Le Maître du Vent de supersian

Grande salle à manger de l'hôtel où s'étaient réfugiés les deux amis. Pas mal de touristes qui savouraient leur gâteaux locaux en discutant des visites qu'ils allaient faire aujourd'hui. Et, au milieu, Albert et Alizée qui baillaient à qui mieux mieux.

- Et tu crois qu'on va pouvoir rentrer à l'arène maintenant ? demanda la dresseuse en se beurrant une tartine.
- Je sais pas... Est-ce qu'ils seraient obstinés au point d'attendre qu'on sorte de l'hôtel pour nous suivre ? interrogea le futur Champion à voix haute.
- Bah étant donné ce qu'on a réussi à voir, moi je dirais oui... hasarda la jeune fille, qui maintenant étalait de la confiture sur son morceau de pain.
- Va falloir qu'on trouve une solution pour sortir discrétement... réfléchit Albert.
- On se déguise !? proposa son amie, enthousiaste.
- Euh... Pff...
- Ouais bon, j'ai compris... râla la dresseuse en mordant dans sa tartine de dépit.

Un petit instant de silence entre eux-deux s'écoula, pendant lequel on pouvait entendre pleinement le vacarme du pépiement de tous les occupants de l'hôtel, visiblement en pleine forme à 10 heures du matin.

- J'ai trouvé !!! s'exclama soudain Albert en frappant sur la table.
- Hé ! râla Alizée, qui venait de laisser tomber sa tartine sur la nappe. C'est malin...

Pendant qu'elle essayait discrétement d'enlever la confiture avec sa serviette, son ami lui fit part de son plan pour sortir discrétement.


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Un quart d'heure plus tard, Alizée et Albert chevauchaient un Roucarnage aux plumes teintes en rouge écarlate. L'oiseau était l'un de ceux utilisés par la compagnie de livraison Cramoi, ( le centre de la société était installé à Cramois'île, et tout ce qui avait trait à la société était rouge vif ). Les deux amis s'étaient rendus sur le toît de l'hôtel discrétement, et avaient négocié avec les livreurs du moment de pouvoir achever leur tournée à leur place. Maintenant, ils se dirigeaient vers le Centre Pokémon pour une autre livraison, le Roucarnage portant dans ses serres un grand nombre de paquets en carton contenant divers produits.

Le pokémon volant s'arrêta devant l'endroit désiré. Albert descendit, et admira en ricanant son reflet dans la vitre étincelante de l'entrée du Centre. Il avait lui-aussi revêtu le costume de la compagnie Cramoi, un espèce de smoking intégralement rouge, passablement hideux. Alizée, elle, avait eu droit au même smoking, puisque les livreurs étaient deux hommes.

Alors que les deux amis allaient pénètrer dans le batîment, une jeune dresseuse aux cheveux blonds en sortit, donnant sans ménagement un coup de pied à un Gobou. Le petit animal, qui ne comprenait rien à ce qu'il se passait, regardait celle qu'il pensait être sa maîtresse, les yeux embués de larmes. Mais la jeune fille se fichait bien de lui, et la porte du Centre Pokémon se referma, séparant définitivement le Gobou de sa maîtresse.

- Euh... C'est moi ou on vient d'assister à un abandon lâche, cruel et inhumain ? interrogea Alizée, qui croyait à peine à ce qu'elle venait de voir.

Albert, encore abasourdi, ne put qu'empêcher le Roucarnage de la compagnie Cramoi de dévorer le Gobou pour son petit déjeuner. Le pokémon les regardait en suppliant.

- On n'a qu'à l'envoyer au Prof Orme... proposa Albert.
- Bonne idée.

La dresseuse captura sans aucun problème l'animal avec une des pokéballs vides qu'elle avait gardée au cas où, et les deux faux livreurs entrèrent dans le Centre Pokémon.

Albert n'était que rarement entré dans ce genre d'endroit. Cependant, il savait bien qu'il devait aller voir l'Infirmière Joëlle, et il déposa en geignant un énorme colis sur le comptoir, pendant qu'Alizée le regardait faire en rigolant, ayant pour sa part les mains vides.

- Ah, la compagnie Cramoi ? Voyons, est-ce bien les antidotes que j'avais commandé ? La nurse fourragea à l'intérieur du carton, pendant qu'un Leveinard s'occupait d'un Fouinette blessé.

