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The Latest Hope de Mytitoune



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Informations

» Auteur : Mytitoune - Voir le profil
» Créé le 01/03/2008 à 13:39
» Dernière mise à jour le 23/03/2009 à 02:17

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Prologue
Le paysage s'éveillait lentement, suivant docilement l'humeur de l'astre tout juste levé...
Celui-ci venait lentement réchauffer l'atmosphère de ses rayons tremblants, illuminant la voûte céleste de sa lueur orangée et révélant aux yeux des Hommes toute la splendeur de l'endroit.
Une magnificence que tous admiraient, enviaient mais que l'espèce humaine ne saurait jamais reproduire même avec la meilleure volonté du monde...
Aucun peintre n'aurait jamais le talent nécessaire pour faire transparaître sur une toile toute l'émotion de l'instant...

L'aurore blafarde, insensible à l'engouement qu'elle pouvait bien susciter, continuait à blanchir l'horizon à coup de crayons hésitants tandis que la lune et ses reflets blonds se dissolvaient définitivement dans le jour naissant et que le soleil faisait le dos rond en montant majestueusement à l'assaut du ciel duquel les étoiles s'étaient unes à unes retirées, partant retrouver le firmament.
L'eau paisible qui entourait la ville reflétait à présent cette boule dorée qui déployait sa palette de couleurs chaudes, estompant progressivement le bleu profond qui devenait soudain or pur.
Puis la brise matinale décréta que le moment était venu, pour elle aussi, de se lever et d'entamer dignement cette nouvelle journée, apportant ainsi ce vivifiant air marin qui, de mémoire d'homme n'avait jamais cessé de souffler sur la petite cité côtière de Rivamar.

Cependant bien peu de gens pouvait se vanter d'avoir déjà contemplé ce spectacle dans sa totalité sans se détourner à un moment ou à un autre, happé par d'autres occupations considérées sans doute comme « bien plus importantes »...
Il était regrettable que plus personne ne prenne véritablement le temps d'observer respectueusement la beauté que nous offrait si gracieusement la nature et auquel beaucoup tournait le dos sans remords, considérant cela comme banal ou estimant qu'ils auraient largement le temps de le faire un autre jour... plus tard...
Car ma foi, un levé de soleil n'était pas un événement rare, il se reproduisait quotidiennement alors à quoi bon s'en préoccuper aujourd'hui en sachant que nous pouvons très bien remettre cela à demain ?
Oui, mais demain deviendra aujourd'hui et finalement certains disparaîtraient sans avoir jamais pris la peine de s'arrêter devant un tel déploiement de somptuosité et d'harmonie, ignorant inévitablement la générosité de cette noble planète...

A cette heure, les habitants devaient encore être blottis au chaud sous leurs couettes, rêvant à je-ne-sais-quoi, à une réalité incontestablement meilleure que celle dans laquelle ils évoluaient malgré eux.
La vie était ainsi faite, pas moyen de lutter, pieds et poings liés, empêtrés dans les traditions, les habitudes, les principes utopiques, les contraintes en tout genre, les besoins triviaux...
Aussi, en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire vous vous retrouviez dans une société profondément hostile sans aucun moyen d'y échapper...

Quoi qu'il en soit, les rares courageux déjà debout se mettaient au travail sans grande motivation.
Pêcheurs, boulangers... des métiers bien ingrats en somme.
Mais il en fallait bien.
Pas le choix, hein ?

Les marins se réunissaient en riant devant le bar le plus populaire du coin, s'offrant de grandes accolades amicales avant de se diriger d'un pas vif vers le bateau amarré au port autour duquel les Goelises exécutaient une danse effrénée, étendant leur longues ailes blanches et se laissant porter par le vent, attirés sans doute par l'odeur persistante de poisson qui y régnait.
Quelques minutes plus tard, le chalutier, duquel s'échappait des cris, des ordres, rendus inaudibles par la distance et qui se perdaient finalement ne laissant qu'un bourdonnement de voix indistinctes, levait l'ancre et s'éloignait, fendant bravement la mer et ses caprices de sa coque rouillée... suivit par un regard perçant et impassible d'un bleu océan ressemblant étrangement aux vagues impudentes et effrontées qui se heurtaient aux rochers sans parvenir jamais à les faire céder, ce qui ne les empêchait pas de repartir à l'assaut encore et encore sans se lasser.

Impudente et effrontée... oui, ces deux qualificatifs saillaient remarquablement à la lueur qui animait les prunelles que le jeune homme avait rivé droit devant lui, loin, très loin, tellement qu'elles paraissaient voir des choses restées invisibles pour les autres, pour ceux qui n'avait guère appris à regarder au-delà.
Mais il y avait autre chose, de plus incompréhensible, de plus indicible qui planait dans ces yeux envoutants que recouvraient par intermittences des paupières indécises... Une espèce de mélancolie mêlée à une lasse frustration, que vint appuyer un soupir discret et quasi-inaudible.

Le garçon, les genoux repliés contre lui, les bras soutenus par ces derniers et le visage logé dans cet oreiller improvisé, paraissait méditer.
Le calme qui émanait de lui aurait même pu donner l'impression, trompeuse, qu'il s'était tout simplement assoupi dans cette curieuse position et dans ce lieu bien improbable.
Mais il ne dormait pas et cela faisait bien longtemps, malheureusement, que le sommeil, ce sommeil paisible, durable et réparateur, n'était plus qu'un lointain souvenir...
Désormais, ses nuits étaient entrecoupées de cauchemars affreux et flous qui l'arrachaient brutalement et sans scrupules aux bras de Morphée, le laissant pantelant, le corps tremblant et en nage, la respiration saccadée, mais dans l'incapacité totale à se remémorer exactement le sujet de ces songes si hachurés et surtout si effrayants...

