Fleurs fanées de Satine Chen

Ils étaient tous autour de la table du salon. Samuel et Satine Chen, Jun, Ondine et Clara Ketchum, Riza et la jeune demoiselle. Sam était resté sur ses gardes par rapport à la jeune fille. D'ailleurs, il avait bien l'intention de lui poser toutes sortes de questions. Il savait qu'elle était en train de les épier… mais aussi il sentait que cette fille avait quelque chose de spécial. Comme Riza, comme Savanah… Elle dégageait une certaine aura plus au moins étrange, sûrement dû à la pierre bleue !

Alors que tous étaient assit, Sam était resté debout. Regardant fixement la jeune fille, qui sous le poids de son regard, baissait les yeux.

La discussion tournait principalement autour de la disparition de Régis. Sam n'écoutait que d'une oreille perdue. Personne ne faisait plus ou moins attention à la jeune fille qui venait de faire irruption. Tous l'avaient accueillit à bras ouverts, sans trop lui demander qui elle était. Peut être un de ses dons qu'elle avait reçut grâce à la pierre ?

Sam posa alors une question qui résonna comme une fausse note autour de la conversation :

« Qui es-tu ? »

Tous les regards se tournèrent vers le vieil homme qui resta impassible tout en regardant fixement la fille aux cheveux bleus.

« Je m'appelle Maria He… Commença la fille.
- Tu nous l'as déjà dit, je crois, coupa Sam, je vais réitérer ma question, qui es-tu ? »

La fille soupira et baissa la tête, ne pouvant soutenir plus le regard de Chen. Après un moment, elle se leva et dit :

« Je suis désolée, si je reste, je risque de vous attirer des ennuies… Je ne veux pas. Déjà trop de gens ont souffert à cause de moi et je ne… »

Elle s'arrêta pour retenir une larme, puis s'en alla vers la sortie. Satine se leva alors, offusquée.

« Bravo Grand père ! »

Et elle partit rattraper la jeune fille, suivit de près par Riza. Sam les regarda quitter le salon sans rien dire.

Avant que Maria ne passe le palier de la porte, Satine l'interpella :

« Attends ! Qu'est-ce qu'il se passe ? »

Maria s'arrêta et se tourna vers Satine et Riza :

« J'ai déjà fait trop de mal à beaucoup de gens, je…
- C'est aussi notre pain quotidien, coupa Riza, alors ne t'en va pas. Si tu es venue ici, c'est parce que tu avais une raison, non ? Peut être que le professeur a été un peu brusque mais il voulait juste te demander la raison de ton arrivé ici.
- Mais je…
- Tu n'as rien à dire et tu viens ! » coupa de nouveau Riza en attrapant Maria par le bras et en l'entraînant vers le salon.

Maria ne pouvait pas fuir la vérité, elle était maintenant obligée de l'affronter. En entrant dans le salon, elle jeta un œil à Chen. Elle alla s'asseoir à sa place et commença son récit.

« Je n'ai jamais connu mes parents. La première chose dont je me rappelle est… ce laboratoire… Et ces expériences. J'étais tout le temps enfermée, coincée entre ces quatre murs sordides… Les autres… On m'a élevé à part des autres. Je ne les ais jamais connu ou très peu. Je ne sais pas pourquoi. Il y a maintenant quelques années, le maître… »

Elle s'arrêta un instant, en regardant ses mains.

« … Le docteur Yung. Je me rappelle d'un jour où il eut une explosion. Je l'ai vu arriver dans ma chambre. Il m'a prit par le bras et m'a dit qu'on devait s'enfuir. Je l'ai suivit sans poser de questions. Un peu plus tard, deux autre filles comme moi nous ont rejoint et… Yung leur a alors dit que nous devions aller voir le grand chef, Alfonso. Nous y sommes allés et ma vie redevint aussi morne qu'avant… Laboratoire… missions… puis un jour… Yung arriva de nouveau dans ma chambre et il… je voyais qu'il n'allait pas bien. Il était blanc, il transpirait et j'ai même vu ses mains trembler. Il m'a dit de venir avec moi. Il m'a alors attrapé par le bras et nous nous sommes encore enfuis. Sur la route, il m'a dit que nous ne devions pas rester ensemble. Il m'a donné alors un peu d'argent et il m'a dit de partir, que c'était l'occasion pour moi d'avoir une nouvelle vie. Je lui ai alors posé des tas de questions… Je ne comprenais pas. Pourquoi voulait il que je parte comme cela ? Il m'a juste sourit et m'a dit que… qu'il avait fait assez de mauvaises choses autour de lui et il voulait faire une bonne action avant l'irrémédiable. Ce sourire… C'était la première fois que le maître me souriait comme cela… Il m'a alors soudainement dit de m'enfuir. De partir très loin ! Je me rappelle que son sourire s'était effacé pour faire place à un regard de nouveau plein d'angoisse. Je suis partie… comme il me l'avait dit mais je gardais un petit pincement au cœur. Je ne sais pas pourquoi. Ce que j'ai su plus tard, c'est qu'Alfonso avait été assassiné et que dans un sens, il avait peut être voulut me protéger. Mais il ne s'est pas douté qu'après… Après… C'était la première fois que je me retrouvais confronté au monde extérieur. Yung m'avait donné de l'argent mais je ne savais pas ce que c'était à l'époque… J'avais faim, je dormais dans la rue et je n'avais que ces vulgaires bouts de papier dans les mains. Je ne savais pas quoi en faire. J'étais totalement perdue et ils sont venus… Ce jeune couple si gentil. Ils m'ont recueillit, nourrit, logé et surtout, ils m'ont apprit le monde et… ils sont… morts par ma faute, pour m'avoir protégé. »

Elle baissa alors la tête et lâcha un grand soupir.

« Pourquoi là où je passe la mort est présente ? »

Riza s'assit alors à côté d'elle et lui répondit en lui posant une main chaleureuse sur l'épaule :

« C'est la question que je me pose aussi. Je crois qu'on est dans la même galère. »

Sam, toujours les bras croisés, fixant toujours Maria, dit alors :

« La question que je me pose surtout, c'est pourquoi Yung t'a-t-il laissé partir ? Quelles ont été ses motivations ? Je trouve ça louche. »

Satine fronça les sourcils et répondit d'un ton agacé à son arrière grand père.

« Tu trouves du louche partout grand père ! Peut être que Yung a voulut se racheter avant de mourir c'est tout. Il n'était peut être pas si mauvais qu'on le pense. »

Samuel eut un petit rire nerveux :

« Oui, n'empêche qu'il a bien détruit notre famille et même après sa mort, le malheur continue de s'abattre sur nous. N'oublies pas, Satine, qu'à cause de lui, ta mère est morte, ton père est disparut et ta sœur est devenu une sorte de machine à tuer… mais à part ça tout va bien ma petite fille. »

Il tourna alors le dos à Satine et quitta la pièce. Si son arrière grand père, le seul pilier encore stable de la famille, commençait lui aussi à péter les plombs…

Satine ne sait pas si elle aura le courage de tout affronter seule.