Les deux amis regardaient à présent autour d'eux, afin d'apercevoir la dresseuse blonde. Malgré le PC encore allumé, elle n'était pas dans le hall principal... Etant donné que même en tant que faux livreurs, ils étaient tenus d'accomplir leur tournée dans les délais, ils n'eurent pas le temps de projeter plus loin leur investigations, et partirent dès que l'Infirmière eut signé leur reçu.

Ce n'est qu'une fois dehors qu'ils eurent la surprise de découvrir, à quelques mètres, amassé devant le Centre, un troupeau de Gobous, de Flobios et de Lagroons menaçants. Cependant, malgré leurs airs farouches et haineux, ceux-ci semblaient n'avoir rien à faire des deux dresseurs. A moitié rassurés, Albert et Alizée remontèrent sur leur Roucarnage.

Alors qu'ils se dirigeaient vers un des restaurants non-loin pour une autre livraison, la jeune fille aux cheveux gris eut la bonne idée de regarder une dernière fois en direction du Centre Pokémon. Elle put voir l'armée des pokémons aquatiques se jeter en hurlant à l'intérieur du bâtiment, laissant présager le pire...


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A leur arrivée à l'arène de Mauville en fin de matinée, comme convenu, Albert et Alizée avaient retrouvé les deux vrais livreurs qui étaient venus à pieds. Ils leur avaient rendu leurs habits, et ceux-ci étaient repartis sur leur Roucarnage rouge. Les deux disciples espéraient qu'ainsi leur sortie de l'hôtel était restée incognito.

En attendant le repas de midi, les deux amis poirautaient dans une des salles du premier étage. Albert eut la lumineuse idée d'appeler Mika, et, alors que sa conversation avec son ami s'éternisait ( c'était habituel entre eux-deux ), Alizée regardait sans grand intérêt l'édition régionale du journal.

- Une jeune dresseuse a été retrouvé à moitié morte dans un Centre Pokémon. Elle a été agressée par une quantité de pokémons eaux, visiblement appartenant tous à la famille des Gobous. Une enquête est en cours pour déterminer la raison de cet acharnement : à première vue, il semblerait que la jeune fille pratiquait l'élevage et l'abandon massif pour obtenir des pokémons shineys, et tous les abandonnés se seraient rassemblés pour se venger...

La dresseuse haussa un sourcil. "Bien fait pour cette salope." pensa t-elle, alors que la caméra révélait le Centre Pokémon inondé et dévasté.

A cet instant, Albert raccrochait enfin.

- Alors, comment va Mika ? demanda Alizée, alors qu'un journaliste interviewait l'infirmière Joëlle.
- Ben ça s'est pas trop mal passé... Son père est toujours un peu réticent, mais sa mère s'est résignée... Il reste avec eux encore aujourd'hui, mais il passera le dimanche chez sa tante.
- Tu lui as parlé de ce qu'il se passe dans la Tour Chétiflor ?
- Oui... Il avait pas l'air de trop y croire... Enfin tant pis.

Le futur champion s'assit sur le canapé à côté de son amie.

- Bon, et on fait quoi pour ces fous qui sacrifient des pokémons ? demanda la dresseuse, sentant qu'il valait mieux en parler le plus tôt possible.
- Si je savais... soupira Albert. En plus, qui te dit que les gens à qui on va en parler n'étaient pas là, sous leur costume ?
- Oui, c'est vrai, faut se méfier de tout-le-monde, admit Alizée. Surtout qu'ils ont l'air d'aimer avoir des membres haut placés, vu qu'ils voulaient convertir un type "bientôt influent"...
- Peut-être même que le commissaire de Mauville est dans le coup... suggéra Albert.
- Oui, peut-être, admit encore Alizée, mais dans ce cas, on fait rien !?

Elle commençait à s'énerver.

- Enfin merde quoi ! Ils ont tué un pokémon ! Et c'est certainement pas la première fois ! Il faut en parler à Laurent au moins ! On peut avoir confiance en lui quand-même !

Albert se prit la tête dans les mains.

- Je sais pas... Enfin si, si ! Je reste souvent à l'arène, et il sort jamais le soir... Et puis c'est quand-même un type bien... Oui, oui, t'as raison, on n'a qu'à en parler à Laurent...
- Bon, très bien.

