque pleine lune... et je deviens dangereux et terrifiant. Je ne suis pas allergique à l'argent. Je ne le supporte tout simplement pas. C'est l'une des rares chose qui peut vraiment me tuer. J'avais à peine sept ans quand j'ai été mordu.
- Impossible!
- Tu veux une démonstration?
Il saisit son petit canif et se tailla le bras. Le sang gicla... deux minutes après, la plaie se referma sans une trace. Cornaline le regarda ébahie.
- Tu comprends maintenant? Je ne veux pas t'entraîner là-dedans! Alors oublies-moi. Après-demain, la colo sera finie. Je disparaîtrai de ta vie comme si nous ne nous étions jamais rencontrés.
- Pas d'accord, répond Cornaline. Je ne vois pas le problème. Crois-tu qu'avertie maintenant, je vais être assez conne pour t'approcher une nuit de pleine lune? Et quand au reste, facile, je mets mes créoles au clou, et quant à mes pokémon, ils finiront par s'habituer à toi.
- Mais même! Tu as vu? Hier en t'embrassant, je sais que je t'ai fait mal... Tu es si fragile pour un type comme moi... Je pourrai te tuer en une seconde. Te briser la nuque sans même le vouloir... Et même humain, quand la pleine lune approche, j'ai déjà des pulsions meurtrières. Non, vraiment je...
Cornaline le fusilla du regard:
- Mais qu'est-ce qu'on s'en fout! C'est ma vie, c'est mon choix. Quoi qu'il arrive, quelques soient les risques, je resterai avec toi. Si tu veux de moi.
Il la regarda et murmura:
- Cornaline...
Mais elle ne l'écoutait déjà plus et elle colla soudain ses lèvres aux siennes. Sean fut si stupéfait qu'il ne songea pas à la repousser. Il finit par l'enfermer dans ses bras et lui rendit son baiser avec passion. Puis, il l'interrompit et déposa des baisers partout sur son visage... Les deux sentirent le feu brûlant de l'amour dans leurs corps. Puis ils relâchèrent légérement leur étreinte. Sean regarda Conaline avec tant d'amour dans ses yeux d'ambre que la jeune fille sentit son coeur se serrer. Elle l'embrassa à nouveau. Ils laissèrent leurs mains s'égarer sur leurs corps, Sean glissa ses mains sous le tee-shirt de la jeune fille pour sentir sa peau... Cornaline finit par se dégager légérement et l'embrassa dans le cou, passa une main dans ses cheveux...
Il y'avait un bungalow inoccupé à côté de celui des monos. Servant provisoirement de lingerie, il était à peine fermé. Les deux amoureux, tout à leur passion n'eurent aucun mal à y pénétrer. Le lit était un peu petit, mais cela ne les arrêta guére. Cornaline ne l'avait encore jamais fait, mais elle était détendue. Elle désirait tant Sean... Ne faire plus qu'un avec lui, l'idée était merveilleuse. Et ils ne firent bientôt plus qu'un. Leurs coeurs et leurs corps parlaient pour eux. Sean continua à embrasser sa compagne tout au long de l'acte... Le parfum ennivrant de son cou l'envoûtait, il lui mordillait la gorge, prêt à la dévorer... Mais s'il la dévorait, c'était uniquement de baisers et de tendresses... Ce dont sa proie ne cessait d'être demandeuse. Elle caressait son torse couvert de cicatrices... Cornaline atteignit bientôt le sommet de l'extase et Sean l'y suivit instantanément... Il se retint de crier en lui mordant les lèvres... Et enfin, ils se laissérent aller l'un contre l'autre, apaisés. Sean regarda sa compagne dans les yeux avant de lui murmurer:
- Tu es la plus précieuse des pierres... Ma Cornaline... Je ne me suis jamais senti aussi human... Je t'aime...
- Moi aussi, je t'aime, Sean... De tout mon coeur...
Ils s'endromirent dans les bras l'un de l'autre. A l'aube, Cornaline s'éveilla. Elle contempla le jeune homme endormi. Il était si mignon, on aurait dit un bébé... Tendrement, elle le réveilla d'un baiser.
- C'est déjà l'heure? demanda-il l'air endormi.
- Oui, de se tirer d'ici et de regagner nos chambres... avant que les monos ne nous pincent!
Sean soupira:
- Hum... Reste encore un peu...
Il l'enferma dans ses bras et la plaqua contre l'oreiller. Elle éclata de rire. Enfin, ils échangèrent un baiser. Puis finalement, elle se dégaga à nouveau.
- Il est presque sept heures, ca va commencer à se réveiller dans les parages...
- Tu as raison.
Ils se rhabillèrent tous deux, en se jetant des regards amoureux. Puis Cornaline s'apprêta à sortir.
- Attends...
Il alla vers elle et l'embrassa à nouveau. Ils restèrent ainsi une longue minute, puis elle se détacha. Il voulut sortir à son tour, mais là, ce fut elle qui le rattrappa et l'embrassa à son tour. Enfin, ils se lâchèrent une fois pour toute en riant comme des jeunes enfants.