C'était sans doute la raison de sa présence, ici, sur ce fameux rocher qui faisait la réputation de l'endroit grâce à sa forme presque similaire à celle d'un Ronflex, alors que venaient tous juste d'apparaître les premières lueurs de l'aube.
Lovée contre lui, on pouvait apercevoir, en y regardant de plus près, une petite boule de fourrure dorée, qui respirait paisiblement, calquant sa sérénité sur celle de son ami mais dont les oreilles dressées, pivotant par intermittence, reflétaient un esprit aiguisé, à l'affut d'un danger potentiel mais permanent.

De longues minutes s'écoulèrent ainsi, interminables pour les deux protagonistes de ce tableau que l'on eu dit immuable, avant que le petit félin ne se mette à bouger...
Se redressant en position assise, d'un mouvement aussi souple qu'agile, la créature s'étira lentement dans un bâillement quasi-inaudible, maudissant sans doute les insomnies répétées de son compagnon, avant de river son regard perçant sur le dresseur d'apparence toujours somnolente.

Ses cheveux blonds, agités par les bourrasques qui jamais ne s'essoufflaient, voletaient devant ses iris, lui empêchant d'en observer toute l'intensité.
Elle lui avait toujours connu ce même regard, si impassible, si mystérieux... qui conservait précieusement la moindre de ses émotions, refusant égoïstement de la livrer à tout autre que lui mais qui gardait néanmoins une touche imperceptible de fragilité et de douceur.
Il y avait chez lui une tristesse certaine, une nostalgie qu'elle ne comprenait pas, toute pokémon qu'elle soit mais qui le rendait secret, vulnérablement résistant.
Tout un paradoxe...
Mais peut-être était-elle la seule à concevoir tout ceci, peut-être que l'empathie naturelle dont faisait preuve les êtres de son espèce lui permettait-elle de déceler ce à quoi les humains étaient insensibles...

Combien de fois n'avait-elle pas eu à endurer silencieusement les reproches que les autres faisaient, soit disant dans son dos, le jugeant totalement dépourvus d'émotions, trop dur, trop renfermé, et qui parvenaient jusqu'à lui sans que cela ne le fasse seulement ciller... ?
A croire que les propos désobligeants de ces sales types l'atteignait plus que lui, pourtant seul véritable intéressé.
Et en sentant sa tension, quand la colère grondait en elle et que le désir de leur faire ravaler toutes ces médisances se faisait trop grand, il lui suffisait d'un seul mot pour l'apaiser totalement.
Il disait : calme-toi... ou... ça ne fais rien... ou encore, laisse les dire...

Pour sa part, elle peinait à analyser ce détachement qu'elle estimait, à tort ou à raison, beaucoup trop grand.
Il avait pourtant la force de leur faire ravaler tout ça mais il se contentait de rester là, endurant leur méchanceté sans le moindre tressaillement...
Et sa fierté dans tout cela ?!

Mais ça n'avait pas toujours été ainsi...
Autrefois, à son arrivé à Rivamar, il avait été admiré et les enfants rêvaient tous de lui ressembler...
Elle imaginait encore les bambins se pressant autour d'eux, aspirant à obtenir conseil et avis auprès de son maître et plus aléatoirement à la caresser.
Si elle éprouvait des regrets ? Non pas vraiment.
Les pokémons ne vivaient pas le passé comme les humains, n'y attachaient pas autant d'importance.
Ce qui comptait, c'était que malgré le temps qui s'était écoulé et les épreuves qu'ils avaient dus traverser ensembles, il était toujours là, avec elle...

Voyant qu'il ne lui prêtait aucune attention, elle, n'ayant jamais été réputée pour sa patience, déposa sa patte fine sur la jambe de celui qui occupait toutes ses pensées et qui daigna enfin poser son regard assombris dans le sien qui le fixait avec une insistance bienveillante.

Sa voix s'éleva alors, chaude, grave, profonde... si mélodieuse aux oreilles sensibles de la petite Voltali.

« - Reiri ? »

En réponse à cette « interrogation » familière qui signifiait, en moins de mots, les humains ayant cette fâcheuse tendance à l'économie de vocabulaire (cet humain là en particulier d'ailleurs) : « Qu'est-ce qu'il y a, Reiri ? », celle-ci ce releva totalement indiquant d'un signe gracieux de la tête en direction des maisons qui se suivaient au loin presque à l'identique, qu'il était peut-être temps de rentrer.
Sans doute allaient-ils s'inquiéter.

« - Tu as raison. » Lâcha-t-il, comme à regret, poussant un soupir las.

La gratifiant d'un sourire discret mais emplit de chaleur, il se mit debout et dans un automatisme idiot, épousseta futilement sa tenue sombre, celle-ci n'étant absolument pas salie.
Perché sur ses longues jambes, il plaça ensuite sa main en visière, comme pour scruter l'horizon sans être gêné par le soleil matinal, ne se préoccupant plus des prunelles émeraudes de la féline qui ne le quittaient pas.
Il resta ainsi quelques secondes, immobile, les yeux plissés, avant de laisser mollement retomber les bras le long de son corps.
Nouveau soupir...

« - Tali ? (Ça va ?) »
« - Oui, je... Ne t'inquiète pas... »
« - Vol voltali (Facile à dire). »
« - Allez, viens, on y va. »



[...]