Alizée se calmait, alors qu'une publicité pour une nouvelle marque de pokéball envahissait l'écran.


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Le repas se déroula paisiblement, entre Albert, Alizée, Laurent, Clarisse et deux autres disciples. Les repas du Week-End étaient ainsi souvent en petit comité, moins agités. Cependant, Albert et Alizée, tendus comme un dresseur devant son premier pokémon, avaient réussi à faire monter la tension de la pièce uniquement par leur présence, et le repas se termina presque par une dispute générale que personne ne voulait au départ.

Le débarassage collectif s'effectua dans un silence boudeur. Puis, chacun repartit à ses activités, Albert et Alizée restant avec Laurent.

Après quelques explications, le Champion en sut autant que les deux disciples. Il fut assez surpris.

- C'est grave, ce que vous me dites là... Des cérémonies de ce genre ne se pratiquent plus depuis un bout de temps... J'aurais prévenu la police, mais Albert, tu m'inquiètes avec ton histoire de police impliquée. Je connais le commissaire de Mauville, et il m'a toujours paru recommandable...
- Moi je pense qu'il vaut mieux pas lui en parler, dit Albert avec un haussement d'épaules, signifiant "faites ce que vous voulez, j'ai dit ce que j'avais à dire."
- Mais alors on fait quoi ? demanda Alizée. En plus, vu qu'on s'est fait voir la dernière fois, ils risquent de renforcer leur surveillance maintenant, ou d'arrêter de faire leur cérémonie à la Tour Chétiflor !
- C'est bien possible, approuva Laurent. Bon, voilà ce qu'on va faire : chaque nuit, l'un de vous-deux se rendra à la Tour. Ces types doivent y arriver vers minuit ou après, il vous suffira de guetter si quelqu'un entre dans le batiment. Et la nuit où vous les verrez arriver en masse pour leur sacrifice, on appelera la police pour les prendre en flagrant délit.
- Mais si la cérémonie n'est plus à la Tour ? demanda Alizée, anxieuse.
- On verra bien ! lui répondit Albert, plus optimiste.
- Bon, et bien voilà qui est décidé. En attendant, vous ne dites de mot de cela à personne, que ce soit notre arrangement ou la cérémonie. C'est d'accord ?

Albert parut embarassé, et se gratta la tête en regardant son oncle d'en bas.

- Euh... J'en ai parlé à Mika... hasarda t-il.

Laurent soupira, puis sourit.

- Eh bien il viendra avec vous pour la mission de surveillance de la Tour Chétiflor ! Bon je vous laisse mes enfants, je dois préparer la visite de Peter...
- Si tôt ? s'étonna Albert.
- Oui oui, cette année, la League Indigo a décidé de faire sa visite officielle dans les arènes dès l'ouverture de la saison... Ce sera mardi. Mais j'en reparlerai à tout-le-monde dimanche soir.

Le Champion s'éclipsa, laissant les deux amis seuls dans la cuisine.

- Bon, file-moi le numéro de Luca, exigea Alizée à son ami.
- Pour quoi faire ? demanda celui-ci avec un air niais.
- Pour l'appeler, gros naze ! s'énerva la dresseuse. S'il est libre, je compte passer l'aprém avec lui. expliqua t-elle en rentrant le numéro de Luca sur son répertoire, le recopiant du portable d'Albert.
- Ah carrément ?
- Ben oui. T'as jamais été amoureux ou quoi ?

Sur cette question qui laissa le futur Champion songeur, la jeune fille aux cheveux gris s'éloigna pour appeler sa nouvelle conquête.

Albert soupira : il allait passer l'après-midi seul. C'était désespérant.

- Je te laisse, je vais faire une sieste. dit-il à Alizée, en pleine conversation.

Sans attendre la réponse, il monta l'escalier, afin de se rendre dans la chambre Xatu pour y faire un somme. Il eut une pensée pour Philou, qui décidemment était bien malchanceux en amour. Mika avait déjà fait croire à tout le monde qu'il allait sortir avec Marie, et voilà que maintenant la fille qu'il avait en vue se trouvait un copain... Brave Philou. Un jour il trouverait celle qui lui conviendrait.