- Allons faire une balade en attendant ces gros flemmards! proposa-il soudain.
- Excellente idée! approuva-elle.
Ils rentrèrent une demie-heure plus tard. Cornaline et Sean n'eurent finalement pas droit aux questions embarrassantes, même si les monos les regardaient d'un air... malicieux.
La fête de Pâques bâtit son plein. Sean remporta finalement le fameux concours grâce à Phogleur. Cornaline en était très heureuse pour lui. Pyroli semblait lui aussi s'être calmé et avoir accepté l'idée que Sean, Absol-Garou comme il était, était un type bien. A la chasse aux oeufs, ils firent une grosse récolte et se gavèrent de chocolats et de nougats le restant de l'après-midi. Mais cependant...
Ce Dimanche-là, était un soir de pleine lune.
Tout heureux qu'il était, le jeune homme l'avait oublié.
Etait-ce qu'il était voué au malheur? Etait-ce que son amour se trouvait au mauvais moment au mauvais endroit? En tout cas, ce soir-là, il ne se méfia pas et comme d'habitude, les deux traînèrent derrière les bungallows et allèrent sur la colline. Le coucher de soleil fut magnifique. Du rouge, du rose... les couleurs de l'amour était dans le ciel. Et eux étaient si bien... Demain, ils repartiraient et iraient ensemble sur les routes. Jamais plus ils ne se quitteraient.
Enfin, le ciel devint opaque. Sean sentit brusquement une redoutable douleur au ventre.
- Qu'est-ce qui t'arrive? demanda Cornaline.
- Attends... on était quelle lune hier??? demanda-il soudain, affolé.
- Premier quartier... gémit Cornaline qui comprit soudain.
La nuit tombait totalment et les deux adolescents virent l'extrémité d'un nuage commencer à s'éclairer...
- QU'EST-CE QUE TU ATTENDS??? TIRE-TOI!!! hurla-il en la bousculant pour la tenir loin de lui. COURS!!!
Cornaline ne se le fit pas dire deux fois. Elle se mit à dévaler la colline, voyant au loin le camp qui ne devait pas être à plus de dix mètres. Pendant ce temps, Sean subissait son effroyable transformation sous la lune argentée qui semblait le narguer. Devenu Absol, il n'était plus qu'une brute uniquement préoccupée de mordre et de tuer...
Il renifla la brise... qui lui transmit le doux parfum de Cornaline.
Il dévala la pente à son tour. Cornaline l'entendit galoper et comprit qu'il était déjà sur ses talons. Le coeur fou, elle accéléra...
Mais il approchait. Irrémédiablement. Elle se mit à courir en zigzag, espèrant que la bête aurait du mal au changement de direction. Elle ne fut pas assez rapide. La bête parvint à la faire tomber d'un coup de patte. Elle roula en bas de la pente. L'Absol d'une blancheur immaculé et aux yeux de fauve se jeta alors sur elle et planta ses griffes dans sa gorge. Cornaline sentit une vive douleur, son sang l'asperger et un souffle se bloquer dans sa gorge. Elle fixa la bête dans les yeux, plongeant son regard vert dans ses yeux d'ambre...
Et là...
Le miracle se fit. L'Absol récupéra d'un coup son esprit d'être humain. Lâchant Cornaline, il hurla à la mort. Un long hurlement, plein de douleur, plein de chagrin et de colère. Et Sean redevint brutalement lui-même. C'était sans doûte la première fois qu'il venait de violer son instinct de tueur... Il était redevenu humain sur le coup, mais c'était trop tard.
- NON!!!
Il se pencha vers le corps inaminé de la jeune fille. Cornaline n'était pas encore morte, pas tout à fait. Elle ouvrit les yeux et le regarda. Elle essaya de respirer mais cracha un peu de sang.
- Non... Tiens le coup, je t'en prie, je vais te sauver... Pardonnes-moi, pardonnes-moi...
Elle voulut dire quelque chose, mais à cet instant, sa respiration se coupa et ses yeux se voilèrent et se fermèrent. Mais il n'y avait eu nulle reproche dans son regard. Juste de l'amour.
- NOOONNN!!!
Le jeune homme éclata en sanglots. Il ne voulait plus vivre. Il ne pouvait plus, sans elle... Il venait de la tuer, elle, sa Cornaline! Sa pierre précieuse...
Il retourna au camps. L'eau de la piscine brillait sous la lune. Il sauta dans l'eau froide... Le contact de l'eau glacée lui fit froid mais il s'en fichait. Il ne lutta pas, il se laissa couler tout au fond et sentit l'eau entrer dans ses poumons...
La dernière chose qu'il vit avant que les ténébres ne l'emportent fut la lune derrière l'écran de l'eau qui se ridait sous l'effet de la brise nocturne.
*A la place des Crocodiles Haribo, pourquoi pas? ^^